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étrangère ou seconde

40/41 | 2008

L'émergence du domaine et du monde

francophones Actes du colloque tenu à l'université de Versailles Saint-Quentin-en-

Yvelines

Gérard

Vigner

et

Jean-Yves

Mollier

(dir.)

Édition

électronique

URL : https://journals.openedition.org/dhfles/96

DOI : 10.4000/dhfles.96

ISSN : 2221-4038

Éditeur

Société Internationale pour l'Histoire du Français Langue Étrangère ou Seconde

Édition

imprimée

Date de publication : 1 janvier 2008

ISSN : 0992-7654

Référence

électronique

Gérard Vigner et Jean-Yves Mollier (dir.),

Documents pour l'histoire du français langue étrangère ou seconde , 40/41

2008, "

L'émergence du domaine et du monde francophones

» [En ligne], mis en ligne

le 19 juin 2010, consulté le 27 mai 2021. URL : https://journals.openedition.org/dhfles/96 ; DOI https://doi.org/10.4000/dhfles.96 Ce document a été généré automatiquement le 27 mai 2021.

© SIHFLES

NOTE DE LA RÉDACTIONResponsable de l'édition en ligne : Évelyne Argaud Documents pour l'histoire du français langue étrangère ou seconde, 40/41 | 20081

SOMMAIREAndré Reboullet (1916-2010)Daniel CostePrésentationGérard VignerIntroductionJean-Yves MollierAux origines de la francophonie La notion de " langue de civilisation »Javier Suso López et Maria Eugenia Fernández FraileLa francophonie, le français, son génie et son déclinLuc PinhasAperçu des discours théoriques et critiques sur les desseins et engagements francophones :évolutions, dérives, ambiguïtésJosé Domingues de AlmeidaRivalités linguistiques et efforts de promotion du français à l'Unesco de 1945 à 1970Chloé MaurelLe fonctionnement du mot " francophonie » dans la revue Esprit, novembre 1962 : à la

recherche d'une définition

Paola Puccini

Histoire d'une institution au coeur de la Francophonie

Michèle Gendreau-Massaloux

Les élites africaines et la langue française : une appropriation controversée

Alice Goheneix

Contre la disparition du monde francophone de l'Alliance israélite universelle : les efforts de

Vitalis Danon à Tunis (1945-1958)

Danielle Omer

La Francophonie ivoirienne

Enjeux politiques et socioculturels

Alain Laurent Aboa Abia

Le français en Côte d'Ivoire : de l'imposition à l'appropriation décomplexée d'une langue

exogène

Jérémie Kouadio N'Guessan

La francophonie au Congo-Kinshasa : pratiques ordinaires et littéraires (1945-1970)

Luc Collès

L'émergence de la conscience francophone au Congo-Kinshasa

Jean-Christophe L. A. Kasende

L'aventure ambiguë d'un pays bilingue. Le cas du Cameroun

Félix Nicodème Bikoï

Figures de l'émergence de la francophonie dans les manuels scolaires pour l'Afrique et

Madagascar (1960-1970)

Michèle Verdelhan-Bourgade

Auguste Viatte & Haïti (1939-1946)

Établissement d'un centre stratégique pour le rayonnement de la culture française

Thibault Lachat

Documents pour l'histoire du français langue étrangère ou seconde, 40/41 | 20082 La Suisse au défi de la francophonie : entre aspirations culturelles et réticences politiques

(1960-1970)Claude HauserL'émergence du Québec en tant qu'acteur de la francophonie : une révolution tranquille oudifficile ?Gwénael LamarqueL'émergence improbable du domaine et du monde francophones au Portugal entre 1945 et

1970Maria Hermínia Amado LaurelLe Viêt Nam, un pays francophone atypique : regard sur l'emprise française sur l'évolutionlittéraire et journalistique au Viêt Nam depuis la première moitié du XXe siècle

Thu Hang Le

Documents pour l'histoire du français langue étrangère ou seconde, 40/41 | 20083

André Reboullet (1916-2010)Daniel Coste

1 André Reboullet, inventeur de la SIHFLES, nous a quittés. Discrètement. Dans la nuit du

31 janvier 2010. Depuis plusieurs mois, il se trouvait dans une maison de retraite

parisienne, pas très loin de ce Quartier latin qu'il avait parcouru tant de fois, entre rue Lhomond (où il vivait, à côté des anciens bureaux du BELC, dont il fut longtemps directeur-adjoint), place du Panthéon (où, retraité, il parlait des grands hommes à ses petits enfants avant de les accompagner au McDo), boulevard Saint-Michel (où il anima,

20 ans durant, dans les locaux d'Hachette, la revue Le Français dans le monde).

