[PDF] Thérapeutique par les psychotropes psychédéliques





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LSD : MODE DACTION ET DANGERS ASSOCIES A CETTE

Qu'elles soient licites ou illicites les drogues ont une action sur l'organisme et particulièrement sur l'activité des neurones du système nerveux central. Les 



Représentation visuelle 1ES/1L SVT - Activité 4 : Le LSD une

Le LSD (diéthylamide de l'acide lysergique) est une substance Document 2 : la transmission du message nerveux au niveau des voies visuelles.



ADDICTIONS : LSD & CANNABIS ACCOMPAGNEMENT

de l'adrénaline) notamment au niveau du système nerveux central



Description Effets recherchés

Catégorie : perturbateur du système nerveux central. - Synonymes : acide buvard



TITRE DE LACTIVITE : LES PERTURBATIONS DE LA

Le LSD est un stimulant du système nerveux central qui perturbe gravement l'action des neurotransmetteurs de la Sérotonine.



Drogues au volant - Attention : risqué!

*SNC: Système nerveux central. LSD. MESCALINE. CHAMPIGNON. MAGIQUE. KÉTAMINE. • Hallucination. • Problèmes de coordination. • Perte du sens de la réalité.



Thérapeutique par les psychotropes psychédéliques

14 mar. 2018 Le LSD stimule le système nerveux sympathique dans le thalamus ce qui induit une mydriase



Votre enfant et le dépistage néonatal

affecter divers organes et systèmes tels que le système nerveux central Les LSD sont dues à des défauts génétiques des enzymes lysosomales avec.



Focus - Nouvelles substances psychoactives

(p.ex. cocaïne) et perturbateurs (p.ex. LSD) du système nerveux central. Si les stimulants constituent le territoire naturel des NPS (dro-.



TP n° 3 : Le LSD une drogue hallucinogène qui agit sur les voies

Qu'elles soient licites ou illicites les drogues ont une action sur l'organisme et particulièrement sur l'activité des neurones du système nerveux central.

AVERTISSEMENT

Ce document est le fruit d'un long travail approuvé par le jury de soutenance et mis à disposition de l'ensemble de la communauté universitaire élargie. Il est soumis à la propriété intellectuelle de l'auteur. Ceci implique une obligation de citation et de référencement lors de l'utilisation de ce document. D'autre part, toute contrefaçon, plagiat, reproduction illicite encourt une poursuite pénale. Contact : ddoc-thesesexercice-contact@univ-lorraine.fr LIENS

Code de la Prop

riété Intellectuelle. articles L 122. 4 Code de la Propriété Intellectuelle. articles L 335.2- L 335.10

UNIVERSITE DE LORRAINE

2015
_______

FACULTE DE PHARMACIE

THƒRAPEUTIQUE PAR LES PSYCHOTROPES

PSYCHƒDƒLIQUES

PrŽsentŽe et soutenue publiquement

Le lundi

4 mai 201
5 po ur obtenir le Diplôme d'Etat de Docteur en Pharmacie par

Charles FLEURENTIN

nŽ le 21 janvier 1988 ˆ Metz (57)

Membres du Jury

Président : M. Luc FERRARI, Professeur des Universités

Juges :

M. Olivier JOUBERT,

Ma"tre de ConfŽrences

M. Jean-Pierre KAHN, Docteur en MŽdecine, Psychiatre

Mme Dominique LAURAIN

MATTAR

Professeur des UniversitŽs

Mlle Mathilde POUZERGUES, Pharmacien dÕOfficine /.0!,()*+%*12.&3.0#%* .4456*74896:;8<=8:6*>?@AB>?@C* /0%1$(')"#+2345" □(/*)0*1/&2*3&$012*3

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LEUR AUTEUR ».

REMERCIEMENTS

À mon Directeur de thèse,

Monsieur Olivier JOUBERT,

Maître de conférence de Toxicologie à la faculté de pharmacie de Nancy. Pour avoir accepté la direction de ma thèse et avoir pris le temps pour m'orienter et me corriger tout au long de ce travail.

Pour votre rigueur scientifique, qui m'a permis de me pondérer, me canaliser, et d'avoir

rendu mon travail plus juste et plus précis. Recevez ici le témoignage de mes sincères remerciements.

