[PDF] [PDF] Le spleen de Paris ou Les cinquante petits poèmes en prose de

BienfaitsdelaLune(Les)

BonsChiens(Les,)

ChacunlaSienne

Chambredouble(La)

Cheyalderace(Un).

ChienetleFlacon(Le)

ConfiteordeFArtiste

Corde(La)

CrépusculeduSoir(Le)

Déjà!.

DésespoirdelaVieille

Désirdepeindre'Le/

Diable(Lei

DonsdesFées(Les).

Enivrez-vous.

Etranger(V).

FausseMonnaie(La)

FemmesauvageetlaPetite-Mai-

tresse(La) 164
22
80
130
169
12 7 16 3 105
70
12} 2 128
98
58
122
1 95
25

Fenêtres(Les).....126

FouetlaVénus(Le).14

Foules(Les)....29

GalantTireur(Le)....14J

Gâteau(Le).....42

HémisphèredansuneChevelure..48

Horloge(V)...46

InvitationauVoyage....50

JoujouduPauvre(Le)...55

Laquelleestlavraie?..132

MademoiselleBistouri...154

MauvaisVitrier(Le)...iy

Miroir(Le)...136

Morthéroïque(Une).8y

Perted'Auréole....75.2

Plaisant(Un).....5

Port(Le).....137

PortraitsdeMaîtresses...138

Projets(Les)....yy

Solitude(La)..y

4

SoupeetlesNuages(La)..149

Tentations,ouEros(Les),Plutusetla

Gloire......ôj

Thyrse(Le)....119

TiretleCimetière(Le).150

Veuves(Les)....31

VieuxSaltimbanque(Le)37

VilledeParis(

Vocations(Les)112

YeuxdesPauvres(Les)84

ARSÈNEHOUSSAYE.

Moncherami,jevousenxoieun

petitouvragedontonnepour- raitpasdire,sansinjustice,quil naniqueuenitête,puisquetout, |aucontraire,yestàlafoistête

àvous,àmoietaulecteur.Nouspouvons

lemanuscrit,lelecteursalecture;carjene che^-laennombreuxfragments,etvousverre^ vivantspourvousplaireetvousamuser,fose vousdédierleserpenttoutentier. lefameuxGasparddelaNuit,d'tAloysius

Bertrand(unlivreconnudevous,demoiet

dequelques-unsdenosamis,n'a-t-ilpastous derne,ouplutôtd'uneviemoderneetplus toresque.

Quelestceluidenousquin'apas,dansses

Fous-même,moncherami,n'ave^-vouspas

hautesbruinesdelarue?

Maisypourdirelevrai,jecrainsquema

quelquechose(sicelapeus'appelerquelque donttoutautrequemois'enorgueilliraitsans mentunespritquiregardecommeleplusgrand projetédefaire.

Votrebienaffectionné,

C.B. 'ÉTRANGER.Quiaimes-tu lemieux,hommeènigmatique, dis?tonpère,tamère,tdsoeurou tonfrère?<->Jen'ainiparents, nisoeur,nifrère.EDÉSESPOIRDELAVIEILLE.Lapetitevieille

rdtdtinèesesentittonteréjouieen voydntcejolienfdntàquichdcun faisaitfête,àquitoutlemonde voulaitplaire;cejoliêtre,sifrd- aussi,sdnsdentsetsdnscheveux.

Etelles'approchadelui,voulantluifdire

desrisettesetdesminesdgrédbles. plissaitlamaisondesesglapissements.

Alorslabonnevieilleseretiradanssasoli-

sedisant:"^Ah!pournous,malheureuses auxinnocents;etnousfaisonshorreuraux petitsenfantsquenousvoulonsaimer!"

ECONFITEORDE

L'.AR,TISTE.Quelesfins

dejournéesd'automnesontpéné- trantes!Ah!pénétrantesjusqu'à ladouleur!carilestdecertaines sensationsdélicieusesdontlevague plusacéréequecelledel'Infini.

