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16-Mar-2021 Le Centre Technique municipal a été doté de nombreux outillages ... Le nouveau confinement de novembre a demandé de remettre.



Thèse finale Aminata 23 09 2012

dans le secteur de la microfinance. Le cas du Sénégal. THESE. Pour l'obtention du grade de. DOCTEUR EN SOCIOLOGIE. Présentée et soutenue par. Aminata SALL.



Agroalimentaire et lutte contre la pauvreté en Afrique subsaharienne

Photos de couverture : Nathalie Niculescu Nicolas Bricas



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16-Oct-2021 ensemble de critères artistiques et techniques stricts et rigoureux ». ... jusqu'au samedi 13 novembre ... prendre le temps de déjeuner ou.



2006/10/23_Lundi : LIMPARTIAL : LIMPARTIALLIMPARTIAL

23-Oct-2006 ment à partir du 1er janvier. 2007. Avec Pierre Jacques

Agroalimentaire et lutte contre la pauvreté en Afrique subsaharienne

Agroalimentaire et lutte contre la pauvreté

en Afrique subsaharienne

Le rôle des micro et petites entreprises

Sécurité alimentaire et lutte contre la pauvreté et les inégalités sont deux objectifs primordiaux de la coopération internationale pour le développement en Afrique subsaharienne. Les interventions qui en relèvent tiennent peu compte du rôle et du potentiel que représentent les micro et petites entreprises agroalimentaires. Or, ces activités marchandes individuelles ou collectives, rurales et urbaines, se sont considérablement développées dans toutes les filières alimentaires pour approvisionner les marchés urbains nationaux, voire régionaux. Elles fournissent aux citadins, en particulier ceux à faible revenu, des produits adaptés à leur pouvoir d'achat, à leurs habitudes alimentaires et à leurs modes de vie. Elles représentent des milliers d'emplois, surtout pour les femmes qui y valorisent leur savoir-faire. Leur contribution aux revenus et aux capacités des ménages les plus pauvres est importante. À partir d'une typologie du secteur et d'une grille d'analyse originales, les auteurs étudient le rôle et les contraintes de ces entreprises. La sécurité alimentaire est abordée au travers des disponibilités alimentaires, de la qualité sanitaire et nutritionnelle des aliments et de leur accessibilité, de la construction des identités alimentaires contemporaines. La lutte contre la pauvreté ne se limite pas à la génération de revenus. Elle intègre les contributions à l'augmentation des ressources relationnelles et cognitives, à la réduction des risques et des inégalités et à l'équilibrage des pouvoirs.

De nombreux exemples illustrent ces analyses.

Cette étude formule des propositions pour une prise en compte de ce secteur très mal reconnu, et pour une meilleure valorisation de son potentiel pour la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté et des inégalités : amélioration de l'environnement réglementaire et des infrastructures, dispositifs de formation, recherche, financement et information plus adaptés aux spécificités de ces entreprises. Enfin, cette étude propose des démarches, méthodes et indicateurs pour rendre plus explicites les critères de lutte contre la pauvreté dans les projets qui tendent encore trop souvent à n'y contribuer. Groupe de recherche et d'échanges technologiques

211-213 rue La Fayette 75010 Paris, France

Tél : 33 (0)1 40 05 61 61 - Fax : 33 (0)1 40 05 61 10

Site Internet : www.gret.org

ISBN : 2 - 86844 - 165-3

ISSN : 1264 - 3351

Prix : 18 euros

collection Études et Travaux

Éditions du Gret

emplacement code barre Cécile Broutin (Gret) et Nicolas Bricas (Cirad)

Agroalimentaire et lutte contre la pauvreté

en Afrique subsaharienne

Le rôle des micro et petites entreprises

Avec le soutien

du ministère des Affaires étrangèresAgroalimentaire et lutte contre la pauvreté en Afrique subsaharienne. Le rôle des micro et petites entreprises

Responsable éditoriale : Danièle Ribier

Conception graphique : Solange Münzer

Mise en page : Hélène Gay (Gret)

Photos de couverture :Nathalie Niculescu, Nicolas Bricas, Franck Boyer (agence Kamikazz), Cécile Broutin

Imprimé par Imprimerie Chirat (42540 Saint-Just-la-Pendue), décembre 2006

500 exemplaires

Pour toute information complémentaire sur le contenu de l'ouvrage Cirad, Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement Unité de recherche " Normes et régulation des marchés agricoles » (Nomade) TA 60/15

