HEURE PAR HEURE
18 mars 2022 LES RENCONTRES TÉLÉRAMA ... Le son BD en partenariat avec la Bibliothèque ... La collection BD pour les 7-13 ans d'âge mental.
CORPUS DE SEQUENCE : LEtranger un héros de labsurde ?
http://www.telerama.fr/livre/bd-l-etranger-le-roman-d-albert-camus-adapte-par-jacques- · ferrandez96095.php critiques repensent le personnage-clef.
Des livres de lannée 2020 des autrices et des auteurs de Nouvelle
1 déc. 2020 Un recueil d'articles critiques parus entre 2004 et 2015 dans lesquels ... de la BD et de l'image Angoulême
Mise en page 1
Crumb ou Joe Matt joue avec les codes de la BD la critique : France Inter
GUIDE DE LA BANDE DESSINÉE EN NOUVELLE-AQUITAINE
Ces professionnels sont rassemblés par ALCA dans ce premier guide BD en le journal Spirou ainsi que pour Télérama
UNE SÉLECTION DES BIBLIOTHÉCAIRES DE TOULON
Bd de la Roseraie Ouvrages pratiques sur le dessin de BD et de Manga (traits ... Dans cet ouvrage critique abondamment illustré
Le programme officiel du festival BD Quai des Bulles 25 26 & 27
26 oct. 2019 Elle est aussi visible dans sa version itinérante du 21 au 25 octobre 2019 au Sémaphore de la Pointe du Grouin à Cancale. CRITIQUES BD.
SUGGESTIONS DE LECTURE (SECONDE / PREMIERE
2 /Romans recueils de nouvelles
Com presse indispensables BD ETE 2021
21 juin 2021 Toute l'année les journalistes de l'Association des critiques et journalistes de Bande Dessinée (ACBD) ont la chance de lire des milliers ...
Si vous ne savez pas quoi lire cet été nous vous proposons une liste
la critique ACBD 2016 prix des libraires de bande dessinée 2016. Cote : BD FAB. Livre. Fombelle
Bande Dessinée - tous nos articles et vidéos - Télérama
Résistant explorateur polaire psychanalyste La documentariste Nina Almberg explore en BD avec la dessinatrice Laure Guillebon toutes les facettes de
Les livres critiqués par Télérama
Les livres critiqués par Télérama Le Discours philosophique r Michel Foucault Surgi des très nombreuses archives du philosophe ce dense manuscrit de 1966
lactualité littéraire nos critiques et sélections - Livres - Télérama
Nos dernières critiques Romans polars essais BD découvrez nos derniers coups de cœur ou nos derniers coups de griffe ! Les sélections de la
BD - tous nos articles et vidéos - Télérama
Chaque semaine la rédaction sélectionne les meilleurs albums parmi les nouveautés BD du moment et demande à un auteur de commenter trois de ses planches
Une histoire de la BD en 140 albums : la bédéthèque idéale de
18 oct 2021 · Une histoire de la BD en 140 albums : la bédéthèque idéale de “Télérama” Ligne claire roman graphique comics mangas En sept listes de vingt
[PDF] LES MÉTIERS DE LILLUSTRATION DE LA BD ET DU CINÉMA D
9 déc 2022 · Télérama est partenaire du Salon des études artistiques Start qui se tient au Carrousel du Louvre les et décembre Paris er
Les 5 titres en compétition pour le Prix Asie de la Critique ACBD 2017
27 jui 2017 · L'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée) a établi mondial de la BD [Larousse]) Stéphane JARNO (Télérama)
« Télérama » : Le « petit bonhomme » des critiques remplacé par
22 mar 2022 · « Télérama » change mercredi sa mascotte des pages cinéma le magazine a « tout de suite pensé » à la créatrice de BD Pénélope Bagieu
Notre critique dUn homme heureux: comédie de genre - Le Figaro
14 fév 2023 · CRITIQUE - Un maire de droite découvre que sa femme veut devenir un homme Tristan Séguéla opte pour la comédie légère et joyeuse sur ce
[PDF] HEURE PAR HEURE FIBD 2023indd - Festival dAngoulême
26 jan 2023 · de la BD et les compiler en petit un livre à feuilleter avec le LES RENCONTRES TÉLÉRAMA : LA FABRIQUE D'UN STYLE Jérémie Moreau
LITTERATURE ET LES AUTRES ARTS.
Doc 1.2 : Le crime
Doc 1.4 : Face au juge.
