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THÉSE
Pour obtenir le grade de
DOCTEUR EN DROIT
Discipline : Droit des affaires
Présentée et soutenue publiquement le 24 juin 2005 ParAdamou ALBORTCHIRE
LE SORT DES CONTRATS DANS LES OPERATIONS
DE FUSION ET DE SCISSION DE SOCIETES
COMMERCIALES
Directeur de recherches
Monsieur Jean STOUFFLET, Professeur émérite à la faculté de droit et de science politique de l'Université d'Auvergne, Doyen honoraire de la facultéJury :
Madame Isabelle URBAIN-PARLEANI, Professeur à l'Université Paris V,René DESCARTES, Présidente
Monsieur Didier PORACCHIA, Professeur à l'Université d'Aix-Marseille,Rapporteur
Monsieur Jean STOUFFLET, Professeur à l'Université d'AuvergneMonsieur Nicolas MATHEY, Professe
ur à l'Université d'AuvergneA mes regrettés parents
Albortchiré BAKO et
Hadjara GARBA
Le sort des contrats dans les opérations de fusion et scission de sociétés commerciales 2 Nous tenons à particulièrement remercier : Monsieur le Professeur Jean STOUFFLET,Doyen honoraire à la faculté de droit de l'Université D'Auvergne d'avoir accepté et guidé
mes recherchesNous remercions aussi :
Monsieur Didier PORACCHIA, Professeur à l'Université D'Aix-Marseille, Madame Isabelle URBAIN-PARLEANI, Professeur à l'Université Paris V-René DESCARTES et Nicolas MATHEY, Professeur à l'Université D'Auvergne d'avoir accepté de consacrer leur temps à la lecture et à la soutenance de ma thèse. Le sort des contrats dans les opérations de fusion et scission de sociétés commerciales 3" La liberté du commerce n'est pas une faculté accordée aux négociants de faire ce qu'ils
veulent ; ce serait bien plutôt sa servitude. Ce qui gêne le commerçant ne gêne pas pour cela le commerce. » MONTESQUIEU, De l'esprit des lois, 1748, Gallimard, Coll. folio Essais, n° 275, 1995, livre XX, chapitre XII : " de la liberté du commerce ». " De certaines valeurs, le Droit fait des biens. Sur certains biens, il construit des droits. Porté par une vie collective croissante, le Droit retient comme biens un nombre croissant de valeurs, elles-mêmes multipliées et différenciées. » J.-M. MOUSSERON " Valeurs, biens, droits » in Mélanges Breton-Derrida, Dalloz 1991, p. 277. Le sort des contrats dans les opérations de fusion et scission de sociétés commerciales 4PRINCIPALES ABREVIATIONS
Actes prat. Actes pratiques et ingénierie sociétaireAJ Actualité juridique
AJPI L'Actualité juridique - Propriété immobilière al. Alinéa B.R.D.A. Bulletin rapide de droit des affairesArt. Article
Bull. civ. Bulletins des arrêts de la Cour de cassation Bull. Joly. Bulletin mensuel d'information des sociétésC. civ. Code civil
C. trav. Code du travail
C. Propr. Intell. Code de propriétés intellectuellesCf. Confère
CA Cour d'appel
Cah. dr. entr. Cahiers de droit de l'entreprise
Cass. ass. plén. Cour de cassation, assemblée plénière Cass. ch. réun. Cour de cassation, chambres réuniesCass. civ. 3
eCour de cassation, troisième chambre civile
Cass. com. Cour de cassation, chambre commerciale
Cass. crim. Cour de cassation, chambre criminelle
Cass. req. Cour de cassation, chambre des requêtesCass. soc. Cour de cassation, chambre sociale
CEE Communauté économique européenne
chron. ChroniqueComp. Comparer
C.I. Certificats d'investissement
Comm. Commentaires
Cont. Conc. Cons. Contrats - Concurrence - ConsommationDécis. Décisions
Doc. Doctrine
Dr. & Patr. Droit & Patrimoine
