[PDF] Anthropologie des relations de lHomme à la Nature





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Nature et culture

En Belgique le cheval de trait



Impact de lHomme sur les milieux naturels: perceptions et mesures

22?/03?/2016 ... gestion pour quelle nature? Jusqu'au siècle dernier évoquer les relations entre l'homme et ... rement qualifiés de patrimoine naturel.



Déclaration de Fuzhou

commun intégrée à la protection du patrimoine culturel et naturel afin de en incarnant différentes formes de valeurs humaines et de créativité



les relations Homme-Nature

Le Parc naturel régional Scarpe-Escaut premier PNR de. France



LA LOI

01?/08?/2016 une nouvelle harmonie entre la nature et les humains. ... les relations tissées entre ... Valoriser notre patrimoine naturel .



PATRIMOINE

Le patrimoine culturel et naturel subaquatique : désigne « toutes les traces d'existence humaine présentant un caractère culturel historique ou 



propositions déléments de travail éventuels sur les liens existant

20?/11?/2019 culturelle ainsi que le patrimoine naturel



CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET BIODIVERSITÉ

liée aux activités humaines le changement clima- Relations Homme Nature ... Service du Patrimoine Naturel



Anthropologie des relations de lHomme à la Nature

permanente sur notre condition humaine et notre relation avec la nature notre préservation du « patrimoine naturel » et la gestion des espaces protégés.



Géomorphologie et gestion du patrimoine naturel : la mémoire de la

analyser les relations relief - milieu naturel; pour les societes humaines (martini 1994). ... compte du degre de sollicitation humaine pour chaque.

Anthropologie des relations de lHomme à la Nature P. Baudot, D. Bley, B.!Brun, H. Pagezy, N. Vernazza-Licht

ImpactImpact

de de l'homme l'homme sur les sur les milieux milieux naturels naturels

Editeurs scientifiques

Editions de Bergier

Perceptions et Mesures

COUVERTURE ROUGE:COUVERTURE ROUGE 26/08/09 14:59 Page1

Travaux de la Société d'Écologie Humaine

Pavillon de Lenfant, 346 route des Alpes

13100 Aix-en-Provence

Directeur de la Publication : Nicole Vernazza-Licht

Déjà paru:

L'homme et le lac 1995

À paraître:

Urbanisation et environnement dans les pays en développement 1997

L'homme et la lagune 1998

Cet ouvrage est issu, pour l'essentiel, des travaux présentés aux 7 e journées scientifiques de la S.E.H. qui se sont déroulées à Aix- en-Provence les 19 et 20 mai 1995. Il a bénéficié du soutien financier de l'Observatoire du Littoral

Nord-Pas-de-Calais.

Dépôt légal : 2etrimestre 1997

ISBN : 2-9507852-7-1

Tous droits réservés pour tous pays

© Editions de Bergier

476 chemin de Bergier 06740 Châteauneuf de Grasse

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2

IMPACT DE L'HOMME

SUR LES MILIEUX

NATURELS

Perceptions et Mesures

Éditeurs scientifiques

Patrick Baudot, Daniel Bley, Bernard Brun,

Hélène Pagezy, Nicole Vernazza-Licht

1996

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SOMMAIRE

______

Patrick BAUDOT, Daniel BLEY, Bernard BRUN,

Hélène PAGEZY, Nicole VERNAZZA-LICHT

L'impact de l'homme sur le milieu:

quelle gestion pour quelle nature? Définitions et représentations de l'anthropisation

Bernard BRUN

L'impact de l'homme sur la nature: évolution du vocabulaire

Georges ROSSI

Notre environnement: essai sur la géographie et l'écologie

Gilles BONIN et René LOISEL

Anthropisation et analyse écologique en milieu méditerranéen

Marie-Dominique RIBEREAU-GAYON

Entendre, voir, sentir, aménager: les Landes de Gascogne

Floréal JIMENEZ

Barrages contre la nature. Lecture cinématographique d'une valorisation et d'une dévalorisation de l'action de l'homme sur la nature La dynamique de l'anthropisation: études de cas Christophe MORHANGE, Antoinette HESNARD, Marc BOUIRON

5000 ans de dégradation du milieu naturel sur les rives du

Lacydon de Marseille

Bernard PICON

De l'homme à la nature: l'exemple du Delta du Rhône - 5- p.13 p.23 p.45 p.55 p.69 p.83 p.105

