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Étude sur les freins et leviers à

l'autosuffisance alimentaire : vers de nouveaux modèles agricoles dans les départements et régions -mer

Version finale

Jacques Marzin, Sandrine Fréguin-Gresh, Valérie Angeon, Nadine Andrieu, Valentina Banoviez Urrutia, Claire Cerdan,

Nathalie Cialdella,

Joël Huat et Benoit Daviron

24/03/2021

Montpellier, Capesterre

-Belle-Eau, Petit Bourg, Kourou, Saint-Pierre 1

CONTRIBUTIONS, AUTEURS ET REMERCIEMENTS

Ce rapport a ĠtĠ rĠalisĠ sur la base d'un traǀail d'analyse de donnĠes secondaires, de documents et de

l'edžpertise des contributeurs. Il correspond ă un liǀrable de l'Ġtude ͨ Nouveaux modèles agricoles dans

les DROM ͩ, commanditĠe par l'AFD, en Ġtroite association aǀec le Ministğre des Outre-mer.

Les auteurs de ce rapport sont les suivants : Nadine Andrieu a coordonné la rédaction du chapitre pour

la Guadeloupe, avec des apports de Sandrine Fréguin-Gresh et Valérie Angeon ; Valérie Angeon pour la

Martinique, avec des apports de Valentina Banoviez Urrutia ; Claire Cerdan pour la Réunion, Nathalie

Cialdella pour la Guyane et Joģl Huat pour Mayotte. Benoit Daǀiron a rĠdigĠ l'analyse historique de la

problématique du déficit alimentaire dans les DROM. Valérie Angeon a rédigé la section relative aux

caractéristiques macroéconomiques des DROM (entre autonomie et à dépendance). Jacques Marzin,

Valérie Angeon et Sandrine Fréguin-Gresh ont assurĠ la coordination et la rĠdaction de l'analyse

transversale.

Les auteurs tiennent à remercier tous les collègues qui ont été sollicités au cours de ce travail, et dont

les avis ont été utiles (en particulier Magali Jannoyer, Fabrice Le Bellec, Jean-Paul Laclau, Sylvain Perret,

Eric Jeuffrault, Dominique Martinez, Jean Guyot, Marie-France Duval). Ils remercient aussi les

rapport (particulièrement Marjorie Deroi, Kevin Poveda, Matthieu Morando et Laure Quentin). Des

remerciements spécifiques sont adressés à Nolwenn Le Doaré, Siva Balabascarane et Jacques Andrieu

remerciements à toutes les personnes enquêtées et consultées dans chacun des DROM.

©: CIRAD, AFD

Toute reproduction, en tout ou en partie, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans

l'autorisation préalable des auteurs. Les analyses et les points de vue exprimés dans ce rapport ne

de cette étude.

Citation du document : Marzin J., Fréguin-Gresh S., Angeon V. ; Andrieu N., Banoviez Urrutia V., Cerdan

C., Cialdella N., Huat J., Daviron B., 2021. Étude sur les nouveaux modèles agricoles des départements

d'Outre-mer. Rapport final. CIRAD, AFD, 226 p. + annexes 2

TABLE DES MATIERES

CONTRIBUTIONS, AUTEURS ET REMERCIEMENTS ............................................................................................ 1

TABLE DES MATIERES ....................................................................................................................................... 2

LISTE DES ACRONYMES .................................................................................................................................... 4

RESUME ........................................................................................................................................................... 8

DES TRAJECTOIRES PARTAGEES MAIS DE FORTES SPECIFICITES............................................................................................ 8

LES ORDRES DE GRANDEURS POUR UNE SUBSTITUTION AUX IMPORTATIONS ....................................................................... 10

LES MULTIPLES LEVIERS QUI PEUVENT ETRE MOBILISES DE MANIERE CONVERGENTE ............................................................. 11

UNE CONJONCTURE FAVORABLE A L'EVOLUTION DES MODELES AGRICOLES DES DROM, DANS UNE PERSPECTIVE D'AMELIORATION

DE L'AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE ......................................................................................................................... 17

INTRODUCTION ............................................................................................................................................. 18

METHODOLOGIE DE L'ETUDE ......................................................................................................................... 20

PREAMBULE ......................................................................................................................................................... 20

