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  • Quel est l'objet d'étude de la géographie rurale ?

    À l'image de sa discipline – mère, la géographie rurale, n'est plus une simple science des localisations. Son objet change : il consiste à expliquer comment les mises en valeur des milieux et la structuration des relations sociales façonnent l'espace rural.
  • Quelles sont les principales caractéristiques d'un territoire rural ?

    Les caractéristiques essentielles de l'espace rural sont, d'une part, la prépondérance de l'agriculture et de la sylviculture en tant que secteurs économiques et d'autre part, le manque d'éléments urbains, la faible densité de l'habitat, le manque d'emplois ainsi que des déficits concernant l'infrastructure sociale et
  • Le développement rural est une gestion du développement humain et l'orientation des changements technologiques et institutionnels de façon à améliorer l'inclusion, la longévité, les connaissances et les standards de vie dans les zones rurales, et ce dans un contexte d'équité et de durabilité.

LE DÉVELOPPEMENT RURAL

EN QUESTIONS

PAYSAGES, ESPACES RURAUX,

SYSTÈMES AGRAIRES

Maghreb - Afrique noire - MéIanésie

0 ORSTOI&

I§BN 2-7099-0720-8

LE Dl?VELOPPEtiEW RURAL

EN QUESTIONS

PAYSAGES, ESPACES RURAUX,

SYSTÈMES AGRAIRES

Maghreb - Afrique noire - Mélanésie

Éditeurs scientifiques

CHANTAL BLANC-PAMARD, JOËL BONNEMAISON, JEAN BOUTRAIS, VÉRONIQUE LASSAILLY-JACOB, ANDRÉ LERICOLLAIS

ORSTOM

et Laboratoire de Sociologie et Géographie africaines LA 84 (CNRS - EHESS)

Éditions de I'ORSTOM

1~sîITw FRANÇAIS DE RECHERCHE SCIE~FIQUE POUR LE DÉVELOPPEMENT EN COOPÉRATION

Collections MÉMOIRES no 106

PARIS - 1984

LISTE DES AUTEURS

P. PELISSIER, G. SAUITER J. TRICART J. CITEAU, B. GUILLOT, J.P. LAHUEC, R.M. .THEPEWIER J. BONVALLOT Ch. BLANC-PAMARD, P. PELTRE Ch. TOUPET P. MICHEL, M. SALL E. BERNUS

L. CAMBREZ~, Ph. Cou-w, A. LERICOLLAIS, J.Y. MARCHAL, Cl. RAYNAUT D. RElXILLE H. AI-I-IA H. &TIA J. BOUTRAIS A. HALLAIRE B. CHAIPLERY DE LA MASSELIÈRE

J. PELTRE-WURTZ B. ANTHEAUME

J.L. CHALEARD M. LESOURD Cl. BOUFX

B. TALLET V. LASSAILLY-JACOB

M.D. RI~S A. FRANQUEVILLE

R. PO~RTIER J. BONNEMAISON E.Y. Gu-KONU

Maquette de couverture : Marie LERICOLWS et Jean BOUNIOL

Fabrication, Coordination : Hélène DARDENNE

Las photographies aériennes de paysages agraires à l'échelle du MO Oi?Oe proviennenr du fonds documentaire du Groupe de

Gbogmphie Afticaine du LA. 94 (C.N.R.S.-EH.E.S.S.)

SOMMAIRE

Préface, pur PELISSIER (P.), SAUTER (G.) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . IX

Chapitre premier. ÉCOLOGIE ET DÉVELOPPEMENT. par TRICART (J.), CITEAU (J.), GUILLOT (B.), LAHUEC (J.P.), THEPENIER (R.M.), BONVALLOT (J.), BLANC-PAMARD (Ch.), PELTRE (P.), TOUPET (Ch.), MICHEL (P.), SALL

(M.), BERNUS (E.) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1

Chapitre II. LE DÉVELOPPEMENT ET LA RÉGION par

CAMBREZ~

(L.), Cou-m (Ph.), LERICOLLAIS (A.), MAR- CHAL (J.-Y.), RAYNAUT (Cl.), RETAILLE (D.), ATTIA (H.) 123

Chapitre III. SYSTÈMES AGRAIRES EN MOUVEMENT

pur BOUTRAIS (J.), HALLAIRE (A.), CHARLERY DE LA

MASSELIÈRE

(B.), PELTRE-WURTZ (J.), ANTHEAUME (B.), CHALEARD (J.-L.), LESOURD (M.), BOUET (Cl.) . . . . . . . . . . . . . . . . 225 Chapitre IV. LA MODERNITÉ EN QUESTION pur TALLET (B.), LASSAILLY-JACOB (V.), Rrss (M.-D.), FRANQUEVILLE fk)+ )PO~RTIER

(R.), BONNEMAISON (J.), Gu-KONU . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..*......*....*.....*....**.............*........................... 389

PRÉFACE

La collection d'articles que publie aujourd'hui I'ORSTOM à l'occasion du Congrès International de Geographie de Paris, à l'initiative d'une équipe mixte

ORSTOM-CNRS (Laboratoire Associe' no 94), est un témoignage de vitalité de la Géographie, face à la crise du monde rural dans les pays dits en développement. Une double irritation se devine, réaction d'abord au modèle untformisateur, négateur des contingences et des différences, appliqué un peu partout aux problèmes du monde rural et de la production agricole, mais réaction aussi devant la façon dont ces problèmes eux-mêmes ont été ces dernières années occultés. Les villes, il faut le dire, et spécialement les très grandes villes, posent aux pouvoirs publics des questions d'une telle urgence et d'une tellè ampleur que les campagnes et leurs difficultés sontpassées un temps à l'arrière-plan des préoccupations. Dans les pays mêmes où la priorité au développement rural était politiquement af$chée avec le plus de force, les financements allaient et vont toujours en proportion écrasante aux villes et aux citadins. En France même, les crédits surfondspublics destinés auxpays en développement ont suivi le même chemin. Or voici que depuis peu l'on redécouvre une véritéfondamentale : que la crise urbaine est d'abord celle des producteurs ruraux, placés dans des conditions telles que pour beaucoup la stratégie adaptée consiste à devenir citadins. Au bout du chemin et du cercle vicieux : la dépendance alimentaire, plus ou moins largement fonction de l'accu- mulation démographique en milieu urbain, et de I?ncapacité des campagnes à nourrir les très grandes agglomérations. C'est donc dans la mouvante de l'intérêt porté au système urbain que le monde rural redevient un objet scienttjique digne d'attention. Mais ce que nous appelons, d'un terme volontairement imprécis, les campagnes n'existent toujours, dans cette perspective, que par référence à un système qui les englobe et les subordonne.

