[PDF] Madame Bovary chabrolisee ou lecriture cinematographique

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MADAMEUOVARY CHAUROLISEEOUL'ECRITURE

CINEMATOGRAPHIQUEFLAUUERTIENNE

Marie-HeleneCatherineTorres

UniversidadeFederal de SantaCatarina

"[esavaisdesormaisque!ecrioain j'auraisaim"eireetquedorenauant et iusqu'i;lamortjecontinuerais d'etreamoureuxd'EmmaBovary".

VargasLlosa

Maitrede sa plume(uneplumedoie qu'il trempait dansun encrier de bronzeen forme de crapaud),connaissant tousles se crets deson metier,lenternent,methodiquernent, avec une surpre nantesurete, GustaveFlaubertcomposason "poerne".Salenteur I'exa sperait,maisitaucun momentil ne se fit la moindre conces sionsur laqualitede sonstyle. II meditait avecunsoinextreme chagueepisode de sonplan(on possede environsoixante-dixes quissesdeplans),etudiai tet pesaitminucieusement chaque phra se etchaque mot,afin dedonneritson textela ferrnete,I'harmonie et labellesimplicite dela grande prose classique.Lanaissancede

MadameBovaryfutitce prix.

GRa S TITRE:

Unionmalheureuse

EugeneDelamare,officier de sante,ancienelevedu docteur

Haubert,pereduromancier,epousaensecondenoce Adele

Delphine

Couturier.

Fragntentosvol.511·2,pp.23-32

24Marie-Helene CatherineTorres

Embarrasfinanciers poussentlajeune femmeadultereal'ex tremite dusuicide.

Finsubite du maritr

ompe,incapabled'affronter son infortune.

Inspire

d'oeuvreMadameBavary,bousculantenprofondeurles conven ti onsdu roman.

Situedone l'ecrivain etsanouvelletheorielitter

aire,notre etudesepenchera vers une analyse del'ecritureflaubertienne. Flaub ertexpliqua larsd'une correspondance avecLouise Colet,en

1852 "mon

organisationest unsysterne.[e suis un homrne-plu me".N ousproposeronsensuiteuneapproche cinematographique de MadameBavary,comparant I'oeuvre ecriteaI'adaptationde

ClaudeChabro!,film qui

parutsur les ecrans francaisIe 3 avril 1991.

Ainsi, cetteoe

uvre,MadameBavary,qu'on seplaitaconside rer commeI' aubeduroman moderne,estd'abordIeproduitd'une continuite, d'unefiliation.Heritierd'unetradition romanesque illustree parBalzac,Flaubertconceit un decor,une atmosphere, un milieu danslequelsedeveloppentuncaractere, unepsycholo gie.L'histoire d'une passionproprement mystiqueque seul un eternelailleurs pourraitassouvir,nourrie etcondarnnee ala fois parlamonotonie ecrasante delavie deprovince:telle estaI'ori gine

MadameBavary.

Lesucces de cetteoeuvreestcertesdfasa perfection orga niqueet asadensitemateriellequisemble tireretcristallisertout Ie sue et lessaveursdela regionnormande,regionnatalede l'auteur.Surtoutapres Balzac et Stendhal,Flaubertproposaitune nouvelleconception duroman,l'elevantdufeuilleton,duroman, du roman d'alc6ve et duromanpolitiquealahauteurdel'epopee.

Flaubertajoutaaugenre balzacienune forme

impeccable,une composition rig oureuse,unenoblesse,unedignite,une concentra tioncpiques, sans rienperdredelarichessenidel' authenticitede samatiere;cela, graceasa vision pantheistsquiconfereunair uniqueetcoherentauxdetails lesplus vulgaires de sesfigures ou desesdescriptions et parlaquelletoutbaigne-scenes, paysages etdialog ues-dansunelumiere cosmique.Cequ'il fautadmirer chez

MadameBavary,qui provoquanombrede discussions-rap

pelonsquelors duprocesdu 29 janvier 1857,I'avocatincrimina la "c ouleursensuelle"duromanet la "beaute delaprovocation"

MadameBavaryChabraliseeall...25

d'Emma-c'est cequ'elleapportadansla peinturedesetres et des choses,un realismet outafait nouveau.Dans sa conclusiona l 'etudequ'elle consacrealagenese deMadameBavary,Claudine dansI'oeuvre, plutot queIe roman'realiste', Ieromanc1assiqued'analysepsy chologique".Enoutre, soussonapparenteimpassibilite,Flaubert peignait les moeursdesontempsavecuneironiemeprisante, presque insultante. LeSec ondEmpirene fut pointuneepoqueexceptionnelle m entrigideencequi concernela morale: c'etaitI'aged'orde la bourgeoisie. Bien qu'issud'unefamillebourgeoisedesplushon hypocrisie,durete de coeur,vanite,sottise,ce sont lalesm oindres defautsqu'il l eurattribuaitgenereusement. En untemps entiere m entdornineparcettec1asse sociale, lapeinturede "bourgeois epanouis"parut in supportable.Le romancierpunitsonheroinede ses fautes,de son refus d'unbonheurbanal,desondedainpour sesdevoirsfamiliaux.Chaqueelementfigureala foispoursoi memeet poursasignification plusprofonde,de sortequeIe dou bleadultere, dansunepetitevillenormande,d'unefemme mediocre,maisjolie,sensibleet malheureuse,en perd sabanalite q uotidienne pourdevenir,dansuneascensioninsaisissable,un tableaugrandiose de"moeurs de province".Autempsde Louis

Philippe,un portraitdefemmemagistraljusqu

'auxmoindresre plisde son etre,un requisitoireimpitoyable contre lesclichesdu romantismeet,surtout,"une

Foretdesymboles",OUsans cesse, on

percoiten filigrane,la vision superieure de t outeI'existencehu maine.

