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Perspective 2

31 déc. 2015 L'histoire de l'art aux États-Unis et le tournant vers la mondialité. Caroline A. Jones et Steven Nelson. Perspective 2



Rapport dactivité

2 nov. 2015 Février. —Conférence de Presse : Bilan et perspectives pour Les Arts. Décoratifs. —Présentation des projets des étudiants de l'Ecole Camondo ...



Steven Guilbeault

L'ÉPUISEMENT. Si le stress domine la résistance diminue. Page 10. les DIPLÔMÉS PRINTEMPS 2015 _10. La professeure Yvette Taché n'a pas 



Impact de la rigidité artérielle sur le cerveau et effets bénéfiques

Je remercie Dr Cardinal pour ses conseils dans les demandes de bourses. Je remercie particulièrement Diane Vallerand et Bouchra Ouliass pour leur 



ACADÉMIE ROYALE DE BELGI UE

Par testament en date du 2 février 1905 messire Arthur Merghelynck a légué à l'Académie royale de Belgique l'Hôtel-Musée Merghelynck



Le Domaine des recherches

le 14 décembre 2015 devant le jury composé de : l'innovation scientifique

Perspective 2

Perspective

Actualité en histoire de l'art

2 | 2015

Les États-Unis

Édition

électronique

URL : http://journals.openedition.org/perspective/5948

DOI : 10.4000/perspective.5948

ISSN : 2269-7721

Éditeur

Institut national d'histoire de l'art

Édition

imprimée

Date de publication : 31 décembre 2015

ISBN : 978-2-917902-27-1

ISSN : 1777-7852

Référence

électronique

Perspective

, 2

2015, "

Les États-Unis

» [En ligne], mis en ligne le 25 juin 2017, consulté le 01 octobre

2020. URL

: http://journals.openedition.org/perspective/5948 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ perspective.5948 Ce document a été généré automatiquement le 1 octobre 2020. Ce numéro de Perspective est consacré à la discipline aux États-Unis, avec un ancrage majeur dans les études sur l'art américain sous ses différentes facettes (photographies urbaines, quilts, performances, objets décoratifs...). Les auteurs interrogent aussi la question du tournant mondial de l'histoire de l'art tel qu'il est envisagé depuis le territoire de la lingua franca ; ils livrent des études fondamentales sur les enjeux de la recherche pour ce qui a trait à l'art afro-américain, sur les formes les plus innovantes de la digital art history et sur les différents contextes d'exposition de l'oeuvre des

Amérindiens au XX

e siècle. Sur le plan géographique, l'expérience de la côte pacifique est investie du point de vue de la production de l'art et de l'histoire de l'art tandis que la dimension institutionnelle, économique et politique du financement de la recherche, tant privé que public, fait l'objet d'articles majeurs. Ce numéro est en vente sur le site du Comptoir des presses d'universités.

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SOMMAIREÉditorialÉditorialAnne LafontTribuneLe sexe et l'enseignement (de l'histoire de l'art)Amelia JonesDébatsMuseum ad nauseam ? Des musées dans le labyrinthe postmoderne

Serge Guilbaut

Digital art history : la scène américaine

Une discussion entre Johanna Drucker, Anne Helmreich et Matthew Lincoln, introduite et modérée par Francesca

Rose Johanna Drucker, Anne Helmreich, Matthew Lincoln et Francesca Rose

" Art Follows Empire » : un état des lieux des connaissances sur l'histoire de l'art américain

à ses débuts

Réflexion de Wendy Bellion et réactions de Dana E. Byrd, Ethan W. Lasser, Louis P. Nelson et Amy Torbert

Wendy Bellion, Dana E. Byrd, Ethan W. Lasser, Louis P. Nelson et Amy Torbert

Entretien

Entretien avec James Elkins

Carlo A. Célius, Sophie Raux, Riccardo Venturi et James Elkins

Travaux

Des guerres culturelles à la guerre civile : les instituts de recherche en histoire de l'art aux

États-Unis

Elizabeth Manseld

Rechercher et imaginer l'art " black » américain depuis 2005

Richard J. Powell

L'histoire de l'art aux États-Unis et le tournant vers la mondialité

Caroline A. Jones et Steven Nelson

Perspective, 2 | 20152

L'art de la contre-culture californienne des années 1950Judith Delner Les fondations de la recherche sur l'art américain

