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Les innovations de Sénèque dans sa Médée

25 janv. 2017 Méridier pour euripide de F.-r. Chaumartin pour sénèque



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7 "Le personnage et son mythe dans les tragédies de Sénèque 1975



MÉDÉE TRAGÉDIE - SÉNÈQUE

MÉDÉE fille du roi de Colchide

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PASCALEPARƒ-REY

LES INNOVATIONS DE SƒNéQUE DANS SA MƒDƒE 1 POURQUOIMÉDÉE? TRAGƒDIEGRECQUEETTRAGƒDIELATINE sur quels points le dramaturge romain a choisi de s"Žcarter de son prŽdŽcesseur Eu- ripide et quels sont les effets de ces Žcarts 2 . Nous ne nous livrerons pas ˆ une com- paraison exhaustive des deux Médée, mais nous proposons de souligner plut™t les replacŽe dans le contexte de l"hŽritage grec ˆ Rome. C"est une question Žminemment unique. Au contraire, ce rapport entre les deux auteurs s"inscrit dans la problŽmatique plus large de la crŽation littŽraire ˆ Rome, crŽation qui est toujours, pour une large part, recrŽation: les Latins entendent, par l"imitatioet l"aemulatioqu"ils pratiquent, ne pas faire table rase du passŽ littŽraire mais ajouter, de faon cumulative, de nouveaux avatars qui mlent respect et dŽpassement des Anciens, qu"ils soient grecs ou ro- tions de reprŽsentation, au contexte socio-politique, ˆ l"esthŽtique et ˆ la langue de chacune. Par consŽquent, la comparaison ne portera que sur ce qui nous semble per- tinent et sera forcŽment limitŽe. Compte tenu de ces avertissements, compte tenu de tous les cha"nons manquants entre la tragŽdie attique et la tragŽdie latine impŽriale, nous choisissons de ne pas tive plus synchronique que diachronique, nous pointerons simplement quelques

Žcarts de la rŽŽcriture sŽnŽquienneen prŽcisant les plans sur lesquels ils jouent. Aban-

nous nous concentrerons sur leseffets de ses dŽmarcations. Ë quels niveaux, donc, mener la comparaison? Quels sont les changements les 1 Je tiens ˆ remercier chaleureusement Alfredo Casamento de m"avoir sollicitŽe et GiannaPetrone d"avoir acceptŽ ma proposition pour la revue Panqu"elle dirige. 2

La rŽflexion que nous prŽsentons dans les pages qui suivent est largement inspirŽe du sŽminaire

de recherche auquel C. Mauduit nous a invitŽe ˆ collaborer ˆ l"UniversitŽ Lyon 3 - Jean Moulin en

2011-2012, ce pour quoi nous lui tŽmoignons toute notre reconnaissance.

Pascale Paré-Rey mieux les apprŽcier, il convient auparavant d"exposer les diverses faons d"aborder la composition de la Médéelatine. S

TRUCTUREDEMÉDÉE

On peut, d"une part, parler de la structure formelle, qui obŽit aux principes gŽ- parlŽes (diuerbia) et de parties chantŽes (cantica mutatis modis), parfois compliquŽe par 3 .Médée, comme la son rythme 4 . Au nombre de cinq, les diuerbiasont de longueur croissante puis dŽ- croissante (respectivement 55, 185, 196, 177 et 146 vers), le climax se trouvant ˆ note une prŽsence massive de MŽdŽe, qui assume nombre de monologues. On re- 5 Le Çmonologue de la passionÈ qui pose l"argument mythologique: il dŽveloppe 6 . Le hŽros expose son dolorinitial, sa passion, sa souffrance. Ici MŽdŽe s"affiche comme extrmement blessŽepar la trahison de Jason pour CrŽüse(v.1-55) 7 (v.116-149). Puis vient le Çmonologue du passage ˆ l"acteÈ: le hŽros invente le crime qui va lui permettre de venger le nefasoriginel, de venger son dolor(MŽdŽe pense ˆ se venger de Jason par le biais de ses enfants aux v.549-557 et 560-579; elle hŽsite encore puis prend sa dŽcision et l"accomplit dans son fameux monologue v.893-977). Enfin le dernier monologue du protagoniste est celui Çde la victoireÈ, o il jouit de son crime (MŽdŽe s"envole sur son char v.982-994 et souligne son triomphe: iam

iam recepi sceptra, Çlˆ, lˆ j"ai recouvrŽ mon sceptreÈ, qui passe par une uoluptas magna,

Çune grande jouissanceÈ).