34398 Montpellier cedex 5, France

Tél : (33)(0)4 67 61 55 37 - Fax : (33)(0)4 67 61 55 15

E-mail : nicolas.bricas@cirad.fr

Site Web : www.cirad.fr/ur/index.php/normes_marches

Contact : Nicolas Bricas

Gret - Antenne SénégalIRD Hann Maristes, Bâtiment H7, pièce 06, DakarTél. : (221) 849 35 38- 633 40 70Fax : (221) 832 43 07E-mail : gretsn@arc.snContact : Cécile Broutin, représentante du Gret au Sénégal

Ce livre a été conçu et édité avec le soutien du ministère des Affaires étrangèresDirection générale de la Coopération internationale et du développement - DGCIDDirection du Développement et de la Coopération technique20 rue Monsieur 75007 ParisSite Web : www.france.diplomatie .gouv.fr

Pour toute information sur la publication

Traduction, reproduction ou mise en ligne : edition@gret.org Services de presse, diffusion et distribution : diffusion@gret.org

Agroalimentaire

et lutte contre la pauvreté en Afrique subsaharienne

Le rôle des micro et petites entreprises

Éditions du Gret collection Études et travaux Cécile Broutin (Gret) et Nicolas Bricas (Cirad), septembre 2006 Avec la collaboration de Nadia Ben Taleb et Julien Rouyat (Gret), Zacharie Badini (Sicarex), Khanata Sokona, Fatou Ndoye et Mouhamadou Abdoul (Enda Graf Sahel), Bio Goura Soule, Rafiou Bello, B. Orou M. Abdoulaye et Moussa Gibigaye (Lares), Charlotte Fontan,

Bérénice Getenet, Marie-Joëlle Kodjovi

C ette étude a été initiée par Claude Torre, du mi- nistère français des Affaires étrangères (MAE), qui a eu l'intuition, notamment sur la base de son expérience en Guinée, que l'agroalimentaire pouvait être un secteur à fort potentiel pour une croissance éco- nomique largement redistributive et jouer ainsi un rôle important dans la lutte contre la pauvreté. Après son dé- part de Paris pour un poste au Maroc, il a été remplacé par Michel Pré du MAE qui a pris le relais du suivi. Cette étude a mobilisé, à divers titres, un grand nombre de personnes qui doivent être ici remerciées :

Nadia Ben Taleb au Gret Paris et Julien Rouyat

au Gret Sénégal ont collecté et analysé une abon- dante littérature et préparé plusieurs synthèses.

Zacharie Badini du Bureau Sicarex (Burkina Faso),

Bio Goura Soulé, Rafiou Bello, Orou B. M. Abdoulaye, Moussa Gibigaye du Lares (Bénin), Khanata Sokona, Babacar Touré et Fatou Ndoye, Mouhamadou Abdoul de Enda Graf Sahel (Sénégal) ont réalisé des études de cas dans chacun de leurs pays respectifs. Charlotte Fontan, étudiante de l'Université de Bordeaux 1, a réalisé une étude de cas en Guinée où elle a béné- ficié de l'appui de Sébastien Subsol et Yves Guémard. Bérénice Getenet, étudiante du Cnearc (Montpellier), a mené une étude de cas au Sénégal en collabora- tion avec le Gret et Enda Graf. Marie-Joëlle Kodjovi, étudiante à l'École nationale supérieure agronomique de Montpellier et à l'Université de Montpellier 1, a mené une étude de cas au Ghana où elle a bénéfi- cié d'un appui de Abigaïl Fallot du Cirad. Diverses personnes ont apporté leur contribution sur des points particuliers et notamment : Sandra Barlet, Christian Baron, Bénédicte Hermelin, Marie-Christine Lebret, Philippe Lavigne Delville, Anne-Sophie Brouillet et Marc Levy du Gret, Benoît Daviron, Sandrine Dury et Isabelle Vagneron du Cirad. Les hypothèses de travail et la méthodologie de cette étude ont été discutées par un comité scientifique réuni au démarrage de l'étude et qui était composé de Jacques Charmes et Jean-Luc Dubois de l'Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UMR C3ED), Jean-Claude Galandrin de l'Agence française de dé- veloppement, Abigaïl Fallot du Cirad, Anne-Sophie

Jouanneau et Philippe Lavigne Delville du Gret et

Claude Torre du MAE.

L'avancement du travail et les résultats provisoires ont ensuite été discutés par un comité de pilotage composé de Gilles Béville, Joël Dine, Claude Torre puis Michel Pré du MAE, Georges d'Andlau et Philippe Coquart de l'AFD, Philippe Lavigne Delville du Gret, Vincent Ribier du Cirad et Michel Pernot-Dubreuil du CIDR. Le travail éditorial a été assuré dans des délais très courts par Danièle Ribier et Hélène Gay du Gret. Enfin, l'ensemble des travaux a bénéficié du soutien orga- nisationnel sans faille de Mariana Vincenti, assis- tante au Gret.

