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La gestion de la crise anglophone au Cameroun : Désaffection populaire et renforcement de la démocrature NOAH EDZIMBI François Xavier, Ph.D en science politique, Option Relations Internationales et Études Stratégiques, Université de Douala

Résumé :

L grand

législatives et municipales en 2020 au Cameroun ne garantissent pas un changement politique.

En effet, quand pour autant

théorie néoréaliste, cet article démontre comment, dans le but de " sécuritiser » ses intérêts et

préserver une mainmise sur les politiques publiques nationales et étrangères, le pouvoir

politique camerounais fait pre Mots clés : Cameroun, gestion, désaffection, crise anglophone, démocrature

Abstract :

Organization of Major National Dialogue in 2019, same to legislative and municipal hig- political approach and neorealist theory, this article demonstrates how, in order to " secure » its interets and preserve a stranglehold on national and foreign public policies, the Cameroonian political power is intolerant of criticizes and uses states institutions to suppress Keywords : Cameroon, management, disaffection, English-speaking crisis, democrature

Introduction

L réductionnisme : dimension électorale, lui-même réduit au fait de savoir si les

élections sont libres, transparentes et régulières. Pour les chancelleries occidentales, la tenue

politique des institutions, état de droit réel et pas seulement théorique, etc.) et, plus

généralement, la situation du marché politique (comportements et structures politiques,

inclusivité de la citoyenneté, offre politique réelle, rapports de force politiques, etc.).Il existe

en Afrique subsaharienne divers types de régime politique allant de régime dynastique au

1 ou de

" démocratures », combinent constitutions démocratiques et comportements autoritaires. Les

1V. P., Pouvoirs, n° 129, février 2009,

pp. 65-76. La notion de régime hybride revient à L., Diamond, " Elections Without Democracy: Thinking About

Hybrid Regimes », Journal of Democracy, vol. 13, n° 2, 2002. 292

degrés de répression politique sont très variables dans ces régimes, mais ils se caractérisent

tous par un fort déséquilibre des rapports de forces politiques2. Les régimes dynastiques et "

ont

particulièrement nombreux en Afrique Centrale3. La longévité au pouvoir dépend dès lors de

la capacité à maintenir ou à adapter ces soutiens stratégiques au fil des évolutions du contexte

national et international. Ces deux types de régimes ont en comm largement contestables, taillées sur mesure pour les présidents en poste. Il est ainsi courant électorale4 u gouvernement perpétuel5. Au Cameroun, un récent article -Marie Mbonda titrait : " Pourquoi le Cameroun se déchire-t-il ?6 ». Il faisait

référence au conflit sociopolitique qui oppose le pouvoir de Yaoundé aux leaders des

mouvements fédéralistes de la minorité anglophone des régions du Nord-ouest et Sud-ouest du pays. Les revendications des anglophones furent exacerbées par le vent de démocratisation

des années 1980. Ils dénoncent la francisation du système judiciaire, éducatif et le non-respect

des droits de la minorité anglophone par la majorité francophone7. Face à la montée des violences en gouvernement du Cameroun " de diligenter des enquêtes rapides, efficaces, impartiales et

indépendantes pour déterminer les responsabilités lors des affrontements8 » et régler la crise.

Après les propos du premier ministre Dion Ngute du 15 mai 2019 qui affirmaient que le gouvernement est prêt à engager un dialogue formel sur tous les sujets, sauf celui sur la sécession, l sera une réponse à la communauté internationale prouvant

partenaires/acteurs étrangers sur le sol national, et le présentant, entre autres, comme un

entrepreneur politique réformateur9 10, processus des propos susmentionnés,

2 V., Magnani, et T., Vircoulon, Op. cit.

3 Ibid. Dans les premiers, une famille monopolise le pouvoir politique et traite le pays comme sa propriété

(services de sécurité, groupes ethno-régionaux, milieu

4Ibid.

5M.-É., Owona Nguini et H.-L., Menthong, " Gouvernement perpétuel » et démocratisation janusienne au

Cameroun (1990-2018) », Politique africaine n° 150, Editions Karthala, juin 2018, pp. 97-114.