Michael Leja

Lectures

Au-delà de la visualité : retours critiques sur la matérialité et l'affect

Veerle Thielemans

Horizons pacifiques de l'art américain

J. M. Mancini et Dana Leibsohn

Des objets paradoxaux : les quilts dans la culture américaine

Janneken Smucker

L'art des Amérindiens et l'histoire de l'art aux États-Unis : un siècle d'expositions

Janet Catherine Berlo

The City Lost and Found : nouvelles perspectives sur la représentation urbaine et l'activisme entre 1960 et 1980 Katherine A. Bussard, Alison M. Fisher et Greg Foster-Rice Did you hear what they said? Historicité et actualité dans les oeuvres d'Adrian Piper et de

Renée Green

Elvan Zabunyan

Lettre de l'éditeur : changements de climat dans l'édition d'histoire de l'art

Susan Bielstein

Perspective, 2 | 20153

Éditorial

Perspective, 2 | 20154

ÉditorialAnne Lafont

1 Dans les numéros thématiques dédiés à l'histoire de l'art telle qu'elle se pratique dans

différents pays, la revue Perspective se fixe désormais deux objectifs : sortir d'une géographie de l'art reposant sur la seule notion, en partie obsolète, d'État-nation (l'Europe, comme le Moyen-Orient et les Amériques ou encore les Balkans et le Kurdistan recouvrent aujourd'hui des entités politiques et/ou territoriales autant parlantes que la Suisse ou l'Espagne)

1 et interroger l'évidence d'une forme de

hiérarchie culturelle entre un centre et des périphéries dans notre monde globalisé de l'art et de l'histoire de l'art.

2 Ce numéro consacré aux États-Unis est, paradoxalement, une première étape dans ce

processus d'ajournement des questions posées à la discipline, et d'ajustement de celles- ci aux réalités géopolitiques dans lesquelles les agents comme les objets de l'histoire de

l'art évoluent. Cela revient, me semble-t-il, à ébranler les catégories héritées des XVIIIe

et XIXe siècles dans la construction du discours sur l'art, à savoir : le territoire régional

comme aune et finalité de l'histoire des oeuvres et des artistes, et l'Europe en tant que prescripteur de canons artistiques universels via les musées.

3 Après le Canada et le Brésil2, qui représentèrent un premier pas de côté pour

Perspective, puisque la revue avait d'abord exploré les pays à proximité des frontières de

la France

3, nous avons jeté notre dévolu sur les États-Unis : troisième pièce linguistique

et culturelle dans la collection américaine de Perspective. Façonnée sur un territoire aux temporalités multiples, dont la connexion océanique est double, l'histoire de l'art telle qu'elle se pratique aux États-Unis présente de nombreuses qualités dans la production de la connaissance historique et critique de l'art.

4 Les travaux témoignent d'une aspiration au renouvellement des moyens à travers lesexplorations numériques. Ils s'inscrivent également dans une pluralité des lieux de

savoir qui infirme une quelconque prééminence d'une côte sur l'autre, d'une métropole sur une autre. Enfin, les chercheurs font manifestement preuve d'une responsabilité critique compte tenu de leur expression dans l'actuelle lingua franca. Toutefois, le projet

de rendre compte de l'histoire de l'art aux États-Unis était d'entrée démesuré, tant le

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pays fonctionne à l'échelle continentale, nous avons donc privilégié un certain nombre de thèmes 4.

5 Tout d'abord, nous avons voulu profiter de ces travaux historiographiques pour donnerà voir différentes formes d'art américain, souvent méconnues - du moins en France -

depuis l'époque précolombienne jusqu'à l'art actuel (Elvan Zabunyan) en passant par la

période coloniale. Aussi, en filigrane des synthèses historiques, se dessine une

production d'objets décoratifs extrêmement intéressante, comme les boîtes de tabac de

1800, les symptomatiques quilts américains ou encore la riche production de

photographies urbaines (débat modéré par Wendy Bellion ainsi que les articles de Janneken Smucker et de Katherine A. Bussard, Alison Fisher, Greg Foster-Rice). De même, l'oeuvre des communautés amérindiennes et celui des artistes afro-américains sont mis au jour à travers les articles substantiels consacrés aux discours et aux expositions qu'ils ont suscités tout au long du XXe siècle (Janet Catherine Berlo, Richard J. Powell) alors que la Californie des arts et l'oeuvre de l'espace pacifique s'avèrent, grâce aux études de Judith Delfiner, Dana Leibsohn et J. M. Mancini, un domaine de recherches en pleine expansion, dont les objets, pour la plupart, restent à révéler.

