[PDF] Le tourisme. À travers les âges sa place dans la vie moderne

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LE TOURISME

A

TRAVERS LES AGES

SA PLACE DANS LA VIE MODERNE Retrouver ce titre sur Numilog.com

Du même auteur :

L"ORGANISATION DU

TOURISME

EN GRANDE-BRETAGNE Retrouver ce titre sur Numilog.com

horizons qui nous sont chers, par ces vallées, ces montagnes et ces forêts, ces lacs, ces falaises, ces plages que villes, nos bourgs, nos sites pittoresques, nos sources bienfaisantes, par ces monuments humbles ou grandioses, ces musées qui disent notre passé, par tous les hauts lieux de notre histoire, par tout ce qui illustre, tout ce qui exprime notre civilisation et notre culture ?

La multiplication de

nos stations, leur développement, les foules qui se pressent dans les gares, au moment des grands départs de la Noël, de Pâques et du 14 juillet, l"animation intense de la route aux mêmes époques, tout ce mouvement et toute cette vie, affirment aux yeux de tous l"importance du Tourisme. Pour lui, des auberges et des hôtels se sont construits, des villages, des villes se sont bâtis, des routes ont été tracées, pour lui, chaque année, dans nos montagnes, le long de nos rivières, au bord de la mer, des tentes se dressent, des camps s"organisent. Il n"est plus cantonné dans quelques stations mondaines privilégiées : il a gagné toute la montagne, toute la vallée, toute la côte. Sa démocratisation comme l"extension de son domaine et la périodicité de ses dépla- cements, sont parmi les aspects les plus caractéristiques de la vie moderne.

N"a-t-il

pas donné naissance à une véritable industrie et son importance dans l"économie nationale et dans l"économie interna- tionale, n"est-elle pas démontrée par tous les métiers qu"il anime, les services qu"il suscite, les activités (transports, hébergement, équipement, thermalisme, climatisme, commerce de luxe, etc....) qu"il fait vivre ou stimule directement ou indirectement, par tout ce qu"il donne et tout ce qu"il ristourne à l"économie privée et à l"économie publique, par la circulation de devises et par tous les échanges auxquels il donne lieu ?

D"autre

part, quels bienfaits inestimables ne dispense-t-il pas à ceux qui le pratiquent ? Bienfaits des eaux guérisseuses, de l"air pur, de l"énergie et de la joie retrouvée, dans une vie nouvelle, loin des soucis déprimants et des servitudes coutumières. Bienfaits des découvertes incessantes, des expériences directes et sincères, réalisées grâce à lui, des horizons qu"il nous révèle et de toutes les relations qu"il établit entre les hommes et qui leur permettent de mieux se connaître et de mieux se comprendre. Retrouver ce titre sur Numilog.com

L"importance, l"utilité, la valeur culturelle et sociale du tou- risme s"affirment trop hautement pour pouvoir encore être ignorées.

Aussi

bien, entré dans les mœurs, se signalant par l"éclat de fréquentes manifestations, par l"ampleur de ses mouvements et par son développement prodigieux, appelle-t-il souvent l"attention. publique sur lui, et intéresse-t-il un nombre d"hommes de plus en plus grand.

D"abord mouvement

spontané, libre expansion, il s"est organisé, a donné naissance à de nombreuses institutions, et la réflexion qu"il a appelée sur lui, pour l"éclairer et le guider, s"efforce de mieux le connaître, de mieux le comprendre, et, à cet effet, tend de plus en plus à le soumettre à une étude méthodique. Il est ainsi devenu l"objet d"une observation attentive et de recherches systé- matiques. En France, à l"étranger, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Italie, et particulièrement en Suisse, il a été l"objet de nombreux travaux. Aux essais d"ordre littéraire, politique ou philosophique, aux ouvrages de propagande régionale ou nationale, se sont bientôt ajoutées des études méthodiques, appuyées sur des recherches sérieusement organisées.

Est-il donc indiqué,

aujourd"hui, d"ajouter à ces travaux, pres- que toujours intéressants et souvent remarquables, une étude nouvelle ? Elle serait vaine certainement, si elle devait simple- ment reprendre ce qui a été dit. Mais il apparaît que les ouvrages qui ont été publiés, portent principalement sur des formes et des fonctions particulières, qui méritent bien une étude spéciale, mais qu"il importe cependant de remettre à leur véritable place dans le problème du tourisme. Après les récits de voyages, les mémoires, les relations de pèlerinages, après les essais, les réflexions personnelles de touristes, qui furent souvent, en même temps, de grands écrivains et de grands moralistes, tels que Montaigne, nous avons eu des études portant généralement sur les aspects matériels du tourisme, sur son organisation pratique (S. I., hôtel- lerie, transports, etc.), sur le thermalisme, sur le climatisme, sur l"industrie du tourisme. Il convient particulièrement de citer, dans cet ordre d"idées, l"étude si riche de faits, présentée en 1935 au Conseil National Economique par M. Peyromaure-Debord.

