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Tradition et modernité aux îles de la Société : une interprétation
Etats-Unis dotées d'une certaine autonomie) et les îles Cook (28000 hab.) (restes lithiques des anciens lieux de culte ou de rêunion
Chapitre 1 : Lantimonde de Roger Brunet (35p)
Mr. François Taglioni Professeur à l'Université de la Réunion 3.2.2 L'arrière-cour maritime des Etats Unis et le presqu'isthme antillais.
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Université d'Artois,
UFR Histoire-Géographie, Département de Géographie, Unité de recherche " Dynamique des Réseaux et Territoires ».Thèse de doctorat
L'ANTIMONDE CARIBEEN,
ENTRE LES AMERIQUES ET LE MONDE
Sous la direction de Mr. François TAGLIONI,
Professeur des Universités, Université de la Réunion Présentée et soutenue publiquement par Romain CRUSE, le 2 décembre 2009 à Arras devant un jury composé de : -Mme Nathalie Bernardie-Tahir, Professeur à l'Université de Limoges -Mr. Alain Musset, Directeur d'études à l'EHESS -Mr. Jean-Pierre. Renard, Professeur à l'Université d'Artois -Mr. Stéphane Rosière, Professeur à l'université de Reims Champagne-Ardennes -Mr. François Taglioni, Professeur à l'Université de la Réunion 1Université d'Artois,
UFR Histoire-Géographie, Département de Géographie, Unité de recherche " Dynamique des Réseaux et Territoires ».Thèse de doctorat
L'ANTIMONDE CARIBEEN,
ENTRE LES AMERIQUES ET LE MONDE
Sous la direction de Mr. François TAGLIONI,
Professeur des Universités, Université de la Réunion Présentée et soutenue publiquement par Romain CRUSE, le 2 décembre 2009 à Arras devant un jury composé de : -Mme Nathalie Bernardie-Tahir, Professeur à l'Université de Limoges -Mr. Alain Musset, Directeur d'études à l'EHESS -Mr. Jean-Pierre. Renard, Professeur à l'Université d'Artois -Mr. Stéphane Rosière, Professeur à l'université de Reims Champagne-Ardennes -Mr. François Taglioni, Professeur à l'Université de la Réunion 2 3Partie 1 : Cadre Théorique
Chapitre 1 : l'Antimonde de Roger Brunet: approche conceptuelle et critique1.Introduction
2.Le " anti » de l'antimonde
3.Le concept d'antimonde selon Roger Brunet
1.2.1.Antimondes, îles et frontières : l'espace de l'antimonde
1.2.2.L'antimonde à différents niveaux d'analyse
1.2.3.Typologie des espaces de l'antimonde
-L'antimonde dans les sciences sociale1.4.1.De l'informalité à l'antimonde
1.4.2.L'étude des économies illégales
1.4.3.Dans la Géographie Française
- Les dialectiques géographiques disponibles pour l'analyse du partage inégal : Sous- développé, périphérique, Sud ou antimonde ?1.3.3.L'espace centre/périphérie de l'analyse " radicale »
1.3.4.L'école (néo)coloniale : du couple sauvage/civilisé à la dialectique développé/
sous-développé1.3.5.La fracture nord/sud chez Yves Lacoste
1.3.6.L'antimonde de l'école Brunet
Critique du concept d'antimonde
Conclusion: de l'importance relative des mots
Chapitre 2 : De quelques espaces-types de l'antimonde caribéen et de leur intégration à l'échelle mondiale.4.3.Introduction
4.4.Espaces de la dérogation fiscale, industrielle, commerciale et maritime : l'espace de
l'extraterritorialité4.4.1.Historique de la dérogation
4.4.2.Pavillons de complaisance
4.4.3.Zones franches
4.4.4.Paradis fiscaux
4.4.De la territorialisation de l'espace des drogues illicites
8.2.2.Cannabis
8.2.3.Cocaïne
48.2.4.Géopolitique des drogues illicites
8.2.5.Des plantes à drogues aux monopoles des drogues de synthèse
8.2.6.Conclusion : complexité du trafic de drogues illicites et amorçages d'autres
antimondes8.2.Antimondes carcéraux
8.3.Bidonvilles et ghettoïsation socio-ethnique
8.2.3.Légitimité contre illégalité
8.2.4.Extension spatialement
8.2.5.Description
8.2.6.Bidonvilles caribéens : des villages surpeuplés au coeur des capitales
2.5.5 Bilan : Bidonvilles et revenus moyens
oConclusion: Des espaces liés Chapitre 3 : Trois pistes vers les sources de l'antimonde caribéen3.1 Introduction
3.2 Antimondes, méditerranées et presqu'isthme caribéen
3.2.1 Méditerranées et antimondes
3.2.2 L'arrière-cour maritime des Etats Unis et le presqu'isthme antillais
3.3 L'explication économico-historique : l'échec des prétendus avantages comparatifs
hérités du modèle colonial3.3.1 Aux origines de la théorie des avantages comparatifs : un nouveau système
économique globalisant pour le bénéfice du centre ou de la périphérie ?3.3.2 Spécialisations caribéennes
