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Université des

Lettres et Sciences Humaines

de METZ

MUSSET

ET SON OEUVRP DRAMATIQUE

Thèse

pour le Doctorat es Lettres, sous la direction de M. Marc Mathieu Mûnch, préseritée et soutenue le 6 janvier 1995 par

M. Jacqucs

DISSLER

Membres

du jury

Président:

M. Marc-Mathieu Mùnch

Professeur

à lUniversité des Lettres de MeE

EXCLU

DU PRETSuffrageants:

REPRÙDUCTION

NON FUTI]RISEEPHR LE JURY

THESE EXCLUE DU PRETet du PRET ENTRE BIBLIOTHEOUESBIBLIOTHEOUE

UTIIVERSITAIRE

LETTNES

. TETZ. No lov.À975 oo4 L Cole

L/r13 eflA

Loc.

Magasln

Remerciements

Arrivé au terme

de cette thèse, je tiens à remercier tous ceux qui, directement ou indirectement m'ont aidé et soutenu dans ma Lâche. Je pense tout dbbord à mon Directeur, M. Matc-Mathieu Miinch; sa patience, ses connaissances, son abnégation, ont été pour moi, autant d'éléments indispensables

à la réussite de mon entreprise. Je pense

ensuite à tous ceux qui par leur écrits sur le sujet m'ont permis d'avancer dans ma tâche; j'ai en effot beaucoup puisé à leur source avant d'essayer très modestement d'apporter du neuf. Je pense enfin à mes proches; sans ieur soutien moral je ne serais pÉrs venu à bout de ce travail de longue haleine.. page 2

INTRODUCTION

page 3

LE CHOIX D'UN

SUJET

Musset

I'enfant terrible du romantisme, I'auteur des Nuits. s'est rendu célèbre par I'originalité et la qualité de son oeuvre poetique ef critiques, lecteurs, ont eu trop longtemps tendance à négliger sa production dramatique. n m'a fallu assister à la projection à la télévision de Lorenzaccio dans une mise en scène du Florentin Franco

ZetrrelLi

(onregistrée en 1976 à la Comédie Française) pour mesurer

I'injustice.

Subjugué par la magistr.ale interprétation de Francis Huster qui a donné au héros sa véritable dimension, j'ai pressenti I'extrème modernité du drame, et une lecture approfondie m'a conforfe dans cefie opinion que Lorenzaccio dépasse de beaucoup le cadre du drame romantique tel qu'il a été défini par Stendhal, puis Hugo. S'il a fallu attendre plus de sobI'oeuvre et sa première représentation au théâtre, c'est probablement, entre autres, parce qu'elle est en avance sur son temps. Critiques, hommes de théâtre du 20è siècle, ont contribué à sortir ce drame de

I'ombre, reconnaissant

sa qualité, mais peut4tre n'en ont-ils pas sulfisamment mesuré la modernité. Lorenzo -c'est une hypothèse- est beaucoup plus qu'un personnage romantique, il est le parangon de l'être en proie à une profonde crise existentielle, crise douloureusement vécue par son auteur. cette idée s'est ancrée dans mon esprit au point de vouloir en faire la démonstration dans le cadre d'un travail beaucoup large sur I'ensemble de la production dramatique de l'auteur.

Les lecfures

approtondies du drame, les recherches sur I'auteur et sa production littéraire, m'ont conforté dans cette opinion et m'ont ouvert un champ d'investigation insoupçonné touchant à I'essence même de l'être, aux manifestations de I'inconscien! à I'absurdité de

I'existence.

Des lieux communs du romantisme, je suis passé à des considérations touchant à la psychanalyse, à une approche plus philosophique de I'oeuvre faisant de Musset, dans certains cas, un auteur plus proche dc Sartre et Camus que de Hugo.

L'oeuvre dramatique

de notre auteur ne se limite pas à

Lorenzaccio-

aux deux comédies élèbres Les Caprices de Marianne et On ne badine pas avec I'amour, et c'est une production beaucoup plus large, souvent rnal connue, que nous découvrons dans l'édition page 4 complète de son théâtre. Musset a en effet écrit, outre son drame, vingt-trois comédies et proverbes, production inégale, certes, mais au contact de laquelle nous pouvons mieux suivre et comprendre

I'itinéraire de

I'auteur. Lorenzaccio" la pièce de loin la plus dense, la plus complète, véritable carrefour de problèmes, ne peut être appréhendée d'une manière approfondie, dynamique et surtout originale - on a beaucoup écrit sur ses cinq actes - ne prend toute sa dimension que si le critique a une bonne connaissance du reste de la production dramatique. Un travail sur I'ensemble des pièoes est le moyen de mettre en évidence les obsessions de I'auteur grâce à la découverte de "réseantx" de "r4étaphores obsédantes" ( Charles

Mauron:

La psyrlhacriliq$g ), témoignages des problèmes qui ont hanté I'auteur toute sa vie. C'est lbccasion de situer sa crise aiguë de

1833-1834 dans

un contexte plus large. Ce qui jusqu'ici a été trop souvent peu approfondi, voire méprisé, ou tout simplement éludé, peut

être

I'occasion d'amener à des découvertes, de rentbrcer des hypothèses, d'aboutir à des certitudes, et au bout du compte de permettre de mieux comprendre I'auteur, I'homme, et les hommes.