Granddélicequeceluidenoyersonregard

dansl'immensitéducieletdelamer!Soli- houle,toutesceschosespensentparmoi,ouje penseparelles(car,danslagrandeurdela malaiseetunesouffrancepositive.Mesnerfs troptendusnedonnentplusquedesvibrations criardesetdouloureuses.

Etmaintenantlaprofondeurducielme

y

NPLAISANT.Citaitl'ex-

plosiondunouveldn:chaosde boueetdeneige,traversédemille carrosses,étincelantdejoujouxet debonbons,grouillantdecupi- ditésetdedésespoirs,délireoffi- cield'unegrandevillefaitpourtroublerle cerveaudusolitaireleplusfort.

Aumilieudecetohu-bohuetdecevacarme,

arméd'unfouet. etluidit,enôtantsonchapeau:"Jevousla souhaitebonneetheureuse!"puisseretourna versjenesaisquelscamaradesavecunairde approbationàsoncontentement.

L'ânenevitpascebeauplaisantetcontinua

Pourmoi,jefusprissubitementd'uneincom-

quimeparutconcentrerenluitoutl'espritde laFrance.

ACHAMBREDOUBLE.

Unechambrequiressembleàune

rêverie,unechambrevéritablement spirituelle,oùFatmosphèresta- gnanteestlégèrementteintéede roseetdebleu.

Lesmeublesontdesformesallongées,pros-

parlentunelanguemuette,commelesfleurs, commelesciels,commelessoleilscouchants. cieuseobscuritédeFharmonie.

Unesenteurinfinitésimaleduchoixleplus

7 deserrechdude.

Lamousselinepleutabondammentdevantles

Qu'importe?lavoilà!jelareconnais!

Voilàbiencesyeuxdontlaflammetraverse

del'imprudentquilescontemple.Jelesaisou- parfums?Obéatitude!cequenousnommons laplusheureuse,n'ariendecommunaveccette quejesavoureminuteparminute,secondepar seconde!

Non!ilnestplusdeminutes,ilnestplusde

Maisuncoupterrible,lourd,aretentiàla,

sembléquejerecevaisuncoupdepiochedans l'estomac.

Etpuis,unSpectreestentré.C'estunhuis-

sierquivientmetortureraunomdelaloi;une nalquiréclamelasuitedumanuscrit.

Lachambreparadisiaque,l'idole,lasouve-

brutalfrappéparleSpectre.

Horreur!jemesouviens!jemesouviens!

bienlemien.Voicilesmeublessots,poudreux,

Etceparfumd'unautremonde,dontje

ladésolation. unseulobjetconnumesourit:lafoiedelauda- num,uneVieilleetterribleamie;commetoutes traîtrises.

Oh!oui!leTempsareparu;leTemps

règneensouverainmaintenant;et,avecle dePeurs,d'Angoisses,deCauchemars,de

ColèresetdeNévroses.

Jevousassurequelessecondesmaintenant

chacune,enjaillissantdelapendule,dit: Vie!"

Iln'yaqu'uneSecondedanslaviehumaine

10 quiaitmissiond'annoncerunebonnenouvelle, labonnenouvellequicauseàchacunune inexplicablepeur.

Oui,leTempsrègne;ilareprissabrutale

dictature.Etilmepoussecommesifêtaisun boeuf,avecsondoubleaiguillon.""oEthue donc!bourrique!Suedonc,esclave!Visdonc, damné! ii h

HACUNLASIENNE.

Sousungrandcielgris,dansune

grandeplainepoudreuse,sansche- mins,sansga^on,sansunchardon, sansuneortie,jerencontraiplusieurs hommesquimarchaientcourbés.

Chacund'euxportaitsursondosune

farineoudecharbon,oulefournimentd'un fantassinromain. surmontaitlefrontdel'homme,commeunde

Jequestionnail'undeceshommes,etjelui

demarcher. 12

Chosecurieuseànoter:aucundecesvoya-

curiositéduregardhumain.

Et,pendantquelquesinstants,jem'obstinai

j'enfuspluslourdementaccabléqu'ilsne

Chimères.

ll

EFOUETLAVENUS.