Defrén. com. Répertoire du notariat DefrénoisDr. soc. Droit social
Ed. Édition
Encycl. Encyclopédie
EURL Entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée ex. exempleFasc. Fascicule
Gaz. Pal. Gazette du Palais
GIE Groupement d'intérêt économique
Le sort des contrats dans les opérations de fusion et scission de sociétés commerciales 5Ibid Ibidem
Infra. Ci-dessous
IR Informations rapides
JCP éd. E La semaine juridique entreprise et affaires JCP éd. G La semaine juridique édition générale JCP éd. N La Semaine juridique notariale et immobilièreJuris-Class. Juris-Classeur
Jurispr. Jurisprudence
L.G.D.J. Librairie générale de droit et de jurisprudenceNot. Notamment
Loy. Copr. Loyers et copropriété
n° numéro obs. observations op. cit. opere citatoP.A. Les Petites Affiches
Panor. Panorama
P.u.f. Presse universitaire de France
Préc. Précité
Quot. jurid. Le Quotidien juridique
RCC Revue de la concurrence et de la consommation
RCS Registre de commerce et de sociétés
RD imm. Revue de droit immobilier
RDAI Revue du droit des affaires international
Rép. dr. com. Répertoire du droit commercialRev. hab. fr. Revue de l'habitat français
Rev. inter. dr. comp. Revue internationale de droit comparéRev. Loy. Revue des loyers et des fermages
RJC Revue de jurisprudence commerciale
R.J.D.A. Revue de jurisprudence de droit des AffairesR.T.D. civ. Revue trimestrielle du droit civil
R.T.D. com. Revue trimestrielle du droit commercialSomm. Sommaires
S.A. Société anonyme
S.A.S. Société par actions simplifiée
S.N.C. Société en nom collectif
Supra Ci-dessus
Th. Thèse
V. Voir
Le sort des contrats dans les opérations de fusion et scission de sociétés commerciales 6SOMMAIRE
INTRODUCTION 8
PREMIÈRE PARTIE LES FUSIONS ET SCISSIONS EMPORTENT CONTINUATION DES CONTRATS DE LA SOCIÉTÉ DISSOUTE SANS LIQUIDATION PAR LA SOCIÉTÉ BÉNÉFICIAIRE 23 TITRE I DU PRINCIPE ET DU FONDEMENT DE LA CONTINUATION DES CONTRATS DANS LE CADRE DES OPÉRATIONS DE FUSION ET DE SCISSION 25 CHAPITRE I LE PRINCIPE DE CONTINUATION DE L'ACTIVITE CONTRACTUELLE EN CAS FUSION OU SCISSION DU CONTRACTANT PERSONNE MORALE 27 CHAPITRE II FONDEMENT DU PRINCIPE DE LA CONTINUATION DES CONTRATS ÀL'OCCASION D'UNE FUSION ET SCISSION 60
TITRE II LES CONDITIONS DE LA CONTINUATION DES CONTRATS A L'OCCASION D'UNEOPERATION DE FUSION ET DE SCISSION 107
CHAPITRE I DE LA NECESSITE DUN CONTRAT EN COURS 108 CHAPITRE II L'INDIFFERENCE PRINCIPIELLE DE L'UTILITE ECONOMIQUE DU CONTRAT EN COURS ET DU CONSENTEMENT DU COCONTRACTANT DE LA SOCIETE DISSOUTE SANSLIQUIDATION 144
DEUXIÈME PARTIE LA PORTÉE DE LA RÈGLE DE LA CONTINUATION DES CONTRATS DANS LE CADRE D'UNE OPÉRATION DE FUSION ET DESCISSION 160
TITRE I LE PRINCIPE DU CARACTÈRE GÉNÉRAL DE LA RÈGLE DE CONTINUATION DES CONTRATS À L'OCCASION DES FUSIONS ET DES SCISSIONS 162 CHAPITRE I L'INDIFFERENCE DE PRINICPE DE LA NATURE INTUITU PERSONAE DUCONTRAT EN CAS DE FUSION ET SCISSION 164
CHAPITRE II DE L'APPLICATION DE LA RÈGLE DE LA CONTINUATION A QUELQUES PRINCIPAUX CONTRATS DE LA SOCIETÉ ABSORBÉE OU SCINDÉE 212 TITRE II LES LIMITES A LA REGLE DE LA CONTINUATION DES CONTRATS CONSECUTIVE A UNE OPERATION DE FUSION ET DE SCISSION 294 CHAPITRE I LES OBSTACLESÀ LA REGLE DE CONTINUATION RESULTANT DE TECHNIQUES CONTRACTUELLES ET DE LA NECESSITE DE SAUVEGARDER L'INTÉRÊT DUCOCONTRACTANT 296
CHAPITRE II LES LIMITATIONS LEGALES AU PRINCIPE DE CONTINUATION DES CONTRATS 338CONCLUSION GENERALE 379