C'est ce

que nous voudrions développer dans le cadre de cette thèse composée sous forme d'un diptique. La première partie sera consacrée au drame Lorenzaccio, la seconde au reste de la production dramatique; une synthèse visera à établir un diagnostic aussi précis que possible sur le cas Musset: I'homme, I'auteur, I'oeuvre. page 5

LE CHOIX

D'UNE PROBLEI,AUOW

Avant d'aborder le

premier livre, nous proposons deux chapitres consacrés I'un à la biographie de Musset I'autre à son goûL ses motivations pour la dramaturgie. Le premier servira au lecteur tout au long de son étude de la thèse; oeuvre et vie étant profondément imbriquées, il est en effet nécessaire d'avoir sans cesse à portée cette biographie à titre de réterent; le second quant à lui sera une première approche permettant de mieux s4isir le Musset homme de théâtre et par consequent d'introduire les deux parties principales. Il aura pour titre: Musset le dramaturge.

Dans le

premier livre consacré au drame et que nous intitulerons:

Lorenzaccio

- le drame existentiel de I'auteur et de son héros-, nous nous attacherons d'abord à démontrer que Lorenzaccio est I'image d'un

Musset critique à

l'égard de la société. L'auteur, victime d'un environnement culturel, social, atlectit aurait transposé ses propres problèmes dans le drame; Lorenzo et Florence en 1537 seraient la représentation du divorce de I'auteur avec le contexte politique et religieux de I'Europe de 1830. Cette première partie s'intitulera:

Lorenzaccio

miroir d'un Musset déçu de la société. Ce premier élément extérieur à l'être, si important soit-il, ne peut cependant à lui seul expliquer l'état de crise existentielle prononcé de

I'auteur et

du héros; c'est pourquoi, dans un second temps, nous orienterons notre étude vers le problème touchant au moi protbnd -

Charles

Mauron écrivait "moi orphique"-, à I'inconscienf à la néwose,

à I'agnosticisme

religieu>g problèmes qui révéleront le caractère

éminemment

moderne de l'oeuvre. Ce second volet aura pour titre: Du pessimisme

à la névrose.

Nous nous consacrerons, après cette éfude touchant au plus profond de l'être, au drame de l'écrivain pour qui la création, but sublime, ascencion de l'être, est inséparable d'une descente aux enÈrs, dans une troisième partie intitulée: Drame existenriclet écriture. Tous cçs éléments conjugués ayant montré le caractère pessimiste du drame, image du caractère absurde de I'existence, nous pourrons alors nous pencher sur le dénouement et nous demander si le meurtre du duc ne s'accompagne pas d'un suicide du héros, suicide page 6 libérateur mef&ant fin à un long chemin de croix. Cette dernière partie oortera le titre révélateur: De la névrose au suicide. Dans le deuxième livre consacré aux comédies, aux proverbes et

à la

partie dramatique des Contes d'Espagne et d'ltalie. livre qui aura pour titre: Le règne du dieu Amour dans un théâtre aux multiples facettes, nous développerons en premier lieu ce qui constitue le thème principal de cette production - le titr€ I'indique - à savoir I'amour; que ce soit I'amour vénal, I'amour charnel, I'amour platonique, I'amour passion, telles que les a vécues I'auteur et qui ressortissent au "çe" et arr"moi" (termes empruntés à la seconde théorie de la psychanalyse de

Freud),

que c€ soit I'amour beaucaup plus sage des couples mariés ou projetant de se marier et en accord avec le "surmoi " (même rétërence que la précédente ). Dans un second temps, nous aborderons ce que nous avons appelé dans notre titre "les mthiplesfucelles",les thèmes secondaires mais sufûsamment récurrents pour justifier une étude.

C'est ainsi

que nous nous consacrerons successivement à I'aspect politique et social, à la fiction théâtrale, à la propension de certains personnages pour la débauche, aux allusions sur I'art en général et la création littéraire en particulier dans des chapitres intitulés respectivement: I Moi politique et moi social. II Le moi et la satire: L'anticléricalisme.

III Musset: Comédie

et théâtre.

IV Théâtre et

fiction: Fuir un monde et se bâtir des mondes.

V La thématique

du rêve. VI Le thème du double. VII

La tènêtre: objet tetiche.

VIII Manger, boire et jouer ou le théâtre de la débauche.

IX L'art en

général; la création littéraire en particulier: Un thèrne récurrent dans I'oeuvre.

Viendra

alors le temps de la synthèse et de la conclusion.