2 Il était né le 22 novembre 1916, en Ardèche. Père et mère instituteurs, qui, à Ruoms,

auront leurs deux fils, André et Maurice, dans leurs classes. Au début de leur retraite,

André et son épouse Yvonne Fichoux-Reboullet établirent une généalogie illustrée de

leurs filiations respectives, sur six générations. Les enracinements, ardéchois d'un côté,

breton de l'autre, y apparaissent comme très forts. Les ancêtres n'avaient guère bougé...

3 André entre à l'école normale d'instituteurs de Privas, puis, bon élève, prépare le

concours d'entrée à l'École normale supérieure de Saint-Cloud, qu'il " intègre » en 1937.

On est alors encore dans la distinction interne aux ENS : Ulm, dont l'origine remonte à

la Révolution et à l'Empire, donne accès aux agrégations et à de belles carrières ; Saint-

Cloud et Fontenay-aux-Roses, produits de la Troisième République et couronnement alors de la filière du primaire et du primaire supérieur (qui ne menait pas au

baccalauréat), forment au professorat des écoles normales d'instituteurs et à

l'inspection primaire. Mais Saint-Cloud est aussi marquée par l'appel de l'étranger où, dès les premières promotions, quelques-uns de ces dragons noirs de la République participent à la scolarisation et à l'oeuvre de " civilisation » (au sens alors actif du terme) dans les colonies.

4 C'est après la Seconde Guerre mondiale qu'André Reboullet, qui a épousé en 1939Yvonne Fichoux et a exercé quelques années comme professeur d'école normale, parten poste hors de la métropole. Non toutefois dans quelque reste de l'Empire, mais en

Amérique du Sud, où, après les épreuves de la guerre et au moment où le français est en

Documents pour l'histoire du français langue étrangère ou seconde, 40/41 | 20084 perte de vitesse dans le monde, au profit croissant de l'anglais, il importe d'entretenir, voire de développer francophonie et francophilie.

5 Directeur de 1947 à 1956 d'une école de l'Alliance française à Santiago, le collège

" Pedro de Valdivia », André Reboullet s'emploie avec son épouse à en étendre les effectifs et le rayonnement. Yvonne, elle-même professeur d'école normale, y enseigne les mathématiques et le couple est fort apprécié des enseignants et des parents. Avec

un ami chilien et quelques anciens élèves de ce collège, André Reboullet évoquera, dans

un opuscule paru en 2002

1, ces années actives et heureuses dans un pays auquel il

restera toujours attaché

2. Quel que soit le charme de la grande villa et des petites

dépendances où le collège est installé, les locaux deviennent vite insuffisants, et il s'agira alors, pour le jeune enseignant détaché, d'accompagner le mouvement difficultueux qui aboutira à la création d'un lycée, inauguré en 1959 et toujours dépendant de l'Alliance française, le lycée Saint Exupéry.

6 De retour en France à la rentrée 1956, André Reboullet continue à s'intéresser à ce quibouge dans l'enseignement du français aux étrangers et notamment aux retombées des

travaux qui, à Saint-Cloud, autour de Georges Gougenheim et de Paul Rivenc, ont conduit à l'élaboration du Français fondamental. Il se voit confier en 1957 la direction d'un numéro spécial des Cahiers pédagogiques, dont le titre sera, première du genre, " L'enseignement du français langue étrangère »

3. Dans la présentation de ce même

numéro, André Reboullet dessine en détail le projet d'une revue dont il appelle la mise en chantier pour ce domaine d'enseignement.

7 La charnière entre les années 1950 et 60, après le retour aux affaires du général De

Gaulle et l'affirmation d'une politique culturelle volontariste dont un des volets est la défense et l'illustration du français hors de France, voit une sorte de cristallisation

institutionnelle de ce domaine nouveau du français, langue étrangère (FLE) : création, à

l'ENS de Saint-Cloud, du CRÉDIF (Centre de recherche et d'étude pour la diffusion du

français), issu du Centre d'étude du français élémentaire où l'enquête du Français

fondamental avait été menée ; création du BEL (Bureau d'étude et de liaison), bientôt

rebaptisé BELC (Bureau pour l'enseignement de la langue et de la civilisation françaises

à l'étranger) et création d'une nouvelle revue, Le Français dans le monde, dont Reboullet,

auteur du projet publié dans Les Cahiers pédagogiques, se voit confier la rédaction-en- chef.