Rien d'illégitime dans cette approche. Elle ne fait que développer, dans un sens asymétrique, mais en la reliant au problème mondial de ce qu'il est convenu d'appeler " les rapports Nord-Sud », la thématique des rapports villes- campagnes. Appliquée aux mouvements migratoires, à l'approvisionnement des grandes villes, à l'urbanisation des campagnes et, plus récemment, à la pénétra- tion du capital urbain en milieu rural, cette thématique a obtenu de beaux succès. La question est de savoir si, derrière ces approches intégrantes, le monde rural a droit, dans l'Afrique d'aujourd'hui mais ailleurs aussi, à un traitement scientiJi- que plus autonome. En clair, une géographie rurale est-elle justiJ;ée dans son objet ? Ou bien la vraie place de la ruralité n'est-elle plus que celle de non-ville, ou de périphérie métaphotique du système urbain ?A l'interrogation posée ainsi dans l'abstrait, il nous semble que les textes réunis dans ce volume apportent une réponse claire et convaincante, en. forme de défense et illustration de la légitimité d'une approche " ruraliste ». Ils le font d'abordpar la manière franche et massive dont beaucoup de géographes, orstomiens, chercheurs au

CNRS ou universitaires ont spontanément répondu à la proposition qui leur était faite de collaborer à cet ouvrage. Le travail ne demandait donc qu'à prendre forme, tant il répondait à un besoin profond de ceux qui ont inscrit le développement rural au coeur de leurs

IX

préoccupations. La qualité et la diversité des textes réunis, les multiples facettes qu'ils explorent, tout cela révèle par ailleurs les vertus d'une démarche qui colle à son objet au lieu de l'aborder de haut et par des biais. Mais il reste ,au-delà de la démonstration concrète - le mouvement qui se prouve en marchant - à esquisser la théorie d'un renversement d'intérêts qui place " le » rural au centre des préoccupations.

Qu'à bien des égards villes et campagnes soient solidaires, et qu'elles le soient à l'intérieur d'un cadre plus large de relations politiques et économiques à l'échelle planétaire, et que les rapports de force et de dominante soient actif et explicatifs à tous les niveaux, cela ne saurait être nié. Mais il y a place, sans minimiser l'interdépendance, à côtéd'un point de vue qui considère le monde rural à partir et en fonction des villes et des économies dominantes, pour un autre, qui mette les campagnes et leurs problèmes au premier plan et n'interroge qu'en seconde instance le système urbain et celui des échanges au sommet. Au demeurant, les choses ne se présentent pas tout à fait de la même façon selon que l'accent est mis sur la part rurale de la société, ou bien de l'espace. §'agissant des sociétés, celles des pays européens ont cessé - ou sont sur le point de le faire - de se laisser articuler en une composante urbaine et une composante rurale relativement autonomes. L'homogénéisation des modes de vie, la pluriactivité et un " rural-non-farm » de plus en plus envahissant rendent désormais inopérantes les vieilles distinctions et l'idée même de paysannerie. II ne reste que la liberté de choisir son éclairage, depuis le pôle urbain ou depuis le pôle rural de la société globale. Les choses n'en sont pas tout à fait au même point en Afrique, et dans d'autres continents, mais on y va, et à grand train. Nombreuses sont déjà, dans l'Ouest et le Centre africains en particulier, les sociétés locales ou régionales organisées sur un double pied rural et citadin, et dont le fonctionnement repose désormais sur une large intercommunication. A. Franqueville en a apporté la démonstration récemment à propos de Yaoundé. D'autres groupes d'extension régionale, et l'on pense ici au Yatenga tel que l'a étudié J.-Y. Marchai, ont une dualité d'implantation rurale qui sépare géographiquement les deux fonctions : reproduction de la société d'un côté, obtention de moyens monétaires de l'autre. En France, en dépit de la rurbanisation et de licntformisation du bâti nouveau, l'espace rural a mieux que la société rurale gardé sa spéctjkité, et son caractère d'objet propre au regard de la démarche géographique. C'est a fortiori le cas dans les pays en développement.

II est tentant de chercher à inventorier ce contenu propre des espaces ruraux, ou la manière qu'ils ont de commander une approche spécialisée. Le trait le plus général qui les oppose aux tissus urbains est à coup sûr dans l'occupation diluée de l'interface terrestre qui s'y réalise. Les densités sont faibles, aussi bien celle des hommes que celle des capitaux investis ou mobilisés. Les faits à caractère de plages revêtant la surface du sol, ou la caractérisant, l'emportent sur les éléments linéaires ou ponctuels offerts au regard. Leur durabilité, leur résistance au changement physique sont modestes ; c'est le cas d'une étendue cultivée, d'une forêt ; une culture en remplace une autre, la forêt se renouvelle et sa composition change. Ce n'est pas par elles-mêmes que les formes résistent au temps, mais uniquement dans la mesure où un réseau juridique ou un consensus social viennent mailler l'espace. La minceur verticale et l'étalement en surface des composantes élémentaires de l'espace rural les exposent à la vue. De là, la place que tiennent les paysages dans l'analyse, la possibilité qu'ils donnent de repérer les organisations. Après avoir été celui des typologies paysagères, l'espace rural est aujourd'hui le champ privilégié d'une télédétection exploratoire ou répétitive.