DEFINITION DES CONCEPTS ...................................................................................................................................... 20

LA DEMARCHE METHODOLOGIQUE ............................................................................................................................ 21

LIMITES DE L'ETUDE ............................................................................................................................................... 23

1 MISE EN PERSPECTIVE HISTORIQUE DES ECONOMIES D'OUTREMER ..................................................... 25

1.1 MISE EN PERSPECTIVE HISTORIQUE .............................................................................................................. 25

1.2 LES ECONOMIES D'OUTRE-MER : ENTRE AUTONOMIE ET DEPENDANCE ................................................................ 32

2 L'AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE DANS LES OUTRE-MER : UNE ANALYSE PAR TERRITOIRE ................. 38

2.1 GUADELOUPE .......................................................................................................................................... 38

2.2 MARTINIQUE ........................................................................................................................................... 73

2.3 GUYANE ............................................................................................................................................... 103

2.4 LA REUNION.......................................................................................................................................... 125

2.5 MAYOTTE ............................................................................................................................................. 155

3 ANALYSE TRANSVERSALE ET SYNTHETIQUE DE LA PROBLEMATIQUE DE L'AUTOSUFFISANCE

ALIMENTAIRE DANS LES DROM ................................................................................................................... 175

3.1 UN CONTEXTE ENVIRONNEMENTAL, SOCIO-ECONOMIQUE ET DEMOGRAPHIQUE CONTRAINT POUR ASSURER

L'AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE ........................................................................................................................... 175

3.2 PRODUCTION : DES MARGES DE PROGRES SUR LES CULTURES ALIMENTAIRES, LA TRANSITION ECOLOGIQUE, LES PETITES

EXPLOITATIONS ET LA TRANSFORMATION DES PRODUITS AGRICOLES LOCAUX.................................................................... 180

3.3 UN ENJEU DE SANTE PUBLIQUE ET DE DEVELOPPEMENT TERRITORIAL : L'ALIMENTATION ....................................... 187

3.4 DES SOUTIENS PUBLICS QUI N'ONT PAS ENCORE POUR OBJECTIF L'AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE .......................... 197

4 LES LEVIERS D'INTERVENTION POUR CONFORTER LA TRAJECTOIRE DES DROM VERS L'AUTOSUFFISANCE

ALIMENTAIRE............................................................................................................................................... 208

4.1 FAIRE EVOLUER LES DISPOSITIFS DE SOUTIEN POUR RENFORCER UNE ECONOMIE CIRCULAIRE .................................. 208

4.2 LES ORDRES DE GRANDEURS POUR UNE SUBSTITUTION AUX IMPORTATIONS ........................................................ 210

4.3 LES MULTIPLES LEVIERS QUI PEUVENT ETRE MOBILISES DE MANIERE CONVERGENTE .............................................. 211

4.4 UNE CONJONCTURE FAVORABLE A L'EVOLUTION DES MODELES AGRICOLES DES DROM, DANS UNE PERSPECTIVE

D'AMELIORATION DE L'AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE ............................................................................................... 224

CONCLUSION ............................................................................................................................................... 226

3

RÉFÉRENCES CITÉES DANS LE DOCUMENT ................................................................................................... 228

SITOGRAPHIE CONSULTEE ............................................................................................................................ 236

ANNEXES ..................................................................................................................................................... 237

ANNEXE 1. PRINCIPAUX INDICATEURS DEMO-ECONOMIQUES UTILISES DANS LE RAPPORT ........................ 237

ANNEyE 2. GUIDE D'ENTRETIEN POUR LA CONDUITE DE LA COLLECTE DE DONNEES ................................... 238

ANNEXE 3 : TERMES DE REFERENCES DE L'ETUDE ........................................................................................ 241

TABLE DES MATIERES ................................................................................................................................... 242

TABLE DES ILLUSTRATIONS .......................................................................................................................... 247

4 4

LISTE DES ACRONYMES

AAF : Académie d'Agriculture de France

AB : Agriculture biologique

ADEME : Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie. ALENA : Accord de libre-échange nord-américain AMAFEL : Association martiniquaise de fruits et légumes AMAP : Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne AMEXA Assurance Maladie Maternité Invalidité Agricole AMIV : association martiniquaise interprofessionnelle des viandes

