[PDF] LHÔTEL DU PALAIS BIARRITZ Des origines à nos jours





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LA BELLE ÉQUIPE

1 sept. 2018 LE MAGAZINE DE LA FÉDÉRATION FRANÇAISE DE BRIDGE I N°34 - Septembre 2018 ... pour la première fois dans la salle du festival de Biarritz.



LHÔTEL DU PALAIS BIARRITZ Des origines à nos jours

Anglet construction du port du refuge au pied de l'Atalaye à Biarritz





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Pau la ville de Lourdes

L"HÔTEL DU PALAIS

BIARRITZ

Des origines à nos jours

Philippe CACHAU

Docteur en histoire de l"art

2017
Plan

Remerciements

Préface par M. Michel Veunac, maire de Biarritz

Avant-propos

Historique

I. Les origines. La Villa Eugénie et le domaine impérial de Biarritz (1854-1881) II. Du Palais Biarritz à l'Hôtel du Palais. Naissance et vie de l'hôtel (1881-1903) III. La Belle Epoque. Une période faste (1903-1914)

IV. La Grande Guerre (1914-1919)

V. Les folles années du Palais (1920-1929)

VI. Les années de crise (1929-1939)

VII. La Seconde Guerre mondiale (1939-1944)

VIII. L'Après-Guerre (1945-1955)

IX. Le Renouveau (1956 à nos jours)

Description et analyse

I. Extérieurs

1) La Villa Eugénie

2) L'Hôtel du Palais

II. Intérieurs

1) La Villa Eugénie

2) L'Hôtel du Palais

III. Le Spa impérial

Bibliographie

Sources

Illustrations (support numérique)

Remerciements

Cet ouvrage n"aurait pu voir le jour sans la confiance et le soutien des personnes qui ont cru en ce projet. Nous exprimons notre plus profonde gratitude à M. Jean-Luc Cousty, directeur général de l"Hôtel du Palais, pour nous avoir aimablement confié cette tâche. Notre plus vive reconnaissance va également à Mme Isabelle Joly, architecte du Patrimoine, pour ses conseils et les précieux éléments qu"elle a bien voulu nous communiquer ; à M. Bruno Marcelis et Mme Colette Messager-Marcelis sans lesquels nous n"aurions pu traiter valablement leur grand aîné, M. Alfred Boulant, notamment à travers les textes et documents

de l"exposition réalisée par eux en 2016 à Biarritz et l"aimable communication de leurs

clichés de famille ; à Mme Josette Cazaux, directrice du Musée historique de Biarritz, M. Jacques Sotéras, responsable des archives du musée, et M. Alexandre Doualot, responsable des archives de l"Etude notariale Letulle à Paris, pour leur dévouement.

Nous remercions enfin les autres institutions démarchées : Médiathèque, Musée basque et

Pôle des Archives départementales à Bayonne, Archives municipales de Biarritz, Archives

nationales (service des Cartes et Plans et du Minutier central en particulier) et Institut français

d"architecture à Paris.

Avant-propos

Quelle formidable destinée que celle de l"Hôtel du Palais à Biarritz !

Né en 1882 quand il n"était que l"hôtel-casino Palais Biarritz - il ne prit son nom actuel que

dix ans plus tard ! -, rebâti en 1904-1905 sur les vestiges de l"ancienne Villa Eugénie, érigée

en 1854-1855, ce somptueux édifice constitue le navire amiral de l"hôtellerie de luxe et du tourisme de prestige de la cité basque et sur l"ensemble de la côte.

Labellisé "Palace" en 2011, il est le seul établissement de ce type sur la côte atlantique en

France. Membre de la Leading Hotels of the World, consortium de 375 établissements de luxe dans soixante-quinze pays, depuis 1989, du Comité Colbert depuis 2009, l"Hôtel du Palais a obtenu en 2012 le label "Entreprise du Patrimoine vivant" par le ministère de l"Economie, des Finances et de l"Industrie. Depuis 2013, il est membre associé du groupe de luxe Orient Express Hotels qui rassemble, depuis plus de vingt-cinq ans, les plus beaux établissements du monde. En 2016, la chaîne américaine CNN l"a classé au 4 e rang des vingt-et-un plus beaux hôtels de front de mer au monde.

A l"heure de choix décisifs pour l"avenir de cet établissement emblématique d"un certain art

de vivre à la française, la publication d"une monographie digne de son prestige apparaissait de

plus en plus nécessaire. Contrairement à bien des ouvrages qui ne se sont livrés, jusqu"à

présent, qu"à une approche purement historique ou mondaine, notre souci a été ici de montrer

tout ce qui a fait et fait l"intérêt de ce lieu magnifique sous l"angle de l"histoire, revue et

corrigée, ainsi que de l"histoire de l"art. Hormis la monographie sur Edouard Niermans, son architecte, publié en 1991, jamais l"Hôtel

du Palais n"avait fait l"objet d"une telle analyse. Cette lacune est désormais comblée et l"est

d"autant plus que les connaissances, tant historiques qu"artistiques, ont bien progressé depuis la fin du XXe siècle. Nous avons pu, en tant qu"historien de l"art des périodes modernes (XVIIe-XVIIIe siècles), -

principales périodes de références, tant de la Villa Eugénie sous le Second Empire que de

l"hôtel actuel à la Belle Epoque - en apprécier toutes les nuances et les clins d"oeil. Qui se

souvenait encore que le domaine impérial de Biarritz fut marqué à ce point par celui du Trianon de Marie-Antoinette, souveraine favorite de l"impératrice Eugénie ?

