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Toute l'année nos journalistes racontent comment les étudiants et jeunes diplômés se forment



Séquence 4

C. L'utilisation comique du quiproquo. Texte 3 : Le Malade imaginaire I



Ce document est le fruit dun long travail approuvé par le jury de

3. Les cinegiornali de l'institut Luce dans l'Italie de Mussolini . conséquences à savoir la fin de toute mission historique pour leur «.



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þÿpage de ga

3. Résultats et commentaires détaillés des épreuves écrites . faire du grec finissent avec 725 de moyenne contre 9



SOMMAIRE

24 avr. 1986 Deux jeunes gens Virginie et Thomas



Untitled

1 déc. 2017 peut surtout en les imitant



Mémoire de fin détudes Présenté pour lobtention du MASTER

Ainsi les personnages féminins du Roman de Tristan et d'Erec et Enide se marient très jeunes



BIBLIOGRAPHIE DE LA LITTÉRATURE FRANÇAISE

–. Bibliographie index. 16-3. * Grenier Nicolas. – Du sport à la plume : anthologie de la littérature sportive / préface de Nelson Monfort.



Recherches sur Diderot et sur lEncyclopédie 43

29 oct. 2008 3. Pour ce faire le chemin le plus court est peut-être de partir de ce qu'en ... mère du jeune homme restée veuve

Studi Francesi

Rivista quadrimestrale fondata da Franco Simone

183 (LXI | III) | 2017

Varia

Anno LXI - fasc. III - settembre-dicembre 2017

Édition

électronique

URL : http://journals.openedition.org/studifrancesi/10105

DOI : 10.4000/studifrancesi.10105

ISSN : 2421-5856

Éditeur

Rosenberg & Sellier

Édition

imprimée

Date de publication : 1 décembre 2017

ISSN : 0039-2944

Référence

électronique

Studi Francesi

, 183 (LXI | III)

2017 [En ligne], mis en ligne le 01 février 2018, consulté le 21 janvier

2021. URL

: http://journals.openedition.org/studifrancesi/10105 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ studifrancesi.10105 Studi Francesi è distribuita con Licenza Creative Commons Attribuzione - Non commerciale - Non opere derivate 4.0 Internazionale.

SOMMARIO

Anno LXI

fasc. III settembre-dicembre 2017 Frank Lestringant, Roger Zuber (16 mai 1931 - 17 juin 2017), p. 427.

ARTICOLI

Maria CoLoMbo tiMeLLi, Le "Livre de Caradoc" dans le "Perceval" en prose de 1530: une "

école

des femmes»? , p.

429.Larry W. riggs, Paradoxes of Autonomy and Exceptionalism in Molière et Madame

de Lafayette , p. 441.

Christian reidenbaCh, Galathée pulvérisée: expérience de l'altérité et se�nsibilité

dans "Le Rêve de d'Alembert" de Diderot , p. 453.
Frank Lestringant, Le complot des ultras dans "Le Rouge et le Noir" de Stendhal p.

466.Corentin Lahouste, "Du piètre rendu précieux»: le sexuel à l'aune d'une poétique de

l'antagonique dans "Fou de Vincent" d'Hervé Guibert , p. 475.

TESTI INEDITI E DOCUMENTI RARI

MiCheL brix, La deuxième édition des "Rhapsodies" de Pétrus Borel, p. 487.

DISCUSSIONI E COMUNICAZIONI

norMand doiron, Consoler la cour, p. 490. irving Massey, Le personnage du Juif dans l'oeuvre d'Erckmann-Chatrian.

Méditations sur l'iconoclasme

, p. 497.
siMonetta vaLenti, La conception de la guerre dans "Corona benignitatis anni Dei", p. 510.

RASSEGNA BIBLIOGRAFICA

Medioevo

a cura di G.M. Roccati, p. 521; Quattrocento, a cura di M. Colombo

Timelli e P.

Cifarelli, p. 528; Cinquecento, a cura di S. Lardon e M. Mastroian- ni, p.

