[PDF] Immigrés : les 58 morts de Douvres

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LeMondeJob: WMQ2006--0001-0 WAS LMQ2006-1 Op.: XX Rev.: 19-06-00 T.: 11:16 S.: 111,06-Cmp.:19,11, Base : LMQPAG 24Fap: 100 N

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ANNÖE ± N

o

17231 ± 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÖTROPOLITAINEFONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÖRY ± DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANIMARDI 20 JUIN 2000Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche,25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ;C˛te-d"Ivoire, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ;Espagne, 225 PTA ; Gabon, 900 F CFA ; Grande-Bre-tagne, 1£ ; Gròce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ;Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvòge, 14 KRN ;Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 270 PTE ; Rïunion, 10 F ;Sïnïgal, 900 F CFA ; Suòde, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ;Tunisie, 1,4 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $.

www.lemonde.frMARDI 20 JUIN 2000

L'immigration,prochain

stimulant de la croissance ?

Le dïclin

dïmographique annoncï de l'Europe et la perspective du plein-emploi obligent ì repenser le recours ì la main-d'˙uvre ïtrangòre A ppel au pillage des res- sources humaines des pays en d•veloppement m"tin• de n•ocolonia- lisme pour les uns, incitation “ une v•ritable "invasion»pour les autres, exercice sans fondement ou v•ritable piste de r•¯exion sur un sujet tabou ± les immigr•s en Eu- rope ±, le rapport rendu public au d•but de l'ann•e par la division de la population de l'ONU sur " Les migrations de remplacement » n'en

®nit pas de susciter d'intenses pol•-

miques. Tant au niveau politique

± le repr•sentant portugais pour

l'Union europ•enne “ l'ONU a so- lennellement d•sapprouv• ce rap- port ± qu'entre experts d•mo- graphes. En quelques jours, “ Paris, on aura vu le sujet donner lieu “ trois colloques et “ une r•plique du tr˜s of®ciel Institut national des •tudes d•mographiques (Ined) inti- tul•e " Quand les Nations unies veulent remplir le tonneau des Da- na'des... ».

Quel est r•ellement l'objet du d•-

lit ? L'auteur de ce rapport de l'ONU, Joseph Grinblat, a calcul• le nombre d'immigr•s qu'il faudrait faire venir sur le Vieux Continent d'ici 2050 pour r•soudre de faØon indolore ± c'est-“-dire sans baisser le montant des pensions ni aug- menter le nombre d'ann•es de coti- sations ± l'•pineux dossier des re- traites et du vieillissement de la population : 700 millions ! Tel est le r•sultat de l'•quation qui a fait bon- dir toute l'Europe. Aujourd'hui,

M. Grinblat ne cesse de r•p•ter que

son article " Immigration : une so- lution au probl˜me du vieillisse- ment en Europe ? » comportait un gros point d'interrogation. Il est trop tard. Le coup est parti et, s'il fait si mal, c'est que les Europ•ens pr•f˜rent ne pas voir leur avenir en face, “ savoir un d•peuplement programm• du continent, et que l'immigration demeure un pro- bl˜me que l'on ne sait pas g•rer.

En France, la chronique de l'im-

migration se lit surtout dans l'int•- gration manqu•e de la seconde g•- n•ration et les m•saventures des comit•s de sans-papiers et leurs re- vendications de r•gularisation. En

Italie, ce sont les boat-people d'Al-

banie ou d'ailleurs qui font l'actua- lit•. En Espagne, pays d'immigra- tion tr˜s r•cente, une " chasse aux

Maures » a braqu• il y a peu une lu-

mi˜re crue sur l'insertion des Maro- cains en Andalousie. En Autriche, c'est l'extr-me droite qui a gagn• sa place au pouvoir en surfant sur le regain des id•es x•nophobes. Dans la plupart des pays europ•ens, en d•pit de la reprise •conomique, le chþmage reste “ un niveau •lev•.La crise des ann•es pass•es a rejet• des millions de personnes ± natio- naux et •trangers ± dans la pr•cari- t• et l'exclusion. Pour beaucoup, l'urgence est de les r•int•grer avant de songer “ ouvrir plus largement les fronti˜res.

