[PDF] Fiche de lecture : Merveilleux et fantastique en littérature





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QUELQUES CONTES MERVEILLEUX DE LA CLASSE DE 6ème P

renvoie à nouveau le conte après en avoir rédigé une nouvelle étape… et ainsi de suite jusqu'à la situation finale ! Voici quelques exemples de contes 



Conte merveilleux et mythe latent

qu'on peut donner et du mythe et du conte merveilleux. (Märchen) restent toujours insatisfaisantes : « L'idée qui nous est ainsi offerte est celle d'un.



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Univers du merveilleux. Personnages où le conte fut écrit ainsi que selon son lieu d'origine. Par exemple un conte écrit en Chine n'aura pas les mêmes.



Fiche de lecture : Merveilleux et fantastique en littérature

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1 oct. 2013 contes proprement dits qui regroupent les contes merveilleux religieux

Qu'est-ce qui rend un conte merveilleux ?

Un conte merveilleux, ou conte de fées, est un court récit de fiction en prose ou en vers. Il se déroule la plupart du temps dans une contrée imaginaire et contient des éléments merveilleux qui jouent un rôle important dans l’histoire.

Quels sont les contes merveilleux traditionnels ?

Les contes merveilleux traditionnels sont issus du folklore populaire. Ils ont très souvent une origine lointaine qui peut remonter à l’Antiquité et même avant. Ils se sont transmis oralement de génération en génération avant d’être consignés par écrit. Il existe des merveilleux sur tous les continents.

Pourquoi les contes sont-ils sélectionnés et mis en page ?

Les contes ont été sélectionnés et mis en page afin qu'ils tiennent sur une ou deux page (s) recto-verso. Ce sont des contes plutôt courts : les élèves ont ainsi le temps, en une heure, de les lire et de faire sur leur carnet les activités de la fiche associée. Les cONTES EXOTIQUES (JAPON, CHINE, INDE... )

Quelle est la différence entre un conte de fées et un conte merveilleux ?

Malgré son nom, un conte de fées peut très bien ne faire intervenir aucune fée, comme par exemple Le Petit Chaperon rouge. ? À lire : Les fées. – Les ogres et les ogresses. – Les créatures fabuleuses et les divinités. Le conte merveilleux traditionnel est intemporel, c’est-à-dire qu’il se déroule hors du temps.

Fiche de lecture : Merveilleux et fantastique en littérature

Fichedelecture:MerveilleuxetfantastiqueenlittératureLaCASDENvousproposeautourdelathématiquedumerveilleuxetdufantastiqueenlittérature,u nesélectiond'ouvragesde la littératurefrançaisetéléchargeable sgratuitement,assortisdeleurfichedelecture.Undossierproposépar:

Merveilleuxetfantastiqueenlittérature1.TextedeprésentationLesrécitsme rveilleuxetfantastiq uespeuventparaîtretrèsproches,mais ilsso ntfondamentalementdifférents.Afindemieuxcomprendrelemerveilleuxetlefantastique,ilestnécessaired'expliquercequesont:lesurréel,lesurnaturel,l'étrangeetunphénomène.Alorsqueleréel englobetout cequino usestconnu,lesurrée lreprésentetoutcequidépasselalimitedenosconnaissances,c'est-à-direcequiestrationnellementinexplicableaumomentoùl'onparle.Parcontre,lesurnaturelestcequisembleéchapperauxloisdelanature;ilcorrespondàuneexceptionauxloisdumondequeDieuafixées(parexemple,lesanges);ilfaitpartiedusurréel;ilesttout-à-faitpossible(parexemple,lesmiracles),maisilsurprendtoujours.Commelemot"surnaturel»afiniparprendreunsenspluslargeetdevenirsynonymede"surréel»,nousl'emploierons,danscedossier,aveccedeuxièmesens.Quantàl'étrange,ilfaitpartieduréel;ilestcequiesttrèsdifférentdecequel'onl'habitudedevoir,cequiétonne,surprend.Parcontre,unphénomèneestbannidenotreréalité;ils esitueau-delàduréel;ilf aitpartied usurréel ;mais, iln'échappepas nécessairementauxloisdelanatureetn'estdoncpasforcémentsurnaturel;ilpeutdoncêtresurnaturel ouautre.Mais,l'apparitiond'u nphénom ènecréetoujour sunclimatd'étrangeté.Fortdecesdéfinitions,nousallonsétudierlemerveilleuxetlefantastiquedanslesoeuvresdenotrecorpus.Notrebutn'estpasdefaireentrercelles-cidansdesgenreslittérairesbiendéfinis(merveilleuxoufantastique),maisd'enétudierlesmanifestations,d'autantplusquepourcertainesoeuvres,seulscertainspassagesfontappelaumerveilleuxouaufantastique.1.1Lemerveilleux1.1.1DéfinitiondumerveilleuxLemerv eilleux(VoirleClind'oeil N°2du dossier"Nosrêvesd'enfa nt»)se fondesurl'interactiond'êtresetd'élémentssurnaturels,dansunmondeféérique.Lesêtresetlesobjetsontdespouvoirssurnaturels,lesanimauxparlent,lasorcellerieetlesmétamorphosessonthabituelles.Lesrécitsmerveilleuxsontdesoeuvresd'imaginationquinerecherchentpasleréalismeetquiplongentd'embléel'auditeuroulelecteurdansunmondesurnaturel,sansqu'ilseposedequestions.Ilsontuncaractèreirréaliste.Danslerécitmerveilleux,unecohérenceparfaites'installeentrelepersonnageetl'universdanslequel ilévolue.D'autrepart, lelecteu rdécouvreunmondeféé riqueoùrienne l'étonne.Ilacceptelesdonnéesdumondesurnaturelcommeallantdesoi.Ilfaitpreuvedeconfianceetdecrédulité.Lemerveilleuxn'entretientaucuneambiguïtéentrecequiexisteréellementetcequiparaîtsurnaturel.Ilsous-tendunehistoiredontonsaitd'embléequ'elleestfictive.Ilnenécessiteaucunejustificationetsedonnepourtel.Ils'ajouteaumonderéelsansluiporte ratteintenie ndétruire lacohér ence.Ilnecherchepasà rationali serlesurnaturelniàl'expliquer,carlesphénomènessurnaturelssontlaréalitédespersonnagesdelafiction.Unecontinuiténaturellesembles'installerentrelemonderéeletlemondemerveilleux.

