[PDF] P 69-74 Sondes enterales les chiens et les chats

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La pose d'une sonde entérale

est un geste courant en pratique vétérinaire. Comment choisir le type de pose le plus adapté

à la situation de l'animal ?

L a couverture des besoins nutritionnels d'un animal hospitalisé est souvent insuffisante en raison d'une dysorexie ou d'une anorexie souvent rencontrée chez les chiens et les chats hospitalisés, d'une augmentation des besoins énergétiques des animaux, parfois mal estimée.

Il est possible de contrôler l'apport nutri-

tionnel grâce à des techniques d'alimenta- tion entérale ou parentérale. Cette dernière technique, difficile à mettre en oeuvre (nécessité d'une voie veineuse centrale et d'une surveillance régulière), s'avère oné-reuse et reste peu indiquée en médecine vétérinaire.

L'alimentation entérale peut se réaliser au

moyen de diverses sondes : -sonde naso-oesophagienne ; -sonde de pharyngostomie ; -sonde d'oesophagostomie ; -sonde de gastrostomie ; -sonde de jéjunostomie. La pose de cette sonde nécessite toujours une laparotomie et n'est pas abordée dans cet article.

INDICATIONS

? Trois groupes de situations cliniques peu- vent nécessiter la mise en place d'une sonde entérale :

1.l'animal est dysorexique, ou pire ano-

rexique. Il nécessite un soutien nutritionnel pour couvrir ses besoins métaboliques glo- baux ; 69
sondes de nutrition les différentes techniques de pose chez le chienet le chat

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE

Hors-série Hospitalisation - 2002 - 423

Antoine Hidalgo*

Philippe Masse**

Sébastien Sarrau*

Patrick Verwaerde*

*Unité de chirurgie-anesthésie- réanimation

Département des sciences cliniques

des animaux de compagnie et de sport.

E.N.V.T.

23, chemin des capelles

31076 Toulouse cedex

**Clinique vétérinaire du Matterberg

11 route de Brumath

67550 Vendenheim

NOTE *Spécialité humaine. ?Pour la pose de toute sonde entérale:

1.un kit d'instruments chirurgicaux pour la

suture :un manche de bistouri, une lame, un porte-aiguille, une pince hémostatique ou de

Doyen ;

2.une série de sondes entérales, de diffé-

rents diamètres et un mandrin à extrémité mousse (pour la pose de sondes naso-oeso- phagiennes chez les chiens dolicocéphales ou de grande taille) ;

3.des fils pour la suture cutanée : monobrins

résorbables, agrafes, ruban adhésif ou colle forte.

4.des compresses;

5.des agents d'anesthésie locale(Xylocaïne Spray

2 p. cent

*, Tronothane *, Emla *) et générale. ?Pour la pose d'une sonde naso-oesopha- gienne ou de pharyngostomie : -Quel que soit le mode de sondage pratiqué, les mêmes types de sondes peuvent être uti- lisés :tubulures en plastique coiffées d'un embout petit ou grand qui s'adapte sur des seringues classiques ou de gavage (à embout américain). -Il existe des sondes en silicone et en PVC.

Les sondes en silicone spnt préférables car

plus souples, moins vulnérantes et n'ont pas tendance à se durcir lors d'une implantation de longue durée. Elles peuvent nécessiter l'utilisa- tion d'un mandrin pour leur pose car elles se coudent facilement. -Certaines sondes sont marquées par un lise- ré radio-opaquequi permet leur repérage à la radiographie. Le suivi de leur positionnnement dans l'animal est plus aisé. -Une tubulure de plus gros diamètre peut être implantée lors de la pose de sonde de pharyn- gostomie ou d'oesophagostomie. ?Pour la pose d'une sonde d'oesophagosto- mie : -Des kits d'oesophagostomie, pratiques et simple d'utilisation, sont disponibles dans le commerce. -Les sondes les plus souvent utilisées sont de

14 CH(4,7 mm de diamètre) pour 40 cm de

long mais la technique opératoire décrite ici est valable pour tout type de sonde d'alimen- tation de gros calibre (de 8 à 24 CH soit 2,7 à

8 mm de diamètre en fonction du poids de l'a-

nimal). ?Pour la pose d'une sonde de gastrotomie : Ce type de sondage nécessite le recours à un kit de pose si l'on veut se dispenser d'une laparotomie. Celui-ci se compose : -d'un tube métallique coudéà une de ses extrémités ; -d'un trocart; -d'un mandrin souple, muni d'un système d'accrochage ; -de la sonde de nutrition en silicone.

GESTES DE BASE

Sonde naso-oesophagienne fixée

avec des ailettes (photos Anesthésie-

Réanimation, E.N.V.T.).

