La querelle des Anciens et des Modernes
30-Jan-2014 La querelle des Anciens et des Modernes a été un conflit littéraire né à l'Académie Française
1 La Querelle des Anciens et des Modernes Le classicisme Le
Haut fonctionnaire de Louis XIV membre de l'Académie française
La querelle des Anciens et des Modernes
LA QUERELLE DES ANCIENS ET DES MODERNES le roman la poésie modernes
La Querelle des Anciens et des Modernes et sa postérité
La Querelle des Anciens et des Modernes et sa ete la cause et I'origine de mes quatre tomes de ... pect de la Q!lerelle des Anciens et des Modernes.
A Neglected Aspect of the Querelle des Anciens et des Modernes
The Querelle des Anciens et des Modernes in France is traditionally divi the piecemeal researches mentioned above: the Recherches sur l'origine des.
Larry F. Norman The Shock of the Ancient. Literature and History in
plus près des textes de la querelle des Anciens et des Modernes Larry à l'origine du divorce entre les lettres réputées archaïques et les sciences sup-.
(Dé)construire le canon Daniel WENDT : Le tri : Obscénité et
OBSCÉNITÉ ET DÉCANONISATION DANS LA QUERELLE DES ANCIENS ET DES. MODERNES. constitue donc pas entre Grecs et Romains mais entre Anciens et Modernes.
Anciens Modernes et Sauvages
https://journals.openedition.org/anabases/pdf/110
2008
...
1 This is an Accepted Manuscript of a book chapter published by
Literature Science
auteurs (pourquoi par exemple
https://brill.com/downloadpdf/journals/ges/75/1/article-p125_10.pdf
Qu'est-ce que la querelle des anciens et des modernes ?
La querelle des Anciens et des Modernes est une polémique qui prend naissance au sein de l' Académie française, fondée en 1634 par le Cardinal de Richelieu et dont l'objectif est de perfectionner la langue française et de la « rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences ».
Quel est le déclencheur de la querelle des anciens et des modernes ?
Charles Perrault, déclencheur de la querelle des Anciens et des Modernes. La querelle des Anciens et des Modernes (ou querelle des Classiques et des Modernes) est une polémique née à l’ Académie française et qui a agité le monde littéraire et artistique de la fin du XVIIe siècle.
Pourquoi la polémique de querelle d’Homère est-elle entrée dans l’histoire de la littérature ?
Cette polémique, dans laquelle des auteurs aussi différents que l’ abbé Terrasson et Jean Boivin interviennent, est entrée dans l’histoire de la littérature sous le nom de Querelle d’Homère. Elle s’achève en 1716 avec une réconciliation personnelle des principaux acteurs.
Qu'est-ce que la querelle française ?
Il s’agit moins en Italie d’une Querelle que d’un championnat. La Querelle française en revanche est le fait d’hommes de lettres qui ont les yeux fixés sur leur roi ; ils font ou feront partie de la constellation d’Académies domiciliant la République française des Lettres dans l’État royal.
![(Dé)construire le canon Daniel WENDT : Le tri : Obscénité et (Dé)construire le canon Daniel WENDT : Le tri : Obscénité et](https://pdfprof.com/Listes/18/2306-186_WENDT_Querelle_TEXTE.pdf.pdf.jpg)
Daniel WENDT : Le tri : Obscnit et dcanonisation dans la Querelle des Anciens et des Modernes
1LE TRI :
OBSCNIT ET DCANONISATION DANS LA QUERELLE DES ANCIENS ET DESMODERNES.
La mise en question du canon
Dans le troisime tome de son fameux Parallle des Anciens et des Modernes (1688-1697),publi en 1692, Charles Perrault traite de la posie. Au dbut du dialogue, l'un des trois
personnages, Le Prsident (l'avocat des Anciens), fait rfrence au canon des potes antiques en
disant AE que les ouvrages d'Homere, de Virgile, de Pindare, d'Horace, d'Anacron & de Catulle, sont
des modles si achevs, qu'on a p jusqu'icy, & qu'on ne pourra jamais rien faire qui en approche
1 Ç.
