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LA MÉMOIRE PRÉPA HEC

" L'oubli n'est-il qu'une défaillance de la mémoire ? »

Cette dissertation de culture générale a été rédigée par Romain Treffel dans les conditions de

les deux manuels 50 paragraphes tout cuits.

Propriété intellectuelle exclusive du site 1000 idées de culture générale, elle est destinée

50 paragraphes tout cuits sur le thème de la mémoire. Toute diffusion et/ou reproduction, partielles

ou totales, non autorisées sont passibles de poursuites judiciaires. [50PTC1-N] : nième paragraphe de 50 paragraphes tout cuits [50PTC2-N] : nième paragraphe de 50 paragraphes tout cuits PREMIUM [PTC+] : paragraphe issu du stock de paragraphes exclusifs

Plan détaillé :

-19) mentale (50PTC1-24) -42) souvenir... A/ Les souvenirs ont une certaine durée de vie (50PTC1-13) B/ Certains contenus mnésiques sont par nature voués à l'oubli (50PTC1-15)

C/ (50PTC1-41)

, à travers les biais du processus mnésique, une opération décisive de la vie psychique. -25) -22) -44)

" Moi, avant un combat, je prends toujours une douche ! », se serait exclamé un boxeur en se

précipitant au vestiaire, alors même qu troisième round. En illustrant ainsi, dans son Histoire de la boxe, la

symptôme physiologique évident de la répétition des chocs subis par le cerveau. La boxe anglaise

serait donc du souvenir ne semble cependant pas épuiser toutes les occurre

La mémoire désigne la capacité, individuelle ou collective, à fixer, conserver, puis rappeler

ou reconnaître une chose. Une défaillance de la mémoire est par conséquent un dysfonctionnement

momentané de cette capacité. Enfin, lêtre entendu comme un manque de souvenir, ou bien comme le non- aillance de la mémoire » présuppose en général

défini comme tel. Plus précisément, le comparatif " que » signifie mpuissance momentanée à

rappeler un souvenir est communément réduite à un dysfonctionnement des processus mnésiques

donc forcément un échec fonctionnel regrettable. par exemple, parce que les circuits neuronaux impliqués dans le fonctionnement de la mémoire ont probablement été abîmés Dans ce cas précis,

même interprété comme un trouble mécanique de la " machinerie » mnésique. Or, celle-

ci -à-dire des échecs plutôt exceptionnels de processus ordinairement fonctionnels. en évaluer la pertinence. constituerait-il forcément, comme le suggère la connotation péjorative du mot lui-même, un dysfonctionnement momentané et exceptionnel du processus mnésique ? En considérant l le ou collective, de la mémoire, il apparaît

cependant comme un aléa courant. Serait-il dès lors si exceptionnel que cela ? À y regarder de plus

près, le souvenir semble également marqué par divers biais qui pourraient être des causes

profondes, et insoupçonnées, Celui-ci équivaut-il donc toujours à un échec ? Dest-il véritablement un dysfonctionnement mnésique ?

Si (I),

de la mémoire le réhabilite cependant comme le destin normal du souvenir (II), et il se révèle même,

à travers les biais du processus mnésique, une opération décisive de la vie psychique (III).

Il semble que Il se

caractériserait donc De fait-à-dire son absence de défaillances, serait le gage de en pratique, source de certitude,

tandis que le moindre soupçon de folie ébranle ce crédit et lui substitue la défiance. Dans le

processus judiciaire, par exemple, suffit au témoin de jurer sous serment pour conférer à sa

parole force de preuve, un petit oubli suffit à lui ôter la confiance des juges. Cette dépendance

défaille. e résulte de la défectuosité du processus mnésique. Inversement, " » (Le Monde comme volonté et représentation). Dans sa perspective-à-dire it du sujet, le fil de sa mémoire est

rompu pour préserver son intégrité mentale. Le fou dispose bien de sa raison, il ne se trompe pas

sur le présent ; en revanche, la désorganisation de sa mémoire vicie la relation du présent au passé

et lui fait confondre le vrai et le faux, ce qui Ainsi [50PTC1-19] Inversement constituerait un symptôme. Si une occurrence isolée est une

défaillance exceptionnelle du système mnésique, la multiplication des occurrences serait en

revanche . Dans les faits, les pathologies de la mémoire se

Le sens commun part du principe que les

souvenirs les plus récents sont les plus solides, puisque le contenu enregistré disparaît

progressivement ; or, les observations cliniques de la psychologie expérimentale ont révélé le

résultat inverse : les défaillances mnésiques se déplacent le stable. Cette la loi de régression de Théodule Ribot. Au début du caractér : ou bien le contenu ; ou bien En revanche,

celui conservé depuis de nombreuses années résiste efficacement à la destruction. " La destruction

progressive de la mémoire suit donc une marche logique, une loi, postule le fondateur de la psychologie française. Elle