MerveilleuxetfantastiqueenlittératureLemervei lleuxlittérairecaractérisedoncunmon deoùlesurnaturelestin contesté:personnages,comportementsetévènementsobéissentàdesloisinsolites,généralementtrèséloignéesdelalogiqueordinaire.C'estlemondedel'altéritéabsolue,oùlaraisonnes'aventurequ'enétrangère.Iln'yapasd'obstaclesàcequ'uneféeinterviennedanslavieduhéros:c'estattendu.Cepersonnagefaitpartiedel'universmerveilleux;ilyestàsaplace.Onestdanslemondedu"Ilétaitunefois...».Lemerveilleuxconstruitunmondeautonome,universeletintemporel,quiévacuelerapportàlaréalitéréférentielle.1.1.2Petitehistoiredumerveilleux1.1.2.1Lemerveilleuxetl'épopéeDanslaperspectiveclassique,ilyaincompatibilitéentrelemerveilleuxetlaprose.C'estpourquoidepuisl'Antiquité,lemerveilleux,quitrouvesonoriginedanslatraditionorale,estréservéauxmythes,auxlégendes,auxépopéesouauxpoésiesversifiées.Ilestdonctrèsprésentdanslatradition épiquegrecque(Ho mère,Eschyle,Sophocle ,Euripide,etc.)etromaine(Virgile,Luc ain,etc.).Ilfaitp artiedel aréalitéadmise:les hérosantique scommuniquentavecleursdieuxquiinterviennent,sousdifférentesformes,danslaréalité.AuMoyenAge,lapenséemédiévaleoccidentalediviselemerveilleuxentroiscatégories:lemiraculus,lemagicus,etlemirabil is.Le miraculusdésignelemerveilleux chrétiene trecouvretoutcequiestlié àlaprésen ceouàla manifestationd eDieu.L emagicusreprésentel'aspectmaléfiqueetdiaboliquedumerveilleux.Quantaumirabilis,ilenglobetoutcequi nepeuts 'expliquer parleslo isdelanatur e,toutcequiestanormal,extraordinaire.Mais,lesfrontièresentrece sdifférente scatégoriesd umerveilleuxsontparfoisflouesetdifficilesàdéterminer.Lemerveilleux,toutescatégoriesconfondues,esttrèsprésentdanslesépopéescommedanslaChansond'Antiocheetdanstouslesrécitsd'aventures.AlaRen aissance ,lescroyancesreligieuseset lecultepassionnédeslettrespaïe nnesproduisentunmélangebizarrede merveille uxmythologiqueetde merveilleuxchréti en(anges,démons,saintsetleursdonsmiraculeux),commedansLaDivinecomédiedeDante.DanslaJérusalemdélivrée,leT asseunitau merveilleuxchréti enceluidelamagieetabandonnelamythologie.Acetteépoque,lemerveilleuxparticipeàlafoisdupaganisme,duChristianismeetdelasorcellerie.Ainsi,lesoeuvresépiquesaccordent-elleunelargeplaceaumerv eilleux,qu'ilsoitchrétienoupaïen ,miraculeuxoumal éfique.Celui-ciestla manifestationnonconflictuelledusurnatureldansleréel.Danslesépopéesmodernes,l'élémentchrétienfinitparéclipserlamythologie.DansLeParadisPerdu,MiltonsebornepratiquementaumerveilleuxtirédelaBible.Parlasuite,lamythologiedisparaîtdesépopées.LaQuerelledesAnciensetdesModernesauXVII°initieunelongueettrèsvivediscussionsurlesméritescomparésdumerveilleuxchrétienetdumerveilleuxpaïen.BoileauprendlepartidesAnciensets'attaquevivementaumerveilleuxchrétien,maisneréussitpas àfairerevivr elemer veilleuxpaïen.Ladis cussions 'es tprolongéejusqu'auXIX°,suscitéeparChateaubriandavecl'épopéedesNatchez.1.1.2.2Lemerveilleuxetleconte