À mon président de jury,

Monsieur Luc FERRARI,

Professeur des Universités en Toxicologie à la faculté de pharmacie de Nancy. -----------

Pour m'avoir fait l'honneur d'accepter la présidence de ma thèse. Soyez assuré de la sincérité de mon estime.

À mes juges,

Monsieur Jean-Pierre KAHN,

Docteur en médecine, Psychiatre.

Pour m'avoir fait le grand plaisir d'accepter de participer à mon jury de thèse. Car il est primordial d'avoir l'avis d'un psychiatre dans cette thèse. Veuillez trouver ici l'expression de mon plus profond respect et de ma gratitude.

Madame Dominique LAURAIN-MATTAR,

Professeur des Universités en Pharmacognosie à la faculté de pharmacie de Nancy. Pour m'avoir fait l'honneur d'être dans le jury de ma thèse.

Soyez assurée de toute ma gratitude.

Mademoiselle Mathilde POUZERGUES,

Docteur en pharmacie.

Pour ton éternel soutien

jusqu'à la dernière ligne de cette thèse. Sûrement le pharmacien le plus à même de comprendre l'essence de ce travail. À tous ceux qui m'ont accompagné dans l'apprentissage de mon métier de pharmacien. À mes parents, Jacques et Christie, je vous remercie pour votre soutien, pour m'avoir donné les moyens de suivre ce long cursus universitaire et de m'accomplir professionnellement. a" "À ma soeur, qui suit la bonne voie. À mes grands-parents, Raymond et Lily pour votre soutien et pour cet héritage pharmaceutique.

À Claude Hammer,

qui est le pharmacien qui m'a donné, je pense, la bonne vision de la pharmacie, cette quête de qualité perpétuelle.

À mes amis,

Stéphane qui a été mon acolyte depuis tant d'années dans cette quête du savoir, de la recherche acharnée des multitudes perceptions que la vie peut nous apporter et de l'empirisme. Ainsi que Mathilde, Florent, Anaïs, Nicolas, Camille, Marie-Caroline, Noémie, Marc, Thibaut, et Pauline. Merci pour votre présence, pour tous les bons moments passés, vous comptez énormément pour moi. Vous avez su égayer ces dernières années, je vous remercie sincèrement. Ë tous ceux qui ont comptŽ et que je nÕai pas citŽ. b"

Thérapeutique par les

psychotropes psychédéliques !c" "7"!"G

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!M" "A !Z" De nombreuses sociŽtŽs et civilisations ont recours dans leurs pratiques rituelles ˆ

du nord de lÕEurasie utilisent lÕamanite tue-mouches et dÕautres en Afrique lÕiboga. Ces

substances Žlargissent les perceptions, provoquent des visions et des modifications de la conscience. EncadrŽes par des chamanes, ces pratiques traditionnelles insŽrŽes dans leurs cultures et leurs croyances rŽpondent ˆ des demandes prŽventives et curatives. Elles ne Ces substances psychŽdŽliques ont-elles ou pourraient-elles prŽsenter un intŽrt en Les psychŽdŽliques sont des molŽcules mal connues, appelŽs vulgairement toxicomanie. La classification proposŽe permet de clarifier cette situation. Trois

la fort amazonienne, pratiquŽ depuis des millŽnaires jusquՈ nos jours. Le LSD, le plus

plus prometteur, anesthŽsique utilisŽ lors des opŽrations chirurgicales, est un psychŽdŽlique

ˆ faible dose.

Ces extraits de plantes ou substances ont dŽjˆ fait lÕobjet de nombreux travaux

thŽrapeutiques dont disposeraient ces substances est prŽsentŽe. Elle montre leur intŽrt

thŽrapeutique dans le traitement de maladies comme les nŽvroses, les addictions, la dŽpression, etc! Ces travaux ont co•ncidŽ dans les annŽes 60 avec le mouvement hippie, puis ont ŽtŽ

interrompus et ces substances ont ŽtŽ classŽes comme stupŽfiants. Cela limitait et rendait

difficile toute Žvaluation clinique nouvelle. Pourtant les essais cliniques ont ŽtŽ repris dans

les annŽes 90. Ces recherches montrent de faon gŽnŽrale lÕintŽrt des psychŽdŽliques en

thŽrapeutique quand ils sont accompagnŽs dÕun suivi mŽdical.