6 Ensuite, nous avons souhaité donner la parole aux chercheurs qui interrogent le plus

les ambitions et les pièges éventuels du tournant global dans les discours mais aussi dans les propos muséographiques sur l'art, ce à quoi Serge Guilbaut s'est précisément attelé. À la lecture des contributions réunies ici, l'engouement des chercheurs s'inscrit sur un temps long et résonne de la stratification culturelle, violente ou consentie, des

populations indigènes, déplacées mais aussi immigrées, inhérente aux États-Unis. Si

l'on considère que l'histoire de l'art d'avant la Seconde Guerre mondiale ne s'était pas strictement confondue avec une production textuelle chargée de véhiculer des idéologies nationales - contrairement à l'histoire de l'art européenne de la même

époque - cette particularité originelle pourrait avoir facilité la prise en charge des défis

théoriques et politiques propre à la globalisation actuelle. Le récit n'étant pas

homogène et linéaire " à l'origine », il aurait pu se développer et forger un champ hors

la narration de l'art comme manifestation esthétique de l'esprit d'un lieu et/ou d'un peuple. L'article fondamental, sur les plans historique et théorique, de Caroline A. Jones et Steven Nelson, comme la réflexion de l'éditrice Susan Bielstein, aux premières loges de la recherche internationale et nécessairement en mesure d'infléchir le cours de la pensée mondialement mutualisée (plutôt que standardisée), participent certainement de la réflexion actuelle sur la possibilité d'une global art history.

7 Cependant, ces questions liées à la mondialisation n'épuisent pas les enjeux théoriques

nombreux qui animent le monde de l'histoire de l'art. James Elkins, dans l'entretien qu'il nous a accordé, en est la meilleure preuve tant ses explorations sont variées et ont souvent été au fondement de tendances majeures. Veerle Thielemans offre, quant à elle, une synthèse éclairante sur les travaux récents se réclamant d'un renouvellement de la définition du spectateur via les théories de l'affect et la dimension matérielle de l'oeuvre d'art. Enfin, l'historienne de l'art la plus impliquée dans les développements actuels de la recherche, en conscience de la question sexuelle, Amelia Jones, vise, dans sa tribune, le coeur politique des questions théoriques.

8 Nous avons enfin choisi de sonder les expérimentations de l'histoire de l'art

numérique, qui font d'ailleurs écho à la globalisation du monde académique, puisque la question de l'accès aux sources et, si ce n'est aux oeuvres, à leurs reproductions, redimensionne les audiences, les publics, le lectorat ou encore les usagers sur un plan

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international. La digital art history reformule aussi - parfois, mais non pas systématiquement, comme on le comprend à la lecture du débat collectif lancé par Francesca Rose - les modalités et les objectifs de la discipline. Or, le mécénat et les institutions privées comme le Getty Research Institute ont été particulièrement attentifs, depuis plusieurs années, à soutenir et financer les initiatives dans le domaine numérique. Aussi, l'étude du financement public notamment via le National Endowment for the Arts and the Humanities et du financement privé de la recherche (notamment sur l'art américain) permet de déceler des stratégies culturelles offensives, comme les articles d'Elizabeth Mansfield et de Michael Leja en font, à la fois, la démonstration et l'histoire 5.

9 L'historien de l'art français Henri Focillon fut un acteur engagé - au coeur de l'adversité

guerrière - du partage des savoirs transatlantiques. En 1942, à New York où il s'était

réfugié et où il collaborait à la fondation de l'École libre des hautes études, il fit un

éloge vivifiant du divers politique et esthétique, qui s'avère une ouverture éblouissante

