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Contribution à l'étude des fonctions sociale et écologique du droit de propriété1/1134
UNIVERSITÉ DE PARIS I PANTHÉON-SORBONNE
Unité de formation et de recherche de droit
ÉCOLE DE DROIT DE LA SORBONNE
Contribution à l'étude des fonctions sociale et écologique du droit de propriété. Enquête sur le caractère sacré de ce droiténoncé dans la Déclaration des droits de
l'homme et du citoyen du 26 août 1789. Thèse pour le doctorat en droit (arrêté ministériel du 7 août 2006) Présentée et soutenue publiquement le 16 décembre 2015 parLaurent MILLET
Sous la direction de :
François Guy TRÉBULLE
Professeur à l'École de droit de la Sorbonne, Université Paris I Panthéon-SorbonneMembres du jury :
Béatrice PARANCE(rapporteur)
Professeur de droit privé à l'Université de Paris VIII (Vincennes - Saint-Denis)Laurent FONBAUSTIER(rapporteur)
Professeur de droit public à l'Université de Paris Sud (Sceaux)Frédéric DANOS(président)
Professeur de droit privé à l'Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne) François Guy TRÉBULLE(directeur de recherche) Professeur de droit privé à l'Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne)Contribution à l'étude des fonctions sociale et écologique du droit de propriété2/1134
Résumé :
Le droit de propriété est garanti par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyende 1789 qui le qualifie de sacré. Ce caractère trouve une traduction laïque et républicaine
(suggérée par la doctrine sociale de l'Église) dans la fonction sociale du droit de propriété.
Cette fonction est reconnue à l'étranger (cours constitutionnelles, C.J.U.E., C.E.D.H.) commeen France (Conseil constitutionnel, Conseil d'État, Cour de cassation), elle ne relève ni d'une
théorie isolée d'un auteur, ni d'une évolution du droit de propriété. Il y a une correspondance
entre la conception théologique et la conception laïque et républicaine du droit de propriété :
au domaine éminent du Créateur correspond le domaine éminent de la collectivité humaine(via le domaine éminent de l'État, la réserve de loi, le patrimoine commun de la nation), à la
relativité du droit de propriété de la créature humaine correspond la relativité du droit de
propriété privée, à la gérance de la création (stewardship) correspond la conservation de la
diversité biologique et le développement durable. L'analyse du caractère sacré fait apparaître
que la fonction sociale et la fonction écologique (ou environnementale) du droit de propriété
font partie de la définition structurelle de ce droit. Dans sa traduction législative laïque et
républicaine, la fonction écologique du droit de propriété s'illustre dans la participation des
propriétaires à la conservation des ressources naturelles (via notamment les inventaires naturalistes) et la conservation de la qualité environnementale des biens immobiliers.Abstract:
The property right is guaranteed by the Declation of the Rights of Man and of the Citizen of 1789 which calles it sacred. This quality finds a secular and republican translation (suggested by the Church's social doctrine) in the social function of property right. This function is recognized abroad (constitutional courts, C.J.E.U., E.C.H.R.) and in France (Constitutional council, Council of State, Court of cassation), it is neither an isolated theory of one author, nor an evolution of property right. There is a correspondance between the theological assumption and the secular and republican concept of property right : to the Creator's eminent domain corresponds the human community's eminent domain (via the State's eminent domain, the reserve of law, the common heritage of the Nation), to the relativity of the human creature's domain corresponds the relativity of the private propertyright, to the management of creation (stewardship) corresponds the preservation of