CHAPITRE I

"Si les portes de la perception étaient dégagées, toute chos e apparaîtrait à l'homme comme elle est, infinie" William Blake

Figure 1 : Peinture d'une cérémonie de chamans Huichol qui utilisent le Peyotl (Schultes, 2000)

!_" + ,)-#%)$.*.#*&/0)")#)%"*&.-*1-2(3/&/4)5'.-* +6+ Il y a des milliers d'années, on ne parlait certes pas de LSD, mais les hallucinogènes

étaient déjà bien présents. Ce sont les botanistes, aidés des historiens et des ethnologues

qui nous ont permis de retracer l'utilisation des plantes hallucinogènes au travers des

peuples et de l'histoire. Ce n'est qu'à partir du XIX siècle que les chimistes ont permis

d'identifier les principes actifs que renfermaient ces plantes, cactus, champignons ou même des animaux (comme les secrétions cutanées du crapaud du Colorado sont riches en MeO-5 DMT (5-méthoxy-diméthyltryptamine) (Fleurentin, 2011) (Fleurentin, 2005). À travers le monde il y a au moins un hallucinogène par région qui joua un rôle important dans la vie des peuples. Citons quelques exemples de plantes hallucinogènes qui sont consommé es sur la planète depuis des millénaires. Pour commencer, l'Afrique est la région qui compte le moins d'hallucinogènes

connus, mais elle possède tout de même l'iboga, dont la racine est utilisée par les Pygmées

et diverses tribus du Gabon, du Congo, du Cameroun dans les cérémonies du Culte du Bwiti. Cette racine d'iboga est connue de ces peuples depuis plus de 2000 ans. D'après les

traditions de la religion Bwiti, l'iboga serait " l'Arbre de la connaissance » retrouvé dans la

Bible (Ravalec, 2004).

L'utilisation des champignons hallucinogènes date de plusieurs milliers d'années, on a retrouvé des peintures sur des rochers représentant des champignons au Sahara en -

7000 avant J-C. La consommation de champignons était utilisée pour entrer en communion

avec les Dieux, le divin ou pour des rituels (Weniger, 2009). L'Eurasie, est riche en plantes hallucinogènes. Un des hallucinogènes les plus connus, trouvé sur le continent eurasiatique, est l'amanite tue-mouche, consommé par les tribus sibériennes. Ce champignon entre aussi probablement dans la composition du soma, boisson enivrante à usage sacrificiel. Il y a aussi le datura qui est répandu sur les vastes régions de l'Asie et du Moyen Orient. En Asie du Sud-Est, différents hallucinogènes encore mal connus sont employés. En Inde on utilisait la noix de muscade pour ses effets narcotiques. En Asie central, les tribus du Turkestan faisaient des infusions avec les feuilles d'une menthe arbustive, Lagochilus inebrians qui provoque un effet d'apaisement et d'enivrement. " En Australie, les tribus consommaient le pituri qui était l'hallucinogène le plus utilisé chez les Aborigènes Australiens. Cette préparation provenait de la plante Duboisia qui comportait de la nicotine, de la scopolamine et de l'hyoscyamine. L'Amérique du Nord ne possède pas beaucoup de plantes hallucinogènes connues, il y a tout de même l'amanite tue-mouche et quelques espèces de Datura. Dans le nord du

Canada, les Indiens mâchaient les racines d'acore pour leurs propriétés thérapeutiques ainsi

qu'hallucinogènes. Les Indiens du Texas et des régions avoisinantes consommaient le haricot à mescal depuis 6000 à 7000 ans, produisant des visions pendant les rituels. Puis il fut remplacé par le peyotl (Schultes, 2000). Parmi toutes les populations du monde, ce sont les indigènes du Mexique qui firent le plus grand usage des plantes hallucinogènes avec le peyo tl (Lophophora williamsii) qui est sûrement un des cactus sacrés les plus importants. De manière plus globale, l'usage du peyotl par les Amérindiens pour des rituels remonte à 3000 ans ou plus. Et ce cactus est toujours activement consommé dans une pratique spirituelle et religieuse. Pour preuve en 1918, dans l'Oklahoma aux États-Unis, il y a eu la création de la Native American Church qui est un mouvement religieux syncrétique (qui mŽlange les influences). La Native American Church est aujourd'hui connue pour l'utilisation du peyotl en

toute légalité ; une dérogation autorise les membres à l'utiliser pour leurs sacrements.