à ce numéro : " Le fléau qui menace le monde, ce n'est pas seulement la servitude, c'est la monotonie de l'esprit. Penser pareil, former des mécaniques identiques, traiter l'homme en séries, anéantir cette précieuse touche de différence qui toujours par

quelque côté corrige et colore la rigueur de l'unanimité, voilà le but, voilà la technique

des totalitaires [qui tendent] à neutraliser, à substituer à la vie féconde de l'intelligence

une fausse unité de méthode » 6. NOTES

1. Perspective, 2006-2 pour la Suisse et 2009-2 pour l'Espagne.

2. Perspective, 2008-3 pour le Canada et 2013-2 pour le Brésil.

3. Perspective, 2007-2 pour la Grande-Bretagne et 2010/2011-4 pour les Pays-Bas.

4. Il ne s'agissait pas de publier des articles de spécialistes de l'art français, de la Renaissance

italienne ou encore de l'Antiquité classique voire de Pablo Picasso, car ces chercheurs sont déjà

nos interlocuteurs. À l'inverse, nous avons saisi l'occasion de montrer qu'il y a un milieu de

l'histoire de l'art américain implanté en France, tant grâce au réseau de la Terra Foundation for

American Art dont le siège européen est à Paris, que par l'intermédiaire de chercheurs qui

développent des travaux remarquables.

5. Pour le paysage américain du XIXe siècle, nous renvoyons à l'article récent de David Peters

Corbett, qui avait déjà introduit les lecteurs de Perspective à cette production artistique américaine déterminante : " Painting American Frontiers: "Encounter" and the Borders of American Identity in Nineteenth-Century Art », dans Perspective, 1, 2013, p. 129-152.

6. Henri Focillon, extrait du discours prononcé à la séance d'inauguration de l'École libre des

hautes études de New York, le 18 mars 1942, et publié dans l'ouvrage posthume Témoignage pour la

France, New York, 1945, p. 116-117.

Perspective, 2 | 20157

Tribune

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Le sexe et l'enseignement (del'histoire de l'art)Amelia JonesTraduction : Françoise Jaouën

1 Les débats sur la sexualité et le genre ont récemment resurgi avec force aux États-Unis

à l'occasion de la controverse sur le mariage homosexuel et de l'irruption dans la culture de masse de sujets et de thèmes touchants au transgenre ; on songe sur ce

dernier point notamment à la série télévisée Transparent, d'Amazon Studios, mettant en

scène un homme d'âge mûr confronté au désarroi de ses enfants après avoir décidé de

changer de sexe, à l'émission I am Cait, diffusée sur la chaîne E !, qui montre la transformation de l'ancien athlète olympique Bruce Jenner en " Caitlyn », émission à laquelle se sont ajoutés des interviews (dont une avec Diane Sawyer diffusée au mois d'avril dernier sur la chaîne ABC) et divers articles (l'un publié dans le magazine Vanity Fair au mois de juillet)1. En réponse à cet engouement populaire pour la culture transgenre, plusieurs grands quotidiens ont abordé le sujet dans leurs pages d'actualités, notamment le New York Times, qui a consacré un long article de une à la juge Phyllis Frye, née de sexe masculin, et militante transgenre depuis les années 19702.

2 Dans ce contexte, qu'en est-il du monde de l'art et du discours sur l'art et l'histoire de

l'art à l'université ? Ces débats sur le genre et la sexualité ont-ils influé sur les pratiques

artistiques, les théories et les stratégies des commissaires d'exposition, ou encore sur l'enseignement de l'histoire de l'art ? Depuis les années 1970, avec l'essor des cultural studies (notamment au Royaume-Uni) et les débats suscités par les divers mouvements

militants (plus particulièrement aux États-Unis), le féminisme, les études sur le genre et

la queer theory ont pris une place centrale dans le domaine des arts et des humanities à

l'université. Dès les années 1980, la plupart des universités avaient créé un programme

ou un département de " women's studies », souvent rebaptisé " gender studies » (ou une variante) dans les années 1990 en raison des importantes évolutions survenues dans la queer theory et dans le discours LGBTQ (lesbien, gay, bi, trans et queer). Cependant, ces programmes sont, dans une large mesure, portés par des enseignants issus des sciences sociales (anthropologie et sociologie, par exemple), et rarement par des spécialistes en arts visuels ou en histoire de l'art. Dès les années 1970, en revanche,

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on trouve ici et là des féministes dans les départements d'histoire de l'art et d'arts plastiques. L'université accueille également des historiens s'intéressant à l'art gay et lesbien, mais leur présence reste discrète. Quant aux spécialistes de la théorie queer, leur absence est parfois criante. Avec l'historienne d'art canadienne Erin Silver,

spécialiste de la théorie féministe et queer, j'ai édité un ouvrage qui s'interroge sur le

faible impact de la queer theory sur l'histoire de l'art : Otherwise: Imagining Queer Feminist

Art Histories

3.