Il oppose son avis, qu'il prsente comme AE celuy de tant d'excellens Critiques Ç et comme
AE l'opinion reue de tout le monde Ç, au sentiment de l'abb (qui a la fonction d'un mdiateur), sans
le prciser plus clairement. Les trois genres potiques les plus importants, l'pope, l'ode et la
posie rotique, sont reprsents tour tour, par un pote grec (Homre, Pindare, Anacron) et un
pote latin (Virgile, Horace, Catulle). Le canon antique se prsente donc, de manire parallle, en
modle ddoubl2. Cette opinion se fonde sur l'ide selon laquelle l'Antiquit dans son ensemble
constitue un ge d'or et incarne une perfection intemporelle vers laquelle on aspire et qu'il convient
d'imiter, mais laquelle il est impossible de revenir. Lorsque le troisime personnage, le chevalier (qui reprsente les Modernes), prend la parole son tour, il relate l'opinion AE d'un homme de grande qualit et de grand mrite, et de grande
rudition Ç qui a mis en question ce canon: AE JÓavoue, me disoit-il, qu'il me parot y avoir des
grandes pauvrets dans Homre; que je ne puis goter la beaut de la plpart des pigrammes de
Catulle que lÓon vante si fort, & o je ne voy que de lÓordure3 Ç.
Ce dbut renvoie un genre trs rpandu au XVIIe sicle, le Jugement, par exemple leJugement sur Snque, Plutarque et Ptrone (1664) de Saint-vremond ou le Jugement sur les
anciens et principaux historiens grecs et latins (1646) de La Mothe le Vayer. L'homme cit par lechevalier dit, d'un ton explicitement subjectif (AE j'avoue Ç) ce qu'il apprcie chez un auteur et ce
qu'il n'aime pas. Les auteurs du pass, qui ont t dclars AE canoniques Ç par l'usage de l'histoire,
doivent donc se prsenter de nouveau devant un juge, pour mettre lÓpreuve ce statut pour le
prsent, plus prcisment pour prouver leur qualit pour l'enseignement. Par son propre jugement de
got, cet homme se distingue de la doxa (AE que l'on vante si fort Ç), qui, elle, prne l'admiration de
Catulle. La position des Modernes consiste alors se distinguer de la doxa ou plutt faire du got
des Anciens une doxa en un autre sens, c'est--dire un jugement trompeur sans fondement. Cela, cependant, ne veut pas dire que Perrault cherche dtruire le canon dans son ensemble ou laune perspective cartsienne, Perrault met donc le canon littraire, tel qu'il a t transmis par la
de son propre jugement, comme il l'avait dj propos dans son pome provocant Le sicle de Louis
le Grand (1687) :1 Charles Perrault, Parallle des anciens et des modernes en ce qui regarde les arts et les sciences, Paris, Jean Baptiste
Coignard, 1688-1697, t. III (1692), p. 2.
2 Ce paralllisme entre la Grce et Rome a son origine dans les Vies parallles de Plutarque (1er/2nd sicle apr. J.- Chr.).
Depuis Plutarque, le parallle a t le moyen pdagogique de l'historia magistra : voir Hans Robert Jau¦, Pour une
esthtique de la rception, trad. Claude Maillard, Paris, Gallimard, 1978, p. 81-82; Franois Hartog, Anciens, Modernes,
Sauvages, Paris, Seuil, 2005, p. 251-263.
