[PDF] Une histoire des Mouvements Unis de Résistance (de 1941 à l





Previous PDF Next PDF



sur 3 Éléments de correction DNB Histoire Géographie Éducation

Résistance intérieure (FFI). Nom et création du réseau du mouvement ou du maquis (exemples : Libération Sud



FICHE DE REVISION = L ESSENTIEL

La vie d'un réseau d'un mouvement ou d'un maquis en montrant les valeurs dont les actions de la Résistance (par la presse clandestine comme Libération



III. La France sous lOccupation allemande (1940-1944)

- cette résistance organise clandestinement des mouvements ( tels Franc-Tireur; Combat; Libération) des réseaux de renseignement et d'évasion et des maquis.



Les combats de la résistance contre loccupant nazi et le régime de

Décrire la libération du territoire français et le retour à la république hollandais) vont vers le sud. ex : 2 millions de parisiens en début Juin.



Une histoire des Mouvements Unis de Résistance (de 1941 à l

30 mai 2011 nécessaire. Il s'agira ensuite de décrire le cadre formé par les trois mouvements de résistance Combat Libération Sud et Franc-Tireur



« COMMUNIQUER POUR RÉSISTER (1940-1945) »

11 novembre 1942 : L'armée allemande envahit le Sud de la France des principaux mouvements de Résistance comme Libération Combat



Thème 2 : Effondrement et refondation républicaine

-Libération de la France rétablissement de la République (la IV)



de la Fondation de la Résistance Les femmes dans la Résistance

18 juin 2020 (2) Cf. sa biographie sur le site de la Fondation de la. Résistance. ... mouvement Libération-Sud Lucie Aubrac siège à.



Entretien avec Daniel Cordier » Espoir n°135

https://www.charles-de-gaulle.org/wp-content/uploads/2017/10/Entretien-avec-Daniel-Cordier.pdf



Prévention et dépistage du diabète de type 2 et des maladies liées

Le diabète de type 2 est secondaire soit à une résistance prédominante à demi-vie longue et les formes galéniques à libération prolongée sont contre-.



[PDF] Tâche complexe Libération sud

1 – Lis les documents et tente d'en extraire des informations concernant ce mouvement de résistance 2 – Essaye d'organiser ces informations trouvées par thèmes 



Libération-Sud - Wikipédia

Libération ou Libération-Sud est un mouvement de Résistance de la période 1940-1944 créé dans la zone libre (zone sud) C'est l'un des huit mouvements de 



Décrivez la vie dun mouvement de Résistance Liberation-Sud Merci

La libération Sud est un mouvement clandestin Leur conditions de vie sont horribles Ils sont obligés de se cacher contre la gestapo =)



[PDF] Page 1 sur 3 Éléments de correction DNB Histoire Géographie

Éléments attendus : Résistance intérieure (FFI) Nom et création du réseau du mouvement ou du maquis (exemples : Libération Sud Francs-Tireurs et Partisans 



[PDF] Une histoire des Mouvements Unis de Résistance (de 1941 à l

30 mai 2011 · nécessaire Il s'agira ensuite de décrire le cadre formé par les trois mouvements de résistance Combat Libération Sud et Franc-Tireur 



ACTIVITE 5 : RACONTER la vie dun mouvement de résistance puis

En guise de tâche finale je RACONTE la vie de Libération-Sud puis DECRIS les principales mesures prises à la Libération Q1 : Où et quand né le mouvement 



[PDF] Les combats de la résistance contre loccupant nazi et le régime de

Expliquer les différents facteurs et formes de résistance durant l'occupation Décrire la libération du territoire français et le retour à la république



[PDF] III La France sous lOccupation allemande (1940-1944)

- cette résistance organise clandestinement des mouvements ( tels Franc-Tireur; Combat; Libération) des réseaux de renseignement et d'évasion et des maquis



Libération-Sud - Vikidia lencyclopédie des 8-13 ans

Dès septembre il organisa un premier mouvement de résistance intérieure Libération-Sud rejoint les Mouvements unis de la Résistance aux côtés de 

  • Quelles sont les formes de la Résistance du mouvement Libération du Sud ?

