20 dissertations La guerre
Aucun livre ne peut se substituer à une étude personnelle des œuvres ni aux cours de votre professeur. Mais il peut les compléter et vous montrer comment en.
modeles de predications et de meditations bibliques dans le
VIOLENCE (guerre viol
Paul Valéry Walter Benjamin
https://www.jstor.org/stable/26284025
Pourquoi est-il si important pour un peuple de commémorer un
Les Américains ont eu l'idée de créer un « Memorial day » pour commémorer tous ceux qui ont péri des faits de guerres. Devrions-nous nous inspirer de cette
INTRODUCTION GENERALE
entreprise est vouée à un insuccès certain en ce sens que « l'être humain est significatif que la littérature n'ait pas suivi la société hédoniste dans ...
Modernité avant-garde et terreur dans les lettres: la relation au
ration et aux attaques de la droite littéraire mais c'est certainement la La guerre de 14-18 avait provoqué chez nombre d'intellectuels la prise de ...
On a vole > : une lecture
Distribution électronique Cairn.info pour Société de Littérature du Nord. la guerre Joe Bousquet – Il ne fait pas assez noir
Femmes et croissance
30 mars 2019 SI VOUS ÊTESune femme vous devrez peut-être lutter pour vos droits. Et sans ... qu'elles apportent à la société et à l'économie en.
Pour une littérature de linterdépendance
23 nov. 2009 littérature est une affaire trop sérieuse pour être abandonnée aux écrivains. ... c'est la démocratie même que nous devons universaliser ».
Actualisation des précautions standard
3 juin 2017 Graziella Guerre (cadre de santé hygiéniste Dijon) ... monde du soin actuel
Université Paris III - Sorbonne Nouvelle
École doctorale 120 - Littérature française et comparéeTHÈSE
pour l"obtention du Doctorat de Littérature générale et comparée présentée et soutenue publiquement à l"Université de la Sorbonne Nouvelle - Paris III le 23 novembre 2009 parJulien MAGNIER
Pour une littérature de l"interdépendance
Littérature et renouvellements politiques en Afrique noire - à partir de Mongo BetiDirecteur de thèse : M. Jean BESSIÈRE
Membres du jury :
Bernard MOURALIS, Professeur émérite de Littérature française à l"Université de Cergy-
Pontoise.
Papa Samba, DIOP, Professeur de Littérature francophone, Paris XIIXavier GARNIER, Professeur de Littérature Générale et Comparée à l"Université de la
Sorbonne-Nouvelle (Paris III).
Jean BESSIÈRE, Professeur de Littérature Générale et Comparée à l"Université de la
Sorbonne-Nouvelle (Paris III).
" Tout se passe comme si dans le système francophone le pouvoir pensait de l"activitécréatrice ce que tel homme d"État dont j"ai oublié le nom pensait de la guerre, à savoir que la
littérature est une affaire trop sérieuse pour être abandonnée aux écrivains. Elle est donc
confiée aux bons soins de la police »Mongo Beti
" Écrire un livre ne veut pas dire devenir le porte-parole d"un pays, d"un continent »Alain Mabanckou
" Il me semble que l"individu contemporain, indépendamment de l"angoisse d"avoir à construire tout seul son architecture intime de références et de valeurs, est potentiellement démultiplié »Patrick Chamoiseau
Pour mon grand-père, Pierre.
