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Rapport de recherche
Les rapprochements sexuels
entre professionnels de la santé et clientsRapport de recherche
Les rapprochements sexuels entre
professionnels de la santé et clientsJulie Lassonde, chercheure juridique
Août 2009
Page couverture: Barbara Sala ©1984
Cette recherche a été rendue possible grâce à la participation financière du ministère de la Justice Canada et du ministère de la Justice du Québec. Les opinions exprimées dans le présent rapport sont cel les de l'auteure et ne représentent pas nécessairement celles du ministère de la Justice Canada et du ministère de la Justice du Québec. * Ce texte ne constitue pas une opinion juridique. Pour plus d'informat ion, veuillez consulter une avocate ou un avocat. Les rapprochements sexuels entre professionnels de la santé et clients - Rapport de recherche -Préparé par
Julie Lassonde, chercheure juridique
Pour l'Association québécoise Plaidoyer-VictimesAoût 2009
* Ce texte ne constitue pas une opinion juridique. Pour plus d'information, veuillez consulter une avocate ou un avocat. - 1 -Table des matières
Le choix du genre dans la rédaction de documents............................................................6
1. Inconduite sexuelle commise par les professionnels de la santé: le cadre juridique....10
Le droit administratif........................................................................ ................................12Survol des obligations déontologiques des professionnels de la santé.........................12
La notion de " relation professionnelle »..................................................................15
La notion de " services fournis »........................................................................
......16 La notion d'abus........................................................................ ...............................17Résumé des obligations déontologiques...................................................................17
La reconnaissance du problème et la protection du public...........................................18
Les plaintes auprès d'un ordre professionnel................................................................21
La plainte auprès du syndic d'un ordre professionnel..............................................21
La plainte privée........................................................................ ...............................22 Principes généraux concernant les plaintes auprès d'ordres professionnels.............23La plainte auprès d'une association professionnelle.....................................................24
Le droit criminel........................................................................La notion d'agression sexuelle........................................................................
..............28La difficulté d'établir la preuve de l'agression sexuelle...............................................33
Les peines prévues par le droit criminel.......................................................................36
Le droit criminel du point de vue de la victime............................................................37
Les indemnisations disponibles sous le régime du droit criminel................................37Le droit de la responsabilité civile........................................................................
............39 La faute........................................................................ Le préjudice........................................................................Le lien direct entre la faute et le préjudice....................................................................41
Les règlements hors cour........................................................................ ..........................45 Le plea bargaining........................................................................ .................................46Le respect des victimes lors des procédures criminelles..............................................49
2. Prévention et sensibilisation........................................................................
.................52 Démarches d'information, de sensibilisation et de formation de l'AQPV...................52Les Cahiers de PV- Antenne sur la victimologie......................................................53
Diffusion du guide et du dépliant d'information......................................................53
La formation........................................................................ ......................................54 Démarches de réseautage informelles de l'auteure du rapport de recherche................54 Les observations recueillies........................................................................ ..............55Quelques notes sur les méthodes de consultation...................................................588
Les niveaux d'intervention........................................................................ ...............58Les conflits d'intérêts........................................................................
........................593. Recommandations........................................................................
.................................60 - 2 - Annexe I........................................................................ Analyse des décisions du Comité de discipline de l'Ordre des psychologues du Québec etappels correspondants au Tribunal des professions..........................................................71
Remarques générales........................................................................ ............................71Analyse thématique des décisions........................................................................
........72Les sanctions les plus sévères........................................................................
...........72Les facteurs affectant la sévérité des sanctions.........................................................73
Le professionnel qui fait vie commune avec le client...............................................75
La protection de la vie privée des clients..................................................................76
La crédibilité des témoignages........................................................................