    À la « propagande-diffusion » du journal s'agrège progressivement d'autres secteurs d'activité : le service des faux-papiers, le service social et le service de « l'action politique », dont le responsable est en fait le numéro 2 du mouvement.
  • Quel est le but du mouvement Libération-sud ?

    Le but de cette organisation nouvelle est d'accroître l'efficacité notamment dans les domaines de l'action politique insurrectionnelle, de la prise de pouvoir et des actions de masse, en dépassant les moyens nécessairement limités de chacun des trois mouvements et ceci dans un contexte d'envahissement de la zone sud (
  • Quelles sont les différentes missions du mouvement Libération ?

    Son aspiration politique est double : créer un « grand parti » progressiste de la Résistance et contenir la poussée du Parti communiste et de son mouvement-relais, le Front national.
  • Lucie Bernard, plus connue sous le nom de Lucie Aubrac (1912 – 2007), est une cél?re résistante fran?ise. Parmi de nombreuses actions de résistance, elle a notamment fait évader son mari, Raymond Aubrac, et 13 autre résistants.
>G A/, i2H@yy8Ne833 ?iiTb,ffi?2b2bX?HXb+B2M+2fi2H@yy8Ne833 am#KBii2/ QM jy Jv kyRR

MmGBb KmHiB@/Bb+BTHBM`v QT2M ++2bb

`+?Bp2 7Q` i?2 /2TQbBi M/ /Bbb2KBMiBQM Q7 b+B@

2MiB}+ `2b2`+? /Q+mK2Mib- r?2i?2` i?2v `2 Tm#@

HBb?2/ Q` MQiX h?2 /Q+mK2Mib Kv +QK2 7`QK

i2+?BM; M/ `2b2`+? BMbiBimiBQMb BM 6`M+2 Q` #`Q/- Q` 7`QK Tm#HB+ Q` T`Bpi2 `2b2`+? +2Mi2`bX /2biBMû2 m /ûT¬i 2i ¨ H /BzmbBQM /2 /Q+mK2Mib b+B2MiB}[m2b /2 MBp2m `2+?2`+?2- Tm#HBûb Qm MQM-

Tm#HB+b Qm T`BpûbX

lM2 ?BbiQB`2 /2b JQmp2K2Mib lMBb /2 _ûbBbiM+2 U/2 xûà5I3 oJ-i hQ +Bi2 i?Bb p2`bBQM, UNIVERSITÉ DE FRANCHE-COMTÉÉCOLE DOCTORALE LANGAGES, ESPACES, TEMPS, SOCIÉTÉS Thèse en vue de l'obtention du titre de docteur en histoire

Une histoire des Mouvements Unis de Résistance(de 1941 à l'après-guerre)Essai sur l'expérience de la Résistance et l'identité résistante

Présentée et soutenue publiquement par

Cécile VAST

Le 10 novembre 2008

Sous la direction de Monsieur le Professeur François MARCOT

Membres du Jury :

Laurent DOUZOU, Professeur à l'Institut d'Études Politiques de LyonJean-Marie GUILLON, Professeur à l'Université de Provence

Harry Roderick KEDWARD, Professeur émérite à l'Université du Sussex, Royaume-UniPierre LABORIE, Directeur d'Études à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales, ParisFrançois MARCOT, Professeur émérite à l'Université de Franche-Comté1

INTRODUCTION

"La cendre des illusions et des espoirs"1... ces mots un peu désenchantés, écrits par Alban Vistel pour évoquer la cérémonie de transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon, pourraient illustrer le destin d'une certaine mémoire de la Résistance depuis 1964. Celle d'une Résistance toute entière concentrée dans cette figure gaullienne devenue avec le temps symbolique, et dont seuls demeurent le sentiment de la dette ou celui de l'inéluctable éloignement, de l'étrangeté, de l'indifférence. En 1964 l'influence de personnalités issues de la Résistance dans les institutions et les lieux de pouvoir tendrait pourtant à nuancer le constat mélancolique. Mais cette forte présence politique cache peut-être mal la dilution de ce que fut la Résistance dans son témoignage, son invention et sa complexité.