3 Perrault, ibid.
Daniel WENDT : Le tri : Obscnit et dcanonisation dans la Querelle des Anciens et des Modernes
2 Le sicle de Louis au beau sicle dÓAuguste. (v. 5-6)Pour sÓassurer une place hgmonique au sein du champ littraire naissant dans la deuxime moiti
duXVIIe sicle4, Perrault cherche crer et tablir un nouveau canon. Il revendique le statut de juge
monde. La raison pour laquelle il exclut Catulle du canon peut s'expliquer par le mot AE ordure Ç.traditionnelle du got la beaut et, par l, au statut littraire et canonique qu'il oppose l'image de
l'ordure : AE goter l'ordure Ç, on le comprend trs facilement, nuit la sant5. Autrement dit, il trie,
rutiliser et recycler, et ceux qui n'ont, selon lui, plus de fonction, parce qu'ils nuisent la sant,
civilisation est considr comme une entreprise franaise6. Perrault lie explicitement AE notre sicle
et la France Ç. Il rend, comme le dit Joan Dejean, les deux mots synonymes de AE culture Ç 7. La
littrature a pris une place trs importante dans la construction de la nation, avant tout dans
lÓenseignement. Le rle de la littrature antique dans ce processus, pourtant, ne fut pas tout fait
clair. Perrault fonde ainsi une littrature nationale qui inclut la littrature antique, mais pas dans son
lÓAntiquit Ç (v. 16). Il prsente son got comme le got franais. Perrault rpond ainsi la question
de la continuit et de la discontinuit avec lÓantiquit qui sÓest pose cause des changements
historiques qui surviennent alors. On peut mentionner, dÓune part, la naissance dÓun nationalisme,
hritires des (Grecs et des) Romains et dÓen prendre la succession, et, dÓautre part, la question de
lÓobscnit publique, qui nÓest plus tolre.Mais l'obscnit n'est pas seulement, comme j'espre le montrer, un des critres de cette
sein de l'hritage antique au cours de la Querelle des Anciens et des Modernes. Le nouveau canon se constitue par la comparaison (non synchronique mais diachronique), en remplaant quelquesauteurs antiques par des auteurs franais qui sont jugs meilleurs. Cette fois-ci, le parallle ne se
constitue donc pas entre Grecs et Romains, mais entre Anciens et Modernes8, voire Franais.
4 Voir Alain Viala, Naissance de lÓcrivain. Sociologie de la littrature lÓge classique, Paris, Minuit, 1985.
5 Les mtaphores les plus rpandues pour caractriser la littrature obscne sont lies la mtaphore traditionnelle de la
nourriture. Depuis l'Antiquit, on compare la lecture des textes l'acte de manger et de boire. Dans la tradition
chrtienne ce sont le lait, le vin et le pain qui dsignent le lien entre la terre et le divin. Dans la tradition carnavalesque,
comme l'a montr Michael Bakhtine, on s'en sert au contraire pour dsigner la vie humaine, sa mortalit par la
sens strictement corporel (et populaire) que Perrault l'utilise dans le jugement sur Catulle (AE goter l'ordure Ç).
6 Voir Joan Dejean, Ancients against Moderns. Culture Wars and the Making of a Fin de Sicle, Chicago et Londres,
The University of Chicago Press, 1997, p. 124-140.7 Op. cit. p. 125.
canon) ds son origine li au christianisme qui s'oppose, vers l'an 500 apr. J.-Chr, au pass romain pa"en. Cette frontire
entre nostra aetas (tempora Chritiana ou moderna) et antiquitas est l'an 450 apr. J.-Chr. C'est chez Cassiodore (6
e sicleapr. J.-Chr.) que l'opposition antiquus/modernus dsigne pour la premire fois aussi la distinction entre l'exemplaricit
du pass et la modernit qui suit son cours. Voir Franois Hartog, op. cit, p. 31-34.Daniel WENDT : Le tri : Obscnit et dcanonisation dans la Querelle des Anciens et des Modernes
3 Le problme de l'obscnit et la littrature antique L'origine du mot obscne est latine et son tymologie, depuis l'Antiquit, assez incertaine 9. Ily a aujourd'hui trois analyses possibles : la premire, divise le mot en ob et scaena (du grec sken),
thtre, par exemple pendant les ludi Florales10. Selon la deuxime hypothse, l'tymon est l'adjectif
scaevus (du grec skaios), signifiant AE gauche Ç et de l AE sinistre Ç, et a son origine dans la langue
augurale (cf. Varro ling. 7,97). La troisime, qui tait la plus rpandue l'ge classique, fait driver
obscenus de caenum, qui signifie AE boue, fange Ç et de l AE ordure Ç. Quelle que soit la vraie
entendait par AE obscne Ç, mot, qui, ds le dpart, a une porte polmique 11.Pour mes propres analyses, j'entendrai ici l'obscnit plus gnralement comme phnomne
de frontire (langagire), comme ligne de dmarcation entre ce qu'on dit et ce qu'on ne dit pas, et
qui inclut le franchissement tolr ou intentionnel de cette ligne dans certains contextes. Cette
frontire est, bien sr, une ligne imagine, selon un accord tacite entre celui qui parle et celui ou
normes discursives d'une socit. L'obscne constitue donc un ordre symbolique. Dans une
perspective dialectique, on peut dire que ce n'est pas seulement le statut de celui qui parle quidfinit sa parole, mais aussi, inversement, le mode de l'nonciation qui peut dfinir le statut de celui
qui parle. L'obscnit peut donc servir de distinction. Une parole obscne est souvent considre
comme masculine, paysanne ou barbare. L'obscne est donc Î en tant quÓlment exclu Î une raison
dterminante et constitutive pour l'ordre du discours. Car l'ordre, comme le dit Marcel Hnaff dans
son livre sur Sade, AE n'existe qu' poser son envers. LÓobscne nÓest que lÓeffet de cette scission; le
dnient : le hideux, le vil, le misrable, le moins que rien, Ðla merdeÑ12 Ç.