..........77 Les types de manipulation rencontrés dans les cas d'inconduite sexuelle................77 Les circonstances dans lesquelles se produisent les inconduites sexuelles..............80La caractérisation du problème par le tribunal.........................................................84
Les conséquences de l'inconduite sexuelle pour la victime.....................................86 Les problèmes personnels ou de santé des psychologues qui commettent des inconduites sexuelles........................................................................ ........................87 Les démarches des professionnels qui peuvent contribuer à prévenir l'inconduiteLa relation entre psychologie et psychothérapie.......................................................89
La reconnaissance de leur inconduite par les psychologues et leur réhabilitation...89Le genre et l'orientation sexuelle........................................................................
......92Le geste initié par le client........................................................................
................93 L'intention du psychologue........................................................................ ..............93L'atteinte à la profession........................................................................
...................94 L'utilisation du vocabulaire........................................................................ ..............94La sanction de publication d'un avis........................................................................
95Annexe II........................................................................ Questionnaires de recherche........................................................................ .....................97 Version française........................................................................ ..................................97 Version anglaise........................................................................ ..................................102 - 3 -
Introduction
1 En avril 2007, l'Association québécoise Plaidoyer-Victimes (AQPV) consacrait l'édition des Cahiers de PV - Antenne sur la victimologie aux " abus sexuels commis par des thérapeutes ». Le lancement de la revue fut accompagné d'une conférence de M. Gary Schoener, expert de renommée internationale dans le domaine. Plus récemment, en janvier 2008, l'AQPV publiait un dépliant ainsi qu'un guide d'information sur le sujet, intitulé Les rapprochements sexuels entre un professionnel de la santé et un ou une cliente : un interdit, une agression sexuelle, un crime. Ces documents décrivent les recours actuels disponibles aux victimes et contiennent des recommandations d'actions pour lutter contre ce problème. Vous pouvez en commander des copies gratuites en remplissant le bon de commande disponible sur le site web de l'AQPV au www.aqpv.ca Ce guide d'information s'attaque au grave problème de l'inconduite sexuelle des professionnels de la santé et a pour objectif de renseigner et de sensibiliser les personnes directement concernées, ainsi que le grand public. La recherche à l'origine de cette publication a permis de recueillir des témoignages de victimes ainsi que l'opinion d'experts travaillant dans le domaine. Cette recherche a également amené l'AQPV à croire que le fait de discuter ouvertement du problème peut aider les professionnels et les clients à reconnaître les signes avant-coureurs de ce type de violence et à la prévenir. C'est dans cet esprit de sensibilisation et désireuse d'améliorer le système de justice québécois que l'AQPV a décidé de poursuivre et d'approfondir ses recherches sur le sujet. Le but de la présente recherche, effectuée en 2008, est de pousser plus loin notre compréhension du cadre juridique québécois. L'AQPV désire aussi explorer les pratiques formelles et informelles de prévention et d'éducation mises en place par les différents acteurs sociaux au Québec. Loin d'être aussi exhaustive que l'étude dirigée par Marilou McPhedran en Ontario 2 , la présente recherche vise à faire un premier tour d'horizon de la situation au Québec. Par 1L'auteure tient à remercier Marie-Hélène Blanc, directrice générale, et Katia Leroux, agente de recherche
et d'information, à l'AQPV, pour leurs conseils et commentaires tout au long de la recherche. Elle tient
également à remercier Roberta Harthel-Côté et Chloée Joly pour leur contribution bénévole à la recherche à
travers Le réseau national d'étudiants Pro Bono (division de l'Université McGill). L'auteure remercie aussi