Doc 1.5 : Au tribunal
Doc 1.6 : Le verdict
ferrandez,96095.phpd'abord avec L'Hôte en 2009, puis avec L'Etranger, qu'il vient d'adapter. Ses aquarelles lumineuses
restituent élégamment des paysages écrasés de chaleur, où se déroule un drame sourd : l'indéchiffrable
Meursault a tué un homme, et va être condamné à mort. Mais le jury est-il plus sensible à cet assassinat,
ou à l'indifférence affichée de l'accusé lors de l'enterrement de sa mère ? Pour Télérama.fr, Jacques
Ferrandez commente trois planches de son album.
" Aujourd'hui, Maman est morte. » de voix off : c'est de la bande dessinée, il faut dialoguer les situations pour les rendre vivantes. J'ai donc dû trouver une astuce. Albert Camus m'a fourni la solution : son héros s'assoupit dans le bus, quelques pages plus loin. J'ai profité de cette situation pour opérer un retour en arrière dialogué, et conserver ensuite cette forme de narration. J'ai choisi de faire de Meursault un homme jeune. Pour moi, L'Etranger est un roman sur la jeunesse, ilpointe un refus du mensonge et des règles de la société. J'ai pensé à James Dean ou Gérard Philipe pour
créer mon héros. Comme je dessine l'intrigue au fur et à mesure, mon trait évolue : au début, je cherche
mes personnages, je peine à les rendre ressemblants d'une case à l'autre. Cela va finalement bien à
Meursault, qui est si difficilement cernable... »L'enterrement de la mère.
" Voilà la fin de la scène de l'enterrement de la mère de Meursault. Dans son livre, Camus évoque le goudron de la route qui fond, tant il fait chaud. Il était donc essentiel de montrer à quel point la chaleur baigne toute l'histoire, jusqu'au malaise. Elle constitue le fil rouge de ce récit. Il m'a fallu faire passer un sentiment d'écrasement. Je représente un soleil presque enfantin, très codifié. J'utilise là un vocabulaire très " ligne claire », qu'on peut retrouver chez Hergé ʹ notamment lorsqu'il montre le Capitaine Haddock saoul, ou le Professeur Tournesol en pleine confusion : des spirales, des gouttes... Les couleurs sont évidemment importantes, puisqu'elles traduisent la lumière. Lorsque j'ai commencé à travailler sur l'Afrique du Nord, je me suis inspiré des peintres orientalistes. Mais c'était trop vif, criard. J'ai opté pour des teintes plus douces, qui montrent mieux l'aveuglement généré par le soleil. »Le procès de Meursault.
Document 3 : rama :
" Pas évident de montrer le procès de Meursault sans être ennuyeux et répéter des joutes verbales un peu similaires. Un vrai challenge, puisque vingt-quatre pages de cette BD se déroulent au sein d'un tribunal ! J'ai donc utilisé des scènes à l'aquarelle pour figurer l'ambiance générale, et permettre à la planche de respirer. J'ai aussialterné des plans serrés et généraux. Mais l'ensemble est véritablement porté par le
Jacques Brochier, un intellecturel parisien dans la mouvance de Jean-Paul Sartre, qui avait qualifié Albert Camus de " philosophe pour classe de terminale ». Et j'ai fait à Céleste ʹ le patron du restaurant où Meursault a ses habitudes ʹ la tête de William Faulkner, pour lequel Camus avait beaucoup d'admiration. Un peu plus loin, j'ai transformé Sartre en journaliste agressif venu de Paris... Une façon de venger Camus, en quelque sorte ! »" Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. » Ainsi commence L'Etranger, le plus
célèbre des romans d'Albert Camus, vendu à plus de dix millions d'exemplaires. Nombre de collégiens,
avec ce livre, découvrent le concept d'" absurde », et s'identifient au mal-être de Meursault, au non-sens
du monde qui les entoure. Jean-Paul Sartre, lui, s'était intéressé au temps des verbes dans le livre : le passé
composé plutôt que l'imparfait, la brièveté plutôt que la durée ! Mais c'est aussi un roman dont certains
critiques repensent le personnage-clef. Car la question de " l'Arabe », elle, n'avait pas effleuré ceux de
l'époque. Aujourd'hui, des lectures plus politiques, aiguisées par l'actualité, soulèvent une question,
presque une énigme : mais qui est donc " l'étranger » de L'Etranger ? Est-ce Meursault, Français d'Algérie
parmi d'autres, impassible qui ne pleure pas à la mort de sa mère et ne s'abandonne qu'à " la tendre
indifférence du monde » ? Meursault est-il l'archétype de celui qui rejette les codes sociaux et finit
guillotiné pour n'avoir pas " joué le jeu », comme l'écrivit Camus dans sa préface à l'édition américaine, en
1946 ? Ou n'est-il que la version romanesque du Mythe de Sisyphe et de sa réflexion philosophique sur
Doc 5.1 : Incipit (1ère partie, chapitre 1)
Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J'ai reçu un télégramme de
l'asile: " Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués.» Cela ne veut rien dire. C'était
peut-être hier.L'asile de vieillards est à Marengo, à quatre-vingts kilomètres d'Alger. Je prendrai l'autobus à
deux heures et j'arriverai dans l'après-midi. Ainsi, je pourrai veiller et je rentrerai demain soir. J'ai 5
demandé deux jours de congé à mon patron et il ne pouvait pas me les refuser avec une excuse
pareille. Mais il n'avait pas l'air content. Je lui ai même dit : "Ce n'est pas de ma faute." II n'a pas
répondu. J'ai pensé alors que je n'aurais pas dû lui dire cela. En somme, je n'avais pas à m'excuser.