Dans Ie romanesquepostbalzacien,det

outesautresmetho despresiderontal'elaborationdupersonnage.D'unepart,la des criptionstable,or donnee, encadreeen quelquesorte, fait placea l'evocationcursive,ernportee fragmentapresfragmentparI'allure de I'actionromanesque. DeI'autre,Ietypiquesera deplusen plus reserveaux personnages "plats" dontl'ecrivaintientamontrerla natured"'objetssociaux".

Ce cha

ngement demethodetientacequeIe realismeest dev enufondamentalementsubjectif.Merrie chez 201a, c'est Ie mo uvement d'une conscience litteralernentimpressionneeparIe reelqui faconnedesfiguresrepresentativesde I'histoirenaturelle et socialeensortequel'ecrivainexprime d 'aborduntraitdephy-

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sionomied 'unpersonnage,puis,quelquespagesplusloin encore, une parole,unereaction,ungeste.

Mais,avecFlaubertcommence Ie

regnedela subjectivite,ou plusexactementdela fascination. Plusunindi viduest unechan tillon social,plus l'ecrivainIe traiteenchoseouenanimal, et

I'exprime en un langagemet

aphorique.En revanche,Emma Bova ry,qui r epresentela conscience mernedunarrateur, vasedessiner encreux,danscem onde,animaliseou materialise.On peutdire qu'EmmaBovaryest unvide tumultueuxetirradiant. Enelle, passent cette flu queFlaubert(sa correspondance en ternoigne) subitcomme une to rture,mais auxquelsiIa attribue en mernetempslaplushaute valeur.AussiIelect eurneverra-t-il jamaisEmmaBovary comme itvoit Ie pharmacien Homaisou la vieilleservante recornpensee d'une medaillelorsdes comices agricoJes:ses sensations,sesreves, salogiqueaffectives sediffus entdanslanarration et,sanscesse, seheurt entauxaspects rigoureusementmaterielsdu monde et de la vie.Pourtant,cetteconsciencediffuse et blessee commandeet organiseI'ensemble durecit.

Pour Flaubertquis'irnpre

gnedesPreceptesdustyledeBuf fon,"bienecrirec'est alafoisbien sentir,bienpenser etbiendire".

Souterraine

penetrationou unsensintime conduitauprincipe intrinseque du monde et p ermetaJ'oeuvredereproduireles es peces d'une nature "sereine d'aspectincomprehensible".L'illu sion de presence du reelnepeutetre donneequedu dedans:le detour parunefec onde epaisseur,ousejoueI'efficacedes choses et desetres,est l'itineraire oblige dela representation,ecrit Ber nardAjac. Ainsi l'ideal f1aubertiendimpersonnalitepeuts'expri mer sanscontradiction:"I'artiste doitetredans sonoeuvrecomme

Dieu dansla creation,invisibleet t

out-puissant:qu'onIe sente partout,maisqu'onnele voie pas".Pasquestionpourluid'inter ve nirdans lanarrationalamanierede StendhalouBalzac pour expliquer au lecteurIe sens deI'histoire.IIinventeunrecitaux significationsmultiples,ou Ie sens des evenementsvarieselon Ie regard despersonnages.Irnpersonnalite,refusde conclureetfo c alisationinte rnedespointsde vue:troisprincipesquirevolution nerentIe roman.

Lamethodede Flaubert?

D'abord,ilreve,puisitjette un

scenario, sedo

MadameBovaryChabroliseeall....27

etcondenseapres I 'ultime epreuvedugueuloir. Travailtitanes que!IIira jusqu'aecrire asamaitresseLouiseColet: "Monorganisationest un systerne.[esuis unhom me-plume.[esens parelle,acausedelle,parrap p ortaelleet beaucoupplusavecelle".

AI'origine,

iIyapresquetoujoursun"vieux projet",uneidee derecitnoteequelque partdansun"carnet detravail".Sonsecret, c'est de commencerparnepas ecrire.Pendant plusieurs semaines, ilva"revasser"sursonsujet.Couches urson lit,ilregardeau plafond,revant les yeux o uverts.Parmoment,iIseleve d'unbond, pr enddesnotes,puisretournes'allonger.

Cette premiere

phase detravailpresqueentierement psychi queconsisteen une sorte de reveriedirigee:iIimaginelesscenes des,enchaineles sequences,sedocumentepourpreciserundequotesdbs_dbs47.pdfusesText_47

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