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:
LA DOCTRINE LE DROIT NATUREL

TRAVAUX DU SÉMINAIRE D'HISTOIRE

DE LA SCIENCE JURIDIQUE *

LA DOCTRINE

ET

LE DROIT

NATUREL

TROISIÈME SÉRIE

* Le "Séminaire d'histoire de la science juridique» est dirigé par MM. Jean Jacques BIENVENU, professeur à l'Université de Paris I, et Stéphane RIALS, professeur à l'Université de Paris II. Ses travaux se déroulent dans les locaux de !'Ecole pratique des hautes études (4• section), à la Sorbonne. z

LA PHILOSOPHIE POLITIQUE

D'A VERROÈS :

LA RAISON POLITIQUE

DANS L'ISLAM

Il est généralement admis, que la détermination de ce que l'on appelle " l'averroïsme politique», se révèle extrêmement délicate, essentiellement en raison de la distinction à opérer entre la propre doctrine d'Averroes (1126-1198) (1) et ses célèbres commentaires de la philosophie aristotélicienne. Sans doute l'école philosophique de Padoue se réclamant de maître tels que Jean de Jandun, Pierre d'Albano et Marsile de Padoue a-t-elle constitué, ainsi que Siger de Brabant à Paris, un courant exégétique fidèle à Averroes, mais plus sûrement une source précieuse pour qui s'emploie à pénétrer l'état des connaissances de la philosophie politique d'Aristote au cours des XIIIe et XIV" siècles. L'intérêt de l'analyse de la pensée profonde d'Averroes réside dans la conclusion fondamentale à laquelle était parvenu le penseur arabe : la renaissance de l'aristotélisme au xne siècle (2) entraîne l'émergence d'une philosophie politique reposant sur deux vérités, la vérité révélée de Dieu, et la vérité rationnelle absolue. (1) Son véritable nom est Ibn RusHD. Il naquit en 1126 à Cordoue. Son père, juriste, grand qadi de Cordoue orienta tout naturellement son fils sur l'étude du droit islamique, mais aussi de la médecine et de la philosophie. Rapidement titulaire du titre envié de professeur, il fut présenté au sultan Almohade Abu Ya' coub Yusuf qui l'encouragea à commenter Aristote. Cette protection du Monarque lui permit de se consacrer complètement à son oeuvre tout en exerçant successivement les fonctions de Qadi de Séville puis, comme son père, de Grand Qadi de Cordoue. Après la bataille d'Alarcos (18 juin 1195) où l'armée almohade défit les chrétiens, Averroes tomba dans une semi disgrâce, et aban donnant Cordoue, suivit son sultan à Marrakech, cité marocaine dans laquelle il devait décéder le 10 décembre 1198. Trois mois plus tard, son corps fut ramené à Cordoue où de somptueuses funérailles furent célébrées. (2) Averroes pose en principe que "la doctrine d'Aristote est la souveraine

vérité». Les commentaires d'Averroes " ••• offraient l'immense avantage de suivre

le texte d'Aristote dans son esprit et dans sa lettre, de beaucoup plus près que tous les autres. Averroes était "le Commentateur» par excellence et comme il avait pratiqué une méthode de commentaire gradué, [ ... ] ses livres étaient spécialement bien adaptés aux besoins de l'enseignement». Louis HALPHEN, L'essor de l'Europe (XJ•-XIIJ• siècles), PUF, 1948, p. 579.