Mais l'acc•l•ration de la reprise

•conomique a chang• la donne.

Gouvernements, •conomistes et

milieux d'affaires se montrent da- vantage pr•occup•s par les p•nu- ries de main-d'úuvre et les antici- pations de plein-emploi. En

Allemagne, au plus haut niveau de

der s'est impliqu• dans les n•gocia- tions qui ont conduit “ souhaiter la venue de 20 000 informaticiens. En Italie, les autorit•s ont d•cid• d'ac- corder 63 000 visas cette ann•e. En

France, le Medef a lanc• une

consultation aupr˜s de ses f•d•ra- tions r•gionales pour recenser les p•nuries de main-d'úuvre, et la mi- nistre de l'emploi, Martine Aubry, a command• tr˜s discr˜tement “ un •conomiste de l'universit• de Lille une •tude sur les cons•quencesqu'aurait sur le march• du travail un recours accru “ l'immigration.

Comment ne pas braquer les opi-

nions publiques, m•®antes vis-“-vis de l'" •tranger », tout en r•pondant aux besoins des entreprises ? A cette question que les dirigeants pourront dif®cilement esquiver, le chercheur Patrick Weil, auteur du rapport sur l'immigration remis en

1997 au premier ministre Lionel

Jospin, r•pond aujourd'hui que "le

gouvernement doit ouvertement po- ser la question des migrations de tra- vail ». Il faut, selon lui, " •viter toute politisation de ce d•bat. Le cadre l•- gislatif actuel, “ condition de l'assou- plir, permet de r•pondre aux de- mandes des entreprises. L'exemple en a d•j“ •t• donn• avec les informati- ciens ». Ce pragmatisme mettrait

®n “ une situation dans laquelle,

pour entrer en France et y travailler, il est plus ef®cace de passer par la voie contourn•e du regroupement familial que de demander un visa de travail.

Laurence Caramel

FUTURS

L'orientation de la recherche

vers des applications ì court terme inquiòte les universitïs, qui hïsitent entre rïsistance et adaptation face ì cette menace sur leur indïpendance (page VI) EUROPE

Le Britannique

Peter Lilley,

ancien ministre conservateur de la sïcuritï sociale, explique comment il a imposï une rïduction drastique des dïpenses publiques (page V)LES RENDEZ-VOUS DE L"EMPLOI ET DU MANAGEMENT bLe dialogue social pour l'emploi local en est ì ses balbutiements : la lutte contre la prïcaritï se heurte, sur le terrain, ì la difAEcultï de faire se rencontrer syndicats, patronat et interlocuteurs locaux (page VII) bUn sondage exclusif, rïalisï par Ipsos pour IBM et ´ Le Monde ª, rïvòle que les directeurs des ressources humaines voient leur fonction ïvoluer vers une gestion

ì la carte des salariïs (page VIII)

/0123456789:;<=>?@ABC EI BT /F11 1 Tf

0.753 0 0 0.957 929.806 1254.81 Tm

(b

100 000francs.C'est le prix d'un poste

de travail adaptï pour un aveugle ou un malvoyant. L'ïlectronique rïvolutionne leur insertion professionnelle, mais ce coût freine encore leur embauche (page IX)OFFRES D"EMPLOI

De la page X

ì la page XL

La recherche fonda-

mentale marginale

Europe Etats-Unis

17,1 %

9,3 %

Les DRH prŽdisent

une rŽmunŽration au rŽsultat

Plus de

salairePlus d'intŽressement

16 %81 %

UNION EUROPÉENNE(15 membres)

Taux d"accroissementnaturel

Taux demigration

nette * ÉTATS-UNIS15 10 5 0 -5 * La migration nette est calculée de façon résiduelle

à partir des chiffres

sur la population et sur les naissances et les décès

1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995

300350400

5045403530252015100520001995

45556512345

5045403530252015100520001995

UNION EUROPÉENNE(15 membres)

