Le Griot Dans La Litterature Postcoloniale: Une Etude De Guelwaar
d'examiner profondément la peinture du griot dans la littérature africaine postcoloniale utilisant Guelwaar de Sembène Ousmane.
La littérature francophone postcoloniale : Entre désaveu social et
littérature africaine méditerranéenne bourgeonnante et une autre
DISCOURS POSTCOLONIAL ET TRADUCTION DE LA
littérature africaine postcoloniale s'inscrit dans un cadre nouveau sans lien avec l'entreprise coloniale. Elle apparaît pour sa part comme une initiative
Littérature postcoloniale et esthétique de la folie et de la violence
12 Sept 2014 Je pense ensuite à tous les Enseignants du Département de Littérature et. Civilisations Africaines de l'université de Yaoundé qui ont eu un ...
VERS UNE ECOCRITIQUE POSTCOLONIALE AFRICAINE: Lâ
8-28-2012. VERS UNE ECOCRITIQUE. POSTCOLONIALE AFRICAINE: L'ENVIRONNEMENT DANS LES. LITTERATURES AFRICAINES DE LANGUE. FRANÇAISE.
LÉcriture des surfaces dans le roman nouveau africain postcolonial
récit de références de la littérature africaine et mondiale. Pour rester dans les limites du roman africain soulignons simplement qu'il analyse l'écriture
Le roman postcolonial francophone et la refondation des
fortement au renouveau souhaité des sociétés africaines postcoloniales et que les voix féminines de la littérature africaine ont tendance à laisser.
90 La Dictature Dans Les Œuvres Dahmadou Kourouma: Une
des pays africains la thématique littéraire a changé. Les nouveaux La Diaspora postcoloniale en France
La littérature romanesque dAfrique noire francophone entre
métathéorie une théorie holiste à même de problématiser toute la littérature négro-africaine francophone coloniale et postcoloniale? En réalité
Étude des caractéristiques de la littérature postcoloniale dans Les
Comment Kourouma a représenté sa société africaine? De quelle manière il a fait un mélange de ces deux langues dans son roman? Mots clés: Ahmadou Kourouma
Jules Michelet Mambi MagnackTo cite this version:
Jules Michelet Mambi Magnack. Litterature postcoloniale et esthetique de la folie et de la violence : une lecture de neuf romans africains francophones et anglophones de la periode post- independance. Litteratures. Universite Jean Monnet - Saint-Etienne; Universite de Yaounde I,2013. Francais..
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SAINT-ETIENNE
Faculté Arts, Lettres, Langues.
Centre d"Études sur les Littératures
Etrangères et Comparées. CELEC
EA n°3069
UNIVERSITÉ DE YAOUNDE I
THE UNIVERSITY OF YAOUNDE I
Faculté des Arts, Lettres et Sciences
Humaines
Faculty of Arts, Letters and Social Sciences
Département de Littérature et Civilisations
Africaines
Department of African Literature and
Civilizations
THÈME
LITTÉRATURE POSTCOLONIALE ET ESTHÉTIQUE DE LAFOLIE ET DE LA VIOLENCE : UNE LECTURE DE NEUF
ROMANS AFRICAINS FRANCOPHONES ET
ANGLOPHONES DE LA PÉÉÉÉRIODE POSTINDÉPENDANCE THTHTHTHÈÈÈÈSE DE DOCTORATSE DE DOCTORATSE DE DOCTORATSE DE DOCTORAT COTUTELLE INTERNATIONALE DE THÈSE : UNIVERSITÉ DE YAOUNDÉ IUNIVERSITÉ JEAN-MONNET SAINT-ETIENNE
Discipline
isciplineisciplineiscipline : Littérature comparée- Littérature africaine francophone et anglophone JURY - Evelyne LLOZE, Pr. Université Jean Monnet St-Etienne (France) - Pierre FANDIO Pr. Université de Buéa (Cameroun) - François GUIYOBA, MC. Université de Yaoundé 1 (Cameroun) - Yves CLAVARON, Pr. Université Jean-Monnet St-Etienne (France) - Emmanuel MATATEYOU, MC. Université de Yaoundé 1 (Cameroun)Rédigée et soutenue publiquement par
Jules Michelet MAMBI MAGNACK
DEA en Littérature négro-africaine
Sous la Direction de