6Merveilleuxetfantastiqueenlittératurepasànotre mon deréel,maisi lromptaveclavisi oncohérentequeno usenavons. Lefantastiquemetenscènedeuxlogiquesopposées:l'unerationnelle,l'autreirrationnelle.C'estlàlagrande différ ence aveclemerveilleux :le phénomène fantastiquedemeureétranger,voireimpossibledanslaréalitédelafiction,alorsquelephénomènemerveilleuxsurvientdansunmondeimaginairequilepermetetl'acceptesansproblème.Parailleurs,l'irruptiond'unphénomènedanslaréalitédelafictiongénèrenécessairementunquestionnement.Etc'estlà,ladeuxièmegrandedifférenceaveclemerveilleux:lerécitmerveilleuxnesusciteaucunquestionn ementsur leréel,alorsquel erécitfantastique proposeunehypothèsequiélargitnotrevisionduréelet,dufaitdel'impossibilitéthéoriqued'yapporteru neréponse,seconten ted'évoquer uneproblématique.Lefantastiq ueproposeuneinfinitéd'e xpériences deslimitesduréel,voi reunecritiquedelavisioncommunedumonde.Enfin,l'irruptiond'unphénomènedanslaréalitédelafictionentraînetoujoursunclimatd'étrangeté.C'estlàlatroisièmedifférenceaveclemerveilleux:l'atmosphèremerveilleusen'estpasétrange, alorsque l'atmosphèrefantastiquee stétrange.L'étran gecommence lorsquesurvie ntunévènementauquelle personnag eoulelecteurnepeutpasd onnerd'explication:bruitsinexpliqués,objetsdéplacés,comportementsincompréhensibles,etc.Acôtédecestroisinvariants,citonslescaractéristiquesvariableslespluscourantesdanslesrécitsfantastiques.D'abord,lephénomènepeutêtremaléfique,bénéfique,ounil'unnil'autre.Lamenacen'estd oncp asuninvariantdesré citsfantastiques. Lefantastiquen'installepastoujoursunclimatdepeuretd'épouvante.D'autrepart,les récitsfantastiq uesnegénèr entpastousunehés itationentreuneexplicationnaturelleetuneexpli cationsurnaturelleduphén omène. Biendesau teurscherchentuniquementànousmontrerqu'unepartieduréelnouséchappeetquenossensrestreignentnotrevisiondumonde.Eneffet,unphénomène,enapparencesurnaturel,peutdébouchersuruneinterprétationrationnelle,danslaquellecesontlesloisnaturellesquiprédominent.Souvent,leshasards,les coïncidences,lerêve, l'influence desdrogues,l'illusiondessensoulafolietententderéduirelesurnatureletpermettentdedonneruneexplicationrationnelleàunphénomènequinel'étaitpasaudépart.Danscetypederécitsfantastiques,lepersonnageessaie,dansunpremiertemps,deserassurerentrouvantuneexplicationrationnelle.Tantqu'ilnel'apastrouvée,intervientlapeur,voirel'affolementoulapanique.Mais,ledénouementrassuretoujourslepersonnage.Ici,lanormeestperturbée,maisellen'estjamaisniée.Lesurnatureln'estqu'uneapparence.Parailleur s,lesrécitsfantastiquesnes eterminentp astoujoursdelamêm efaçon:le phénomènepeutêtredétruit,continuersonouvragededestruction,continueràfairelebien,disparaîtreouaucontraireêtreéternel;lehérospeuttrouverlamortouêtredamné,maisaussivaincrelephénomène,seservirduphénomèneoudevenirlephénomène.Lerécitpeutsecon clureouno nsurl'h ésitationduhéros:do it-ilsecon forterdans sonrationalismeetnierlephénomènesurnatureloubiendoit-ilreconnaîtrel'évidencedecephénomène?Plus ieursrécitsfantastiquessecaractér isentparl'acceptation desphénomènessurnaturels.

7MerveilleuxetfantastiqueenlittératureEnfin,laplupartdesthéoriciensontattachélefantastiqueuniquementauxtextesnarratifs.Mais,celui-ciprendaussiformedanslapoésie,aucinéma,enmusique,etc.C'estpourquoinotrecorpuscomportedesoeuvrespoétiques.Danscelles-cinousavonsbienretrouvélestroisinvariantsdontnousavonsparléprécédemment:irruptiond'unphénomènedansuncadreréaliste,climatd'étrangetéetquestionnementsuscité.Lefantastiqueenpoésieestaussiunmoyend'interrogerleslimitesduréeletd'explorerlesfrontièresdelaraison.Notons,deplus,quelefantastiqueenpoésiecôtoiesouventlemerveilleux(Cf.ApollinaireetVerlaine).1.2.2PetitehistoiredufantastiqueLefantastiq ueestungenrelittéraire, àl'origi neincertai ne,maisilacomme ncéàsedévelopperauXVIII°.C'estleromangothique(VoirLesaviez-vousN°4),qui,ens'intéressantauxthèmesdel'irrationneletdel'angoisseetentémoignantungoûtprononcépourlemacabre,ainfluencélalittératurefantastique.Troisromanssontàlabasedel'essorconsidérablequelefantastiqueaconnuenFranceauXIX°:LeDiableamoureux(1772)deJ.Cazotte,lepremierromanfantastique;ManuscrittrouvéàSaragosse(1804)dupolonaisJanPotocki,considérécommeleroman-modèledufantastiqueparZvetanTodorov;lesContes(1816,traduitsen1830)del'allemandE.T.A.Hoffmann.Danslesann ées1830,d enombreuxtextesem blématiquesdelali ttératurefantastiquesontpubliésen France:LaPeaud echagrind'HonorédeBalzac(1831), LaCafetière(1831)etLaMorteamoureuse(1836)deThéophileGautier(1831),LaféeauxmiettesdeCharlesNodier(1832)etlaVenusd'IlledeProsperMérimée(1837).D'autrepart,latraduc tionduFaustdeGoethe en1828parGérard deNerval etcelledesHistoiresextraordinairesetNouvelleshistoiresextraordinairesdePoeparBaudelaire(1856et1857)ontinspi rédenombreuxécrivains ,quiont mêlélethèmedufantastiqueàc eluidel'horreur:RobertLouisStevenson(DrJekylletMrHyde,1886)),OscarWilde(LePortraitdeDorianGray,189 0),etc.Toutaulongdu siècle,legenreperdure avecdes oeuvresimportantes:Aurélia(1855)deGérarddeNerval,LeHorladeGuydeMaupassant(1887).Lafinessedel'analysepsychologiqueprendlepassurlafoliedébridéeetmorbidedudébutdufantastique.AlafinduXIX°etaudébutduXX°,avecl'essordelalittératureditedécadente,dontlesthèmesdeprédilectionsontlacruauté,leviceetlasexualité,lefantastiquen'estplusunefinalitéensoi.Ilestunmoyenpermettantdefairepasseruneprovocation,unedénonciationouunevolontéesthétique.Durantcettepériode,iln'yapasàproprementparléd'écrivainsfantastiques,maisdenombreuxauteursontécritdestextesfantastiques.1.3Lemerveilleux,lefantastiqueetlascienceLemerv eilleuxrelèved'unétatdec ivilisatio ntrèsancienourienencoren'est expliquéscientifiquement.Chrétienoupaïen,ilestomniprésentdanslemondeoccidentaljusqu'auXVIII°.Eneffet,denombreuxphénomènesquinepeuventpasêtreexpliquésparlasciencecoexistentavecleréelsansqu'ilyaitconflit:lemiracleetl'irrationnelvontdesoi.Parcontre,lefantastiquenepeutpasexisterauMoyen-Ageoùlesmentalitésacceptentlesurnaturelcommeuneréalité. D'autrepart,ilestc omplètementi gnorédessiècles