ANSES ͗ Agence nationale de sĠcuritĠ sanitaire de l'alimentation, de l'enǀironnement et du travail

AOC : Appellation d'origine contrôlée

AMAFEL : Association MArtiniquaise des Fruits Et Légumes APECA : Agriculture paysanne et écologique dans la caraïbe ARIBEV : Association réunionnaise interprofessionnelle pour le bétail et les viandes ARIFEL : Association Réunionnaise Interprofessionnelle Fruits et Légumes

ARMEFLHOR : Association Réunionnaise pour la Modernisation de l'Economie Fruitière Légumière et

Horticole

APOGU : Association des Producteurs de l'Ouest Guyanais

ARS : Agence régionale de santé

ASP : Agence de services et de paiements

AVM : Abattoir de Volailles de Mayotte

BTSG : Bouquet Du Terroir Sud Guadeloupe

CAF ͗ Commission d'Attribution Fonciğre

CANGT ͗ CommunautĠ d'agglomĠration Nord Grande-Terre

CBSD : Cassava Brown Streak Disease

CCOG ͗ CommunautĠ de Commune de l'Ouest Guyanais CCSTI : Centre de culture scientifique, technique et industrielle

CDM : Conseil Départemental de Mayotte

CEBOG : Centre d'Etude sur les Bovins de. Guyane

CEDEPENAF : Commission départementale de préservation des espaces agricoles et forestiers CFAA ͗ centre de formation d'apprentis agricoles CFPPA centre de formation professionnelle et de promotion agricole

CIOM : Conseil Interministériel de l'Outre-Mer

CITES : Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées

d'extinction

CLD : Chlordécone

COI : Commission de l'OcĠan Indien

COMAVI : CoopĠratiǀe Mahoraise d'Aǀiculture COOPAC : Coopérative des Agriculteurs du Centre COOPADEM : Coopérative Agricole des Eleveurs Mahorais COOPAQUAM : Coopérative aquacole de la Martinique

CPER : Contrat de plan État-Région

5 5 CSSM : Caisse de Sécurité Sociale de Mayotte

CTE : Contrats de transition écologique

CTG Collectivité Territoriale de Guyane

CTM : Collectivité Territoriale de Martinique

CUMA ͗ CoopĠratiǀes d'Utilisation de MatĠriel Agricole

DAAF ͗ Direction RĠgionale du Ministğre de l'Agriculture, de l'Alimentation et de la Forêt

DEAL ͗ Direction de l'Enǀironnement, de l'AmĠnagement et du Logement

DGI : Direction Générale des Impôts

DIECCTE : directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et

de l'emploi, Dieccte en Outre-mer)

DROM : Département et région d'outre-mer

EDE ͗ Etablissement de l'Eleǀage

EFFPA : organisme de formations par alternance. Formation professionnelle en alternance EFPMA : École de formation professionnelle aux métiers maritimes et aquacoles

EGALim : Loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une

alimentation saine, durable et accessible à tous (Loi n° 2018-938 du 30 octobre 2018) EPCI : Établissement Public de Coopération Intercommunale EPFAM : Etablissement Public Foncier et d'AmĠnagement de Mayotte

ETP : Equivalent Temps Plein

FABI : fermes agroécologiques et biologiques insérantes FDSEA : Fédération Départementale des Syndicats Exploitants Agricoles FEADER : Fonds européen agricole pour le développement rural

FEAGA : Fonds Européen Agricole de GArantie

FEAMP : Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche FEDER : Fonds européen de développement régional

FEOGA : Fonds européen agricole de garantie

FRCA : fédération régionale des coopératives agricoles

FSE : Fond Social Européen

GDA : Groupement de Développement Agricole

GFA : Groupement foncier agricole

GMS : Grande et moyenne surface

HAP : (Hectolitres d'Alcool Pur

HLB : Huanglongbing ou maladie du dragon jaune

HVE : certification Haute Valeur Environnementale

IAA : Industrie agro-alimentaire

ICHN : Indemnité Compensatoire Handicap Naturel IFIVEG : interprofession des Filières Végétales