36 REVUE D'HISTOIRE DES FACULTÉS DE DROIT

Repoussant l'opposition alors irréductiblement admise de la raison et de la foi, Averroes les reconsidère dans leur cohérence justifiant leur complémentarité, créant (3) ainsi les nouvelles condi tions intellectuelles dont Maïmonide pour les juifs et Saint Thomas d'Aquin pour les catholiques tireront profit pour élaborer leurs systè mes théologiques. Rejetons, dès à présent, une idée reçue, trop rarement combattue sans doute par excès d'occidentalo-centrisme: Averroes, mais aussi tous les autres penseurs arabes des x1e et xne siècles (4) ne peuvent en aucun cas être considérés comme de simples commentateurs tout juste capables de répéter, avec plus ou moins de bonheur, l'enseignement de leurs maîtres grecs de l'époque clas sique ou hellénistique. En réalité, leur rapport à la philosophie antique était infiniment plus sélectif, critique et créateur. "La philo sophie arabe telle que l'illustrent Ibn Rushd (Averroes) et ses prédé cesseurs orientaux était une philosophie qui avait su répondre à la demande de forces progressistes de sociétés " théologisées » quali tativement très différentes de la société antique» (5). La preuve la plus éclatante apparaissant dans la mutilation qu'infligèrent à la pensée d'Averroes, les commentateurs latins, jusqu'à Ernest Renan, ne prenant volontairement en compte que " l'aristotéliste intégral», et omettant le penseur politique lequel prenait en charge intellec tuellement et le donné révélé, (coranique mais il pourrait être

évangélique) et le donné rationnel (6).

Sans doute, plus encore que Al Farabi et Ibn Sina, Averroes s'appuya sur le principe d'autonomie de la raison humaine pour fonder sa philosophie politique la justifiant par la distinction entre le dogme de la foi et le droit et la science politique. Cette réflexion préparait en profondeur une renaissance du droit de la Cité, art autonome de la pensée islamique et l'enjeu était de le mettre à l'abri du péril que constitue un droit rivé à un dogme religieux. C'est cette finalité autrement plus subversive que le simple commentaire d'Aris- (3) Il ne faut pas occulter les mérites des philosophes musulmans d'Orient

qui le précédèrent, et d'une certaine façon façonnèrent l'esprit du jeune cordouan,

notamment Al-Farabi (870-905) et Ibn Sina (Avicenne), (930-1037). (4) Al Kindi, Al Farabi, Ibn Bajja, Ibn Tufayl notamment. (5) Artur Valdimorovitch SAGADEEV " Ibn Rushd et la tradition philoso phique islamique», Courrier de l'UNESCO, Sept., 1986, p. 28. (6) Il est bien certain que les docteurs de la foi chrétienne et islamique avaient tout intérêt à cantonner des penseurs tels qu'Averroes dans l'étroite

exégèse aristotélicienne, redoutant une mise en péril des vérités révélées par

Dieu. C'est le grand théologien de Bagdad Al-Ghazali qui donna le signal de la lutte contre l'expansion des thèses d'Aristote dans deux ouvrages évocateurs: " La destruction des philosophes » et " La rénovation des connaissances religieuses '" alors que dans l'Occident chrétien lui aussi " frappé » de contagion aristotélicienne, Albert le Grand dans son traité " de l'unité de l'intellect et en réponse à Averroes '" à la demande du pape Alexandre IV combattit la renais sance des idées d'Aristote à travers les écrits du Cordouan. Il faudra le génie de Saint Thomas d'Aquin pour poser en principe que bien loin de mettre en péril les vérités de la foi, la science et la philosophie aristotélicienne leur appor taient au contraire le soutien le plus ferme et inversement que seule une pensée inondée de foi chrétienne pouvait en suivant les voies d'Aristote parvenir à une pleine et totale intelligence du monde sensible.

ET DE LA SCIENCE JURIDIQUE

37
tote qui plongea l'Averroïsme dans un quasi obscurantisme lequel menaçait également la pensée progressiste occidentale. Si l'Occident chrétien a pu se " rattraper » grâce à Saint Thomas d'Aquin, et à sa vision chrétienne du monde englobant la raison naturelle permettant ainsi dans les siècles qui suivront, la libération du droit " de la chape de la loi religieuse» (7), l'Islam par contre n'a pas su saisir l'opportunité de libérer le droit, et la science politique de la Loi religieuse, la Shari'a, s'exposant ainsi à figer le discours politique voire à permettre des dérives fanatiques inhérentes à toute confusion du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel. Cette opportunité, que l'Islam n'a su ou voulu saisir, nous pensons que Al-Farabi mais surtout Averroes l'incarnait parfaitement au seul regard de sa propre pensée politique toujours judicieusement cachée par ses détracteurs, alors que seuls ses commentaires d'Aristote

étaient mis en avant.