3 pas mention, si bien que certains doutent de son existence mme: W. B

EARE, The Roman Stage. A short

History of Latin Drama in the Time of the Republic, Londres1955, pp. 211-217. 4

CIC.De Or.3, 182 Nam cum sint numeri plures, iambum et trochaeum frequentem segregat ab oratore Aristoteles,

Catule, vester, qui natura tamen incurrunt ipsi in orationem sermonemque nostrum. 5

F. DUPONT, La fureur et la mémoire. Recherches sur la mythologie dans les Tragédies de Sénèque, précédées d"un

d"ƒtat, sous la direction du professeur Alain Michel, Paris 1981. Voir encore Çle scŽnario tragique chez

UPONT-P. LETESSIER, Le théâtre romain, Paris 2011, pp. 202-211. 6

tre feroxchez H

OR.Ars, 123-124:Sit Medea ferox inuictaque, flebilis Ino, / perfidus Ixion, Io uaga, tristis Orestes.

7 dans la CUF; le commentaire de rŽfŽrence celui d"A.J. B

OYLE, Seneca:Medea. Oxford-New York2014.

Les innovations de Sénèque dans sa Médée Ë ces monologues de base s"ajoutent des dialogues, ou Çduos-duelsÈ, toujours selon F. Dupont. Dans Médée, il y a essentiellement cinq dialogues marquants: les Žchanges domina-nutrix(v. 150-175 et v. 301-430) o, sur un mme schŽma, MŽdŽe laisse libre cours ˆ sa rage et o la nourrice veut l"empcher d"aller de l"avant; les dia- logues entre MŽdŽe et CrŽon (v. 176-300) et entre MŽdŽe et Jason (v. 431-578 et v. habiletŽ oratoire, ˆ gagner du terrain sur ses deux adversaires: face ˆ CrŽon, elle est face ˆ Jason, elle trouve comment se venger. Ces confrontations tournent nettement

29 vers. InŽgaux dans leur Žtendue, ils offrent le mme mouvement que les diuerbia,

Il y a un seul passage en rŽcitatif, prononcŽ par MŽdŽe, aux vv.740-751 8 . Ce sont les invocations de la magicienne aux ombres, aux M‰nes, au Chaos, des imprŽcations lancŽes contre la nouvelle Žpouse de Jason, CrŽüse, et contre son ancien Žpoux, Ë c™tŽ de cette structure formelle, on peut considŽrer d"autre part la structure son dŽsir de vengeance - et la tragŽdie sera un drame de la vengeance - et les motifs qui la conduisent ˆ cet Žtat (la souffrance d"tre trahie par son Žpoux et la jalousie de le voir se remarier en ce jour, c"est-ˆ-dire son dolor, une immense douleur conju- guŽe ˆ untenace ressentiment). Si nous sommes fixŽs sur son but, nous ignorons en revanche, comme elle encore, les moyens d"y parvenir. Les pŽripŽties occupent les parties centrales, soit les actes II ˆ IV 9 . L"acte II sera un retardement de la mise en

route du plan: opposŽe ˆ sa nourrice, qui veut freiner ses Žlans, ˆ CrŽon qui l"exile,

o les deux personnages occupent les mmes positions, ˆ la diffŽrence que la dŽter- III que se trouve le pivot de l"action: gr‰ce ˆ son dialogue avec Jason, MŽdŽe trouve 8

v.223-232 (CrŽon dŽcrit ce qui s"est passŽ quand il est entrŽ dans le temple de PhŽbus) juste avant que

la prtresse rende son oracle. Ces passages ont des points communs: ce sont des rituels de malŽdiction,

tournŽe contre soi ou contre d"autres, ou des rituels prŽliminaires ˆ un oracle. Ils Žtablissent le contact