8 Cette revue, qui a aujourd'hui 50 ans et en est à son numéro 367, sera le (premier)grand oeuvre d'André Reboullet, qui la dirige de 1961 à 1981. Elle fera aussi de lui une

des figures majeures du français langue étrangère. Une politique hardie d'équilibre

entre actualité littéraire et culturelle, information et réflexion linguistiques et

pédagogiques, donne son image propre au Français dans le monde. La parution régulière de numéros spéciaux qui ponctuent et interrogent les évolutions du FLE, la création de la Collection F où il initie des ouvrages de référence à un moment où aucune maison d'édition n'en propose encore vraiment pour ce secteur, celle de Réponses, première publication consacrée au français langue seconde ou encore de Passepartout, instrument

destiné aux jeunes apprenants étrangers, manifestent l'esprit d'initiative, la créativité

et le sens stratégique de Reboullet. Qualités précieuses pour un responsable dont la position institutionnelle complexe requiert un certain doigté et quelque entregent : sur un poste Éducation nationale, officiellement directeur-adjoint du BELC, il dirige une revue qui intéresse au premier chef le ministère des Affaires étrangères et se trouve Documents pour l'histoire du français langue étrangère ou seconde, 40/41 | 20085 lui-même niché dans une maison d'édition, Hachette, qui lui fait confiance, mais a aussi quelque intérêt économique et symbolique à l'entreprise...

9 Autant, il sait ce qu'il veut, a une vision claire de ce qu'il convient de faire, tient

fermement la barre et ne laisse pas la revue ballotter au gré des modes méthodologiques du FLE, autant sa courtoisie diligente et son habileté lui permettent de solliciter et de mobiliser pour la revue et ses divers périphériques des institutions et des hommes (beaucoup plus que des femmes à l'époque !) qui se trouvent par ailleurs en rivalité d'intérêts ou en divergence idéologique 4.

10 Dès la fin des années 60, André Reboullet s'active aussi pour que le domaine de

l'enseignement du français moderne, langue étrangère ou non, continue à se

structurer. Avec le belge Louis Philippart, il se trouve à l'origine de la création de la

Fédération internationale des professeurs de français (FIPF), dont le congrès fondateur a lieu

à Paris en 1969 et qui réunit des associations nationales d'enseignants de français. Dans

la dynamique préparatoire à la création de cette fédération, il apparaît vite que la

France ne dispose que d'une association peu représentative et peu sensible aux évolutions modernes, l'Association des professeurs de français et de langues anciennes de l'enseignement public secondaire (créée en 1909 et où les enseignants de latin et de grec ont la main haute). Là encore, André Reboullet sera de ceux qui engagent les démarches et prennent les contacts menant, en 1968, à la création de l'Association française des professeurs de français

5, le recteur Gérald Antoine couvrant de son égide cette fondation

et Pierre Barbéris (ancien de Saint-Cloud et enseignant à l'ENS) en devenant le premier président de fait. Jean-Claude Chevalier, actif lui aussi dans ce démarrage et membre du

bureau, se charge des relations de l'AFPF avec l'enseignement supérieur. Sitôt

l'association sur de bons rails, André Reboullet reprend ses distances, non sans avoir aidé, en technicien confirmé de l'édition, au lancement de la revue de la jeune AFEF, Le

Français aujourd'hui.

11 Dans cette même période, il est aussi, au Français dans le monde, à l'origine d'un nouvel

outil de référence pour le domaine du FLE : il définit en 1970 le contour d'un " dictionnaire du professeur de français » qui, après une longue gestation et diverses réorientations, aboutira en 1976 à la sortie, dans la collection F, du Dictionnaire de didactique des langues.

12 Abandonnant à 65 ans, en 1981, la direction du Français dans le monde, Reboullet ne

s'enferme certes pas dans une retraite tranquille. Avec ceux qui avaient été ses assistants fidèles à la revue, Jean-Jacques Frêche et Jacques Verdol

6, il poursuit

allégrement la publication d'une méthode d'enseignement du français langue

étrangère, la Méthode Orange, qui sera plusieurs année durant, un best seller des manuels.