Yves CLAVARON et Emmanuel MATATEYOU
Professeur des Universités Maître de conférences
Université Jean-Monnet St. Etienne Université de Yaoundé I
ii LITTÉRATURE POSTCOLONIALE ET ESTHÉTIQUE DE LA FOLIEET DE LA VIOLENCE : UNE LECTURE DE NEUF ROMANS
AFRICAINS FRANCOPHONES ET ANGLOPHONES DE LA
PÉRIODE POSTINDÉPENDANCE
" Au moment de périr sous les coups, les suppliciés avaient crié. Personne n"avait voulu les entendre. L"écho de ces cris devait se prolonger le plus longtemps possible. »Boubacar Boris Diop, Murambi le livre des
ossements, Paris, Stock, 2000, p. 187. iiiMAGNACK Sadrack, mon père
Instituteur dévoué et infatigable
EtNZOPA Pauline, ma mère
Pour votre tendre affection et tous les sacrifices consentis pour mon éducation. À Anne Solange TETE NGOP, ma chère épouse, pour ton grand amour.Je ne t"oublie
HEN Jean Défoulabert in memoriam
Salut le sage !
ivREMERCIEMENTS
Je remercie du fond du coeur toutes les personnes qui, de près ou de loin et de quelque manière que ce soit, ont contribué à la réalisation de ce travail. Tout d"abord et plus particulièrement, mes Directeurs de recherche M. Yves Clavaron de L"Université Jean Monnet Saint-Étienne et Emmanuel Matateyou del"Université de Yaoundé 1 pour m"avoir insufflé la rigueur dans la recherche et la quête de
l"excellence. Chers Professeurs, vous m"avez fait honneur en acceptant de diriger mes travaux. J"en suis très reconnaissant. Je pense ensuite à tous les Enseignants du Département de Littérature et Civilisations Africaines de l"université de Yaoundé qui ont eu un apport considérable dans ma formation universitaire. Plus particulièrement l"actuel chef de Département leProfesseur Faustin Mvogo.
Toute l"équipe de mon Laboratoire d"accueil le CELEC (Centre d"Etude sur lesLittératures Etrangères et Comparées) et sa secrétaire en particulier pour la transmission
régulière des informations utiles, ainsi qu"à Madame Monique Gillier, pour l"attention
accordée à mon dossier de cotutelle. Je pense également au Dr Dieudonné Martin-Luther Bot de l"université de Douala. " Mon père », merci infiniment pour ton soutien et tes conseils incessants. Mes supérieurs hiérarchiques, les Proviseurs Tegel Kembaga Daniel et Emmanuel Ibwama Mawella. Messieurs, vos encouragements et vos conseils m"ont galvanisé tout au long de cette entreprise périlleuse. Mes frères et soeurs : Ebenizer et Mireille Hen, Sen Juliette, Alfred et Isabelle Mbih Magnack, Ngale Ndole, Roger et Emeline Nkan Magnack, Etouka Magnack, Dieunedort et Anne Hen Bika, Janvier et Georgette Nzima Eyango, François Eyango Eyango, ChristianKong, Raymond NKoué.
Et vous mes chers enfants, Rebecca, Adrien, Ulrich, Théodora, Merkiel, Emmanuella, Noémie, Rosa, Junior, pour votre confort affectif. Je pense également à mes collègues du Lycée Bilingue de Mbanga pour leurs encouragements, plus précisément Madame Etouke Ntouba Elia, M. Ambroise Mvouma Ekoulé Pamela et Dieudonné Fando, Rufin Nya Tchamba. Mes amis Marcel Wangi et Alain Tchouya, Justin Bedi, Charles Tchagnéno Téné, Joseph Teké, Yves Njeussi Fotsa, Blaise Mbang Magan, Basile Heya et Patrice Bomda. Votre soutien indéfectible m"a aidé à aller jusqu"au bout de cette aventure.A tous, je réitère ma profonde gratitude.
vRÉSUMÉ DE LA THÈSE
La littérature africaine d"expression française et anglaise se présente aujourd"hui sous le signe de la remise en question et de la déconstruction des modèles occidentaux.Née dans un contexte trouble marqué par la violence et un véritable génocide des cultures
africaines, cette littérature est aujourd"hui marquée par les motifs de la folie et la violence.