C'était plutôt à lui de me présenter ses condoléances. Mais il le fera sans doute après-demain, quand il
me verra en deuil. Pour le moment, c'est un peu comme si maman n'était pas morte. Après 10
l'enterrement, au contraire, ce sera une affaire classée et tout aura revêtu une allure plus officielle.
J'ai pris l'autobus à deux heures. II faisait très chaud. J'ai mangé au restaurant, chez Céleste,
comme d'habitude. Ils avaient tous beaucoup de peine pour moi et Céleste m'a dit: "On n'a qu'unemère". Quand je suis parti, ils m'ont accompagné à la porte. J'étais un peu étourdi parce qu'il a fallu
que je monte chez Emmanuel pour lui emprunter une cravate noire et un brassard. Il a perdu son oncle, 15
il y a quelques mois.J'ai couru pour ne pas manquer le départ. Cette hâte, cette course, c'est à cause de tout cela
sans doute, ajouté aux cahots, à l'odeur d'essence, à la réverbération de la route et du ciel, que je me
suis assoupi. J'ai dormi pendant presque tout le trajet. Et quand je me suis réveillé, j'étais tassé contre
un militaire qui m'a souri et qui m'a demandé si je venais de loin. J'ai dit "oui" pour n'avoir plus à 20
parler.Doc 5.2 : La demande en mariage (I, 5)
Le soir, Marie est venue me chercher et m'a demandé si je voulais me marier avec elle. J'ai ditque cela m'était égal et que nous pourrions le faire si elle le voulait. Elle a voulu savoir alors si je
l'aimais. J'ai répondu comme je l'avais déjà fait une fois, que cela ne signifiait rien mais que sans doute
je ne l'aimais pas. "Pourquoi m'épouser alors?" a-t-elle dit. Je lui ai expliqué que cela n'avait aucune
importance et que si elle le désirait, nous pouvions nous marier. D'ailleurs, c'était elle qui le demandait 5
et moi je me contentais de dire oui. Elle a observé alors que le mariage était une chose grave. J'ai
répondu : "Non". Elle s'est tue un moment et elle m'a regardé en silence. Puis elle a parlé. Elle voulait
simplement savoir si j'aurais accepté la même proposition venant d'une autre femme, à qui je serais
attaché de la même façon. J'ai dit : "Naturellement." Elle s'est demandée alors si elle m'aimait et moi,
je ne pouvais rien savoir sur ce point. Après un autre moment de silence, elle a murmuré que j'étais 10
bizarre, qu'elle m'aimait sans doute à cause de cela mais que peut-être un jour je la dégoûterais pour
les mêmes raisons. Comme je me taisais, n'ayant rien à ajouter, elle m'a pris le bras en souriant et elle
a déclaré qu'elle voulait se marier avec moi. J'ai répondu que nous le ferions dès qu'elle le voudrait. Je
lui ai parlé alors de la proposition du patron et Marie m'a dit qu'elle aimerait connaître Paris. Je lui ai
appris que j'y avais vécu dans un temps et elle m'a demandé comment c'était. Je lui ai dit: "C'est sale. 15
Il y a des pigeons et des cours noires. Les gens ont la peau blanche."Puis nous avons marché et traversé la ville par ses grandes rues. Les femmes étaient belles et
j'ai demandé à Marie si elle le remarquait. Elle m'a dit que oui et qu'elle me comprenait. Pendant un
moment, nous n'avons plus parlé. Je voulais cependant qu'elle reste avec moi et je lui ai dit que nous
pouvions dîner ensemble chez Céleste. Elle en avait bien envie, mais elle avait à faire. Nous étions 20
près de chez moi et je lui ai dit au revoir. Elle m'a regardé: "Tu ne veux pas savoir ce que j'ai à faire?"