IFT : Indice de Fréquence de Traitement

IGUAFHLOR : Association interprofessionnelle Guadeloupéenne des fruits et légumes et de

l'horticulture IGUAVIE interprofession guadeloupĠenne de la ǀiande et de l'élevage IKARE-APROSEP Institut Karibéen et Amazonien de l'Eleǀage

IMC : indice de masse corporel

6 6 INTERVIG ͗ Interprofession de l'Eleǀage et Viandes de Guyane

IT2 : Institut technique tropical

JAFA : jardins familiaux

LMR : Limite Maximale de Résidus

LOA ͗ Loi d'Orientation Agricole

LPG : Les producteurs de Guadeloupe

MAEC : Mesures Agro-environnementales et Climatiques

MER ͗ MarchĠ d'edžcellence rĠgionale

MF-PAL Mesures en Faveur des Productions Agricoles Locales

MIR ͗ MarchĠ d'intĠrġt rĠgional

MSA : Mutualité Sociale Agricole

ONG : Organisation Non Gouvernementale

OP : Organisation professionnelle de producteurs

OTEX : Orientation technico-économique

PAC : Politique Agricole Commune

PARM : Pôle Agroressources et de Recherche de Martinique

PAT : Projet alimentaire territorial

PBS : Production Brute Standard

PCP : politique commune de la pêche

PDR : Programmes de Développement Rural

PEAD : Programme Européen d'Aide alimentaire aux Démunis

PEI : Petites Economies Insulaires

PIB : Produit Intérieur Brut

PIF Poste d'Inspection Frontalier

PME : Petites et Moyennes Entreprises

PNA : Programme National pour l'Alimentation

PNAA ͗ Programme National d'Aide Alimentaire

PNGRAT : Programme national de gestion des risques et assistance technique

PNNS : Programme National Nutrition Santé

PNSE : Plans nationaux Santé Environnement

PRA : Petites Régions Agricoles

PRAANS : Programme Alimentation Activités Nutrition et Santé

RGA : Recensement Général Agricole

RICA ͗ RĠseau d'Information Comptable Agricole RITA ͗ RĠseau d'innoǀation et de transfert agricole

RNP : repères nutritionnels pour la population

ROM : Région d'outre-mer

RUP : Région Ultra Périphérique

SAFER ͗ SociĠtĠ d'AmĠnagement Foncier et d'Etablissement Rural

SAR SchĠma d'AmĠnagement RĠgional

SATEC : Société d'Aide Technique et de Coopération

SAU : surface agricole utilisée

SCA : Ananas Martinique

7 7 SDAOG ͗ SchĠma de DĠǀeloppement Agricole de l'Ouest Guyanais SICA ͗ Groupement d'IntĠrġt Collectif Agricole SICACFEL : SICA Caribéenne de fruits et légumes SICAPAG ͗ SICA des producteurs d'ananas de Guadeloupe SIRET ͗ Systğme d'identification du rĠpertoire des Ġtablissements

SMIC : salaire minimum de croissance

ST0P : Systèmes de production Tropicaux 0 Pesticide TAAF : Terres Australes et Antarctiques Françaises

TAE : Transition agroécologique

TICs ͗ Technologies de l'information et de la communication

TPE : Très Petites Entreprises

UC : unité de consommation

UDCAG : Union pour le Développement Cannier et Agricole de Guadeloupe

UE : Union européenne

UGPBAN : Union des Groupements de Producteurs de Bananes de Guadeloupe et de Martinique URCOOPA : union de sociétés coopératives agricoles

UTA : Unité Travail Annuel

ZAP : zones agricoles protégées

ZEE : Zone Economique Exclusive

8 8

RESUME

L'AFD, sur un financement du Ministğre des Outre-Mer, a commandé au Cirad une étude portant sur

les nouveaux modèles agricoles des DROM. Elle doit permettre, en complément de différentes autres

son déplacement à La Réunion en octobre 2019). Celle-ci s'entend comme la capacité de ces derniers

à satisfaire au maximum et durablement les besoins alimentaires de leur population par leur propre

production et ressources. Ces besoins doivent être couverts par des aliments en quantité et en qualité

suffisante c'est-à-dire à même de fournir aux individus les apports nutritionnels recommandés.