Quelleddmirdhlejournée!Levaste

parcsepâmesousl'oeilbrûlantdu soleil,commela.jeunessesousla dominationdel'Amour.L'extase universelledeschosesnes'exprime paraucunbruit;leseauxelles-mêmessont humaines,c'esticiuneorgiesilencieuse. M

Etsesyeuxdisent:^>Jesuisledernieret

faitdesanimaux.Cependantjesuisfait,moi aussi,pourcomprendreetsentirl'immortelle etdemondélire!

Maisl'implacableVénusregardeauloinje

nesaisquoiavecsesyeuxdemarbre. !S si

ECHIENETLEFLACON.

"oMonbeauchien,monbon chien,monchertoutou,approche^ etvene%_respirerunexcellent parfumachetéche^lemeilleur parfumeurdelaMille.

Etlechien,enfrétillantdelaqueue,cequi

effroi,ilaboiecontremoienmanièrede reproche. *oAh!misérablechien,sijevousavais vous-même,indignecompagnondematriste 16

EMAUVAISVITRIER.

Ilyddesnaturespurementcon-

templativesettoutàfaitimpropres

àFaction,qui,cependant,sousune

impulsionmystérieuseetinconnue, agissentquelquefoisavecunera- telquigardequinzejoursunelettresansla commelaflèched'unarc.Lemoralisteetle etsouventmêmelesplusdangereux. 17

Undemesamis,leplusinoffensifrêveurqui

tonneaudepoudre,pourvoir,poursavoir, pourrien,parcaprice,pardésoeuvrement. commejel'aidit,lesplusindolentsetlesplus rêveursdesêtres.

Unautre,timideàcepointquilbaisseles

yeuxmêmedevantleregarddeshommes,ace pointqu'illuifautrassemblertoutesapauvre d'EaqueoudeHjoadamante,sauterabrusque- 18 fouleétonnée.

Pourquoi?Parceque...parcequecette

volontés. hélas! (Observe^,jevousprie,quel'espritde paslerésultatd'untravailoud'unecombi- sataniqueselonceuxquipensentunpeumieux l9 tanceversunefouled'actionsdangereusesou inconvenantes.) etsaleatmosphèreparisienne.Ilmeserait soudainequedespotique. ""-oHé!hé!"etjeluicriaidemonter. cherenmaintendroitlesanglesdesafragile marchandise.

Enfn,ilparut:j'examinaicurieusement

toutessesvitres,etjeluidis:"oCom- ment,vousn'ave^pasdeverresdecoideur?des vousose%vouspromenerdansdesquartiers fassentvoirlavieenbeau!"Etjelepoussai grognant.

Jem'approchaidubalconetjemesaisisd'un

petitpotdefleurs,et,quandl'hommereparut pendiculairementmonengindeguerresurle renversant,ilachevadebrisersoussondos toutesapauvrefortuneambulatoirequirendit lafoudre.

Et,ivredemafolie,jeluicriaifurieuse-

ment:"Lavieenbeau!Lavieenbeau!"

Cesplaisanteriesnerveusesnesontpassans

ai fl

UNEHEUREDUMATIN.

Enfin!seul!Onnentendplusque

leroulementdequelquesfiacres attardésetèreintés.Pendantquel- quesheures,nousposséderonsle silence,sinonlerepos.Enfin,la tyranniedelafacehumaineadisparu,etjene souffriraiplusqueparmoi-même.

Enfin,ilm'estdoncpermisdemedélasser

touràlaserrure.Ilmesemblequecetourde clefaugmenteramasolitudeetfortifierales barricadesquimeséparentactuellementdu monde. lajournée:avoirvuplusieurshommesde allerenRussieparvoiedeterre(ilprenait sonnes,dontquinzemesontinconnues:avoir temps,pendantuneaverse,che^unesauteuse quim'apriédeluidessineruncostumede "oFousferie^peut-êtrebiendevous faitdrôle;ouf!est-cebienfini?