avec une divinitŽ dans un contexte funeste. 9 terminologie soit anachronique et pour partie inadŽquate. Pascale Paré-Rey par o se venger 10 : on sait que les enfants, en tant que point faible de son Žpoux, fe- ront partie du plan, mais on ignore prŽcisŽment en quoi. L"acte IV accompagne l"ac- tion tout en proposant une pause dans son dŽroulement: c"est toute la prŽparation matŽrielle des moyens de la vengeance, du moins une partie de celle-ci (tournŽe contre CrŽuse), les cadeaux empoisonnŽs. De l"acte IV ˆ l"acte V un saut se produit, car le messager entre en annonant que tout a bržlŽ: les ennemis de MŽdŽe, CrŽuse et CrŽon, ne sont plus, mais il lui reste ˆ se venger de Jason. On a donc un dŽnoue- acte que d"autres Žtapes sont franchies: MŽdŽe tue ses deux enfants, respectivement sous les yeux de la nourrice et sous les yeux de Jason. La montŽe en puissance de la mort, et ses supplications ne seront d"aucune utilitŽ. Au total, on peut dire qu"il y a des actes plus statiques (I et IV), des moments retardant l"avancŽe de l"action (dia- MŽdŽe remporte le dŽlai et o elle trouve le point faible de Jason;l"acte V). L novŽ. Les changements les plus notables ont trait aux personnages et ˆ quelques ˆ elle. Elle doit fuir mais ignore o (et ne manque pas de le reprocher ˆ Jason) 11 Ainsi l"enjeu de son dŽpart de Corinthe ne se pose pas dans les mmes termes: sa sans feu ni lieu, alors que chez Euripide elle n"est que momentanŽment exilŽe et a un point d"ancrage assurŽ 12 mme si c"est un personnage collectif 13 . Il est en gŽnŽral composŽ des habitants du 10

permettons de renvoyer ˆ notre rŽcente Žtude Dramaturgie de l"aparté dans les tragédies de Sénèque, in P.

P

ARƒ-REY(Žd.), L"aparté dans le théâtre antique: un procédé dramatique à redécouvrir, Saint-Denis 2015, pp.

129-148.

11

Vers 451-460a.

12

Cfr. pour une Žtude de cette thŽmatique, C. MAUDUIT-P. PARƒ-REY,D"un exil l"autre: espace et tem-

poralité tragiques dans la Médée d"Euripide et la Médée de Sénèque, in BAGB2 (2013), pp. 19-81.

13 Senecan tragedy, in RhM111 (1968), pp. 197-219; L. C ASTAGNA(a cura di), Nove studi sui cori tragici di Seneca,

Milano 1996; J. D

ANGEL, Sénèque, poeta fabricator: lyrique chorale et évidence tragique, in EAD. (Žd.), Le Poète

architecte, Arts métriques et art poétique latins, Louvain, Paris, Virginia 2001, pp. 185-292; P.J. D

AVIS, Shifting

Les innovations de Sénèque dans sa Médée lieu (Corinthe dans les deux cas), mais chez Euripide, ce sont des femmes, tandis entre ces Corinthiennes, qui s"identifient pour une part ˆ MŽdŽe et compatissent latine, clairement hostiles ˆ MŽdŽe. Les jeux d"Žchos entre les paroles des uns et des autres, les alliances entre personnages seront forcŽment diffŽrents et il importe de 14 , en l"honneur du mariage et des

Alors que la nouvelle ŽpousŽe, nommŽe uirgo, la vierge, est cŽlŽbrŽe pour sa beautŽ

et sa gr‰ce, MŽdŽe est qualifiŽe de Phasidis horridi, d"Çhorrible fille du PhaseÈ, et de ef-

frenae coniugis, d"ǎpouse sauvageÈ (v. 103) 15 malum, dans une allitŽration remarquable qui qualifie MŽdŽe de Çmal plus grand que

la merÈ (v. 362). MŽdŽe est conue comme Çle salaireÈ, Çla ranonÈ (merces) du premier

vaisseau, la nef Argo, qui a osŽ braver les eaux inconnues 16 . MŽdŽe, dans cette pers- pective, est mise sur le mme plan que la Toison d"Or, puisque ce sont les deux choses que les Argonautes ont ramenŽes de leur expŽdition: la protagoniste est ra- valŽe au statut d"un objet, mais c"est le pendant nŽgatif de la Toison, puisque celle- ci valait bien comme monnaie d"Žchange et Žtait le but premier de la qute, tandis que celle-lˆ, qui n"Žtait pas prŽvue au dŽpart, n"a apportŽ que des ennuis, du moins loppant la description de la protagoniste: MŽdŽe est d"abord comparŽe aux ŽlŽments naturels, flamme et vent, qui, bien que dŽcha"nŽs, sont toujours moins puissants que

la force d"une ǎpouse rŽpudiŽe bržlant du feu de la haineÈ (coniunx uiduata taedis /