» (Les Maladies de la mémoire). Par voie de conséquence, le fonds des souvenirs anciens et les habitudes routinières ne que dans les

Coexceptionnel serait

une simple défaillance de la mémoire. [50PTC1-24] enfin, apparaît également comme une défaillance de la mémoire. individu susceptible de réviser ses croyances, au risque de substituer des

informations fausses à des faits avérés, une communauté pourrait oublier une partie de ses

souvenirs. La probabilité de la défaillance serait de surcroît

de la contagion des émotions et des idées qui se produit dans les groupes. Or, cette faille de la

psychologie des masses apparaît comme une opportunité de manipulation politique. Orwell évoque

les possibles déficiences de la mémoire collective dans La Ferme des animaux. Il y décrit en effet

- Sur

le plan de la propagande, les deux complices font défaillir la mémoire de la communauté après en

avoir fait chasser le troisième dirigeant, Boule de neige. Le second parvient par exemple à faire

oublier sa couardise dans la bataille contre les humains aux animaux alors même qu la lui avaient

reprochée : " bientôt Brille-Babil sut les convaincre que leur mémoire était en défaut ». L

constituerait donc aussi une défaillance de la mémoire collective. [50PTC2-42]

Ainsiconstituerait

la mémoire et il ne serait, de prime abord, " que » cela. Cette première idée apparaît cependant

fragile en examinant près. plutôt, en raison de sa récurrence, voire sa banalité, dans les processus mnésiques, le destin normal de tout souvenir.

De fait, la mémoire conféelle

ne parviendrait à le conserver que pendant un temps, après quoi il ne serait plus susceptible de

rappel ou de reconnaissance. Or phénomène naturel. Si peut effectivement être

interprété comme la " mort » apparente du souvenir, certes susceptible de résurrection, de telle

sorte que celui-ci aurait " vécu âge »

serait, en filant la métaphore, son vieillissement, et non pas une défaillance. En pratique, les

évaluations expérimentales de la mémoire ont confirmé le fait que le souvenir . Ce

sont notamment les méthodes quantitatives pionnières de Hermann Ebbinghaus qui ont permis, à

sa durée. Ainsi, son expérience de référence a attesté de la grande ; puis de la progression continue du processus dans le

Ce résultat

montre par conséquent que la mémorisation : "

sans être répété, après un semestre aucun effort de recueillement ne sera capable de le ramener à la conscience » (La

mémoire : une contribution à la psychologie expérimentale). Tout souvenir devrait donc tomber

[50PTC1-13] Plus précisément, la mémoire individuelle Si toute automatiquement enregistrée

effort pour en conserver les détails causera cependant leur effacement, probablement définitif,

mais surtout naturel et non pas extraordinaire dans son esprit. Cette mémoire automatique à court terme serait également

certaines informations au cours de leur traitement après quoi elles seront, par efficience et non

pas par défaillance, systématiquement oubliées. Alan Baddeley la désigne ainsi par le concept de

" mémoire de travail » (working memory) : " L'essence du concept de mémoire de travail réside dans sa focalisation

sur la nécessité d'un stockage temporaire pour effectuer des tâches cognitives aussi importantes que le raisonnement,

» (La mémoire de travail). Or, cet enregistrement éphémère est une opération fondamentale phrase, de garder les premiers mots à l Le psychologue ajoute

néanmoins que la mémoire de travail est reliée à la mémoire à long terme afin de pouvoir solliciter

les compétences profondes, qui sont au contraire vouées à être conservées. donc c court terme. [50PTC1-15]

également Ainsi

comme le récit des événements passés visant à perpétuer les La précision de ce récit, tout particulièrement, concernant les acteurs, les lieux, les circonstances, et les enjeux, a pour fonction de compenser,

Telle serait la condition pour que

le passé soit transmis dans la mémoire collective et survive ainsi les générations. serait née avec Hérodote, surnommée par Cicéron " le père » parce que , constituait la plus vaste entreprise de

restitution rigoureuse du passé. " En présentant au public ces recherches, prévient-il le lecteur, Hérodote

». De fait, Hérodote dépasse, par la méthode, les logographes en rapportant des événements doncertes pas été le témoin,

et il ne tient pas toujours ses informations de première main, mais la proximité historique constitue

déjà un progrès incontestable en vue de la constitution rigoureuse de la mémoire collective.