1

Essentiel

Réaliser le sondage naso-

oesophagien sous anesthésie locale (lidocaïne en spray ou diluée en injection intra-nasale). ?Pratiquer une anesthésie générale avant la mise en place des sondes de pharyngostomie, d'oesophagostomie et de gastrotomie. matériel entérales

2.l'animal est incapable de se nourrir seul:

état général très dégradé, douleur buccale (stomatite) ou à l'ouverture de la cavité buc- cale (myosite des masséters, affection de l'ar- ticulation temporo-mandibulaire, ...), paraly- sie de la langue ou incapacité à déglutir.

3.l'alimentation par les voies naturelles est

contre-indiquée ou impossible: chirurgie maxillo-faciale, contention externe des frac- tures mandibulaires, plaies buccales éten- dues, plaie oesophagienne, pancréatite, corps étranger oesophagien, sténose oeso- phagienne, ... ?Pour un soutien nutritionnel de courte durée(quelques jours), les sondes naso-oeso- phagienne, d'oesophagostomie ou de pha- ryngostomie sont utilisées de préférence. ?Pour un soutien de plus longue durée, une semaine ou plus, privilégier la sonde de gas- trostomie.

LA RÉALISATION PRATIQUE

Anesthésie locale ou générale ?

? Le sondage naso-oesophagien peut être effectué sur animal vigile. Une anesthésie locale à l'aide d'un spray de lidocaïne (Xylocaïne Spray 2 p. cent *) ou l'injection intranasale d'une solution de lidocaïne diluée dans du liquide physiologique stérile (2 mg/kg pour un volume de 2 ml) est en général suffisante. Enduire l'extrémité de la sonde de gel anesthésique (Tronothane Emla *) a un effet lubrifiant et renforce l'a- nesthésie locale. Une tranquillisation légère est utile pour des animaux agités ou diffici- les. Une anesthésie générale ou mieux, une neuroleptanalgésie, est exceptionnellement nécessaire et n'est jamais décidée en 1 re intention. ? Les sondes de pharyngostomie (d'oeso- phagostomie) et de gastrostomie nécessi- tent une anesthésie générale. Les tech- 70
les sondes de nutrition entérale : techniques de pose

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE

Hors-série Hospitalisation - 2002 - 424

niques de pose associées requièrent toutes un temps intra-buccal. Le relâchement de la mâchoire est un critère de choix des agents anesthésiques. ? Lorsqu'un animal qui nécessite un soutien nutritionnel doit être opéré, mettre en place la sonde entérale au cours de l'intervention afin de ne pas infliger à l'animal une anes- thésie supplémentaire.

Les différentes techniques de pose des son-

des sont décrites dans la fiche "Geste" ci- jointe.

TECHNIQUE DE FIXATION

Le laçage chinois

-Le laçage chinois bloque la sonde en posi- tion et l'empêche de glisser à travers le site de ponction. -Un fil de suture cutanée est ancré dans la peau et noué en laissant les deux chefs longs (environ 10 cm). -Un noeud est effectué autour de la sonde, puis les chefs sont croisés de l'autre côté pour être à nouveau noués sur le premier. Ces opé- rations sont répétées une dizaine de fois. -La sonde est alors solidarisée à la peau. -Ce laçage, réalisé à proximité immédiate du site d'introduction de la sonde, garantit efficacement son ancrage.

La colle cyanométacrylate (super glue

-Il est possible de fixer la sonde sur la peau et les poils au moyen de colle forte. -Cette technique est surtout utilisée pour le sondage naso-oesophagien (tubulure collée au chanfrein, sur le front, ...).

Les ailettes ou papillons

-Un morceau de sparadrap, replié sur lui- même, qui entoure la sonde et dépasse d'un ou deux cm de chaque côté de la tubulure est mis en place. -Les ailettes ainsi formées sont cousues ou agrafées à la peau (photo 1).

L'UTILISATION ET L'ENTRETIEN

DES SONDES

Avant tout soutien nutritionnel, il est indispen-

sable d'évaluer les besoins de l'animal. -Une formule permet de calculer ses besoins

énergétiques de base (BEB)

(encadré 1). ?L'alimentation s'effectue avec un aliment liquideou une bouillie formée de nourriture humide mixée dans de l'eau. Le volume à administrer se calcule à l'aide du besoin esti- mé et de la densité énergétique spécifique de l'aliment. Il importe de fractionner les repas.

GESTES DE BASE

La formule est:

BEB (kcal) = 70 x PV 0,75(PV : Poids vif expri-

mé en kg) ?En pratique : -Pour un animal < 2 kg : BEB = 30 x PV -Pour un animal > 2 kg : BEB = 30 x PV + 70 ?En fonction de l'activité et de l'état de santé de l'animal, il existe des facteurs de correction : -Postopératoire : 1,25 - 1,35 x BEB -Traumatisme - cancer : 1,35 - 1,50 x BEB -Infection - septicémie : 1,50 - 1,70 x BEB -Brûlures : 1,70 - 2,00 x BEB *BEB : besoins énergétiques de base Encadré - Calcul des besoinsénergétiques de base Geste

La sonde entérale

introduite dans les voies digestives supérieures ne doit pas traverser le cardia. ?Après retrait d'une sonde entérale, la plaie n'est pas suturée, la cicatrisation s'effectue par 2 nde intention.

