[PDF] Véhicules autonomes et connectés





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LIVRE BLANCN°02

Véhicules autonomes et connectésLes dé?s actuels et les voies de recherche B Les livres blancs d"Inria examinent les grands défis actuels posés par le numérique et présentent les actions menées par nos équipes- projets pour les résoudre. Ils ont pour objectif de faire le point sur une problématique en précisant ses complexités, en détaillant les voies de recherche existantes ou en émergence et en décrivant les impacts sociétaux attendus et à prévoir. Ils sont produits sous l"égide de la Cellule Veille et Prospective d"Inria avec la contribution active des chercheurs. Cette unité, par l"attention qu"elle porte aux évolutions scientifiques et technologiques, contribue à la détermination des orientations stratégiques et scientifiques d"Inria. Elle permet également à l"Institut d"anticiper l"impact des sciences du numérique dans différents domaines sociaux et économiques. Ce livre blanc a été coordonné par Fawzi Nashashibi, assisté d"Olivier Trebucq, avec l"aide de Paola Goatin, Valérie Issarny et Olivier Simonin. Merci également aux équipes-projets Inria qui ont répondu aux questionnaires et aux experts académiques et industriels qui ont accepté de participer à des entrevues qui nous ont ainsi permis de prendre en compte leurs expertises et leurs opinions. Enfin, la rédaction de ce document a été finalisée grâce à la contribution de Thierry Lucas, rédacteur, et de la Direction générale déléguée à la science d"Inria (Peter Sturm et Alain Viari). 1

Sommaire

i. Introduction 2

1. La mobilité : nouveaux enjeux, nouveaux usages, nouveaux acteurs 5

1.1 Les nouveaux besoins de la mobilité :

des enjeux économiques, sociaux et environnementaux 6

1.2 Les avantages du VAC et les conditions de son déploiement 7

1.3 L"industrie automobile en mutation 12

1.4 Une recherche mondiale en pleine effervescence 15

2. Les défis technologiques et scientifiques du VAC 17

2.1 Les défis en lien avec la navigation autonome 19

2.2 Les défis en lien avec l"intégration et la sûreté de fonctionnement 24

2.3 Les télécommunications et la cybersécurité

des véhicules connectés 25

2.4 Le Big Data 27

2.5 La simulation 28

2.6 La modélisation des grands systèmes : trafic routier

et gestion de flottes 29

2.7 Les interfaces Humain-machine 31

3. L"impact social, légal et ethique d"un déploiement du véhicule

autonome et connecté 32

4. Quatre questions stratégiques sur le véhicule autonome

et connecté 36

4.1 Comment assurer la sécurité des systèmes

et des communications fiables ? 37

4.2 Un véhicule autonome peut-il comprendre son environnement ? 38

4.3 Un pilote automatique peut-il être intelligent ? 38

4.4 Comment valider un système aussi complexe ? 40

5. Annexe : l"implication d"Inria au service du VAC - domaines

scientifiques et équipes concernées 41

Glossaire 46

2 i

Introduction

3 i_Introduction Le véhicule autonome est-il un phénomène de mode ? On pourrait le penser, quand il ne se passe pas une semaine sans que ne soit annoncé le développement d"un nouveau véhicule " sans conducteur ou sans conductrice », et que les articles sur ce sujet fleurissent dans la presse. Mais cet engouement est peut-être le signe que nous sommes à l"aube d"une révolution dans le monde des transports et de la mobilité. Le véhicule autonome, qui est aussi un véhicule connecté - pour être autonome, il doit pouvoir communiquer avec les autres véhicules, comme avec l"infrastructure routière - ne va pas seulement changer notre manière de nous déplacer. Son déploiement aura un impact sur l"évolution de la société, en termes de sécurité, d"environnement, d"urbanisme... L"industrie automobile elle-même, pour produire des véhicules dans lesquels les télécommunications et l"intelligence artificielle joueront un rôle déterminant, est en passe de subir une profonde transformation, et voit déjà arriver de nouveaux acteurs issus du numérique tel Google. Pour mieux appréhender tous ces enjeux, il est nécessaire de comprendre ce qui

