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Sciences et actions sociales 4

Apr 29 2016 renouvelle la gouvernance associative dans le secteur social et médico-social ? Comment



Rapport sur les stratégies des acteurs associatifs et proposition pour

Annexe 1 : Monographie Secteur Social et Médico-Social 1.2.2.1 Gouvernance associative : entre essoufflement et recherche d'efficacité.





LADHÉSION

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Gouvernance ?!

Jun 24 2019 Pour assurer le fonctionnement de ces dispo- sitifs médico-sociaux



Vous êtes Président dune association ou bien administrateurs

Sep 8 2014 Il garantit la transparence du fonctionnement associatif à l'égard de toutes ... Installer la nouvelle gouvernance du secteur médico-social



Linvention de la grande association gestionnaire dans le secteur du

Apr 18 2011 associatifs et la gouvernance des associations gestionnaires dans le ... entre opérateurs du secteur médico-social avec l'instauration ...



PROJET ASSOCIATIF

secteurs d'intervention du monde du médico-social. Les standards de gestion et de gouvernance associative tendent à évoluer significativement en vue de ...



concevoir lorganisation du pole handicap dune association de

A toutes les personnes du secteur médico-social et du secteur sanitaire qui ont participé à 1.2.5 Les formes possibles de la gouvernance associative .



Stratégies dévolution des modèles socio-économiques des

d'évolution portent sur des thématiques de gouvernance d'organisation

Sciences et actions sociales 4

Sciences et actions sociales

4 | 2016

La gouvernance associative : vers une

transformation démocratique de l'intervention sociale ?

Édition

électronique

URL : https://journals.openedition.org/sas/1566

ISSN : 2428-2871

Éditeur

Association des chercheurs des organismes de la formation et de l'intervention sociales (ACOFIS)

Référence

électronique

Sciences et actions sociales

, 4

2016, "

La gouvernance associative : vers une transformation démocratique de l'intervention sociale ? » [En ligne], mis en ligne le 29 avril 2016, consulté le 31 mai

2022. URL

: https://journals.openedition.org/sas/1566 Ce document a été généré automatiquement le 31 mai 2022.

La revue

Sciences et Actions Sociales

est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modi cation 4.0 International.

SOMMAIREIntroductionLa gouvernance associative : vers une transformation démocratique de l'intervention sociale?Anne-Marie Alcoléa, Brigitte Baldelli et Yves Gilbert

DossierLa société civile : deux perspectives d'analyseDenis SibonyL'action communautaire autonome, mouvance des contextes, place et autonomie desacteurs : quelles perspectives ? Mélanie Bourque, Josée Grenier, Danielle Pelland et Lise St-GermainLes associations gestionnaires du handicap sont-elles démocratiques ?Leur gouvernance entre participation et contrôleBenoit Cret et Guillaume JaubertGouvernance des entreprises d'économie sociale : un regard au-delà d'une banalisationévidenteMarius Chevallier et Patrick LegrosRéconcilier la logique gestionnaire de l'évaluation et la participation citoyenneElati Ulrike Armbruster, Jérôme Delfortrie, Joëlle Libois et Danièle Warynski

Varia Les publics du médico-social au prisme du genre Le cas des jeunes en Institut Thérapeutique Éducatif et Pédagogique Marion Blatgé, Melaine Cervera et Audrey Parron

L'insertion des adolescents en difficulté : situations douteuses, art d'hésiter et connaissance

pratique dans l'activité des éducateurs

Sylvie Mezzena, Kim Stroumza et Nicolas Kramer

Comptes rendus

Salvador Juan, L'École française de socioanthropologie Paris, Sciences Humaines Éditions, 2015, 304 pages

Besozzi Thibaut

Abdelmalek Sayad, L'école et les enfants de l'immigration

Paris, Seuil, 2014

Isabelle Rigoni

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Introduction

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La gouvernance associative : versune transformation démocratiquede l'intervention sociale ?Anne-Marie Alcoléa, Brigitte Baldelli et Yves Gilbert

1 De nombreux travaux portent sur le milieu associatif et, plus particulièrement, sur

" l'associationnisme social », la gestion associative des établissements sociaux et médico-sociaux.

2 Les questions les plus fréquemment abordées à propos des associations oeuvrant dans le

champ social portent sur les relations entre salariés et bénévoles, entre le politique (les élus du Conseil d'administration) et le technique (les salariés de la technostructure), le glissement des espaces de pouvoir (de l'Assemblée générale au Conseil d'administration), la notabilisation et la constitution d'une classe (ou caste) d'influence (élus présents dans une pluralité de Conseils d'administration)...