Avant que de dégager l'essence même de la philosophie politique d'Averroes, il convient de rappeler quelle fut la particularité de sa démarche philosophique.

I. -L'UNITE DE LA PHILOSOPHIE RATIONNELLE

ET DE LA FOI REVELEE

Sous l'apparence scolastique qui caractérisait les formes et la méthode de savoir médiéval, A verroes cache en réalité la distinction fondamentale entre les connaissances scientifique et philosophique d'une part, et la théologie d'autre part. La perspective d'une sagesse humaine indépendante, voire d'une société entièrement civile, ne pouvait que scandaliser et les penseurs arabes contemporains et les scolastiques latins. Glorifiant le commentateur d'Aristote pour mieux mépriser le penseur philosophique et politique, les uns et les autres n'appréhendèrent jamais dans sa totalité l'oeuvre d'Averroes (8), négligeant ainsi la véritable dimension d'une pensée universelle produit d'un authentique philosophe. (7) M. VILLEY " Bible et philosophie gréco-romaine de Saint Thomas au droit moderne », Arch. de philo. du droit, XVIII, p. 29. " La loi chrétienne de l'Evangile n'a rien de juridique ; elle ne comprend pas de judicialia; en fin de compte, Dieu se refuse à régler ces affaires de Droit par la loi divine révélée mais il a voulu les confier à l'initiative de l'homme». (8) La chronologie des oeuvres d'Averroes a été établie par M. Alonso: "La cronologia en las obras de Averroes », Miscelanae Camillas 1, 1943. A côté des expositions des oeuvres de !'Antiquité (corpus aristotelicum, corpus galenicum) qui lui valurent la réputation de commentateur, Averroes écrivit de nombreux ouvrages de conception plus personnelle que les scolastiques oublièrent. Entre

autres le Livre des généralités de la médecine (Kitab Al-Kulliyat); le Traité décisif

sur l'accord de la loi religieuse et de la philosophie (Fasl Al-maqal Fima Bayn al-Shari'a Wal-Hikma Min Al-Ittisal); le Traité des sources et fondements du droit (Bidayat-al-Mujtahid); L'incohérence de l'inconhérence (Tahafut al

Tahafut).

38 REVUE D'HISTOIRE DES FACULTÉS DB DROIT

A. -Rationalisation de la connaissance

En parfait exégète du péripapétisme, Averroes retient deux hypothèses pour expliquer le système de l'univers: l'éternité de la matière et la théorie de l'intellect. "Le problème de l'origine des êtres est celui qui préoccupe le plus Ibn Rushd : il y revient dans tous ses écrits et toujours avec une nouvelle insistance» (9). Dans une vision totale de l'univers, Averroes lui reconnaît, matière éternelle, évolution du genre par sa force latente, Dieu indéterminé ; il en exalte l'importance de la loi de la nature, de la nécessité, de la raison : impersonnalité de l'intel ligence, émersion et réabsorption de l'individu. " C'est la fausse imagination d'après laquelle on se représente les formes comme créées, qui a porté certains philosophes à croire que les formes sont quelque chose de réel et qu'il y a un donateur des formes ; c'est la même opinion qui a porté les théologiens des trois religions qui existent de nos jours à dire que quelque chose peut sortir du néant [ ... ]. Bien plus quand un homme lance une pierre, ils prétendent que le mouvement n'appartient

pas à l'homme, mais à l'agent universel. Ils détruisent ainsi l'activité humaine. Mais voici