fait la spécificité du véhicule autonome et connecté, mais aussi les défis scientifiques

et technologiques auxquels sont confrontés les acteurs du secteur. Pour développer ces systèmes complexes, qui font appel à des technologies émergentes et à des disciplines scientifiques variées, les industriels établissent des collaborations avec des laboratoires de recherche. D"ici quelques années, le logiciel représentera plus de la moitié des coûts de développement du véhicule et le logiciel embarqué comptera sans doute pour la majeure partie de sa valeur ajoutée. Chez Inria, institut national de recherche dédié au numérique, plusieurs équipes de recherche sont déjà impliquées dans des projets liés au développement du véhicule autonome et connecté.

© Inria / illustration Clod

4 Ce livre blanc sur les Véhicules Autonomes et Connectés (VAC) présente de manière synthétique les technologies innovantes sur lesquelles travaillent les nombreuses équipes académiques et industrielles qui, à travers le monde, préparent le déploiement de la voiture autonome. Il décrit également son impact économique et sociétal, et ses implications éthiques.

LES COMPÉTENCES D"INRIA POUR LE VAC

Les technologies utilisées dans les systèmes de transport intelligents, en particulier dans les véhicules autonomes, sont aujourd"hui au cœur des activités de recherche et d"innovation de nombreuses équipes-projets d"Inria : la modélisation, l"optimisation, le contrôle en temps réel, les réseaux de télécommunication, les technologies et méthodes de calcul couplées aux nouvelles plates-formes informatiques embarquées, la géolocalisation, le traitement et la fusion multisensorielle, l"intelligence artificielle... Ces activités font appel à de nombreux domaines - modélisation mathématique, techniques robotiques, interfaces Humain-machine, tech- nologies de télécommunication et des réseaux , apprentissage automatique, aide à la décision, raisonnement dans l"incertain - dans lesquels Inria est un acteur majeur. Le tableau en annexe donne un aperçu plus détaillé des domaines qu"Inria aborde et des équipes impliquées. 5 La mobilité : nouveaux enjeux, nouveaux usages, nouveaux acteurs 1 6 Les nouveaux besoins de la mobilité : des enjeux économiques, sociaux et environnementaux Chaque année, les accidents de la route sont responsables de 1,25 million de morts et jusqu"à 50 millions de blessés dans le monde 1 . Notre planète compte aujourd"hui un véhicule pour dix habitants, chiffre qui risque d"exploser avec le développement des pays émergents. Le coût des accidents de la route est estimé à environ 25 milliards d"euros pour l"économie française. L"amélioration de la sécurité est donc un enjeu capital. Or, 90 % des accidents

étant imputables à des erreurs humaines

2 , on peut espérer qu"une automatisation totale ou partielle de la conduite pourrait réduire leur nombre ou leur gravité. Ce n"est pas le seul défi posé au véhicule autonome : les transports sont responsables de dizaines de millions de tonnes d"émissions de polluants, ainsi que d"environ un quart de la consommation mondiale d"énergie 3 et des émissions de CO 2 dans l"atmosphère 4 . Le déploiement du véhicule autonome devrait aussi favoriser de nouveaux modes de transports individuels et collectifs (auto-partage, robots-taxis...) dont on peut espérer qu"ils réduiront sensiblement le nombre de véhicules en circulation. En 2010, plus de la moitié des habitants de la planète habitaient en zones urbaines et ce chiffre devrait atteindre 75 % en 2050. Dans les villes, la question globale de la mobilité va donc devenir cruciale. Comment concevoir la physionomie des transports dans l"avenir ? Peut-on imaginer que les villes du futur pourront supporter le même taux de croissance du parc automobile ? La voiture individuelle, telle que nous la connaissons aujourd"hui, ne pourra à l"évidence pas rester le mode privilégié de transport. Par ailleurs, la révolution numérique en cours conduira également à un changement dans nos besoins de mobilité.