535; Seicento, a cura di M. Pavesio e L. Rescia, p. 544; Settecento, a cura di

F.

Piva e V. Fortunati, p.

549; Ottocento: a) dal 1800 al 1850, a cura di L. Sabourin e

V.

Ponzetto, p.

553; Ottocento: b) dal 1850 al 1900, a cura di I. Merello e M.E. Raffi,

p.

572; Novecento e xxi secolo, a cura di S. Genetti e F. Scotto, p. 580; Letterature

francofone extraeuropee , a cura di E. Pessini, p.

590; Opere generali e comparatistica,

a cura di G.

Bosco, p.

599.

Finito di stampare nel mese di dicembre 2017

isbn: 978-88-7885-586-1

Roger Zuber

(16 mai 1931 - 17 juin 2017) D'une famille originaire de Haute-Alsace, de Mulhouse l'industrieu�se plus préci

sément, le Professeur Roger Zuber parcourut toutes les étapes d'�une brillante carrière

universitaire. Normalien, il fut d'abord assistant à la faculté� des lettres de Strasbourg,

assistant puis maître-assistant au collège littéraire universitaire de Reims, Professeur

à l'université Mc Gill à Montréal, Professeur de litté�rature française à l'Université

de Paris X-Nanterre, et enfin à Paris IV-Sorbonne, où s'acheva, de 1988 à 1997, sa carrière professionnelle.

Son grand livre,

Les Belles infidèles et la formation du goût classique: Perrot d'Ablancourt et Guez de Balzac , essai issu de sa thèse préparée sous la direction de René Pintard, n'est nullement une profession de libertinage, comme le titre pourrait le laisser penser, mais un livre pionnier publié chez Armand Colin en 1968. Centré � sur la figure de Nicolas Perrot d'Ablancourt, écrivain protestan�t au service du roi de France et de Richelieu, qui fut l'un des premiers membres de l'Aca�démie française,

à l'époque où tout paraissait pardonné aux réformés� rangés protestants rangés sous

la monarchie, il inventorie l'oeuvre abondante d'un traducteur o�u plutôt adaptateur, tour à tour de Tacite, Arrien, Xénophon, César, Lucien et pour finir Thucydide. Sa traduction de Lucien, commente Roger Zuber, n'empêchait pas Perrot d'Ablancourt de s'en prendre aux "lucianistes» sournois, aux défenseurs h�ypocrites du mauvais

maître, ceux-là même qui gravitaient autour de Condé, qui pa�rtageaient ses vices et

son impiété. Comment faire passer en français classique une diversité d'aute�urs grecs et latins,

jugés tantôt trop lourds et redondants, tantôt trop libres et o�sés, sans les remanier, les

travestir et d'une certaine manière les trahir? Paradoxe que ces t�raductions-trahisons,

moins infidèles qu'il n'y paraît et moins déplacées �qu'il peut sembler aujourd'hui.

Contemporain de Jean-Louis Guez de Balzac, Perrot d'Ablancourt dialog�ue avec le fon

dateur du classicisme en France, d'accord avec lui sur l'essentiel�, le bon goût à instaurer,

le tri à opérer chez les maîtres respectés, et l'esprit é�légant à établir en toute chose.

Concluant en 1995 la réédition de cet essai magistral, Emmanuel Bury rappelle le rôle déterminant de la traduction dans la naissance du classici�sme: "Comme la copie dans les arts plastiques, la traduction est un vecteur essentiel d�e la diffusion des savoirs et des formes: Roger Zuber prouve que l'étude des "bell�es infidèles" est une

étape indispensable dans toute enquête visant à éclairer une� véritable histoire litté

raire du classicisme français et, au-delà, à comprendre le sens� que prend l'invention d'une nouvelle littérature dans une tradition pluriséculaire»� 1

Cet ouvrage fut ensuite prolongé dans

Les Émerveillements de la raison. Théorie

et critique à l'âge classique , recueil d'études savantes publié une trentaine d'années plus tard chez Klincksieck, et qui résume une carrière de chercheu�r, tout en l'élar-

(1) r. Zuber, Les "Belles infidèles" et la formation du goût classique, Paris, Albin Michel, 1995, p. 504.