3.4 L'explication géopolitique : l'extension de l'empire néolibéral et l'"économicide » lié
3.4.1 Géographie du néolibéralisme ?
3.4.2 Comment la conception de l'espace néolibérale s'est elle imposée à la Caraïbe :
de la plantocratie à la " corporatocratie » antillaise3.4.3 La Caraïbe dans son ensemble régional: le cas particulier d'une périphérie
proche3.4.4 De la gestion politique de l'espace néolibérale aux antimondes
3.4.5 Les chimères de la domination : justifications de l'organisation de l'espace
néolibérale3.4.6 Bilan : Les conséquences concrètes du néolibéralisme dans la région Caraïbe
3.5 Conclusion : Démêler l'enchevêtrement obscur des réseaux de l'antimonde
Partie 2 : Études de cas
5 Chapitre 4 : Espaces ethniques et politiques des drogues illicites et de l'économie du crime à " Trinbago »4.1Introduction
4.2Les fondations du trafic
4.2.1. Une tête de pont entre les Amériques et l'Europe
4.2.2. Un terreau inégalitaire hérité et préservé
4.2.3. L'application d'un néolibéralisme catalyseur des inégalités hésitées
4.2.4. Sécuritarisme libéral d'une inefficacité patente, corruption, et anachronismes
coloniaux4.2.5. Racines multiples, diasporas et anti-nationalisme
4.3Cartellisation du trafic de drogues illicites, implication de l'Etat et répression
discriminatoire4.3.1 Historique des drogues illicites à Trinidad
4.3.2 La cartellisation ethnique du paysage criminel tribagonien au profit de l'élite
" blanche ».4.3.3 La colline du calvaire noir de Laventille, pivot majeur de la géopolitique des
drogues illicites à Trinidad4.3.4 La criminalisation de la ganja
4.3.5 Le Jamaat Al Muslimeen à l'assault de la narco-démocratie : 1985-1990
4.3.6 Gestion de l'arrière-cour au niveau du robinet à pétrole : la politique des Etats Unis
à Trinbago.
4.4 Conclusion
Chapitre 5 : Frictions entre les espaces informels et la territorialisation erratique de l'Etat jamaïcain5.1.Introduction
5.2.De la géographie politique à la géopolitique de Kingston : politricks, posses et
communauté-garnisons5. 2.1. Un de mi-siècle de " communauté-garnisons »
5.2.2. Une circonscription électorale contre du riz au pois : aux racines de la politique
clientéliste du " Pork Barrel » à Kingston5.2.3. Ganja, armement des gangs locaux et CIA
5.2.4 Les années Seaga : exportation de la violence et du trafic de drogues illicites des
posses5.2.5 1980 - 2000 : Cocaïne, crack autonomisation des gangs et déportés : l'après Green
Bay5.3. " Chant Down Babylon » : le Dancehall jamaïcain, espace économique informel et
contre-culture populaire 65.3.1 Origines du Dancehall jamaïcain : du Mento des esclaves aux sound system des
travailleurs exploités de la Jamaïque coloniale5.3.2 " Rebel Music - People Riddim », le Dancehall de la Jamaïque indépendante sur la
ligne de front : espaces juxtaposés et anti-nationalisme du reggae des Ras (1970's)5.3.3 Géopolitique de l'espace sonore : le Dancehall de l'ère Seaga
5.3.4 Poids économique et culturel du Dancehall Jamaïcain
5.4.Conclusion
Chapitre 6 : Frontières, fracture et Antimondes en Dominique,sur le Maroni et dans lesGrenadines
6.1 Introduction
6.2 A St Laurent du Maroni, sur les rives de la " méditerranée » Guyanaise
6.3 Les villages péri insulaires dominicais dans la toile de l'Antimonde des petites
Antilles, l'exemple de la baie de Cashacrou
6.3.1 Un antimonde anticolonial : une île refuge
6.3.2 Les turbulences géopolitiques de l' " indépendance » dominicaise : genèse d'un
nouvel Antimonde6.3.3 Les villages péri insulaires de la baie de Cashacrou
6.4 De la déterritorialisation fiscale à la gangrène territoriale : St Vincent et les
