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alors ? est parallèle aux droites d et d'. Page 6. 6 sur 8. Yvan Monka – Académie de Strasbourg – www.maths-et 

INTRODUCTION

À LA GÉOMÉTRIE TROPICALE

par

Ilia Itenberg1. Introduction

Ce texte est une introduction à la géométrie tropicale, un nouveau domaine de mathématiques qui a connu un progrès spectaculaire durant les huit dernières années. La géométrie tropicale a des liens multiples et profonds avec de nombreuses branches des mathéma- tiques, tant en mathématiques pures qu"en mathématiques appli- quées. On peut citer, par exemple, la géométrie algébrique, la géo- métrie symplectique, l"analyse complexe, les systèmes dynamiques, la logique, la combinatoire, le calcul formel, et les modèles statistiques (cette liste est, bien sûr, loin d"être exhaustive). Des objets tropicaux apparaissent aussi dans la cristallographie et la biologie quantitative. Les racines de la géométrie tropicale remontent au moins au travail de G.Bergman [1] sur les ensembles limites logarithmiques au début des années 1970. L"essor actuel de la géométrie tropicale est princi- palement dû à M.Kapranov, M.Kontsevich, G.Mikhalkin, O.Viro et

B.Sturmfels.

En géométrie tropicale, les objets algébro-géométriques sont rem- placés par des objets affines par morceaux. Par exemple, les courbes tropicales planes sont des graphes rectilignes dont les arêtes ont des pentes rationnelles. Nous allons présenter les notions de base et les premiers résultats de la géométrie tropicale, en nous concentrant prin- cipalement sur les courbes tropicales dans le plan.

2I. ITENBERG

2. Semi-corps tropical

2.1. Opérations tropicales.Un rôle très important dans la suite

sera joué par lesemi-corps tropicalRtrop. Il s"agit de l"ensembleR équipé des deux opérations?et?définies de la façon suivante : a?b= max{a,b}eta?b=a+b(pour tousaetbdansR). Les opérations?et?s"appellent l"addition tropicaleet lamulti- plication tropicale, respectivement. L"ensembleRmuni de ces deux opérations n"est pas un corps (par exemple, l"opération?n"a pas d"élément neutre), mais unsemi-corps. Ceci signifie que(R,?)est un semi-groupe commutatif,(R,?)est un groupe commutatif (avec0 pour élément neutre), et l"opération?est distributive par rapport à l"opération?: a?(b?c) = (a?b)?(a?c) (pour tousa,betcdansR). L"ensembleRmuni des opérations?et?s"appelle lesemi-corps tropicalet est notéRtrop. DansRtrop, on peut additionner, multiplier et diviser, mais on ne peut pas soustraire. Le nomtropicala été donné à ce semi-corps par des informaticiens français en l"honneur du travail pionnier de leur collègue brésilien Imre Simon sur le semi- anneau max-plus.

2.2. Déquantification des nombres réels strictement positifs

Il est important de remarquer que les opérations tropicales peuvent être vues comme opérations limites sous une certaine déformation de l"addition et la multiplication habituelles. Considérons une famille de semi-corps{Sh},h?[0,+∞). Comme ensemble, chaque semi-corpsShcoïncide avecR. Les opérations d"ad- dition et multiplication dansShsont définies de la manière suivante : a?hb=? ?hln(exp(a/h) + exp(b/h))sih?= 0, max{a,b},sih= 0; a?hb=a+b. Ces opérations dépendent dehde façon continue. Pour toute valeur non nulle deh, le semi-corpsShest isomorphe au semi-corpsR?+des nombres réels strictement positifs (munis des opérations habituelles d"addition et multiplication) : l"applicationx?→hlnxeffectue un

INTRODUCTION À LA GÉOMÉTRIE TROPICALE3

isomorphisme entreR?+etSh. Par contre,S0coïncide avecRtropet n"est pas isomorphe àR?+. Le passage de valeurs non nulles dehà la valeur0dans la fa- mille{Sh}s"appelle ladéquantification de Maslov des nombres réels strictement positifs(voir [13] et [14]). Des déformations similaires sont connues dans plusieurs domaines des mathématiques. Comme il a été remarqué par O.Viro [31], la déquantification de Maslov est di- rectement liée au patchwork, la méthode de construction de variétés algébriques réelles proposée par Viro il y a une trentaine d"années (voir [29, 30] et [23]). La déquantification de Maslov est aussi di- rectement liée au passage à la "large complex limit» (voir [12]) qui fait dégénérer une structure complexe sur une variété. Toutes ces déformations fournissent un lien très important entre la géométrie algébrique et la géométrie des complexes polyédraux.