3 Dès les années 1970, des travaux pointent les limites de l'associationnisme comme

forme d'action collective (Meister, 1974), en particulier la routinisation et la bureaucratisation, le déplacement des lieux de pouvoir, le désengagement des membres associés ou le changement de fait des finalités. Depuis cette période, des travaux de

référence (Laville et Sainseaulieu, 1997) ont permis de mieux comprendre le

mouvement associatif en montrant comment il se distingue du mouvement social - les associations ne recherchent pas nécessairement une transformation culturelle à long terme - et comment le fonctionnement économique et organisationnel des associations pourrait constituer un modèle complémentaire à celui de l'entreprise. Des recherches plus récentes (Tchernonog, 2007, 2013) montrent le développement remarquable et le poids économique des associations de secteur social et médicosocial : " Les associations du secteur médico-social (10,3% du nombre total d'associations) et des secteurs de l'éducation, formation, insertion, moins nombreuses (3,6% du nombre total d'associations) sont souvent des associations de grande taille, actives en direction de

publics fragiles ou en difficultés ; elles font appel à l'emploi de professionnels salariés et

bénéficient d'importants financements publics. Ces deux secteurs d'activité

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concentrent une part importante du budget total réalisé par le secteur associatif : respectivement 45% et 13% du budget total. » (Tchernonog, 2013, p. 5).

4 Les associations de ce secteur rencontrent depuis deux décennies des problèmes inédits

qui réinterrogeraient leur nature même. Apparu dans les années 1970, le New Public Management a progressivement eu un impact important sur ces activités. Dans La société malade de la gestion, Vincent de Gaulejac (2005) a notamment montré comment la frénésie de rationalisation et d'évaluation impacte le domaine de l'intervention sociale. Michel Chauvière (2010) quant à lui, dénonce la transformation des usagers en clients sous l'effet d'une " discrète chalandisation ». Le sociologue décrit une nouvelle alliance entre le monde associatif et l'État qui succède aux alliances historiques (assistancielle

et de démocratie sociale). Basée sur une concurrence régulée répondant à la mise en

oeuvre du cadre européen libéralisant les services, elle tend à transformer les

associations en entreprises sociales. L'affaiblissement de l'État-providence, la substitution du financement par subventions par la généralisation du financement par l'appel à projets, la mise en concurrence des associations du champ social conduisent à la gestionnarisation et l'émergence de nouveaux profils de dirigeants non issus du champ de l'action ou de l'intervention sociale (directeurs généraux ou directeurs venant de la grande distribution, de l'industrie, de la banque, etc.) et, partant, sur le déclin de l'esprit associatif, voire la dégradation de la qualité du service aux publics.

5 À côté de ces mutations, l'évolution des débats de société conduit à penser la place des

usagers dans les associations du champ social comme un enjeu central (Baldelli et Piou,

2015). La " participation » est en effet un nouveau paradigme qui s'impose aux acteurs

associatifs du secteur social et médico-social (cf. Loi de rénovation de l'action sociale et médico-sociale de 2002). Aussi, à l'instar de Jean-Louis Laville, il paraît important de générer en complément des analyses classiques en termes d'organisation, d'autres analyses des associations, notamment dans leur rapport avec la démocratie participative. En effet, les associations ne sont, en principe, pas des organisations comme les autres, elles sont aussi le reflet de l'action collective menée par des individus engagés.

6 L'émergence (ou la résurgence) des courants apparentés à l'économie sociale etsolidaire et au Développement local suscite de nombreux débats sur la construction

collective des projets, la mutation des modes de gestion ou encore " l'éthique de l'agir ensemble ». Ces débats s'étendent aujourd'hui au mouvement associatif dans son ensemble et, de façon plus générale, aux manières de penser et de conduire des projets de société. Ces questionnements interrogent la gouvernance des actions collectives : " Le terme de 'gouvernance' vient du latin 'gubernare', ce qui signifie gouverner, piloter un navire. Il s'agit donc de l'art ou de la manière de gouverner, en favorisant un mode de gestion des affaires original dans un environnement marqué par une pluralité

d'acteurs (une firme, un État, une collectivité locale, une organisation non

gouvernementale, une association ou une instance internationale) qui disposent, chacun à des degrés divers et de façon plus ou moins formelle, d'un pouvoir de décision » (Baron, 2003, p. 330). Concept polysémique, la gouvernance renvoie à la complexité des actions collectives dans un environnement socioéconomique incertain. Il permet d'entrevoir les différents niveaux d'analyses, la multiplicité des acteurs engagés, les formes particulières ou nouvelles de coordination. Comme le souligne Catherine Baron, la question que pose la gouvernance est aussi celle des fins et des buts

des actions collectives entreprises. Dans le secteur de l'intervention sociale et

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éducative, interroger la gouvernance consiste notamment à mettre en lumière les effetsde la participation des personnes accompagnées, mais aussi des salariés, sur les prises

de décisions organisationnelles.