X

Au point que la forme, d'une autre manière que jadis, risque d'être prise aujourd'hui pour le fond, naturel ou social.

Mais l'espace rural, c'est aussi, par opposition à l'urbain, la nature. L'assimilation est classique, et source de confusions. Demeure portant le faible recouvrement dont la ruralité vêt l'espace. Et, qui plus est, un recouvrement ambigu,- largement végétal, à demi-dénaturalisé seulement quand il s'agit de plantes cultivées, bien moins encore dans le cas des prairies, ou de la végétation-

relais des longues jachères. Dynamique agricole et dynamique spontanée interfè- rent à tous les niveaux, abiotique inclus quand une crise climatique ou une virtualité érosive placent un milieu en déséquilibre. Les sept articles rassemblés sous le titre " écologie et développement » témoignent chacun à sa manière de l'impossibilité de ne pas conjoindre les deux ordres de faits dans l'analyse, comme ils le sont dans la réalité des évolutions. .

Un truisme : la fonction agricole de l'espace rural, support de tout le reste. On a $ni par se rendre compte, en Europe, qu'une campagne qui cessait d'être cultivée, cessait d'être attractive pour le tourisme ou l'installation des citadins. Là même où les exploitants agricoles sont devenus fortement minoritai- res, la gestion de l'espace leur incombe dans une large mesure, au moins au plan local et au niveau des décisions journalières. Ce n'est pas retrancher les agricul- teurs de la société globale que de voir en eux, dans la logique de leurs comporte- ments de producteurs, dans les rapports qu'ils nouent avec le sol [au plan foncier comme à celui des affectations d'usage), l'objet légitime d'une approche particu- lière. En Europe, une certaine délocalisation se fait jour. Les choix individuels s'opèrent moins qu'autrefois en vertu d'un certain mimétisme social et local. En revanche, les instances organisationnelles, issues de la profession agricole, remontent les échelons spatiaux et pèsent de tout leur poids, notamment en France, au niveau régional et national, voire européen. Les choses n'en sont pas là en Aftique. La thématique des systèmes dirtilisation du sol, des systèmes agraires ou agro-pastoraux, garde ses attaches au local, au régional, à léthnique, aux paysages concrets, en clair à tout ce qui s'individualise et prend forme dans l'espace géographique.

Déjà cependant, l'approche globale/spatiale est contrainte de se démul- tiplier en préoccupations sectorielles. Vers le haut, à mesure que se développent les contacts et les échanges, que le branchement sur les marchés ou le marché se fait impérattx il devient indispensable de porter la plus grande attention aux systèmes de commercialisation des produits, aux conditions de.la formation ou de l'impo- sition des prtk agricoles, à l'évolution du statut de la terre de bien d'usage en bien marchand (et à toutes les circonstances qui l'accompagnent ou en découlent). Vers le bas, ce sont les exploitations agricoles, s'affirmant comme telles dans le nouveau contexte économique et se différenciant (par la taille, le dynamisme économique, les choix techniques ou culturaux, les modalités de l'organisation du travail), qui exigent l'attention des chercheurs. Ce nouvel objet d'étude doit beaucoup à la sensibilisation des géographes par les travaux qu'ont entrepris, depuis un certain nombre d'années, les équipes agronomiques.

Mais l'espace rural ne peut pas ne pas être vu aussi comme le support d'unvécu particulier, d'une identité culturelle, de pratiques collectives enracinées dans le temps long des sociétés. La banalisation, l'untformisation qu'imposent, à l'échelle mondiale, la culture, la technique et l'économie dominantes (dont capitalisme et gestion centralisée ne sont que des modalités), n'ontfait qu'entamer ou masquer ce tréfonds largement territorialisé. Sans vouloir porter l'analyse au

.xI

coeur du problème, deux remarques peuvent en éclairer les termes. La première est qu'il reste dans les campagnes même françaises des formes de sociabilité très prégnantes, et qui n'ont rien à voir avec celles dont la ville est le champ. Les références locales d'un individu, ses origines, l'image qui se répand de lui dans un milieu social où l'intercommunication se fait dans et par la proximité, tout cela restreint singulièrement sa liberté d'installation (agricole notamment) et dlnitia- tive. La deuxième remarque voudrait attirer l'attention sur les espaces ruraux comme conservatoires de l'identité, et souvent de l'identité par opposition, de sociétés même largement urbanisées. Consciente ou inconsciente, la référence au paysage joue un

rôle dans cette af$rmation d'être.

C'est à ce point que la " modernité » fait problème, qu'elle est " en question », au sens d'un examen critique du paradigme sous-jacent du progrès qui va de soi. La conclusion de l'ouvrage interroge le concept même de développement rural, dans la mesure où il débouche, ou risque de le faire, sur l'annihilation du partenaire le plus directement impliqué dans les rapports à la terre. Que la modernisation ainsi entendue se paie d'un coût social élevé, et puisse à la limite ne déboucher sur rien, trop d'exemples en fontfoi. Mais c'est sur autre chose que nous voudrions attirer l'attention, en renvoyant à Pierre Gourou, et à son analyse du rôle des " encadrements » dans les " Terres de Bonne-Espérance ». Les dtf$cultés et les impasses du développement rural n'expriment pas le seul choc des intérêts entre les parties prenantes du haut (les citadins, les fonctionnaires, les capitalistes nationaux ou étrangers, ceux qui savent et décident pour les autres au nom de l'État ou des grandes instances internationales) et du bas (la société atomisée, inorganisée des cultivateurs ou éleveurs sans moyens autres que leur travail). Toute forme de développement rural met en présence des organisateurs du travail et de l'espace, et des groupes de producteurs plus ou moins cohérents, plus ou moins étroitement localisés. Les connaissances, les modes d'organisation, la

façon de concevoir le temps et l'espace, les expériences emmagasinées par chacun des deux partenaires se tissent de part et d'autre en cohérences : cela que précisément P. Gourou désigne du terme d'encadrements. Et dont la somme dessine les contours d'une culture, ou d'une " civilisation » (au sens de Pierre

Gourou : l'ensemble des moyens d'action d'un groupe sur lui-même et son environnement, ou face aux autres).