Cet ouvrage est aussi l"occasion de traiter des périodes peu, voire jamais évoquée, faute de

documents : l"ère d"Alfred Boulant, les années 1930, la Seconde Guerre Mondiale ou la fin du

XXe siècle à nos jours.

On trouvera donc ici un panorama aussi complet que possible, illustré de nombreux documents et clichés inédits.

Historique

I. Les origines. La Villa Eugénie et le domaine impérial de Biarritz (1854-1881) Raisons et naissance du domaine impérial de Biarritz (1854)

On prétend souvent que l"impératrice Eugénie avait souhaité une résidence à Biarritz pour se

rapprocher de son Espagne natale, dont elle était éloignée depuis son mariage avec Napoléon

III en janvier 1853. Si elle s"était souvenue, en effet, des séjours effectués avec sa mère, la

comtesse de Montijo, et sa soeur, la duchesse d"Albe, en 1834 et 1850, c"est oublier un peu vite que l"empereur eut, lui aussi, des attaches familiales avec la côte basque et Biarritz en particulier. L"adjudant du domaine impérial, Etienne Ardouin (1828-1909), rappelle que la reine

Hortense, mère de l"empereur, s"était rendu dans le village en 1807 et l"avait comblé de ses

bienfaits. Légende ou réalité ? Quoi qu"il en soit, on sait que son oncle, Napoléon I er, avait

visité Biarritz au printemps 1808 lors de son long séjour à Bayonne qui visait à établir son

frère Joseph sur le trône d"Espagne. Les attaches des familles de nos deux souverains, partagées entre France et Espagne, étaient

d"autant plus mêlées que le père d"Eugénie, Cipriano de Palafox y Portocarrero (1784-1839),

comte de Téba, puis de Montijo à la mort de son frère aîné Eugenio, était un afrancesado,

c"est-à-dire un partisan des Français et du roi Joseph lors de la guerre d"Indépendance (1808-

1813). Ses convictions bonapartistes furent pour beaucoup dans l"union de sa fille, Maria

Eugenia, avec Louis-Napoléon Bonaparte, nouvel empereur des Français. Tout se tenait donc.

Le couple impérial se rendit sur la côte basque en 1854. Ils séjournèrent du 21 juillet au 19

septembre, soit durant 42 jours, dans la Villa Gramont, futur château à partir de 1866,

résidence de Jules Labat (1819-1914), maire de Bayonne depuis 1852, conseiller général des

Basses Pyrénées, et futur député bonapartiste en 1869. Sa propriété était réputée plantée

d"arbres provenant de plants de la Malmaison, lieu ô combien emblématique pour Napoléon III. C"est dans cette villa que naquit le projet de la résidence de Biarritz, plus communément

appelée Villa Eugénie, sans doute en référence à elle, même si la résidence qu"il envisageait

n"avait rien de la villa à proprement parlé mais tenait plutôt du château. Comme le rappelle

très justement André Lebourleux, le terme exact employé dans les documents était " résidence

impériale" ou "château de Biarritz".

Acquisitions des terrains et choix du site

Dès le 29 juillet 1854, Le Messager de Bayonne, qui informait quotidiennement des faits et

gestes du couple impérial, se fit l"écho de la rumeur de son installation, laquelle se confirma

le 3 août. En effet, la veille, Napoléon III avait donné pouvoir au maire de Biarritz, Pierre

Duprat, d"acquérir en son nom les terrains nécessaires à la constitution du futur domaine

impérial. L"acte fut passé à la Villa Gramont devant Me Tisset, notaire à Anglet. La liste des

terrains sera établie dans l"acte de vente du domaine par l"impératrice Eugénie en 1881. Neuf terrains furent ainsi acquis en août 1854, puis cinq autres en mai 1855, soit 14 au total, pour la somme de 59 827,50 francs. Achille Fould, ministre de la Maison de l"Empereur, fut

chargé de la validation des acquisitions comme, plus tard, des différents projets et travaux de

la résidence. Les acquisitions comme la construction furent financées sur la cassette de

Napoléon III et d"Eugénie. Le domaine impérial de Biarritz était donc leur propriété privée.

La résidence fut établie près du phare, construit en 1834, sur un plateau à 12 m. au-dessus de

la plage et à 30 m. du bord du promontoire. Le choix du site a été influencé par celui établi, en

1852, par l"architecte genevois, Samuel Vaucher (1798-1877), pour le palais du Pharo à

Marseille. Ce palais sera, son tour, marqué par les plans et élévations de la Villa Eugénie.

Dans les deux cas, il s"agissait d"avoir une résidence en bordure de mer avec vue

panoramique, l"une sur l"Atlantique, l"autre sur la Méditerranée, les sites étant toujours

judicieusement retenus.