Grenadines face aux investissements étrangers
6.4.1 Drogues illicites
6.4.2 Îles Privées
6.5. Conclusion
7Avant-propos
Cet essai est le produit de quatre années que j'ai passé dans la région de la même manière
que le journaliste politique R. Kapuscinski a sillonné l'Afrique, " évitant les itinéraires officiels, les
palais, les hommes importants et la grande politique ». J'ai traversé la Colombie depuis la région
cocaïère disputée de Tumaco, à la frontière de l'Équateur, jusqu'à la Guajira colombiano-
venezuelienne, et visité Maracaïbo et Caracas en 2005. J'ai vécu dans l'étrange corridor proto-urbain
de Trinidad, à Tunapuna, pendant plus d'une année, et minutieusement exploré la côte sauvage de
l'île, ainsi que les îlots qui la relie au Venezuela avec mes amis pêcheurs de Blanchisseuse. J'ai vécu
aussi à plusieurs reprise dans une communauté de pêcheurs à Soufrière et partagé une chambre avec
des migrants haïtiens à Scott's Head, en Dominique. Depuis 2008, je m suis installé dans la capitale
jamaïcaine surchauffée, et enfin dans la communauté de 7 Miles, à Bull Bay. En Jamaïque j'ai
exploré minutieusement la capitale et la complexité de l'enchevêtrent de la culture, de la politique et
de la violence qui caractérisent l'île. J'ai voyagé aussi, au gré des rencontres, et rapidement sillonné
les routes de terre rouge du Suriname et la magnifique Guyane Française. Des bateaux en tous genre
m'ont conduit à Tobago, dans les Grenadines, à St Vincent, en Dominique et à Ste Lucie. Marecherche sincère de simplicité m'a conduit à partager la vie des pêcheurs de Bottom Town, de
Soufrière, de 7 Miles, etc. Entre les parties de dominos ils m'ont ouvert leur univers de la survie fait
de moins en moins de poissons et de plus en plus de petits trafics, tout en me permettant de comprendre ce que mes recherches m'avaient permis de supposer, à savoir qu'il existe dans lescapitales des trafics illicites protégés, et dans les petits villages une survie sévèrement réprimée, de
même qu'il existe d'un côté l'univers doré des classes aisées et des touristes, et, de l'autre, la misère
verte et exubérante des classes pauvres. J'ai appris durant ces quatre années un nombre incroyable
de manières de mélanger l'anglais, le français et d'autres langues étrangères à ma connaissance avec
des héritages africains et des expressions poétiques forgées dans le processus du limbo qui
symbolise la survie des Antillais, jusqu'à pouvoir passer pour un Trinidadien à Trinidad, pour un
Jamaïcain en Dominique et pour un Dominicais en Jamaïque... Mes recherches bibliographiques m'ont conduit dans des lieux antinomiques, véritablesantimondes de mes nouveaux lieux de vie. J'ai tout d'abord épuisé la bibliothèque de l'Université de
Montpellier, puis approfondi mes connaissances des paradis fiscaux à la bibliothèque de l'Université
de Genève et de la Caraïbe Anglophone à l'Université de Londres. Puis, durant ses trois dernières
années, j'ai patiemment pris connaissance des nombreux ouvrages disponibles à la bibliothèque de
l'étrangement dénommée " Université des Indes Occidentales » à Ste Augustine, Trinidad, et à
8Mona, Jamaïque, ainsi que dans les petites bibliothèques municipales de Roseau (Dominique) et de
Kingstown (St Vincent). Dans le même temps, j'ai semé sur ma route d'encombrantes pilesd'ouvrages récents qui n'ont pas tous pu me suivre dans mes déplacements aériens. Internet fut enfin
une ressource précieuse.A l'heure où je m'apprête à imprimer cet essai, je tiens à remercier aussi brièvement que
possible, mais très chaleureusement, toutes les personnes qui m'ont aidé et soutenu durant ces trois