Les neuf romans sur lesquels nous menons notre étude, s"inscrivent dans cette catégorie du roman africain contemporain. Dans ce travail, nous analysons les diverses manifestationsde la folie et de la violence : structures narratives éclatées et fragmentées, langues
d"écriture (français et anglais) subverties par les langues africaines, thématique nourrie par
la violence et la folie.... Les auteurs de ces textes ont pris l"option de mettre en scène despersonnages présentant des symptômes de la maladie mentale, la violence extrême, -
génocides, guerres civiles-, régimes dictatoriaux tenus par des élites inconscientes qui
exercent sur les populations une violence structurelle. Bref, ces textes nous plongent dans un univers véritablement chaotique, tant dans leur contenu que dans leur esthétique. Nous montrons dans ce travail que la violence en postcolonie est causée d"une part,par la quête du pouvoir qui passe souvent par l"élaboration des stéréotypes à travers
lesquels un individu ou un groupe se voit accablé d"attributs négatifs, et d"autre part, par la
résistance opposée par les marginalisés contre toute forme de domination. Bien plus, la situation chaotique que vivent les Africains aujourd"hui- crises comportementales, crises identitaires, dépersonnalisation- est tributaire non seulement deson passé jalonné par la violence physique, morale et culturelle, mais aussi des élites
politiques qui demeurent encore mentalement colonisées, et miment les attitudes des anciens maîtres. Enfin, la folie et la violence qui se manifestent par une véritable révolutionesthétique et un recentrage du discours littéraire, s"inscrivent dans la logique de la
démarche postcoloniale qui préconise une forme de révolte, de déconstruction des modèles
hérités du centre normatif européen. En un mot, il s"agit pour ces écrivains, de revendiquer
à travers cette " esthétique de la folie et de la violence », leur différence, leur autonomie et
leur place au sein des grandes littératures du monde. viABSTRACT
African literature of french and english expression appears today under deconstruction, distance and doubt of european models. Originated from a disturbed context made of violence and real genocide of African cultures which has produced an identity chaos, this literature is marked nowadays by the motives of madness and violence. The nine novels on which our study is based correspond to this category of African novel. Here we analyze the various manifestations of madness and violence: segmented narrative structures, written language (French and English) damaged by African languages, themes sustained by violence and madness. The authors of these texts have chosen to use characters that present symptoms of mental illness, extreme violence, genocides, civil wars, dictatorial regimes held by unconscious elites who exercise structural violence on people. Briefly, these texts bring us deeply in a real chaotic universe in their content as well as on their forms.In this work, we are showing:
- First, that violence in postcolonial era is caused on one hand by the quest of power which always occurs by the elaboration of stereotypes through which an individual or a group is attributed negative qualities, and on the other hand, by the resistance presented by the marginalized against all forms of domination. - Secondly, that chaotic situation undergone by Africans nowadays -behavioral crisis,identity crisis, depersonalization- is originated not only from its pass full of physical,
moral and cultural violence, but also from the political elites who are still mentally colonized and imitate the attitudes of the colonizers. - Thirdly, that madness and violence which manifest themselves by a real aesthetic revolution and reorientation of literary discourse suits themselves in the logic of postcolonial method which instructs a form of subversion, of deconstruction of inherited models from normative European center. In one word, these writers are concerned with the matter of claiming their difference, their autonomy and their place in the middle of the great literatures of the world. viiLISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS
A- ABRÉVIATIONS DES TITRES DES OUVRAGES DU CORPUSBSP : Bêtes sans patrie
EAVBS : En attendant le vote des bêtes sauvagesLFM : La folie et la mort
LMFH : La mort faite homme
ADO : L"aîné des orphelins
TDC : Temps de chien
JCM : Johnny chien méchant
B- AUTRES SIGLES
ACCT : Agence de la Coopération Culturelle et Technique.AFP : Agence France Presse
AUPELF : Association des Universités Partiellement ou Entièrement de Langue Française CDR : Coalition pour la défense de la RépubliqueCHS : Centre d"Histoire Sociale
CLE : Centre de Littérature Evangélique
EDICEF: Editions Classiques d"Expression FrançaiseFPR : Forces Patriotiques Rwandaises.