Remerciements

Sommaire

7Introduction

13Première partie : Les micro et petites entreprises dans le secteur agroalimentaire

13 Trois histoires de développement du secteur agroalimentaire

18 Quelles leçons tirer de ces trois exemples ?

21 Un secteur hétérogène : organiser et décrire la diversité

29Deuxième partie : La contribution des MPEA à la sécurité alimentaire et

à la lutte contre la pauvreté

29 Les critères d'analyse de la sécurité alimentaire et de la lutte contre la pauvreté

32 La contribution des MPEA à la sécurité alimentaire

43 La contribution des MPEA à la lutte contre la pauvreté

57 Conclusion

59Troisième partie : Renforcer le rôle des MPEA dans la sécurité alimentaire

et la lutte contre la pauvreté

60 Prendre en compte le secteur des MPEA dans les politiques publiques

66 Améliorer l'environnement des affaires

73 Développer une offre de services adaptés

91 Prendre en compte les critères de sécurité alimentaire et de lutte contre la

pauvreté et inégalités dans les programmes et projets

108 Conclusion

109Vers un autre regard : repartir de la richesse des pauvres

111Bibliographie

121Annexe 1: Déroulement de l'étude

123Annexe 2: Ébauche de nomenclature des micro et petites entreprises

agroalimentaires

126Annexe 3: Sigles et acronymes

7 La sécurité alimentaire (SA) et la lutte contre la pauvreté et les inégalités (LCPI) sont devenues deux ob- jectifs primordiaux de l'aide publique au développe- ment.En 2000, 189 États se sont engagés au sein des Nations unies sur des " objectifs du Millénaire pour le développement » (Millenium Development Goals). Le pre- mier de ces objectifs est de " réduire l'extrême pauvreté et la faim ». Il s'agit plus précisément de réduire de moi- tié, d'ici 2015, la proportion de la population dont le revenu est inférieur à un dollar par jour, et la propor- tion de la population qui souffre de la faim. Depuis 2000, la Banque mondiale et le Fonds monétaire internatio- nal (FMI), accompagnés de plusieurs pays de l'Organisation de coopération et de développement éco- nomique (OCDE), ont fait leurs ces objectifs généraux par l'incitation à la préparation et la mise en oeuvre de " Documents stratégiques de lutte contre la pauvreté » (DSRP) dans de nombreux pays pauvres.

L'Afrique subsaharienne est particulièrement

concernée par ces objectifs. D'après les statistiques des Nations unies (2005), près de la moitié (46,4 %) de la population de l'Afrique subsaharienne disposait de moins de un dollar par jour en 2001 et le tiers était sous-alimenté. À titre de comparaison, ces indicateurs étaient res- pectivement de 21,3 % et 17 % pour l'ensemble des régions en développement. De plus, cette région du monde est la seule dont les indicateurs de pauvreté monétaire se dégradent depuis 15 ans. Le nombre de très pauvres (revenu in- férieur à un dollar par jour) a augmenté depuis les années 1990 et le revenu moyen de cette catégorie de population a diminué. Dans toutes les régions du monde, le nombre de travailleurs pauvres a décliné

Introduction

en 2005, sauf en Afrique subsaharienne où il a aug- menté de 2 500 000 (BIT, 2005). Pour inverser cette tendance, " il faut que la croissance écono- mique s'accélère et qu'elle atteigne les pauvres, ga- geure difficile à tenir face aux maladies et aux conflits armés » (Nations unies, 1985). À ce contexte, il faut ajouter des évolutions dé- mographiques et économiques qui constituent des enjeux majeurs pour les économies du continent.

L'Afrique subsaharienne doit faire

face à une croissance démographique et une urbanisation rapide Elle n'a pas achevé sa transition démographique, ce qui devrait la conduire à connaître, encore pour au moins une ou deux décennies, un fort taux de croissance de sa population. Ceci signifie pour l'éco- nomie du continent de pouvoir maintenir une vitesse élevée de création d'emplois (et d'auto-emplois), non seulement dans l'agriculture puisque les ruraux conti- nueront d'augmenter, mais également dans d'autres secteurs, compte tenu de l'urbanisation qui devrait conti- nuer d'être elle aussi très rapide. Comme le montrent le tableau 1 et la figure 1 (voir pages 8 et 9), la population urbaine de l'Afrique sub- saharienne représentait seulement 15 % de la popu- lation totale en 1950. Elle dépasse le tiers de la po- pulation actuelle et devrait en atteindre plus de la moitié en 2030.