Remerciements
Long chemin que celui d"une thèse... L"aventure est intellectuelle mais aussi, peut-être et avant tout, humaine. À l"heure de poser ces quelques mots, une vague d"émotion m"envahit :plusieurs années d"une vie se sont écoulées et, pour reprendre des paroles entendues, une page
est en train de se tourner. L"exercice serait finalement si pauvre sans l"émulation, sans lesrencontres, sans les échanges. Et cela, je veux le retenir. C"est donc une pensée évidemment
spéciale que j"adresse aux personnes qui m"ont accompagné et à celles que j"ai croisées le
long de ce parcours. Mes remerciements s"adressent en premier lieu à mon directeur de recherches Jean Bessière.C"est là pratique courante, proche du rituel, qui ne saurait toutefois masquer son rôle de
conseil et de sollicitude. Ses encouragements, ses pistes et réflexions, m"auront grandement aidé. En second lieu, mes pensées se tournent vers l"ancienne équipe professorale de l"Université de Cergy-Pontoise qui enseignait, autour de Bernard Mouralis, la passion pour une disciplineet la rigueur d"une méthode. Cette thèse est le fruit de cours, séminaires et de longs entretiens
avec Romuald Fonkoua. Pour ses précieux conseils, sa disponibilité et sa volonté de vouloir toujours me porter plus haut, j"adresse toute ma reconnaissance à Anthony Mangeon. Il aura fallu du temps, de la patience et du courage... Quelques mots jamais ne transcrirontma gratitude pour ce dévouement. Merci à Annie, mon institutrice de mère ! Spécial ne peut
être que ce remerciement pour celle dont j"aime à partager la vie ; Sandrine, pour ses mots, ses regards, ses attentions si motivants. Votre indefectible soutien aura été ma plus grande force. Aimé Gomis, nous l"aurons fait ensemble. Avec Hervé Tchumkam et Aminata Keita, nousaurons partagé cette même fierté et, finalement, ce même besoin de le faire. Qu"importe notre
lieu, un bout de nous, toujours, sera là-bas. Dignes représentants de l"intelligence africaine que vous êtes.Des rencontres sont tout à fait spéciales, inattendues et tellement importantes. Kathleen en fait
partie. Qu"elle le sache. Ma famille (Pierre, mon enthousiaste soutien), mes amis, la famille Barrado, Jean-Baptiste, Elsa, Olivia, mes collègues de la production (m"avoir accordé tout cetemps !), Dakarine, Nicolas, Frédéric notamment, du pôle commercial (RS, instit), Christophe
Chablat particulièrement... pour la bienveillance de chacun.Introduction générale
HISTOIRE LTTÉRAIRE ET
POSTCOLONIALE
1 Dans l"histoire de la politique, un fait s"impose tout particulièrement : l"écart entre les
discours et les actes. Et ce d"autant plus lorsqu"il s"agit de l"Afrique. Jean-Marie Bockel, alorssecrétaire d"État chargé de la Coopération et de la Francophonie, s"exprimait en ces termes, le
28 février 2008 : " La relation franco-africaine est désormais placée sur un pied d"égalité ».
Les sommets de rencontre France-Afrique ont toujours véhiculé ce même impératif : fi del"assistance, les relations doivent être dorénavant basées sur le partenariat. À la question
" qu"est-ce qu"un partenariat ? », la présidence française répond : " C"est l"enrichissement
réciproque, c"est une relation d"égal à égal, que chaque partenaire construit en pleine
conscience de ses droits et de ses devoirs, en responsabilité, avec des obligations réciproques »1. Assurément, la France serait entrée dans une ère nouvelle. Son but, en accord
avec les principes du président de l"Afrique du Sud, Thabo Mbeki2, est d"accompagner le
continent sur le chemin de la démocratie. L"ancienne puissance coloniale " entend accompagner, encourager, renforcer ce mouvement »3 du renouveau africain. L"Afrique, dans
les discours diplomatiques, est en effet en pleine effervescence. Elle porte en elle tous lesespoirs. " Continent de demain », " C"est là où ça se passe » entend-on fréquemment. Une
chose serait donc certaine : l"Afrique se développe et la France l"accompagne, voire la pousse. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Les relations françafricaines ne démentent pas Leibniz. Dans le même temps, prospèrent les associations dénonçant les manoeuvres politiques. Survie, ATTAC, le Secours catholique, Agir ici, Réseau Foi et Justice, Courrier Acat-France, Peuples Solidaires, Transparency International, Sherpa - cette liste reste non exhaustive tant elle serait longue - se liguent ensemble pour observer l"action de la France en Afrique : ses interventions militaires, ses soutiens aux amis dictateurs, ses " opérations dedéstabilisation »... D"un côté donc, l"optimisme et de l"autre, le réalisme. L"histoire des
cinquante dernières années en Afrique noire nous montre que la situation entre la France et lecontinent n"a guère changé, ou si peu. Toujours cette même volonté occidentale de contrôler
politiquement l"Afrique. Toujours ces liens qui unissent les potentats aux hommes politiques de l"hexagone. Omar Bongo a ainsi rappelé à Jean-Marie Bockel " les avantages que tirent la1 Extraits de la conférence de presse du Président de la République, M. Jacques Chirac, lors du 22e sommet
France-Afrique à Paris, les 20 et 21 février 2003, site www.diplomatie.gouv.fr2 Sous les pressions de son parti, l"ANC, Thabo Mbeki a été contraint de démissionner de son mandat
présidentiel le 21 septembre 2008. Kgalema Motlanthe a été désigné pour assurer la fonction suprême par
intérim, jusqu"à la tenue des prochaines élections. Le 22 avril 2009, Jacob Zuma remportait le scrutin.