1. Rapport de situation sur la sécurité routière 2015, Organisation mondiale de la santé.

2. Association prévention routière, Statistique 2012 Principaux Facteurs d"accidents.

3. US Department of Energy (DOE).

4. Agence internationale de l"énergie.

1.1 7

1_La mobilité : nouveaux enjeux, nouveaux usages, nouveaux acteurs

Les avantages du VAC et les conditions de son déploiement

Qu"est-ce qu"un véhicule autonome ?

De la voiture entièrement prise en charge par son conducteur ou sa conductrice, jusqu"à la voiture entièrement autonome, les véhicules sont habituellement classés en 6 niveaux d"autonomie. Le véhicule totalement autonome est entièrement piloté par une intelligence artificielle. Il est capable de se diriger seul, d"interagir avec son environnement pour adapter sa conduite en fonction des événements (accidents, travaux...) et des autres usagers de la route (voitures, piétonnes et piétons...), afin de se rendre en un lieu donné sans intervention humaine. Si certains prototypes actuels s"en approchent dans certaines situations particulières, ils ne couvrent pas encore tous les cas de figure réels.

On peut distinguer 6 niveaux d"autonomie :

Niveau 0 : pas d"automatisation. La conduite est entièrement à la charge du conducteur ou de la conductrice, qui peut toutefois disposer de mécanismes d"avertissement, comme le signal sonore de franchissement de ligne, de proximité d"un obstacle sur la route, etc. Niveau 1 : le conducteur ou la conductrice garde en permanence la responsabilité des manœuvres, mais délègue une partie des tâches au système, typiquement pour le contrôle longitudinal du véhicule, par exemple à travers un régulateur de vitesse adaptatif. Elle ou il doit être capables de reprendre totalement la main sur la conduite si la situation l"exige. Niveau 2 : la responsabilité des manœuvres est entièrement déléguée au système, mais tout s"effectue sous supervision constante du conducteur ou de la conductrice, qui peut décider de reprendre la main à tout moment, par exemple lors d"un changement de voie automatique. Autre illustration : l"assistance au stationnement (le Parking Assist), qui n"est activée que lorsqu"une place de stationnement est détectée ou choisie par le conducteur ou la conductrice. Niveau 3 : le conducteur ou la conductrice peut déléguer la conduite sur les deux dimen sions de guidage (longitudinal et latéral) et peut abaisser son niveau de vigilance pour se consacrer de manière brève à d"autres tâches. Le système de pilotage intelligent se charge alors de positionner et de maintenir le véhicule sur sa voie tout en conservant une allure adaptée à la vitesse et aux conditions de trafic. Le conducteur ou la conductrice doit rester en mesure de reprendre le contrôle de la conduite si les conditions l"exigent. 1.2 * Classification de la SAE (Society of Automotive Engineers). 8 Niveau 4 : c"est un niveau hautement automatisé dans lequel le conducteur ou la conductrice n"intervient déjà plus et peut en effet complètement détourner son attention pour faire autre chose. En revanche, ce niveau ne concerne que certains modes de conduite, et sous certaines conditions. C"est le conducteur ou la conductrice qui active et désactive le mode automatisé. Niveau 5 : c"est l"automatisation ultime : l"être humain n"intervient plus, ni dans le contrôle, ni dans la supervision de la tâche de conduite ou de navigation. Tout est sous la responsabilité et le contrôle du système. La présence même d"un être humain aux commandes n"est plus forcément nécessaire.

Qu"est-ce qu"un véhicule connecté ?