Chloée Joly pour sa contribution à titre d'assistante de recherche. Il est à noter que le présent rapport de
recherche ne constitue pas une opinion juridique. L'auteure agit à titre de chercheure seulement. Elle a reçu
une formation en droit civil et common law de l'Université McGill (B.C.L., LL.B.) ainsi qu'une maîtrise en
droit de l'Université de Victoria (LL.M.). Elle est membre du Barreau du Québec et du Barreau du Haut-
Canada. Ce rapport de recherche a été produit afin de donner des renseignements généraux sur les
rapprochements sexuels entre professionnel de la santé et client. Afin d'obtenir une opinion juridique sur
une question qui y est abordée, veuillez consulter une avocate ou un avocat. 2 Special Task Force on Sexual Abuse of Patients (Marilou McPhedran, Chairperson), What aboutaccountability to the patient? Final report of the Special Task Force on Sexual Abuse of Patients, Toronto,
Task Force, 2000; Task Force on Sexual Abuse of Patients (Marilou McPhedran, Chairperson), The final report of the Task Force on Sexual Abuse of Patients, Toronto, Task Force, 1991. - 4 - ce tour d'horizon, nous espérons fournir à l'AQPV les outils nécessaires pour mieux cerner les limites du système juridique québécois et ainsi mieux le remettre en question. Nous proposons également plusieurs recommandations qui visent l'amélioration des différents recours présentement offerts aux victimes ainsi que l'amélioration des méthodes de formation, de sensibilisation et de prévention. En 1994, Anne-Marie Ponton et Huguette Bélanger commentaient des études canadiennes et américaines selon lesquelles environ 10 % des médecins, psychiatres et psychologues avaient eu des contacts sexuels avec leurs clients 3 . L'envergure, la complexité du sujet et le temps qui nous a été alloué ne nous ont malheureusement paspermis de recueillir des statistiques récentes et propres à la réalité québécoise. L'objectif
de la présente recherche est donc plutôt de donner des exemples concrets de cas d'inconduites sexuelles au Québec, en examinant notamment les décisions des tribunaux québécois. Ce rapport de recherche est divisé en trois parties:1. Le cadre juridique entourant la question de l'inconduite sexuelle commise par les
professionnels de la santé au Québec;2. La question de la prévention et de la sensibilisation;
3. Les recommandations visant l'amélioration du système québécois.
De plus, nous incluons, à l'Annexe I, une revue de décisions disciplinaires de l'Ordre des psychologues du Québec qui donnent des exemples concrets de plaintes d'inconduite sexuelle au Québec. Nous incluons aussi à l'Annexe II un questionnaire utilisé pour la deuxième partie de la recherche sur la prévention et la sensibilisation. Nous espérons que le présent rapport de recherche suscitera un dialogue entre les différents intervenants concernés par la problématique des rapprochements sexuels entre professionnel de la santé et client. 3A.-M. Ponton et H. Bélanger, " L'inconduite sexuelle : feux rouges » dans Le Médecin du Québec,
Montréal, Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, 1994, à la p. 49. - 5 - Le choix du genre dans la rédaction de documents La présente recherche juridique adopte une analyse fondée sur le genre, ce qui est une démarche féministe. La notion de genre fait référence non pas au sexe biologique d'un individu, mais plutôt aux rôles sociaux féminins et masculins qu'un individu adopte, selon son expérience, et qui comportent des dynamiques de pouvoir. Par exemple, une femme peut travailler dans un milieu traditionnellement masculin ou un homme peut décider de prendre un congé de paternité pour s'occuper d'un enfant. Nous reconnaissons que ces rôles se transforment constamment et qu'il n'y a donc pas lieu d'adopter une vision rigide de la notion de genre. Une analyse fondée sur le genre commence souvent par faire un choix d'utilisation du genre dans la rédaction de documents. Ce choix se pose en général à cause d'un désird'alléger le texte en ne répétant pas la forme féminine et masculine de chaque mot tout au
long du document. À cet effet, nous observons deux pratiques courantes : (1) adopter le masculin comme genre neutre qui inclut le féminin de façon à n'exclure personne; (2)utiliser le masculin ou le féminin selon ce qui reflète le mieux la réalité, pour démontrer
ainsi que cette réalité n'est pas neutre ou égale en ce qui concerne le genre. Chacune de ces approches pose cependant problème. La première soulève la question de savoirpourquoi le masculin représenterait la neutralité plutôt que le féminin et si ce choix n'est
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