et les circuits qui les mettent en relation (marchés et soutiens publics). Elle intègre des préoccupations

en termes d'enǀironnement et de santĠ. Elle est ainsi fondamentalement liĠe ă la production

(conditions, modes de production), ă l'alimentation (régimes, pratiques de consommation) et aux

(production, alimentation, politiques publiques) et à identifier le maximum de leviers possibles qui

pourraient y contribuer. DES TRAJECTOIRES PARTAGEES MAIS DE FORTES SPECIFICITES

La Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, Mayotte et la Réunion forment ensemble les 5 Départements

et RĠgions d'Outre-mer (DROM) français. Ces territoires ont des traits communs : éloignement,

isolement et difficultĠs d'accğs, Ġtroitesse du territoire et de leur marché, exposition aux aléas naturels,

dépendance vis-à-ǀis de l'edžtérieur, insertion limitée dans les espaces économiques de proximité,

insularité1, faible diversification économique... Toutefois, la situation de ces DROM est contrastée : une

taille de territoire très variable (de 38 000 ha pour Mayotte à 8,3 millions ha pour la Guyane) et des

dynamiques démographiques divergentes (population en baisse et vieillissante dans les Antilles,

population jeune et en augmentation rapide à Mayotte, situation intermédiaire en Guyane et à la

spécifique.

D'un point de ǀue socio-économique, les DROM ont tous un déficit massif et structurel de leur balance

commerciale et en particulier, de leur balance agricole et agroalimentaire. Aujourd'hui, les exportations

ne couvrent au mieux que 37% des importations (Martinique). Tous ont expérimenté -depuis plus ou

moins longtemps- les effets de rattrapage économique et social (indicateurs de développement à la

hausse sur le temps long) du fait de leur rattachement institutionnel ă la France et ă l'Union

Européenne. Cette situation n'est pas nouǀelle.

économie insulaire (Levratto 2007; Angeon 2011; Angeon and Bates 2018) du fait de son relatif isolement et de l'Ġtroitesse

de son marché. 9 9

nuances pour la Guyane et Mayotte) est caractérisé par l'export de produits tropicaux vers la métropole

via des bateaux qui reviennent avec des produits d'importation. Ce déficit est aujourd'hui en partie

compensé, mais de fait aussi renforcé, par des flux et des transferts financiers externes, contribuant à

de biens Ġchangeables dĠpendant de subǀentions dont l'objectif est de maintenir sa compĠtitiǀitĠ

internationale. Cette priorisation sectorielle se fait au détriment des secteurs soumis à la concurrence

internationale, mais non protĠgĠs, comme l'agriculture ǀiǀriğre et les industries agricoles et

alimentaires locales. Seuls les secteurs non soumis à la concurrence internationale (les services

matériels, comme la construction, la coiffure ou la restauration) et certains produits de qualité

spécifique dont le pridž n'est pas fidžĠ sur un marché international (rhum) échappent à cette contrainte

d'une concurrence internationale souvent moins-disante en termes social ou environnemental.

L'enchainement (Figure 1) transferts massifs /augmentation des salaires et du coût de la vie / perte de

compétitivité prix / baisse de l'offre de travail / augmentation des importations va s'aggraǀant.

Le diagnostic posé permet de constater que les transferts publics (sociaux ou subventions) ne

permettent plus ni l'amĠlioration de la compétitivité prix, ni la réduction des inégalités. Ces dernières

ont des conséquences incontestées et délétères sur la santé des populations fragiles comme sur le tissu

social. Augmenter les transferts vers le secteur agricole sans faire évoluer le modèle agricole et

locales, à leur transformation mais aussi aux consommateurs en situation de vulnérabilité afin de

10 10 LES ORDRES DE GRANDEURS POUR UNE SUBSTITUTION AUX IMPORTATIONS

L'amĠlioration de la trajectoire d'autosuffisance alimentaire passe par la production locale d'un certain

nombre de fruits et légumes importés. L'Ġtude a estimĠ la surface nĠcessaire pour substituer les

ǀolumes d'importations de produits tropicaudž, c'est-à-dire les produits déjà cultivés sur place, dont la

surface de production pourrait être étendue et qui pourraient directement se substituer aux

acteurs impliqués, a été calculé en divisant le volume des importations de chaque produit par le

rendement de chaque culture, en utilisant les références technico-économiques usuellement utilisées

dans chacun des territoires. L'ordre de grandeur du nombre d'hectares ă mettre en culture pour

substituer les importations de produits tropicaux varie selon le territoire : entre 95 ha pour Mayotte,

178 ha pour la Guyane, 500 ha pour La Réunion, 511 ha pour la Martinique, et 764 ha la Guadeloupe.