Un véhicule connecté intègre des systèmes de télécommunications sans fil qui lui permettent de collecter des informations qu"il pourra enregistrer, traiter, exploiter et relayer vers d"autres véhicules, ou envoyer vers l"infrastructure routière. Les données collectées par le véhicule sont nombreuses et variées. Certaines sont liées au pilotage, comme l"information sur la distance avec un autre véhicule mesurée par un radar, ou les données de géolocalisation. D"autres données concernent la vie à bord, par exemple le transfert de musique stockée sur un smartphone ou d"un film... On peut facilement s"imaginer que les futurs VAC traiteront jusqu"à plusieurs gigaoctets de données par seconde. Depuis 2017, sur décision de l"Union européenne, tous les véhicules neufs doivent être connectés afin de passer automatiquement un appel d"urgence en cas d"accident : c"est le service e-Call. À l"horizon 2020, on estime que 80 % du parc automobile seront connectés. LES BÉNÉFICES ATTENDUS DES VÉHICULES AUTONOMES ET CONNECTÉS - Plus de sécurité et de confort : Amélioration de la sécurité routière et réduction du nombre et de la gravité des accidents, réduction du stress et de la fatigue pendant la conduite, gain de temps pour d"autres tâches, réduction de la consommation de carburant, diminution du nombre d"amendes... - Une mobilité intelligente : Optimisation des temps de trajet, meilleure exploitation de l"infrastructure routière et plus grande fluidité du trafic, réponse à de nouveaux besoins de mobilité. 9 À l"heure actuelle, les connexions passent essentiellement par le smartphone du conducteur ou de la conductrice, mais bientôt c"est via l"électronique du tableau de bord que le véhicule sera directement connecté.

La connectivité, pour quoi faire ?

1. Services aux conducteurs, conductrices, passagères et passagers

L"échange de données entre le véhicule et son environnement permet de développer de nouveaux services tels que le paiement de parkings ou de péages, la réception d"informations sur la consommation d"énergie, la diffusion de divertissements, etc.

2. Offres commerciales

Des données remontées d"un VAC vers des serveurs pourront former la base pour de nombreux services : maintenance prédictive, programmation d"entretiens ou de changement des pneus, etc. Et bien évidemment, le marché sera très créatif dans la proposition de nouvelles modalités d"assurance (vers une individualisation en fonction du type de conduite) ou d"autres services administratifs ou commerciaux.

3. Aide à la navigation et optimisation de la conduite

Les données reçues par le véhicule permettent de prendre en compte l"état de la circulation de manière dynamique afin, par exemple, d"éviter les bouchons... Pour

1_La mobilité : nouveaux enjeux, nouveaux usages, nouveaux acteurs

CyBus, CyCab et C1 communiquant entre eux, EP RITS, 2014 - © Inria / Photo H. Raguet 10 le confort des passagères et des passagers, des profils de conduite automatisée (vitesses, styles de conduite...) s"adaptent à la topologie du terrain, à l"état du trafic, aux modes de conduite des autres usagers de la route.

4. Sécurité passive

Le véhicule reçoit des informations signalant les problèmes de visibilité (brouillard...), d"adhérence, de route coupée..., la présence d"objets ou de personnes sur la route, des zones de travaux, ou encore l"arrivée d"un véhicule en sens inverse. Il émet automatiquement un signal de détresse en cas d"accident.

5. Sécurité active

La connectivité du véhicule ouvre la voie à des fonctions d"aide au dépassement et d"évitement de collisions, à la gestion des intersections (alerte et freinage en cas d"obstacle masqué, de non-respect d"un feu...), et à des régulateurs de vitesse adaptatifs coopératifs (CACC).

6. Conduite coopérative et coordonnée

La coordination entre les véhicules permet une meilleure gestion de l"occupation des voies, la gestion optimale des feux et l"évitement des goulets d"étranglement. La construction de cartes locales dynamiques devient possible, grâce au partage des informations captées par chaque véhicule.