une doctrine plus surprenante encore. Si Dieu peut faire passer quelque chose du non-être à l'être, il peut de même le faire passer de l'être au non-être : la destruc tion comme la génération est l'oeuvre de Dieu; la mort est une création de Dieu. Pour nous au contraire, la destruction est un acte de même nature que la génération. Tout être engendré porte en lui la corruption en puissance. Pour détruire comme pour créer, l'agent n'à qu'à faire passer la puissance à l'acte. Ainsi il faut maintenir vis-à-vis l'un de l'autre la puissance et l'agent. Si l'un faisait défaut, rien ne serait, ou tout serait en acte: deux conséquences également absurdes » (10). Toute substance est ainsi éternelle par sa matière, c'est-à-dire par sa puissance d'être. Dans cette hypothèse, la providence divine en est réduite à n'être que la raison générale des choses. Ainsi, tout ce qu'il y a de bien dans le monde est imputable à Dieu, puisqu'il l'a voulu; le mal au contraire n'est pas son oeuvre, mais la consé quence fatale de la matière contrariant ses desseins. Tirant parti de la distinction aristotélicienne de la décompo sition de l'Etre en un élément déterminé (la matière) et un élément déterminatif (la forme), Averroes transpose dans le fait de la connais sance deux éléments analogues à la matière et à la forme, qualifiés d'intellects dont l'un est matériel ou passif et l'autre est formel ou actif. Ce qui agit est supérieur à ce qui souffre; donc l'intellect actif est séparé, impassible, impérissable ; l'intellect passif au con traire est périssable et ne peut se passer de l'intellect actif. Or le seul intellect impersonnel, absolu, séparé des individus, c'est l'intellect (9) E. RENAN, Averroes et l'Averroisme, Paris, Auguste Durand, 1852, p. 82. (10) AVERROES, Métaphysique, XII• Livre, F. 344, éd. Bouygues, Beyrouth,

1938, p. 48.

ET DE LA SCIENCE JURIDIQUE 39

actif "soleil des intelligences», en ce qu'il est entièrement exempt de tout mélange avec la matière. Il faut donc accorder à l'intellect une existence objective et l'acte de la connaissance tient plus de l'absolu (intellect actif) que du relatif (intellect passif). Averroes retient l'unité de la raison objective au détriment de la multiplicité de la raison subjective. La pensée humaine est considérée comme une résultante de forces supérieures et comme un phénomène général de l'univers. E. Renan regrettera qu'Averroes n'ait pas plus claire ment affirmé le fond de sa pensée, c'est-à-dire: "l'unité de l'intellect ne signifie autre chose que l'universalité des principes de la raison pure et l'unité de constitution psychologique dans toute l'espèce humaine» (11). De sorte que l'unité de l'intellect, unité de la raison (12), permet d'entrer dans le vaste monde de la connaissance et de faire acte de participation au savoir universel. " Donc l'unité de la raison, voilà la thèse d'Averroes [ ... ] qui inspire d'intrépides développements [ ... ]. Unité de la raison c'est-à-dire des principes qui gouvernent nos démarches dans la démonstration qui avance, dans la preuve qui réussit, dans l'expérience qui aboutit [ ... ].Une humanité unie, vivante et permanente aussi essentielle à elle-même que la dignité l'est à l'individu, que le vrai le plus intime renvoie à celui qui l'admet et le reconnaît. Ainsi toi qui connais et qui es, tu n'es en tant que toi-même qu'un magnifique exemplaire de l'Universel » (13). Ainsi l'immortalité de l'intellect actif n'est autre chose que la renaissance éternelle de l'humanité. La raison est absolue, indépen dante des individus, et il faut qu'à chaque moment de la durée de l'humanité, une intelligence contemple la raison absolue et seul le philosophe possède cette capacité de contemplation puisque la raison est hors du vulgaire. Bien évidemment, cette éternité de la raison unique, dont la source est placée hors de l'homme, ne va pas sans soulever d'impor tantes réserves philosophiques : -si l'intellect est le même chez tous les hommes, alors l'élève n'a rien à apprendre du maître, -la faculté de créer qui est le propre de l'intellect actif n'a pas chez un même homme toujours le même degré. Elle peut se développer avec l'intellect acquis. Mais surtout c'est sur le plan des rapports entre cette rationa lisation de la connaissance et la foi religieuse que la philosophie averroiste provoquera des réactions passionnées. (11) E. RENAN, op. cit., p. 106. (12) Mohamed Allal SrNACOEUR, in " Averroes, tolérante raison'" Courrier UNESCO, sept. 1986, p. 24, parle de raison plutôt que d'intellect vocable utilisé par Averroes lequel se conformait au langage des philosophes d'Alexandrie et de Bagdad. (13) Mohamed Allal SINACOEUR, p. cit., p. 28.