6 Article paru dans The Conversation : https://theconversation .com/pourquoi-le-cameroun-se déchire-t-il-91443.

Site consulté le 29/06/2019.

7Relations internationales 2018/3 (n°

175), pp. 109-122.

8Ibid.

9 Un entrepreneur politique réformateur pense au bien collectif et perçoit, dans toute initiative politique, une

source de profit pour lui-tionnel politique et son territoire », 2006/2 (juillet), pp. 263-280.

10 Le président de la République précise dans son discours que le dialogue national " aura donc vocation à

réunir, sans exclusive, les filles et les fils de notre cher et beau pays, le Cameroun, autour de valeurs qui nous

sont chères : la paix, la sécurité, la concorde nationale et le progrès ». Ces propos expriment une volonté de

un processus historique conflictuel, involontaire et largement inconscient, conduit dans le désordre des affrontements et des compromis par la masse des anonymes. J.-F., Bayart, " tat importé », Les cahiers du CERI, n° 15, 1996, p. 4. 293
ௗ la gestion cafouilleuse des situations conflictuelles du Nord-ouest et du

Sud-ouest par le régime : la posture

adoptée par le régime du Renouveau est un indice supplémentaire qui exprime sa dérive

autoritaire. Il craint une perte de son contrôle sur les institutions républicaines (I), attitude qui

le re

gouvernement perpétuel en dépit de ses responsabilités dans le conflit et de promesses faites

sur la démocratisation (II).

I- : objectif du pouvoir politique de

Yaoundé

Le Came bloc hégémonique qui occupe des positions

de pouvoir, et qui a réussi à travers les époques malgré certaines crises11, même si

rvation cadets sociaux relève une politique sui generis par le

bas12. Son mode de gouvernement néopatrimonial permet à une élite disséminée dans les dix

pour perpétuer son emprise13

perpétuation des régimes successifs. Son unité nationale repose sur un usage stratégique des

centaines de groupes communautairesonal qui consiste à

veiller à la représentation de toutes les sensibilités ethniques et toutes les régions dans la

répartition des postes et opportunités14. Un élément de réponse sur l dénégation de la crise anglophone repose sur le concept de " désaffection populaire » sympathisants) rendent impopulaire une action, une réalité. Derrière ce processus se trouve une main manifeste ou latente qui exprime

procédurales et juridiques de la démocratie par le régime politique. La " désaffection

populaire » des situations conflictuelles dans le Nord-ouest et le Sud-ouest du pays est ainsi un processus par lequel ceux-ci travaillent premièrement à ne pas faire connaître la crise anglophone, deuxièmement à la cantonner voire minimiser ses potentiels effets dans les autres régions du triangle nationale et, troisièmement, à la rendre im ctif crédibilité sur la scène internationale (B).

A- La quête hégémonique

e et perçues comme une atteinte à la souveraineté nationale par les autorités gouvernementales de Yaoundé. Un rappel historique montre que la partie sous administration

11 J.-F., Bayart, tat au Cameroun, Paris, Presses de Sciences Po, 1977.

12P. E., Batchom, " La guerre du peuple : de la popularisation de la guerre contre Boko Haram au Cameroun »,

Etudes internationales, 47, (2-3), 2016, pp. 285-304.

13A., Socpa, Démocratisation et autochtonie au Cameroun. Trajectoires régionales différentes, Leyde, Ledein

University Press, 2002.

14P. E., Batchom, Op. cit.