En gnral, on peut distinguer deux sortes d'obscnit. L'obscnit primaire, c'est--dire
l'obscnit de mots : les mots vulgaires, la dsignation des organes sexuels, la scatologie.
L'obscnit secondaire est l'obscnit dans les choses : l'vocation des actes sexuels contraires la
rgle religieuse, morale et sociale13 quels que soient les mots qui le dcrivent, ou tout mlange de
L'obscnit est donc un concept plus abstrait, qui inclut tous ses synonymes : AE vulgaire Ç, AE sale Ç,
AE impudique Ç, AE grossier Ç, AE licencieux Ç, etc. Le concept de l'obscnit est trs fortement marqu
par l'ide de la rception, par une sorte de voyeurisme, par l'effet d'une nonciation ou d'une image
sur un autre, un spectateur, un public. Ce n'est donc ni le signifiant ni le signifi, qui est obscne en
9 Voir Jean-Toussaint Desanti, AE L'obscne ou les malices du signifiant Ç, L'obscne, Traverses, no. 29, octobre 1983, p.
128-133.
tymologie a t renverse par le sexologue anglais Havelock Ellis (1859-1939): en comprenant le prfixe 'ob' comme
AE pour, en change de Ç obscaenum fait maintenant rfrence ce qui est AE hors scne Ç, dans les coulisses, c'est- dire
verbalement. (Havelock Ellis, On Life and Sex. Essays of Love and Virtue, 1937, Garden City, Garden City Publishing
Company, 1947, p. 175.)
11 LÓchange de rpliques entre lise et Climne autour du mot obscnit en scne III de La Critique de lÓcole des
Jean-Christophe Abramovici, Obscnits et classicisme, Paris, PUF, coll. AE Perspective littraires Ç, 2003, p. 1-11.
12 Marcel Hnaff, Sade. LÓinvention du corps libertin, Paris, PUF, 1978, p. 223.
13 Comme le montre bien le cas de Thophile de Viau, mentionn ci-dessous, la pntration anale (AE je fais vÍux
dsormais de ne foutre quÓen cul Ç) est considre comme de la dbauche et souvent lie lÓhistoire biblique de
Sodome & Gomorrhe : voir Franois Garasse, La doctrine curieuse des beaux esprits de ce temps ou prtendus tels.
Contenant plusieurs maximes pernicieuses la Religion, l'Estat & aux bonnes Moeurs (1623), d. Jacques Fauconnet,
Paris, coll. AE Les belles lettres Ç, 2009, p. 698-699 [p. 782-783 dans l'dition de 1623].Daniel WENDT : Le tri : Obscnit et dcanonisation dans la Querelle des Anciens et des Modernes
4soi, mais la transmission, le fait qu'un autre regarde ou coute, qui le rend obscne. L'obscne
voque un effet (de dgot).