G.E.L.L : Groupe d"Etudes Linguistiques et LittérairesHCR : Haut Commissariat pour les Réfugiés
LGDJ : Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence.MINUAR : Mission des Nations Unies pour le Rwanda
MOSOP: Movement for the Survival of Ogoni People
NEA : Nouvelles Editions Africaines
NL: Notre Librairie
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unies
PA: Présence Africaine
PUF : Presses Universitaires de France
RDC : République Démocratique du Congo
RIALSS : Revue internationale des arts, Lettres et Sciences Sociales SELAF: Société des Études Linguistiques et Anthropologiques de France SFLGC : Société Française de Littérature Générale et Comparée TPIR : Tribunal Pénal International pour le Rwanda 1INTRODUCTION GÉNÉRALE
2Cadre conceptuel
Passée de la phase de dévoilement pendant la période coloniale à celle de l"espoir et du désenchantement après les indépendances selon Jacques Chevrier1, la littérature
africaine se caractérise de nos jours par une tendance que Lilyan Kesteloot nomme " celle de l"absurde et du chaos africain »2. La particularité de celle-ci est qu"elle se fonde sur une
description de la misère et du drame sociopolitique et culturel que vivent les Africains. À en croire Kesteloot, ces romans ont en effet une portée métaphysique qui dépasse leur argument et que l"on mesure au malaise profond qu"ils dégagent. Ils provoquent l"interrogation angoissée non seulement sur l"actuelle situation politico sociale de l"Afrique, (ou sur l"aventure des peuples noirs) mais aussi sur l"humanité en général, en voie de détérioration. 3 Au lendemain des indépendances, les écrivains africains ont produit une quantité importante d"oeuvres littéraires développant le motif de la folie,4 non pour légitimer et
adhérer à la thèse selon laquelle l"homme noir est un être dépourvu de raison, mais pour
mettre en scène les errements des nouveaux états mis en place sur le continent. En un mot, le motif de la folie est apparu dans la littérature africaine dans un moment d"incertitude historique, au moment où le continent noir traverse de profondes crises nées des systèmes dictatoriaux mis en place après le départ des colons. Le concept de folie revêt un sens plurivoque qui dépend du domaine dans lequel onl"utilise, de la culture et de l"époque. Roland Jaccard a répertorié cinq approches qui à
travers lesquelles on appréhende les diverses acceptions du concept de folie5. L"approche
médicale, prônée par les neurologues et les psychiatres organicistes assimile la folie à une
maladie du cerveau. Elle se caractérise par un comportement " anormal » résultant d"un désordre biologique plus ou moins grave selon les cas. L"approche psychanalytique1 Jacques Chevrier, Littérature nègre, Paris, Armand Colin, 1984.