40 REVUE D'HISTOIRE DES FACULTÉS DE DROIT

B. -La raison ne peut détruire la foi

"Une humanité vivante et permanente, tel est donc le sens de la théorie averroistique de l'unité de l'intellect» (14). Si E. Renan classe non sans raison, la pensée d'Averroes parmi celles sacrifiant à la finalité humaniste, le penseur de Cordoue, n'est pas le seul à illustrer ce que l'on a appelé l'humanisme musulman. Al Kindi, Al Farabi, Ibn Sina, Ibn Tufayl et Ibn Khaldun, chacun pour leur part ont appartenu à l'élaboration de la culture arabo-musulmane. L'enjeu de l'émergence d'une culture humaniste pouvait entraîner la remise en cause du dogme religieux et du révélé. " Tentation de si bien travailler a promouvoir les richesses de l'homme et sa mainmise sur le monde que l'homme devient indûment le centre de tout, veut découvrir en lui-même sa raison d'être et se complaire en soi-même comme en sa propre fin. L'humanisme se trouve alors tacitement "conçu comme étranger à la religion» selon le mot de l'abbé Bremond pour le xr• siècle occidental et l'homme est divisé d'avec lui même » (15). Reconnaissons que l'humanisme musulman ne connut jamais la forme extrême de l'humanisme occidental à la fin du Moyen Age. Un culte abusif de l'homme ne fut jamais son fait. En réalité l'humanisme musulman historique fut essentiellement un humanisme mis au service de valeurs esthétiques riches de cette si mystérieuse sensibilité orientale (16). Cependant dans l'Occident musulman et en particulier dans l'Al-Andalus du xne siècle, la culture humaniste trouva un terrain fertile, grâce à des princes éclairés, sollicitant et encourageant des libre-penseurs, parmi lesquels on retrouve Averroes. " Ce seront les almohades, au credo si rigide qui encouragèrent tout d'abord la philosophie peu conforme au sens obvie du Coran, du médecin Ibn Tufayl et du Quadi Ibn Rushd. L'almohade Abu Ya'coub Yusuf, nous conte Marrakushi, aima discuter avec Ibn Rushd de l'éternité ou de la non éternité du monde, et lui demanda de commenter Aristote» (17). L'humanisme dont est imprégnée l'oeuvre d'Averroes ne constituait pas un danger pour la théologie musulmane. En revanche, son atta chement à l'unité de la raison, à l'éternité du monde se révélaient les éléments d'une réflexion propices à détruire la foi. Il n'est donc guère étonnant qu'on l'ait taxé de blasphème, tant du côté des (14) E. RENAN, op. cit., p. 106. (15) Louis GARDET, La cité musulmane, Vrin, 1969, p. 297. (16) Des poètes: Hallaj Harawi, Ghazzali, Ibn' Ar.abi.

Des musiciens : Mawsili, Ibn Jami'.

(17) Louis GARDET, précité, p. 302.