Or, il nous semble que la plupart des contributions des chap. III (e systèmes agraires en mouvement JJ) et du chap. IV (N la modernité en ques- tion N) reviennent, au moins en partie, à démonter le jeu qui se noue entre ces entités globales : soit deux groupes ruraux, porteurs d'un héritage socio-culturel et d'un regard sur l'espace différent, voire antagoniste ; soit une pratique organisée, porteuse et propagatrice de changement, à partir d'une vision haut placée, puisant à un fond et une sorte de consensus international, s'imposant du dehors à une population de producteurs répandue sur un espace géographique plus ou moins restreint. En tel cas, il y a toujours un problème, un malentendu, une incompatibilité d'objectif ou de moyens. Le problème n'est pas sans solution. Il doit seulement être présent à l'esprit pour que puissent être posés des diagnostics justes sur le possible de l'environnement naturel et des sociétés, et institué un dialogue authentique débouchant sur des formules assumées de part et d'autre. Des progrès considérables ont étéfaits, on n'en estplus toujours, entre haut et bas, au dialogue de sourds. Dans le cas d'cc aménagements » impliquant une

réorga-

nisation physique de l'espace rural, les solutions sont plus dtf$ciles à concevoir, à mettre au point et surtout à stabiliser : la rigiditéde toute affectation de l'espace, qu'elle opère sur le plan foncier ou sur le plan agronomique, se heurte toujours et

XII

partout à la dynamique collective de groupes en expansion démographique, et à la compétition pour l'espace d'exploitations inégalement armées. On retrouve à ce point l'idée de départ, celle des rapports d'intérêts conflictuels et de l'accapare- ment possible, au bénefke d'une minorité, du produit de l'agriculture. La problématique qui en découle est riche, et contient à coup sûr une part signt$cative de l'explication. Mais, pratiquée sous une forme exclusive, elle risque de faire sous-estimer le poids des contraintes liées aux encadrements propres aux sociétés rurales. Et peut-être aussi de faire oublier que, globalement, le prélèvement sur le travail en milieu rural ne va pas seulement à des acteurs individuels ou étrangers, mais aussi au monde urbain dans son ensemble.

La lecture à laquelle nous nous essayons de l'ensemble des contributions réunies serait incomplète si nous ne nous efforcions pas de dire en quoi elle exprime la sensibilité fondamentale de la discipline " géographie ». Elle le fait, à notre sens, de trois manières. D'abord, en accordant un sens particulier à l'analyse de situations localisées : espaces socialement fonctionnels, ou entités sociales dotées d'une assise spatiale : terroirs, ethnies ou fractions d'ethnies, régions, unités administratives... quelles qu'en soient la de@rition ou l'échelle, le principe est toujours le même : restituer les cohérences qu'implique la proximité des hommes et des faits. Soit en amont du temps : des groupes dotés dune histoire commune " traitent » l'espace de façon homogène. Soit en aval : la proximité suscite des liens entre des groupes sociaux ou individus accidentellement rappro- chés. Cohérences ne veut pas nécessairement dire harmonie, les jeux conflictuels sont tout aussi intéressants. La deuxième manière d'être géographe vis-à-vis des problèmes du développement rural consiste à privilégier le regard des acteurs les plus directement impliques, à voir l'espace rural, le développement, les initiatives extérieures avec les yeux des ruraux. Mais aussi, et c'est là un troisième aspect qui sous-tend la démarche géographique, restituer cette vision, la relier à d'autres plus. distanciées, replacer le, tout dans une problématique au niveau le plus général, par le truchement et la mise en jeu d'échelles emboîtées, que l'on resserre ou que I'on déploie selon les nécessités de l'explication. Autrement dit : considérer chaque élément, chaque variable, chaque facteur, chaque conséquence au niveau spatial et dans l'espace qui est le sien, et chaque fois en combinaison, en interférence ou en opposition avec les autres données propres à ce niveau.

Les trois contributions rassemblées sous le titre " le développement et la région » s'inscrivent, nous semble-t-il, dans cette perspective, en privilégiant le niveau moyen, régional, au carrefour de l'urbain et du rural, des jlux ou des influences montantes et descendantes. L'essai théorique d'une grande richesse qui ouvre le chapitre nous dispensera d'en dire plus, sinon pour souligner à quelpoint le souci dominant des auteurs est d'articuler la dimension régionale proposée aux recherches rurales ditne part à l'extérieur étatique ou lointain (les deux englo- bants emboîtés), d'autre part à des paliers descendants qui, de proche en proche, mènent au terroir et à la parcelle. Que l'un des auteurs ait qualité d'économiste, et que sa contribution ne soit pas erratique mais essentielle souligne plus qu'une volonté : la nécessité d'une ouverture de la discipline.

Fondement de la plupart desformations du

CNRS, comme des nouveaux départements de

~'ORSTOM, cette ouverture aux autres façons de penser la réalité sociale, naturelle et spatiale ne

fait pas plus probldme aux géographes ruralistes qu'à ceux qui privilégient l'urbain. Au demeurant, l'initiative dont ce volume est le fruit émane d'un groupe de chercheurs qui a su animer en son sein cette année même, sous la

forme d'un séminaire, un échange très riche entre le point de vue des agronomes de terrain et celui des géographes. Que l'ouvrage que nous

XIII

présentons ne trompe pas : édité à l'intention des géographes de tous pays rassemblés à Paris, et pour cette raison oeuvre principalement de géographes, il veut illustrer, certes, la validité d'une démarche et l'efficacité dune formation ; mais si personne ne cherche à donner le change, en mimant le raisonnement des disciplines voisines, on risque encore moins dy découvrir la moindre nostalgie de l'eden géographique originel.