Ramené à la population de chaque territoire, cela correspond à 3.5 m² supplémentaires par habitant

pour Mayotte, 5.8 m²pour La Réunion, 6 m² pour la Guyane, 13.4 m² en Guadeloupe, 21 m² en

Martinique. En Guyane, nous avons en plus calculé les surfaces fruitières nécessaires à la substitution

des importations de jus de fruits ͗ il faudrait alors ajouter un millier d'ha supplĠmentaires, soit 35 mϸ

importations alimentaires.

Le dĠfi d'amĠliorer l'autosuffisance alimentaire des DROM ne peut cependant se réduire à un simple

alimentaires. En effet, plusieurs considérations doivent être prises en compte : la capacité à produire

localement (on ne produira pas sous les tropiques certains produits des zones tempérés, des maladies

empêche le développement de certaines maladies, comme le HLB pour les agrumes, par exemple), et

l'Ġǀolution lente des habitudes alimentaires (substitution du riz importĠ par des féculents locaux, le

11 11

dĠǀeloppement d'industries agroalimentaires fondĠes sur des approǀisionnements locaudž et prenant

regrouper en trois registres :

de protection possible ǀia l'octroi de mer, et les gains de productiǀitĠ du travail possibles

Celui des effets induits d'un basculement de cultures d'edžportation ǀers des cultures

alimentaires. En effet la rĠduction de la sole de cultures d'edžportation peut limiter la rentabilité

salarié (cas de la canne-à-sucre), et/ou conduire à une réduction des compensations liées à ces

cultures d'edžportation (aides europĠennes pour la banane dessert, par exemple). Une fois

évalués ces impacts potentiels, il serait nécessaire de comparer le scenario du maintien de ces

cultures d'edžportation au niǀeau actuel, aǀec des scĠnarios alternatifs (montĠe en gamme des

produits rentabilisant d'autres formes de transformation ou l'accğs ă d'autres aides

Celui de l'intĠgration dans un espace rĠgional (des CaraŢbes, de l'OcĠan Indien ou du continent

américain), dans lequel une contractualisation de la sécurité des approvisionnements de

certains produits alimentaires pourrait organiser une dynamique positive : le développement de sources de revenus pour des pays tiers, en contrepartie de la sécurisation de la fourniture annuelle minimale à un prix stable fixé par la négociation.

Le temps imparti à cette étude, et les moyens limités qui lui ont été dédiés, ne permettent pas de

proposer des scénarios chiffrés. Pour cela, une modĠlisation de l'utilisation des terres et de l'intensitĠ

en emploi des différentes options serait nécessaire, dont le présent diagnostic pourrait constituer la

base. LES MULTIPLES LEVIERS QUI PEUVENT ETRE MOBILISES DE MANIERE CONVERGENTE

cultures d'edžport par des cultures alimentaires. L'infledžion de la trajectoire agricole pour amĠliorer

l'autosuffisance alimentaire passe par la mobilisation de multiples leviers ; nous en avons listé 23. Ils

production agricoles pour en assurer la durabilitĠ, l'amĠlioration de l'attractiǀitĠ de l'agriculture pour

les jeunes, le retour à des diètes plus saines, la transformation de produits alimentaires locaux,

l'Ġǀolution des dispositifs de soutiens publics, directs ou indirects.