3. Courbes tropicales dansR2

3.1. Polynômes tropicaux.Nous allons maintenant faire une

brève description de la géométrie algébrique sur le semi-corps tropi- calRtrop. Cette description est limitée au cas des courbes tropicales dansR2et est orientée vers les problèmes énumératifs présentés dans le texte d"E.Brugallé (ce volume). On renvoie à [20, 9] pour une information plus complète sur les variétés tropicales. Soit p(x,y) =? (k,?)?Λpa k,?xky? un polynôme (de Laurent) à deux variables et à coefficients réels (iciΛpest une collection finie de points ayant des coordonnées en- tières dansR2). Si on considèrepcommepolynôme tropical(c"est-à- dire, si on remplace dans ce polynôme l"addition et la multiplication habituelles par leurs analogues tropicales), on obtient une fonction convexe affine par morceaux f p(x,y) = max(k,?)?Λp{ak,?+kx+?y}. Cette fonction est définie surR2et prend ses valeurs dansR(en fait, pour être plus précis, on peut dire que cette fonction est définie sur (Rtrop)2et prend ses valeurs dansRtrop). La fonctionfps"appelle

4I. ITENBERG

latransformée de Legendrede la fonctionνp: Λp→Rdéfinie par p(k,?) =-ak,?, pour tout(k,?)?Λp. Pour introduire la courbe tropicale définie par notre polynôme tro- pical, considérons lelieu des coinsTpde la fonctionfp: le sous- ensembleTpdeR2est formé par les points où la fonctionfpn"est pas localement affine. Le grapheΓpde la fonctionfpest une surface polyédrale dansR3. En projetant surR2la réunion des sommets et des arêtes deΓp, on obtientTp. L"ensembleTpcontient un nombre fini desommets(qui sont les images des sommets deΓp) et un nombre fini d"arêtes (qui sont les images des arêtes deΓp). SiTpn"est pas une droite, chaque arête deTpest soit un segment reliant deux som- mets, soit une demi-droite ayant un sommet pour extrémité. Dans le deuxième cas, on dit que l"arête en question est unboutdeTp. Exemple 3.1.Soitp(x,y) =a?x?b?y?cun polynôme tropical de degré1. L"ensembleTpassocié àpest la réunion de trois demi- droites qui ont la même extrémité. Les directions des trois bouts deTp sont, respectivement, sud, ouest et nord-est (voir la figure 1). Dans ce cas particulier, une modification des coefficients deprésulte en translation deTp. L"extrémité commune des trois arêtes deTpest le point(c-a, c-b). Exemple 3.2.Le polynômep(x,y) =xproduit la fonction affinefp: (x,y)?→1 +x(et pas la fonction(x,y)?→x), car, du point de vue tropical, on ap(x,y) = 1?x. Dans ce cas, l"ensembleTpest vide.Figure 1.Une droite tropicale Chaque arête de l"ensembleTpassocié à un polynôme tropical p(x,y) =? (k,?)?Λpa k,??x?ky??

INTRODUCTION À LA GÉOMÉTRIE TROPICALE5

(icix?kety??sont lak-ème puissance tropicale dexet la?-ème puissance tropicale dey, respectivement) peut être munie d"un en- tier strictement positif de la façon suivante. Soitσune arête deTp.

Notons

?σl"arête deΓptelle que la projection de?σcoïncide avecσ.

L"arête

?σest adjacente à deux faces deΓpcontenues dans les graphes de deux fonctions affines où(k1,?1)et(k2,?2)sont des points deΛp. Associons àσlepoids w(σ)égal à lalongueur entièredu segment reliant les points(k1,?1) et(k2,?2). (Un point deR2est ditentier, si les deux coordonnées de ce point sont entières; pour un segment reliant deux points entiers deR2, lalongueur entièrede ce segment est le nombre de ses points entiers diminué de 1; par exemple, le segment reliant les points(3,0) et(0,3)a la longueur entière3.) L"ensembleTpdont les arêtes sont munies des poids définis ci- dessus s"appelle lacourbe tropicaleassociée au polynôme tropicalep. On utilise la même notationTppour cette courbe tropicale. L"enve- loppe convexeΔp(dansR2) deΛps"appelle lepolygone de Newton dep(parfois, on dit queΔpest le polygone de Newton de la courbe tropicaleTp). SiΔpest le triangle à sommets(0,0),(d,0)et(0,d), oùdest un entier strictement positif, on dit que notre courbe tropi- cale estde degréd. La figure 2 montre certaines courbes tropicales de degrés1,2et3(sur les figures, on n"indique que les poids différents de1). Un bout quelconque d"une courbe tropicale de degréda une des trois directions : sud, ouest ou nord-est. Pour toute courbe tropicale de degréd, le nombre de bouts (comptés avec les poids) ayant une direction donnée est égal àd. Ces affirmations seront justifiées dans la section suivante.

