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LA IHEMATIQUE DU MARIAGE

DANS UNE VIE DE MAUPASSANT ET MAUPRAT DE SAND

par

Karen Tabet

Memoire

de maitrise soumis a la

Faculte des etudes superieures et de la recherche

en vue de 1' obtention du diplome de

Maitrise es Lettres

c Karen Tabet, 1995

Departement de langue et litterature

Universite McGill

Montreal. Quebec

Mars 1995

Plusieurs romans du XIXe siecle presentent !'institution du mariage de pessimiste. Le Rouge et le noir de Stendhal, lA Femme de trente ans de Balzac, Indiana de George Sand en sont des exemples. Ces visions personnelles d'auteurs offrent aussi un reflet de la societe de l'epoque. Le Code Napoleon au debut du siecle (1804) apporte des restrictions importantes a la liberte de la femme mariee. Plus tard dans le siecle, en 1872, dans !'article "Femme" publie dans Le Grand Dictionnaire de Pierre U:zrousse, on peut constater a quel point la femme est comme un etre faible et inapte a assumer sa liberte. Dans ce memoire nous analysons la thematique du mariage dans deux romans du XIXe siecle ou elle occupe la premiere place. 11 s'agit d' Une Vie de Guy de Maupassant (1883) et de Mauprat de George Sand (1837). Nous avons choisi ces oeuvres parce qu'elles traitent le sujet de tres differente. Dans le premier cas, Maupassant decrit l'echec du mariage pour son heroine soumise a !'education de l'epoque. Dans le second, Sand developpe l'action autonome de son personnage feminin pour reussir son mariage. Ce qui differencie ces deux points de vue, c'est le role que joue !'education de la femme. C 'est aussi, le naturalisme pessimiste de Maupassant et l' ideal romantique et optimiste de Sand. Nous nous servons pour notre analyse des travaux de Philippe Hamon qui pennettent 1' identification des personnages et de leur action. Par ailleurs nous adoptons la methode thematique qui, selon Jean-Pierre Richard, considere le theme comme l'une des unites significatives de I' oeuvre.

ABSTRACT

Several novels of the 19th century depict marriage in a pessimistic manner. Some examples include Le Rouge et le noir by Stendhal, La Femme de trente ans by Balzac, Indiana by George Sand. The personal opinions of these authors reflect the conception that society had of women during that era. At the beginning of the 19th century (1804), the Napoleonic Code made important restrictions on the liberty of the married woman. Later in the century (1872), in the article "Femme" published in Le Grand Dictionnaire de Pierre Larousse, women are portrayed as being too weak and incapable of assuming their independence. In this thesis we analyze the theme of marriage in two 19th century novels, which give much importance to the subject. We selected Une Vie by Guy de Maupassant (1883) and Mauprat by George Sand (1837); each of which provides a uniquely different view of the topic. In the first case, Maupassant describes the failure of marriage as a result of his heroine's subjection to the education of the era. In the second case, Sand portrays the independent nature of her female character which leads to her successful marriage. What differentiates these two points of view, is the role that education plays in marriage. It is also a reflection of the pessimistic naturalism of Maupassant and the romantic idealism and optimism of Sand. In our analysis we use the work of Philippe Hamon which helps us to identify the characters and their actions. For the entire thesis, we apply the thematic method which, as Jean-Pierre Richard puts it, considers the theme as a unit of meaning of the novel. ma~de~, ~a~m&t~eta.ea~ ~ pai"mte de dM, lempJ-et de ded-~. fe t:UtU a ehajune et ahadia defewu~pendmdla~ dece~. f:Uauddi~~la~de 1ma