Le problme de l'obscnit moderne nat un tournant de l'histoire littraire, qui est le
procs de Thophile de Viau. Le pote Thophile a t condamn en 1623 pour un sonnet obscne
qui s'ouvre sur le vers suivant : AE Phylis, tout est ...outu Ç, et ce, alors qu'au dbut du XVII
e sicle avaient t publis plus de mille-cinq-cents pomes contenant le mot AE foutre Ç14. Par ailleurs, il
faut noter que le pome de Thophile reprend tout fait clairement les motifs prsents chez Martial
et Catulle.L'explication qu'on peut donner cet vnement est l'accroissement du march littraire, du
nombre des lecteurs potentiels, d au dveloppement technique de l'imprimerie, et donc un
lectorat plus htrogne, constitu de plus en plus de femmes ainsi que d'hommes sans formation
classique15. La formation du canon national comme stratgie rend compte de ce phnomne. En
attaquant les auteurs antiques et les remplaant par des auteurs franais, Perrault se tourne vers ce
public et rpond au besoin dÓun canon non-antique.Au dbut du sicle, l'obscnit tolre est trs fortement lie la littrature, l'art littraire,
plus prcisment certains genres littraires, comme le dit Franois Garasse, le procureur du procs
de Thophile:il faut qu'une impudicit soit couverte de quelque honorable prtexte pour s'attacher aux esprits, qu'elle
soit accompagne de quelque pointe et de subtilit d'esprit Î telles que sont les impudicits de Trence,
de Martial, de Catulle, qui glissent doucement la faveur de leurs belles inventions. 16La question de l'obscnit se pose donc surtout la comdie, ici reprsente par Trence, et
l'pigramme, personnifie par Martial et Catulle. La seule manire, pour Garasse, d'attnuer le choc
de l'obscne, afin que celui-ci ne soit pas pernicieux pour le lecteur, c'est la pointe, cÓest--dire un
limite qu'on trouve, en termes juridiques d'aujourd'hui, entre l'rotisme artistique et la pornographie.
L'obscne est donc limit un contexte trs prcis (selon le deuxime sens tymologique voqu
plus haut). Ces trois auteurs latins sont donc pour Garasse les paradigmes de l'obscnit littraire, le
AE canon Ç des auteurs obscnes.
Mais le procs de Thophile et le changement de public littraire ont eu des consquences
pour le statut canonique des auteurs obscnes de l'Antiquit, comme l'avait bien senti le jsuite
Franois Garasse :
Le troisime ordre qui se voit en la bibliothque des libertins sont des livres qui concernent non
seulement la crance, mais qui touchent aussi les moines et sont des ouvrages dÓune si horrible
impudicit que jÓai honte dÓen parler clairement ; seulement dirai-je que ces vilains, et nommment
passables les Priapes, le Petronius, le Martial [È] 17.Dans le contexte du procs, comme le pressent bien Garasse, surgit une rflexion sur l'utilit de la
lecture de ces Íuvres, sur leur statut canonique. AE Pour la premire fois, la censure ecclsiastique
cde le pas la justice sculaire14 Voir Michel Jeanneret, ros rebelle. Littrature et dissidence l'ge classique. Paris, Seuil, 2003, p. 25.
15 Voir Joan Dejean, The Reinvention of Obscenity. Sex, lies, and tabloids in Early Modern France, Chicago, The
Chicago University Press, 2002, p. 29-55.