années. Un grand merci tout d'abord à ma maman pour son soutien financier indispensable durantces longues années universitaires ainsi que pour tout ce qu'elle m'a appris, par ses actes autant que
par ses mots. Je n'aurais pas pu faire cette thèse sans son aide. Un très grand merci également à mon
ami et directeur François Taglioni qui a dirigé avec patience, gentillesse et des conseils avisés, mes
recherches depuis mon mémoire de maîtrise à la Réunion. En bon géographe il a su trouver la bonne
distance en laissant libre cours à mes projet tout en canalisant mes idées, et en orientant mes thèmes
de recherche. Je l'en remercie vivement. Merci également un Jean-Christophe Gay avec qui nousavons en grande partie élaboré ce thème de recherche lors de mon Master II à l'université de
Montpellier. Merci enfin aux professeurs qui m'ont initié et intéressé à la Géographie lors de mes
premières années à l'Université de Nantes. Je pense particulièrement à Christophe Grenier et
Christian Prioul.
Un grand merci aussi bien sûr à Alain Labrousse, Daurius Figueira et Mark Figueiroa pourleur aide précieuse et leurs bons conseils dans leurs domaine de recherches respectifs. Merci à toute
l'équipe du laboratoire de cartographie SIG de l'University of the West Indies (UWI) de Mona,Kingston, pour leur aide à la cartographie de la géographie politique et criminelle de Kingston.
Merci à l'équipe du département de Géographie de l'UWI (Mona), et particulièrement à Kevon
Rhiney, pour leur accueil et leurs conseils. Merci également à l'équipe du département de sociologie
dirigé par A. Harriot pour m'avoir permis de me familiariser avec l'enseignement universitaire, et à
tous les élèves de Master à qui j'ai pu enseigner avec plaisir des notions de Géographie et de
Géopolitique Caribéenne. Merci au département de criminologie de l'UWI (St Augustine). Merci aux relecteurs et relectrices de ce long travail pour avoir patiemment déminé le terrain orthographique. 9 Merci à toute ma famille pour leur soutien. Merci en particulier à mon père pour avoir reluce travail en y apportant ses précieuses remarques. Merci à mes frères pour leur soutien financier
quand la situation était critique... Merci enfin à ma grande famille d'adoption avec qui j'ai vécu des moments exceptionnelsdurant ces trois dernières années. Je tiens particulièrement à remercier la famille Drelon/Vallart qui
m'a accueilli comme un fils en Guyane, aux Ward chez qui j'ai vécu à Tunapuna, Trinidad, et à
Nelly Stharre et Govan Wiggan qui m'ont littéralement intégré à leur famille durant de longs mois
de disette à Kingston, et m'ont introduit dans l'univers de la musique jamaïcaine. Merci à la famille
Thomas chez qui j'ai passé des moments fantastiques à regarder passer les baleines et pêcher le thon
au lever du soleil dans la magnifique baie de Soufrière, en Dominique. Merci à Damien Folcher qui
m'a gentillement hébergé lors de mes nombreuses escales en Martinique, et de même à Urania
Joseph pour son accueil à Ste Lucie, ainsi qu'à Tony et Cheramy Warren pour leur accueil à St
Vincent et à Canouan. Merci particulièrement à Cheramy pour m'avoir introduit dans son univers de
travail impitoyable du Raffles Resort à Canouan. Merci à David Saint et à sa famille pour leur
accueil chaleureux à Genève. Merci à mes bredren Oba Simba et Christopher 'Mamba' Rose avecqui j'ai partagé cette dernière année à Bull Bay. Merci à Wondoni, Rico, David, Abubakar,
Romain, Stency, Kevin, Julien et à la longue liste de mes amis que je ne peux citer ici et qui m'ont
soutenu d'une manière ou d'une autre durant cette thèse.Merci bien sur à Prissylia...