biodiversity and sustainable development. The analysis of this sacred feature reveals that the social function and the ecological function (or environmental) of the property right are part of the structural definition of this right. In its secular and republican legislative translation, the ecological function of the property right is illustrated in the participation of owners to the conservation of natural ressources (particularly via naturalist inventories) and conservation of environmental quality of real estate and lands.Contribution à l'étude des fonctions sociale et écologique du droit de propriété3/1134
Les opinions émises dans cette thèse sont propres à leur auteur et n'engagent nil'Université Paris I Panthéon-Sorbonne, ni l'institution dans laquelle l'auteur travaille,
ces institutions n'entendent donner ni approbation, ni désapprobation des opinions émises.Contribution à l'étude des fonctions sociale et écologique du droit de propriété4/1134
Contribution à l'étude des fonctions sociale et écologique du droit de propriété5/1134
À Nicole et Claude, mes parents,
À Dominique, ma femme,
À Violaine, Anne, Nicolas, Arthur, Laure, Élisa-Naïssi et François.Contribution à l'étude des fonctions sociale et écologique du droit de propriété6/1134
Contribution à l'étude des fonctions sociale et écologique du droit de propriété7/1134
Remerciements
Je tiens à remercier François Guy TRÉBULLE pour avoir accepté de prendre la direction de cette thèse ainsi que les membres du jury qui m'honorent de leur présence. Je remercie Christian BARTHOD pour son soutien et ses conseils pendant ces nombreuses années de recherche. Je remercie pour leur soutien, ces années durant, Claire GÉRARD pour ses conseils, Éva ALIACAR, Fabienne ALLAG-D'HUISME, Virginie BATHELLIER, Laurent MALIK, Muriel MORVAN, Rossella PINTUS, Anne-Sophie RASCLE, Jérôme SERRE, Isabelle VENTURINI, Hélène VESTUR et toutes les autres personnes qui m'ont encouragé. Je remercie, enfin, Dominique, ma femme, pour son soutien et sa patience.Contribution à l'étude des fonctions sociale et écologique du droit de propriété8/1134
Contribution à l'étude des fonctions sociale et écologique du droit de propriété9/1134
Sommaire
PREMIERE PARTIE
LE FONDEMENT DE LA FONCTION SOCIALE
DU DROIT DE PROPRIÉTÉ ET DE SA FONCTION ÉCOLOGIQUETitre I. Le fondement théologique
Chapitre I. Éminence du Créateur sur les propriétés privées Chapitre II. Relativité du droit de propriété privée de la créatureChapitre III. La gérance de la Création
Titre II. Le fondement laïc
Chapitre I. Éminence de l'État sur les propriétés privées Chapitre II. Relativité du droit de propriété privée de l'hommeChapitre III. La conservation de la Vie
SECONDE PARTIE
LA RECONNAISSANCE DE LA FONCTION SOCIALE
DU DROIT DE PROPRIÉTÉ ET DE SA FONCTION ÉCOLOGIQUE Titre I. La reconnaissance de la fonction sociale du droit de propriétéChapitre I. La reconnaissance à l'étranger
Chapitre II. La reconnaissance en France
Titre II. La reconnaissance de la fonction écologique du droit de propriété Chapitre I. Participation collective des propriétaires à la conservation des ressources naturelles Chapitre II. Participation individuelle du propriétaire à la conservation de la qualité environnementale du bienContribution à l'étude des fonctions sociale et écologique du droit de propriété10/1134
Contribution à l'étude des fonctions sociale et écologique du droit de propriété11/1134
Liste des abréviations
A.A.S.Acta Apostalicae Sedis, collection officielle des actes du Saint Siège depuis PIE X (AAS 47 (1955): désigne la collection, le tome et l'année) A.D.E.M.E. Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie A.F.D.I. Annuaire français de droit international A.I.J.C. Annuaire international de justice constitutionnelle A.J.Revue Actualité Juridique (Pénal, Famille, etc.) A.J.D.A.Revue Actualité Juridique - Droit Administratif A.J.D.I.Revue Actualité Juridique - Droit Immobilier ALUR loi pour l'accès au logement et un urbanisme rénové Arch. parl. (ou A.P.) Archives parlementaires (Révolution française) ; Arch. parl. 1ère série, t. VIII, p. 453/1 désigne le tome 8, p. 453, colonne de gauche (p. 453/2 : colonne de droite) Arch. phil. droit Archives de philosophie du droit art. article art. 1 P 1 (ou P-1-1) article 1 er du premier protocole additionnel à la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales (dite Convention européenne des droits de l'homme)Ass. Assemblée du Conseil d'État