3 Ibidem
2 France et les autres pays occidentaux de leurs rapports économiques avec [le Gabon] »
1. Lesecrétaire d"État français avait en effet exhorté la France à ne plus " céder à un certain nombre
de caprices, un certain nombre de demandes incohérentes de certains pays qui ont d"un côté une rente pétrolière qu"ils ne consacrent pas aux investissements qu"ils nous demandent de financer »2. À l"affront, le président gabonais répond par la menace. Omar Bongo, Idriss Déby
et Denis Sassou N"Guesso auront finalement eu raison de la politique intérieure française : Jean-Marie Bockel n"aura pas signé une rupture diplomatique mais son propre déclassement,il occupera désormais le poste de secrétaire d"État aux anciens combattants (rappelons qu"au
début des années 80, le président gabonais déjà avait obtenu le remplacement du secrétaire
d"État à la Coopération, Jean-Pierre Cot, de la part de François Mitterrand). La Françafrique -
selon le terme de François-Xavier Verschave - perdure. Les relations entre la France et leTchad en sont un exemple tout à fait probant.
En 1990, Idriss Déby renverse le président Hissène Habré avec l"aide des troupesfrançaises. Immédiatement, un nouveau régime de terreur est instauré. Bien qu"il soit contesté
par plusieurs factions rebelles et par la société civile, Déby a vu sa réélection en 2006. Depuis
ce scrutin, le soutien français envers le régime fut décisif :" Entre avril 2006 et février 2008, la France, sous couvert de son accord de coopération
technique et militaire, a fortement armé le régime de Déby : livraison de véhicules blindés belges
(AML) et d"avion suisse (Pilatus PC-7), contrat de missiles, en contradiction avec le code de Conduite
de l"Union européenne » 3. Des mises en garde furent même lancées contre les rebelles sur une possible interventionmilitaire française. Trois des principaux opposants furent ainsi arrêtés et des journalistes
indépendants ont reçu des menaces. Le 28 février 2008, Nicolas Sarkozy prononçait un discours au Cap (Afrique du Sud).Après ses paroles formulées à Dakar le 26 juillet 2007, le président français amorçait un
changement. Le point le plus symbolique concernait l"annonce de la révision des accordsmilitaires. Mais plutôt que de rupture, cette allocution peut s"interpréter comme un
désintéressement certain envers l"Afrique dans la politique étrangère française. Les intérêts de
1 Cf. site www.generationafrique.skyrock.com
2 Ibidem
3 " 11 mars 2008. Demande de création d"une Commission d"enquête parlementaire sur le rôle de la France au
Tchad. Courrier Acat-France, Survie, Secours catholique, Réseau Foi et Justice, groupe Afrique d"ATTAC,
Cédétim/Ipam, Peuples solidaires, Mouvement de la paix », sur le site www.survie-france.org3 la France sur le continent demeurent toutefois importants. La critique semble facile : Jacques
Chirac s"est attiré, durant son mandat, toutes les foudres. Mais force est de constater le