PAUL PËLISSIER

GILLES SAUlTER

XIV

ÉCOLOGIE ET D&ELOPPEMENT

Jean L.F. TRICART 1

Géographe, Université Louis-Pasteur Stmsbourg Directeur du Centre de Géographie Appliquée L4 95 du CNRS

Quelques réflexions écogéographiques sur le détieloppement rural

RÉSUMÉ

Le développement rural requiert l'intervention des agronomes, des naturalistes et de spécialistes des sciences humaines, car il repose sur des interactions triangulaires :

Milieu Naturel

Organisation C- Techniques

Socio-économique + disponibles

Dans une situation historique donnée, une société n'utilise pas toutes les techniques

disponibles, c'est-à-dire connues et de?jà éprouvées. Les incitations économiques provoquent

souvent des désajustements se traduisant par une dégradation du milieu naturel. La brutale expansion des cultures d'exportation en Côte &Ivoire (exemple de la Boucle du Cacao), fondée sur une main-d'oeuvre immigrée, a abouti vers 1960 à une série de difficultés (baisse des rendements, ravages des parasites) du fait de l'altération des conditions bioclimatiques dans une région climatiquement marginale pour la culture. L' " agro-business » aux États-Unis, estfondésur le remplacement de la main-d'oeuvrepar

une énergie artificiellement bon marché. Il aboutit d'une part au, chômage, d'autre part à

une rapide dégradation des terres : on en arrive à subventionner l'installation de friches. L'entretien du potentiel productif des terres requiert l'utilisation de fumures organiques. Les déEhets organiques peuvent aussi servir à la production de biogaz. Le placement de " surplus » alimentaires est un grave frein au développement, notamment en provoquant des changements des habitudes alimentaires défavorables aux paysans des pays " aidés » (pain de farine de blé au lieu de manioc, maïs! mil, igname, etc.). Tenter de plaquer des types de mise en valeur importés de l'étranger est souvent une cause d'échec. La forêt ombrophile amazonienne est prise comme exemple. En conclusion,

il est proposé une méthode pour 2'étude et la réalisation du développement ruralfondée sur

l'expérience de IAuteur, principalement au Brésil et au Mexique.

Écologie et développement

hSTRACT Agronoms, naturalists and specialists of human sciences must cooperate in matter of rural development. Rural development involves triangular interactions as follows :

Natural environment

Socio-economic + Available

Organization + technology

In a certain historical situation, a society does not use effectively a11 the techniques which are lcnown, but only some of them. Economie stimuli often originate certain types ofproduction which cause serious environmental degradation. For instance, in Ivory Coast, around 1960, the excessive expansion of cocoa planting, using migrant labour, in the Boucle du Cacao region, resulted in decreasing yields and a burst of various plagues. The change from a rain forest to cocoa plantations has seriously altered bioclimatological conditions in the area. Agro-business, in the USA, is based on an enormous use of an arttficially cheap energy instead of human power. From one side, it induces underemploy- ment, on the other, an accelerated soi1 and water degradation. Presently, federalfunds are allocated to farmers for the land they leave idle. Soils need organic matter in order to sustain production without degradation. Organic residues cari be, too, a source of energy production, through biogas. T%e policy of exportation of food " surpluses » to poor countries is desastrous and enhances the poverty. Effectively, it changes nutiitional habits, as wheat bread instead of corn, cassava, sorgho or yam, SO that local peasants have more dtfficulty in selling their crops and obtain less money for them. lhey become even poorer. It is vety dangerous to try to apply without serious investigations techniques imitated from other countries. Frequently, it results in dramatic failure. The example of the rain forest of central Amazonia is presented. The Author concludes by the exposition of an orientation for the methodology of investigation preliminaty to the elaboration of rural development programs and for the application of these programs. It is based principally on his experience of this type of problems in Brazil and Mexico.

Les problemes de developpement rural sont l'objet de l'intérêt convergent de trois groupes professionnels : les agronomes, dont ils sont la finalité professionnelle, les écologistes car ils comportent des modifications des écosystèmes, les géographes,

enfin, préoccupés depuis les origines des rapports entre l'Homme et le Milieu. Malgré cette convergence, il persiste encore de nombreuses ignorances mutuelles et bien des zones d'Ombre au niveau des concepts. Les répercussions pratiques en matière de gestion, d'aménagement, de développement rural en sont d'autant plus importantes que d'importants intér&s sont en jeu. Quelques réflexions sur ce thème sont donc justifiées, toutes périlleuses qu'elles soient.

Comme la convergence des préoccupations n'a pas encore abouti à une position commune, nous nous placerons successivement à des points de vue différents afin de tenter de faire apparaître plus clairement l'intérêt d'une approche transdisciplinaire. 2