Ce bouleversement démographique a plusieurs

conséquences. Alors qu'il y a quarante ans l'exportation vers les autres continents constituait le principal débouché des

8Agroalimentaire et lutte contre la pauvreté en Afrique subsaharienne : le rôle des micro et petites entreprises

Part de la population urbaine Taux de croissance annuel de la population urbaine en pourcentage en pourcentage par an

1950 1970 1990 2010 2030 1950-55 1970-75 1990-95 2010-15 2025-30

Afrique de l'Ouest10,1 19,6 32,3 46,0 57,1 5,78 5,51 4,75 3,74 2,83 Afrique centrale14,2 24,9 31,2 41,1 52,7 4,11 3,81 4,62 4,37 3,75Afrique de l'Est5,3 10,3 18,9 30,5 41,8 5,57 6,28 5,31 4,20 3,41Afrique australe38,2 43,6 46,3 60,9 70,0 3,21 2,82 3,50 0,82 0,76Afrique du Nord24,7 36,3 44,8 53,4 63,3 4,28 3,63 2,96 2,27 1,82Afrique14,7 23,1 31,8 42,7 52,9 4,50 4,37 4,16 3,35 2,79Asie17,4 23,4 32,3 43,0 54,1 3,67 3,32 3,05 2,34 1,72Amérique latine et Caraïbes41,9 57,6 71,1 79,0 84,0 4,38 3,74 2,35 1,54 1,05Europe52,4 64,6 72,1 75,1 80,5 2,01 1,42 0,39 0,06 - 0,03Source : United Nations, Department of Economic and Social Affairs, Population Division, 2002.

T

ABLEAU

1 : Taux et vitesses d'urbanisation de l'Afrique et des autres continents

Introduction9

FIGURE1 : Peuplement en Afrique de l'Ouest 1960-1990 et projection 2020

Source : Étude des perspectives à long terme en Afrique de l'Ouest (document de synthèse, 1998), Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest / OCDE.

Agroalimentaire et lutte contre la pauvreté en Afrique subsaharienne : le rôle des micro et petites entreprises10

produits agricoles, les marchés alimentaires urbains africains se sont considérablement développéset sont devenus un moteur important du développement de l'agriculture et de l'agroalimentaire (Cour, 2004). Dans de nombreux pays, ce marché domestique at- teint ou dépasse en valeur les marchés à l'exportation. Ce n'est pas tant l'urbanisation elle-même qui pose problème que son expansion très rapide. Si elle a ra- lenti durant les années 1990, elle demeure très élevée dans de nombreux pays. Le taux de croissance urbaine dépasse encore 4 % par an, soit un doublement de la population en moins de vingt ans. L'agriculture doit ainsi augmenter rapidement sa production pour nourrir un nombre croissant de citadins non ou peu producteurs d'aliments. Les villes doivent créer des emplois géné- rateurs de revenus à un rythme suffisant pour mainte- nir la solvabilité de la demandeet donc assurer des dé- bouchés rémunérateurs pour les agriculteurs. Elles doivent aussi parvenir à suivre la demande en infrastructures et services d'éducation, de santé, de transport, etc.

L'urbanisation induit des changements de modes

de vie et de consommation. Le défi de nourrir les cita- dins n'est pas seulement quantitatif mais aussi qualita- tif. La demande alimentaire s'oriente vers des produits plus diversifiés, plus commodes d'usage, présentant des garanties de qualité pour des consommateurs plus exigeants dans un contexte de choix diversifié. Le rôle du secteur agroalimentaire assurant transport, stockage, transformation et distribution des aliments se renforce. Mais le pouvoir d'achat des citadins est faible, même s'il reste plus élevé en moyenne que celui des ruraux. La solvabilité du marché est encore très limitée. Elle ré- duit les débouchés pour des produits incorporant une valeur ajoutée suffisante pour garantir une croissance des entreprises agroalimentaires. La marge de ma- noeuvre des entreprises pour innover est de ce point de vue fortement contrainte par l'étroitesse du marché.