Un déploiement qui s"accélère

L"Audi A8, commercialisée en 2018, est la première voiture de série équipée d"un système de conduite automatisée de niveau 3. On observe ainsi une nette accéléra- tion, alors qu"il y a peu on envisageait un déploiement très progressif des véhicules autonomes, en passant par des étapes telles que l"assistance dans les bouchons sur voie rapide, l"automatisation plus poussée sur autoroute avec changement de voie et gestion des intersections, le stationnement en mode autonome, etc. La volonté d"accélérer l"arrivée de la voiture autonome vient aussi de la pression des acteurs de la Silicon Valley. Ainsi, le constructeur américain Tesla équipe d"ores et déjà ses voitures des équipements nécessaires à la conduite autonome. Ils seront activés par téléchargement de logiciels au fur et à mesure de l"évolution de la réglementation. La compétition va donc contribuer à accélérer ce processus. Il y aura néanmoins deux marchés distincts : celui de la mobilité partagée, avec des véhicules urbains desservant une zone bien précise et jouant avant tout le rôle de moyens de transport, 12

L"industrie automobile en mutation

Un modèle économique en rupture

Pour les constructeurs et les équipementiers, l"arrivée des véhicules autonomes et connectés n"est pas une simple évolution de leurs métiers : c"est une rupture majeure. Un changement d"ère qui est souvent résumé par l"importance croissante apportée au logiciel dans la construction automobile. " Le logiciel [pour l"automobile de demain] sera ce que le moteur était à l"industrie automobile depuis cent ans », déclarait récemment Johann Jungwirth, le " chief digital officer » de Volkswagen. Pour la première fois en plus de 100 ans d"existence, la mécanique et la thermique ne sont plus l"alpha et l"oméga de l"automobile. Le rôle majeur du logiciel dans les voitures autonomes n"a pas seulement une incidence sur la conception des véhicules. Après sa mise en service, le véhicule

pourra être mis à jour " en ligne », comme l"a déjà montré le constructeur de voiture

électrique Tesla. Du coup, c"est la frontière entre véhicule neuf et véhicule d"occasion qui risque de devenir floue, avec des conséquences sur le marché automobile... En effet, comment qualifier un véhicule vieux de quelques années mais équipé des tout derniers logiciels ?

Pour les constructeurs, une question

centrale est donc : le " hardware » risque- t-il de devenir une simple commodité sans valeur, tandis que toute la valeur se reporte sur les logiciels ? Le profil même des constructeurs automobiles va subir une profonde transformation. Grâce aux masses de données collectées via les véhicules connectés, les constructeurs pourront améliorer la conception des voitures, et développer de nouvelles activités en créant de nouveaux services, par exemple pour la maintenance prédictive et préventive des véhicules. Par ailleurs, de nouvelles entreprises de véhicules électriques autonomes apparaissent, qui fabriqueront, sans investissements massifs, des voitures à partir de modules achetés auprès des équipementiers. Sur ce marché en pleine mutation, les géants du numérique comme Google, Apple ou Uber veulent s"imposer dans la voiture autonome, chacun avec son modèle économique. Google, via sa filiale Waymo va proposer un système de conduite autonome aux industriels. Apple semble se concentrer sur l"aspect " système d"exploitation, design et interface », c"est-à-dire sur son savoir-faire d"intégrateur. Et Uber pourrait gérer des flottes de camions et de voitures robots. 1.3

Le " hardware » risque-t-il

de devenir une simple commodité sans valeur, tandis que toute la valeur se reporte sur les logiciels ? 13

1_La mobilité : nouveaux enjeux, nouveaux usages, nouveaux acteurs

Mais la véritable révolution en cours est celle des usages de l"automobile. Le succès d"entreprises d"autopartage comme Blablacar, Uber, ou encore Ly?, ne donne qu"une faible idée des changements à venir. Avec des véhicules autonomes et connectés, il sera très simple pour un citadin ou une citadine de se déplacer en commandant un véhicule via une application, véhicule qui se déplacera tout seul

chez le client ou la cliente, pour un coût bien inférieur à l"ensemble des coûts associés

à la possession d"une voiture individuelle.