13 Et on en arrive à l'invention de la SIHFLES... Comme militant et comme stratège du

français à l'étranger, André Reboullet sait que le domaine en voie continue

d'affirmation a besoin aussi de s'adosser à une meilleure connaissance de son passé. Lecteur attentif de l'Histoire de la langue française de Ferdinand Brunot, il admire tout ce que ce grand personnage a mis au jour sur le " français hors de France », mais il est aussi conscient, non seulement que l'oeuvre n'a pas été achevée, mais qu'elle a grand besoin d'actualisation. Dans le numéro 208, avril 1987, du Français dans le monde, il publie une sorte de manifeste sous le titre " Pour une histoire de l'enseignement du FLE ». Il y dresse un état des lieux, repère les travaux historiques menés dans et pour différents pays, esquisse un programme d'action. Avec beaucoup de constance et le

soutien de quelques-uns, il s'attache à ce que l'idée d'une création de société

Documents pour l'histoire du français langue étrangère ou seconde, 40/41 | 20086 scientifique dédiée fasse son chemin. Et en décembre 1987, une assemblée constituante

se tient au CIEP de Sèvres, où se trouvent réunis, outre divers collègues français, des

spécialistes invités tels que Carla Pellandra, Elisabet Hammar, Herbert Christ, Willem

Étrangère ou Seconde est née. André Reboullet refusera d'en être le premier président,

mais sera alors très actif au bureau et, avec Claude Oliviéri, premier secrétaire général,

veillera à ce que l'association dispose vite d'une publication régulière, Documents, et d'une Lettre.

14 Après la fondation de la SIHFLES, Reboullet contribue très régulièrement aux travauxde la Société et, plus largement, à des revues où une place est faite à l'histoire, ainsi que

l'atteste la " Bibliographie des travaux d'André Reboullet sur l'histoire du FLE », qui clôt le numéro 21 de Documents. C'est ainsi que, sur son initiative et avec Willem

Frijhoff, il dirige une Histoire du français hors de France qui donne lieu en février 1998 à

un numéro spécial de Recherches et Applications, série complémentaire du Français dans le

monde.

15 Une fois l'association mise sur les rails, André Reboullet passe la main à d'autres pour

ce qui touche la gestion de la Société. Il se retire du bureau, s'abstient de participer aux colloques

7 et se manifeste surtout, en tant que membre du conseil d'administration, par

des courriers détaillés où il développe des propositions de travaux à entreprendre, des

voies nouvelles de développement, des champs à prospecter. Sans du tout jouer le rôle de la statue du Commandeur, il se tient désormais en coulisse, et il n'est pas interdit de penser qu'il ait nourri quelque regret de ne pas voir sa création connaître une expansion à la mesure des espoirs qu'il avait mis en elle.

16 En 2000, le décès brutal de son épouse après plus de soixante ans de vie commune,

affecte profondément André Reboullet. Entouré de ses enfants et petits-enfants, alternant ses séjours entre Paris et Plougasnou (terre natale d'Yvonne Fichoux), lecteur toujours assidu malgré les troubles de vision qu'il connaît, il entre enfin paisiblement dans une forme de retraite.

17 Bientôt un quart de siècle après la création de la SIHFLES et cinquante ans après celle

du Français dans le monde, nous avons toute raison de saluer ici la mémoire de cet infatigable entrepreneur, honnête homme et très grand monsieur du domaine

" français langue étrangère » auquel il apporta bien plus qu'un nom. Dans le numéro 21

de Documents, Willem Frijhoff, imaginant avec humour un " Quatre-vingt-dix-neuvième dialogue à la manière de Pierre Marin, précepteur des petits Bataves, par Guillaume, sieur de Librecourt » le voulait " dédié au Sieur André Reboullet, marquis de Lhomond, mousquetaire au régiment de la Lingua Franca, ancien commandant de la Troupe Joyeuse du FLES ». Et Jean-Claude Chevalier terminait son propre texte d'hommage par ces mots : " Reboullet tout simplement. Merveilleux Reboullet ». Documents pour l'histoire du français langue étrangère ou seconde, 40/41 | 20087

NOTES1. L'opuscule, dirigé par André Reboullet et Hugo Vera Meigg, s'intitule Pedro de Valdivia 641, le

collège de l'Alliance française (1940-1958). On y apprend que Reboullet avait (déjà !) mis en place avec

son prédécesseur puis animé une revue locale nommée Chantecler.