16 Garasse, op. cit,. p. 698 [p. 782 dans l'dition de 1623].
17 Garasse, op.cit., p. 858 [1016].
18 Jeanneret, op. cit., p.124.
Daniel WENDT : Le tri : Obscnit et dcanonisation dans la Querelle des Anciens et des Modernes
5institutionnalise que l'obscnit antique devient un problme, et ce, parce que le changement de
public provoque un changement de l'horizon d'attente. Pour les lecteurs AE nouveaux Ç sans
formation classique, sans connaissance du canon littraire, c'est--dire avec une ide diffrente de la
place attribue l'obscnit dans l'ordre du discours, l'obscnit littraire constitue donc un effet
choquant. L'obscnit antique, qui n'tait jusque-l pas une menace pour la religion, l'est dsormais
pour l'ordre public. Comment tolrer l'obscnit antique et censurer l'obscnit moderne, qui n'est
rien qu'une imitation de lÓobscnit antique ? Le canon des auteurs antiques, qui tait, avant tout, le
canon de la formation dans les coles jsuites, est donc galement mis en question. Une telle admiration de l'Antiquit dans son ensemble est considre auXVIIe sicle en
France comme un phnomne de la Renaissance. C'est Descartes (comme Bacon en Angleterre), qui, au dbut du XVIIe sicle, met en question par son AE doute mthodique Ç toutes les connaissancestraditionnelles, celles qui relvent de l'vidence, et, parmi elles, le statut paradigmatique de
l'Antiquit. Tandis qu'on pensait la Renaissance que l'imitation des Anciens quivalait une
imitatio naturae, merge prsent l'ide que AE l'art qui n'est d'autre chose qu'une imitation de la
Nature, se doit varier comme elle
19. Ç Le paradigme de la nature subsiste, mais au lieu de voir dans
la nature un principe d'immuabilit, on en fait un principe de changement. Or, des mutations
importantes ont eu lieu, aussi bien des mÍurs que de l'horizon d'attente en littrature, avant tout
l'opposition entre langage potique et langage pratique20. En effet, l'ide nat que les rgles de la
Íuvres, qui, comme le montre la question de l'obscnit, peut changer. D'o l'interrogation sur
l'utilit du canon obscne pour le public du temps de Louis XIV. Plus gnralement, on s'interroge :
comment dfinir la diffrence entre les Grecs et les Romains, et les Franais, entre le pass et le
prsent ? Les Modernes, de plusieurs manires, proposent des lignes de dmarcation en faisant de
lÓobscnit un critre. tablies, comme y encourage Saint-vremond :Il n'y a personne qui ait plus d'admiration que j'ai pour les ouvrages des anciens [È] mais le
changement de la religion, du gouvernement, des mÍurs, des manires, en a fait un si grand dans le
monde qu'il nous faut comme un nouvel art pour entrer dans le got & dans le gnie du sicle o nous
sommes 21.Fontenelle, en revanche, certainement le plus radical des Modernes, contredit ce relativisme
culturel22. Dans sa Digression sur les Anciens et les Modernes (1688), il reprend la fameuse
comparaison d'Augustin des sex aetates mundi et compare AE des hommes de tous les sicles un seul homme23. Ç Il recourt galement au dualisme entre apparence et intriorit :
Les habits changent; mais ce n'est pas dire que la figure des corps change aussi. La politesse ou lagrossiret, la science ou l'ignorance, le plus ou le moins d'une certaine na"vet, le gnie srieux ou
badin, ce ne sont l que les dehors de l'homme, et tout cela change : mais le cÍur ne change point, et
19 Charles de Saint-vremond, AE Sur l'imitation des anciens Ç, 1685, Ìuvres, d. Ren de Planhol, Paris, 1827, t. I, p.
244.20 Voir Jau¦, op. cit., p. 54-58.
21 Saint-Evremond, AE Sur les pomes des Anciens Ç, d. cit., t. I, p. 273. Voir Hans Robert Jau¦, AE sthetische Normen
und geschichtliche Reflexion in der ÐQuerelle des Anciens et des ModernesÑ Ç, Charles Perrault, Parallle des Anciens
et des Modernes en ce qui regarde les arts et les sciences. Mit einer einleitenden Abhandlung von H.R. Jau¦ und
kunstgeschichtlichen Exkursen von M. Imdahl, Mnchen 1964, p. 62 sq.22 Voir Abramovici, op. cit., p. 83-98.