294
er janvier 1960, sous le nom de République du

Cameroun. Un an plus tard, le 11

administration britannique un référendum qui exclut la solution de son indépendance totale en

plaçant les électeurs devant deux options : le rattachement à la République du Cameroun ou à

la République du Nigéria. La partie nord du territoire anglophone, Northern Cameroons,

choisit de se rallier au Nigéria, tandis que la partie sud, Southern Cameroons République du Cameroun pour constituer avec celle-ci une entité fédérale15 -t-on vers une République fédérale et des représentants du Cameroun francophone et du Southern Cameroons participent-ils aux travaux de la conférence de Foumban, du 17 au

21 juillet 1961. Par la suite cependant, le texte constitutionnel est amendé sans la participation

des représentants anglophones. Il est finalement adopté en Amadou Ahidjo, le premier président camerounais, en tant que Constitution de la République fédérale du Cameroun. domi que renforcer la tendance centralisatrice, assimilationniste et néo- ethnique du pays impulsée par le Président16, elle fait

En mai 1984, le terme " unie » est supprimé dans la constitution de la République du

Cameroun. La centralisation du pouvoir entraîne la réduction de la participation anglophone

dans la gestion des appareils politiques à toutes les échelles. La frustration de la partie

Anglophones se sentent de plus en plus marginalisés, voire victimes de traitements jugés discriminatoires et humiliants des hommes politiques locaux comme des citoyens ordinaires.

Le recul du pouvoir des Anglophones nourrit en réaction un sentiment de minorité défavorisée

15Relations internationales 2018/3 (n°

175), pp. 109-122.

16F. B., Nyamnjoh, " Cameroon: A Country United by Ethnic Ambition and Difference », African Affairs,

98(390), 1999, pp. 101-118.

17 J.-F., Bayart, tat au Cameroun, Paris, Presses de Sciences Po, 1977.

295

Biya -

stratégique18.

revendication, déjà entendue dans les années 1990, autour de la " spécificité » desdites

régions19. La recherche hégémonique, par le pouvoir politique de Yaoundé, repose sur

coloniale et postcoloniale20. Le régime présidentiel de parti unique, puis du parti dominant, 21.
la fonctionnalité instrumentale de la dénominatio correspond à il leur reconnait. La dénomination a également une fonction

taxinomique qui consiste à classer les choses nommées dans un répertoire indispensable à leur

éventuelle utilisation ou marchandisation22. Ainsi, l autre23. Partant de ces arguments, depuis son accession au pouvoir, deux stratégies ont été principalement utilisées par le président Biya pour juguler les revendications anglophones24 : diviser pour mieux régner en offrant des postes de pouvoir à travers la nomination de leaders

anglophones jugés proches, et réprimer systématiquement toutes les velléités séparatistes qui

se sont manifestées depuis 1993 avec la création du Southern Cameroon National Council (SCNC). Pour ce fairetat, en politicien investisseur en premier le statut de Père de la Nation journal

national Cameroon Tribune, " Je suis le Père de la nation ; je pense à tout le monde, à tous

mes enfants25 »

18 Journal des anthropologues, 2018, pp. 85-107.

19N., Machikou, " Utopie et dystopie ambazoniennes : Dieu, les dieux et la crise anglophone au Cameroun »,

Politique africaine, Éditions Karthala, 2018/2 n° 150, pp. 116-120.

20J. F., Bayart, tat au Cameroun, Presse de la Fondation Nationale, 2e Edition revue et augmentée, 1985, pp.

280-281.

21Ibid.

22L., Ayissi,

cinquantenaires au Cameroun indépendant et réunifié-15.

23 A., Gramsci, Cahiers de prison. Tome II : Cahier 6 à 9, traduction Monique Aymard et Paolo Fulchignoni.

Paris, Gallimard, 1983.

24 P., Konings, " "Le problème anglophone" au Cameroun dans les années 1990 », Politique Africaine, 62, 1996,

pp. 25-34.

25F. X., Noah Edzimbi, " La défense populaire et la lutte contre les nouvelles menaces au Cameroun :

logique sécuritaire globale après 2001 »,

Thèse de Doctorat en science politique, option Stratégie-Défense, Université de Yaoundé II, en attente de

soutenance.

26Ibid.