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TABLE DES MATIERES

JNTRODUCIION 2

PREMIERE PARTIE: UNE VISION PESSIMISTE DU MARIAGE: UNE YIE DEMAUPASSANT

CHAPITRE 1: ANALYSE DESCRIPTIVE DES PROTAGONISTES

I. L'etiquette de Jeanne

ll. Les axes preferentiels m. Les fonctions-types du personnage

IV. L' etiquette de Julien

V. Les axes preferentiels: comparaison entre Julien et Jeanne

VI. Les fonctions-types du personnage

CHAPITRE 11: LE MARIAGE: REVES ET REALrrE

I. Connaissances de l'bero1ne sur l'amour et le mariage

II. Les etapes: La rencontre et les fian(;ailles

Ill. L'actualisation du mariage

CHAPITRE lll: LES DESILLUSIONS

I. La desillusion sexuelle

11. La trahison du mari

III. La complicite masculine contre Jeanne et le silence des femmes

CHAPITRE N: LE ROLE DE MERE

I. L' attente et la naissance de l'enfant

11. Les problemes de I' education

Ill. L' echec de I' education

DEUXIEME PARTIE: LE MARIAGE UTOPIQUE: MAUPBAT DE GEORGE SAND

CHAPITRE 1: ANALYSE DESCRIPTIVE DES PROTAGONISTES

12 16 20 22
25
27
31
36
42
50
54
60
70
79
85

I. L'etiquette d'Edmee 92

II. Les axes preferentiels 98

Ill. Les fonctions-types du personnage 100

IV. L' etiquette de Bernard 102

V. Les axes preferentiels: compaison entre Bernard et Edmee 106

VI. Les fonctions-types du personnage 108

CHAPITRE 11: L'I:IEROINE COMME INITIATRICE

I. L'berome comme initiatrice sur le plan intellectuel 111 n. L'initiation morale 115 III. Le sejour de Bernard en Amerique et les enseignements de la separation 119

CHAPITRE Ill: L'EDUCATION SENTIMENT ALE D'EDMEE

I. Les difficulres de !'education sentimentale 122 II. Un mariage heureux sous le signe de l'egalite 132

CONCLUSION 135

BIBLJOGRAPHJE 145

INTRODUCTION

2 Plusieurs romans du dix-neuvieme siecle presentent une image pessimiste du mariage: Le Rouge et le noir de Stendhal, La Femme de trente ans de Balzac, Indiana de George Sand, en sont des exemples. Ces romanciers exposent cette institution dans ses rapports avec les moeurs et les lois de leur temps. Pour comprendre les difficultes auxquelles font face leurs heroines, nous devons revenir sur les lois regissant la condition de la femme en France a cette epoque. Nous remarquons que la situation de la femme est tres differente de celle de I 'homme. Elle est traitee comme une inferieure et totalement soumise a son mari car la loi fait de 1' epoux son maitre absolu. Le Code Napoleon au debut du siecle (1804) apporte en effet des restrictions importantes a la liberte de la femme mariee et tous les articles qui concement le mariage consacrent la suprematie du mari. A cette epoque la femme n'a ni le droit d'exercer de fonction publique ni celui de voter. Une 3 fois mariee elle a pour devoir "de le suivre partout ou il juge apropos de resider. " 1 Elle ne peut pas aller temoigner au tribunal sans la pennission de celui-ci et la pratique de la plupart de ses droits civils lui est refusee. La femme mariee ne peut pas non plus prendre de decisions importantes sans l'autorisation de son epoux. Ce dernier par exemple gere les biens de son epouse. En effet en se mariant celle-ci perd la faculte d'administrer sa fortune qui des lors appartient a son mari. L'homme possede ainsi un pouvoir materiel absolu sur sa femme qui ne peut envisager la separation ou le divorce puisqu'elle est sans ressources.

Cette derniere option

lui est d' ailleurs offerte rarement. La separation legale n' est accordee qu'en cas d'adultere. Le mari peut obtenir la separation s'il accuse sa femme d'adultere. S'illa surprend en flagrant delit, il peut meme la tuer, la Ioi l'excusera.

L'article

324 du Code penal precise: "le meurtre commis par l'epoux sur son epouse, ainsi

que sur le complice, a !'instant ou il les surprend en flagrant delit dans la maison conjugate, est excusable. 2 La femme, elle, n'a pas le meme recours. Pour obtenir la separation elle doit prouver que la maitresse de son epoux vit dans la maison conjugate. Comme on le voit, le Code Napoleon traite beaucoup plus severement l'infidelite de la femme que celle du mari. L'article 337 du Code penal stipule que: "La femme convaincue d' adultere subira la peine de I' emprisonnement pendant trois mois au moins et deux ans au plus. Le mari restera maitre d'arreter l'effet de cette condamnation, en consentant a reprendre sa femme. " 3 Le mari qui commet l'adultere a l'exterieur de la maison conjugate l 3 Henri Dard, Code civil, troisieme edition, Paris: B. Waree, 1827, article 214, p. 47. Louis Tripier, Les Codesfranfais, quarante-troisieme edition, Paris, librairie Cotillon, 1893, article 324 du Code penal, p. 72.