Écogéographie et développement rural

SOCIÉTÉ, TECHNIQUES & RESSOURCES

Parler des rapports de l'Homme et du Milieu est recourir à un schéma abusive-

ment simplificateur. L'Homme est un animal social, profondément modelé par son appartenance à une collectivité, même si cela n'aboutit pas à des modifications

biologiques et anatomiques comme chez certains insectes comme les termites, les fourmis ou les abeilles. Dans toutes les sociétés humaines, même celles qui disposent de peu de moyens techniques, existe un partage des activités. Chez les groupes vivant

de la cueillette et de la chasse, les activités des hommes diffèrent de celles des femmes. Il en a été de même dans les premières formes de vie agricole. Cela persiste dans l'agriculture industrielle. Cette forme ancienne de spécialisation fait que les techniques utilisées diffèrent et que les ressources offertes par le milieu qui sont exploitées par les uns et les autres ne sont pas les mêmes. Ce principe de diversification s'applique de manière plus complexe encore lorsque l'organisation sociale comporte des classes

d'âge dont la définition est renforcée par des critères religieux, comme dans les sociétés traditionnelles de l'Afrique occidentale. L'exploitation des ressources est alors étroi- tement dépendante non seulement de la pyramide des âges mais de la manière dont

l'organisation sociale regroupe les individus ayant des âges peu différents dans ses diverses catégories. Dans certaines régions rurales d'Afrique de l'ouest, l'émigration

des jeunes adultes porte préjudice aux tâches de défrichement dans lesquelles ils jouent un rôle prépondérant. La rotation jachère forestière/cultures en subit une désorganisa-

tion qui aboutit à une dégradation du milieu naturel. Un processus analogue se

développe aussi sous l'effet de la monétarisation de l'économie. Les jeunes, qui peuvent gagner des salaires dans le cadre de l'économie monétaire refusent d'accom- plir ces tâches à la demande des chefs de famille, comme le voulait la coutume. Les deux processus sont d'ailleurs souvent associés, l'émigration des jeunes ruraux résul-

tant souvent de la recherche d'un emploi salarié qui est lui-même la conséquence d'une monétarisation de l'économie et de la société. Ces transformations, commandées de l'extérieur, ont commencé dans les villes coloniaIes et se sont propagées peu à peu dans les campagnes. Le processus comporte donc nécessairement des déphasages qui sont à l'origine de migrations massives, qui sont bien connues, comme celles des voltaïques vers la Basse Côte d'ivoire et, autrefois, le Ghana littoral ou, encore, la forte immigra-

tion de la Nigeria. La monétarisation de l'économie aboutit à l'accumulation du capital, particuliè- rement rapide pendant les périodes de prospérité. Elle provoque alors une surexploi-

tation des ressources. La " Boucle du Cacao » en Côte d'ivoire, en offre un exemple caractéristique. L'adoption précoce, vers 1930, de cette culture a eu lieu avant que le régime foncier traditionnel ne soit battu en brêche. Les plantations se sont faites dans

les forkts servant de réserves pour la jachère forestière en recourant à une main- d'oeuvre d'immigrés des régions soudaniennes. Après la Seconde Guerre Mondiale, les

défrichements se sont encore étendus, la jachère forestière a achevé de disparaître. Vers 1960, par temps d'harmattan, la densité des arbres était devenue insuffisante pour qu'ils puissent jouer efficacement le rôle d'écran et humidifier l'air en transpirant. Les périodes d'harmattan, auparavant sans effet, ont soumis les plantations de cacaoyers à une trop forte sécheresse provoquant un fort " stress » hydrique. Affaiblis, les arbustes ont beaucoup moins produit et, surtout, sont devenus bien plus sensibles aux maladies, dont, de surcroît, la propagation était favorisée par la continuité des plantations.

En puisant dans le'réservoir abondant de main-d'oeuvre des régions soudaniennes que ne pouvait gagner l'économie de plantation, la Côte d'ivoire a pu étendre

rapidement ses cultures commerciales sur de vastes étendues. Cela s'est fait sans modification profonde des techniques agricoles, qui sont restées celles du bnîlis et de 3

Écologie et développement

la jachère forestière. Mais la foret a été fortement entamée, la jachère a été très réduite

en durée. Elle est devenue trop courte pour remplir son rôle écologique. De graves processus de dégradation ont été mis en marche. Dans la boucle du Cacao, qui se situe

dans la région de transition de la forêt mésophile, une faible péjoration du bioclimat

a eu de graves conséquences écologiques. Partout, le raccourcissement, voire la quasi-suppression de la jachère forestière a affecté les sols : baisse de la teneur en

matière organique, dégradation de la structure, appauvrissement minéral, les rendant moins productifs et plus sensibles a l'érosion pluviale. Une dégradation très générale des terres et des eaux en a été la conséquence. Elle atteint un niveau qui justifie des

cris d'alarme. Mais la forte immigration de main-d'oeuvre étrangère non qualifiée sur laquelle a reposé.l'accroissement de la production agricole pose aussi des problèmes de nature politique : c'est pourquoi ont été formulés des projets de mécanisation de l'agriculture. Leur objet est de ne rien changer aux façons de cultiver tout en se passant

de cette main-d'oeuvre devenue encombrante une fois que s'est instaurée la prospérité que son travail a permis. Est-il besoin de souligner qu'une telle mécanisation de

l'agriculture ne ferait qu'accélérer et aggraver dramatiquement les processus de dégradation du milieu qui se sont déjà déclenchés ?

L'agriculture industrielle (" agro-business » des Américains) est un exemple extrême de substitution technologique de ressources. Son apparente justification économique résulte d'une grave distorsion entre le salaire horaire et le prix des

hydrocarbures. A court terme, le producteur réalise un profit en pratiquant une agriculture complètement artitïcialisée et que l'on peut appeler, de ce fait, " agriculture

industrielle B. La mécanisation à outrance économise des salaires mais repose sur d'énormes quantités de carburant. On maintient la productivité de la terre grâce aux engrais chimiques, en grande partie produits à partir des hydrocarbures. On adopte des

plantes incapables de se reproduire, comme le maïs hybride, et qu'il faut sécher artificiellement après la récolte. Le producteur devient ainsi entièrement captif, par le biais du crédit (cf. le grave problème qui se pose actuellement aux États-Unis, de l'endettement des " farmers ») qu'à exigé son équipement, par celui des techniques biologiques (graines et semences), par celui, enfin, des circuits commerciaux. Cela procure des bénéfices élevés à quelques grandes firmes contrôlées elles-mêmes par la

finance. Mais, pour le reste, il en résulte un énorme gâchis : - Le milieu naturel se dégrade et perd ses aptitudes écologiques, parfois de manière irréversible. En effet, les engrais chimiques n'entretiennent absolument pas la