GESTES DE BASE

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les sondes de nutrition entérale : techniques de pose

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE

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Introduction de la sonde

naso-oesophagienne. 2

Sonde naso-oesophagienne

avec liseré radio-opaque vue sous radioscopie. 3

Préparation et repérage du site

de pharyngostomie. 4

Préparation et repérage du site

de pharyngostomie. 5

Ponction et passage de la sonde

de pharyngostomie. 6

Sonde retirée jusqu'à la bouche.

7

Sonde coudée au fond

de la cavité buccale. 8

Technique n°

1Pose d'une sonde naso-oesophagienne

Les sondes introduites dans les voies digestives

supérieures ne doivent pas traverser le cardia pour deux raisons : -conserver la motricité propre de la partie dista- le de l'oesophage et du cardia ; -diminuer les risques de vomissements et de reflux gastro-oesophagiens. ? Étape 1 : placer l'animal en décubitus sternal, maintenu par un aide. ? Étape 2 : estimer la distance entre la truffe et la 9 e côte et la reporter sur la sonde(repérage d'une graduation, trace de marqueur indélébile, ...). ?Étape 3 : anesthésier localement et se placer face à l'animal. ?Étape 4 : retrousser la truffede l'animal. ?Étape 5 : introduire la sonde dans la narine, en direction ventro-médiale(vers la base du pavillon de l'oreille opposée) (photo 2).Si celle- ci bute sur un obstacle après quelques cms, ne jamais tenter de passer la sonde en force car elle se situe très probablement dans les cornets nasaux. ?Étape 6 : vérifier le positionnement de la sonde : -l'ouverture de la gueule de l'animal, lorsqu'elle est possible, permet d'exclure un retournement de l'extrémité de la sonde dans la cavité buccale ; -l'aspiration d'air dans la sonde à l'aide d'une seringue doit se tarir rapidement : l'oesophage se collabe sous l'effet de la dépression ; -l'injection de 1 ml d'eau stérile déclenche une toux lorsque la sonde est en position trachéale ; -lorsque la sonde utilisée possède un liseré radio- opaque, un simple contrôle radiographique s'avère suffisant. S'il persiste un doute ou si la sonde n'est pas radiovisible, un liquide de contraste stérile à usage intraveineux (Omnipaque *, Lopamiron *) peut être injecté dans la sonde pour vérifier son trajet (photo 3).

Pose d'une sonde de pharyngostomie

Les techniques de pose des sondes de pharyn-

gostomie et d'oesophagostomie sont identiques, seul le site d'introduction diffère. ?Étape 1 : Anesthésier l'animal et le placer en décubitus latéral droit. ?Étape 2 : Préparer chirurgicalement le site d'introductionde la sonde. -Pour la sonde de pharyngostomie, le point d'in- troduction se situe sur la gauche de l'animal, en arrière de l'os hyoïde et au-dessus de l'entrée du larynx (repérage au doigt par la cavité buccale). -Pour la sonde d'oesophagostomie,le point d'introduction est légèrement plus caudal, en arrière de l'entrée du larynx dans l'oesophage proximal (photos 4, 5). ?Étape 3 : Repérer et reporter la distanceentre le point d'introduction de la sonde et la 9 e côtesur la sonde. ?Étape 4 : Introduire une pince hémostatique courbe dans la cavité buccale, de manière à faire saillir son extrémité, en regard du site de ponction de la sonde. Une incision au bistouri, est pratiquée entre les mors écartés (photo 6). ?Étape 5 : Saisir l'extrémité distale de la sonde grâce à la pince et la tirer jusqu'à la cavité buccale. ?Étape 6 : Retourner l'extrémité de 180° et l'introduire dans l'oesophage, en veillant à ce que la sonde ne reste pas coudée. ?Étape 7 : Vérifier le bon positionnement de la sondede la même manière que pour la sonde naso-oesophagienne (photos 7, 8).

Technique n°2

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les sondes de nutrition entérale : techniques de pose

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE

Hors-série Hospitalisation - 2002 - 426

Pose d'une sonde d'oesophagostomie

La pose d'une sonde d'oesophagostomie per-

met d'alimenter l'animal avec tout type de nourriture mixée pendant plusieurs semaines sans inconvénient majeur.Cette sonde oesopha- go-oesophagienne pénètre dans l'oesophage au milieu du cou et chemine dans l'oesophage sans entrer dans l'estomac. ?Étape 1 :quotesdbs_dbs30.pdfusesText_36

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