Ibid., article 337, p. 75.

4 n'est pas du tout punissable aux yeux de la loi. L'article 230 du Code civil enonce: "La femme pourra demander le divorce pour cause d'adultere de son mari,lorsqu'il aura tenu sa concubine dans la maison commune. " 4 Plus tard en 1872, dans !'article "Femme" publie dans Le Grand Dictionnaire Universe/ de Pierre Larousse, nous constatons a quel point la femme etait comme inapte a assumer sa liberte. ll est dit que les deux sexes sont egaux devant la loi et que si "cette egalite cesse dans le mariage, si la femme y est soumise a une incapacite temporaire, cette incapacite a pour cause la puissance maritale et n'est pas inherente au mariage. " 5 Dans cet article nous remarquons que la femme est constamment rapprochee de I' enfant, elle a une constitution corporelle qui lui est proche et "comme lui, elle a [ ... ] une sensibilite tres vive, [ ... ] comme lui elle [ ... ]est done plus sujette a l'inconstance. " 6 Nous pouvons souligner que cette analogie est incontestablement devaluatrice. 11 est aussi precise que la femme est "faite pour l'amour; c'est-a-dire pour le mariage. " 7 Il nous a paru interessant d I analyser la thematique du mariage a partir de 1' etude de deux romans du dix-neuvieme siecle dans Iesquels ce theme est important. 11 s'agit d'Une Vie de Guy de Maupassant (1883) et de Mauprat de George Sand (1837). Ces oeuvres traitent le sujet de entierement differente. Ce memoire se propose d 'analyser et de clarifier la signification de cette difference. Nous n'avons pas privilegie la 6 7 Henri Dard, op. cit., article 230, p. 50. (C'est nous qui soulignons) Roger Bellet, "La femme dans l'ideologie du Grand Dictionnaire Universel de Pierre Larousse" dans La Femme au X!Xe siecle: Litterature et ldeologie, collectif, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 1979, p. 24. (C'est nous qui soulignons)

Ibid., p. 22.

Ibid.' p. 23.

5 chronologie, mais plutot le regard porte par chacun de ces auteurs sur ce theme dans la perspective de !'education des heroines. Celle de Maupassant n'a re.;u que celle de son epoque, donnee par le couvent. Celle de Sand a beneficie d 'une education autonome et libre, equilibrant les connaissances intellectuelles et morales. Dans le premier cas, le personnage feminin est eduque comme unefemme, dans les limites imposees par l'epoque, dans le second, il re.;oit une education complete, ideate. C 'est parce qu' il partage la vision naturaliste de Huysmans qui suggere que "seul le pire arrive" 8 que Maupassant choisit pour son heroine un mariage tragique. Ils sont tous deux inspires par la philosophie de Schopenhauer, pour qui la vie est absurde et le monde regi par une force aveugle qu'il appelle volonte ou instinct. Les hommes selon lui, sont voues a la souffrance et au malheur. Beaucoup plus tot dans le siecle, George Sand nous offre une fiction ou le mariage est un theme tres important. Elle traite son roman Mauprat dans une perspective optimiste reposant sur la foi en la formation de I' individu, et porte sur le mariage des jugements tres modernes, qui la rapprochent de notre epoque. C'est pour cette raison que nous avons choisi d' analyser Mauprat apres Une Vie. Maupassant presente la description quotidienne de la vie d'une femme mariee. Il nous expose d 'abord les reves et les illusions d 'une jeune fille qui a comme seul but dans la vie de rencontrer l'homme ideal et de l'epouser. 11 poursuit en nous montrant comment cette jeune fille pleine d'esperances et d'illusions est mariee en trois mois a un etranger 8 Joris-Karl Huysmans, En Menage etA Vau-l'eau,Union Generale d'Editions, 1975, p. 446. 6 qu'elle croit avoir choisi et comment elle decouvre l'egoi'sme, l'avarice et la violence de son mari. L'ecrivain nous indique comment la jeune fille epanouie et heureuse fait place a une femme dont la vie est gachee par un mauvais mariage. Maupassant s'attarde sur la vie quotidienne d 'une femme mariee. Dans Mauprat, Sand nous offre une vision du mariage ideal. Elle nous presente sa theorie de la reussite du mariage plutot qu 'une description pragmatique d 'une vie matrimoniale. En d'autres termes nous ne voyons passes heros maries. Nous apprenons seulement par le narrateur le fait qu' ils se sont maries, qu' ils ont eu beaucoup d 'enfants et qu'ils ont ete tres heureux. En ce sens, Mauprat a certaines caracteristiques du roman a these. Le fait que le roman de Maupassant se presente comme la chronique de la vie d'une femme, orientee par son mariage, nous a obligee a faire !'analyse du texte entier.