La Résistance aujourd'hui

Plus de quarante ans après le phénomène s'est amplifié, et ce qui subsiste de l'image de la Résistance se superpose en partie aux traits du visage de Jean Moulin2. Pour le reste, la disparition du personnel politique forgé par l'expérience de la Résistance et la non-centralité de l'événement dans la mémoire de la Seconde Guerre mondiale et de l'Occupation3, finissent par estomper le souvenir de la Résistance. Seuls l'intérêt que l'on porte encore à ses morts et à quelques-unes de ses valeurs semblent la préserver de l'effacement. À y regarder de plus près la situation est à la fois plus complexe et plus paradoxale. Aujourd'hui encore la Résistance est érigée en modèle édifiant, et l'on invoque régulièrement ce que l'on croit être son héritage pour justifier une action ou une décision politique. Mais certaines erreurs sur l'identité "résistante" supposée de personnages dont on souhaite célébrer l'engagement4, révèle en fait, au-delà d'une certaine indigence culturelle, une profonde méconnaissance de l'événement. Réduite à divers usages politiques

1 Voir l'épigraphe.2 Deux téléfilms entièrement consacrés à Jean Moulin ont été successivement diffusés sur les

deux grandes chaînes françaises en première partie de soirée, "Jean Moulin" d'Yves Boisset en

2002 et "Jean Moulin, une affaire française" de Pierre Aknine en 2003. Sans oublier l'apparition

assez spectaculaire d'un Jean Moulin à chapeau sombre et écharpe blanche campé par un Patrice

Chéreau hiératique dans le film "Lucie Aubrac" de Claude Berri (1997).3 Mémoire collective très largement structurée aujourd'hui par le génocide des juifs, et le régime

de Vichy.4 Et nous pensons ici particulièrement à Guy Môquet.2 ou aux visions très schématiques et caricaturales véhiculées dans les médias5,

écartelée parfois aussi entre des mémoires éclatées et déchirées, qu'il s'agisse

des divisions politiques ou de celles qui animent encore certaines histoires locales, l'image de la Résistance demeure confuse et brouillée. D'autant que l'analyse communément admise sur son rôle et sa portée dans l'histoire du pays recoupe le plus souvent les interprétations convenues sur l'attitude des Français sous l'Occupation ; leur attentisme, leur indétermination et leurs atermoiements n'auraient cédé en faveur de la Résistance que dans les tout derniers moments de l'été 19446. C'est à se demander comment, dans un tel isolement, et malgré le sacrifice des siens, la Résistance a pu survivre aussi longtemps ? Cette conception partielle, compartimentée7 et écrasée du phénomène, qui s'émancipe un peu trop du contexte, soutient les opinions et les jugements rapides et renvoie à une vision sombre, culpabilisante et culpabilisatrice de la France des années noires. On s'éloigne ici très nettement de l'histoire8. Pourtant, en ce qui concerne la Résistance, le champ historique est depuis longtemps largement défriché - et il serait pour notre part bien présomptueux de prétendre tout découvrir avec un regard entièrement neuf. Depuis une trentaine d'années en effet, de nombreux travaux ont essayé de renouveler l'histoire de la Résistance. Ils ont tenté de redonner au temps son épaisseur et ses variations, situant l'événement dans le contexte d'une défaite et d'une occupation parfois oubliées ou déniées, insistant aussi sur son caractère multiforme. C'est dans ce courant historiographique que voudrait s'inscrire notre propre recherche ; elle s'appuie sur les résultats des études consacrées aux grandes organisations de Résistance, à ses acteurs et aux formes d'actions, et dont les principales conclusions ont été exposées et publiées dans un ensemble de six colloques ayant pour thème central "La