2. Toujours aussi discrètement, Reboullet saura, après le coup d'État de Pinochet, venir

efficacement en aide à des universitaires chiliens menacés par la dictature et qui avaient trouvé

refuge en France.

3. Jusqu'alors on ne parlait que de " français » tout court et la désignation nou-velle était

appelée à un avenir durable !

4. On ne résistera pas au plaisir de citer ces quelques lignes d'un croquis tracé par Jean-Claude

Chevalier - entre La Bruyère et Saint-Simon - dans le numéro de Documents marquant les 10 ans

de la SIHFLES, où, évoquant l'entreprise du Français dans le monde, il écrit : " À la base, au centre, à

la circonférence, l'animateur-fondateur Reboullet, froid et chaleureux, ses cheveux blancs et gris

impeccablement rangés au-dessus de la main tendue, animant avec un sens flegmatique de l'organisation cette machinerie qui allait recouvrir le monde entier [...] Un rien distant : en ces temps de tutoiement universel, il était l'exception qui vouvoyait. Et peut-être même un peu

autoritaire. » (Documents 21, daté de juin 1998, p. 202). Ce numéro 21 de Documents était dédié à

André Reboullet.

5. Ensuite rebaptisée Association française des enseignants de français (AFEF).

6. Tous deux seront fortement impliqués dans les premières années de la SIHFLES, dont Jacques

Verdol fut aussi un dynamique secrétaire général.

7. Un des derniers textes (sinon le dernier, si l'on met à part le petit volume " chilien »

mentionné plus haut) qu'il publie (" Jean Marx -1884-1972- entre-deux-guerres ») paraît en 2001

dans le volume Changements politiques et statut des langues. Histoire et épistémologie 1780-1945, dirigé

par M.-C. Kok Escalle et F. Melka. Le volume résulte d'un colloque organisé à Utrecht en 1999,

mais auquel A. Reboullet n'était pas présent, ayant simplement envoyé sa contribution. Documents pour l'histoire du français langue étrangère ou seconde, 40/41 | 20088

PrésentationGérard Vigner

1 Considéré dans la perspective des événements qui, depuis la Conférence de Brazzaville

(29 janvier - 8 février 1944), ont jalonné le processus francophone dans sa construction, rien de plus normal, rien apparemment de plus évident que le choix du français comme langue de l'émancipation des peuples anciennement colonisés, et langue de rassemblement de nations aux destins jusqu'alors disjoints. Illusion rétrospective dont il faut savoir cependant se déprendre pour souligner, bien au contraire, la réussite paradoxale d'une entreprise, la francophonie, dont la viabilité n'était au départ en rien assurée.

2 Si l'on exclut les francophonies européennes, ou d'origine européenne, France,Wallonie, Romandie, Québec, les colonies seront le lieu principal de construction de

l'entreprise francophone. Or, rien qui ne garantisse en la matière la postérité du français. L'exemple de l'empire colonial hollandais (même si l'expression peut prêter à discussion, car cet empire était constitué tout autant de comptoirs, de postes de

commerce que de territoires) est là pour montrer qu'il n'y avait nulle nécessité à ce que

la langue du colonisateur perdure au-delà des indépendances : et cela en dépit d'une installation ancienne qui remonte au début du XVII e siècle et d'une implantation majeure dans l'île de Java qui sera colonisée continûment jusqu'en 1945. Peu de traces subsistent du néerlandais dans ces différents territoires. Et l'effacement du français dans les territoires de l'ancienne Indochine, qui fut considérée à un moment comme le fleuron de l'empire colonial français, rend bien compte du caractère précaire de l'installation de la langue du colonisateur.