structure des sols, qui deviennent de plus en plus sensibles à l'érosion pluviale. L'eau, au lieu de s'infiltrer, ruisselle. Les pertes en terre croissent rapidement,

l'écoulement devient torrentiel. Les étiages se creusent, les inondations se font plus graves. Une grande partie des engrais se dissout dans les eaux de ruisselle-

ment, ce qui provoque une pollution généralisée des cours d'eau, qui, souvent, se propage dans les eaux souterraines. Ces nuisances, fort coûteuses, sont, bien

entendu, à la charge des collectivités et n'apparaissent pas dans les calculs économiques. - Le rendement énergétique de l'agriculture industrielle est, lui-même, fort bas. Si l'on compare la quantité d'énergie utilisable dans les aliments produits à toute l'énergie autre que la radiation solaire qui a été nécessaire pour obtenir cette production @i!an énergétique de la production), on constate que la seconde est

souvent supérieure a la première. En langage thermodynamique, l'agriculture industrielle est souvent endothermique : elle consomme plus d'énergie qu'elle n'en

produit. .C'est une faillite écologique. De plus, l'énergie consommée est une

énergie géologique, qui ne se renouvelle pas dans le cadre du temps historique, donc une énergie disponible en quantité limitée, non remplapable. Au contraire,

l'énergie irradiée par le Soleil est disponible en très grande quantité et le restera pendant des durées géologiques. L'agriculture traditionnelle repose sur l'utilisa- 4

Écogéographie et développement rural

tion de cette énergie grâce à la photosynthèse. L'agriculture industrielle repose, au contraire, sur une production dont le rendement biologique est faible et qui

requiert des prélèvements d'énergie fossile. Nous pourrions, certes, détailler davantage ces exemples et en présenter d'autres. Ils suffisent, cependant, à mettre en évidence un système d'interactions triangulaire.

Milieu Naturel

Organisation + Techniques

Socio-économique + disponibles

Dans une situation historique donnée, une société n'utilise pas toutes les techni-

ques disponibles, c'est-à-dire toutes les techniques connues et déjà éprouvées. Elle fait, parmi elles, un choix qui lui est propre. Ainsi, l'agriculture industrielle américaine a choisi la mécanisation à outrance et la monoproduction sur d'immenses parcelles, bien que l'on connaisse très bien, aux États-Unis, les dangers de la monoproduction et l'importance de la matière organique pour l'entretien de la fertilité et de la structure des sols. Lors de la crise des années 30, dans le cadre du New Deal, ont été lancées des campagnes en faveur des assolements, de l'enfouissement des déchets organiques, de

la culture en courbes de niveau adaptée à la topographie... Mais ces pratiques ne servent pas les intérêts financiers qui tirent profit de l'agro-business. Celui-ci, dans le

type de société réalisé aux États-Unis, est assez puissant pour faire prévaloir ses intérêts

et faire écarter les techniques qui ne les servent pas. Mais cette société elle-même n'est pas homogène. Elle est profondément différen- ciée et constituée de groupes ayant des statuts socio-économiques divers, de classes

d'âge dont les intérêts et les conceptions peuvent être divergents, parfois de groupes de cultures différentes qui se répartissent dans divers statuts socio-économiques. La

spécialisation de ces divers groupes est plus ou moins nette en matière d'exploitation des ressources. Leurs relations sont souvent conflictuelles et traduisent des situations de force acceptées ou non. Le choix des techniques de production intervient dans ces conflits comme il influe sur l'appropriation des richesses exploitables. Notre schéma

vise à rappeler ces interactions entrecroisées sous une forme aussi simple que possible. Il traduit aussi une approche systémique, la seule dont nous disposons actuellement pour l'étude de telles relations.

HOMME, SOCIÉTÉ, ÉCOSYSTÈMES

LES PYRAMIDES TROPHIQVES

L'Homme, en tant qu'être vivant, est intégré aux écosystèmes. C'est en leur sein que se déroulent ses activités physiologiques, de la même manière que celles des autres animaux. Incapable de photosynthèse, il se place au minimum au second étage de la

pyramide trophique. Tel est le cas du végétarien. Mais, comme bien d'autres espèces, la nôtre est omnivore et les végétariens absolus sont une très rare exception car la

plupart des végétariens boivent du lait, consomment du miel, des oeufs, etc. qui proviennent des animaux. Les régimes alimentaires font varier le niveau occupé par l'Homme dans la pyramide trophique : le plus souvent, c'est en partie le 2e, en partie le 3e. Il se place au 3e niveau lorsqu'il consomme des aliments comme le lait, les oeufs,

la viande. Le 4e niveau est atteint parfois, mais bien plus rarement, lorsqu'est consom- 5

Écologie et développement

mée, par exemple, la chair d'animaux carnassiers comme la truite ou le brochet ou... tout simplement, celle de poulets nourris à la farine de poisson.

Le niveau trophique auquel se place l'Homme n'est pas seulement une futile (ou pédante) curiosité de naturaliste. En effet, aucun être vivant n'est capable d'assimiler

totalement sa nourriture. Il n'en extrait qu'une partie pour assurer son métabolisme, le reste étant rejetté sous la forme d'excréments, qui, à leur tour, alimentent d'autres

êtres vivants : le fumier de nos animaux domestiques nourrit les vers de terre, d'autres

insectes et, surtout, des myriades d'êtres microscopiques (bactéries, champignons, moisissures), regroupés sous le vocable général de