Le sort des contrats dans les opérations de fusion et scission de sociétés commerciales 7INTRODUCTION
1. Notions générales- " Le mot fusion éveille l'idée d'un mélange intime, d'une
union complète entre deux ou plusieurs choses, dont les éléments constitutifs en se réunissant, donnent naissance à un nouveau produit. Ce produit pourra être très différent de ses composants, comme le bronze par rapport au cuivre, au zinc et à l'étain, ou au contraire subir l'influence prédominante de l'un d'eux, comme dans l'alliage de l'or et du cuivre. 1» Au vu des mutations qu'elles
provoquent, les fusions et scissions méritent certainement l'une et l'autre de ces analyses. Comment définir le bouleversement économique et financier profond, chargé de diverses et d'importantes restructurations d'entreprises, que nous vivons depuis quelques décennies ? Ces mouvements de restructurations sont si divers et nombreux, que la tentation est grande d'y voir profiler à l'horizon une quatrième révolution, qui serait qualifiée de " révolution économique et financière 22. Nécessaire adaptation des entreprises- C'est pourtant à cette analyse de
l'entreprise, non pas d'un point de vue statique mais, plutôt, sous un angle dynamique que nous allons procéder. En effet, aujourd'hui, nul besoin d'affirmer que les sociétés commerciales se créent, évoluent et s'adaptent ou encore disparaissent. Elles sontcontraintes, dans un élan de survie, d'épouser les différentes mutations liées à la structure
économique qui sévit non pas seulement au plan communautaire mais, également et surtout, au plan mondial. Aussi dans cette optique, doivent-elles adopter des formes ou dimensions qui conviennent tant à leur nature qu'à la structure du marché sur lequel elles interviennent. Rappelons que l'époque où le capitalisme moderne vantait les mérites de l'entreprise de taille moyenne, performante et dynamique est bien révolue. De nos jours, 1 M. FLEUREAU " Les fusions de sociétés d'assurances », Thèse, Paris, 1933, p.1. 2Le monde, semble-t-il, aurait connu trois révolutions industrielles. La première qui s'est poursuivie jusqu'en 1840, a vu
le jour en Angleterre avec l'invention de la machine à vapeur par James WATT en 1776. Pour la première fois, l'homme
parvenait à transformer efficacement la chaleur en mouvement, dont les premières applications seront les filatures du
coton et, avant 1830, les premières voies ferrées. La deuxième révolution industrielle, affirme-t-on, serait celle de
l'électricité. En effet, pour la première fois, grâce à son génie, l'homme accéda à la lumière électrique. Son inventeur
Thomas EDISON, ouvrit la première centrale électrique aux Etats -unis. La troisième révolution, quant à elle, sera celle
de l'électronique qui débouchera sur l'invention de l'informatique, de la robotique et de l'internet. Aujourd'hui avec
l'énorme changement que connaît la conjoncture économique internationale, le sentiment de vivre une nouvelle
révolution se fait sentir : V. François CARON, " Internet, c'est la troisième révolution industrielle », article paru dans
l'hebdomadaire " L'Express » du 27/4/2000, p. 22. Le sort des contrats dans les opérations de fusion et scission de sociétés commerciales 8 les acteurs économiques, quel que soit le secteur d'activité 3 , sont soumis aux pressions économiques de leur environnement, en particulier celles d'atteindre la taille critique sur leur marché et doivent aussi s'adapter aux contraintes de l'européanisation de leursactivités à l'heure de l'euro. D'où le recours de plus en plus fréquent par les entreprises à