23 Bernard Le Bouyer de Fontenelle, AE Digression sur les Anciens et les Modernes Ç,1688, Ìuvres compltes, ed. Alain
Niderst, Paris, Fayard 1990-2001, t. II (1991), p.425-426Daniel WENDT : Le tri : Obscnit et dcanonisation dans la Querelle des Anciens et des Modernes
6 tout l'homme est dans le cÍur. 24 Il existe donc bien pour lui une nature humaine immuable25 ; on peut par consquent analyser selon
La diffrence entre eux se situe, pour lui, au niveau d'une differentia accidentalis communis position dans l'espace27. Fontenelle dfend donc l'ide d'une continuit historique; les Anciens, pour
processus linaire et elle est prsent AE l'ge viril Ç.Il y a donc, malgr ce processus culturel, AE une galit naturelle [...] entre les anciens et
la nature humaine reprsente une constante. Dryden l'exprime ainsi : For mankind being the same in all ages, agitated by the same passions, and moved by the same interests, nothing can come to pass but some precedent of the like nature has already been produced, so that having the causes before our eyes, we cannot easily be deceived in the effects, if we have judgment enough to draw the parallel 28.Quelles consquences, donc, pour la rception de lÓobscnit antique ? Le bon got, dira l'abb
tous les temps29. Ç L'effet de la lecture d'un texte obscne reste donc identique quels que soient le
lieu et le temps. Or, prsent, la pratique du AE jugement Ç rend possible lÓinterprtation des Íuvres
dpouille du respect traditionnel d lÓautorit. Si lÓon postule le caractre choquant de lÓobscnit
comme un fait de nature, cÓest donc ncessairement valable galement pour les Anciens, bien
nom dÓune conception fixiste de la nature humaine, exclure les Íuvres antiques obscnes du canon.
Perrault, contrairement la thorie de Fontenelle dÓune nature humaine immuable, affirme,lui, que celle-ci est sujette des variations ontologiques. Il est donc en accord avec Saint-
vremond, qui affirme : AE C'est toujours l'homme, mais la nature se varie dans l'homme30. Ç De ce
fait, il n'y a donc pas, explique Perrault, de beau universel, mais seulement une beaut relative. Au
nom de ce relativisme, il est donc possible de distinguer entre une esthtique antique qui accepte
lÓobscnit et une esthtique moderne qui la rejette.24 Fontenelle, AE Dialogues des morts Ç , d. cit., t. I, p. 86.
25 Fontenelle n'accepte pas l'objection de la thorie traditionnelle des diffrentes natures des peuples qui taient dues au
climat: AE La facilit quÓont les esprits se former jusquÓ un certain point les uns sur les autres, fait que les peuples ne
conservent pas entirement lÓesprit original quÓils tireraient de leur climat. La lecture des livres grecs produit en nous le
sang de Grce et celui de France sÓaltreraient, et que lÓair de visage particulier aux deux nations changerait un peu. Ç
(Digression, p. 415).26 Selon l'interprtation thomasienne de la Mtaphysique d'Aristote, in V. met. 1,12, n. 916f.
27 Comme lÓexplique Franois Hartog, la dcouverte du Nouveau Monde et les ressemblances entre les AE sauvages Ç
dÓAmrique et les Romains et Grecs avaient conduit AE construire lÓide importante et nouvelle quÓil y a une analogie
entre loignement dans lÓespace et celui dans le temps Ç (op. cit., p. 46), et une mise distance immense des Anciens.
LÓantiquit grco-romaine apparait ainsi comme un temps sauvage. AE Nous autres Modernes, affirma-t-on de plus en
plus couramment, sommes les vrais Anciens, tandis que les Anciens ne sont que la jeunesse ou lÓenfance de
lÓhumanit. Ç (ibid., p. 20).28 John Dryden, Life of Plutarque, Londres 1683, p. 4. Cela renvoie aux lois naturelles de la mcanique, dveloppes par
Newton (Philosophiae naturalis principia Mathematica, Londres 1687), qui sont bases sur une philosophie dualiste de
matire inerte et de forces actives et sur les concepts de temps absolu, d'espace absolu et sur le principe des effets
distance.29 Charles Rollin, AE Trait des tudes ou De la manire d'enseigner et d'tudier les belles-lettres Ç, 1765, Oeuvres
Compltes, t.1I, Paris, Firmin Didot, 1821, p. 77.30 Saint-vremond, AE Sur l'imitation des anciens Ç, 1685, d. cit., t. I, p. 244.