7 Comment s'effectue le passage de la gouvernance des associations (comme entités) à la

gouvernance par les acteurs ? Comment dans un environnement marqué par la rationalisation gestionnaire, les associations d'intervention sociale réussissent-elles à (ré) affirmer un projet de démocratisation du social ? En quoi l'associationnisme se justifie-t-il (encore) ?

8 À l'heure où se développent des logiques économiques et financières des associations et

des contraintes de gestion et d'évaluation, une première question peut porter sur ce qui diffère (encore) fondamentalement entre une organisation industrielle (ou entrepreneuriale) et une association gestionnaire d'établissements sociaux ou médico- sociaux.

9 Qu'est-ce qui distingue cette dernière d'une holding et de ses filiales ? En quoi consiste

la particularité de l'associationnisme ? Celui-ci est-il garant de la qualité de l'action et de l'intervention sociale ? Comment les valeurs démocratiques s'ancrent dans la gouvernance quotidienne (projets et gestion de l'entreprise) ? En quoi les modes

gestionnaires ou de management sont-ils adaptés à ces valeurs ? Qu'est-ce qui

renouvelle la gouvernance associative dans le secteur social et médico-social ? Comment, au coeur des contraintes économiques et sociales, certains acteurs associatifs renouvellent leur gouvernance en intégrant toutes les parties prenantes ? Comment les acteurs décisionnels réagissent-ils face aux contraintes du marché (situations de mise en concurrence et d'appels à projets) et aux injonctions des pouvoirs publics ? Par exemple, comment, depuis la loi de 2002-2 rénovant l'action sociale et médico-sociale, ces acteurs (les personnes accompagnées et les familles, mais aussi les salariés) sont-ils associés ? En quoi la critique de l'approche gestionnaire et techniciste du travail social (Chauvière, 2010), qui renvoie à une approche trop organique et pas assez relationnelle, produit-elle des adaptations des formes du pouvoir et de la gestion associative ? La part des individus dans la construction de " l'agir ensemble » ?

10 Il est pour le moins paradoxal de voir le mouvement associatif confronté aujourd'hui à

la question de la participation comme si cette question était nouvelle pour ce courant fondant l'action sur le rassemblement des volontés individuelles. Comment les associations perçoivent-elles aujourd'hui la contribution des individus, qu'ils soient accompagnés ou salariés, non seulement à l'organisation de la vie quotidienne (dans les conseils de vie sociale, par exemple), mais aussi à la définition des orientations stratégiques, à la construction du politique ? La question porte ici notamment sur l'analyse des comportements des acteurs responsables et des formes éthiques mobilisées. Dans quelle mesure la posture des responsables intègre-t-elle une éthique propre à l'organisation associative en tenant compte des valeurs et des principes fondateurs (" le comportement juste ») ? Comment leur fonction dans l'organisation

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(motivations) et leurs relations aux tiers (salariés, les bénévoles, les usagers, les collectivités locales...) sont-elles imprégnées de ces valeurs et principes ?

11 On peut aussi s'interroger, dans la même perspective, sur le " retour » de l'individu

dans les constructions théoriques de l'action au sein du champ social associatif (individuation, réflexivité, " advènement du sujet » (Herreros, 2007) ou " surrection de l'acteur » (Gilbert, 2009), etc.) ou qui s'interrogent sur l'impact de l'émergence des concepts de " pouvoir d'agir » ou d' " empowerment » sur la façon de penser le pilotage des structures d'action et d'intervention sociale et leur capacité à s'adapter aux mutations sociétales (Boucher, 2015). On notera, par exemple, la façon dont le courant actionnaliste en sociologie pointe cette question depuis plus de 20 ans (Dubet et Wieviorka, 1995 ; Touraine et Khosrhokavar, 2000).

12 Ce qui semble intéressant ici, ce n'est pas tant l'idée selon laquelle la gestion des

organisations de travail du secteur social pourrait accroître son projet démocratique des origines (si tant est qu'il le fut vraiment et principalement), que l'idée selon

laquelle, pour des raisons liées à des évolutions sociétales (comme l'arrivée d'Internet,

par exemple), les façons d'être au monde sont en train de changer profondément.