428 Frank Lestringant

gissant vers les littératures minoritaires, en particulier la litté�rature des prétendus

réformés, comme on disait à l'époque 2 . Sous la plume de "Zuber le bref», comme le dit plaisamment le surnom qu'il revendiquait, Lucien toujours revient�, mais le cercle

littéraire s'élargit désormais à Racine et Boileau, notam�ment dans l'article "La Tragé

die sublime: Boileau adopte Racine». En quoi le classicisme est-il donc libre? demande Roger Zuber. Libéré des

contraintes que l'on a dit, bien à tort, procéder de lui, il ne� renonce ni à séduire ni à

émerveiller.

Cette attitude d'émerveillement, explique-t-il, "était dé�jà celle de beau coup de Romains par rapport aux Grecs, de beaucoup de poètes alexandr�ins par rap port aux poètes archaïques, d'un sophiste comme Lucien par rapp�ort aux tragiques et aux comiques d'Athènes. On peut parodier ses maîtres, on peut les plaisanter, on peut surtout, en les imitant, le faire avec le sourire» 3 Roger Zuber me souhaitait à la Sorbonne, dont l'helléniste Jacq�ues Bompaire, un autre protestant, était le Président. Je me souviens du jour où� il voulut m'entre tenir dans son bureau, ou plutôt dans l'étroit bureau qu'il �partageait avec d'autres

collègues. Nous montâmes deux étages, puis encore un. Il poussa� la porte, et aussitôt

nous fûmes en présence d'un groupe nombreux, serré, travaill�ant, rangé autour du Professeur Robert Garapon qui présidait. Il s'agissait sans doute �d'une séance de délibération à la suite des examens de juin. La porte fut promp�tement et doucement refermée. Notre rendez-vous prit fin de ce fait même. Nous redes�cendîmes en silence les escaliers, et dans la rue prîmes congé l'un de l'autre. �Peu de temps après, Roger Zuber prit sa retraite, et j'entrai à mon tour à la Sorbonne. La retraite de Roger Zuber fut tout autre chose qu'une sinécure. C'est à cette occa

sion qu'il présida de 1990 à 1996 la Société d'histoir�e du protestantisme français, d'une

main ferme mais toujours bienveillante. Dans ce cadre, il avait organisé� avec d'autres le grand colloque de 1985 qui commémorait la Révocation de l'éd�it de Nantes, colloque qui fit date dans les études sur le protestantisme en France sous l�e Roi-Soleil. Roger Zuber s'est à présent retiré. Laissons-le conclure à� propos de Pierre Bayle, l'encyclopédiste protestant: ""La profession du protestantis�me, dit le

Dictionnaire

de Bayle à propos de l'hébraïsant Drusius, est ruineuse selon le monde. Elle ne [...] donne rien, et [...] prive de cent avantages qu'on se procurerait en la quittant". Constat banal, et pour l'époque, et quant à la condition d'un lettré sans emploi. Pierre Bayle, qui était chatouilleux sur les questions d'honneur, ne pouvait pas trahir.

À la fierté du minoritaire s'adjoint l'orgueil de l'é�lection. Nous dirions finalement que

Bayle protestant est un homme fidèle à lui-même. La sensibili�té d'un réformé français

lui est restée consubstantielle, à travers les aventures de sa pen�sée. Il y a quelque chose de presque ethnique dans cette identité. Et le fait qu'elle �se soit maintenue au Refuge et hors de France, chez un prince de l'esprit, montre bien la �solidité de ce qui la fondait, dans les générations antérieures alors fixées �en France» 4 Le protestantisme de Roger Zuber ne saurait faire oublier son amour sere�in de

la littérature. Son extrême politesse n'était que l'expre�ssion d'une extrême pudeur. Sa

sollicitude attentive était tempérée par la retenue. Sa rése�rve recelait une sympathie

véritable, combattue par le sens des formes et le respect d'autrui�, mais se révélant soudain dans un rire éclatant et clair. F rank Lestringant (2) r. Zuber, Les Émerveillements de la raison, Paris, Klincksieck, 1997.(3) Ibid., p. 303.(4) r