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Claude SIMONE

Essaouira: naissance d'une ville et impact de ses activités sur le milieu

Michel PICOUET

Croissance démographique et anthropisation dans la Tunisie rurale contemporaine

Jean-Claude NGUINGUIRI et Esther KATZ

Perception de l'impact de l'homme sur les ressources naturelles chez les Vili du Congo

Problèmes et politiques de gestion des milieux

Jean-Louis VASSALLUCCI

Le suivi de l'impact des actions anthropiques sur le littoral de la Manche Orientale

Jean-Paul PASCAL

Politiques des milieux et milieu des politiques. Histoire d'antagonismes

Capucine CROSNIER

"Administrer la nature». Enjeux biologiques et sociaux dans le Parc National des Cévennes

Franck CEZILLY et Jean-Paul TARIS

L'importance écologique des milieux artificiels: le cas des oiseaux d'eau coloniaux - 6- p.115 p.127 p.143 p.155 p.171 p.179 p.199

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L'impact de l'homme sur le milieu:

quelle gestion pour quelle nature? Jusqu'au siècle dernier, évoquer les relations entre l'homme et son environnement, c'était d'abord imaginer des populations humaines confrontées aux diverses contraintes de la nature sauvage. S'adapter consistait d'abord à apprendre à vaincre le froid ou l'aridité, à tirer profit des ressources de la forêt ou de la mer, dans un deuxième temps seulement à développer celles de l'agriculture. L'omniprésence de la référence à la nature s'est accentuée avec le souci de protection des sites d'abord, de la nature en tant que système vivant ensuite. De la nature ennemie, on est passé à l'homme ennemi de la nature, jusqu'au moment récent où la réflexion de sociologues et de philosophes a mis en question le concept même de nature à l'état pur: l'homme n'a-t-il pas imprimé sa marque sur tous les écosystèmes depuis la nuit des temps, allant jusqu'à modifier la composition de l'atmosphère, et se révélant potentiellement capable de bouleverser les climats? Nul ne doute cependant que l'espace d'un alpage dans un parc national ou les étendues non défrichées de la forêt amazonienne soient beaucoup plus proches de ce qui a pu être la nature sans l'homme qu'un champ cultivé ou une agglomération moderne: les concepts d'anthropisation visent à exprimer de telles différences. Il nous est vite apparu que si le concept d'anthropisation avait l'immense avantage de gommer des clivages artificiels, il ne recevait pas la même acception de tous. L'impact des activités humaines sur les milieux naturels ne peut en effet pas être évaluéà partir des mêmes critères par l'agronome, l'économiste, l'écologue, le géographe, le juriste, l'anthropologue, le sociologue,... et par les différents groupes d'acteurs et d'utilisateurs. Le présent ouvrage tente de rendre compte de cette pluralité à travers le thème "Impact de l'homme sur les milieux naturels - perceptions et mesures». Notre objectif n'était pas une impossible - 7-

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7 recension exhaustive, mais une confrontation de démarches et de réflexions; leur diversité laisse apparaître des convergences de préoccupationsqui fondent les divisions de l'ouvrage. La première partie traite des "définitions et représentations de l'anthropisation». Elle réunit les points de vue d'un géographe, d'un historien, d'un anthropologue et d'écologues. La démarche de Bernard Brun montre que l'évolution du concept d'anthropisation utilisé par les scientifiques se reflète au niveau du vocabulaire, qui est un révélateur de la pensée d'une époque et en traduit les représentations. Cette évolution du concept d'anthropisation renvoie à l'ambiguïté relative au concept de milieu "naturel», faisant davantage référence à la perception de l'environnement qu'à l'existence de véritables milieux naturels. En effet l'état d'un milieu à un moment donné, est selon le géographeGeorges Rossi, le produit d'une histoire singulière, et son évolution se caractérise par une succession d'états d'équilibre.Le caractère perçu comme destructeur de l'impact de l'homme doit être relativisé dans le temps, les actions d'amé- nagement devenant de simples éléments dans l'évolution des écosystèmes. Afin de mieux comprendre les facteurs découlant des rapports entre l'homme et son environnement (évolution démographique, incitations politiques, réponses sociales, etc.) impliqués dans l'évolution des milieux, Rossi propose une lecture de la dynamique des paysages à partir d'images satellites et de cartographie assistée par ordinateur. À partir de l'exemple méditerranéen, Gilles Bonin et René Loisel repensent les concepts de milieu "naturel» et d'anthro- pisation. En région méditerranéenne, tous les milieux étant à des degrés divers, anthropisés, donc non naturels, ces auteurs proposent de considérer comme naturel tout milieu où les réactions fonctionnelles des écosystèmes ne relèvent pas directement de l'activité de l'homme. Le grand public, quant à lui, a une vision beaucoup moins restrictive des milieux naturels, associant étroitement le concept d'anthropisation au concept moral de dégradation. Comme le degré de "naturalité» dépend de l'activité humaine, les auteurs proposent de le définir par des indicateurs directs et indirects d'anthropisation. - 8-