Mécontentdetousetmécontentdemoi,je

voudraisbienmeracheteretmenorgueillirun peudanslesilenceetlasolitudedelanuit. 23

éloigne^demoilemensongeetlesvapeurs

corruptricesdumonde;etvous,Seigneurmon

Dieu!accordez-moilagrâcedeproduire

quelquesbeauxversquimeprouventàmoi- quejenesuispasinférieuràceuxqueje méprise. 24
chère,vousmefatigue^sansmesure etsanspitié;ondirait,àvous entendresoupirer,quevoussouf- painàlaportedescabarets. ''Si,aumoins,vossoupirsexprimaientle remords,ilsvousferaientquelquehonneur; etl'accablementdurepos.Etpuis,vousne "Aime^-moibien!j'enaitantbesoin!Conso- ronspeut-êtrelemoyen,pourdeuxsols,au milieud'unefête,etsansallerbienloin.

Considéronsbien,jevousprie,cette

stupidesdel'oursblanc,cemonstrepoiludont laformeimiteasse^vaguementlavôtre.

Cemonstreestundecesanimauxquon

direunefemme.L'autremonstre,celuiqui celavasansdire. "Faitesbienattention!Voye^avecquelle luijettesoncornac."Allons,dit-il,ilne fautpasmangertoutsonbienenunjour," delafemme,veux-jedire. "Allons!unboncoupdebâtonpourla calmer!carelledardedesyeuxterriblesde 26
poilpostiche?Aussilesyeuxluisortentmain- leferqu'onbat. "Tellessontlesmoeursconjugalesdeces deuxdescendantsd'Eveetd'Adam,cesoeuvres devosmains,ômonDieu!Cettefemmeest gloireneluisoientpasinconnues.Ilyades uneautredestinée.

Maintenant,ànousdeux,chèrepré-

cieuse!Avoirlesenfersdontlemondeest aussidoucesquevotrepeau,quinemange^que delaviandecuite,etpourquiundomestique habileprendsoindedécouperlesmorceaux? "Etquepeuventsigniferpourmoitousces 27
apprisesdansleslivres,etcetteinfatigable meprendquelquefoisenviedevousapprendre sementversleciel,commepourluidemander unroi,ondiraitvraisemblablementunejeune commevoussave^bien),garelagruequivous croquera,vousgoberaetvoustueraàson plaisir!

Tantpoètequejesois,jenesuispas

mefatigue-^tropsouventdevosprécieuses unebouteillevide." a

ESFOULES.//n'estpas

donnéàchacundeprendreunbdin demultitude:jouirdelafouleest unart;etcelui-làseulpeutfaire, auxdépensdugenrehumain,une ribotedevitalité,àquiuneféea mentetdumasque,lahainedudomicileetla passionduvoyage. dansunefouleaffairée. ilentre,quandilveut,danslepersonnagede chacun.Pourluiseul,toutestvacant;et,side visitées.

Lepromeneursolitaireetpensiftireunesin-

2', constanceluiprésente.

Cequeleshommesnommentamourestbien

quipasse.

Ilestbond'apprendrequelquefoisauxheu-

reuxdecemonde,nefût-cequepourhumilier

Lesfondateursdecolonies,lespasteursdes

dumonde,connaissentsansdoutequelquechose chaste. 3°

ESVEUVES.Vauvenargues

ditque,danslesjardinspublics,il estdesalléeshantéesprincipalement parl'ambitiondéçue,parlesinven- teursmalheureux,parlesgloires avortées,parlescoeursbrisés,par etquireculentloinduregardinsolentdes lesrendez-vousdeséclopésdelavie. desriches.Cetteturbulencedansleviden'a faible,ruiné,contristé,orphelin. delalutte,danscesridesprofondesetnom- fdimetdufroidhumblement,silencieusement supportés. soientendeuilounon,ilestfaciledeles deuildupauvrequelquechosequimanque,une absenced'harmoniequilerendplusnavrant.Il portelasienneaugrandcomplet.

Qiielleestlaveuvelaplustristeetlaplus

Ilm'estarrivéunefoisdesuivrependantde

stoïcienne. y* intérêtpuissantetpersonnel. lafoule,undecesconcertsdontlamusiquedes régimentsgratifielepeupleparisien.

C'estsansdoutelàlapetitedébauchede

quotesdbs_dbs22.pdfusesText_28