. Zuber, "Bayle protestant», in Les Éclaircissements de Pierre Bayle. Édition des Éclaircissements du Dictionnaire historique et critique et études critiques recueillies par Hubert Bost et Anthony Mc Kenna, �Paris, Honoré Champion, 2010, pp. 235-240; cité p. 240.

F rank Lestringant

ARTICOLI

Le "Livre de Caradoc" dans le "Perceval" en prose

de 1530: une "école des femmes»?

Abstract

This article deals with a long fragment of

Perceval le Galloys

(Paris, 1530)

Caradoc's epi

sode corresponding to ca 6000 lines in the anonymous First Continuation (long version, ca

1220). The didactic purpose of the 16

th -Century author is particularly evident in this passage, where he explicitely contrasts Guinier, Caradoc's amie , with Ysave, his mother. Furthermore, the writer's textual manipulations - both added phrases and deleted lines - make his misogyny clear. His interpretation turns the original episode into a mirror for women,� an "école des femmes".

En France, la justification de l'écriture est inhérente à �la création littéraire, ro

manesque en l'occurrence, depuis les origines: on n'a qu'à r�elire les prologues de

Chrétien de Troyes pour repérer sans aucune difficulté l'expression ferme �du désir,

du devoir même, qui revient à l'auteur, de partager ses connaissances avec son public, dans le double but de delectare et de docere ("bien dire» et "bien aprandre», selon les mots sans doute les plus célèbres d' Erec et Enide), de ne pas taire ce qui pourrait être

profitable à tous, en récupérant et en diffusant les faits et� gestes exemplaires du passé,

tirés d'une source ancienne, garantie de vérité et de sagess�e. Cette exigence se fait encore plus explicite vers la fin du Moyen Âge, lorsque les prologues des romans en prose, 'originaux' ou remaniements d'oeuvres plus anciennes, �multiplient les affirma

tions de l'utilité morale, et donc de la valeur pédagogique, de�s récits qu'ils ouvrent.

C'est le prix que les auteurs des

xv e -xvi e siècles, anonymes pour la plupart, paient pour que soit justifiée leur application à un genre littéraire futile sinon ouvertement condamnable; et parallèlement, c'est la seule excuse possible pour� les lecteurs qui consacrent une partie de leur temps à des contenus fictifs, dangere�usement menson gers s'ils n'étaient pas exemplaires. Plus que jamais, on éc�rit pour enseigner, on lit pour apprendre 1 Pour le corpus des réécritures en prose des romans de Chrétien,� il suffira de citer les deux prologues d' Erec et de

Cligés

; indépendamment de son modèle, le prosateur de l'

Histoire d'Erec

affirme d'entrée de jeu: "Au continuel exercice du racomptem�ent dez histoires contenans les fais des nobles anchians l'en puelt asséz proffiter par divers moyens» (éd. Colombo Timelli, Genève, Droz, 2000, p.

101); reprenant un autre

topos, l'auteur du

Livre... de Cligés

affirme s'adonner à son travail "pour eschiever

* Une version de cet article dépourvue de toutes les notes en pied de page a paru dans "Bien dire et bien aprandre», 30, 2014, pp. 165-178.(1) Cf. les réflexions lucides de N.

CaZauran, Les romans de chevalerie en France: entre 'exemple' et 'récréation', in Le roman de chevalerie au temps de la Renaissance, Paris, Touzot, 1987, pp. 29-48, en parti-culier pp. 34-39. Pour une fine analyse des 'préoccupations' des imprimeurs, voir J.H.M.

tayLor, 'Minds of the Vulgar sort': The Arthur of the Renaissance and the Anxiety of Reception, in Actes du 22

e

Congrès de la Société Internationale Arthurienne, Rennes 2008, http://www.sites.univ-rennes2.fr/celam/ias/actes/pdf/taylor.pdf.