3.2. Dualité.L"utilisation d"une transformation de Legendre in-

dique la présence d"une dualité. Dans notre cas, il y a une dualité entre la subdivisionΘpdu plan donnée par une courbe tropicaleTp et une certaine subdivision du polygone de Newton dep. La subdivision en question deΔpest définie par la fonctionνp: (k,?)?→ -ak,?de la façon suivante. Considérons le graphe deνp: c"est un ensemble fini de points dansR3. L"enveloppe convexe de ce

6I. ITENBERG2Figure 2.Exemples de courbes tropicales de degrés1,2et3

graphe est un polytope convexe dansR3. Quand on le regarde par- dessous, on voit un certain nombre de faces, et quand on projette ces faces surΔpon obtient une subdivision deΔp. NotonsΦpcette subdivision.Figure 3.Exemples de subdivisions du triangle à sommets (0,0),(2,0)et(0,2) On a donc, d"une part, une subdivision du polygone de Newton, et d"autre part une subdivision du plan donnée par la courbe tropicale. Ces deux subdivisions sont duales l"une de l"autre.

INTRODUCTION À LA GÉOMÉTRIE TROPICALE7

Théorème 3.3(Théorème de dualité).Pour tout polynôme tropical p(x,y) =? (k,?)?Λpa k,??x?ky?? tel que son polygone de NewtonΔpsoit non dégénéré (c"est-à-dire, ne soit pas contenu dans une droite), il existe une bijectionBentre les éléments deΦpd"un côté et les éléments deΘpde l"autre côté telle que -pour chaque polygoneΠdeΦp, l"élémentB(Π)soit un sommet deTp, -pour chaque arêteEdeΦp, l"élémentB(E)soit une arête deTp, et les arêtesEetB(E)soient orthogonales, -une arêteEdeΦpsoit contenu dans un côté deΔpsi et seule- ment siB(E)est un bout deTp, -pour chaque sommetVdeΦp, l"élémentB(V)soit une région de R 2rTp,

-la correspondanceBrenverse la relation d"incidence.2Figure 4.Exemples de coniques tropicales et leurs subdi-

visions duales

8I. ITENBERG

Remarquons que, pour toute arête d"une courbe tropicale, le poids de cette arête est égal à la longueur entière de l"arête duale. Le théorème 3.3 peut être facilement démontré à l"aide des deux lemmes suivants.

Lemme 3.4.Soit

p(x,y) =? (k,?)?Λpa k,??x?ky?? un polynôme tropical, et(i,j)un vecteur à coordonnées entières dans R

2. Alors, le polynôme tropical

p(x,y) =? (k,?)?Λpa k,??x?(k+i)y?(?+j) définit la même courbe tropicale que le polynômep.

Lemme 3.5.Soit

p(x,y) =? (k,?)?Λpa k,??x?ky?? un polynôme tropical, etL:R2→R,L: (k,l)?→αk+βl+γ, une fonction affine. Alors, la courbe tropicale définie par le polynôme tropical? (k,?)?Λp(ak,?+L(k,?))?x?ky?? peut être obtenue de la courbe tropicaleTppar la translation de vec- teur(-α,-β).

3.3. Description géométrique.Les courbes tropicales dansR2

peuvent être décrites de façon géométrique. Soit -Vune collection finie de points distincts dansR2, -Ebune collection finie de segments dont les extrémités appar- tiennent àV, -Enune collection finie de demi-droites dont les extrémités appar- tiennent àV. Supposons que l"intersection de deux éléments quelconques de E b? Enest soit un point deV, soit vide. Considérons une fonction w:Eb? En→N r{0}. Pour chaque élémentedeEb? En, le nombre w(e)s"appelle lepoidsdee. Un tel quadruplet(V,Eb,En,w)s"appelle ungraphe rectiligne pondéré. Les éléments deV(respectivement,

INTRODUCTION À LA GÉOMÉTRIE TROPICALE9

deEb? En) s"appellentsommets(respectivement,arêtes) du graphe rectiligne pondéré(V,Eb,En,w). Un graphe rectiligne pondéré(V,Eb,En,w)est ditéquilibrési - chaque arête dansEb? Ena une pente rationnelle, - aucun sommet dansVn"est adjacent à exactement deux arêtes dansEb? En,quotesdbs_dbs47.pdfusesText_47
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