10Introduction
" Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s'affaissent au cachot du désespoir.Et venant je me dirais à moi-même :
Et surtout mon corps aussi bien que mon âme,
gardez vous de vous croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur, car la vie n'est pas un spectacle, car une mer de douleur n'est pas un proscenium, un homme qui crie n'est pas un ours qui danse. » Aimé Césaire, Cahier d'un retour au pays natal. " Je soupçonnais que toute domination germe et se développe à l'intérieur même de ce que l'on est.Qu'insidieuse, elle neutralise les expressions
les plus intimes des peuples dominés. Que toute résistance devrait se situer résolument là, en face d'elle, et déserter les illusions des vieux modes de bataille. Il me fallait alors interroger mon écriture, longer ses dynamiques, suspecter les conditions de son jaillissement et déceler l'influence qu'exerce sur elle la domination-qui-ne-se-voit-plus.Mais comment ? »
Patrick Chamoiseau, Ecrire en pays dominé .
Les physiciens sont en permanence confrontés à la complexité incommensurable de notremonde dans lequel " chaque grain de matière est composé de milliards de milliards de
constituants » et où chaque progrès de la compréhension nous met en présence " d'autres types
d'organisation (ou de désordre) que nous ne savons pas encore appréhender » (Brézin, E., cité dans
Aspect, A., et alii, 2004). De même, nous autres géographes, sommes en permanence confrontés à
un espace qui se présente comme un oignon, et dont la description, l'analyse et la typologie dechaque peau nous permet d'accéder à la couche suivante. Après la grande période de la cartographie
du Monde est venue l'époque de la catégorisation des grands écotypes, des paysages, des " genres
de vie », etc. Puis, dans une période plus récente, les chercheurs se sont intéressés à la géographie
du système économique à travers le processus de mondialisation qui l'anime, ainsi qu'à la
11géographie culturelle et à la géographie politique qui se rattachent aussi, d'une manière ou d'une
autre, au processus de globalisation. Comme c'est souvent le cas, les espaces accessibles ont été les
premiers analysés, cartographiés, expliqués et enseignés. Plus notre connaissance de l'espace
avançait en la matière, plus nous prenions conscience de la lacune de notre savoir, à mesure que
nous découvrions de véritables trous noirs. Les espaces de l'antimonde représentent à l'heure
actuelle une de ces lacunes qu'il convient d'analyser, en gardant toujours à l'esprit que chaquenouvelle " couche » d'espace à laquelle nous accédons révèle en palimpseste une nouvelle
dimension que nous ignorons. Nulle autre finalité dans cette introduction aux espaces de l'Antimonde donc, que de poser une modeste pierre à l'imposant édifice de la connaissance géographique.Nous présentons ici une liste d'évènements que nous nous proposons de relier grâce au concept
d'antimonde telle qu'il fut proposé par Roger Brunet. Nous pensons en effet que les étudestraditionnelles basées sur les indicateurs classiques, l'économie formelle et ses espaces, ne
permettent pas de décrire et d'analyser des espaces dont la caractéristique première est la dissimulation, l'exclusion, le secret et une hiérarchisation opaque. L'objectif est double : unemeilleure compréhension du fonctionnement des espaces de l'antimonde d'un coté - et derrière eux
une meilleure compréhension géographique du Monde dans son ensemble-, de l'autre une meilleure compréhension de l'espace circum-caribéen.yEn 1969, François Duvalier constitutionalise en Haïti la peine de mort - déjà effective - pour
toute personne lisant, écrivant, écoutant, regardant (ou suspecté comme tel) de la
" propagande communiste ou anarchiste ». Sa force paramilitaire de " makouts », dont on soupçonne que les effectifs soient plus importants que ceux de l'armée, se charge des'assurer avec zèle de l'exécution de cette loi (Galéano, R., 1988). De l'autre côté de la