Toujours au Mexique

certains champignons avaient la même importance sacrée : comme le Teonanácatl (terme Aztèque) et qui contient de la psilocybine. Ils sont encore actuellement consommés au cours de rites religieux. Les Mexicains consomment encore une vingtaine d'espèces de champignons, ainsi que des graines d'ololiuqui (Ipomoea tricolor et Turbina corymbosa) qui étaient utilisées dans

la religion aztèque. En Amérique centrale, les champignons hallucinogènes avaient une

place centrale dans la culture Maya et dans leur monde sacré. On a retrouvé des sculptures et des peintures sur des vases funéraires en leur honneur. On a aussi découvert des effigies en pierre, ornées d'une tête humaine ou animale et surmontées d'une couronne d'ombrelle de champig non datant de 1000 ans avant JC (Weniger, 2009) (Schultes, 2000). !a"

Figure 2 : Sculpture Maya reprŽsentant l'usage des champignons psychŽdŽliques (Schultes, 2000).

Toutes ces substances ont des propriétés dite enthéogènes, ce qui signifie qu'elles

induisent un état de conscience modifié, utilisées à des fins religieuses, spirituelles ou

chamaniques. Figure 3 : Codex Magliabechiano, reproduction en photochromographie datant de 1904 (Weniger, 2009). Cette peinture représente le dieu aztèque des mondes souterrains se manifestant à un autochtone suite à la consommation de champignons hallucinogènes (Weniger, 2009). Les hallucinogènes sont les plus anciens psychotropes du monde. On peut penser que les hallucinogènes sont probablement les premières drogues connues de l'humanité suite à la rencontre avec les champignons. Certains historiens et scientifiques ont fait de

cette rencontre avec les hallucinogènes le début même de l'humanité. Il est possible que les

premières religions du monde aient été le culte de champignons hallucinogènes chez les

Sumériens et les Babyloniens. Il ne fait aucun doute que les hallucinogènes ont joué un rôle

important pour un grand nombre de civilisations, dans leur communion avec Dieu (Valleur,

2005).

!b"

" En Europe, les plantes hallucinogènes étaient très utilisées durant l'antiquité avec les

pratiques magique s, la sorcellerie, etc□ Les plantes utilisées étaient des solanacées (stramoine, mandragore, jusquiame et belladone). Mc" M!" Au Moyen Âge, l'ergot de seigle champignon parasite (Claviceps purpurea) se développ ant dans le grain de seigle, empoisonna des milliers de consommateurs. Leur ingestion provoquait de fortes crises hallucinatoires, des délires, et pouvait conduire à la

mort, on parlait " du mal des ardents » et " du pain qui rend fou ». En 1938 le chimiste Albert

Hofmann travailla à la mise au point d'un stimulant circulatoire pour les laboratoires Suisse Sandoz, il étudia notamment une molécule vasoconstrictrice présente dans le champignon

parasite et qui se développe dans l'ergo de seigle. Il synthétisa différents dérivés amides de

l'acide lysergique. Cinq ans plus tard alors qu'il manipulait un des dérivés : le 25ème de cette

série, une minuscule goutte de diéthylamide de l'acide lysergique (LSD-25) tomba sur sa

peau et pénètra dans son système sanguin, c'est là qu'il ressentit les premiers effets et

dé couvrit le LSD (Voyage au coeur du LSD, 2009). En 1894 l'allemand Arthur Heffter isola et identifia la molécule du Peyolt : la l'écrivain-philosophe Aldous Huxley accompagné par le psychiatre Humphry Osmond ; il

décrivit de manière très précise les effets et les différentes perceptions de la substance, et

écrivit le fameux ouvrage "The Doors of Perception". Durant les années 60, le LSD devient le psychotrope symbolisant la contre-culture en Amérique et de la culture hippie. Elle représente une autre manière de penser et de voir le monde. De nombreux musiciens comme The Doors, Jimi Hendrix, et Pink Floyd en ont

consommé, créant ainsi le rock psychédélique. De même, pour la peinture, le cinéma et

dans l'art de manière générale, le LSD a eu une part importante. On remarque bien, quelles

que soient les époques ou les régions, que les hallucinogènes ont traversé les civilisations et

les peuples.