Je voulais bien le savoir, mais je n'y avais pas pensé et c'est ce qu'elle avait l'air de me reprocher.
Alors, devant mon air empêtré, elle a encore ri et elle a eu vers moi un mouvement de tout le corps
pour me tendre sa bouche. 25J'ai pensé que je n'avais qu'un demi-tour à faire et ce serait fini. Mais toute une plage vibrante de soleil
se pressait derrière moi. J'ai fait quelques pas vers la source. L'Arabe n'a pas bougé. Malgré tout, il
était encore assez loin. Peut-être à cause des ombres sur son visage, il avait l'air de rire. J'ai attendu. La
brûlure du soleil gagnait mes joues et j'ai senti des gouttes de sueur s'amasser dans mes sourcils. 5
C'était le même soleil que le jour où j'avais enterré maman et, comme alors, le front surtout me faisait
mal et toutes ses veines battaient ensemble sous la peau. A cause de cette brûlure que je ne pouvais
plus supporter, j'ai fait un mouvement en avant. Je savais que c'était stupide, que je ne me
débarrasserais pas du soleil en me déplaçant d'un pas. Mais j'ai fait un pas, un seul pas en avant. Et
cette fois, sans se soulever, l'Arabe a tiré son couteau qu'il m'a présenté dans le soleil. La lumière a 10
giclé sur l'acier et c'était comme une longue lame étincelante qui m'atteignait au front. Au même
instant, la sueur amassée dans mes sourcils a coulé d'un coup sur les paupières et les a recouvertes d'un
voile tiède et épais. Mes yeux étaient aveuglés derrière ce rideau de larmes et de sel. Je ne sentais plus
que les cymbales du soleil sur mon front et, indistinctement, le glaive éclatant jailli du couteau
toujours en face de moi. Cette épée brûlante rongeait mes cils et fouillait mes yeux douloureux. C'est 15
alors que tout a vacillé. La mer a charrié un souffle épais et ardent. Il m'a semblé que le ciel s'ouvrait
sur toute son étendue pour laisser pleuvoir du feu. Tout mon être s'est tendu et j'ai crispé ma main sur
le revolver. La gâchette a cédé, j'ai touché le ventre poli de la crosse et c'est là, dans le bruit à la fois
sec et assourdissant, que tout a commencé. J'ai secoué la sueur et le soleil. J'ai compris que j'avais
détruit l'équilibre du jour, le silence exceptionnel d'une plage où j'avais été heureux. Alors, j'ai tiré 20
encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s'enfonçaient sans qu'il y parût. Et c'était comme
quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur.Doc 5.4 :
L'après-midi, les grands ventilateurs brassaient toujours l'air épais de la salle et les petits
éventails multicolores des jurés s'agitaient tous dans le même sens. La plaidoirie de mon avocat me
semblait ne devoir jamais finir. A un moment donné, cependant, je l'ai écouté parce qu'il disait: "Il est
vrai que j'ai tué". Puis il a continué sur ce ton, disant "je" chaque fois qu'il parlait de moi. J'étais très
étonné. Je me suis penché vers un gendarme et je lui ai demandé pourquoi. Il m'a dit de me taire et, 5
après un moment, il a ajouté: "Tous les avocats font ça." Moi, j'ai pensé que c'était m'écarter encore de
l'affaire, me réduire à zéro et, en un certain sens, se substituer à moi. Mais je crois que j'étais déjà très
loin de cette salle d'audience. D'ailleurs, mon avocat m'a semblé ridicule. Il a plaidé la provocation très
rapidement et puis lui aussi a parlé de mon âme. Mais il m'a paru qu'il avait beaucoup moins de talent
que le procureur. "Moi aussi, a-t-il dit, je me suis penché sur cette âme, mais, contrairement à 10
l'éminent représentant du ministère public, j'ai trouvé quelque chose et je puis dire que j'y ai lu à livre
ouvert." II y avait lu que j'étais un honnête homme, un travailleur régulier, infatigable, fidèle à la
maison qui l'employait, aimé de tous et compatissant aux misères d'autrui. Pour lui, j'étais un fils
modèle qui avait soutenu sa mère aussi longtemps qu'il l'avait pu. Finalement j'avais espéré qu'une
maison de retraite donnerait à la vieille femme le confort que mes moyens ne me permettaient pas de 15
lui procurer. "Je m'étonne, messieurs, a-t-il ajouté, qu'on ait mené si grand bruit autour de cet asile.