M aria CoLoMbo tiMeLLi

430 Maria Colombo Timelli

wiseuse» (éd. Colombo Timelli, Genève, Droz, 2004, p.

65). Dans un cas comme

dans l'autre, il s'agit de fournir une excusatio préliminaire, qui repose essentiellement sur l'utilité morale de l'oeuvre 'publiée'.

Passé le tournant du

xvi e siècle, une dernière adaptation en prose de Chrétien voit le jour, cette fois sous la forme imprimée. Le prologue de la

Tresplaisante et

recreative hystoire [de] Perceval le Galloys (Paris, 1530) 2 , qui ne reprend qu'en partie celui du

Conte du Graal

, s'articule sur trois points: - la reprise du célèbre proverbe d'origine évangélique qui ouvre le roman en vers, "Ki petit semme petit quelt», longuement glosé: Il est naturellement impossible à celuy qui en sa terre n'espand ou seme la semence à

suffisance qu'il y puisse recueillir le grain en habondance; par qu�oy est le proverbe veritable

disant 'qui petit seme petit recueille'. Doncques celluy qui desir�e recepvoir d'aucune terre le

grain à plenitude regarde à mettre sa semence en terre utile et fertile et, si ainsi le faict, la terre

luy rapportera à cent au double. Car en terre seiche, aride et infert�ile, ne peult le grain profiter,

mais y seicher et se deperdre. Pareillement la bonne parolle dicte et al�leguee devant ceulx qui

ne la veullent retenir ne humblement en leurs cueurs garder pour doctrin�e ne peult aussi porter

profit. (f. a1r a-b 3 - une sorte d'introduction littéraire, qui - tout en intégrant la célébration de Philippe de Flandre, premier dédicataire du roman - fournit bien d'autres informa- tions au lecteur du xvi e siècle, concernant d'une part le

Conte du Graal

justement, d'autre part la

Continuation

de Manessier et son inspiratrice, Jeanne de Flandre: Ce considerant, feu treshault et magnanime prince Philippes Conte de Fla�ndres, fort cha ritable et couvoiteux de veoir, lire et ouyr les faictz et proesses des preux et hardis chevaliers,

aymant leurs vertus et honorables enseignemens, ne voulut laisser perdre� et perir la memoire de

ceulx desquelz il avoit ouy ou entendu par escript l'honorable, vertu�euse et bienfamee vie. Luy

doncques meu de telle affection, quelque jour se rememorant des merveilleuses entreprinses et nobles faictz des chevalliers de la Table Ronde, print ung desir en son couraige de faire venir

à lumiere la vie et faictz chevallereux du tres preux, craint et hard�i chevallier Perceval le Gal

lois. Car, comme ay dict, ledict Philippes conte de Flandres estoit tant rempli d�e charité que

rien ne voioit où elle deust estre gardee qu'il ne se meist en son� debvoir de faire les choses à

elle appartenantes, en suyvant la doctrine de sainct Paul qui dict que D�ieu est charité, et qui

conques vit en charité Dieu vit en luy, car de toutes les vertus icelle est la principalle. Voyant

doncques ledict conte Philippes ceste vertu estre tant aggreable à Di�eu, pour icelle ensuyvir

commanda à aucun docte orateur de rediger et mectre par escript les faictz et vie dudict noble

et preux chevallier Perceval le Gallois, suyvant la chronique d'icelu�y prince et traictié du sainct

Greal; mais parce que le chroniqueur dudict Phelippes et luy trespassere�nt de ce siecle avant

l'achevement et accomplissement du livre, et que leur intention vint �à effect, long temps aprés

passé que treshaulte et excellente princesse madame Jehanne contesse de Flandres eust veu le commencement de la chronique, sachant l'intencion du conte Philippes �son aieul, elle meue de

pareille charité commanda à ung sien familier orateur nommé Men�nessier traduire et achever

icelle chronique en la forme qu'elle estoit encommencee, ce que diligentement feist et acheva suyvant le commandement et intention de sa dame et maitresse (f. a1r b -v b 4