(la mŽtaphore commence par cruenta maenaset se poursuitau-delˆ du v. 849), puis est comparŽe ˆ une tigresse ˆ la course furieuse (vv. 863-864), aux sentiments violents qui se transforme en terreur devant la force dŽcha"nŽe de MŽdŽe, semblable ˆ leurs yeux ˆ une femme-animal; ils sont saisis de peur devant ses mouvements incontr™lŽs et furieux, et mme d"horreur (vv. 395-396) 17 chose: voir MŽdŽe partir (vv. 870-873).

song: The chorus in Seneca"s tragedies, Hildesheim, Zurich, New York 1993; G. MAZZOLI, Tipologia e strutture

dei corisenecani, in L. C ASTAGNA(a cura di), Nove studi sui cori tragici di Seneca, cit., pp. 3-16. 14 Voir sur ce chant A. PERUTELLI, Il primo coro della Medea di Seneca, in MD 3 (1989), pp. 99-117. 15

Les traductions sont personnelles.

16

Cfr. sur ce chant G. BIONDI, Il nefas argonautico: mythos e logos nella Medea di Seneca, Bologna 1984.

17 description de l"hŽroïne ˆ l"esthŽtique de ce genre dit mineur: E. H

ALL-R. WYLES(eds), New directions in

ancient pantomime, Oxford 2008; A. Z ANOBI, Seneca"s Tragedies and the Aesthetics of Pantomime, London, New

York 2014.

Pascale Paré-Rey MŽdŽe doit ses talents de magicienne ˆ son origine thessalienne (la Thessalie est 18 . Cette figure de la magicienne est dŽfinie en paroles et en actes dans la tragŽdie. Nous ne parleronscependant pas de la mention de ses talents par d"autres personnages, notamment par la nourrice, mais nous sode qui est remarquable, car unique. dier le palais et tuer CrŽüse, gr‰ce aux cadeaux empoisonnŽs que ses enfants vont lui porter en offrande. Ce r™le nous est donnŽ ˆ voir dans un premier temps ˆ travers les yeux et les mots de la nourrice, qui dŽcrit, in absentia, ses incantations (vv. 670-

739) et en cite mme un passage dans un discours direct rapportŽ. Il s"agit bien

d"incantations, c"est-ˆ-dire de chants au pouvoir spŽcifique 19 , qui font partie, ˆ c™tŽ ŽvŽnements. La tirade s"organise ainsi: la nourrice commence par quelques vers d"in- troduction, qui dŽcrivent MŽdŽe comme en proie au furorpuis elle Žvoque plus prŽcisŽment les prŽparatifs, dans une description prŽcise des incantations malŽfiques de MŽdŽe qui fait para"tre divers serpents (vv. 684-704, soit 25 vers) 20 . Le premier le discours direct de MŽdŽe qui intervient ensuite (vv. 690b-704), au cours duquel elle invoque les reprŽsentants les plus fameux de ces serpents, Python, l"Hydre de Lerne, le dragon gardien de la Toison. Le discours direct de MŽdŽe s"arrte lˆ et la nourrice reprend la liste des flŽaux que MŽdŽe appelle ˆ elle: plantes funestes, mŽlange de diverses substances, pour en faire des poisons. On peroit la ma"trise technique des gestes de la magicienne ˆ travers les verbes d"action utilisŽs et ˆ travers l"expression scelerum artifex, Çma"tresse de crimesÈ (v. 734), qui la qualifie. Dans un second temps (ˆ partir du v. 740), MŽdŽe appara"t en train de se livrer 18

Pour une Žtude de cette facette de MŽdŽe, voir notamment les contributions d"A. MOREAU, Médée,

la magicienne au promètheion, un monde de l"entre-deux (Apollonios de Rhodes, Argonautiques, III, 828-870); R.