L'idée selon laquelle ces façons impliquent les individus dans de nouvelles

mobilisations de leurs potentiels et expériences. Le concept d'individuation (ancien en psychologie, mais beaucoup plus récent en sociologie) permet sans doute de mesurer les enjeux de ces modifications du rapport des individus au monde. " Parce que le monde est ouvert et dangereux, divers et fracturé, la construction du Je devient le seul principe d'évaluation des situations et des conduites. Mais ce Je, je ne le répéterai jamais assez, n'est pas l'individu concret, paquet de goûts, de normes, de connaissances, de souvenirs, mais la volonté d'individuation de chaque individu qui se trouve ainsi distancé de son moi psychologique et social et qui devient, en revanche, capable de reconnaître les autres comme des sujets, dans la mesure où ils sont engagés dans un effort analogue d'individuation. » (Touraine et Khosrhokavar, 2000, p. 124).

13 À l'inverse, quel est l'impact des concepts holistes et déterministes et du paradigme de

la domination, dans la sociologie française de la seconde moitié du XXe siècle (et encore aujourd'hui, par inertie) sur la justification de l'incapacité des acteurs. On peut, par exemple, analyser ce qui fait crise dans les institutions : la pression des déterminants externes (par exemple, ici, le désengagement de l'État, la concurrence, l'obligation d'intégrer des principes de bonne gestion) ou l'incapacité des individus à penser les mutations et à y trouver leur place en tant que sujets ou acteurs. Comment économique et social font-ils ménage ?

14 On peut aussi s'interroger sur les structures ayant changé de formes juridiques et de

gouvernance (ou qui sont en train d'en changer), notamment en intégrant des paramètres de l'économie sociale et solidaire, en visant la coopération de tous les membres, tout autant que l'autogestion de la structure. Chercher à voir ce qui distingue ce que l'on pourrait appeler des approches économiques et gestionnaires adaptatives (mise en cohérence l'économique et le social, réseaux, partenariats, coopérations, etc.) et des approches économiques et gestionnaires industrielles (concentration horizontale ou verticale par absorptions, fusions, logiques de monopole, conquête offensive des marchés, etc.), autrement dit, quand la " chalandisation » devient un impératif de gestion. Comment les associations et autres structures du champ de l'économie sociale

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et solidaire trouvent-elles un équilibre entre leur mission sociale et leur activitééconomique ? Comment évaluent-elles leur production d'utilité sociale ? Commenthybrident-elles leurs ressources ? Quelles relations construisent-elles avec leurspartenaires financiers et leurs fournisseurs ? Comment les acteurs du champ social,

c'est-à-dire l'ensemble des personnes concernées ou les systèmes-acteurs (Becker,

1998), sont-ils en mesure de penser la relation dialogique entre économique et social ?

15 Pour répondre à ces deux interrogations, les deux premiers articles de ce numérodonnent des éléments conceptuels et comparatifs dans des contextes comparés(l'Amérique du Nord et l'Europe) ou dans un contexte spécifique (le Québec).

16 Dans un premier article : " La société civile : deux perspectives d'analyse », DenisSibony dresse le tableau de la recherche sur la société civile dans deux contextes

différents (États-Unis et Europe). Il présente une typologie des relations entre l'État et

le tiers secteur qui peut être une option pour pallier l'échec économique et social de la puissance publique. Alors qu'en Europe l'économie sociale englobe en outre, des associations et des fondations des mutuelles et des coopératives. Les chercheurs

européens, précise l'auteur, ne partagent pas la limitation du concept de société civile à

celui de Tiers Secteur. L'économie sociale a pour vocation d'articuler le politique, l'économique et le social. Toutefois, la critique des chercheurs à l'encontre de l'économie solidaire replace le débat aux sources de l'économie sociale des années 1960 et des mouvements féministes. Ses acteurs s'inscrivaient alors dans une dynamique de mouvement social ; qu'en est-il aujourd'hui ?

17 Dans " L'action communautaire autonome, mouvance des contextes, place etautonomie des acteurs : quelles perspectives ? », les auteurs québécois MélanieBourque, José Grenier, Lise St-Germain, Danièle Pelland présentent une importanterecherche sur les transformations et les adaptations des organismes communautaires

autonomes québécois. Ils différencient les formes d'organismes communautaires et recensent les activités spécifiques aux organismes autonomes. Ils présentent un contexte et des configurations différents mais qui ont des similitudes avec la situation française. Entre le retrait de l'État social et le développement de nouvelles autonomies et de nouvelles économies ces associations paraissent avoir la capacité de se réinventer et d'être toujours un acteur central des dynamiques sociales, ceci malgré les coupes budgétaires. Toutefois, tout comme les auteurs, on peut se demander si cela sera toujours le cas et notamment à plus longue échéance.