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8 Marie Dominique Ribéreau-Gayon retrace l'évolution depuis le XII e siècle des représentations d'une région faiblement anthro- pisée, les Landes de Gascogne. Cette région, peu peuplée, s'est vue attribuer selon les époques et en fonction des mouvements de pensée, tous les qualificatifs associés aux côtés répulsifs d'une nature non domestiquée: insalubrité, puanteur, désertifi- cation. Après diverses tentatives d'aménagement de ce "désert» occupé par quelques bergers, les Landes ont été assimilées au XIX e siècle à une "colonie intérieure» et les politiques d'amé- nagement menées autour de l'exploitation du pin. Après une période prospère d'une cinquantaine d'années, la culture du pin a eu pour effet de créer le "vide» humain, industriel et sensoriel qui avait pourtant motivé les grands aménagements du XIX e siècle. Totalement différente est l'approche que propose Floréal Jimenez de l'impact de l'homme sur les milieux naturels à travers l'analyse du contenu de réalisations cinématographiques. Les barrages sont un exemple privilégié de l'un des impacts les plus spectaculaires de l'homme sur la nature. L'image cinématogra- phique propose sans doute la meilleure représentation d'un imaginairemythologique qui tantôt valorise l'aboutissement de la technique la plus moderne, tantôt déplore la destruction d'une nature magnifiée. La seconde partie décrit la dynamique de l'anthropisation à traversdes études de cas, illustrant la diversité des situations et des méthodes d'étude. À partir de fouilles sur le site du vieux Port, le Lacydon, Christophe Morhange, Antoinette Hesnard et Marc Bouiron reconstituent l'histoire de l'occupation du site de Marseille depuis le Néolithique. La première crise de l'environnement littorala lieu au Néolithique final: un envasement progressif et le dépôt anthropique d'huîtres vont arrêter la bio-accumulation de maërl. Il s'agit d'une crise biologique, liée à une occupation du sol limitée à la côte. Quand les Phocéens se sont implantés vers 600 avant J.C, les biocénoses marines originelles de la rive nord du Lacydon étaient fortement dégradées. L'urbanisation successivedes collines de Massalia va ensuite entraîner une crise détritique majeure. Les auteurs montrent ainsi comment l'utilisation de méthodes sédimentologiques permet la reconsti- tution des principales étapes de la colonisation d'un site. - 9-

Impact de l'homme sur les milieux naturels 1996

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9 Bernard Picon explique à propos de la Camargue, considérée souvent par le grand public, comme un milieu naturel, l'ambi- guïté de cette représentation. En effet, l'histoire de la Camargue est relativement récente puisqu'elle n'existait pas il y a 20 000 ans. Ce sont les différentes phases d'exploitation, ou plutôt d'aménagement par l'homme qui ont modelé la Camargue à l'image actuelle. L'image de la nature s'est ici construite sur la base d'une artificialisation du milieu par l'homme: endiguement du delta, drainage des lagunes et mise en place d'un réseau d'irrigationet de pompage. Les milieux dulçaquicoles de la Camargue liés à l'activité agricole, les milieux salés de la Basse Camargue liés à l'activité salinière et les milieux saumâtres de la Réserve Nationale contribuent tous à la biodiversité du delta. Il en résulte que les activités de mise en valeur ne sont pas forcémentun défi à la nature, et peuvent contribuer à modeler des milieux d'une telle richesse biologique qu'ils sont ultérieu- rement qualifiés de patrimoine naturel. Les articles de Claude Simone et Michel Picouet ont en commun de mettre l'accent sur les interférences entre les contraintes écologiques- particulièrement frappantes dans les régions arides - et les conditions socio-démographiques d'exploitation des ressources naturelles ou agro-sylvo-pastorales. C'est très loin en arrière que Claude Simone doit remonter dans le temps pour expliquer les fluctuations de l'environnement aux alentours de la ville marocaine d'Essaouira. Tout un cycle d'actions et de réactions, changeant au fil de l'histoire, s'est instauré entre la ville et son environnement. En schématisant outrancièrement, on pourrait dire que la forêt a créé la ville. qui a détruit la forêt et induit un processus d'ensablement de la ville, malgré la reforestationengagée actuellement. En Tunisie, Michel Picouet montre comment les bouleversements consécutifs à la colonisation et à la modernisation ne peuvent être compris qu'en reconstituant les stratégies familiales d'adaptation. Il souligne une double précarité: des milieux naturels face à la pression anthropique; des sociétés humaines faces aux contraintes du milieu et aux conséquences de sa surexploitation. Jean-Claude Nguinguiri et Ester Katz ont constaté, une fois de plus, l'interaction entre le développement de la ville et l'impact de l'homme sur le milieu naturel. Dans une plaine côtière du - 10-