" décomposeurs ». Ce n'est qu'après avoir atteint un certain niveau d'organisation sociale que 1'Homme a découvert qu'on pouvait vivre en faisant les poubelles... Il a fallu plus de temps encore et plus de

cogitations puissantes a nos brillants économistes pour faire adopter par les gouver- nants des mesures de récupération de " déchets ». Leur objet est de réaliser ce que font les décomposeurs, c'est-à-dire, à la fois, empêcher que l'écosystème ne soit littérale- ment étouffé sous ses propres déchets et tirer de ces mêmes déchets quelque chose de bénéfique. Dans le milieu naturel, les décomposeurs transforment les débris organi- ques en humus et détruisent ensuite ce même humus en libérant les éléments minéraux qu'il contient, ce qui permet leur mise en solution et leur extraction par les radicelles des plantes grâce à un mécanisme d'osmose. Le recyclage est complet. L'humus, mélangé aux particules minérales dans les horizons supérieurs du sol est à l'origine de propriétés du sol qui jouent un rôle déterminant dans le fonctionnement des écosystè-

mes (ce que nous appelons "

écodynamique N). En effet, l'humus peut retenir une quantité d'eau considérable, comme le montre le cas extrême des tourbières, formées

de matière organique mal décomposée : une tourbe peut retenir une masse d'eau égale

à 10 fois son poids sec ! Par ailleurs, cet humus contribue à cimenter les particules minérales du sol en agrégats, ce qui a pour effet d'accroître la dimension des pores du

sol et, par voie de conséquence, d'y faciliter la circulation de l'eau et de l'air, qui est indispensable pour que les sols soient fertiles : la nitrification est .effectuée par des

bactéries ayant besoin de l'oxygène de l'air ; un sol gorgé d'eau en permanence, mal drainé, constitue un milieu asphyxiant dans lequel s'élaborent des produits toxiques

pour les plantes. Enfin, la consommation des débris organiques plus ou moins décomposés par de nombreux insectes et, dans une certaine mesure, celle de ces insectes par des carnivores, comme les taupes se traduisent par le creusement de

nombreuses galeries, petites ou grandes, dans le sol humifère. Elles aussi forment des réseaux privilégiés pour la circulation alternée de l'eau et de l'air, indispensable à l'entretien des qualités agronomiques du sol. Un sol humique résiste à l'impact des

gouttes de pluie (érosion pluviale) et permet l'infiltration de l'eau des averses, qui participe à la pédogenése, qui constitue une réserve pour l'alimentation des plantes (capacité de rétention du sol), puis, finalement, alimente les écoulements hypodermi-

ques et les nappes phréatiques. Cette circulation en profondeur soutient les étiages des cours d'eau, c'est-à-dire augmente une ressource particulièrement précieuse car les

étiages se produisent lors des périodes de sécheresse. Elle atténue aussi les crues en diminuant leur volume écoulé lors des périodes de fortes pluies et retarde la montée des eaux, aspects qu'associe l'expression " écrêtement des crues ».

Le recyclage des déchets, tel que commencent de le pratiquer certaines sociétés industrielles, aboutit à des processus assez analogues. Est-il besoin de rappeler que,

depuis plus de dix ans, en Suède, des fabriques de pâte à papier font des bénéfices en récupérant presque totalement les produits chimiques de leurs eaux usées, qui, auparavant, polluaient gravement les rivières dans lesquelles ils étaient déversés. Prendre la place qui est celle des décomposeurs dans les écosystèmes grâce au développement de la technologie est donc immédiatement rentable et assure, de plus, la pérénité de notre environnement écologique, donc notre survie. Une telle orientation est exactement à l'opposé de celle de l'agriculture industrielle.

6

Écogéographie et développement rural

Cela doit être médité par tous ceux qui se préoccupent de développement rural.

Au cours des dernières années, il a été mis au point des " digesteurs » simples à construire et à faire fonctionner, donc accessibles à des milieux ruraux pauvres et sans

grandes ressources techniques. On place dans les cuves des déchets organiques inutilisables, tels qu'excréments, ordures ménagères, feuilles et branchages non consommés par les animaux domestiques. Une fermentation contrôlée permet d'en

extraire un gaz riche en méthane, le bioguz, qui peut servir à la cuisine, au chauffage,

à l'alimentation de petits moteurs actionnant, par exemple, des pompes ou de petits générateurs électriques. Le traitement de ces déchets végétaux ne provoque aucune

perte écodynamique, car le résidu solide constitue

un excellent compost qui enrichit en matière organique les terres de culture sur lesquelles il est répandu. Il y joue le même

rôle que le fumier. Les digesteurs ne portent donc aucun préjudice à l'entretien des terres et des eaux et permettant seulement une utilisation plus poussée de la production primaire. Ils ont connu un immense succès en Chine, car la civilisation rurale repose sur une tradition d'utilisation intensive de toutes les ressources disponibles. Par contre; en Inde, les croyances religieuses sont à l'origine d'un demi-échec car on répugne à les

alimenter avec les bouses de vaches, que l'on préfère utiliser directement comme combustible. C'est un exemple de la composante culturelle dans le fonctionnement de la société.

Un autre aspect important des niveaux trophiques se traduit par l'existence d'une

relation entre les régimes alimentaires et les charges possibles de population. Bien des auteurs ont jeté des cris d'alarme au sujet de la forte croissance démographique des

pays pauvres. Il est de fait que, dans beaucoup d'entre eux, depuis des années, le nombre de bouches à nourrir augmente plus vite que les ressources alimentaires. Les

ventes à prix réduit d'excédents provenant des pays industrialisés sont souvent

assorties de conditions politiquement aliénantes et traduisent une stratégie de guerre et d'affrontement, non de développement. Au surplus, cette pratique ne peut durer car

ces excédents résultent, en partie, de la mauvaise alimentation de certaines catégories sociales : le Président Reagan a supprimé les bons de nourriture donnés auparavant à de nombreux chômeurs pour disposer de munitions plus abondantes pour le chantage

alimentaire. Plus grave encore est la rapide et intense dégradation du milieu naturel qu'engendre l'agriculture industrielle, productrice de ces " excédents ». Elle fait que ces excédents proviennent d'un prélèvement sur le capital écologique, prélèvement qui

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