Daniel WENDT : Le tri : Obscnit et dcanonisation dans la Querelle des Anciens et des Modernes
7Dans ces deux thories esthtico-philosophiques, lÓobscnit littraire antique est mise
historiquement en perspective, soit dans son appartenance une poque rvolue et dpasse, soit
comme incarnation de lÓaltrit. Les argumentaires de la doctrine fixiste de la nature, aussi bien que
du relativisme, permettent de la rejeter du canon.Mcanismes de la sparation
Le mot AE obscne Ç est, au
XVIIe sicle, ressenti comme un latinisme, et l'obscnit littrairetrs fortement associe lÓAntiquit, notamment l'pigramme. La premire occurrence en franais
du mot AE obscne Ç, se trouve chez l'historien Poldo d'Albenas (1512-1563), qui, en parlant des ludi
Florales des Romains, cite une pigramme de Martial et critique ces AE vers obscnes et
impudiquescommentaire sur Catulle, que l'obscnit est lÓlment constitutif essentiel de l'pigramme (AE sola
obscoenitas facit epigramma32 Ç). Sans aller jusque-l, on peut affirmer que l'obscnit tait un
lment stable de l'horizon d'attente du lecteur des pigrammes jusquÓauXVIIe sicle.
Dans la seconde moiti du
XVIIe sicle, de nombreux textes thoriques voient le jour, quitiennent compte des mutations esthtiques et cherchent dcrire et prescrire ce nouvel art en accord
avec le got du sicle. Selon le Trait de l'pigramme (1658) de Guillaume Colletet AE [l]e pote
pigrammatique ne doit pas employer les termes obscnes qui reprsentent les choses un peu trop
librement, et qui laissent de sales images dans l'esprit de lecteur33. Ç É lÓinverse de Garasse, Colletet
d'esprit (1659), constate que AE tout ce qui choque et qui blesse la nature nous dplat; [...] les
34. Ç
L'interdiction concerne alors galement les obscnits secondaires. Il n'y a donc aucune manire de
tolrer une obscnit dans un texte littraire. C'est au contraire l'obscnit qui dtruit le statut
artistique d'un texte et l'exclut du champ littraire. La ligne de dmarcation de lÓart et de l'obscne
jugement esthtique n'est pas un simple pluriel rhtorique, mais il dsigne, implicitement, un AE nous,
les gens de maintenant Ç, qui est oppos un autre. L'Antiquit est donc vue comme altrit avec un
autre horizon d'attente. La ngation de cet autre sert la construction de la propre identit (moderne
et franaise). Ce qui AE nous Ç distingue de l'Antiquit, c'est le rapport avec l'obscnit. La modernit,
c'est--dire la France moderne, se rclame dÓavoir surpass ce stade de civilisation et se fonde donc
sur lÓacte de lÓexclusion. Au niveau synchronique, ce AE nous Ç renvoie un public idal, c'est--dire
35. C'est pourquoi lÓauteur du Trait de la
beaut des ouvrages d'esprit continue: AE il n'y a point d'homme de bon got qui puisse souffrir ces
paroles de Catulle, avec lesquelles il commence une des ses pigrammes36. Ç
Les Potiques usent frquemment de mtaphores sociales, comme le terme de AE vilain Ç, qui,
dans la langue du XVIIe sicle fait encore rfrence au paysan. Cela est comprhensible dans une31 Jean Poldo d'Albenas, Discours historial de l'antique et illustre cit de Nime, 1560, Marseille, Laffite reprints, 1976, p.
141.32 Caius Valerius Catullus et in eum Isaaci Vossii Observationes, Londres, Isaacus Littleburii, 1684, p. 40.
33 Guillaume Colletet, Trait de l'pigramme, Paris 1658, p. 74.
34 Anonyme, Trait de la beaut des ouvrages dÓesprit, Paris 1659, p. 42-43.
35 Trait de la beaut, d. cit., p. 42-43, AE il n'importe qu'ils soient capables de plaire plaire quelque esprits gts et
doit juger du beau des choses. Ç36 Trait de la beaut, d. cit., p. 47. Le dmonstratif AE ces Ç renvoie certainement au carmen 16 qui sÓouvre par ces
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