[PDF] La révolution silencieuse des catholiques français

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LeMondeJob: WMQ1106--0001-0 WAS LMQ1106-1 Op.: XX Rev.: 10-06-00 T.: 11:04 S.: 111,06-Cmp.:10,14, Base : LMQPAG 24Fap: 100 N

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ANNÉE ± N

o

17224 ± 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINEFONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY ± DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANIDIMANCHE 11- LUNDI 12 JUIN 2000Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche,25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ;Côte-d'Ivoire, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ;Espagne, 225 PTA ; Gabon, 900 F CFA ; Grande-Bre-tagne, 1£ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ;Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ;Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 270 PTE ; Réunion, 10 F ;Sénégal, 900 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ;Tunisie, 1,4 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $.

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International............. 2

France.......................... 6

Soci•t•......................... 8

Horizons......................10

Entreprises .................16

Placements.................17

Aujourd'hui................ 20M•t•orologie............. 24

Jeux............................... 24

Carnet .......................... 25

Abonnements............ 25

Culture......................... 26

Guide culturel............ 28

Radio-T•l•vision....... 29

LE MONDE T...L...VISION

aSemaine poésie sur France-Culture aArno Klarsfeld sur Canal+ Gay Pride des agents secrets, à Langley, dans les locaux de la CIA

WASHINGTON

de notre correspondant

Les services secrets am•ricains seraient-ils

devenus plus tol•rants que le Vatican ? Alors que le Saint-Si˜ge fait pression pour emp-cher la tenue de la Gay Pride “ Rome, la CIA vient, pour la premi˜re fois, d'en accueillir une dans ses locaux de Langley, dans la banlieue de Was- hington. Elle y a m-me invit• le repr•sentant d•mocrate Barney Frank, premier parlemen- taire “ avoir reconnu publiquement son homo- sexualit•. Secret oblige, l'Agence a refus• de communiquer les noms de ses employ•s, une centaine, qui y ont particip•. M. Frank a d•cla- r• au Washington Post:" Yeah ! Le fait que je sois invité à parler au cours du mois du Gay and Lesbian Pride à la CIA est un signe de progrès réel. Les gens comprennent de mieux en mieux que les préjugés contre les gays sont idiots. Je pense que cela re¯ète l'amélioration de l'atmo- sphère que l'on doit à Bill Clinton. »Le pr•- sident am•ricain a sign•, en 1995, l'ordre ex•- cutif 12 968 interdisant toute discrimination bas•e uniquement sur la sexualit• pour les questions de s•curit•.

Certes, les aust˜res b"timents de Langleyn'ont pas •t• le th•"tre de ces parades costu-

m•es et maquill•es qui •gayent une fois l'an les rues de nombreuses grandes villes. Mais les homosexuels ne s'y sentent plus rejet•s. Ils s'y sont regroup•s dans une association appel•e

Angle (pour Agency Network of Gay and Les-

bian Employees), pr•sid•e par une informati- cienne qui a quinze ans d'anciennet•. L'Agence nationale de s•curit• (NSA) a pour sa part le Globe (Gay, Lesbian or Bisexual Em- ployees), plac• sous le patronage d'un martyr de la cause, le sp•cialiste du d•codage britan- nique Alan Turing qui, apr˜s avoir perc• les codes secrets nazis pendant la seconde guerre mondiale, fut contraint au suicide en raison de sa sexualit•. Le d•partement d'Etat a aussi son association.

Le temps n'est donc plus oŸ, en vertu d'une

directive du pr•sident Eisenhower, dans les an- n•es 50, l'homosexualit• •tait consid•r•e comme une" perversion sexuelle »passible de r•vocation imm•diate. C'•tait l'•poque oŸ di- plomates et agents secrets •taient soumis “ une surveillance tatillonne et menaØante de leur vie priv•e. On ne consid˜re plus au-

jourd'hui qu'un ou une homosexuel(le) repr•-sente un risque pour la s•curit• en raison du

chantage que pourrait exercer “ son encontre une puissance adverse. La plupart d'entre eux ne se cachent plus gu˜re. Comme l'a dit l'an- cien directeur de la CIA, James Woolsey,"les temps ont changé. Autrefois, le problème, c'était les risques de chantage. Si cette menace dispa- raît, comme cela a été le cas socialement et culturellement au cours des ans, alors les gays et les lesbiennes ont leur place à la CIA ».

Les forces arm•es sont le dernier bastion.