3 Ayant eu par ailleurs à affronter deux guerres de décolonisation particulièrementdures, celle d'Indochine (1945-1954), puis celle d'Algérie (1954-1962), régulièrementcondamnées à la tribune des Nations unies durant toute cette période, la France voit

son image de puissance culturelle et humaniste singulièrement amoindrie. Quel avenir envisager dans ces conditions pour une langue dont le sort est si étroitement lié à des politiques répressives (on doit encore citer l'insurrection de Madagascar, en 1947, très durement réprimée) qui sont en contradiction complète avec ce que pouvaient être les valeurs de la patrie des Droits de l'homme ? Documents pour l'histoire du français langue étrangère ou seconde, 40/41 | 20089

4 On pourrait encore faire état des politiques éducatives, engagées dans les colonies,

françaises ou belges, susceptibles de donner au français une aire de diffusion plus large auprès des populations colonisées. Mais si organisées que soient ces politiques

1, elles ne

touchaient qu'une très petite population d'élèves, s'agissant ici des élèves d'origine

indigène (Jean Capelle pour l'AOF

2 en 1958 signale ainsi que sur une population

scolarisable de 2 900 000 enfants, les effectifs scolarisés s'élevaient à 427 000 élèves et

ceux de l'enseignement secondaire à 22 000 élèves seulement. En Tunisie, Noureddine Sraïeb relève qu'en 1949, sur 775 000 enfants tunisiens d'âge scolaire, seuls 95 000 sont scolarisés, soit 17 % de l'effectif global

3). Quant à l'effort en matière d'enseignement

supérieur, il reste chichement mesuré. S'agissant de la France, deux universités de plein exercice seulement sont ouvertes, Alger en 1909 et Dakar en 1957 4.

5 Et pour faire bonne mesure, à cette liste de facteurs défavorables on peut ajouter

l'attitude du général De Gaulle, qui, acteur majeur de la décolonisation française, a toujours voulu rester en retrait de l'entreprise francophone, dont il sentait bien qu'il ne pourrait en avoir le plein contrôle. Il lui préféra la Coopération, comme principe politique de relation entre les États

5, quitte à ce que cette coopération puisse associer

des actions en direction de la diffusion du français.

6 Aucune bonne fée, apparemment, qui ne soit venue se pencher sur le berceau d'un

enfant apparemment aussi peu désiré. Et pourtant, la francophonie est là, plurielle, vivante, complexe notamment dans le jeu de ses institutions, au terme d'un lent processus d'émergence et d'organisation

6. Moment important dans l'histoire du

français, et la SIHFLES ne pouvait y être indifférente, dans la mesure où de langue

strictement étrangère diffusée auprès de publics restreints, le français allait devenir

langue d'apprentissage et d'usage au quotidien de dizaines de millions de locuteurs un peu partout dans le monde. Le français va ainsi changer de statut, ne plus être seulement la langue apprise par les classes éduquées des pays étrangers, en Europe, en Amérique latine, dans le monde méditerranéen, langues des élites intellectuelles, politiques, sociales, mais être aussi la langue que s'approprieront des populations nouvelles d'élèves, aux origines le plus souvent très modestes et qui appellera la mise en oeuvre de pédagogies nouvelles, celles liées à ce que l'on convient de nommer le français enseigné comme langue seconde.

7 Aussi le colloque de Saint-Quentin-en-Yvelines, qui s'est tenu le 8 et le 9 novembre 2007

a-t-il rassemblé de nombreux intervenants qui ont pu de la sorte porter sur la francophonie un regard différent, éloigné d'une approche strictement franco-française. L'entreprise francophone est ainsi abordée à partir du Portugal, de la Suisse, du Québec, mais encore à partir de l'expérience africaine et asiatique. Et à chaque fois des acteurs attachés à ce que la langue française dans la diversité de ses usages et de ses formes d'apprentissage puisse continuer à exister. Une langue qui ne doit rien à une

quelconque supériorité intrinsèque, on connaît les mythes liés au concept de langue de

civilisation et d'universalité du français, dont plusieurs intervenants font ici justice, mais à une conjonction de facteurs favorables, d'engagements pris à un moment opportun, dans une histoire politique complexe, celle de la décolonisation.

8 Nous remercierons ici toutes celles et tous ceux qui ont permis par leur action, parl'intérêt qu'ils portaient à l'entreprise, l'organisation de cette rencontre, l'université de

Saint-Quentin-en-Yvelines qui a bien voulu nous accueillir, Jean-Yves Mollier, professeur au " Centre d'Histoire culturelle des sociétés contemporaines » qui a participé à la coordination de la rencontre, l'Agence universitaire de la Francophoniequotesdbs_dbs42.pdfusesText_42
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