Le drame de 68

Les psychédéliques sont les outils de l'exploration de l'esprit humain les plus prometteurs que la psychiatrie ait découvert. À partir des années 40 les philosophes, les chercheurs, et les médecins se sont engagés avec enthousiasme dans cette voie

prometteuse. Mais la société occidentale et la médecine moderne, ont été apeurées par la

découverte de ce nouveau concept, de l'impact et du choc que peut apporter la perception

d'autres réalités. Par manque de connaissance, et par l'avènement du LSD qui était utilisé

hors de tout contrôle, la FDA américaine (Food and Drug Administration) prit peur et interdit toutes recherches avec les psychédéliques sur l'Homme. En 1970, le CSA (Controlled Substances Act) interdit toutes formes de consommation des psychédéliques. Puis le reste MM" "du monde occidental suivit les USA sous le signalement de l'ONU. Pourtant, les chercheurs,

après moins de 30 ans de recherche avaient publié des résultats très prometteurs : plus de

700 articles qui attestaient de la sécurité et de l'efficacité des psychédéliques, avec un total

de 40 000 patients. Tous ces chercheurs, durent donc stopper toutes leurs activités□

(Chambon, 2009).

Vers une renaissance?

En 1992 la FDA autorisa de nouveau la recherche sur l'Homme. Il y a aussi émergence de 3 associations Américaines et 3 associations Européennes qui jouent un rôle majeur dans le financement et dans le soutien des études sur les psychédéliques. On peut citer la MAPS (Multidisciplinary Association for Psychedelic Studies), la HRI (Heffter Research Institute), la CSP (Council on Spiritual Practices), Fondation Beckley (Royaume Uni), la SaePT en Suisse et la Société Psychédélique Russe. Aujourd'hui plusieurs pistes de recherches cliniques sont en cours d'étude :

la psychothérapie assistée par psychédélique (PAP), la psilocybine, le LSD, la MDMA, et la

kétamine sont de nouveau évalués, notamment aux États-Unis, en Angleterre, en Suisse et en Russie. Il existe aussi des études de psychoethnopharmacologie sur l'ibogaïne ainsi que sur l'Ayahuasca, qui sont des plantes psychédéliques utilisées respectivement en Afrique et en Amérique du Sud. Il existe aussi des études en sciences fondamentales (biologie, neurologie, pharmacologie) sur les psychéliques (Chambon, 2009). Devant le nombre

d'études sur les psychédéliques, j'ai focalisé mon travail de thèse sur 3 psychédéliques :

l'

Ayahuasca, le LSD et la kétamine. J'ai voulu aborder un psychédélique couramment utilisé :

l'

Ayahuasca. Une tryptamine : le LSD, qui est le psychédélique synthétisé le plus connu. Et

enfin, la kétamine, couramment utilisée de nos jours en anesthésiologie, qui à faible dosage

provoque des effets psychédéliques. La MDMA ne sera pas développée. Bien que faisant

partie de la célèbre classe psychédélique des phényléthylamines, elle possède une base

amphétaminique, ce qui fait d'elle une substance à mi-chemin entre une amphétamine et un psychédélique. +6< =/0)")#)%"*&.-*1-2(3/&/4)5'.-*

Le terme psychédélique signifie "révélateur d'âme» ou " qui rend l'âme visible,

manifeste». Le terme a été inventé en 1956 par le psychiatre Humphrey Osmond dans un échange avec Aldous Huxley qui voulu explorer les portes de la perception (Huxley, 1954). MZ"

" En découle le terme plus général "psychédélisme» emprunté par la culture, le

cinéma, la musique, ou même la peinture, symbolisant un art conceptuel commun, qui

cherche à développer, à ouvrir les perceptions, permettant des réflexions sur l'esprit humain.

Puis arrive le terme des substances psychédéliques, ou des psychotropes psychédéliques. Aldous Huxley les voyait comme "des outils de l'exploration du cerveau humain». Les psychédéliques font partie des hallucinogènes. Les hallucinogènes psychédéliques sont une sous classe des hallucinogènes, tout comme les hallucinogènes dissociatifs et les hallucinogènes délirants. p"Un hallucinogène est une substance chimique psychotrope qui induit des hallucinations, des altérations des perceptions, de la cohérence

de la pensée et de la régularité de l'humeur, mais sans causer de confusion mentale

persistante ou de troubles de la mémoire aux doses usuelles. Cet état est aussi appelé état

modifié de conscience » (Richard, 2004). Les hallucinogènes psychédéliques ont pour