des moyens et techniques permettant d'accéder à cette taille optimum, nécessaire à leur développement, voire à leur survie pour certaines d'entre elles. Il convient de préciser que dans cette quête d'adaptation de la taille critique, les moyens sont aussi nombreux que divers permettant de réaliser, en empruntant une expression chère aux économistes, ce qu'on appelle la " conversion des entreprises industrielles 43. Choix de procédés de concentration- La concentration d'entreprises est
susceptible de se produire grâce à des procédés juridiques aussi différents les uns des
autres, mais reposant tous, tout de même, sur les mêmes principes 5 . Ces procédés tels que les constitutions de filiales 6 , les groupes 7 ou groupements de sociétés 8 et les prises de contrôle 9 facilitent le renforcement des entreprises et leur adaptation aux évolutions 3On a pu ainsi voir, au cours de la dernière décennie, le phénomène de concentration qui a caractérisé le secteur bancaire
européen, et en particulier celui français. On peut notamment citer la fusion entre la Compagnie financière de CIC et la
Banque de l'Union européenne en 1990, ou encore celle intervenue entre la BFCE et le Crédit national qui a donné
naissance à Natexis en 1995. De même qu'on peut citer la fusion entre la Compagnie bancaire, la Compagnie financière
de Paribas et la banque Paribas en 1998 : V. L. LEGOUET, L'incidence des fusions de banques sur les garanties, Banque
& Droit n° 71-mai-juin 2000, p. 19. On ne peut, non plus, manquer de citer la très récente fusion entre le Crédit lyonnais
et le Crédit agricole. 4V. Y. GUYON, Droit des affaires, t. 1, Droit commercial général et sociétés, 12è éd., Economica, 2003, n°562, p. 609.
5C'est-à-dire d'arriver à créer une structure plus compacte et efficace, susceptible d'avoir une certaine influence en
s'imposant sur un marché déterminé. 6La création de filiales est en effet constitutive de concentration d'entreprises à deux titres. D'abord, une entreprise
déterminée peut, pour des questions de meilleure efficacité dans la gestion, décider de filialiser certains de ses secteurs
d'activité en l'occurrence par apports partiels d'actifs. Les filiales ainsi formées constituent, dès lors, des personnes
juridiques distinctes et placées sous la domination et le contrôle de la société mère. D'une société à l'origine, on se
retrouve avec au moins deux sociétés au terme de cette opération de filialisation. Ensuite, il y a, également, une autre
forme de concentration, similaire à la précédente. Il s'agit de la constitution de filiale commune par deux sociétés. C'est
une opération de concentration qui peut se faire notamment soit par voie de fusion, soit par voie d'acquisition. Dans le
premier cas, deux sociétés vont décider, chacune en ce qui la concerne, de faire apport d'une partie de son activité à la
future entité commune qu'elles vont créer. En revanche, dans le second cas de figure, elles vont acquérir ensemble une
société qui existe déjà et qui sera placée sous leur contrôle respectif. 7Le groupe de sociétés est une forme de concentration de sociétés, mais une concentration inégalitaire. Il aboutit en effet,
par une certaine prise de contrôle, à la domination de plusieurs sociétés par une seule société.