UNION EUROPÉENNE

(15 membres)FRANCE

FRANCEEn 1995, il y avait " 4,31 » personnes

d'âge actif pour 1 retraité, le rapport ne va pas cesser de diminuer

Source : ONU

Source : ONUSource : OCDE

COMPOSANTES DE LA CROISSANCE

DE LA POPULATION

Une démographie plus

dynamique aux Etats-Unis

Une population europŽenne

qui diminue

Pour 1000 habitants en début d"année

PROJECTION D"ÉVOLUTION

DE LA POPULATIONÉVOLUTION DU RATIO

15-64 ANS/65 ANS ET PLUSen millions d" habitants

De moins en moins dÕactifs

pour financer les retraites

LÕEurope face au vieillissement

Infographie :Le Monde

LE MONDE ...CONOMIE

aL"Europe face au vieillissement aEmploi : 31pages d"annonces classïes

Un patron

mythique

JACK WELCH

CET AMÉRICAIN de 64 ans a

trouv• comment g•rer une entre- prise de 340 000 personnes, dans vingt m•tiers. General Electric est la premi˜re capitalisation bour- si˜re de la plan˜te. M. Welch ex- plique au Monde ses recettes de management.

Lire page 20

International............. 2

France.......................... 6

Soci•t•........................ 10

R•gions........................14

Horizons......................16

Entreprises................. 20

Communication........ 23

Tableau de bord........ 24

Aujourd'hui................ 28M•t•orologie............. 32

Jeux............................... 32

Carnet .......................... 33

Emploi/annonces...... 33

Culture......................... 34

Guide culturel............ 36

Kiosque........................ 38

Abonnements............ 38

Radio-T•l•vision....... 39

Torturïe par l'armïe franÿaise en Algïrie, ´ Lila ª recherche l'homme qui l'a sauvïe

ALGER de notre envoy•e sp•ciale " J'étais allongée nue, toujours nue. Ils pou- vaient venir une, deux ou trois fois par jour. Dès que j'entendais le bruit de leurs bottes dans le couloir, je me mettais à trembler. Ensuite, le temps devenait interminable. Les minutes me paraissaient des heures, et les heures des jours. Le plus dur, c'est de tenir les premiers jours, de s'habituer à la douleur. Après, on se détache mentalement, un peu comme si le corps se met- tait à ¯otter. »Quarante ans plus tard, elle en parle avec la voix blanche. Elle n'a jamais eu la force d'•voquer avec sa famille ces trois mois qui l'ont marqu•e “ vie, physiquement et psy- chologiquement. Elle avait vingt ans. C'•tait en 1957, “ Alger. Captur•e par l'arm•e fran- Øaise le 28 septembre, apr˜s -tre tomb•e dans une embuscade avec son commando, elle avait •t• transf•r•e, gri˜vement bless•e, “ l'•tat-major de la 10 e division parachutiste de

Massu, au Paradou Hydra. " Massu était bru-

tal, infect. Bigeard n'était pas mieux, mais, le pire, c'était Graziani. Lui était innommable, c'était un pervers qui prenait plaisir à torturer. Ce n'était pas des êtres humains. J'ai souvent hurlé à Bigeard : ª Vous n'êtes pas un homme si

vous ne m'achevez pas ! º Et lui me répondaiten ricanant : ªPas encore, pas encore ! º Pen-

dant ces trois mois, je n'ai eu qu'un but : me sui- cider, mais, la pire des souffrances, c'est de vou- loir à tout prix se supprimer et de ne pas en trouver les moyens.»Elle a tenu bon, de sep- tembre “ d•cembre 1957. Sa famille payait cher le prix de ses actes de " terrorisme ». " Ils ont arrêté mes parents et presque tous mes frères et súurs. Maman a subi le supplice de la baignoire pendant trois semaines de suite. Un jour, ils ont amené devant elle le plus jeune de ses neuf enfants, mon petit frère de trois ans, et ils l'ont pendu... » L'enfant, ranim• in extre- mis, s'en est sorti. La m˜re, aujourd'hui une vieille dame charmante et douce, n'avait pas parl•.quotesdbs_dbs28.pdfusesText_34

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