296
production de la croyance en la bienveillance du régime du Renouveau27

estime/mésestime les préoccupations et revendications des ressortissants desdites régions

28.
Devant le déni et le mépris des autorités de Yaoundé face à cette mobilisation, ainsi

29, les quelques réponses sectorielles

manifestants, ce qui

rues des grandes villes de la région31. Aussi, la position de la CACSC32 repositionne le

prince qui doit faire face à des ennemis intérieurs et extérieurs pour la conserver33. Lorsq

aborde la question de la démocratie au-delà de la perspective classique des élections et des

décrivant la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, il souligna que :

" tat a le devoir impérieux d nul

27Ibid.

28Il est le plus souvent rétorqué à tout citoyen préoccupé de la communication limitée du président de la

tat " a son temps et prend son temps » pour réagir. Aussi ces préoccupatioctorat de

François-Marc Modzom, à savoir " Les silences présidentiels. Analyse des dispositions et du traitement

médiatique de la communication politique de Paul Biya, Président du Cameroun ».

29 H. de M., Hengoup, " Cameroun lophone inquiète les francophones »,

article consulté le 02/01/2019 sur https://jeuneafrique.us2.list-

préférée à la terminologie Southern Cameroons qui désigne le bloc formé par les régions anglophones.

31 N. Machikou, Op.cit.

32 Dans un communiqué rendu public le 21 décembre 2016, la Cameroon Anglophone Civil Society Consortium

(CACSC) affirme : " - sme est la seule solution permettant de maintenir la

coexistence entre les deux peuples », lire à ce sujet le communiqué du Consortium daté du 21 décembre 2016, "

State on federation ».

33 M., Foucault, Surveiller et punir, Paris, Gallimard, 1975.

297
indivisible34 ». Deux idées fortes émergent de ces propos. Dans un premier temps, le président Biya

réaffirme être le garant de la sécurité des populations. Il détient le pouvoir de faire vivre et de

laisser mourir au nom de la sécurité nationale35. Alors que la répression des revendications

de production de la violence et de la radicalité36, il anglophone, mérite l37. Par la suite, le président de la revendications anglophones remettent en cause cette vision38ée quête hégémonique39 ions se poursuivent entre la CACSC et le gouvernement41 dissolution du CACSC et du SCNC les leaders anglophones appelaient les populations à moins de violence et demandaient quelques jours aux parents pour finaliser les discussions avec le gouvernement42. Cet agissement du gouvernement vis-à- vis des revendications anglophones, , a pour corollaire une réduction au silence non seulement des revendications politiques, économiques et sociales posées, . Le pouvoir politique , dans un tout autre aspect,

34 B., Bertolt, Op.cit.

35 M., Foucault, Histoire de la sexualité, vol 1. Paris, Gallimard, 1976.

36M., Tshiyembe, t, Dakar, Présence Africaine, 1990.

37 B., Bertolt, Op.cit.

38 Au président Ahidjo qui, fraichement élu président de la République par la toute jeune Assemblée nationale,

posait la question suivante : " -nous en faire ? »

administrateur colonial français, nommé par ses soins délégué du gouvernement du Nord, Pierre Marchand, lui

répondait, " Vous devez transformer le Cameroun en un État. La nation suivra ». P., Gaillard, Ahmadou Ahidjo.

tat camerounais, Paris, Jalivres, 1994, p. 111. Ces propos prouvent que contrairement aux Éttat, le processus est contraire en t ang-

39J. F., Bayart, Op.cit.

40 t

historique parfois contradictoire de négociation, de conflits et de compromis entre divers groupes. B., Berman,

J., Longsdale, Unhappy Valley, Conflict in Kenya and Africa, Book one : State and Class. Portsmouth, James

Carrey, 1992.