En effet

1' auteur montre que toutes les etapes de 1' existence de son heroine sont

determinees par son mariage. Dans le cas de Mauprat il a ete possible d' isoler la thematique du mariage. Cela explique que les deux parties de notre memoire soient inegales, la premiere beaucoup plus longue que la seconde. Maupassant montre comment le mariage echoue a faire le bonheur de son heroine. George Sand, elle, demontre comment s'y prendre, pour qu'un mariage reussisse. En ce sens, Maupratse presente comme une exception car le theme du mariage heureux est tres rare dans la litterature de l'epoque. Une Vie presente une heroine obligee d'accepter son sort et malheureuse toute sa vie a la suite d 'un mauvais mariage, tandis que Mauprat nous montre une jeune femme instruite et forte qui prend en mains son destin en eduquant celui qu'elle aime pour qu'il devienne un mari digne d'elle. Nous verrons que ce qui differencie 7 ces deux heroines c'est leur caractere, leur milieu mais surtout leur education. Jeanne, !'heroine de Maupassant a rec;u une education traditionnelle au couvent. La formation idealiste que rec;evaient les jeunes filles au dix-neuvieme siecle dans cet etablissement les eloignaient completement des realites de la vie. Cette education avait pour but unique de preparer la jeune fille a assumer son role social et religieux d'epouse et de mere. A cette epoque, on ne voulait pas que la femme soit trop instruite par crainte qu'elle refuse ensuite son role d'inferieure. Cette idee n'est pas nouvelle. Nous n'avons qu'a evoquer les paroles d' Arnolphe dans

L 'Ecole des femmes de Moliere:

Non, non,

je ne veux point d'un esprit qui soit haut;

Et femme qui compose en sait

plusqu'il ne faut [ ... ]

Et c 'est assez pour elle,

a vous en bien parler, De savoir prier Dieu, m 'aimer, coudre et filer [ ... ]

Tant, que j 'aimerais mieux une laide bien sotte,

Qu'une femme fort belle avec beaucoup d'esprit.

9 N ous allons voir que c I est en partie a cause de cette absence de veritable education que Jeanne sera malheureuse toute sa vie. En effet elle n'a pas appris a faire face aux problemes de la vie quotidienne et c'est pour cette raison qu'elle va suivre la passivite de sa nature et subir son sort sans se revolter. En revanche dans Mauprat, George Sand nous fait le portrait d'une jeune fille forte, determinee et elevee d'une fac;on modeme pour l'epoque. Edmee est une aristocrate qui s'est "formee a peu pres seule" 10 , et grace a cette 9 10 Moliere, L'Ecole des femmes des Oeuvres de Moliere, tome premier, Paris, Firmin Didot

Freres, 1858, p. 324. (C'est nous qui soulignons)