(2) Le titre est trompeur: de fait, cette longue compilation en prose �comprend la réécriture du roman de Chrétien, précédé des deux pseudo-prologues Bliocadran et Elucidation, et celle des trois Continuations, la Première selon la version longue, la Deuxième et celle de Manessie�r.(3) Toutes mes citations sont tirées de l'exemplaire conservé à l�a Réserve de la BnF, Rés-Y2-74 (numérisé dans Gallica); l'édition de l'ensemble est en cours par mes so�ins.(4) L'effacement du nom de Chrétien et la conviction que l'ensemble soit l'oeuvre de deux seuls au-teurs - le "chroniqueur» de Philippe et Manessier - ne doivent pas surprendre. Je me permets de renvoyer à deux articles où j'ai commenté ces passages du prologue: La "Tresplaisante et recreative hystoire du tres-

Le "Livre de Caradoc" dans le "Perceval" en prose de 1530: une "é�cole des femmes»? 431 - la justification linguistique de l'adaptation en prose: Et parce que le langaige dudict Mennessier ne de son predecesseur n'e�st en usaige en

nostre vulgaire françoys, mais fort non acoustumé et estrange, je,� pour satiffaire aux desirs,

plaisirs et voulontez des princes, seigneurs et aultres, suyvans la mate�rnelle langue de France,

ay bien voulu m'employer à traduire et mectre de rithme en prose f�amiliere les faictz et vie

dudict vertueux chevallier Perceval, en ensuyvant au plus prés selon ma possibilité et pouair le

sens de mes predecesseurs translateurs, comme ay trouvé par leur escr�ipt (f. a1v b 5 La prière finale, adressée au public, récupère par une sorte de pirouette linguis

tique la métaphore initiale, en invitant les "auditeurs et lecteur�s qui ce traictié liront

et orront» à "retenir et reserver le grain et mectre au vent la� paille» (f. a1r b 6 Quelque peu noyés dans la prose, on retiendra les renvois à la mor�ale dont l'his toire annoncée est porteuse (les "vertus et honorables enseigneme�ns» des anciens

chevaliers), qui se double de la volonté des premiers dédicataire�s, déterminée par leur

"charité», de préserver par écrit l'"honorable, ver�tueuse et bienfamee vie» des nobles

du passé afin que l'enseignement que l'on peut tirer de ces m�odèles ne soit pas perdu.

Le prosateur du

xvi e siècle se charge alors d'une tâche supplémentaire: "trad�uire» dans une langue moderne et dans une prose accessible un récit dont ses contem porains pourront encore tirer quelque profit. Dernier maillon de la ch�aîne, l'auteur anonyme assume en somme la visée didactique pour justifier l'é�criture et légitimer la lecture d'un roman fleuve, au sein duquel les échos de ce prolog�ue ne manqueront pas, en partie tirés des sources, en partie créés de toutes piè�ces au xvi e siècle 7 Mon but est ici de démasquer cette volonté pédagogique à tra�vers une analyse comparée des deux textes: il s'agira de relever les interventions �du prosateur auto nomes par rapport aux sources en vers, d'en mesurer la portée et, �si possible, la direc tion, afin de mettre en relief la nouvelle interprétation du texte �de la part d'un auteur

éloigné d'environ trois siècles de ses modèles. La portio�n que j'ai retenue pour cet

examen compte quelque 6000 vers, s'agissant de l'épisode consac�ré à Caradoc dans la

Première Continuation

8 Le contenu s'organise en trois volets auxquels s'ajoute un petit épisode sup

plémentaire, relativement indépendant: (1) Caradoc naît de la� liaison d'Ysave, nièce

du roi Arthur, avec l'enchanteur Eliavrés; ayant appris le secret de sa naissan�ce, il fait enfermer sa mère dans une tour; (2) avec ses amis Cador et Ala�rdin, il participe

preulx et vaillant chevallier Perceval le Galloys..." (1530), mise en prose tardive du 'cycle du Graal'