mécanisme commun d'agir principalement sur le système sérotoninergique. Les plus courants sont le LSD, les psilocybes, et la mescaline. +6> On emploie le terme " hallucinogène » qui est un terme général, pour les psychédéliques. On pense qu'il devrait provoquer des hallucinations. Mais ce n'est pas le cas, ils ne produisent pas d'hallucinations aux doses usuelles ; une hallucination est " une

perception sans objet », or un psychédélique (sauf à très hautes doses) ne produit pas de

perception sans objet (aucun élément n'est rajouté sur le champ visuel), mais seulement une

altération, une déformation des perceptions (lignes, couleurs, etc!), et induit aussi un

cheminement différent des pensées et une facilité à faire des introspections. Le mythe de

l'éléphant rose est tombé à l'eau. Selon David Nichols professeur de pharmacologie aux État

Unis: " Le terme hallucinogène a été créé originellement dans l'idée que ces substances

produisent des hallucinations, un effet, cependant, qu'elles ne provoquent pas habituellement, aux doses typiques. Donc ce terme est erroné. » (Chambon, 2009) Si les visions provoquées par les psychédéliques étaient seulement dues à une

hyperstimulation du néocortex (selon la logique scientifique), elles ne seraient pas si

complexes, ni pertinentes et pleines de sens. Les hallucinations chez les psychotiques sont

rares et sont essentiellement dues à une atteinte toxique du cerveau ; le sujet est alors

atteint d'une grande confusion mentale. Or sous psychédélique le patient a toute sa conscience et a notion qu'il est dans une autre réalité. M]" +6B

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Reprenons une définition des hallucinogènes psychédéliques, celle du psychiatre Français Olivier Chambon, qui est plus rigoureuse et plus précise que les définitions plus

générales que l'on peut trouver communément. " Un psychédélique est une substance

naturelle ou synthétique, dont la consommation entraîne des changements aux niveaux physique, émotionnel, mental et spirituel. C'est un médicament efficace et puissant

n'entraînant pas de dépendance physique. Il peut être employé avec sécurité pour

l'organisme et l'esprit, moyennant le respect de précautions d'utilisation bien précises. Un psychédélique n'est pas une drogue. » (Chambon, 2009). Au premier abord, la définition peut surprendre, mais reprenons là : " Ils n'entraînent pas de dépendance physique, ce n'est pas une drogue. » Effectivement, les drogues (le terme vulgarisé et non le terme en botanique) entrainent une dépendance physique et/ou psychique car elles agissent sur le système de récompense, l'organisme en a donc continuellement besoin sinon l'individu ressent une sensation de manque qui peut être plus ou moins forte en fonction de la substance, de la dose et de la fréquence de la prise. Les

psychotropes psychédéliques n'agissent pas sur le système de récompense, le système

dopaminergique souvent mis à mal par les consommateurs de cocaïne ou autres amphétaminiques, ni sur l'endorphine (groupe des opiacés), mais sur le système sérotoninergique. De ce fait, pas de dépendance physique, pas de dépendance psychique : le voyage étant " fort » mentalement, l'individu n'a pas l'envie d'en reprendre continuellement. De plus, comme nous le verrons par la suite, une de leur première indication est le traitement de la toxicomanie. À la différence des autres médicaments, les psychédéliques nécessitent l'engagement du patient, il doit y avoir une participation active du sujet. Se traiter par un

psychédélique, c'est être à mi-chemin entre la prise d'un médicament et un suivi

psychothérapeutique. Tableau de comparaison des drogues et des psychédéliques :

Drogues Substances psychŽdŽliques

Dépendance physique importante Pratiquement pas de dépendance physique. Utilisées avec efficacité démontrée dans le traitement des dépendances aux drogues M^" Utilisation récréative Utilisation avec une intention spirituelle ou thérapeutique, ces substances faisant aussi contacter des côtés difficiles de l'inconscient, ce qui les rend naturellement peu attractives pour un usage festif

Fuite de la réalité

Perceptions plus aiguës des réalités externes et internes. Prise en compte de dimensions cachées de la réalité et d'autres réalités inaccessibles aux états de conscience ordinaires

Danger pour soi, au niveau physique,

émotionnel, psychologique ou spirituel Utilité thérapeutique au niveau psychologique et physique. Quasi-innocuité quand pris dans des conditions de b on encadrement Danger pour autrui ou pour la société Souvent amènent l'individu à s'engager de manière utile et empathique vis-à-vis des membres de la sociétéquotesdbs_dbs47.pdfusesText_47
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