Les acteurs de la Villa Eugénie

Le couple souhaitant pouvoir loger dans sa nouvelle résidence à l"été 1855, les choses se

décidèrent très rapidement. Napoléon III était, on le sait, un homme d"action. Dès le 7 août

1854, l"architecte et le maitre d"oeuvre furent retenus : il s"agissait d"Hippolyte Durand (1801-

1882), d"origine parisienne, architecte du département des Basses-Pyrénées, ex-architecte du

diocèse de Bayonne qu"il avait dû quitter suite à une mésentente avec l"évêque alors qu"il était

en charge de la restauration de la cathédrale. Durand était aussi réputé pour le singulier

château de Monte-Cristo, bâti pour Alexandre Dumas père en 1846.

Le maitre d"oeuvre était Charles-Fabien Candas, entrepreneur général des bâtiments de la

Couronne, parisien également, établi rue de Lille. Il sera réputé à Biarritz comme auteur d"une

villa néo-renaissance, dite Villa Candas, en 1860, plus connue ensuite, à partir de 1880,

comme la villa du duc de Frias. Eloigné du chantier par ses fonctions dans les diocèses d"Auch et de Tarbes, et devant les

critiques émises par les autorités sur les malfaçons de la construction, Durand dut être

remplacé en mai 1855 par son inspecteur des travaux, Louis-Auguste-Léodar Couvrechef

(1827-1858), âgé de 28 ans, qui devait disparaître prématurément. Il obtint le titre d"architecte

du château de Pau en 1857, puis de celui de Arteaga, résidence espagnole - inachevée - du couple impérial, au nord de Guernica, près de Bilbao. À son décès, Couvrechef fut remplacé en 1859 par Gabriel-Auguste Ancelet (1829-1895) qui

travaillait alors à la galerie des Natoire du château de Compiègne. Devenu architecte en titre

du château en 1864, il fut remplacé à son tour par Joseph-Auguste Lafollye (1828-1891) qui

devint alors celui des châteaux de Biarritz, Pau et Artéaga. En 1864, un cinquième architecte

fut employé, pour la chapelle impériale seulement : Emile Boeswillwald (1815-1896). Le projet d'Hippolyte Durand (septembre 1854 - janvier 1855)

Le plan de la villa fut établi en septembre 1854, approuvé le mois suivant par Achille Fould. Il

s"agissait d"un logis principal en fond de cour avec deux ailes latérales, conformément à la

disposition du château français depuis le XVIIe siècle. Le mélange de brique et de pierre en

façade entendait se conformer au style dit "Louis XIII" - "Louis XIV" à cette époque - en souvenir du premier château de Versailles (actuelle Cour de marbre). Afin de répondre au souci de rapidité du couple impérial - exigences qui ne sont pas sans rappeler celle de Louis XIV à Versailles -, Durand se contenta d"une couverture de zinc telle qu"elle apparait sur l"élévation. On retrouvera ce type de couverture sur de nombreuses constructions du domaine. La trop grande simplicité des élévations amena à leur correction en janvier 1855. Nous y reviendrons dans l"examen des élévations.

La construction de la villa (1854-1855)

La construction avait débuté en octobre 1854 avec une foule de terrassiers, maçons et

manoeuvres placés sous la direction de Candas. L"établissement des fondations s"ouvrit le 15 du mois, suivit de la construction en novembre Elle fut entravée, début décembre, par des

pluies diluviennes qui firent déborder la rivière du domaine et qui entrainèrent plusieurs

mètres cubes de sable. Dans ces conditions, des grèves éclatèrent chez les bouviers dont les

boeufs remuaient le terrain et tiraient les matériaux. La construction avait atteint alors, suivant

les parties, l"entresol du rez-de-chaussée ou le premier étage. Candas avait recouru à divers fournisseurs locaux : Louis Moussempes pour la pierre et le bois - il sera le grand entrepreneur de la Biarritz du XIXe siècle -, Bascary pour les outils et

le ciment de Guéthary, Recart et Lefebvre pour la plâtrerie, Sarraille et Recart, fils ou frère du

précédent, pour la peinture et la vitrerie, tous de Biarritz, Sasco de Bidart et Ithurbide

d"Arbonne pour la chaux. Les Bayonnais Jean Clément livra la menuiserie et les époux

Bègue, la serrurerie.

La pierre fut extraite de Bidache, Laas, Saint-Ouge, Bourg à Urrugne et Fontarabie. La brique était venue de Bordeaux et de Toulouse. La charpente était en chêne comme les parquets à l"anglaise. L"origine du bois n"est pas établie. Les combles furent couverts de zinc comme les autres bâtiments du domaine. Le choix de ce matériau peut surprendre pour un château de

style Louis XIII mais il était très apprécié au milieu du XIXe siècle tant pour des raisons de

coût, de rapidité et de facilité de pose que de résistance aux intempéries. Les pluies et les

vents sont, comme on sait, souvent violents au Pays basque.

A l"arrivée des souverains en juillet 1855, la résidence n"était pas tout à fait achevée : elle le

sera en août avec les pavillons de garde et les écuries impériales. Durant trois jours (27, 28, 29

juillet), ils supervisèrent les travaux. Ils se montèrent à 472 000 francs, dont 300 000 francs

pour la villa.