C.E.S.D.H. Convention de sauvegarde des droits de l'homme et libertés fondamentalesAss. nat. Assemblée nationale
B.D.E.I.Revue Bulletin de Droit de l'Environnement Industriel B.J.C.L.Revue Bulletin Juridique des Collectivités Locales B.J.D.U.RevueBulletin Juridique Droit de l'UrbanismeB.O. Bulletin officiel (par ministère)
Bull. Bulletin de la Cour de cassation (par chambre, année)Contribution à l'étude des fonctions sociale et écologique du droit de propriété12/1134
c/ contre (parties à un procès)C.A.A Cour administrative d'appel
Cass. 3
ème civ. Cour de cassation, 3ème chambre civileC.D.M.Revue Le Courrier des maires
circ. circulaire ch. Chambre chap. chapitre chron. chroniqueC.E. Conseil d'État
C.E.D.H. Cour européenne des droits de l'homme
C.G.D.D. Commissariat général au développement durableC.J.U.E. Cour de justice de l'Union européenne
code env. / code urb. code de l'environnement / code de l'urbanisme col. colonne (pagination dans La documentation catholique) Collection Duvergier Collection de lois, décrets, ordonnances, règlements, avis duConseil d'État
Coll. terr.Revue Collectivités Territoriales - Intercommunalités (Éditions du Juris-Classeur) comm. commentaire concl. conclusions (du rapporteur public, de l'avocat général) cons. considérantCons. const. Conseil constitutionnel
ConstitutionsRevue Constitutions. Revue de droit constitutionnel appliqué Constr.-Urb.Revue Construction Urbanisme. Actualité juridique et fiscale de l'immobilier (revue mensuelle Lexisnexis Jurisclasseur) dactyl. ouvrage dactylographiéDalloz Revue Recueil Dalloz
D.M.F.Revue Droit maritime français
déb. parl. débats parlementaires (édition des Journaux officiels) doc. parl. documents parlementaires (édition des Journaux officiels)Contribution à l'étude des fonctions sociale et écologique du droit de propriété13/1134
Dr. adm.Revue Droit administratif
Dr. env.Revue Droit de l'environnement
DroitsRevue Droits. Revue française de théorie juridique Dr. voirieRevue Droit de la voirie et du domaine public e.a. et autres (parties à un procès) E.D.C.E. Études et Documents du Conseil d'État (rapport annuel)égal. également
E.N.A. École nationale d'administration
Énergie - Env. - Infra.Revue Énergie - Environnement - Infrastructures (revue mensuelle Lexisnexis Jurisclasseur) Env. et dév. durableRevue Environnement et développement durable (revue mensuelle Lexisnexis Jurisclasseur) E.N.G.R.E.F. École nationale du génie rural, des eaux et des forêts Espaces naturelsRevue Espaces naturels. Revue des professionnels de la nature ÉtudesRevue Études religieuses, philosophiques, historiques et littéraires EuropeRevue Europe (revue mensuelle Lexisnexis Jurisclasseur) ex. exempleGaz. Pal.Revue Gazette du Palais
G.C. grande chambre de la Cour européenne des droits de l'homme I.C.P.E. installations classées pour la protection de l'environnement J.C.P. A.Revue La Semaine juridique - Juris-Classeur périodique, Édition Administration des collectivités territoriales J.C.P. G.Revue La Semaine juridique - Juris-Classeur périodique,Édition Générale
J.C.P. N.Revue La Semaine juridique - Juris-Classeur périodique,Édition Notariale et immobilière
ibid.ibidem, dans le même passage cité précédemment inédit inédit au Recueil Lebon du Conseil d'ÉtatContribution à l'étude des fonctions sociale et écologique du droit de propriété14/1134
I.N.R.A. Institut national de la recherche agronomiqueJ.-C. Jésus-Christ
J.D.M.Revue Journal des Maires
J.O. Journal officiel de la République française (édition lois et décrets) J.O. Éd. Assoc.. Journal officiel de la République française (éditionAssociations)