B

UXTON,Les yeux de Médée: le regard et la magie dans les Argonautiques d"Apollonios de Rhodes; L. BALDINI

MOSCADI, Les métamorphoses de la magicienne: la Médée de Valerius Flaccus; V.GAGGADIS-ROBIN, Koure Aie-

teôpolypharmakos: les images de Médée magicienne; M. M CDONALD, La représentation de Médée la magicienne à l"opéra, in A. M OREAU- J.-C. TURPIN(Žds.),La magie. Actes du colloque international de Montpellier 25-27 mars

1999. Tome II, La magie dans l"antiquité grecque tardive, Les mythes, Montpellier 2000, pp. 245-264; pp. 265-

275; pp. 289-320; pp. 321-333.

19

Voir les termes magicis cantibus v. 684, ad cantus meos v. 699, cantibus meis v.704, uerba metuenda v.737-

738;trahit v.686, quaerit v. 687, euocauit v. 705.

20

C"est une ekphrasisde choses: animaux et plantes. Ces descriptions dŽtaillŽes, leur typologie et

leurs fonctions ont ŽtŽ ŽtudiŽes par J.-P. A YGON, Pictor in fabula. L"ecphrasis-descriptio dans les tragédies de Sé- nèque, Bruxelles 2004. Les innovations de Sénèque dans sa Médée mence par des invocations, puis rappelle ses actes de magie vv. 752-770, elle se livre ensuite au sacrifice prŽsent et prŽpare les cadeaux empoisonnŽs vv. 771-844; enfin elle fait appeler ses enfants pour qu"ils portent ces objets ˆ leur destinatairevv. 845-

848. Il s"agit d"un long rituel magique ˆ propos duquel on peut souligner divers

points: - MŽdŽe reprend des ingrŽdients dŽcrits par la nourrice (serpents) mais en ajoute aussi d"autres: membres de TyphŽe, sang de Nessus, cendre d"Hercule, brandon d"Al- phŽe, plumes des Harpyes, ailes de l"oiseau du Stymphale (vv. 773-784). Les deux parties de la peinture de MŽdŽe magicienne ne se recoupent donc que partiellement

et MŽdŽe renchŽrit sur la tirade de la nourrice pour la frayeur et le plaisir du spectateur.

- Les termes mmes de la nourrice sont repris 21
, ce qui montre le pouvoir de ces incantations. Ce rituel, durant lequel on voit une transformation de MŽdŽe, a une valeur performative: elle se livre aux Žvocations puis est en proie ˆ des visions, ˆ partir du v. 787; elle se livre au sacrifice en mme temps qu"elle le dit (v. 797-798 tibi... sacrum solemne damus): elle annonce que son sang va couler (v. 807) et dit qu"il a coulŽ (v.810b-811a Sacrum laticem / percussa dediÇje me suis frappŽe, j"ai donnŽ cette liqueur en offrande pour le sacrificeÈ); elle invoque HŽcate (v.833) et, aux aboiements de la dŽesse, se voit exaucŽe (vv.841-842). qu"ils portent ces pretiosa dona, ces Çcadeaux prŽcieuxÈ pour leur pouvoir de mort, tout ˆ fait dans la tradition antique des cadeaux piŽgŽs. Le malŽfice s"accomplira pen- dioses et le compte-rendu des plus brefs fait par le messager, vv. 879-880. Euripide ne dŽveloppe pas cette facette du personnage. S"il est des pouvoirs que le meurtre des enfants. fants) et d"Žpouse (offensŽe et jalouse), tirade que l"on retrouve chez Euripide 22
, elle recouvre sa dŽtermination (v. 965) et, en proie ˆ des visions, devient l"instrument de son arme (elle dit plus exactement que c"est sa main qui le fait: strinxit ensem, v. 970a) 21

Noter: meis sacris v. 750, euocaui v. 754, flexi v. 759, uota tenentur v.840 et peracta uis est omnis v.843.

22
Cfr. C. GILLpour la comparaison de ces deux passages: Two monologues of self-division: Euripides,

Medea 1021-80 and Seneca, Medea 893-977, in M. W

HITBY-P. HARDIE-M. WHITBY(eds.), Homo Viator,

Classical Essays for John Bramble, Bristol 1987, pp. 25-37. Pascale Paré-Rey fait, qu"elle tient un enfant mort, dŽsignŽ parce dŽmonstratifista. Le second meurtrequotesdbs_dbs47.pdfusesText_47
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