5 Il y aurait toute une étude à faire sur le rôle joué par les médias - et tout spécialement la

télévision - dans la construction de cette image d'une Résistance forcément jeune, avec toute la

panoplie fantasmée du parfait maquisard : béret, paletot en cuir et mitraillette sten...6 Dans un livre récemment publié sur l'engagement résistant, on peut encore lire au sujet de la

résistance de Jean Gosset et de Jean Cavaillès : "à un moment où la majorité de leurs

concitoyens refusaient de choisir", Fabienne Fédérini, Écrire ou combattre. Des intellectuels

prennent les armes (1942-1944), op. cit., p. 278. Propos inlassablement répétés d'une

affirmation qui semble définitivement aller de soi.7 Qu'il s'agisse de Jean Cavaillès ou d'un autre, le passage à l'action peut difficilement se réduire

à la seule "résistance armée". On le verra, pour les réseaux et plus encore pour les mouvements,

les frontières entre les diverses formes d'engagement sont souvent extrêmement poreuses.8 Pierre Laborie apporte sur cette "amnésie sélective" - celle du traumatisme de la défaite et de

l'occupation - les éclairages suivants : "Aujourd'hui, la mémoire ne s'attarde pas sur

l'effondrement de juin 1940, moins encore sur la décomposition de la nation et la liquéfaction de

trop de ses élites. Avec des raisons contraires, des intérêts convergent pour gommer l'événement

traumatique et pour le ramener à la seule dimension d'une bataille perdue. Ces encouragements

implicites à l'amnésie sélective ouvrent grand la porte aux approches idéologiques. En minorant

l'onde de choc de l'écroulement, et la gravité de la crise d'identité nationale qu'il révèle, on se

condamne à ne pas comprendre ce qui va suivre", Les mots de 39-45, op. cit., p. 58.3 Résistance et les Français"9, puis dans le Dictionnaire historique de la Résistance10. Elle suit également les pistes ouvertes par d'importantes monographies, qu'elles portent sur des mouvements et des journaux clandestins comme Défense de la France, Libération Sud, Libération Nord, Franc-Tireur11, sans oublier l'étude pionnière d'Alban Vistel sur les Mouvements Unis de la Résistance, ou qu'elles concernent des régions et des départements (le Var, la Franche-Comté, la Bretagne, le Lot, le Nord-Pas-de- Calais, etc...12), des institutions comme le CNR13 ou des biographies de résistants (Pierre Brossolette14, Henri Frenay15, Jean Moulin16). Toutes abordent, à des degrés divers, la question de l'origine et du sens de l'engagement résistant, celle de la spécificité du vécu clandestin et de la relation singulière au monde qu'il génère, celle enfin de l'intensité d'une période "à la fois si dense et si brève"17.

9 Organisés successivement de 1993 à 1997 dans les villes de : Toulouse (Jean-Marie Guillon et

Pierre Laborie), Rennes (Jacqueline Sainclivier et Christian Bougeard), Bruxelles (José

Gotovitch et Robert Frank), Besançon (Janine Ponty, Marcel Vigreux, François Marcot et Serge Wolikow), Cachan (Laurent Douzou, Denis Peschanski, Robert Frank, Henri Rousso et Dominique Veillon) et Aix-en-Provence (Jean-Marie Guillon et Robert Mencherini). Cf. Les Cahiers de l'IHTP n° 37 (décembre 1997) : " La Résistance et les Français. Nouvelles approches et Antoine Prost [dir.], La Résistance, une histoire sociale, Paris, Ed. de l'Atelier,

1997.10 Publié en 2006 sous la direction de François Marcot.11 Respectivement étudiés par Olivier Wieviorka, Laurent Douzou, Alya Aglan, Dominique

Veillon.12 Jean-Marie Guillon, François Marcot, Jacqueline Sainclivier et Christian Bougeard, Pierre

Laborie, Yves Le Maner.13 Claire Andrieu14 Guillaume Piketty15 Robert Belot16 Daniel Cordier et Jean-Pierre Azéma17 Laurent Douzou, La Désobéissance, Odile Jacob, 1995, p. 21.4