J.O.U.E. Journal officiel de l'Union européenne L.G.D.J. Librairie générale du droit et de la jurisprudence (éditeur)Le MoniteurRevue Le Moniteur des travaux publics
L.P.A.Revue Les Petites affiches
loc. cit.loco citato, à l'endroit cité précédemment M.E.D.D.E. Ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergie Mgr. " monseigneur » (titre ecclésiastique catholique honorifique lié à certaines charges importantes) n° numéro de la requête (ou du pourvoi) not. notamment obs. Observations o.p. ordre des prêcheurs (abréviation désignant un membre de l'ordre religieux catholique des Dominicains) op. cit.opere citato, dans l'ouvrage cité précédemment ord. réf. ordonnance de référé ordin. ordinaire (session parlementaire) p. pageP.S.E. paiement pour services environnementaux
P.U. Presses universitaires
P.U.F. Presses Universitaires de France
Q.P.C. question prioritaire de constitutionnalité (catégorie de décision du Conseil constitutionnel)Contribution à l'étude des fonctions sociale et écologique du droit de propriété15/1134
R.D.I.Revue de droit immobilier
R.D.P.Revue de droit public et de la science politique en France età l'étranger
R.D. rur.Revue de droit rural (revue mensuelle LexisnexisJurisclasseur)
Rec. recueil Lebon du Conseil d'État
Rev. adm.Revue La Revue Administrative
R.F.D.A.Revue française de droit administratif
R.F.D.C.Revue française de droit constitutionnel R.G.D.I.P.Revue générale de droit international publicR.I.D.C.Revue internationale de droit comparé
R.J.E.Revue juridique de l'environnement
R.J.E.P.Revue juridique de l'économie publique (revue mensuelleLexisnexis Jurisclasseur)
R.J.F.Revue de jurisprudence fiscale
R.L.D.C.Revue Lamy Droit Civil
r.p. révérend père (titre pour un ecclésiastique ; r.p.j. signifie révérend père jésuite)R.R.J.Revue de recherche juridique
R.S.D.A. Revue semestrielle de droit animalier
R.T.D. civ.Revue trimestrielle de droit civil
R.T.D. com.Revue trimestrielle de droit commercial et de droitéconomique
s.j.societas jesu (La Compagnie de Jésus, abréviation désignant un membre de l'ordre religieux catholique des Jésuites) S.S.J.S. sous-sections (du contentieux) jugeant seule (Conseil d'État) S.S.R. sous-sections (du contentieux) réunies (Conseil d'État) suiv. suivantesT.A. tribunal administratif
T. confl. Tribunal des conflits
Contribution à l'étude des fonctions sociale et écologique du droit de propriété16/1134
Trib.U.E. Tribunal de première instance de l'Union européenneU.E. Union européenne
vol. volume (de la revue) Z.N.I.E.F.F. zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristiqueContribution à l'étude des fonctions sociale et écologique du droit de propriété17/1134
PROLOGUE
Ce prologue a été ajouté postérieurement à la soutenance de cette thèse le 16 décembre
2015, à la demande du jury, afin de préciser au lecteur le fait générateur de cette recherche
universitaire, sa perspective et son objectif pédagogique. À l'occasion de ma pratique professionnelle, j'ai constaté que certains des acteurs qui soutiennent que le cadre légal d'une politique publique porte une atteinte excessive etillégitime au droit de propriété privée se prévalent de la garantie constitutionnelle de ce droit
et n'hésitent pas à insister sur son caractère " sacré ».Le fait de se prévaloir de ce caractère " sacré », dans un État laïc et républicain, a pour
objet de surprendre, par une sorte d'argument d'autorité primordiale. Dans la sphère privée, la
référence au "sacré» ne heurte en aucun cas ma liberté de conscience. En revanche, dans la
sphère publique, la mobilisation du " sacré» dans les relations avec l'administration publique
et les juridictions pose la question de sa légitimité et de sa signification. La question de la légitimité ne pose pas grande difficulté. En effet, sur le fond, l'agnostique que je suis reconnais volontiers que, en fait, le scénario religieux constitue un véhicule pour promouvoir certaines valeurs (dans un mode de représentation transcendantalque je ne partage pas) compatibles avec la devise républicaine, et parfois même à la source de