changement d"attitude une fois aux manettes du pouvoir. Ainsi d"Hervé Morin. Endécembre 2004, le Député-maire d"Epaignes et Conseiller régional de Haute-Normandie
adressait une lettre à François-Xavier Verschave. L"homme exprimait sa " conviction que la politique africaine de la France a, depuis les années Foccart, mené un cours particulier, peu lisible, manquant de transparence et empreint de clientélisme »1. Désireux de développer la
démocratie sur le continent noir, M. Morin assurait le président de Survie de son soutien.Trois années ont passé et Hervé Morin hérita du portefeuille de Ministre de la Défense. Et le
changement de ton fut abrupt. Idriss Déby devint un président " légitime ». Quant aux
opposants tchadiens enlevés, silence. Autre ami, Paul Biya. Le Cameroun reste le seul paysafricain théâtre de guerres pour la libération nationale. Le leader de l"Union des Populations
du Cameroun, Ruben Um Nyobé, fut ainsi tué dans le maquis en 1958. Après l"indépendance, Ahmadou Ahidjo fut placé à la tête du pays avec l"aide de la France. En 1982, son premier ministre le remplace. Paul Biya s"est depuis maintenu au pouvoir par de multiples réformesconstitutionnelles supprimant la limitation des mandats présidentiels, assorties d"élections
douteuses. Depuis le mois de janvier 20082, les manifestations se sont multipliées pour
empêcher Biya d"être président à vie. Le chef d"État s"en est alors directement pris à
l"opposition qu"il accuse d"avoir organisé cette contestation violente : " Ceux-là sont aussi accusés d"avoir manipulé des jeunes afin d"installer le chaos et profiter du désordre pour s"emparer du pouvoir »3. Yaoundé s"embrase, une vingtaine de victimes officielles subissent
les foudres du régime. Probablement d"ailleurs que le bilan réel dépasse la centaine. La
dictature use de tous ses réseaux : la radio Magic FM est interdite d"émission pour avoirdonné la parole aux auditeurs, les grandes villes sont quadrillées par l"armée... Mais la France
ne daigne pas s"indigner. Pis, elle s"assure de la " stabilité » du régime, riche en matières
premières (bois, pétrole, minerais) exploitées notamment par... Total et Bolloré. Paris
détourne également son regard du Burkina Faso. La Françafrique n"est donc point aux arrêts.
La politique étrangère actuelle de la France est l"héritière directe de la Chiraquie. Et les
propos de François-Xavier restent tristement d"actualité :1 Cf. site rue89.com
2 Le 31 décembre 2007, le président camerounais annonçait son projet de révision de la constitution. Paul Biya
cherchait en fait à modifier l"article 6 du texte qui limite le renouvellement de son mandat présidentiel à une fois.
Le leader de l"opposition, John Fru Ndi, a appelé ses concitoyens à manifester, par crainte d"une dérive
" autoritaire » des institutions.3 Alexandre T. Djimeli, " Les émeutes, le gouvernement et le Sdf » in Le Messager, le 19/03/08.