Préserver les surfaces agricoles

L'Ġtroitesse des territoires ultramarins, la forte densité -historique- de la population, la coexistence de

différents usages des ressources naturelles oblige à préserver la sole agricole. Plusieurs leviers peuvent

être mobilisés :

Le levier N°1 est celui de la densification de l'urbanisation, pour préserver les terres agricoles et

remettre en culture ou en zone naturelle des terrains artificialisés. Il y a un enjeu crucial à

stopper l'artificialisation des terres. Un travail de fond doit être mené avec les collectivités

locales pour faire converger les différents instruments de planification territoriales existants 12 12 (SchĠma de CohĠrence Territoriale, Plans d'AmĠnagement et de DĠǀeloppement Durable,

dédiés à l'agriculture urbaine avec un triple objectif : faciliter la mise en pratique des politiques

alimentaires pour amĠliorer la diğte, notamment ă traǀers l'autoproduction de fruits et

légumes frais, contribuer à la sécurité alimentaire des ménages précaires, introduire des

espaces de convivialité et de l'agro-biodiversité dans les villes. Il s'agit aussi de lutter contre

l'Ġclatement du foncier et de considĠrer les trğs petites surfaces infĠrieures comme des

espaces productifs contribuant à la sécurité alimentaire. Le levier N°2 concerne l'augmentation de la SAU. Les chiffres montrent une différence entre la

SAU des exploitations (la superficie agricole cultivée par ces dernières) et la SAU du territoire,

qui comprend des forêts, des friches dont une partie de surfaces toujours en herbe. l'augmentation de la SAU des edžploitations. Plusieurs contraintes limitent les effets potentiels

d'une edžtension de cette mesure audž zones de forġt, sauf en Guyane. D'abord, les rĠserǀes

fonciğres de terres arables sont faibles dans la plupart des DROM et d'autre part, les zones

forestières jouent un rôle crucial dans la résilience des écosystèmes, mais aussi dans

De manière plus générale, il est aussi possible de lutter contre la spéculation et la rétention du

foncier.

Le levier N°3 concerne la mise à disposition de foncier agricole pour les jeunes agriculteurs. Le

coût de ce dernier fait partie des barriğres ă l'entrĠe dans l'actiǀitĠ agricole, notamment pour

les nouveaux producteurs, plus ou moins jeunes, souhaitant s'installer hors du cadre familial.

Ce levier peut passer par le renforcement des dotations des collectivités locales par la

constitution de réserves foncières en gestion directe ou déléguée. Elles pourraient être

conçues pour partie comme un incubateur et permettre à de nouveaux actifs de tester pendant une année ou deux leur modèle économique tout en recevant un accompagnement de producteurs expérimentés.

Accompagner les changements des pratiques

En réponse aux défis environnementaux et du changement climatique la transition agroécologique

remet au centre des processus de production l'agro-biodiversité et oblige à penser des systèmes

agricoles plus complexes donc plus résilients. Il est donc important que les soutiens publics

accompagnent cette évolution et ne restent pas figées dans un appui historique aux monocultures et à

une approche par culture pure. - Le levier N° 4 concerne l'accompagnement de toutes les exploitations pour adopter des

pratiques plus durables. Les filières les moins organisées pour la commercialisation, la

transformation ou le conseil technique agricole sont celles concernées par les cultures alimentaires. Ces exploitations sont les plus mal connues, les plus complexes (car au marché. Il y a un enjeu central à les mobiliser, et donc à les connaître mieux ;

- Le levier N° 5 concerne le nĠcessaire dĠǀeloppement de l'agro biodiǀersitĠ dans les systèmes de

cultures (associations de cultures, jardins créoles, mahorais ou plus génériquement forestiers)

Cette agro biodiversité concerne aussi les systğmes d'edžploitation, par l'allongement des

rotations, et la diǀersification fonctionnelle des parcelles. Enfin, il concerne l'ensemble du 13 13

territoire, avec une meilleure articulation entre les espaces naturels, préservés ou en jachère,

et les espaces cultivés, ainsi que le maintien de la diversité entre et au sein des exploitations.

Le levier N°6 concerne le développement du conseil, adapté aux pratiques nouvelles

d'apprentissage. Les jeunes générations sont moins dépendantes de sources formelles

des informations en ligne impliquent une évolution forte des pratiques de formation des jeunes agriculteurs. La formation permanente doit aussi s'adapter audž nouǀelles technologies. Et le

conseil individualisé, à cause de son coût, doit probablement être centré sur des phases

cruciales de la ǀie d'une edžploitation : installation, investissements, introduction de nouveaux

AmĠliorer l'attractiǀitĠ de l'agriculture

actuel n'est pas attractif pour la jeunesse, les niǀeaudž de reǀenus dĠgagĠs sont faibles et le maintien de

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