frontière terrestre, R. Trujillo s'assure un pouvoir tout aussi dictatorial par les mêmes méthodes et lorsque les Etats-Unis écrasent la révolte populaire de 1965, on ne recense pas même cinquante " communistes » survivants parmi les huit millions d'habitants de la République Dominicaine, pour justifier une telle intervention (Blum, W., 1986). Plus au Sud-est, en Dominique, le premier ministre fasciste, Patrick John, impose en 1974 le " Prohibited and Unlawful Societies and Association Act » qui légalise l'assassinat de toute personne suspectée d'appartenir à la mouvance des " autosuffisants » (communautés de marrons, rastas, opposants, etc.) avant que Eugénia Charles, très proche du gouvernement Reagan, ne fasse adopter en 1984 le Security Act et le Treason Act qui permettent à la police 12 dominicaise d'enfermer toute personne susceptible de commettre un crime et interdisent syndicalisme et opposition " antipatriotique » (antilibérale...). yTrois de ces quatre chefs d'Etat (Duvalier, Trujillo, Charles) arrivèrent au pouvoir et y restèrent grâce à l'appui financier et/ou militaire des États-Unis. yEn Octobre 1991, puis en février 2004, après un siècle de soutien inconditionnel aux pires tortionnaires militaires et civils, le gouvernement des Etats-Unis et les élites locales financent et arment le renversement du gouvernement démocratique de Jean Bertrand Aristide, en appuyant des groupes paramilitaires (Farmer, P., 2006, Chin et alii, 2004). yLe 26 Août 1988, le prix Nobel de littérature Dereck Walcott, écrit dans un article du St Lucia Star que vendre une partie des Pitons (patrimoine mondial de l'UNESCO et site sacréArawak) de l'île à l'industrie touristique, reviendrait à installer un casino au Vatican ou un
fast food à Stonehenge, sous prétexte de créer quelques emplois. Vendre les Pitons à l'industrie touristique reviendrait selon lui pour les St-Luciens à " prostituer leur terre mère ». En octobre 1992, un complexe ouvre finalement ses portes dans les Pitons. Le nomchoisi pour l'établissement rappelle d'ailleurs la continuité des pratiques dans l'île, et plus
largement dans la région : " la plantation jalousie1 » ! En 2008, d'après le gouvernement de
l'île, près de 250 000 personnes visitèrent Ste Lucie et ses 170 000 habitants reconvertis en
serveurs, travailleurs domestiques, animateurs. La même année, plus de 400 000 personnes supplémentaires y firent une escale de moins de 24 heures... yAu mois de septembre 2000, la police colombienne découvre en banlieue de Bogota(Colombie), un sous-marin en construction. Long de plus de trente mètres, l'engin aurait été
capable de transporter plus de 200 tonnes de cocaïne (BBC News, 7 décembre 20072). Entre2005 et 2007 la marine colombienne intercepte trois engins similaires dans ses eaux
territoriales (France - Guyane, 1er Août 2007). yEn 1993, plusieurs millions de dollars sont découverts dans les compartiments secrets de machines à sous, exportées des Îles Vierges vers Aruba (Patullo, P., 2003)1 http://www.thejalousieplantation.com/content/87.htm 2 http://news.bbc.co.uk/2/hi/americas/915059.stm
13 yLe 26 mars 2008 deux policiers en patrouille dans la communauté de Johns Lane (Kingston, Jamaïque) repèrent un jeune vendeur de crack (plus probablement de ganja) assis au coin de la ruelle qui donne son nom au quartier. Le jeune Sheldon " Gritty » Williams avale sessachets en apercevant le véhicule et les officiers frustrés ripostent en l'abattant d'une balle
dans la tête. Selon les témoignages des voisins, les officiers dispersent ensuite descartouches sur le sol et déclarent qu'ils ont été pris sous le feu d'un des gangs qui abondent
cette partie de la ville. Comme de coutume, les habitants barrent la route en signe de protestation avec des palettes, troncs et barricades de pneus. Le même jour trois policiers en uniforme (gilet pare-balle, casque, M16, etc.) font irruption dans une maison des beauxquartiers de Montego Bay, à l'autre extrémité de l'île, et dérobent une importante somme
d'argent au couple habitant la résidence (Thursday Star, 27 mars 2008, Jamaica Observer,28 mars 2008).
yLe 20 Décembre 2004, la DEA et la police dominicaine interceptent un camion chargé de1387 kilogrammes de cocaïne en Banlieue de Santo Domingo (République Dominicaine).