8Merveilleuxetfantastiqueenlittératureclassiquesquicroientàlarais onetquiopp osent,auxcroyancessu per stitieu ses,unscepticismeabsolu.LapenséedesL umièresréduitlarepr ésentatio ndumondeauréelrationneletnielesurnaturel,quisurvitencore,danslesrécitsmerveilleux.Enfin,lasciencefaitdeformidablesavancéesetfleurissentlesthéoriesmatérialistes(toutestmatièreetDieun'existepas)etpositivistes(touteconnaissancedoits'entenirauxfaits).Cen'estquedanslasecond emoiti éduXVIII°,aprèsl'écroule mentdescer titudesquelaRévolutionréaliseetl'élargissementdel'inspirationàl'imaginaireexaltéparleromantismequel'onassisteaurenouveaudel'irrationnel.Eneffet,faceàcettemodernitérationaliste,naîtunegrandeinquiétudechezlesécrivains,d'oùunrecoursaufantastique,pourapporterunesorted'"oxygénisation»auréel.Ilyadoncunesciencederéférenceàpartirdelaquellesedéveloppeunrécitfantastique.Mais,si,enl evantlevoil esurce quidemeurein expliqué, lesdécouvertesscientifiquessemblentréduirelechamp delalittératurefantastique,e llestrace ntaucontrairede nouvellesperspectivesquiouvrentsurl'inconnu.Ainsilascience,loindelebloquer,offre-t-elleunterrainpropiceaufantastique.Celui-ci,enrelativisantlesavancéesdelascience,revendiquelapartdemystère,cemondeautresituédel'autrecôtédumiroir.Ainsi,lafinduXIX°est -ellepartagéeentr elepositivismetri omphantdontles succèsphilosophiquessefondentsurlesavancéesprodigieusesdelasciencemoderneetleretourenforcedetoutlerefouléantirationaliste,aveclavoguemondainedumagnétisme,del'occultisme,delathéosophieetdel'astrologie.Lefantastiqueestunesortederéponseàunmondeultraréalisteetrationnalisé.Denosjours,lesmondesdumerveilleuxetdufantastiquecoexistent.Ilsontinspiréd'autresgenresnarratifscommelascience-fiction.