celle-ci (dans la mesure où la trinité républicaine est, pour partie, liée de l'héritage judéo-
chrétien). Pour autant, en droit positif, le monisme laïc et républicain ne laisse en principe pas
de place pour une référence au sacré. Toutefois, je reconnais une exception, dans la mesure où
le " sacré » figure dans la lettre de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789
et permet ainsi légitimement de s'en prévaloir. La question de la signification est plus délicate. L'enquête universitaire menée ici apour objet de lever le voile sur le sens de ce caractère sacré au sens de la Déclaration de 1789,
en mobilisant de nombreux matériaux de recherche.Il n'est pas établi que ce sacré là soit la marque déposée de l'individualisme, comme le
prétendent ceux qui s'en prévalent, au soutien d'une théorie absolutiste du droit de propriété
privée. Bien au contraire, dans l'aire culturelle considérée, ce sacré correspond à la synthèse
réalisée au Moyen-Âge par THOMAS d'AQUIN sur l'institution de la propriété, articulant
des considérations anthropologiques (l'Homme comme animal social, et symbolique), philosophiques (notamment de philosophie politique aristotélicienne, sur l'Homme dans la Cité) et théologiques (notamment les obligations d'une créature humaine).Contribution à l'étude des fonctions sociale et écologique du droit de propriété18/1134
L'Église catholique a eu l'occasion, à de très nombreuses reprises et encore en 2015,de donner elle-même la clef d'une traduction laïque du caractère " sacré » de la propriété en
énonçant son équivalence sous le vocable de " fonction sociale ». Cette fonction sociale du droit de propriété est reconnue avec la force de l'évidenceà l'étranger, y compris par les juges communautaires et européens, et assumée comme telle.
Seule la doctrine française persiste à la récuser et à la présenter comme une simple " théorie »
(en l'occurrence de Léon DUGUIT et Louis JOSSERAND). Une telle présentation s'avèreerronée, elle résulte d'un parti pris idéologique (lié à la promotion de l'individualisme)
et d'une méthode qui s'est fait une spécialité d'ignorer les racines et les valeurs qui sous-
tendent les droits et libertés (positivisme juridique). La thèse ici avancée est que la fonction sociale du droit de propriété, rattachée au contrat social (au vivre ensemble intra-spécifique humain) est un élément de définitionstructurel du droit de propriété, et non une prétendue évolution de ce droit (sous les traits d'un
progrès ou d'une régression). Cette fonction elle-même est en train d'évoluer vers unefonction écologique du droit de propriété, rattachée au contrat social rénové par la Charte de
l'environnement (au vivre ensemble inter-spécifique humain et non humain). Le développement durable ne me semble pas seulement relever du registre de l'action, mais aussi, et avant tout, de celui de la connaissance, des interrelations et fragilités d'unhabitat collectif, des règles du vivre-ensemble, de la part sociale irréductible du droit et de la
légitimité des limitations de l'exercice de certains droits individuels. Je forme le souhait que celles et ceux qui sont en charge de l'enseignement du droitrevisitent les sources de l'institution " sacrée» de la propriété mentionnée dans la Déclaration
de 1789 et, par suite, articulent davantage les définitions légales du droit de propriété (qui
illustrent la fonction sociale/écologique attendue du propriétaire pour tel bien considéré, et
correspondent au ressort anthropologique, spirituel, axiologique, philosophique, politique etconstitutionnel de l'institution de la propriété) avec l'exercice individuel de ce droit (exercice
pour lequel, dans les limites d'une définition légale préalablement posée, l'on peut envisager
de reconnaître dans une certaine mesure un caractère absolu), dans une vision intégrée du