L'homosexualit• y reste ill•gale. Certes, avec Bill Clinton ± qui avait promis de mettre ®n “ cette anomalie avant de c•der aux pressions de l'•tat-major ±, on s'en tient au principe " Don't ask, don't tell ! »(" Ne posez pas de questions, ne dites rien ! »). Mais cette attitude ambigu— n'a rien r•gl• et les cas de discrimination ou de violences n'ont pas cess•. Longtemps d•non- c•e pour ses m•thodes contestables, la CIA se- rait donc devenue un mod˜le politiquement correct. Il faut dire que le secret qui l'entoure prot˜ge aussi ses membres des curiosit•s ex- t•rieures.

Patrice de Beer

Dépister

l'alzheimer a

C'EST la première cause de

démence dans les pays dé- veloppés. La maladie d'Alzheimer touche actuellement 300 000 per- sonnes en France. Mais les méde- cins restent assez désarmés face à cette affection dégénérative du cerveau qui atteint principalement les personnes âgées. L'arsenal thé- rapeutique permet tout juste de retarder l'évolution d'une maladie dont les premiers symptômes sont des pertes de la mémoire récente et qui, dans ses stades ultimes, est synonyme de perte totale d'auto- nomie. Un vaste programme de recherche, concernant trois cents patients sur trois ans, va être lancé en France. L'objectif est de parve- nir à diagnostiquer la maladie dans ses stades les plus précoces.

Lire page 23

MARCEL MOCHET/AFPKASSKARA 1999/DGG

POINT DE VUE

Réponse à Joschka Fischer

par Hubert Védrine C

HER Joschka, j'ai lu

attentivement le dis- cours que tu as pro- noncé à titre person- nel le 12 mai à l'université

Humboldt de Berlin sur les ®nali-

tés de l'Union européenne et son horizon institutionnel. Comme je l'ai aussitôt déclaré, j'ai trouvé cette démarche bienvenue et op- portune. Depuis que je suis deve- nu ministre des affaires étran- gères, en juin 1997, j'ai en effet considéré que l'opinion euro- péenne ne mesurait pas assez les conséquences des élargissements

à venir de l'UE et qu'il n'était que

temps d'examiner la meilleure fa-

çon d'y faire face. Je voudrais

maintenant te faire part de mes ré-

¯exions personnelles à ce sujet.

Comment faire fonctionner une

Europe à trente ou plus ? Dès

notre première rencontre, en no- vembre 1998, j'avais posé cette question et indiqué qu'à mon avis, ce dé® allait bientôt dominer tout l'horizon de l'Europe. A cette question, il ne peut pas y avoir de réponse improvisée ou bâclée, ni même simplement ingénieuse. Elle ne pourra procéder que d'un débat véritable, loyal, complet et démo- cratique. Personne ne peut a prioriprétendre détenir la clé. Il était temps que ce débat s'engage. (...)

Plusieurs responsables poli-

tiques européens, actuels ou an- ciens, pensent que, pour éviter la paralysie, il faut aller plus loin, et ont ainsi proposé ces dernières se- maines que les pays décidés à ac- complir un grand bond en avant dans l'intégration politique créent ensemble un " noyau dur », ou une " avant-garde ». Cela revient

à admettre l'idée, longtemps

combattue avec véhémence, d'une

Europe à deux vitesses. C'est dans

cette perspective que tu t'es ins- crit, après Jacques Delors et d'autres, en proposant que soit constitué, par étapes, un " centre de gravité » qui deviendrait un jour le noyau d'une future fédéra- tion.

A la veille de sa présidence, la

France n'est pas dans la même si-

tuation que les autres Etats membres.

Lire la suite page11,

nos informations page 4 et notre éditorial page13Hubert V•drineest ministre des affaires •trang˜res. CHANT

Le barytondu siècle

Dietrich Fischer-Dieskau a une voix re-

connaissable entre toutes. Cet Alle- mand aux allures de James Bond s'est arrñtï de chanter en 1992, ì soixante- sept ans. Deutsche Grammophon pu- blie un coffret anniversaire de vingt disques comprenant des enregistre- ments rares ou inïdits. Dans un entre- tien au Monde, il raconte sa passion pour l'art du chant, dont il a explorï toutes les facettes. p. 26

RECORD

Monnetvent debout

Le navigateur franÿais Philippe Monnet

est arrivï ì Brest vendredi 9 juin, bou- clant ainsi son tour du monde en soli- taire d'est en ouest, contre les vents et les courants dominants. En 151jours et