Car enfin, s'il fallait donner une preuve de l'utilité et de la grandeur de ces institutions, il faudrait bien
dire que c'est l'Etat lui-même qui les subventionne." Seulement, il n'a pas parlé de l'enterrement et j'ai
senti que cela manquait dans sa plaidoirie. Mais à cause de toutes ces longues phrases, de toutes ces
journées et ces heures interminables pendant lesquelles on avait parlé de mon âme, j'ai eu l'impression 20
que tout devenait comme une eau incolore où je trouvais le vertige. A la fin, je me souviens seulement que, de la rue et à travers tout l'espace des salles et desprétoires, pendant que mon avocat continuait à parler, la trompette d'un marchand de glace a résonné
jusqu'à moi. J'ai été assailli des souvenirs d'une vie qui ne m'appartenait plus, mais où j'avais trouvé les
plus pauvres et les plus tenaces de mes joies: des odeurs d'été, le quartier que j'aimais, un certain ciel 25
du soir, le rire et les robes de Marie. Tout ce que je faisais d'inutile en ce lieu m'est alors remonté à la
gorge et je n'ai eu qu'une hâte, c'est qu'on en finisse et que je retrouve ma cellule avec le sommeil.
C'est à peine si j'ai entendu mon avocat s'écrier, pour finir, que les jurés ne voudraient pas envoyer à la
mort un travailleur honnête perdu par une minute d'égarement, et demander les circonstances
atténuantes pour un crime dont je traînais déjà, comme le plus sûr de mes châtiments, le remords 30
éternel. La cour a suspendu l'audience et l'avocat s'est assis d'un air épuisé. Mais ses collègues sont
venus vers lui pour lui serrer la main. J'ai entendu: "Magnifique, mon cher." L'un d'eux m'a même pris
à témoin: "Hein?" m'a-t-il dit. J'ai acquiescé, mais mon compliment n'était pas sincère, parce que
j'étais trop fatigué. 35Lui parti, j'ai retrouvé le calme. J'étais épuisé et je me suis jeté sur ma couchette. Je crois que j'ai
dormi parce que je me suis réveillé avec des étoiles sur le visage. Des bruits de campagne montaient jusqu'à
moi. Des odeurs de nuit, de terre et de sel rafraîchissaient mes tempes. La merveilleuse paix de cet été endormi
entrait en moi comme une marée. A ce moment, et à la limite de la nuit, des sirènes ont hurlé. Elles
annonçaient des départs pour un monde qui maintenant m'était à jamais indifférent. 5Pour la première fois depuis bien longtemps, j'ai pensé à maman. Il m'a semblé que je comprenais
pourquoi à la fin d'une vie elle avait pris un "fiancé», pourquoi elle avait joué à recommencer. Là-bas, là-bas
aussi, autour de cet asile où des vies s'éteignaient, le soir était comme une trêve mélancolique. Si près de la
mort, maman devait s'y sentir libérée et prête à tout revivre. Personne, personne n'avait le droit de pleurer sur
elle. Et moi aussi, je me suis senti prêt à tout revivre. Comme si cette grande colère m'avait purgé du mal, vidé 10
d'espoir, devant cette nuit chargée de signes et d'étoiles, je m'ouvrais pour la première fois à la tendre
indifférence du monde. De l'éprouver si pareil à moi, si fraternel enfin, j'ai senti que j'avais été heureux, et que
je l'étais encore. Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu'il y
ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine.
quotesdbs_dbs27.pdfusesText_33[PDF] conseils bd adultes
[PDF] bd overwatch junkertown
[PDF] bd a avoir absolument
[PDF] bd ? lire absolument
[PDF] 100 meilleures bd de tous les temps
[PDF] les bandes dessinées gratuites pdf
[PDF] telecharger bd asterix gratuit
[PDF] rythme tango piano
[PDF] instruments du tango
[PDF] tango histoire des arts
[PDF] libertango analyse musicale
[PDF] rythme caractéristique tango
[PDF] le tango
[PDF] sujet bts fed 2016