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10 Congo, ils montrent comment la population résidente tend à intensifier ses activités de pêche et de chasse pour approvisionner la ville de Pointe Noire. Ils examinent également les différences de perception du milieu et des ressources entre populations autochtones et scientifiques. Dans la dernière partie de l'ouvrage, intitulée "problèmes et politiques de gestion des milieux», Jean Louis Vassallucci, ancien responsable de l'Observatoire de l'Environnement Littoral et Marin pour la Région Nord-Pas-de-Calais, enrichit la réflexion à partir de son expérience de gestionnaire. Les problèmes sont nombreux: qualité des eaux, pollution générale, évolution de la pression foncière, évolution du trait de côte, développement du tourisme. Ils témoignent d'une pression anthropique globalement croissante. Les mesures proposées visent partiellement à réduire, au moins localement, cette pression. C'est la multiplicité des problèmes et des procédures qui a entraîné la mise en place d'un organisme unitaire, l'Observatoire de l'Environnement Littoral et Marin. Jean-Paul Pascal apporte le regard d'un gestionnaire, élu local engagé politiquement dans le mouvement "Génération Écolo- gie».À partir de trois exemples (gestion des cours d'eau, de la forêt, des déchets), il souligne les antagonismes de perception entre les différentes catégories d'usagers, de décideurs et d'aménageurs.La diversité des perceptions et des intérêts interdit une gestion purement technicienne au service d'un intérêt général bien défini. Le parc national des Cévennes est le seul parc national français qui n'ait pas contourné les problèmes liés aux implantations humaines permanentes par un découpage ad hoc des espaces protégés. Gestionnaire à la direction du parc, Capucine Crosnier a donc été confrontée au difficile exercice de se fixer un triple objectif de protection de la "nature», de protection des agroéco- systèmes existants et de développement humain. À travers l'his- toire, souvent complexe, de la gestion de cette situation, c'est toute une réflexion sur la finalité de la protection de notre envi- ronnement qu'elle nous propose. Ce n'est pas un hasard si les conclusions de Frank Cézilly et Jean-Paul Taris se recoupent largement avec celles de Bernard Picon: travaillant à la station biologique de la Tour du Valat, au coeur de la Camargue, ils montrent à partir de leur expérience - 11-

Impact de l'homme sur les milieux naturels 1996

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11 locale comme à travers une recension de travaux mondiaux, qu'il n'y a pas d'incompatibilité radicale entre une certaine anthropisation des zones humides et la protection d'oiseaux d'eau emblématiques, comme par exemple le flamant rose. Non seulement des compromis peuvent être trouvés entre les objectifs de protection de la biodiversité et ceux du développement agricoleet industriel, mais des aménagements spécifiques peuventfavoriser des espèces rares. Une fois de plus se retrouve donc posée la question: quelle gestion pour quelle nature?

Patrick Baudot, Daniel Bley, Bernard Brun,

Hélène Pagezy, Nicole Vernazza-Licht

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L'IMPACT DE L'HOMME SUR LA NATURE

EVOLUTION DU VOCABULAIRE

Bernard BRUN*

Un terme d'usage commun, mais d'apparition récente. Depuis quelques années le terme d'anthropisationest utiliséde façon extrêmement courante dans les textes relatifs à l'impact de l'Homme sur les milieux naturels ainsi qu'au sujet du déve- loppement durable. Malgré son étymologie, il ne semble même pas être tenu pour un terme particulièrement barbare ou savant, encore qu'il prête parfois à confusion - je l'ai constaté à plusieursreprises auprès d'étudiants en anthropologie - avec le terme entropie, manifestement du fait que quelques théoriciens (imprudents ou audacieux?), suivant une idée avancée par Georgescu-Roegen (1971), ne craignent pas d'esquisser un parallèle entre les lois de l'évolution biologique, le célèbre second principe de la thermodynamique(qui seul a une relation directe avec le concept d'entropie)...et la dégradation inéluctable du milieu du fait de l'évolution des sociétés humaines. S'il est facile de retrouver la date de création ou tout au moins de premier usage reconnu de termes classiques comme écologie (Haeckel, 1866), biocénose (Moebius, 1877), écosystème (Tansley,

1935), ou d'expressions comme développement durable (UICN,

1980), j'ai échoué à pointer le premier usage d'anthropisation.