ET DE LA SCIENCE JURIDIQUE 41

penseurs de l'Islam (18) que de ceux de l'Occident Chrétien (19). On alla même jusqu'à lui attribuer la paternité de la doctrine dite des trois imposteurs (Moïse, Jésus et Muhammad), faisant passer Averroes pour un maudit, un aboyeur enragé (20), l'ennemi le plus acharné des chrétiens (21). Averroes devint tout au long du XIIIe siècle le bouc émissaire sur lequel chacun déchargea sa pensée incrédule. Il faudra l'Ecole de Padoue (22) pour réhabiliter et surtout rétablir la pensée d'Averroes en reprenant complètement l'étude de ses écrits et en y supprimant toutes les altérations provenant de commentateurs zélés. Pourquoi les docteurs de la foi islamique ou chrétienne ont-ils tous été d'accord pour combattre l'Averroïsme? L'unité de la raison ne peut que détruire la foi. Il faut donc jeter l'anathème sur celui qui affirme que l'âme universelle est périssable mais que la raison humaine est immortelle. Il n'y a alors pas de compromission possible entre la fidélité au message coranique ou évangélique et un attachement au théoricien du rationalisme [le plus] absolu. C'est pourquoi lorsque dans sa pensée juridique, exprimée dans la Bidayat, Averroes montre une allégeance docile aux sources de la Loi, Al Badawi en vint à douter de l'authenticité du texte. "Je crois qu'il y a un problème sérieux concernant l'authenticité de Bidayat al-Mugtahid d'Ibn Rushd. En effet en lisant ce livre, je fus toujours frappé qu'on n'y trouve aucune influence d'Ibn Rushd philosophe sur Ibn Rushd juriste» (23). Y aurait-il un Averroes juriste parfait propagateur de la Loi coranique et un [autre] Averroes philosophe attaché à la souveraineté de la raison ? Il semble plus juste de reconnaître qu'il n'y a pas dans l'oeuvre d'Averroes cette dichotomie que l'on a voulu y mettre entre le droit et la philosophie. Un examen attentif des textes montre combien " La Bidayat s'inscrit dans les constructions de pensée de la philosophie rochdienne, que, du traité d'Ihtilaf au Fal ou au commentaire de la République, il n'y a pas de hiatus, que les occasions sont fréquentes d'approfondir l'intelli- (18) Encore que la croyance d'Averroes ait fait l'objet de controverses. Léon l'Africain racontant l'aventure d'Ibn Badya, délivré de prison par le père d'Aver roes précisait : " Ce père ne savait pas que son fils serait un jour un hérétique pire encore» (Apud Fabricium, Bibl. Gr. t. XIII, p. 228). Au contraire, un de ses amis intimes, fort dévôt, assurait que ces accusations n'avaient aucun fondement et qu'il avait vu plusieurs fois le philosophe se rendre à la prière et faire ses ablutions. (19) Guillaume D'AUVERGNE, De Universo; Albert LE GRAND, De unitate intellectus contra Averroistas; Gilles de ROME, De erroribus philosophorum; Raymond LULLE, De lamentatione duodecim principiorum philosophiae, contra Averroistas. (20) et (21) Levi-Ben-Gerson et Benvenuto d'lmola furent parmi les plus virulents. (22) Cité, p. 1. (23) Al BADAWI, "Remarques et questions», à la suite de l'article de Abdel Magid Turki " Averroes et le malikisme d'Espagne'" in Théologiens et juristes de l'Espagne musulmane, aspects polémiques de A.M. Turki, Ed. Maisonneuve,

1982 p. 292.

42 REVUE D'HISTOIRE DES FACULTÉS DE DROIT

gence des textes par l'éclairage que chacun d'eux projette sur les autres et qu'enfin leur auteur, dont l'identité est solidement attestée pouvait vivre sans conflit sa double qualité de juriste et de philo sophe» (24). Jacques Langhade et Daniel Mallet montreront avec netteté par la suite que "la pensée d'Averroes porte l'empreinte d'un passagequotesdbs_dbs28.pdfusesText_34
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