9Merveilleuxetfantastiqueenlittérature2.ExtraitsducorpusNousallonsétudierletraitementdumerveilleuxetdufantastique,danslesoeuvresdenotrecorpus,enpassantenrevuelesthèmeslesplusrécurrents.2.1.Letemps2.1.1L'absencederepèrestemporelsDanslemerveilleux,etplusparticulièrementdansceluidescontesdefée,lepassagedel'universquotidienàunautreuniversoùlemerveilleuxadroitdecité,estmarquéd'embléepardesformulescomme:"ilétaitunefois»,"ilyalongtemps,bienlongtemps»,"jadis»,etc.L'époque restevolontairementimprécis e,afindefacil iterledépartversunmondelointain.Enplaçantlesévènementsnarréshorsdetouteactualité,l'auteurprévienttouteassimilationréaliste.Cen'estpaslecasdufantastique,oùlanécessitéd'unancragedanslaréalitéconduitleplussouventl'écrivainàdonnerdesrepèrestemporelsprécis.Lerécitmerveilleuxsesituedansl'intemporel,dansunpasséindéterminéetgénéralementlointain.Ilenestdemême dec ertainsréc itsfantastiqu es,comm echezPoe:pl usieursnouvellesbaignentdansununiversqui,bienqu'enapparenceréel,estmystérieux,vague,lointain,reléguédansunesorted'atemporalité,commedansLigeia.2.1.2LesdérèglementsdutempsDanslerécitmerveilleux,ilyabrouillagedesrepèrestemporels:letempssedérègle(arrêt,répétition,etc.).Parexemple,dansAliceauPaysdesMerveilles,letempsestsanscessedéréglé.Pourcertainspersonnages,commelelapinblancquicourtavecsamontreàlamain,letempspassetropvite.Pourd'autres,commelechapelierfou,ilestsuspenduetstagneàlamêmeheure:ilesttoujourssixheures.Extrait:AliceeuPaysdesMerveilles,Caroll,p.35-37"LeChapelierrompitlesilencelepremier."Quelquantièmedumoissommes-nous?»dit-ilensetournantversAlice.Ilavaittirésamontredesapocheetlaregardaitd'unairinquiet,lasecouantdetempsàautreetl'approchantdesonoreille.Aliceréfléchituninstantetrépondit:"Lequatre.»"Elleestdedeuxjoursenretard,»ditleChapelieravecunsoupir.(...)Aliceavaitregardépar-dessussonépauleaveccuriosité:"Quellesingulièremontre!»dit-elle."Ellemarquelequantièmedumois,etnemarquepasl'heurequ'ilest!»"Etpourquoimarquerait-ellel'heure?»murmuraleChapelier."Votremontremarque-t-elledansquelleannéevousêtes?»"Non,assurément!»répliquaAlicesanshésiter."Maisc'estparcequ'elleresteàlamêmeannéependantsilongtemps.»"Toutcommelamienne,»ditleChapelier.(...)"Avez-vousdevinél'énigme?»ditleChapelier,setournantdenouveauversAlice."Non,j'yrenonce,»réponditAlice;"quelleestlaréponse?»"Jen'enaipaslamoindreidée,»ditleChapelier."Nimoinonplus,»ditleLièvre."Alicesoupirad'ennui."Ilmesemblequevouspourriezmieuxemployerletemps,»dit-elle,"etnepaslegaspilleràproposerdesénigmesquin'ontpointderéponses.»