18 Les articles suivants développent, chacun, l'un ou l'autre des points évoqués dans cetteintroduction.

19 Benoit Crest et Guillaume Jaubert, dans leur article : " Les associations gestionnaires du

handicap sont-elles démocratiques ? Gouvernance entre participation et contrôle », s'intéressent à l'évolution du lien entre le principe démocratique associatif et la gouvernance des associations gestionnaires. Ils s'appuient, pour cela, sur deux études longitudinales d'associations gestionnaires au sein du secteur médico-social dans la région Rhône-Alpes. Ils soutiennent l'idée iconoclaste que la gouvernance de ces

associations gestionnaires repose, à leur création, sur l'exclusion d'un principe

démocratique pourtant idéalisé et instrumentalisé. Deux périodes sont assez

significatives de l'évolution de ce lien entre principe démocratique et gouvernance. De

1945 à 1980, ils montrent comment les militants bénévoles (majoritaires et dominants)

verrouillent le fonctionnement même de ces associations qu'ils qualifient, en référence

à Max Weber, de hiérocraties à vocation économique. Puis, de 1980 à 2000, ils suggèrent

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que la clarification du fonctionnement des instances et de la prise de décision associative n'est pas le fruit d'une volonté militante, mais du travail des dirigeants salariés, contrairement aux idées reçues et aux discours en vogue.

20 L'article : " Gouvernance des entreprises d'économie sociale », écrit par MariusChevallier et Patrick Legros nous conduit au coeur de la gouvernance des entreprises de

l'économie sociale. Leur approche critique permet la confrontation des principes démocratiques et des actions. Notamment, la célèbre formule, un homme égale une

voix, érigée en principe ne résiste pas à l'épreuve des faits. Les auteurs montrent aussi

que dans le secteur de l'économie sociale se sont formées de nombreuses " chapelles » qui ont peu de coopérations entre elles. Mais au-delà de ces analyses les auteurs font valoir les résistances qui se cachent sous des fonctionnements plus communs. Par exemple, les Conseils d'administration non professionnalisés offrent encore l'opportunité de la diversité et repoussent l'entre soi peu démocratique. En livrant de " petits exemples " les auteurs souhaitent ouvrir la discussion à l'alternative pour la gouvernance des associations ».

21 Enfin, l'article écrit par Joëlle Libois : " Réconcilier la logique gestionnaire de

l'évaluation et la participation citoyenne » rend compte d'une recherche-action

conduite, dans le secteur socioculturel à Genève, portant sur la mise en place d'un outil d'évaluation participative dont elle insiste pour préciser qu'il a été reconnu par les décideurs institutionnels et politiques, pour rendre compte de l'action de terrain, de manière qualitative. Elle montre comment la montée de la Nouvelle Gestion Publique (ce que l'on appelle, en anglo-américain, le New Public Management) a pu conduire à des

exagérations du " managérialisme » et favoriser la montée des aspirations à la

gouvernance participative. Une formule, inspirée du célèbre mot d'ordre du

développement local (Penser global, agir local) exprime les exigences de cette gouvernance participative réclamée : penser stratégiquement, agir démocratiquement. Dans l'expérience relatée, elle indique comment l'objectif de qualité devient central,

même si son évaluation est compliquée du fait de la dimension subjective de

l'appréciation des usagers. Mais elle explique que, dans ce contexte, " la qualité, c'est avant tout un système voué à l'amélioration de la connaissance mise au service des

utilisateurs. ». Si, dans les années 2000, on a constaté, en matière d'évaluation, à

l'application stricte des principes de la Nouvelle Gouvernance Publique, on voit, dans les années actuelles le principe de bonne gouvernance s'installer en amont celui de la bonne gestion. L'article porte alors sur la question de la participation, notion centrale

et pourtant mal définie. L'association en est à la fois le théâtre et l'actrice. S'inspirant

des principes et de la culture de l'Éducation Populaire, l'article insiste sur le fait de prendre au sérieux la parole des usagers en développant les méthodologies adaptées. Il se garde bien de préconiser des solutions toutes faites, mais promeut l'idée de créer les conditions d'une évaluation démocratique au travers d'espaces de réflexion (ce que certains appellent des espaces de réflexivité institutionnelle). Après avoir distingué

plusieurs générations d'évaluations (d'abord managériales, puis participatives), l'article

met finalement en perspective, l'évaluation participative au travers de ce que son auteure appelle " une voie pour rendre compte de la part risquée de l'acte », où l'acte est présenté comme une aventure. Trois types de l'agir professionnel se dégagent alors autour du pré-acte, de l'acte et du post-acte.

Sciences et actions sociales, 4 | 20168

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