Que ce soit sous la forme de robots taxis ou de voitures partagées, la limite entre transports publics et privés deviendra moins nette. Et tous les acteurs de l"automobile, les constructeurs et les équipementiers, mais aussi les concessionnaires, les répara- teurs, les loueurs... vont devoir repenser leur modèle économique. La chaîne de valeur devrait progressivement migrer vers les fournisseurs de logiciels et les opérateurs de services liés à la mobilité. Le véhicule autonome et la révolution des usages pourront également renouveler la forme traditionnelle de l"automobile. Les véhicules, tels que nous les connaissons, ont été conçus pour être conduits par des êtres humains, pour un usage privé et familial. Mais dans une voiture partagée et autonome, nul besoin, par exemple, d"avoir des sièges avant et des sièges arrière : tous les sièges pourraient au contraire se faire face pour permettre aux passagères et aux passagers d"échanger de manière plus conviviale. On peut aussi imaginer des véhicules dotés de tables de travail, de grandes vitres pour contempler le paysage, de machines à café... Mercedes-Benz a présenté en janvier 2015 un concept-car proposant une telle approche. Les start-up

Projet Perfect : assistance à la conduite et affichage du risque, EP CHROMA, 2015 - © Inria / Photo H. Raguet

14 Zoox et Next travaillent également dans cette optique. À partir du moment où les

êtres humains sont libérés de la nécessité de conduire, l"habitacle de la voiture peut

être pensé comme une plate-forme de services destinée aux usagères et usagers. Grandes manœuvres chez les industriels : fusions, alliances et nouveaux acteurs Comme nous l"avons vu, l"arrivée des voitures autonomes secoue déjà le monde de l"industrie automobile. Les grands constructeurs et les équipementiers traditionnels sont encore bien présents, mais ils sont rejoints et déjà bousculés par de nouveaux acteurs comme Tesla. Mais ce sont aussi les grands groupes du numérique, comme Google, Apple et Microso?, qui deviennent les premiers partenaires des industriels de l"automobile, et très bientôt leurs principaux rivaux. Les grands fournisseurs de puces et de processeurs, Nvidia, Qualcomm ou encore Intel, sont aussi des acteurs clés dans le développement des véhicules autonomes. Intel, par exemple, a racheté Mobileye, un spécialiste des caméras intelligentes pour l"automobile, pour 14,7 milliards de dollars. De nombreuses start-up travaillent sur des fonctions et des composants spécifiques à la voiture autonome, tels que la cartographie (Civil Maps, Here), les caméras intelligentes (Mobileye), les capteurs Lidar (Velodyne, Quanergy, Innoviz, leddarTech, ...), l"intelligence artificielle (Drive.

AI, Nuro.AI, Nauto, Five AI, AIMotive, ...).

Enfin, les sociétés spécialisées dans les services de mobilité, comme Uber, Ly?, ou encore le chinois Didi, ont pour objectif d"opérer des flottes de robots-taxis sans chauffeur. Elles affrontent sur ce créneau la concurrence de start-up comme

Zoox ou Nutonomy.

Depuis l"arrivée des Google Cars en 2009, les tests réalisés par différentes sociétés