Puis sont

venus des travaux relatifs aux aspects juridiques du tourisme, à sa valeur culturelle, et enfin au " tourisme popu- Retrouver ce titre sur Numilog.com

laire », tandis que les voies déjà ouvertes continuaient à être explorées. Les congés payés, les formes nouvelles du tourisme, comme le camping, ont particulièrement retenu l"attention.

Cependant,

les nombreux malentendus auxquels le tourisme donne lieu couramment, malentendus sur sa définition même, malentendus sur ses origines, sur les conditions de son déve- loppement, sur ses causes majeures, sur ce qu"il est et sur ce qu"il doit être, démontrent surabondamment l"utilité d"un nouvel examen et d"une mise au point méthodique. N" est-il pas souvent considéré comme un luxe, une fantaisie égoïste, un fait surtout individuel, possible et tolérable seulement en période de prospérité, alors que l"histoire nous le montre pratiqué par des foules innombrables, par des pèlerins vêtus de bure et vivant d"aumônes, par de pauvres voyageurs, répondant à des appels qui les conduisent sur les chemins difficiles et sur les routes semées d"embûches.

On

voit en lui un fait relativement récent et, cependant, les Grecs et les Romains faisaient du tourisme à leur manière.

Il apparaît

aux yeux de la plupart comme étant réservé aux peuples généralement sédentaires : or, contrairement à cette com- mune croyance, les nomades eux-mêmes, parfois, pratiquent certaines formes religieuses de tourisme.

Les

musées, les sites, les stations privilégiées, les pays que l"on appelle " pays de vocation touristique », tels que l"Italie et la Suisse, semblent être son véritable domaine, alors que son champ c"est toute la cité, toute la vallée, toute la montagne, et que ses circuits font le tour de la terre.

Est-il plus

juste enfin de considérer, ainsi qu"on le fait sou- vent, les progrès des moyens de transport comme la cause majeure de son développement ? Cela ne semble pas plus fondé. Mais pour faire la mise au point qui s"impose, il convient d"abord de définir le fait du tourisme, d"une façon aussi précisé et aussi complète que possible. Retrouver ce titre sur Numilog.com

la mise au point du Directeur de la Fédération Suisse de Tou- risme, M. le Professeur W. Hunziker, est particulièrement inté- ressante : " Ce n"est qu"après 1918 seulement, qu"on se rendit à l"évidence, que le tourisme n"était pas uniquement un mouvement de personnes, mais un ensemble de relations et de faits constitués par le séjour, dans une localité, de gens du dehors, qui ne s"y établissent pas et n"exercent aucune activité lucrative ; en d"autres termes on s"aperçut que le tourisme ne s"étendait pas aux seuls étrangers et que, hors du domaine économique, il relevait aussi de la santé publique, de la technique, de la culture... de la question sociale et de la politique. Et c"est ainsi que l"on arriva à cette définition : Le tourisme est un ensemble de relations et de faits, constitués par le déplacement et le séjour de personnes hors de leur lieu de domicile, en tant que ce séjour et ce déplacement ne sont pas motivés par une activité lucrative quelconque » (1).

Ainsi,

le tourisme n"est plus limité aux seuls voyages et séjours d"agrément, le caractère essentiel des déplacements touristiques est de ne pas être motivés par l"exercice habituel du métier, par une activité lucrative.

Nous retiendrons

cette définition, parce qu"elle s"applique à l"ensemble des faits de tourisme, aussi bien aux formes religieuses, au thermalisme et au climatisme, qu"au tourisme selon l"acception courante, au " tourisme d"agrément ».

Nous donnerons cependant cette

précision complémentaire : il convient d"ajouter aux voyages et séjours déterminés par une activité lucrative, ceux qui sont seulement motivés par des raisons de service, imposés par une fonction sociale par exemple. Les uns et les autres se placent, d"une façon générale, hors du tourisme, qui apparaît ainsi nettement comme une activité dégagée, dans son objet, de la discipline et des obligations traditionnelles du métier, ainsi que des devoirs et des services imposés par une charge ou par une fonction. Ainsi, il se situe naturellement dans le cadre des loisirs.

On

comprend combien son domaine ainsi déterminé, déborde celui des simples voyages d"agrément, dont il était question dans les premières définitions.

(1)

HUNZIKER (Prof. Dr. W.), Un siècle de tourisme en Suisse, p. 4. Retrouver ce titre sur Numilog.com

Principaux faits de déplacements et de séjours englobés par le Tourisme. On peut distinguer les catégories suivantes : LE

TOURISME PUR OU TOURISME D"AGRÉMENT. - C"est celui qui est évoqué le plus souvent par le terme général de tourisme, " il s"applique généralement à la visite des sites, des villes d"art, des lieux historiques, etc... » (1).