La Villa Eugénie en 1855

Le bâtiment mesurait, nous dit Ardouin, 38 m. pour le logis principal, 39 m. pour les ailes. Il atteindra 20,25 m. de haut avec son nouvel attique en 1865. La cour principale faisait 20 m. de large et 22 m. de long. Au-devant, se trouvait une vaste terrasse à pans arrondis de 65 m. de large sur 30 m. de profondeur. Etablie en mars-juin 1855 sur une assise en pierre de Bidache, elle reposait sur deux grands rochers au bout du promontoire et venait prolonger ainsi l"espace de la villa. Lors des séjours du couple impérial, on y dressait une tente de 10 m. de long sur 3,50 m. de large,

en bois verni, imitation bambou, couverte de coutil rayé et ornée d"un lambrequin. Elle servait

de lieu d"observation pour l"empereur qui, tel un Louis XVI, usait de ses instruments oculaires pour observer l"horizon et le ciel, de jour comme de nuit.

C"est précisément dans le style Louis XVI que fut établi le garde-corps en pierre ajouré. Afin

de protéger cette terrasse de l"assaut des vagues, un brise lame fut établi au centre en février

1866.
Naissance du parc et de la plage de l'Impératrice (1855)

A l"instar de Louis XIV à Versailles, Napoléon III s"était livré à de nombreux terrassements et

apports de terre pour modeler le terrain sablonneux du domaine en parc à l"anglaise avec ses

routes, allées sinueuses, lac, rivière, petits ponts, fabriques et constructions diverses.

L"opération fut menée au début de 1855 par Isidore Daguenet, ingénieur des ponts et

chaussées, assisté d"un certains nombre d"artisans et fournisseurs : Giraud pour les remblais, Cazeaux pour les sentiers, Betbeser et Moussempès pour les barrières et clôtures. Mathias

Harriet, pépiniériste établi à Biarritz, fournit les semis et plantations, Pierre Hiriart, originaire

d"Anglet, le gazon. Avec Combes, aide-jardinier, ils transformèrent les dunes de sable en massifs et verte pelouse vallonnée.

Suivant le goût d"Eugénie pour Marie-Antoinette - elle s"était fait portraiturer, rappelons-le,

en 1854 sous les traits de la reine par son peintre favori, Franz Xaver Winterhalter -, une ferme avec vacherie et bergerie fut bâtie dans le parc, suivie d"une maison chinoise. Tout ceci n"était pas sans rappeler en effet le domaine de Trianon. Nous verrons que les analogies avec

Versailles ne s"arrêtent pas là.

Suite aux importantes intempéries de décembre 1854, le ruisseau du domaine, détournement de l"ancien, qui se jetait au pied d"un des rochers de la terrasse de la villa, fut canalisé en béton en mars 1855 par le biarrot Jean Augustin.

C"est aussi en 1855 qu"Auguste Neumann, chef jardinier du château de Pau, procéda, à

l"emplacement d"une ancienne vigne, à la plantation de 15 000 pins de 6 ans d"âge pour

établir une pinède, dite "la Pignada". Cette pinède devait faire école dans la naissance de la

forêt landaise en 1857 par Napoléon III depuis son domaine de Solférino. Les vestiges de la Pignada sont encore visibles sur une ancienne vue de la chapelle impériale dans les années 1880.

De 20 ha à l"origine, le domaine impérial fut porté à 26 ha, suite aux acquisitions de terrains

de 1858, 1859, 1861, 1863 et 1865, passées devant Me Saubat Damborgez à Bayonne, soit de

la plage, à l"ouest, à l"actuelle avenue de La Rochefoucauld, au bout de l"avenue Victoria, à

l"est ; de l"entrée du domaine, au droit de l"actuel pavillon Hermès, avenue Edouard VII et à

l"avenue de la Marne (ex-route impériale de Bayonne) au sud, au plateau du phare, au droit de la rue Lavigerie, au nord.

Les plans d"aménagement de la plage en avril 1855 attestent également les efforts déployés

sur le site. Ils faisaient suite à l"établissement de la terrasse devant la villa en mars. Des

travaux de terrassements furent ainsi réalisés pour établir la vaste promenade empierrée de

360 m. de long, reposant sur un soubassement en béton, pour mener aux futurs bains

impériaux, construits en 1859-1860. La promenade, qui enjambait le ruisseau, fut prolongée

en avril 1859, suite à la réalisation des bains, jusqu"à l"extrémité de la plage sous sa forme

actuelle. Ainsi naquit la "plage de l"Impératrice", rebaptisée "Grande Plage" sous la IIIe

République.

La nouvelle aile 1859-1860

La croissance du jeune prince impérial, né en 1856, et l"arrivée de personnalités toujours plus

nombreuses rendirent la résidence de Biarritz bien petite. Une seconde tranche de travaux fut

donc décidée en octobre 1858. L"extension se fit en 1859-1860 sur le flanc droit de la villa par

la création d"une aile en rez-de-chaussée, sommée d"un attique, due à l"architecte Ancelet.