Quoique historiquebien de contenir la

progression normale [50PTC1-46] rait donc le destin de tout souvenir, au point que qui semble exceptionnelle. dès lors pas à une défaillance des processus mnésiques ; mais ne serait-il, pour autant, " » opération courante de la mémoire ? élerait finalement, à travers les biais du processus mnésique, une opération décisive de la vie psychique. Il en serait même, dans certains cas, la condition de survie. Il serait en effetchologique de défense crucial. semble

de prime abord affecter les souvenirs de manière aléatoire en quoi il est considéré comme une

simple défaillance ce hasard ne serait cependant pas la règle de la vie mnésique. Dans diverses

situations serait au contraire

En pratique, le sujet entraverait lui-

du contenu mnésique. Selon Freud, ce phénomène se déclenche précisément lorsque le motif de

déplaisir est supérieur à celui de plaisir, de telle façon que la satisfaction " serait inconciliable avec

; elle ferait ainsi naître du plaisir à tel endroit, du déplaisir à tel autre » (Le refoulement). donc volontaire et rationnel refoulement » : le refoulement perturbe uniquement le système conscient, tandis que Il se produit tout particulièrement pulsion se heurte à des résistances qui cherchent à la rendre inefficiente. Dans cette situationcar le moi ne peut se fuir lui-même ;

la solution est donc de congédier le souvenir et de le tenir à distance du conscient. Telle serait la

[50PTC1-25] aussi être un moyen, pour le sujet, de retrouver la maîtrise de son destin personnel. la prescription du sens commun

par un événement pénible aurait intérêt à ne plus y penser, à sortir de la prison du souvenir afin de

reprendre possession de son présent, et partant de son avenir. Dans cette perspective plus du tout mais une initiative active, consciente et volontaire par-là à disqualifier la mémoire exhaustive comme ournée vers le passé, nourrie par la Kierkegaard défend ainsi un oubli actif, salvateur et non pas

dysfonctionnel, pour remédier à cette attitude malsaine, tout particulièrement dans le cadre de la

passion amoureuse. En en ob -ci est nécessairement toujours déjà perdu. Par conséquent, le passionné devrait oubli de cet échec. Kierkegaard nomme cette sagesse " la reprise » : " La reprise » (La Reprise). sensible à même reposerait dès lors, dans cette théorie philosophique, [50PTC2-22] rait de même dans la société. En effet,

âme » collective.

Comprendre ce phénomène demande

constitution de la mémoire collective , de surcroît, pas automatique au contraireeffort humains. Mais

surtout, cette constitution recèle un enjeu politique : en permettant à la communauté de faire retour

sur elle-même, la mémoire collective serait un facteur de sa cohésion. La collectivité protégerait

donc, par son intégrité psychique Renan mis

en lumière chelle de la mémoire nationale, si bien que le progrès des études historiques est, à

ses yeux, tionalité. " , est que tous les

individus aient beaucoup de choses en commun, et aussi que tous aient oublié bien des choses » (-

nation ?). Il donne nom " France », qui est devenu celui du pays minorité des Francs. Par conséquent " âme » politique ter le désir de vivre ensemble. [50PTC1-44]

La de prime abord pas dépourvue

de fondements. De fait, la bonne réminiscence est un gage de la santé mentale quand la récurrence

au contraire, un symptôme des pathologies mnésiques ; en outre, comm cependant car Celui de , , sedéterminée par efficience partfort historique. Pour autant,

Les biais du processus

mnésique tendent en effet Dans le détail, il peut u, inconsciemment ou consciemment, un mécanisme de défense visant à préserver son intégrité psychique ; pour le macrocosme social, de même

âme » collective.

Romain Treffel

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