4" Quand la cupidité s"allie au mépris, installé depuis plusieurs siècles chez les représentants
des "civilisations supérieures", le pire finit toujours par advenir. C"est encore vrai aujourd"hui de
quelques chefs d"État ou de gouvernements occidentaux, trop "intéressés" par l"Afrique. Certes, ils ne
manient pas eux-mêmes la kalachnikov ou la machette, ils n"ordonnent pas directement les exactions
commises par les mercenaires ou les miliciens. Mais elles sont l"aboutissement d"une logique continuée
de partage "géopolitique" du monde, de captation du pétrole et autres matières premières »
1. L"Afrique demeure un continent convoité. L"envolée des prix du baril de pétroletémoigne de l"importance stratégique d"une présence forte sur le continent. Pour assurer ses
importations, la France se fournit à bon prix. Cela en imposant ses tarifs ou en troquant dupétrole contre des armes. Les États-Unis investissent pareillement le continent. Dans le but de
réduire sa dépendance énergétique vis-à-vis des pays du Moyen-Orient, la première puissance
économique mondiale entretient de sombres relations avec les pays du Golfe de Guinée. Iln"est, dans ces conditions, plus guère question de " bonne gouvernance » ni même d"impératif
démocratique. L"historien Elikia M"Bokolo le rappelle : " Dire que l"Afrique représente 5 % du commerce mondial, cela signifie seulement que les prix payés pour les produits africains sont très bas »2. Toute opposition en Afrique fut systématiquement cassée. Les grandes
puissances occidentales, pour conserver leurs intérêts, ont empêché toute union au sein du
continent noir. L"économie fut, de facto, fondamentalement extravertie. Peu de grandes figures ont émergé, à l"image de Nelson Mandela. La voix de l"Afrique s"est perdue dans ledédale de la mondialisation. Mais la société civile semble s"unir. La diaspora aidant, les
artistes et intellectuels tendent à porter haut et fort leurs messages. Ceux-ci ont à " produire un
autre discours sur la mondialisation », à bâtir un monde autour du vivre-ensemble. Ce projet
pose la question de l"identité africaine : " Comment va-t-on aménager toutes les cultures
locales pour les intégrer ? Que va-t-on faire des valeurs françaises ? Comment tout cela va-t-il
s"articuler avec une économie mondialisée [...] ? »3 De cette rapide présentation de la
politique africaine actuelle, nous retenons particulièrement les liens qui unissent l"Afrique et les puissances occidentales. Et de ces liens, nous tirons le premier principe qui sous-tendra nos travaux : l"interdépendance politique des États modernes. L"étude des relations françafricaines exige un rétour sur l"histoire, notamment avec l"impact de la Seconde Guerre mondiale.1 François-Xavier Verschave, Noir Chirac, Éditions des Arènes, Paris, 2002, p.203
2 Ayoko Mensah, " L"Afrique doit produire sa propre vision de la mondialisation. Entretien avec le Docteur
Elikia M"Bokolo » in Africultures, publié le 1/05/08.3 Ibidem
5 Le 8 mai 1945, le III
e Reich capitulait sans condition. Le 2 septembre, le Japon, à sontour, abdiquait. La Seconde Guerre mondiale s"achève pour promouvoir les États-Unis et
l"URSS en superpuissances, désormais à même de diriger le monde. La conférence de Yalta, qui se tient du 4 au 11 février 1945, consacre la rencontre de deux idéologies opposées ; l"histoire donnera à ce nouvel affrontement Est-Ouest le nom de " Guerre froide ». La place etle rôle de l"Afrique post-coloniale dans l"arène politique internationale se jouent directement
durant cette période. Le continent est devenu une place stratégique pour la propagation desidéologies et, ce faisant, le développement de la domination soviétique ou étasunienne.
L"Afrique ne pouvait échapper aux affaires internationales ; pour assurer son décollage
économique, elle a accepté les aides extérieures tout en sacrifiant son autonomie. Accords militaires et relations commerciales inégales furent alors conclus. Contre l"influence soviétique, les États-Unis apportèrent leur soutien aux pays dits pro-occidentaux (face auxrégimes socialistes), tels que le Zaïre, le Liberia ou le Kenya. L"Union soviétique, quant à
elle, aida financièrement des pays comme le Bénin, le Mozambique ou l"Angola : " En 1986,34 805 étudiants avaient bénéficié de cet arrangement »
1. L"influence de l"Afrique sur la
politique internationale reste cependant très faible et les relations marquées par leur inégalité.