Elle donnait déjà ce fameux plan en E que l"on retrouvera plus tard dans l"hôtel et qui

symbolisait si bien le nom d"Eugénie. Le budget fut fixé à 152 000 francs en avril 1859, soit

plus de la moitié du prix de la villa. L"architecte se justifia par le choix des matériaux

résistants nécessaires à la position et au climat du lieu, ce qui n"avait pas été le cas lors de la

première tranche d"où la grande fragilité de la construction initiale. Des travaux à chaque saison. La surélévation de 1865-1866

A chaque saison, la présence du couple impérial amenait son lot de travaux et de réfections.

Ils ne quittaient pas Biarritz sans que de nouveaux projets furent adoptés et ne fussent réalisés

pour l"année suivante.

En 1856, un réservoir fut établi à l"est du parc pour l"alimentation en eau de la villa. Plusieurs

canaux souterrains furent réalisés en 1860 et 1863. Ce système servira jusqu"au début du XXe

siècle pour l"hôtel-casino qui remplacera la villa. En 1857, les communs en sous-sols furent étendus sous l"aile droite avec la création d"un corridor sous la cour entre les deux ailes.

En 1859, on procéda à la réfection des plafonds et planchers du cabinet de l"empereur et de la

chambre du prince impérial au-dessus.

En 1860, le mur du salon et ses deux entrées furent refaits. On décida l"extension de

l"appartement du prince impérial sur l"escalier privé et sur la couverture de la nouvelle aile.

Ceci n"est pas sans rappeler la création des petits appartements de Louis XV sur les

couvertures et escaliers intérieurs de la cour des Cerfs à Versailles. Cette année vit aussi le

remplacement des charpentes hors de service et la consolidation de celles qu"Ancelet estimait insuffisantes. En mars 1863, le plafond du salon fut remplacé par un plafond à caissons de style Louis XIII suivant celui de la villa. Deux autres plafonds furent également conçus pour le salon et le cabinet du prince impérial. En septembre 1865, Lafollye fut chargé de la surélévation de la villa primitive pour gagner

toujours plus d"espace. Il s"agit là de la troisième grande étape de l"évolution de la villa que

nous évoquerons plus loin. En 1866, une nouvelle cuisine avec cour anglaise fut aménagée sous l"aile droite et la petite

cour qui la séparait de la nouvelle aile de la villa. Elle répondait aux nécessités de réceptions

toujours plus nombreuses. En 1867, Napoléon III fit procéder au remplacement de la cheminée de son cabinet. Le dessin montre une cheminée de marbre de style Louis XVI avec pieds en console et frise de postes au-dessus du foyer suivant les motifs ornementaux en vigueur au XVIIIe siècle. Ces aménagements et agrandissements successifs permirent de recevoir dans de meilleures conditions les hôtes de marque cités plus bas.

En 1869, la villa était âgée d"une quinzaine d"années et la médiocrité de sa construction

obligea à revoir tous les planchers du premier étage. Un diagnostic fut établi sur les

différentes parties de la demeure et l"on décida, en 1868, de procéder à l"installation de

poutrelles métalliques en soutènement. Cette réfection générale empêcha le séjour du couple

impérial cette année-là Ces poutrelles seront retrouvées dans l"incendie de l"hôtel en 1903.

Déjà en 1859, Ancelet avait déploré l"état de ruine de la demeure, devant être, selon lui,

" refaite en partie ». Il regrettait les sommes ainsi les sommes employées qui l"avaient été en

pure perte.

Intérieurs de la Villa Eugénie

La distribution de la villa est connue par divers plans. Nous l"évoquerons plus loin.

La décoration et le mobilier des pièces ont été décrits par Ardouin en 1869 et Yves Badetz en

1990. Il est recensé dans deux inventaires sous forme de registres, conservés aux Archives

nationales. Le premier, daté de 1858, comptait 1610 pièces pour un montant de 189 961,44 francs. Le second est daté de 1870 et fit l"objet d"un récolement en 1881.

En dépit du goût éclectique du temps, le mobilier fut volontairement simple et moderne,

souvent en acajou, parfois en palissandre, livré par Grohé, ancien fournisseur de Louis-

Philippe et de sa famille. On y trouvait des sièges de style variés, du Louis XIII au Louis XVI,

des banquettes, divans et fauteuils confortables, en coton imprimé, en cuir pour certains

fauteuils, capitonnés à l"anglaise. Ils furent livrés par la maison Jeanselme, un des autres

fournisseurs attitrés de la Cour depuis Louis-Philippe. Les chaises, conformément au style

Napoléon III, étaient légères, en bois peint ou clair, ou en laque de Chine. Aucun siège n"était

de bois doré, sauf un dans le grand salon. Les pendules, feux de cheminée, lanternes de vestibule, d"escaliers et de corridors étaient de

style Louis XVI. Certains lustres étaient de style hollandais et d"autres de style Empire,

comme les candélabres, appliques ou certains feux.

Sur les meubles, prenaient place des vases et objets de porcelaine de Sèvres à décors floraux.