19 heures, il a battu de dix jours le prï-

cïdent record, dïtenu depuis 1994 par le Britannique Mike Golding. Pendant ses cinq mois de solitude, il a affrontï les plus grands dangers, fr˛lant notam- ment les icebergs de l'Antarctique, et affrontant, ì rebours, les tempñtes des

´40

es rugissants ª. p. 20

BEN KHELIFA KARIM/FAMILY PHOTOS

Les deux Corées

se tendent la main après cinquante années d'hostilités

APRÈS CINQUANTE ANNÉES

d'hostilités, les deux Corées se tendent la main dans une ren- contre historique, lundi 12 juin, entre leurs chefs respectifs : Kim

Dae-jung, président du Sud, et

Kim Jong-il, dictateur du Nord. Le

sommet, à Pyongyang, capitale du

Nord, représente un tournant

dans un con¯it majeur de la guerre froide. La guerre de Corée

®t 2,5 millions de morts entre 1950

et 1953. Une réuni®cation " à l'al- lemande » n'est cependant pas en vue. Le régime démocratique du

Sud, riche et moderne, espère que

la rencontre constituera un pre- mier pas vers une réconciliation.

Le Nord, en faillite, compte sur

l'aide économique de Séoul pour se maintenir. Aucune puissance ne souhaite la désintégration du der- nier régime stalinien de la planète.

Lire pages 2 et 3

Football : l'Euro

de la France

CLAUDE SIMONET

LE PRÉSIDENT de la Fédéra-

tion française de football, Claude

Simonet, assure, dans un entretien

au Monde, que l'équipe de France aborde " dans un climat apais• » l'Euro 2000. Il se félicite que les

Bleus constituent désormais "un

v•ritable groupe ».

Lire page 21

La révolution silencieuse des catholiques français bLe Jubilé de l'an 2000 rassemble un million de pratiquants dans les diocèses bPour s'adapter au manque de prêtres, l'Eglise se restructure discrètement bLes laïcs s'impliquent

de plus en plus dans la vie des paroisses, dont le nombre est passé de 35 000 à 20 000 en dix ans

KOSOVO

Kouchner,un an de plus

Le Conseil de sïcuritï de l'ONU a re-

conduit pour un an, vendredi 9 juin, le mandat de la mission que dirige Ber- nard Kouchner au Kosovo. Dans son intervention ì New York, ce dernier a estimï qu'il ne fallait pas " se faire d'il- lusions »et que la communautï inter- nationale devra rester " encore très longtemps »dans la province. p. 5

LES ÉVÊQUES DE FRANCE at-

tendent entre 700 000 et un mil- lion de ®dèles pour les rassemble- ments de Pentecôte, qui ont lieu samedi10 et dimanche 11juin dans soixante-quinze départements.

Cette fête est le " temps fort » re-

tenu en France pour le Jubilé de l'an 2000. Le choix a été fait d'" éclater » les manifestations dans les diocèses, chacun détermi- nant son thème.

Depuis plusieurs années, l'Eglise

catholique cherche à adapter son organisation spatiale aux muta- tions de la société, en rompant avec un quadrillage séculaire du territoire. Cette révolution silen- cieuse a conduit à une réduction du nombre de paroisses, qui ne coïncident plus avec les communes et sont passées en dix ans de 34 500 à un peu moins de

20 000. Pour ce redécoupage, les

diocèses se sont efforcés de rai- sonner en termes de " bassins de vie » , prenant en compte la déser- ti®cation des campagne, la mobili- té des personnes ou encore lesnouveaux modes de vie. " Peut-on encore rechigner “ se d•placer de dix kilom˜tres pour aller “ la messe quand on parcourt la m-me dis- tance pour se rendre “ l'hypermar- ch•?», résume Yvon Bodin, secré- taire général adjoint de la conférence des évêques.

Ce mouvement doit d'abord ré-

pondre au manque de prêtres dio- césains : ils sont actuellement moins de 20 000, majoritairement

âgés de plus de soixante ans. Cette

pénurie est rendue plus inquié- tante par le recul de la pratique re- ligieuse, désormais inférieure à

10 % de la population. Pour y faire

face, la restructuration en cours s'accompagne d'une implication croissante des laïcs dans le fonc- tionnement des paroisses et des diocèses. Pour Georges Gilson, ar- chevêque de Sens-Auxerre, cette

évolution doit permettre " d'•car-

ter le danger d'un ªghettoº catho- lique et de refuser la tentation du

ªcommunautarismeº ».