"Le moyen français» 64, 2009, pp. 13-54, en particulier pp. 17-19; et Un recueil arthurien imprimé: la "Tresplai-sante et recreative hystoire de Perceval le Galloys" (1530), in Actes du 22

e

Congrès de la Société Internationale Arthurienne, Rennes 2008, http://www.sites.univ-rennes2.fr/celam/ias/actes/pdf/colombo.pdf.(5) L'emploi du verbe "traduire» dans ce fragment du prologue est to�ut à fait exceptionnel à cette date: cf. M.

CoLoMbo tiMeLLi, "Perceval le Galloys" (1530), première 'traduction' moderne du cycle du Graal, in 'Un paysage choisi'. Mélanges de linguistique française offe�rts à Leo Schena / Studi di linguistica francese in onore di Leandro Schena, Torino-Paris, L'Harmattan Italia, 2007, pp. 119-128, pp. 119-121.(6) Opposition métaphorique bien attestée en moyen français: �cf. DMF, s.v. grain et s.v. paille.(7) Dans un article qui a pour objet la section correspondant au roman� de Chrétien, P.

servet a déjà mis en lumière l'intention didactique du prosateur: D'un Perceval l'autre. La mise en prose du "Conte du Graal" (1530), in L'oeuvre de Chrétien de Troyes dans la littérature française. Réminiscences, résurgences et réécritures, Lyon, C.E.D.I.C., 1997, pp. 197-210, pp. 200-201.(8) Sorte de 'roman dans le roman', l'histoire de Caradoc occ�upe les vv. 6671-12506 de la Première Continuation, version longue; j'utilise l'édition fournie par W.

roaCh et R.H. ivy, The First Continuation: Redaction of Mss E, M, Q, U, Philadelphia, The American Philosophical Society, 1965 (1950), pp. 194-377, notes aux pp. 593-601. Dans l'analyse de

roaCh-ivy, il s'agit de la Section III, divisée en 16 épisodes (voir l'introduction, pp. L i-Liv); dans l'imprimé de 1530, le texte correspondant se lit aux ff. 76v a -101v b (cha -pitres 39-58 selon ma numérotation).

432 Maria Colombo Timelli

au grand tournoi de Carlion 9 ; (3) la vengeance d'Ysave et d'Eliavrés est horrible: un serpent magique s'attache au bras de Caradoc, qui risque la mort et s�e cache dans un ermitage; retrouvé par Cador et par son amie Guinier, Caradoc est enfin libéré du

serpent grâce à l'amour sans faille de la jeune fille; le mar�iage peut alors être célébré.

(4) Seuls Caradoc et Guinier surmontent le test de fidélité du� 'cor magique'.

Dans sa réécriture, le prosateur s'en tient très fidèle�ment à la source en vers;

comme j'ai pu le constater par de nombreux sondages menés dans le �texte tout entier, les cas de divergence sont extrêmement rares, à tel point que, d'une part, dans le cas de variantes conservées il est souvent possible de reconnaître le �manuscrit dont la

prose se rapproche le plus, d'autre part, là où la prose s'a�vère apparemment indépen

dante de la source, il est légitime de se demander si celle-ci ne dé�pendrait pas d'un modèle perdu 10 Ceci dit, il est hors de doute que, dans la section qui nous retient ici comme dans la totalité de la mise en prose, l'auteur conserve les interv�entions du narrateur qui se lisent dans les vers 11 ; il s'agit de procédés stylistiques bien connus: allusions à� la source, hystoire ou compte; interventions à la 1

ère

personne / apostrophes aux lecteurs: sachéz croyéz que... , et vous promects / vous dis bien que...; questions rhétoriques: que vouléz vous que je vous die? que vous diray je? ; prétéritions: que je ne sçauroye deviser reciterquotesdbs_dbs47.pdfusesText_47
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