Les murs étaient tendus de toile de perse ou de percale rayée à fleurs, dans les salons et

appartements ; de papier peint, rayé ou à fleurs, parfois les deux, dans les chambres de la suite

de la famille impériale et leurs domestiques. Les rideaux étaient de même étoffe que les murs,

doublés de voilages de mousseline blanche. Les premiers furent remplacés parfois par du reps,

doublé de popeline, les seconds par des gazes de soie bleue. Seul le grand salon était tendu de

tapisseries des Gobelins : l"impératrice reprit la fameuse série sur l"Histoire de Don

Quichotte, d"après Charles Coypel, manière d"évoquer son Espagne proche. S"ajoutaient vingt panneaux de toiles de Mamers peints à la détrempe imitant la tapisserie et, plus tard, quatre dessus de porte en tapisserie évoquant les saisons.

Le décor s"enrichit à mesure que la résidence prit de l"importance et reçut des hôtes de

marque. En 1865, celui des pièces disposées côté mer fut changé, suite à l"usure des textiles

par l"air et la lumière. Les voilages en gaze de soie bleue visaient à les protéger davantage.

Hormis ces modifications, on est frappé par le côté répétitif de l"ameublement. Seuls les tissus

personnalisaient les pièces.

Suivant les goûts de la reine Marie-Antoinette à Versailles, des stores extérieurs de coutil

rayé, de couleurs chamois et rouge, comme les grandes tentes de la terrasse et de la plage,

furent tendus durant l"été devant les fenêtres. Le goût du passé et de l"objet ancien dominait

assurément.

Composition du domaine impérial de Biarritz

On ne peut isoler la villa de son domaine qui se composait d"un certain nombre de constructions, souvent négligées ou ignorées, certaines ayant disparu entre-temps. Selon Etienne Ardouin, son adjudant, le domaine se partageait en prairie, plantations et massifs, vigne, lac et constructions. Le lac, dit "de l"Estagnas", alimentait le ruisseau ou petite

rivière du domaine, tous deux naturels, à l"instar de ceux de Trianon qui étaient artificiels. Lac

et rivière disparaitront lors du lotissement de 1881.

Côté mer, au pied de la grande terrasse, au centre du vaste boulingrin, une jolie guérite en

brique et pierre, couverte d"un dôme à pans et coiffée d"une pomme de pin, fut établie sur un

rocher, véritable fabrique de jardin d"un nouveau genre. Un dessin aquarellé nous en rappelle

le plan et le profil. Elle disparaitra lorsqu"une nouvelle terrasse sera établie en contrebas de la

première, au pied du vaste boulingrin du parc. L"entrée du domaine se faisait par deux pavillons de garde en brique et pierre dans le style Louis XIII de la villa, au droit du pavillon Hermès, avenue Edouard VII. Il s"agissait en fait

de pavillons d"esprit XVIIIe en rez-de-chaussée avec étage mansardé, couvert d"ardoises et de

zinc au-dessus. Ce type de pavillons était très apprécié de Napoléon III qui en fera établir

plusieurs sur le domaine de Versailles notamment. L"architecte Durand avait opté pour un parti à pans coupés qui ne sera pas retenu.

Ces pavillons firent l"objet de remaniements en février 1857. Une surélévation était projetée à

ce moment comme le montre certains dessins. Ardouin nous apprend que celui de droite était

le sien et que celui de gauche était dévolu à l"officier de garde et au concierge. L"un d"eux

sera démoli dès le lotissement du domaine 1881 et le second en octobre 1974.

De là, une large allée sinueuse, qui enjambait le ruisseau par un pont formé d"un conduit de

pierre sous la chaussée, mènait à la Villa. Un autre pont, plus modeste, se trouvait du côté de

la ferme. Le visiteur passait auparavant, à droite, devant les écuries impériales.

L"architecte Durand avait établi, en septembre 1854, un premier projet d"écuries disposées en

U autour d"une cour principale et son abreuvoir. Le logement des personnels y prenait place aussi au premier étage mais il ne fut pas retenu.

Le plan des écuries fut arrêté en juin 1855. Elles n"étaient donc toujours pas bâties lors de

l"arrivée des souverains en juillet. On comprend mieux, dès lors, la brièveté de leur séjour. Il

s"agissait d"un bâtiment assez original, composé d"un rez-de-chaussée avec deux rangées de

stalles symétriques au centre pour vingt chevaux. Du côté des façades, on installa les remises,

à gauche, les selleries et les escaliers d"accès au premier étage. Le dessin aquarellé nous

montre également une autre remise, à droite.

Le premier étage fut limité au centre du bâtiment. Les parties latérales furent couvertes de

comble en appentis en zinc. L"étage était dévolu, au centre, à une chambre commune pour 36

garçons d"écuries et, de chaque côté, aux logements des 4 piqueurs avec antichambre à

cheminée, chambre, cabinet d"aisance, chambres de domestique et cuisine. Un poste de télégraphie fut établi en 1857.

Un projet de nouvelles écuries et remises, le long de la route de Bayonne, fut arrêté en 1859.