8Le recours au groupe de sociétés, appelé par les spécialistes de " structure complexe », constitue une forme de
concentration qui est de plus en plus utilisée. Elle permet à des sociétés, juridiquement indépendantes les unes des autres,
de former un ensemble qui va se retrouver sous la domination d'une d'entre elles. C'est donc une forme de concentration
qui se bâtit autour des concepts de contrôle et de domination. C'est pourquoi on admet, souvent, que le groupe est
constitué " à partir du moment où une ou plusieurs sociétés se trouvent sous le pouvoir de direction d'une société
dominante » : V. D. SCHMIDT, Les responsabilités civiles dans les groupes de sociétés in Groupes de sociétés : contrats
et responsabilités, Colloque LERADP-EDHEC, 19 novembre 1993, L.G.D.J., 1994, p. 73 cité par Ch. MASQUEFA, La
restructuration, L.G.D.J., 2000, p. 134, n° 177. 9On peut notamment citer les prises de contrôle de Perrier par Nestlé, de Mc-Donnell Douglas par Boeing, de Paribas par
la BNP : V. Ch. MASQUEFA, La restructuration, LGDJ, 2000, p. 1. Le sort des contrats dans les opérations de fusion et scission de sociétés commerciales 9économiques et financières en cours
10 . Globalement, on peut faire une distinction entre ces différents mécanismes de restructuration ou de concentration, selon qu'ils viennent du droit des contrats ou du droit des sociétés.4. Mécanismes institutionnels de concentration- Pour rendre plus facile aux
entreprises la faculté de mutation, le droit des sociétés a mis à leur disposition un certain
nombre d'instruments structurels 11 . La première caractéristique de ces mécanismes, c'est d'impliquer, le plus souvent, une modification du pacte social de la ou des structures initiales. Ils produisent donc un certain impact sur celles-ci. Parmi ces mécanismes structurels de concentration, les fusions et les scissions demeurent les plus caractéristiques 12 . L'autre aspect qui fait la particularité de ces mécanismes, consiste en ceque leur mise en oeuvre est soumise à des dispositions légales et réglementaires préétablies
et strictes 13 . Si ce formalisme strict qui les entoure rend, dans une certaine mesure, plus sécurisant leur appréhension, il reste qu'ils sont souvent perçus par certains acteurséconomiques comme très contraignants. D'où le recours de plus en plus fréquent à d'autres
moyens de concentration plus flexibles.5. Mécanismes contractuels de concentration- Ces mécanismes de concentration
ont pour caractéristiques communes d'être, d'une part, plus disparates et, d'autre part,d'être le fruit de l'imagination des parties. Réfractaires à toute restriction systémique,
certains acteurs économiques préfèrent recourir à des outils de concentration contractuels 14 , moins contraignants que les mécanismes institutionnels. On peut notamment citer les cas de cession de contrôle 15 , de convention de successeur 16 , de groupes de sociétés ou même, dans certains cas, de la location gérance. De tous ces mécanismes de concentration, les fusions et scissions demeurent les plus complets. Si cette remarque justifie le plus souvent leur utilisation, d'autres raisons n'en expliquent pas moins celle-ci. 10V. Ch. MASQUEFA, op. cit., p. 3, n° 5.
11 V. Ch. MASQUEFA, La restructuration, op. cit. p. 140. 12 On peut également citer l'apport partiel d'actif comme mécanisme structurel de concentration. 13Pour preuve tout le formalisme strict entourant les procédures de réalisation des fusions et des scissions.
14V. G. VIRASSAMY, Les contrats de dépendance. Essai sur les activités professionnelles exercées dans une
dépendance économique, p. 48. B. MERCADAL et P. JANIN, Les contrats de coopération inter-entreprises, éd. F.
Lefebvre, 1974.
15V. en ce sens notamment J. PAILLUSSEAU et R. CONTIN, La cession de contrôle d'une société, J.C.P. éd. G 1969,
1, 2287.
16V. notamment Cass. com., 12 novembre 1996, SA Bull., n° 1682 D : Dr. soc., mai 1997, comm. 95, p. 21, note J.-L.
PIERRE cité par Ch. MASQUEFA, préc. p. 141.