Il est absent des grands classiques d'écologie ou de géographiede la première moitié du siècle; on ne trouve même pas l'adjectif anthro- piquedans ces références incontournables que sont le Traité de Géographie Physique de de Martonne et les Principles of Animal - 13- Laboratoire Population-Environnement, Université de Provence/Orstom.,

3 Place V. Hugo 13331 Marseille Cedex 3

Impact de l'homme sur les milieux naturels 1996

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13 Ecology (Allee et al., 1949) et on peut affirmer sans grand risque qu'il n'a pas dû être utiliséavant les années soixante-dix, en tous cas pas utilisé régulièrement. Deux textes datés de 1968, l'un de S. Moscovici, l'autre de G. Bertrandpeuvent servir de repère. Dans son volumineux "Essai sur l'histoire humaine de la nature», S. Moscovici, pour analyser ce qu'il appelle la question naturelle,celle des fondements de l'évolution des pouvoirs de l'homme sur la nature, tout en théorisant l'idée - depuis devenue banalechez les sociologues de l'environnement - qu'il n'existe pas de nature naturelle, a recours à une multitude d'expressionspour décrire ces pouvoirs, leur nature, leurs effets sur la nature, leurs effets en retour. Il procèdetrès souvent en s'appuyant sur des citations d'auteurs, affirmant, entre autres, à travers un texte de Lebrun (1964) que les forces et les processus que l'homme parvient maintenant à maîtrisercommencent à égaler en grandeur et en intensité la nature elle-même, et que la totalité de notre milieu ambiant est à présent soumise à l'influence humaine. On pourrait remarquer cependant que si la perspective qu'il développe englobe la question proprement écologique de la transformation des milieux naturels, elle s'étend au delà, et que ce pourrait être ce qui expliquerait qu'il n'use pas du terme d'anthropisation. Le texte de G. Bertrand, de ce point de vue, est sans doute plus significatif. Il est en effet généralement considéré comme un texte majeur, fondateur des tentatives modernes de synthèse entre les démarches de la géographieet celles de l'écologie. À travers des expressions comme actions anthropiquesou pressionsanthropiques, le qualificatif anthropique apparaît plus de dix fois, mais le substantifanthropisationreste absent. Les dictionnaires français ou anglais que j'ai consultés par sondageà des dates d'édition irrégulièrement espacées témoignentde ce même mouvement: anthropique (ou anthropic) n'apparaît que dans des éditions récentes, et en 1994, anthropi- sation n'était pas encore reconnu dans le petit Larousse. L'apparition de l'adjectif, puis sa substantivation, opérée dans le langage scientifique mais pas encore dans la langue commune, me semblent cristalliser la tendance à l'émergence d'un nouvel objet conceptuel scientifique, témoignant de la reconnaissance - 14-

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14 d'une sorte d'état hybride entre ce que sont, dans l'esprit des chercheurs du moins, les objets naturels de l'écologie d'une part, les productions artificielles de l'homme d'autre part. La dichotomie Homme / Nature sous le regard des

écologueset des géographes.

Sous des formes variées, la dichotomie Homme/Nature est à l'arrière-plan des représentations de tous les chercheurs, comme de celles du public le plus large et l'on peut soutenir qu'elle organiseen référence implicite jusqu'à la pensée de ceux qui théorisent l'immersion de l'homme dans la nature,ou la conti- nuitéanimalité-humanité. Le récent colloque de Paris (octobre

1995) "La culture est-elle naturelle?» témoigne sous un aspect

particulier de la permanence d'une vieille question. La nouveautédans son approche, qu'on l'aborde sous l'angle de l'impact de l'homme sur la nature ou sous celui de l'émergence de la culture me semble résider dans la tendance à l'abandon des grands a priorithéoriques, liés à des choix idéologiques très généraux, au profit d'analyses plus fines.quotesdbs_dbs31.pdfusesText_37
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