Le plan de ce bâtiment, avec son escalier au fond de la travée centrale, inspirera Alfred

Laulhé lors des remaniements de l"annexe de l"hôtel du Palais, actuel spa, au début des années

1920. Les rez-de-chaussée et premier étage furent conçus dans le même esprit que les projets

précédents. Comme à Versailles, les besoins en écuries demeuraient permanents au fur et à mesure de

l"évolution de la villa et de l"arrivée de ses hôtes, toujours plus nombreux. Un troisième projet

fut élaboré en 1864 par Ancelet qui renouait avec l"audace des écuries impériales en 1855.

Le plan se composait de trois pavillons, dont un grand au centre, réunis par deux ailes

latérales. Dans celle de gauche, étaient les stalles pour 10 chevaux, dans celle de droite, les

remises pour voitures. Le pavillon central était dévolu au logement du personnel (25 garçons

d"écuries et 6 piqueurs), les pavillons latéraux, plus modestes, l"un, à gauche, à une sellerie et

au fourrage, l"autre, à droite, à une autre remise et deux écuries latérales. En mai 1863, un hangar abritant une forge, un magasin, deux abris pour ferrer les chevaux et

les pompes à incendie, ainsi qu"une écurie pour les poneys du prince impérial, fut dressé par

Ancelet et adopté. Il s"agissait d"un bâtiment en bois d"un seul niveau, d"aspect rustique, couvert en zinc, qui se trouvait le long de la route de Bayonne. Il fut augmenté en 1867 de deux pavillons latéraux, à gauche pour le box du cheval du prince impérial et l"atelier du lustrier ; à droite, pour les fourrages.

En avril 1868, cette partie du domaine s"enrichit, derrière les écuries de 1864, de quatre

baraquements pour la garde impériale. Trois furent dévolus aux hommes de troupe contenant

38 hommes chacun, soit 114 au total, tandis que le quatrième fut affecté aux officiers et sous-

officiers. Les bâtiments s"organisaient comme dans une caserne autour d"une cour centrale de

36 m. de long sur 30 de large. Deux pavillons symétriques, aux angles de la cour, contenaient,

l"un, les pissotières, l"autre, les cuisines. Comme le montre le plan aquarellé, ces

casernements furent entourés de végétation pour être dissimulés à la vue de la villa et

conserver l"aspect paysager du domaine impérial.

Plus loin, au-delà de la rivière, plusieurs fabriques vinrent agrémenter le parc et ses entrées.

Ce fut la ferme avec sa vacherie pour dix vaches avec logement de vacher et grenier à

fourrages, conçue en 1858 par Lafollye, et sa bergerie pour 40 moutons avec une étable pour deux boeufs, oeuvre d"Ancelet en 1859. Elle produisait le fumier indispensable au fumage du parc. La vacherie sera acquise en décembre 1882 par Sanchez Salvador, riche propriétaire de la villa Sofia. La bergerie voisine subsistera jusqu"aux années 1980 et donna son nom à la rue. Toutes deux se trouvaient au centre du domaine au niveau de l"actuelle résidence Le Colisée,

avenue Sarasate. Hormis la gravure, on ne conserve plus aucun plan et élévation de ces

bâtiments. Des relevés mensuels, année par année, de traite des vaches nous rappellent

qu"elles étaient placées sous le contrôle du jardinier en chef et régisseur du domaine, Auguste

Neumann, auteur de la Pignada.

En 1859, 80 ares de terres furent plantés en vigne tandis que 5 autres furent mis en pâturage.

En 1860, Ancelet conçut la maison chinoise, bâtie à proximité, qui servait en fait de

logements à la domesticité du parc comme l"atteste le plan, très abimé, où figurent différents

couchages. Ce type de construction, particulièrement apprécié au XVIIIe siècle, témoignait du

goût de l"impératrice pour les chinoiseries au même titre que Marie-Antoinette, d"autant que

nous sommes en pleine campagne de Cochinchine (1858-1862). Rappelons qu"Eugénie fera

établir en 1863 un musée chinois au château de Fontainebleau pour ses collections. Le

bâtiment consistait en un vaste pavillon central sur trois niveaux, cantonné de deux autres sur

deux niveaux, tous couverts d"ardoises avec lambrequins en bordures. Il s"inspirait des pavillons de l"empereur à Solférino et à Vichy avec son balcon sur colonnettes au premier

étage.

Enfin, plusieurs maisons de portier dont une pour le portier-jardinier seront érigées au cours

de la décennie. Rappelons que le domaine était régi par un concierge, un portier, trois gardes

et un chef de police.

1864 fut l"année de la construction de la chapelle impériale, confiée à l"architecte diocésain et

inspecteur des monuments historiques, Emile Boeswilwald, d"origine strasbourgeoise, élève

d"Henri Labrouste, architecte de la Bibliothèque impériale (nationale), collaborateur d"Eugène

Viollet-le-Duc et futur successeur de Prosper Mérimée à l"inspection des Monuments

historiques. Il s"était lié d"amitié avec Léon Bonnat qui fit son portrait.

Erigée en pleine expédition du Mexique (1861-1867), la chapelle fut dédiée à Notre-Dame de

Guadalupe, Vierge vénérée dans ce pays. Consacrée en septembre 1865, elle fut réalisée dans

un style romano-byzantin avec une décoration hispano-mauresque suivant l"éclectisme en

vigueur par les peintres Alexandre Denuelle (1818-1879) et Louis Steinheil (1814-1885).