Dans ce contexte, les pays du continent noir tentent de réagir. En 1979 est mise en place laStratégie de Monrovia pour le développement de l"économie ; on insistait alors sur
l"autosuffisance. Une année plus tard, le Plan de Lagos convoque cette dernière tactique :" par la régionalisation, une meilleure gestion des ressources et un désengagement vis-à-vis
de l"assistance étrangère »2. Ces bonnes volontés n"ont toutefois pas permis d"améliorations
substantielles. À la fin de la Guerre froide, la situation apparaissait même chaotique : vingt-
quatre des trente-six pays parmi les plus pauvres sont en Afrique. En 1995, la dette s"élève à
300 milliards de dollars. Les dictatures sont monnaie courante et la pauvreté croît de manière
exponentielle.1989 marque un tournant dans l"histoire de l"Afrique. Le monde, tout autant que
l"Afrique, rentre dans une nouvelle ère. Les demandes de changements politiques se font pluspressantes. Avec l"effondrement du bloc soviétique, le rôle du continent sur le plan
international devenait incertain : " En cessant d"être un enjeu de la rivalité entre les
1 Stephen Ellis (dir.), L"Afrique maintenant, Éditions Karthala, Paris, 1995, p.46
2 Ibid., p.47
6 superpuissances, l"Afrique a vu décliner son importance stratégique et, partant, son intérêt
diplomatique aux yeux des grandes puissances » 1. La fin de la Guerre froide a permis la mise en marche d"un processus de démocratisation mais aussi la multiplication des conflits en Afrique. Le génocide du Rwandamarquera ainsi un point de non-retour. Le silence de la communauté internationale, les
soupçons d"un soutien passif de la France et la folie meurtrière des Africains ont conduit le continent noir droit vers le chaos. De ce terrible conflit, les écrivains africains auront retenu au moins une leçon : celle de la responsabilité interne. L"Afrique ne peut plus seulement se définir comme la victime de l"Occident. Les hommes se recoupent dans leur barbarie. Paradoxalement, avec Patrice Nganang, le chaos devient un principe de vie. Pour scruter cette mémoire, ces non-dits, les auteurs ont donc décidé de s"unir. Autour de Nocky Djedanoum, se retrouveront dix écrivains2. Et leur volonté d"écrire " par devoir de mémoire ». Une lutte
contre l"oubli, clament-ils. De cette histoire, les créateurs conserveront la volonté de
comprendre, d"expliquer et d"écrire sur l"Afrique. La question de l"Autre sera inévitable, voire
incontournable. Comment une guerre d"une telle ampleur a-t-elle pu imploser au sein d"une même patrie ? Patrice Nganang articulera son analyse autour de cette question. Forgeant leconcept de " littérature préemptive », l"auteur scrute les politiques d"une écriture qui rend
impossible la réalisation d"une tragédie interne comme le génocide3. Affrontements et
antagonismes marqueront de leur empreinte indélébile l"histoire du Rwanda. Les écrivainsafricains auront à coeur de construire une nouvelle nation, de scruter ces problèmes pour
dépasser les questions ethniques et unir, de nouveau, victimes et bourreaux. S"il faut êtreoptimiste sur l"avenir ? Eugène Ebodé et Jean-Luc Raharimanana répondent que là n"est pas
la question fondamentale4. S"interroger sur l"Histoire, c"est montrer les réseaux complexes qui
unissent les hommes et les nations, c"est insister sur la nécessaire introversion du continent et son devoir de penser un mode de vie original, non asservi aux attentes occidentales. L"Afriquedoit " redevenir elle-même », tout en intégrant les divers héritages qui la composent. Tel sera
l"un des messages de la littérature africaine.1 Ibid., p.342
2 Boubacar Boris Diop, Abdourhaman Waberi, Tierno Monénembo, Koulsy Lamko, Véronique Tadjo, Monique
Ilboudo, Meja Mwangi, Jean-Marie Vianney Rurangwa, Kalissa Rugano, Venuste Kayimabe.3 Patrice Nganang, Manifeste d"une nouvelle littérature africaine : pour une écriture préemptive, Éditions
Homnisphères, Paris, 2007.