George

Sand, Mauprat, Paris, Garnier-Fiammarion, 1969, p. 116. 8 education tres libre, elle n'est pas ignorante des realires de la vie et sait comment prendre sa vie en mains. Elle comprend, par exemple, qu'elle ne pourra pas epouser son cousin s' i1 reste un jeune homme brutal et violent. Elle choisit pour mission de le former afm qu'il soit digne de devenir son mari. Elle reussit a le transformer, a l'instruire et a en faire un bon compagnon. En ce qui conceme notre methode de travail, nous nous inspirerons du travail de Philippe Hamon sur 1' oeuvre de Zola: Le Personnel du roman: le systeme des personnages dans les Rougon-Macquart d'Emile Zola. Nous utiliserons son principe de ''!'etiquette" du personnage, des "axes preferentiels et des "fonctions types". Apres avoir ainsi identifie les personnages nous adopterons pour 1' ensemble du memoire la methode thematique qui considere le theme comme l'une des unites significatives de l'oeuvre. C'est cette approche que nous choisirons pour notre analyse de la thematique du mariage dans le roman Une Vie de Maupassant et dans le livre Mauprat de George Sand. Dans notre conclusion nous comparerons les deux romans dans la perspective du theme choisi.

PREMIERE PARTIE

UNE VISION PESSIMISTE DU MARJAGE:

UNE YIE DE MAUPASSANT

CHAPITREI

ANALYSE DESCRIPTIVE DES PROTAGONISTES

11 Dans Une Vie Maupassant fait subir une serie d'echecs a son heroine, Jeanne Le Perthuis des Vauds. 11 nous la presente d'abord avec ses reves de jeune fille puis decrit son mariage. Il detaille ensuite les souffrances de Jeanne, l'epouse, qui decouvre que son epoux la trompe et ne l'a epousee que pour son argent. 11 nous expose enfm ses difficulres, devenue mere, a eduquer son fils et a endurer son egoisme. En fait ce roman raconte toute l'histoire d'une femme, de la fin de }'adolescence a la vieillesse. Nous commencerons par analyser la description de ce personnage feminin. Pour cela, nous nous inspirerons des travaux de Philippe Hamon, en particulier de son etude sur l'oeuvre d'Emile Zola: Le Personnel du roman: le systeme des personnages dans les 12 Rougon-Macquart. Pour Hamon, c'est "!'etiquette" qui constitue le personnage et il defmit ce terme par un ensemble de marques: nom, prenom, sumoms, titres (appellations) portraits et fiche biographique (descriptions).

I) L'ETIQUETTE DE JEANNE

a) Le nom et le prenom du personnage Nous allons done analyser le personnage central du roman en etudiant son "etiquette". Commenc;ons par une etude onomastique. L'herolne du roman s'appelle Jeanne Le Perthuis des Vauds. Jeanne veut dire "grace", c'est un prenom que beaucoup de reines ont porte: Jeanne de France (ou de Valois), Jeanne I de Navarre, Jeanne I d'Anjou, Jeanne ID d'Albret, Jeanne La Folie (reine de Castille) Jeanne Grey, Jeanne de Penthieuvre. C'est done un prenom "aristocratique", sou vent utilise par les aristocrates. Le dictionnaire

Robert definit pertuis comme suit:

1) un trou, une ouverture 2) ouverture qui permet de

retenir l'eau d'une ecluse ou de la laisser passer. Vauds est phonetiquement un homonyme de vaux (vats, vallee). Les deux noms "Perthuis" et "Vauds" se renforcent mutuellement dans l'idee de trou, de vide.

Or, dans son texte, Maupassant lui-meme rapproche

clairement le mot "trou" du mot "mariage": le soir de ses noces, Jeanne se pose bien des questions. Elle se demande entre autres: "pourquoi tomber si vite dans le mariage comme dans un trou ouvert sous vos pas. " 1 Plus tard, quand elle decouvre que son mari la trompe avec sa servante Rosalie, Jeanne ne se pose plus de question, elle decrit en termes precis Guy de Maupassant, Une Vie, Editions Gallimard, collection Folio 1974, p. 82. (C'est nous qui soulignons) 13 les souffrances que le mariage lui impose: "Bile etait tombee dans ce mariage, dans ce trou sans bords pour remonter dans cette misere, dans cette tristesse, dans ce desespoir. " 2 Encore une fois, l'auteur utilise le couple de termes mariage/trou. 11 exprime ainsiquotesdbs_dbs43.pdfusesText_43

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