41 Lire à ce propos le communiqué du 16 janvier 2017, du président du Comité ad hoc interministériel.

42 Lire à ce sujet le communiqué du 17 janvier de la CACSC intitulé : " A call for greater self discipline ».

298

B- d Renouveau sur

Les Ét

savoir : la cohésion 43, entrainant un ralentissement du processus de régionalisation44 et faisant apparaitre un complexe régional de

sécurité45. Aussi, subissent-ils des ruptures/surprises stratégiques46 les conduisant à solliciter

banalisation de la révision ou de la suppression de mandat présidentiel par voie parlementaire ou référendaire, pour permettre aux dirigeants de se maintenir au pouvoir (le Cameroun en

2008, Djibouti en 2011, le Congo-Brazzaville en 2015, le Rwanda en 2017, le Tchad en

2018)47, du moment où ces derniers considèrent ces conditionnalités comme

diktat. Ces modifications ou interprétations constitutionnelles pour maintenir un président en place révèlent que les institutions (parlements, cours constitutionnelles, commissions

électorales, etc.) sont aux ordres du pouvoir, et que les principes démocratiques ancrés dans

les c48. Cette tentation de jouer les prolongations est plus haute responsabilité étatique reste taboue en dépit

le gouvernement de Yaoundé est exposé à de nouveaux risques et de nouvelles vulnérabilités

-ci étant liés à une crédibilité de son monopole de la violence national, et une remise en cause de sa légitimité sur la une diplomatie de créneau49

43 A., Meyer, " tats faibles :

tats centrafricains tudes Politiques de Paris, Ecole doctorale de Sciences Po, 2013, p. 136.

44 Le régionalisme est le fait que des acteurs issus de cadres nationaux différents intensifient les relations et les

contacts entre eux en franchissant les frontières nationales. Le régionalisme se réfère à la dimension théorique et

le processus même ainsi que les activités et les dynamiques qui y sont liées.

45 Élaboré par David Lake et Patrick Morgan, à la suite de Barry Buzan, le complexe régional de sécurité désigne

t orders : Building Security in L., Koungou, Culture stratégique et concept de défense au Cameroun

25-26.

46Une surprise stratégique est une évolution/un évènement inattendu, par sa nature et son ampleur, qui modifie et

infléchie les données de la séctat. Une rupture stratégique, quant à elle, survient lorsque certains

tat pouvant remettre en cause sa souveraineté et sa stabilité.

47 V., Magnani, et T., Vircoulon, Op. cit.

48Ibid.

49 Une diplomatie de créneau est cette diplomatie qui intervient en complémentarité sur les dossiers côtés ou

299
qui lui permtat en son leader Paul Biya auprès de partenaires

étrangers occidentaux, en ce qui est de la préservation de leurs intérêts sur le sol national.

Telle est la caractéristique de toute autocratie modernisatrice50. Avec les événements du 11 septembre 2001 est apparue une seconde légitimation de cette

régimes garants de la sécurité régionale et internationale et ceux qui ne le sont que de manière

quo satisfaisant les puissances occidentales51. Ainsi , la " désaffection populaire

»autour la crise anglophone a un objectif défini : amener la communauté internationale à ne

en permettant au régime du Renouveau de multiplier des contacts/rencontres avec des partenaires et divers acteurs temps pour en reprenant ldu principal opposant Maurice Kamto. La fin de la guerre froide qui assurait une rente de fait, et la volonté des puissances occidentales

é les

nouvelles élites à mettre en avant une légitimité issue des urnes pour accéder à des fonds

autrefois accordés avec moins de scrupule52. Partant de cette constante, le retour de les évolutions du

contexte international. À défaut de produire un modèle autochtone, les autorités politiques

africaines sont désormais séduites par un modèle, celui de la Chine, et se voient proposer des

soutiens alternatifs à ceux des Européens et des Américains. Pour lesdits responsables

africains en effet, la Chine est un régime autoritaire qui a réussi par excellence : le Parti

communiste chinois est parvenu à la fois à se maintenir au pouvoir depuis 1949 et à vaincre

la grande pauvreté53 e développée, la Chine devient une nouvelle puissance rabie Saoudite et Ainsi, les intérêts mutuels entre

F., ChariCultures &

Conflits, 2001/44, p. 7.

50

autocratiques, non participatifs, répressifs, mais se présentent à la face du monde avec le label rassurant de

modernisateur. Pour, construire des sociétés aux normes de la modernité internationale, on assurait, déjà à

toritaire. Il fallait, pensait-on, " souffrir » pour accéder au

paradis de la démocratie, une génération ou deux, peut-être plus.B., Badie, " Printemps arabe : un

commencement », Études, tome 415, 2011/7, pp. 7-18.