Lire page 8

LeMondeJob: WMQ1106--0002-0 WAS LMQ1106-2 Op.: XX Rev.: 10-06-00 T.: 11:00 S.: 111,06-Cmp.:10,14, Base : LMQPAG 24Fap: 100 N

o : 0600 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL

LE MONDE / DIMANCHE 11- LUNDI 12 JUIN 2000

2

La diplomatie du chien

Parmi les cadeaux que le pr•-

sident sud-cor•en, Kim Dae-jung, offrira au leader nord-cor•en,

Kim Jong-il, ®gurent deux chiens

de race Chindo. Consid•r• en Co- r•e comme un " tr•sor national », ce chien remonterait “ l'•poque pal•olithique. La c•l•brit• de leur race •pargne g•n•ralement aux

Chindos le sort peu enviable de

leurs cong•n˜res : ®nir dans une soupe, l'un des mets appr•ci•s des

Cor•ens. Discrets en Cor•e du

Sud, les restaurants sp•cialis•s en

viande de chien sont nombreux en revanche dans la r•gion chinoise de Yanji qui jouxte la Co- r•e du Nord et oŸ vit une impor- tante minorit• d'origine cor•enne.

Les Chindos sont r•put•s pour

leur ®d•lit• mais aussi leur capa- cit• “ retrouver leur chemin. En

1995, l'un d'eux, vendu “ une per-

sonne qu'il n'aimait gu˜re, a re- d'origine “ 300 kilom˜tres de l“.

Pyongyang n'est qu'“ 120 kilo-

m˜tres de S•oul...S...OUL de notre envoy• sp•cial

Le long des 250 kilom˜tres de la

zone d•militaris•e qui s•pare les deux Cor•es “ hauteur du 38 e pa- rall˜le ±" le lieu le plus effrayant de la plan˜te

»selon Bill Clinton,

oŸ de part et d'autre, derri˜re bar- bel•s, tranch•es et mines, deux arm•es sont sur le pied de guerre ±, les •normes haut-par-leurs nord-cor•ens qui d•ver- saient sans r•pit leur propagande diffusent d•sormais de la mu- sique. Un calme •trange r˜gne sur

Panmunjom, le village oŸ fut si-

gn• en 1953 l'armistice mettant ®n

“ la guerre de Cor•e. En un demi-

si˜cle de partition de la p•ninsule, ce sont les premiers entretiens au sommet, qui commenceront lundi

12 juin, entre dirigeants des deux

Cor•es, et le pr•sident du Sud,

Kim Dae-jung, passera mercredi

par Panmunjom, “ son retour de

Pyongyang, la capitale du Nord.

A S•oul, la capitale du Sud, les

enfants des •coles mettent la der- ni˜re main “ des peintures mu- rales repr•sentant le visages de

Kim Dae-jung et de Kim Jong-il, le

dirigeant du Nord. Dans le grand magasin Techno Mart, les ven- deurs portant des masques “ l'ef-

®gie des deux Kim vendent des T-

shirts repr•sentant un couple en costume traditionnel symbolisant les deux Cor•es.TRISTE RÉALITÉ

A Pyongyang, des arm•es de

" volontaires » nettoient les rues, refont les bas-cþt•s de la route de l'a•roport et fardent les faØades pour faire bonne ®gure aux visi- teurs du Sud. Accroupis pour ar- racher les mauvaises herbes, tail- lant aux ciseaux les arbustes ou courb•s sur des balais, des cen- taines de milliers de femmes et d'hommes proc˜dent “ un lifting de la capitale du " paradis des tra- vailleurs », raconte un Europ•en qui en revient. Moins visibles, des•lectriciens s'affairent “ •viter que les g•n•rateurs d'•lectricit• n'aient des hoquets dans une ville oŸ les coupures de courant sont fr•quentes. Sur la grande place

Kim Il-sung, des milliers d'autres

" volontaires » r•p˜tent sans r•pit ces mouvements d'ensemble (danses et d•®l•s) dont la Cor•e du Nord a le secret.

Pyongyang se veut la vitrine du

pays, m-me si son •conomie est exsangue et que sa population a faim. Les membres de la d•l•ga- tion du Sud ne verront probable- ment rien d'une triste r•alit• qui conduit la population “ •lever des poules et des lapins sur les bal-cons. Soucieux de son image, le r•gime a r•duit au minimum la couverture m•diatique du som- met : seuls des journalistes sud-quotesdbs_dbs27.pdfusesText_33

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