Le sort des contrats dans les opérations de fusion et scission de sociétés commerciales 106. Impératifs justificatifs du recours aux fusions et scissions- Si de façon globale
les motivations à la base d'une opération de fusion ou de scission de meurent les mêmes 17 il faut tout de même, à notre avis, relever qu'il y a dans beaucoup de cas quelques nuances. C'est pourquoi, dans une optique d'une meilleure lisibilité de l'analyse, il conviendrait, d'examiner successivement les raisons du recours à une fusion et scission.7. Choix des fusions
18 - La décision pour une entreprise de " se faire absorber » peut procéder de deux raisons ou philosophies différentes. La première 19 peut se traduire au travers d'une perspective de préservation. En effet, il peut advenir que l'entreprise présente une valeur patrimoniale, financière ou même potentielle. Elle peut également disposer à son actif de moyens techniques performants, de brevets, d'un réseau commercial, d'un nom ou d'une marque. Toutefois, en dépit de sa valeur ou de ses précieux actifs dont elle dispose, l'entreprise peut se retrouver dans une situation hautement difficile qui risquerait de la faire disparaître 20 . Et ce, du fait que soit sesinstallations sont obsolètes, soit que ses disponibilités financières ne lui permettent pas de
faire face à sa politique d'investissement, notamment pour se rénover ou mener une politique d'expansion qu'impose, aujourd'hui, le marché caractérisé par une certaine globalisation ; soit encore, et c'est de plus en plus le cas pour les entreprises de petites oumoyennes tailles, parce que les managers sont décédés ou ont atteint l'âge de la retraite et
que les héritiers ne manifestent aucun intérêt à la reprise ou ne présente pas la maturité et
l'expérience requises pour une reprise efficace. Pour toutes ces raisons, une entreprise peut décider de se faire absorber par une autre. Si pour l'entreprise absorbée, la fusion- absorption apparaît être un moyen de sauvegarde, pour l'absorbante, elle constitue un moyen de croissance économique incontestable.La deuxième raison
21, qui est celle la plus fréquemment évoquée, porterait sur une philosophie d'expansion, c'est-à-dire sur la création d'un effet de synergie 22
. Il peut, en 17
Celles reposant sur une politique générale et efficace des dirigeants permettant de définir des objectifs à long, moyen et
court terme aux fins de préserver ainsi que d'accroître la croissance et la pérennité de l'entreprise.
18Il convient d'insister sur le fait que nous n'avons pas la prétention, au travers de ce modeste paragraphe, d'avoir fait le
tour de l'ensemble des raisons justifiant le recours aux fusions et scissions. Il s'agit juste, pour nous, dans une certaine
compréhension des opérations que nous étudions d'évoquer certaines des motivations qui se trouvent à la base de leur
choix, à l'inverse d'autres opérations qui aboutissent, comme elles, à une modification des structures de l'entreprise.
19V. M. CHADEFEAUX, Les fusions de sociétés, régime juridique et fiscal, G. Revue Fiduciaire, 5è éd., 2005, p. 20.
20Il peut en être notamment le cas dans le cadre d'une entreprise en difficulté. Rappelons-nous que la loi du 25 janvier
1985 prévoit que le plan de redressement de l'entreprise peut se faire par la cession de celle-ci à un repreneur. Or, parfois
cette reprise va en particulier pouvoir se faire par voie d'absorption de l'entreprise en difficulté par la société acquéreur.
Ce faisant, la fusion participe à la sauvegarde de la pérennité de l'entreprise. La fusion devient, en ce cas, un instrument
de transmission d'entreprises. 21V. M. CHADEFEAUX, Les fusions de sociétés, op. cit. idem. Le sort des contrats dans les opérations de fusion et scission de sociétés commerciales 11
effet, arriver que, l'entreprise dispose à son actif de techniques innovatrices, de brevets très
précieux ou d'un personnel compétent et dynamique et se trouver, par ailleurs, en face d'un marché potentiel important s'ouvrant à elle. Et malgré tout, il se peut qu'en pareillescirconstances, l'entreprise ne soit pas en mesure de réunir seule les possibilités financières
nécessaires pour réaliser sa politique d'expansion 23. Preuve est ainsi faite qu'une opération de fusion peut s'opérer entre sociétés de taille et de rentabilité différentes.
8. Sociétés susceptibles de fusionner- De cette même façon, une opération de
fusion peut, sans conteste, se réaliser entre plusieurs sociétés de formes différentes ou
similaires. Elle peut, par exemple, intervenir entre sociétés anonymes et sociétés à responsabilité limitée 24. Ces opérations peuvent aussi intervenir entre associations 25
. Car, il est admis que la différence de forme ne constitue pas un obstacle à la réalisation d'une
fusion ou d'une scission. Par exemple une société à responsabilité limitée peut absorber
une société en nom collectif 26; de même qu'une scission de sociétés anonymes est possible au profit d'autres sociétés anonymes ou sociétés à responsabilité limitée 27
Le législateur est allé même plus loin en admettant l'absorption d'une société en liquidation, quelle que soit sa forme, par une autre société à condition, toutefois, que le partage de l'actif de la première, entre les associés, n'ait pas donné lieu à unquotesdbs_dbs26.pdfusesText_32
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