51Ibid.

52 V., Magnani, et T., Vircoulon, Op. cit.

53Ibid.

300
tra contrepoids aux critiques des Occidentaux dans les arènes internationales, et les aider sur les

plans sécuritaire et économique54. Les ressources naturelles, qui devraient contribuer au

développement de pays du continent, protègent plutôt une majorité de gouvernements

étatiques de pressions nationales et internationales en faveur des réformes démocratiques55.

Ainsi, le sous- ent ou se complètent :

extension du domaine de la rente, faible influence des acteurs régionaux et internationaux liée,

en partie, à la diversification des soutiens étrangers56 préservant, chacun pris

individuellement, leurs intérêts propres. Dès lors, les matières premières stratégiques57 dont

dispose le Cameroun protègent le pouvoir politique des pressions nationales et internationales en faveur de la gestion de la crise et de la prise en compte de revendications des ressortissants des régions anglophones d et socioéconomiques

émergents et le pouvoir politique. Partant de ces différentes raisons susmentionnées, le

pouvoir politique de Yaoundé établit des stratégies qui contribuent à " impopulariser » la crise

en cours dans les régions anglophones du pays. II- Les stratagèmes de renforcement du pouvoir perpétuel Le Cameroun, tout comme de nombreux pays du Sud, fait face à des mouvements perçues comme discriminantes et reposent désormais sur des critères linguistiques avec des anglophone58. Dans ce pays,

on peut subdiviser la population en trois générations traumatiques: celle des années

Cameroun (UPC) ; celle des années 1990 témoin des années de braise et de villes mortes59 ;

enfin la génération actuelle des années 2000 qui a connu la répression sanglantes des

" émeutes de la faim » de 200860. des schémas habituels : en lieu et place des arrangements et accommodements politiciens et autres aménagements cosmétiques, ne décompression autoritaire plutôt que

54Ibid.

55Ibid.

56Ibid.

57

substituts possible à un horizon temporal connu et raisonnable. C.-A., Paillard, Les nouvelles guerres

économiques, Paris, Ophrys, 2011, p. 232.

58J., Tchinda Kenfo, " Le " problème anglophone au Cameroun : la réponse par le processus participatif au

développement du territoire », Note de recherche, no 29, 2017, pp. 2-14.

59 ௗௗௗௗௗௗௗௗௗௗௗௗௗௗ

politiqueௗo ௗ -161 ; P., Kame, Les crises majeures de la présidence Paul Biya, Paris,

2007.

60P. E., Batchom, Op. cit.

301
contrat socia

mettre en dialogue les différents registres de légitimité afin que chacun prenne véritablement

sa place et se sente concerné61. Toutefois, dans le but de " sécuritiser62 » les intérêts du

collectif bureaucratico-présidentiel, le pouvoir politique63

de cynisme pour orienter le débat sur la situation conflictuelle dans les régions du Nord-ouest

une dénégation et une désinformation de la crise (B).

A- Instrumentalisation du droit i interne et de

réduction de libertés civiles et politiques Dans les contextes sécuritaire et politique actuels marqués par les exactions de la

secte islamiste Boko Haram et la crise anglophone, les thèmes de démocratisation, de

pluralisme politique et de unité nationale alimentent en permanence le discours des hommes politiques, des leaders opinion et des citoyens ordinaires au Cameroun. Lidentité (ethnique

ou linguistique) est par conséquent perçue ou vécue comme ressource politique exploitée à

des fins de positionnement et de pouvoir64

peuvent être utilisées pour organiser la vie sociale ou encore réprimer un certain type

contres de la société civile ou de discussions autour des problèmes auxquels le Cameroun fait face67hégémonie est , mais aussi par qui sont restés vagues dans la loi. Or, " chaque loi est une chausséequotesdbs_dbs29.pdfusesText_35

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