4 Cf. " Pour une Afrique désirable » in Africultures, publié le 01/09/2000.
7 Les transformations mondiales, à l"aune de cette fin de millénaire, ont ouvert une
double voie, celle d"une démocratisation des régimes d"Europe de l"Est et d"Afrique, maisaussi une plus grande uniformisation des systèmes politiques et économiques, suivant le
modèle occidental libéral. Le terme " globalisation » fut ainsi employé pour rendre compte de
cette uniformisation structurelle, marquant là une certaine victoire de l"hégémonisme
occidental. Dans les faits, cela s"est traduit par la mise en oeuvre d"une idéologie de l"" État
minimum », imposée par les Plans d"ajustement structurel (PAS) selon les économistes du Fond Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale. Démocratie et participation collective furent ainsi promues pour atteindre le dessein final de la " bonne gouvernance ». Aux systèmes centralisateurs des partis uniques, l"on substitua une réforme dedécentralisation. L"idée de démocratisation sur le continent africain s"est répandue avec la
tenue de Conférences nationales. Les changements politiques internationaux de 1989 ont renforcé les mouvements de contestations internes. Les pressions pour la fin des régimes àpartis uniques se sont durcies, convoquant la tenue d"états généraux populaires afin de mettre
en place un ordre politique nouveau. L"articulation entre le global et le local futparticulièrement complexe. Pour répondre à la fois aux attentes extérieures et intérieures, le
président camerounais, Paul Biya, a tâché de créer et développer des structures démocratiques
à l"échelle nationale. Mais, dans le même temps, il vidait ces instruments de leurs pouvoirs au
niveau local, pérennisant et renforçant ainsi son mode de gouvernance. Les chercheurs
africanistes ont ironiquement baptisé ce mouvement à double vitesse de " comme-si-cisme ».Reste toutefois cette volonté de changement politique à laquelle sont confrontés les dirigeants
africains. La résurgence de la société civile sur le devant de la scène politique appelle
quelques précisions. La décentralisation du pouvoir rend compte d"un positionnement accrudes associations locales, mais elle ne saurait cacher une certaine méfiance populaire. À partir
du cas d"un village béninois, Kpovidji, le chercheur Adolphe Kpatchavi a analysé les
perceptions des populations face aux grands bouleversements politiques nationaux :" [...] L"indépendance (ablode) a amené la division et les conflits ethniques, la révolution
(ehuzu) a amené la répression et la délation tandis que la démocratie (demoklasi), elle, a apporté le
mensonge, la dévaluation du franc CFA et l"inflation. Cette vision quelque peu pessimiste des
différentes phases de l"histoire politique du pays depuis 1960 augure selon l"auteur d"une représentation
analogue par rapport à la décentralisation, qui d"ores et déjà est perçue à la suite d"une série de
quiproquos, à l"inverse de ses objectifs réels : éloignement de l"administration des administrés (parce
que la nouvelle commune ne sera plus celle qu"on connaît mais l"ancienne sous-préfecture),
l"autonomie de gestion des affaires locales est perçue comme un retour au système du "comptons
8d"abord sur nos propres forces" du régime révolutionnaire avec son corollaire de répression et à l"impôt
de capitation (takwe) supprimé en 1992, etc. » 1. Les dynamiques collectives et la prégnance des ONG sur le terrain - intervenant pour la promotion des droits de l"homme, la place des femmes, la protection des ressources naturelles ou la mise en place de projets économiques particuliers (comme les micro-crédits) -montrent l"ambiguïté qui peut exister entre les intérêts locaux et les cadres politiques
nationaux. Le poids des acteurs de la politique par le bas, dont les romans africains se ferontlargement écho, s"il est aujourd"hui réel, reste toutefois à être analysé et circonscrit avec
davantage de clarté. La chute du mur de Berlin a signé l"abandon, tout relatif, de l"Afrique par la France.En dix ans, l"aide a diminué de 40 %. La chute des cours des matières premières et la
déliquescence des États, désormais incapables de répondre aux demandes sociales, auront
abouti à des famines, guerres civiles et même un génocide sur le continent. Avec plus de huit
millions de victimes de guerre, l"Afrique voit ses pertes humaines s"accroître comme jamaisen l"espace de quarante ans. Au cours de cette même période, le nombre d"Africains en
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