2 Lilyan Kesteloot, Histoire de la littérature négro-africaine, Paris, Karthala, 2001, p. 272.
3 Idem
4 Nous pouvons citer entre autres les romans produits en cette période tels que : Mariama Ba, Un chant
écarlate, Dakar ;Abidjan, Nouvelles Editions Africaines, 1981 ; Sylvain Bemba, Le soleil est parti à
M"pemba, Paris, Présence Africaine, 1982 ; Malick Fall, La plaie, Paris, Albin Michel, 1967 ; Cheikh
Hamidou Kane, L"aventure ambiguë, Paris, Juliard, 1961 ; Sony Labou Tansi, L"anté-peuple, Paris, Le Seuil,
1983 ; Pius Ngandu Nkashama, La malédiction, Paris, Silex, 1983 ; Sembene Ousmane, Le manda précédé
de Véhi Ciosane ou la blanche genèse, Paris, Présence Africaine, 1965 ; William Sassine, Le jeune homme de
sable, Paris, Présence Africaine, 1979 ; Ibrahima Seck, Jean le fou, Dakar ;Abidjan, Nouvelles Editions
Africaines, 1976 ; Tchicaya U"Tamsi, Les méduses ou les orties de la mer, Paris, Albin Michel, 1982 ; Tahar
Ben Jelloun, Moha le sage, Moha le fou, Paris, Le Seuil, 1973.5 Ces approches sont exposées par Roland Jaccard dans La folie, Paris, PUF, Que sais-je, 1979.
3 soutenue par Sigmund Freud et ses partisans. Selon eux, la folie est un état de perturbationaffectif lié à l"histoire (infantile) du sujet. Le comportement se caractérise par une
expression des symptômes propres aux problèmes émotionnels et affectifs de l"individu. L"approche systémique quant à elle, défendue par certains psychiatres, psychologues et les écoles de Palo Alto, Bateson, Bowen, Lidz. Ceux-ci assimilent la folie à la conséquence de communications familiales ou microsociales pathogènes. L"approche sacrificielle dont les tenants sont Thomas Szasz, Laing, Goffman qui définissent la folie comme une sorte d"étiquetage. Elle a en effet pour fonction de stigmatiser et de punir le comportement de membres déviants de la société. À cet égard, il faut dire, affirme Jaccard, que la persécution de la sorcière comme du fou- mais aussi celle de l"hérétique, du juif, du " nègre », de l"homosexuel, du dissident politique...- constitue un exemple d"une pratique millénaire : le sacrifice expiatoire du bouc émissaire. La société se purifie en transférant et en fixant ses frayeurs et ses contradictions sur une image mythique 6. Enfin, l"approche politique développée par les sociologues tels que Cooper, Basaglia, Jervis, Hollingshead, Redlich... et certains psychiatres. La folie est selon cetteapproche assimilée à une maladie sociale, liée à l"oppression et à l"exploitation du sujet.
Elle se manifeste alors par des réactions de révolte face à une situation ressentie comme intolérable, et par un combat perpétuel pour parvenir à une société plus juste. La folie est une maladie qui se caractérise par la perte de la raison. Selon Alphonse de Waelhens, " la folie est l"autre de la raison, mais un autre dont le rapport à celle-ci varieselon les époques. La folie peut être un autre qui conteste la raison à l"intérieur d"elle-
même »7 Dans ce sens, le fou est celui qui, aux yeux des autres hommes, ne raisonne pas,
ne pense pas. Les philosophes rationalistes tels que Descartes, Alain, épousent cette
conception de la folie. Ils l"excluent de l"ordre de la raison. " Le fou ne peut penser et lapensée ne peut être folle (...) La certitude de la pensée, qui repose entièrement sur son
immédiate présence à elle-même est indubitable » 8 Dans un tout autre registre, la folie se définit comme un écart opéré par un individupar rapport à la norme sociale, à l"environnement dans lequel il vit. Les fous sont dès lors
6 Roland, Jaccard, La folie, Paris, PUF, " Que sais-je" n° 1761, p. 14.
7 Alphonse de Waelhens, " La folie » in Encyclopediae universalis, corpus 09, Etymologie Fungi, Paris,
Encyclopediae Universalis, 1996, p. 597.