droit qui dépasse le débat sur une " privatisation » ou une " publicisation » du droit. Je forme également le voeu que cette recherche soit poursuivie par d'autres pourinterroger la légitimité de certains droits de propriété, y compris intellectuelle notamment dans
le domaine du vivant, du point de vue de leurs fonctions sociale et écologique que la communauté humaine est en droit d'attendre, afin de permettre aux représentants de la Nationd'ajuster la définition légale du droit de propriété considéré, si ces fonctions ne sont pas
suffisamment prises en compte dans le cadre légal actuellement en vigueur.Contribution à l'étude des fonctions sociale et écologique du droit de propriété19/1134
INTRODUCTION
- 1 - La vie a partie liée avec la mort1. Réciproquement, la mort est, en partie, lapromesse d'une continuité de la vie, pour le croyant il s'agit d'un processus mystique, qualifié
de résurrection2, pour l'agnostique il s'agit d'un processus biologique, qualifié de cycle du
vivant, intégré à la théorie de l'évolution. - 2 - La nouveauté du siècle dans cette relation de vie-et-mort réside dans le fait que, du fait de l'homme, le rythme de disparition des manifestations de la vie, des espècesanimales et végétales, s'accélère sans permettre la continuité de la vie, et ce, au préjudice
même de l'espèce humaine. C'est en ce sens que l'érosion de la biodiversité est plus qu'un
problème de civilisation (technico-marchande), c'est un problème d'espèce, un problème posé
à l'espèce humaine autant qu'aux espèces en voie de disparition, un problème pour lequel l'individu humain, pris en sa qualité de citoyen, de consommateur ou de propriétaire a une réponse à apporter, une responsabilité 3. - 3 - L'objectif constitutionnel d'un développement durable résulte de cette prise de conscience et organise la réponse individuelle et collective. Sa mise en oeuvre se heurtetoutefois à une perception du droit de propriété privée du foncier (I). Le fondement de cette
perception est lié notamment à la perception du caractère " sacré » de ce droit qu'il convient
d'interroger (II). Dans le cadre d'une interprétation juridique, la recherche s'attachera au1 La boutade du professeur Willy ROZENBAUM (l'un des pionniers de la lutte contre le S.I.D.A.) " la vie est
une maladie sexuellement transmissible et constamment mortelle » serait empruntée au psychiatre écossais
Ronald David LAING (1927-1989), voir VALLET, Odon, La vie est-elle une maladie sexuellement transmissible
et constamment mortelle ?, dans Le Monde des Religions, sept.-oct. 2012, p. 12-13, spéc. p. 13.2 C'est ce que l'on retrouve dans le célèbre aphorisme de l'Évangile selon Jean : " Si le grain ne meurt, il
demeure seul ; mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruits » (chap. 12, verset 24, le verset suivant a un accent
davantage mystique puisqu'il avertit que celui qui aime sa vie plusque le service de son créateur vit seul et finit,
tôt ou tard, par perdre sa vie, alors que celui qui sert son créateur accède à une vie " éternelle »).
3 Frédéric COUSTON note que " Nous passons d'un monde où l'on pouvait opposer l'homme à la nature - le
premier opposant ses propres lois à la seconde dont il commençait à reconnaître l'amoralité - à un monde
tripartite où s'opposent et se mêlent de façon parfois indéfinissable l'homme moral, la nature (dont fait partie
l'homme biologique), et la technologie, celle-ci émanant de l'activité humaine sur la nature et engendrant de
nouvelles activités et une nouvelle nature. La crise est plus alors d'ordre éthique que politique, la question
devenant : que voulons-nous faire de nous ? La crise environnementale devient fondamentalement une crise de
l'humain. Et cela d'autant plus que si nous suivons le analyses de Heidegger selon qui ce qui est à craindre, ce
n'est pas tant la technique elle-même que l'essence de la technique qui " n'est absolument rien de technique ».