Dans le camion et son escorte sont arrêtés L. Terrero, haut gradé de la police, et Q. Paulino
Castillo, ancien capitaine de l'armée et proche du président Meija à qui il a fourni plusieurs
millions de dollars (RD$) pour sa campagne électorale (Daily News Online, 20 Décembre2004). Escortant le chargement, l'ancien haut gradé militaire conduisait une des berlines
appartenant au vice-président du Sénat... yEn 1998 une foule de paysans " vincy » (St Vincent) manifeste devant les bureaux du premier ministre à Kingstown contre l'opération " weed heater » menée par les marines des Etats-Unis pour détruire les champs de ganja de l'île. La vente de ganja représente annuellement 40 millions de dollars pour l'archipel le plus pauvre des Petites Antilles, plus que la principale culture légale de bananes (Brana-Schute, G., 2003). yEn mai 2007 les Gardes Côtes des Îles Turk and Caicos (GB) repêchent 61 cadavres de migrants clandestins haïtiens partiellement dévorés par les requins. Les 78 survivants racontent que leur embarcation de fortune, chargée de près de 160 personnes au total, futtirée par les gardes côtes vers le large pour prévenir leur arrivée sur le territoire national.
Dans la manoeuvre l'embarcation aurait chaviré... (Fox News, 9 Mai 2007) 14yLes zones franches industrielles située à proximité de l'aéroport Las Americas, à Santo
Domingo (République Dominicaine), offrent aux centaines de milliers d'employés locaux des salaires mensuels de 130 US$ en moyenne, soit un tiers du revenu équivalent - selon le gouvernement Dominicain - au seuil de pauvreté. Les syndicats y sont interdits et les heuressupplémentaires régulières, obligatoires et non payées (Stevens, G., 2007). La prostitution
de complément explose parmi les classes de travailleuses pauvres crées par ces enclaves à proximité immédiate des gigantesques complexes touristiques de la République (Kempado,K., 1999).
yChaque jour dans l'île de la Jamaïque, la compagnie d'électricité privée - en situation de
monopole - JPS détruit 55 connections pirates au réseau électrique en incluant dimanches et jours fériés (Jamaica Observer, 30 mars 2008). En Jamaïque comme en République Dominicaine et ailleurs dans la région, la privatisation de l'énergie s'est traduite par uneségrégation de l'accès à la ressource et par la multiplication de ces connections pirates, mais
aussi des accidents tragiques qui leurs sont liés. Dans les vastes espaces pauvres les coupures sont omniprésentes. yEn Colombie, les groupes d'assassins paramilitaires liés au gouvernement Uribe gèrent deplus en plus ouvertement (en outre du trafic de cocaïne et d'héroïne) des réseaux d'esclavage
moderne (Hylton, F., 2007). De même dans les Bateyes de République Dominicaine lestravailleurs haïtiens, dont certains sont kidnappés par l'armée dans les régions frontalières,
connaissent toujours les conditions de travail des champs de canne du XIXè siècle (Cruse,R., 2007).
yA la fin du mois de décembre 2007, un petit voleur dérobe une des chèvres qui errent librement dans le ghetto de Papine à la recherche de nourriture parmi les ordures qui s'entassent dans ces communautés abandonnées des services publics. Une foule armée depierres et de coutelas part à la recherche des coupables et trois cadavres sont retrouvés par la
police le lendemain matin. Les trois jeunes hommes auraient été aperçus la veille avec unechèvre à bord de leur voiture (Rapports des médias jamaïcains résumés sur le site du
Département d'Etat Américain 20073).
3 http://www.state.gov/g/drl/rls/hrrpt/2007/100645.htm
15La question qui se pose à la lecture de ces évènements apparemment sans lien, est la suivante : quoi
de commun entre d'un coté des espaces du squat dans lesquels les voleurs de chèvres subissent la
justice populaire, où on pirate l'électricité et où des policiers corrompus abattent des jeunes adultes
- ainsi que des femmes et des enfants - en toute impunité, et de l'autre les réseaux du blanchiment
d'argent des mafias internationales ? Quoi de commun encore entre des Etats de nature aussiparasitaire qu'autoritaire - soutenus par une puissance étrangère-, et des réseaux de trafiquants de
drogues illicites ? Quel rapport entre des zones franches industrielles et des enclaves touristiquesquotesdbs_dbs26.pdfusesText_32[PDF] Blink 182 : Stay together for the kids
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