Avant la construction de cette chapelle, le couple impérial se rendait à celle de Sainte-

Eugénie, future église.

Séjours et fêtes à Biarritz sous le Second Empire

Les séjours et festivités de la famille impériale à Biarritz ont été établis année par année par le

grand historien biarrot, Jean Laborde. Trois contemporains les ont remarquablement décrit

dans leur correspondance et mémoires : Prosper Mérimée, intime de l"impératrice et sa

famille depuis son séjour en Espagne en 1834, Etienne Ardouin, adjudant de la résidence, et le

docteur Ernest Barthez, médecin du prince impérial, véritable Saint-Simon de la vie des

souverains à Biarritz.

De 1854, date de leur première arrivée sur les lieux, à 1870, Napoléon III et Eugénie auront

séjourné treize fois à Biarritz dont onze fois réellement dans la Villa. Présents trois jours en

1855, ils furent absents en 1860, 1864 et 1869. 1868 fut donc leur dernier séjour dans leur

chère cité. Ils séjourneront d"août à fin septembre jusqu"en 1858 et jusque début octobre

ensuite, tradition que respecteront le gotha et la jet set dans leurs périples entre Cannes,

Deauville et Saint-Moritz au début du XXe siècle.

Hormis 1854, année où ils voyagèrent par la route depuis Bordeaux, Napoléon III et Eugénie

se rendaient à Biarritz par le chemin de fer depuis la gare de Bayonne, ouverte en 1855. Un

cortège les accompagnait jusqu"à Biarritz où des arc-de-triomphes étaient régulièrement

dressés à leur arrivée dans le village. Le couple impérial était escorté par sa garde et le

régiment des Cent-gardes.

Durant leurs séjours, ils visitaient les environs, se rendaient à la messe à l"église Saint-Martin

ou à la chapelle Sainte-Eugénie, dispensaient leurs bienfaits à la population locale qui les

appréciait grandement, prenaient leur bains de mer au pied de la villa, montaient sur la Rhûne ou visitaient les grottes de Sare, allaient en yacht sur l"Adour ou organisaient des expéditions

en mer, prenaient les eaux à Eaux-Bonnes et autres cités thermales de la région, assistaient à

l"inauguration des grands chantiers du règne (gare de Dax, quais de la Barre de l"Adour à

Anglet, construction du port du refuge au pied de l"Atalaye à Biarritz, de celui de Cap

Breton...), ou aux corridas à Bayonne, lancées par l"impératrice. Ils se rendaient aussi à

Bidache, Saint-Jean-de-Luz, Fontarabie ou Roncevaux, séjournaient à Saint-Sébastien, Zumaia et Loyola en Espagne ou dans les Pyrénées (1859)...

Pour les bains de mer de l"impératrice, on dressait, à 40 m. à droite de la terrasse, un cabinet

de bain qui, nous dit Ardouin, se montait et démontait à volonté, à l"instar de la tente de

l"empereur. Il s"agissait d"un pavillon de 3 m. de large sur 5 de profondeur, nanti d"un palier,

d"un escalier de cinq marches avec ses rampes à croisillons. Il se composait de huit châssis en

sapin avec charnières dans lesquels on avait ménagé une porte et cinq croisées. La toiture à

pans coupés était couverte de toile de Mamers, petite ville du Perche, connue depuis le XVIIIe

siècle pour leur résistance. L"extérieur était couvert de coutil rayé avec lambrequin. Le

plancher était à claire-voie pour plus de clarté. De part et d"autre, se trouvaient les tentures ovales, aussi en coutil rayé, des dames du palais.

A la villa, le couple impérial et leur fils, Louis-Napoléon, vivaient très bourgeoisement. La

demeure était un lieu de détente, à l"instar du Grand Trianon pour Louis XIV. Avec les

membres de leurs familles respectives (princesse Murat, comtesse de Montijo, duc et duchesse d"Albe...), le docteur Barthez et leurs hôtes éventuels, ils jouaient aux cartes, au whist ou au boston, lisaient et organisaient des lectures, se livraient à des jeux turbulents de claques, de cache-cache et autres facéties - l"empereur plaisantait beaucoup en privé -, des séances de spiritisme avec Douglas Hume, médecin de l"impératrice.

Napoléon III ne perdait pour autant de vue les affaires de la France. Il expédiait les affaires

courantes avec son chef de cabinet Moquart. Les cérémonies officielles furent mises à profit

lors des crises diplomatiques comme l"affaire mexicaine.

Les repas étaient servis sans cérémonie. Le service quotidien de la villa était assuré par une

vingtaine de domestiques (21 en 1861). Deux chefs tapissiers étaient chargés de l"entretien des sièges et tentures. Des bals étaient organisés deux fois par semaine. On y recevait parmi tout ce que la France et l"Europe comptaient d"importants. Le roi de Wurtemberg ouvrit le bal des souverains en

1857, suivit en 1859 par le roi Léopold de Belgique, la reine Isabelle II d"Espagne en 1865,

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