Un contexte à retrouver

La remarque pourrait ressembler à une évidence ; pour saisir sa complexité et son éventuelle singularité tout fait doit être replacé dans son contexte. Trois traits majeurs dominent celui des années 1940-1944 en France : le traumatisme de la défaite et de l'effondrement18, le poids d'une occupation allemande qui ne cesse de s'aggraver19, un attachement à la France très fortement ancré dans les esprits. Ils déterminent pour une grande part les comportements de ceux qui vivent ou subissent cette situation. On ne peut pas en comprendre le sens si l'on fait l'impasse sur les conditions d'humiliation et "d'écrasement psycho-physique"20 dans lesquelles les Français se trouvent plongés après l'été 1940. Parmi d'autres Jacques Maritain a décrit dans son témoignage écrit et publié aux Etats-Unis en 1941, À travers le désastre, l'état de stupeur qui a saisi la France : "Pour essayer de comprendre les conditions psychologiques dans lesquelles les chefs militaires suprêmes de la France, après avoir provoqué la chute du cabinet Reynaud, décidèrent de demander un armistice à l'envahisseur, il faut se représenter tout d'abord : 1° que l'armée était en pleine déroute ; 2° que le pays, plongé du jour au lendemain dans la stupéfaction d'un désastre écrasant, submergé par les flots de réfugiés que les avions allemands mitraillaient sur les routes, complètement désorganisé et sans aucun moyen de défense contre la destruction qui menaçait villes et villages, se trouvait dans l'état d'un homme qu'un coup de massue sur la tête a abattu ; toutes les défenses psychologiques étaient annihilées."21 Le traumatisme est étroitement lié à de profonds sentiments patriotiques ; pour tous, la défaite meurtrit et ravive à la fois un patriotisme

18 Le "plus atroce effondrement" de l'histoire de France, pour reprendre les mots connus de Marc

Bloch, L'étrange défaite. Témoignage écrit en 1940, op. cit., p. 29.19 Pour avoir un ordre de grandeur de la présence militaire et policière allemande : fin 1941, les

seules troupes de sécurité et de maintien de l'ordre représentaient 100000 hommes, et 200000 en

1943. Il faut y ajouter les troupes d'opérations qui comptaient en 1942-1943 400000 hommes,

effectifs qui atteignent au début de 1944 environ 1 million d'hommes. Voir à ce sujet, Jean Quellien, Opinions et comportements politiques dans le Calvados sous l'occupation allemande,

op. cit., pp. 18-19 et p. 389, Philippe Burrin, La France à l'heure allemande, op. cit. ainsi que le

bilan établi par Pierre Laborie, "1944 : les logiques de répression de Vichy" in La répression en

France à l'été 1944. Actes du colloque organisé par la Fondation de la Résistance et la Ville de

Saint-Amand-Montrond, 8 juin 2005, Les Éditions électroniques de la Fondation, juin 2007 : "Il

faut en particulier insister sur le renforcement de l'appareil d'occupation allemand, considérable

depuis la fin de 1943. Sur les 60 divisions qui tiennent le front Ouest, près de 50 se trouvent en

France, en majorité dans les zones littorales. Plus de trente d'entre elles (31 ou 33 selon les sources) stationnent du sud de la Bretagne à la frontière belge, plus de 16 au sud d'une ligne

Nantes-Genève, dont douze réparties entre les régions côtières du sud-ouest et du sud-est." Une

division comporte environ 18000 hommes.20 Jacques Maritain, À travers le désastre, op. cit., p. 49.21 Jacques Maritain, À travers le désastre, op. cit., p 41.5