LE TOURISME

SPORTIF. - Se différencie des sports proprement dits, en ce que la compétition n"apparaît plus comme le motif déterminant, le désir d"évasion, de découverte, de vie nouvelle, passant au premier plan (cyclo-tourisme, alpinisme, tourisme automobile, canotage, camping, etc...).

LE

CLIMATISME. - C"est-à-dire, le séjour dans des stations de montagne, de moyenne altitude, dans des stations balnéaires, en vue de profiter, dans les meilleures conditions, de la vie au grand air, et de l"influence bienfaisante du climat (et souvent, en même temps, des bains) sur la santé. Cette forme de tourisme ne se limite d"ailleurs pas aux séjours dans les " stations » proprement dites. Elle englobe aussi ceux qui sont faits simplement à la campagne, par le citadin, surmené, affaibli, et qui demande au grand air salubre, au soleil, à la vie naturelle, de lui redonner les forces perdues et de rétablir sa santé compromise. L"étude méthodique des meilleures conditions d"utilisation des climats et de la vie au grand air, est activement poussée. La thalasso- thérapie s"occupe spécialement des climats et des bains marins.

Quelle

que soit l"efficacité du climat, il ne faut pas oublier cependant que le changement de milieu, l"occupation agréable des loisirs, loin du lieu de travail, les exercices physiques- appro- priés, le tourisme proprement dit, en un mot, contribuent déjà puissamment, par eux-mêmes, à la rénovation physique et au rééquilibre moral.

(1) G. MATHIOT. Le tourisme réceptif français, p. 18. Retrouver ce titre sur Numilog.com

LE THERMALISME, OU séjour dans les stations hydro-minérales, motivé par des raisons de santé, est bien aussi une forme du tou- risme. Non seulement, en effet, beaucoup de stations thermales, comme beaucoup de stations climatiques, se trouvent situées dans des régions particulièrement pittoresques, mais encore le dépay- sement même, la vie dans un décor nouveau, dans un autre cadre que celui des soucis coutumiers, l"attrait touristique, les spectacles, les jeux, les distractions, par l"oubli qu"ils apportent, par l"intérêt et la joie qtt"ils suscitent, ne sont pas les adjuvants les moins précieux de la cure. Ils contribuent indéniablement, et souvent pour une part importante, à la guérison. C"est pour cela que la plupart des stations thermales ont fait aménager de belles prome- nades, des jardins plaisants, des parcs splendides, des terrains de sports parfaitement équipés. Dans toutes les villes d"eau, on trouve des Casinos, des salles de spectacles. Tournois, expositions, fêtes, concours, compétitions sportives, se succèdent tout le long de la saison. Des stations, telles que Vichy, Aix-les-Bains, Vittel, Biarritz, sont des centres réputés de vie élégante, dans lesquels se produisent les plus grands artistes. Le " curiste », à maints égards, est un touriste. Il est souvent un touriste actif, au cours de son voyage d"arrivée et de départ,

et au cours même de sa cure. Il est presque toujours d"ailleurs, accompagné d"un ou plusieurs membres de sa famille. Les seuls agréments de la " saison » suffisent, indépendamment des raisons de santé ou de famille, à attirer de nombreux visiteurs et villé- giateurs dans certaines stations thermales. " Au Mont-Dore, à La Bourboule, à Royat, à Saint-Nectaire, à Châtel-Guyon, en 1936,
les 33.000 curistes de la saison étaient accompagnés par

60.000

personnes » (1). A la même époque, à Vichy, où la saison artistique et sportive est particulièrement brillante, " les hôteliers comptaient même sept touristes pour un curiste » (2).

L"UVALISME,

ou séjour dans des stations organisées en vue de la pratique des cures de jus de raisin ou de raisin frais, s"est développé à la suite de travaux récents précisant l"efficacité de cette thérapeutique dans certaines diathèses ou certaines maladies. (1)

Ph. ARBOS, L"Auvergne, p. 78. (2) J. CHARDONNET, Tourisme et Nation. Rev. de Défense Nationale, août 1946, p. 219. Retrouver ce titre sur Numilog.com

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CHAPITRE PREMIER

LES FORMES RELIGIEUSES

DU TOURISME Retrouver ce titre sur Numilog.com

Tous droits de traduction, de reproduction et d"adaptation réservés pour tous pays, y compris la Suède et la Norvège Copyright by R. DUCHET, 1949 Imprimé en France Dépôt légal 3 trimestre 1949. N° d"Edition 218 Retrouver ce titre sur Numilog.com

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