Lorenzaccio

artificiellement détaché de I'ensemble sera remis à sa place dans le cadre d'une problématique plus générale visant à donner une image aussi tidète que possible de I'itinéraire de I'homme et du créateur. pageT

LE CHOIX

D'UNE METTIODE

Alfted de Musset, de son vivant,

comme plus tard lcs symbolistes, les surréalistes, a beaucoup gêné la critique; sa profonde oiginalité cn rapport avec

I'expression du moi profond, en divorce

avec le traditionalisme, écartait en eftèt toute étude approfondie selon les critères habituels. [,es critiques en étaient bien souvent réduits à dénigrer ou au contraire à louer sans véritablement être capablcs d'expliquer le pourquoi de producfions qui les dépassaient. Il a tallu attendre que les découvertes de la psychanalyse appliquées dans le domaine médical soient exploitées par la critique littéraire pour qu'enfin de nouvelles lecfures s'affirment et aboutissent à une meilleure compréhension de c€ux que lbn considérait comme des auteurs difficiles, voire maudits. A partir des années 50 et avec un point culminant dans les années 60'-7o., nous avons assisté à une véritable révolution dans le domaine de la critique; aux méthodes traditionnelles sont venues s'adjoindre, souvent s'opposer, pléthore de nouvelles techniques d'approche, toutes réunies sous le vocable de Nouvelle Critique.

L'étudiant

de notre fin de siècle, contrairement au critique du XIXe , a, lorsqu'il veut se livrer à des travaux d'approfondissement sur une oeuvre, à sa disposition une foule de techniques d'approche souvent concomitantes, parfois contradictoires, et il ne lui est pas possible de se lancer dans une étude se voulant dynamique, ayant pour objet d'apporter sa pierre à l'édifice des recherches fines entreprises sur tel ou tel sujet sans avoir au préalable fait une étude approfondie et critique de ces différentes nréthodes et techniques. Il s'agit d'un travail de longue haleine que nous avons entrepris et qu'il n'est pas possible, ce serait beaucoup trop long, d'inclure dans notre thèse. Nous proposons seuloment un aperçu des diftrentes tendances, du XIXe à nos jours, aperçu à partir duquel nous pourrons faire un choix, ou peutétre des chob'ç qui orienteront nos travaux Il ne s'agit pas d'un résumé dans la mesure ou certaines méthodes, celles qui nous paraissent les mieux adaptées à un approfondissement de I'oeuvre et pouvant jouer un rôle de révélateur rendant la photographie plus nefte, seront plus largement développees. Pour réaliser I'exposé qui suit, page 8 nous avons puisé dans La critique de Roger Fayolle, La critique littéraire de P. Brunel, D. Madéléna! J.-M.

Gliksohn et D. Couty, Des

métaohores obsédantes au mvthe oersonnel. de Charles Mauron,Les chemins actuels de la critique. Direction G. Poulet.l

Le debul du XIXI stèclc: C/r'ss

Le critique des premières décennies s'est trop souvent cantonné dans ce débat, jugeant les oeuvrcs en tbnction de ces courants sans véritablemen! comme il eût été prétérable, se pencher sur leur valeur intrinseque. Il s'agit en tait du long prolongement de I'interminable querelle des anciens et des mo,Jernes, querelle qui doit nous inciter à la prudence; il est en effet éminernment réducteur de juger d'une oeuvre en fonction de critères d'appartenance. Musset tout jeune I'a compris en tarft qu'artiste et écnvain et en a donné I'exemple.

Créotion et

critique au XIXq siècle A partir de 1830, les créateurs se font volontiers critiques;

I'avénement

de la "littéralure ittdustriellê " constitue à cette époquc un fait capital en ce domaine; le développement de la production est dès lors étroitement lié à celui de la presse. Le livre demeurant cher, la littérature pénètre les quotidiens à gros tirages. (Les romans sont publiés sous forme de feuilletons, une place cst réservée aux nouvelles, parfois même aux poèmes.). Des revtres specialisées voient le jour alimentées par des articles de critiques littéraires professionnels et d'auteurs; c€s derniers, y compris Musset voient là une occasion de faire le point sur leur production, celles des autres auteurs, tout err sacrifiant au mercantilisme de rigueur. Ces articles sont une véritable mine pour le chercheur; il s'agit d'Art poetique éclaté nous apportant de précieux renseignements sur I'esthétique de l'oeuvre d'art. Hugo,

Gautier,

Nerval, Musset Baudelaire, pour n'en citer que quelques-uns, ont ainsi publié de nombreux articles souvent plus enrichissants quc ceux de critiques de métier qu'ont été par exemple Planche ou Sainte-

Beuve. Ce travail de recherche de

I'auteur transparaît mêrne au sein

des oeuvres. Le théâtre de Musset en est un témoignage. page 9

S sinte-Beuve 4 h mdhode d' idenlificalion

Sainte-Beuve a

été I'un des premiers grands critiques capables de dépasser le manichéisme réducteur d'un Nisard. Evitaut de porter un jugement en fonction des deux images antagonistes du classicisme et du romantisme, il a mis au point une méthode dite d'identification; elle consiste à accumuler une grosse documentation, à s'en imprégner, au point de pouvoir reconstituer le parcours de I'auteuç et de se mettre dans sa peau. Cette méthode ,laisse une place privilégiée à la biographie, donc au hors-texte. La critique scientifique: Taine, Renan, Brunetière

Ceux-ci considèrent les oeuvres comme

autant d'expressions diverses d'une société, d'une époque; ils voudraientquotesdbs_dbs47.pdfusesText_47

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