viscéral et naturel vécu dans cette première moitié du XX° siècle comme une évidence. Il fonde pour certains une foi indéfectible dans les ressources et les capacités de révolte d'une France qui demeure. C'est l'image qu'en a conservée Fernand Braudel lorsqu'il s'attarde quelques instants dans les années 1980 sur ce qu'était selon lui l'identité de la France en 1940 : "Ainsi me suis-je, comme beaucoup d'autres, heurté à ces questions en cet été 40 qui, par une ironie du sort, fut somptueux, éclatant de soleil, de fleurs, de joie de vivre... Nous, les vaincus, sur le chemin injuste d'une captivité ouverte d'un seul coup, nous étions la France perdue, comme la poussière que le vent arrache à un tas de sable. La vraie France, la France en réserve, la France profonde restait derrière nous, elle survivait, elle a survécu."22 Avec la défaite, cette vision de la France est d'ailleurs largement partagée, qu'elles qu'aient pu être au cours de l'année 1940 les premières orientations politiques, maréchalistes, pétainistes, vichystes, résistantes ou autres. On la retrouve ainsi chez Jacques Chardonne qui évoque cette même idée de la survivance : "L'esprit de la France est en sûreté. Elle avait, voilà trois cents ans, un visage déjà bien dessiné, une langue achevée, une société, une littérature, plusieurs royautés très éclatantes ; ces choses ont duré presque sans interruption et elles demeurent non seulement dans l'art de certains, mais, comme il convient à toute distinction vraie, dans la chair même du pays, la texture de son menu peuple."23 Si chacun éprouve l'effondrement et la catastrophe, ce sentiment commun donne lieu en revanche à des interprétations et des appropriations différentes, parfois complètement divergentes. Tout un spectre de réactions se dessine, qui va de l'abattement et du désespoir24, de l'expectative à l'attente25, de l'acceptation et de la résignation26 - auxquelles il conviendrait d'ajouter aussi les justifications idéologiques - , au refus et à la révolte. Cette même idée d'une France qui demeure fonde des engagements radicalement opposés. Ils reposent sur des lectures contraires de la défaite et de l'armistice - tantôt acceptés comme inéluctables, tantôt dénoncés comme une trahison. "J'appartiens, affirme Jacques Maritain, à un peuple en qui l'espérance temporelle est si profondément enracinée qu'elle lui semble consubstantielle. Comme je l'écrivais en juin 1940 [...] la France croit d'une manière

22 Fernand Braudel, L'identité de la France, op. cit., p. 18. Fernand Braudel a été prisonnier de

guerre en Allemagne de 1940 à 1945.23 Jacques Chardonne, Chronique privée de l'an 1940, op. cit., p. 135.24 "Lettre à un désespéré pour qu'il espère" est le premier titre donné au texte clandestin publié en

1943 par François Mauriac sous le nom de Cahier noir.25 "Tous les Français ont l'air d'émigrants... Vie désespérante et silencieuse que la France tout

entière supporte dans l'attente", raconte Albert Camus dans ses carnets de note en 1942,

observant les voyageurs dans un train pour Saint-Étienne. Essais, op. cit., p. 1459.26 C'est, par exemple, la voie empruntée par Jacques Chardonne.6

indéracinable à sa vocation, et il est plus facile d'arracher la peau d'un

Français que de lui arrachez cette foi."27

"La revanche de ce qui demeure sur ce qui passe" (André Chamson,

Écrit en 1940)