Dans la mesure où la technique moderne est devenue une entreprise d'arraisonnement de la nature et non plus
de dévoilement de celle-ci, le véritable problème gît dans la relation de l'homme à l'être », dans L'écologisme
est-il un humanisme ?, Paris, Éditions L'Harmattan, Collection " Questions Contemporaines », 2005, p. 34-35,
souligné par nous. L'auteur identifie dans le " citoyen le véritable usufruitier de l'écosphère », p. 81-82.
Contribution à l'étude des fonctions sociale et écologique du droit de propriété20/1134
caractère sacré au sens de la Déclaration de 1789 qui le mentionne (III) avant d'exposer la problématique et le plan de la recherche (IV). I. La perception sociale du droit de propriété privée - 4 - S'agissant de la politique de protection de la biodiversité nous pouvons relever que la constitution en France du réseau écologique européen cohérent de sites baptiséNatura 2000
4 fut contestée en 19965 par des acteurs du monde rural dont le discours s'inspire
profondément d'une conception exclusive du droit de propriété en faisant valoir qu'elle est " sacrée » 6. À la même période, consécutive à la convention de Rio de 1992, une prise deconscience se fait jour dans le monde pour mieux protéger les espèces et les habitats naturels,
en suscitant la même hostilité. Ainsi, aux États-Unis, un mouvement de défense des droits de
propriété se développe en 1994 en réaction à l'application de la loi fédérale Endangered
Species Act de 1973 qui permet d'imposer des restrictions à l'utilisation des terres dans les zones définies comme habitat critique pour les espèces désignées 7. En France, à la demande de neuf organisations représentatives de la forêt privée, del'agriculture, du milieu cynégétique et de la pêche qui demandaient davantage de concertation
sur la mise en oeuvre de la directive communautaire " Habitats », la ministre de
l'environnement en exercice8a réuni et présidé le 10 juin 1996 ce qui est resté dans les
annales comme le " groupe des neuf »9. Dans la mesure où l'activité de ces acteurs détermine
les conditions d'existence des espèces protégées et de leur habitat naturel (état de
4 La directive dite " Habitats » (92/43/CEE) a été adoptée le 21 mai 1992, transmise aux États membres en juin
1992 et entrée en vigueur en juin 1994, en complément de la directive dite " Oiseaux » (79/409/CEE du 2 avril
1979 modifiée, remplacée par la directive 2009/147/CE du 30 novembre 2009 concernant la conservation des
oiseaux sauvages (version codifiée), J.O.U.E. du 26 janvier 2010, éd. L., 20, p. 7 à 25). Le réseau Natura 2000
comprend la " conservation» des habitats et des espèces (zones spéciales de conservation, ZSC) et la
" protection » des oiseaux (zones de protection spéciale ZPS).5 Année de parution des inventaires qui légitiment scientifiquement la désignation de plus de 13 % du territoire
français en zone Natura 2000.6 Sur ce réflexe discursif, voir not. MICHEL, Charlotte, L'accès du public aux espaces naturels, agricoles et
forestiers et l'exercice du droit de propriété : des équilibres à gérer, thèse (sous la direction de Laurent Mermet),
École nationale du génie rural, des eaux et forêts, mars 2003, p. 26.7 Uncle Sam's assault on property rights, in Detroit News, 19 septembre 1994, cité par SHINE, Clare,
Les systèmes privés ou fondés sur la libre initiative pour la protection ou la gestion des habitats, Strasbourg,
Conseil de l'Europe, Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel, Standing
Committee, 15
ème réunion, 22-26 janvier 1996 (T-PVS (95) 47), spéc. p. 47.8 Corinne LEPAGE-JESSUA.
9 Ce groupe fédère les principaux gestionnaires de l'espace rural :
Contribution à l'étude des fonctions sociale et écologique du droit de propriété21/1134
conservation favorable), et de la diversité biologique, elle se trouve nécessairement concernée
par la mise en oeuvre des obligations communautaires relatives à la création de ce réseau.quotesdbs_dbs25.pdfusesText_31[PDF] BENOIT-LAPOINTE, Christian, Finance et Investissement, mi
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[PDF] Benor/Atg 2048-Portes résistant au feu - Cour Et Terrasse
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