8 Ibidem.
4 perçus non comme des malades mentaux au sens psychiatrique du terme, mais comme des êtres asociaux dont la logique s"écarte de la logique commune. " On est fou par rapport à une société donnée9 », affirme Albert Béguin. La folie devient donc synonyme de violence
sur la norme, de transgression, de désordre dans la conduite, d"incohérence des faits etgestes, de paroles, de l"agressivité, contrairement à la raison qui symbolise l"ordre, la
pensée logique. Ceci induit donc les paradigmes d"écart et de norme, de normal et d"anormal. Par ailleurs, la folie symbolise également l"abus, l"exagération, la démesure. Lesexpressions courantes telles que " aimer à la folie », ou " être fou furieux », " allure folle »
illustrent bien cette acception. La folie commence dès lors que le caractère d"une situationprend des proportions démesurées. La violence inouïe qui caractérise les différentes
sociétés mises en scène dans nos ouvrages, générée par les guerres et les génocides,
s"assimile dans ce sens à la folie. Cette violence est polymorphe et omniprésente au sein de la société contemporaine. Elle prend des formes variées, des plus subtiles, insidieuses aux plus apparentes. Elle entretient avec la folie des interactions dynamiques. L"histoire du monde est émaillée de grands évènements marqués par un déferlement de violences proches de la folie10. On aurait cru qu"avec l"évolution des
moeurs et le progrès du droit -habeas corpus-, la prohibition de la torture, la déclaration des droits de l"homme et du citoyen, l"abolition de l"esclavage11, dont le but était de
rationaliser les comportements des hommes, ces pratiques d"extermination qui frôlent la démence s"estomperaient. Le constat est donc amer parce qu"au fil des années, le monde a fait face à la folie de certains hommes dont les tendances à l"agressivité et au crime ontdéconcerté l"humanité tout entière. On peut entre autres citer l"abomination de Adolf
Hitler sous le IIIe REICH (1933-1945) " la shoah »12 en Allemagne pendant la seconde
9 Albert Béguin, repris par Roland Jaccard, op. cit., p. 24.
10 Le XXè siècle a été qualifié par les historiens de " siècle des génocides », compte tenu du nombre d"actes
génocidaires qu"a connu le monde au cours de ce siècle. Tout d"abord, dans une Afrique livrée à la cupidité
coloniale, les Allemands qui dès 1904 massacraient 60 000 Hereros en Namibie pour faire place à leurs
colons (dont le père du Maréchal Goering, l"un des principaux dignitaires nazis), le génocide des arméniens
entre 1915 et 1916, celui des ukrainiens par Staline de 1932 à1933, celui des Khmers rouges au Cambodge en
1979 où plus de deux millions de personnes furent tuées.
11 Ryszard Kapuscinski, " autopsie d"un ethnocide planifié au Rwanda : esquisse d"une typologie, in Manière
de voir N° 76, " Les génocides dans l"histoire », Le Monde diplomatique, Août Septembre 2004, p. 57.
12 Le substantif " Shoah » en hébreu désigne à la fois la catastrophe et la destruction. Ce terme est de
plus en plus employé de nos jours, de préférence à l"holocauste, pour parler de l"extermination
systématique, pendant la seconde guerre mondiale en Europe de 1949 à 1945, des Juifs perpétrés par le
régime nazi sous la direction d"Adolph Hitler. Durant cette période, près de 6 millions de Juifs (5 700
000 d"après l"estimation du tribunal de Nuremberg) - soit les deux tiers des Juifs d"Europe, hommes,
5 guerre mondiale, les " terribles nettoyages ethniques » dans les Balkans où l"on parqua dans les camps des milliers de gens qu"on tua à cause de leurs différences. Plus proche de nous, le génocide rwandais, encore appelé la " saison des machettes »13 en Avril 1994 au
Rwanda où près d"un million de Tutsi et Hutu modérés ont été décapités au coupe-coupe
en l"espace de trois mois seulement. Après tous ces massacres, on colle aux auteurs l"étiquette de fous, tant la logique de leurs projets échappe à l"entendement des hommes. Il existe donc dans les concepts de folie etde violence un lien de réciprocité, une interaction dynamique, qui évoque l"idée de
transgression, d"écart, d"infraction par rapport aux normes ou aux règles qui définissent les
situations considérées comme naturelles, normales ou légales. On les emploie indistinctement comme les autres notions telles que chaos, désordre, confusion...,caractéristique de la situation que vit l"Afrique. Et c"est à juste titre que Achille Mbembé
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