3 Malgré tout, sous une forme ou sous une autre, la théorie sur le genre a réussi à se

frayer un chemin dans l'enseignement supérieur et la recherche sur l'art et la culture en général, et les débats sur la représentation des artistes femmes ou queer au niveau des institutions artistiques restent vifs grâce à l'engagement de quelques chercheuses ou commissaires d'expositions (notamment Maura Reilly, Katy Deepwell et Hilary

Robinson

4). Concernant ce dernier point, les théories sur la représentation enseignées

aujourd'hui dans les programmes d'histoire de l'art et d'arts plastiques doivent beaucoup aux rigoureuses analyses féministes des années 1970-1990, même lorsque les questions féministes et queer n'y sont pas explicitement évoquées ; on pourrait citer ici l'article de Laura Mulvey, " Visual Pleasure and Narrative Cinema », publié en 1975 et devenu un classique, ou encore la thèse de Judith Butler sur la performativité du genre, deux textes communément étudiés dans les cours d'introduction critique - la théorie sur l'art et l'histoire de l'art telles qu'on les enseigne aux États-Unis dans les écoles d'art - et les cours d'histoire de l'art 5.

4 En dépit de cette dimension fondatrice, les questions politiques pressantes posées par

le féminisme, la théorie sur le genre et la queer theory ont, dans une large mesure, été mises de côté par le discours contemporain sur l'art, ainsi que dans la pratique (y compris dans l'organisation d'expositions). La grande époque du féminisme (années

1980 et au-delà) et de la queer theory (années 1990) est manifestement révolue ; le temps

n'est plus où les deux pensées se dressaient contre les barrières et les oppressions du discours sur l'art, ou remettaient en cause les pratiques institutionnelles et les disciplines des humanities - même si, précisons-le, ces deux discours n'ont jamais connu

dans les écoles d'art et les départements d'histoire de l'art américains le succès qu'ils

ont rencontré au Royaume-Uni (notamment l'histoire de l'art féministe), ou dans d'autres départements des humanities aux États-Unis (la queer theory est depuis longtemps l'un des axes forts des départements faisant une place aux cultural studies).

5 Nombre de chercheurs s'intéressant au féminisme et à la queer theory rattachés à des

départements d'histoire de l'art ou à des écoles d'art (dont je suis) continuent à s'inspirer, sans grand risque, de ce type d'analyse. J'ai par exemple édité récemment un recueil baptisé Sexuality (publié dans la collection Documents de la Whitechapel Gallery), qui réunit des textes très controversés au moment de leur publication (textes et interviews de Cosey Fanni Tutti, Ron Athey et Claudette Johnson ; Homosexual Wedding (Press Release) de Yayoi Kusama, 1968 ; Carnal Manifesto d'Orlan (vers 2000) ; Olympia's Maid de Lorraine O'Grady, 1992), mais qui ont aujourd'hui valeur de documents historiques sur l'étude de l'art et de la sexualité, et choisis à ce titre

6. On pourrait dire

que ce type d'ouvrage estompe la radicalité politique de ces pratiques artistiques et de ces critiques antérieures en les présentant sous forme de condensé d'opinions.

6 Malgré tout, s'intéresser aux questions de genre et de sexualité dans le discours sur

l'art aux États-Unis reste une entreprise délicate. La pratique assidue d'une approche féministe queer dans le domaine de l'histoire de l'art, des critical studies7 ou des études

Perspective, 2 | 201510

sur la culture visuelle ne favorisera pas la carrière d'un chercheur au même titre que la démarche traditionnelle (consistant à analyser la réception, les matériaux, la forme, ou le statut d'objet de l'oeuvre d'art sans interroger les structures sur lesquelles reposent ces arguments), ou encore l'enseignement de la théorie sous forme de pot-pourri d'approches, sans tenir compte des questions historiographiques et sociales, ou relevant de la politique identitaire. Dans les départements américains d'histoire de

l'art, les cultural studies ont en grande partie été tenues à l'écart ; cette exclusion est

largement due au groupe très influent gravitant autour de la revue October, groupe dont les arguments ont rejoint ceux d'une frange conservatrice qui estime que l'histoire dequotesdbs_dbs33.pdfusesText_39
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