C'est en partie sur cette conviction-là, celle de la foi et de l'espérance, que se forge peu à peu une réponse à l'effondrement, aux humiliations et à la crise d'identité d'un pays défait. La première résistance puise à la fois dans le rejet de l'abandon, dans une volonté de présence et de permanence. Les témoignages de cet état d'esprit - qu'il convient de ne pas confondre avec l'action résistante proprement dite - se multiplient dans ces premiers temps de l'Occupation. "Je ne veux plus vivre, écrit en 1940 André Chamson, que pour ce jour, lointain ou proche, marqué par le courage ou par le destin, qui apportera la revanche de ce qui demeure sur ce qui passe. Heureux si nous avons pu faire quelque chose pour le hâter... C'est le peuple de France qui reste maître de son avenir."28 Jean Guéhenno ne dit pas autre chose lorsqu'il reproduit dans une page de son journal, le 5 juillet 1940, le projet d'un article prévu pour paraître le même mois dans le journal socialiste Marianne. Il y préconise une attitude de "fierté" et commente : "Marianne me demande un article où je définirais ce que peut être la reconstruction de la France. Je crains que ce ne soit mon dernier papier d'homme libre. Le voici : LA FRANCE QU'ON N'ENVAHIT PAS [...] Tout écrit, toute parole d'un Français à tous les autres Français me semble devoir être aujourd'hui d'abord un signe de fraternité et devoir dire ensuite à chacun : "Sois fier, qui que tu sois, mon camarade, mon frère. Tout cela n'est arrivé que parce que nous n'étions pas assez fiers. Sois fier. Tu ne seras pas, tu n'es pas vaincu"."29 On retrouve cette même projection dans l'avenir mêlée à l'affirmation d'une continuité dans Le Cahier noir de François Mauriac : "Je vous en supplie de les croire si vous ne m'en croyez pas : ces Français au service de l'Allemagne... (non, ce n'est pas assez dire : au service des passions inhumaines de l'Allemagne nazie) ces Français ne s'acharnaient pas contre un fantôme, mais contre cette part de nous-mêmes qui proteste, résiste, contre cette âme affaiblie certes, profanée, souillée, mais vivante et c'est là le tout. [...] C'est à nourrir cette flamme que je vous convie. [...] Nous n'avons rien d'autre à faire qu'à redevenir nous-mêmes le plus vite possible."30 La première résistance s'enracine dans ce traumatisme prégnant et pesant, et jusqu'à la Libération la Résistance n'oubliera pas de rappeler qu'elle

27 Jacques Maritain, À travers le désastre, op. cit. p. 91.28 Écrit en 1940, op. cit. Cité par Henri Michel, Les courants de pensée de la Résistance, op. cit.29 Jean Guéhenno, Journal des années noires, op. cit., p. 2030 François Mauriac, Le cahier noir, op. cit., p. 61-627

est née autant du refus de l'humiliation que de cette volonté d'être, malgré tout. Dans la clandestinité, des textes vont souligner le caractère singulier de cette expérience nouvelle et inédite de la Résistance. Des mots, inventés dans l'immédiat de l'action, traduisent une part de cette singularité. L'une des expressions les plus employées évoque ainsi "l'esprit de la Résistance" ; présente dans les premiers tracts diffusés en 194031, la formule est par la suite largement reprise. Après-guerre la réflexion sur la signification éthique de la Résistance inspire un certain nombre de reconstitutions historiques ou d'essais. Cette dimension reste cependant le plus souvent intuitive, enfouie sous l'objet de la recherche - comme peuvent l'être dans la collection "Esprit de la Résistance" les études consacrées à un réseau, un journal clandestin, un mouvement ou une sensibilité politique32. Par ailleurs, les acquis récents de l'historiographie ont démontré la nature multiforme de la Résistance. Elle relève d'un processus qui se modèle au contact d'une réalité changeante et en fonction des événements de l'Occupation33. La Résistance suppose des formes particulières d'engagement et un vécu différents de ceux de phénomènes comparables de révolte ou de refus. Récemment, de nouvelles pistes de réflexion - en particulier à propos du caractère singulier de la mort et du rapport à la mort chez les résistants34 - , offrent de solides perspectives de recherche.

Questions à la Résistance

Pourquoi dès les premiers temps de l'Occupation certains résistants cherchent-ils à exprimer, à nommer ou à définir la nature autre de leur

31 "Considérez-vous toujours comme mobilisés, et répandez autour de vous cet esprit de

résistance passive, la seule qui nous reste, pour que l'Allemand comprenne que si des traîtres ont livré la France, il reste encore de vrais Français", proclame le journal clandestin En

Captivité, le 24 novembre 1940. Nous soulignons.32 Dans sa thèse parue en 1962, Les courants de pensée de la Résistance, Henri Michel expose

l'idée suivante : "Les Résistants, opérant un retour sur eux-mêmes, se sont souvent étonnés,

parfois émerveillés, d'exister. Comment tout cela était-il possible ? Hier, ils n'étaient rien, ou du

moins ils étaient différents ; aujourd'hui ils sont des soldats, d'un genre inédit. [...]