se multiplient, aux États-Unis, en Asie ou en Europe. Dans la seule Californie, un des États américains les plus avancés sur la question, 27 entreprises ont déposé une demande d"autorisation pour tester leurs véhicules sur les routes de l"État. C"est donc tout le paysage de l"industrie automobile qui va changer. Le déploiement de nouveaux véhicules, des infrastructures routières, des modes de communication et d"échanges de données, des systèmes de transports... ne pourra se faire sans un important effort de standardisation permettant l"interopérabilité des systèmes et leur maintenance. Les instances de standardisation qui s"appliquent au transport en général et qui intègrent le véhicule autonome et connecté dans le champ de leurs travaux sont nombreuses et se déclinent aux plans national (AFNOR), européen (ETSI, CEN) et international (ISO, IEEE, IETF). 15 Déjà l"industrie évolue très rapidement, au gré des rachats, des partenariats et des projets. En effet, le développement d"un système complet et opérationnel fondé sur des véhicules autonomes et connectés n"est pas réalisable par un seul acteur. Aucun ne peut maîtriser toutes ses composantes, qu"elles soient scienti- fiques, technologiques, industrielles ou économiques. La tendance, qui ne fait que s"accélérer, est donc aux alliances - voire aux fusions - entre opérateurs, constructeurs et organismes de recherche publics et privés. Pour préparer les futurs services de robot-taxis, les constructeurs automobiles établissent des partenariats avec les opérateurs de transports, tel Renault avec Transdev, ou les constructeurs allemands avec les opérateurs des grandes villes comme Hanovre, Stuttgart et Munich. Par ailleurs, les fabricants de véhicules rachètent à prix d"or des entreprises spécialisées. GM s"est offert Cruise Automation, qui a développé un système de conduite autonome, pour environ un milliard de dollars. Ford va investir la même somme dans la start-up Argo-AI (intelligence artificielle et robotique). Quant aux constructeurs allemands Daimler, BMW et Audi, ils ont racheté pour trois milliards de dollars, le fournisseur de cartes géographiques Here. Les grandes firmes du numérique font de même. Le projet Google Car a donné naissance à une filiale commerciale, Waymo, qui a noué des partenariats avec Honda et Fiat-Chrysler. Apple a investi un milliard de dollars dans Didi Chuxing, la plate- forme chinoise de VTC. Uber, pour 680 millions de dollars, a acquis la société Otto, qui transforme des camions en véhicules autonomes. Sans oublier les partenariats de Microso? avec Toyota, Renault Nissan et Volvo.

Une recherche mondiale en pleine effervescence

De nombreux centres de recherche et universités à travers le monde, participent au développement du véhicule autonome et connecté. Les industriels, confrontés à des défis technologiques qui constituent de véritables ruptures, doivent s"appuyer sur ces laboratoires de recherche pour inventer des solutions encore inédites. Aux États-Unis, de grandes universités comme le MIT, Berkeley, Carnegie- Mellon University, ou Stanford, ont créé des équipes importantes autour du VAC, qui collaborent avec les industriels, et dont les résultats ont alimenté les véhicules de démonstration réalisés ensuite par Google ou Uber. Le père de la voiture autonome de Google vient de Stanford ; Uber, qui doit déployer une flotte de VTC autonomes Volvo dans la ville de Pittsburgh aux États-Unis, travaille avec des chercheurs de

Carnegie-Mellon University.

1_La mobilité : nouveaux enjeux, nouveaux usages, nouveaux acteurs

1.4 16 En Europe, l"Allemagne est en pointe avec des compétences importantes à l"université de Braunschweig, au Karlsruhe Institute of Technology ou à l"université de Berlin (AutoNOMOS Labs) ou encore au DFKI (Centre de recherche allemand sur l"intelligence artificielle). Ce pays se distingue surtout par un effort coordonné entre les pouvoirs publics, les industriels et la recherche académique. En Italie, l"université de Parme est devenue une référence mondiale sur le véhicule autonome. En France,

de fortes compétences ont été développées chez Inria, à l"UTC, à l"IFSTTAR, à l"institut

Pascal de Clermont-Ferrand.

La recherche en Europe s"est particulièrement illustrée sur les technologies de navettes autonomes, avec notamment les travaux qu"Inria a démarrés au tout début des années quatre-vingt-dix et qui ont permis la participation à une dizainequotesdbs_dbs47.pdfusesText_47
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