Assurer une compétitivité

des produits dans un contexte d'internationalisation des échanges Historiquement, les politiques agricoles en Afrique subsaharienne ont d'abord été largement orientées vers une intégration aux marchés internationaux. Un effort important a été consacré au développement des cultures d'exportation pourvoyeuses de devises (café, cacao, huiles d'arachide, de palme, de palmiste, de coprah, conserves de poisson, légumes, mais aussi coton et bois). La contribution de l'Afrique subsaha- rienne au commerce mondial s'est cependant large- ment réduite depuis 30 ans avec la libéralisation du commerce international et la montée en puissance des économies agricoles d'Asie et d'Amérique latine. Les formes de régulation des marchés agricoles ont changé. Le contrôle des prix (taxation et subventions) et des quantités (quotas) s'est fortement réduit et a mis l'Afrique directement en concurrence avec ces nou- veaux agro-exportateurs. Aujourd'hui, les nouvelles normes sanitaires exigées par les pays importateurs menacent directement les pays africains d'une évic- tion partielle ou totale du marché (Henson, Loader et al., 1999 ; Le Bigot et Ribier, 2004). Par exemple, la perte de valeur des exportations de produits ali- mentaires africains en cas d'application de la norme sanitaire de l'Union européenne sur les aflatoxines par rapport à une situation où c'est la norme du Codex qui prévaudrait a été évaluée à 670 millions de dol- lars (Otsuki, Wilson et al., 2001). Les normes de qua- lité ne constituent pas seulement des barrières non ta- rifaires. La mise en place de certifications pour y répondre risque de se traduire par des concentrations d'activités et par la marginalisation des petits agri- culteurs et transformateurs des filières qui ne seront pas capables de respecter ces exigences de qualité. Là encore, ce n'est pas tant la concentration dans le sec- teur agricole qui pose problème en tant que telle que son évolution rapide. Les sortants du secteur agricole doivent pouvoir trouver sans délai des opportunités d'emplois dans les secteurs secondaires et tertiaires.

Tirer parti du développement

du marché intérieur

Un des enjeux majeurs des agricultures africaines

réside donc dans la possibilité de tirer parti du dé- veloppement des marchés domestiques, urbains et bientôt ruraux, nationaux et régionaux. L'Afrique sub- saharienne a recouru à des importations alimentaires pour compenser la croissance trop lente de sa pro- duction vivrière intérieure. Profitant de prix relativement bas sur le marché international et taxant les importa- tions à la revente aux consommateurs, nombre d'États ont bénéficié là d'un moyen de générer des recettes publiques. Globalement l'Afrique subsaharienne im- portait au début des années 1960 environ 1,4 mil- lions de tonnes de riz et de blé par an (500 000 tonnes de riz et 900 000 tonnes de blé), soit près de 7 kg par personne par an. Elle en a importé plus de 13 millions de tonnes par an en 1997-2001 (8,3 Mt de riz et 4,7 Mt de blé), soit 22 kg par per- sonne par an (nos calculs sur la base des données

FAO - Food and Agriculture Organization of the

United Nations). Ces importations ont donc presque décuplé et la consommation par tête a triplé en 35 ans. Ce recours aux importations a d'avantage contri- bué à la diversification alimentaire, tendance lourde des changements alimentaires, qu'à la substitution des produits locaux (Bricas et Sauvinet, 1989). Ces derniers ne sont pas rejetés par les citadins du fait d'un supposé mimétisme des modes de vie et de consom- mation occidentaux (Requier-Desjardins, 1989). Les filières vivrières pour approvisionner les villes ont d'ailleurs connu un essor très important et elles ont réussi à maintenir une offre en produits traditionnels sous des formes adaptées aux modes de vie citadins (filières maïs, manioc, igname, huile de palme, viande et pois- son, produits condimentaires, etc.).

Mais l'abondance de produits importés sur les

marchés modifie les attentes des consommateurs en termes de régularité, de qualité et de prix de leurs ali- ments. Ces attentes concernent aussi désormais les pro- duits locaux. Et le maintien de leur compétitivité rend nécessaire une constante adaptation aux nouvelles exigences des consommateurs. Dans la perspective d'une réduction tendancielle des cours des matières premières agricoles et d'une ré- duction des barrières tarifaires à l'importation, les gains

Introduction11

de productivité et l'amélioration de la qualité des pro- ductions nationales devront être très importants pour tenir cette concurrence. De plus, le développement de la dis- tribution en libre-service se traduit par l'imposition aux fournisseurs de normes de qualité sanitaire plus contrai- gnantes que sur les marchés traditionnels. Si cette forme de distribution s'étend en Afrique, comme on l'a constaté en Amérique latine où elle est devenue dominante en moins de 15 ans (Reardon, Timmer et al., 2003), il faut craindre une marginalisation d'un grand nombre de petits producteurs. Ceux-ci ne pourront réaliser lesquotesdbs_dbs33.pdfusesText_39
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