S'inquiétant de leur destinée, essayant de dégager les buts de leur combat, les Résistants

s'efforçaient de trouver un sens à leur épopée et à leur passion, et de se fixer une mission. À

l'origine, comme au terme, ce qui a suscité et maintenu leur action au fil des épreuves, c'est une

mystique", op. cit., p. 426.33 Pour Jean-Marie Guillon, "la Résistance est une construction permanente" in La Résistance

dans le Var, thèse d'État, 1989, "Avant-propos", p. III-IV.34 Développés par Pierre Laborie qui s'interroge : "En quoi le rapport à la mort y est-il singulier,

en quoi et jusqu'où cette singularité fait-elle de la Résistance, comme événement, un objet

d'histoire aux caractéristiques spécifiques ?". Article "Mort" in François Marcot [dir.],

Dictionnaire historique de la Résistance, op. cit., p. 956.8 engagement ? Parmi un ensemble de réponses possibles on peut émettre l'hypothèse que l'expérience de la Résistance crée le sentiment d'une identité propre. L'idée renvoie à un questionnement plus large sur la spécificité du phénomène résistant et sur les catégories et les critères habituellement utilisés pour le comprendre. Si la recherche du sens de l'expérience de la Résistance traverse la plupart des livres d'histoire, des mémoires et des témoignages qui lui sont consacrée, seuls quelques écrits (Jean Cassou, André Malraux, Philippe Viannay, Albert Camus, Alban Vistel35), des fictions ou des films parfois (comme L'Armée des ombres) parviennent à rendre sensible cette dimension autre, à dire et tenter d'expliquer la "profonde part de secret, de sacré", pour reprendre les mots de Claude Mauriac36. Celle-ci n'est pourtant pas insaisissable ; il appartient aux historiens d'en décrire le contenu et d'en comprendre la signification, en essayant d'échapper à une fascination paralysante. Il ne s'agit pas ici de désacraliser la Résistance, mais accepter l'idée que son appréhension passe par une réflexion sur les modes d'appropriation de cette expérience - y compris à travers sa dimension légendaire37. Suivre la construction d'un sentiment d'identité suppose de déplacer le regard de l'extérieur vers l'intérieur, de glisser d'une histoire institutionnelle et structurelle de la Résistance à celle de son expérience. Cette approche oblige à définir une démarche d'analyse, à construire des outils conceptuels et à délimiter un cadre adapté à l'objet d'étude. Elle amène également à explorer des questionnements plus larges qui recoupent les problématiques spécifiques à l'histoire des années 1940 et de l'Occupation allemande en France ou à celle des guerres et des conflits du vingtième siècle38. Les questions portent en particulier sur la définition de l'action résistante : quelle part respective donner au sens et aux intentions, à l'agir et aux faits, aux effets et au champ de la réception, aux formes d'appropriation ou aux niveaux de conscience ? Elles devront s'interroger sur le rapport à la

35 Alban Vistel, chef régional dans la clandestinité des MUR de la région de Lyon, a rédigé en

1952 pour la revue Esprit un article à bien des égards fondateurs, "Fondements spirituels de la

Résistance". Il y définit ainsi "l'esprit de la Résistance" : "Il est certain que, vue de l'extérieur, et

quotesdbs_dbs43.pdfusesText_43
[PDF] cours capes maths

[PDF] structure de la rétine 1ere s

[PDF] histoire des relations publiques pdf

[PDF] qu'est ce que les relations publiques pdf

[PDF] les relations publiques en entreprise pdf

[PDF] les outils de relation publique pdf

[PDF] cours de relation publique

[PDF] cours complet des relations publiques pdf

[PDF] ameliorer une relation publique avec des exemple

[PDF] cours de sociologie des organisations gratuit

[PDF] theorie des organisations cours

[PDF] sociologie des organisations résumé

[PDF] cours de sociologie des organisations gratuit pdf

[PDF] approche sociologique des organisations cours

[PDF] sociologie des organisations crozier