10Merveilleuxetfantastiqueenlittérature"SivousconnaissiezleTempsaussibienquemoi,»ditleChapelier,"vousneparleriezpasdelegaspiller.Onnegaspillepasquelqu'un.»"Jenevouscomprendspas,»ditAlice."Jelecroisbien,»réponditleChapelier,ensecouantlatêteavecmépris;"jepariequevousn'avezjamaisparléauTemps.»"Celasepeutbien,»répliquaprudemmentAlice,"maisjel'aisouventmalemployé.»"Ah!voilàdoncpourquoi!Iln'aimepascela,»ditleChapelier."Maissiseulementvoussaviezleménager,ilferaitdelapenduletoutcequevousvoudriez.Parexemple,supposonsqu'ilsoitneufheuresdumatin,l'heuredevosleçons,vousn'auriezqu'àdiretoutbasunpetitmotauTemps,etl'aiguillepartiraitenunclind'oeilpourmarqueruneheureetdemie,l'heuredudîner.»("Jelevoudraisbien,»dittoutbasleLièvre.)"Celaseraittrèsagréable,certainement,»ditAliced'unairpensif;"maisalors-jen'auraispasencorefaim,comprenezdonc.»"Peut-êtrepasd'abord,»ditleChapelier;"maisvouspourriezretenirl'aiguilleàuneheureetdemieaussilongtempsquevousvoudriez.»"Est-cecommecelaquevousfaites,vous?»demandaAlice.LeChapeliersecouatristementlatête."Hélas!non,»répondit-il,"nousnoussommesquerellésaumoisdemarsdernier,unpeuavantqu'ildevîntfou.»(IlmontraitleLièvreduboutdesacuiller.)(...)"Et,depuislors,»continualeChapelieravectristesse,"leTempsneveutrienfairedecequejeluidemande.Ilesttoujourssixheuresmaintenant.»Unebrillanteidéetraversal'espritd'Alice."Est-cepourcelaqu'ilyatantdetassesàthéici?»demanda-t-elle."Oui,c'estcela,»ditleChapelieravecunsoupir;"ilesttoujoursl'heureduthé,etnousn'avonspasletempsdelaverlavaisselledansl'intervalle.»2.1.3Lesmomentsprivilégiés2.1.3.1LanuitDanslalittératureoccidentale,lanuits'estdonnéecommelelieudel'inquiétude(lapeurdunoir), del'inconnuetdes illusions .C'estlanuitquelesommeil engend rerêvesou cauchemarsetquel'espritimaginemonstresetchimères.Lanuitrévèleaussiuneattractionsingulièreentrelemondedesmortsetceluidesvivants.C'estpourquoi,lefantastiqueprivilégiedesmomentsparticulierscommelecrépusculeoulanuit,outoutétatrappelantlanuit:pénombre,brouillard,tempête,orage,etc.DansEffetdenuit,Verlaineprésenteunpaysagenocturne,oùestdresséungibet,verslequelmarchentdescondamnés.Ilréussitàcréerunclimatfantastique,enécrivantlascèneàlamanièredespeintresetenutilisanttouteunesymboliquedumacabre.IlnousplongedanslesténèbresduMoyen-Age,oùlamortestomniprésenteet,par-là,illustretoutsonpessimisme.Extrait:"Effetdenuit»,inOEuvrescomplètes,t.1,Verlaine,p.10"Lanuit.Lapluie.UncielblafardquedéchiquetteDeflèchesetdetoursàjourlasilhouetteD'unevillegothiqueéteinteaulointaingris.Laplaine.UngibetpleindependusrabougrisSecouésparlebecavidedescorneillesEtdansantdansl'airnoirdesgiguesnonpareilles,Tandis,queleurspiedssontlapâturedesloups.Quelquesbuissonsd'épineépars,etquelqueshoux

11MerveilleuxetfantastiqueenlittératureDressantl'horreurdeleurfeuillageàdroite,àgauche,Surlefuligineuxfouillisd'unfondd'ébauche.Etpuis,autourdetroislividesprisonniersQuivontpiedsnus,ungrosdehautspertuisaniersEnmarche,etleursfersdroits,commedesfersdeherse,Luisentàcontresensdeslancesdel'averse.»DansArriaMarcelladeGautier,lebasculementdanslefantastiquesefaitaussiàlafaveurdelanuit.Rappelonsl'intrigue:TroisjeunesgensvisitentlemuséedeStudjàNaples.Leplusjeunedestrois,trèsromantique,Octavien,restepétrifiédevantl'empreinted'uncorpsdefemmedansunmorceaudecendre.Ensuite,ilsvisitentlesruinesdePompéi.Lesoir,netrouvantpaslesommeil,Octavienretournesurlesitearchéologique.Extrait:"ArriaMarcella»,inRomansetContes,Gautier,p.149-151"Octavien,quiavaitsouventlaissésonverrepleindevantlui,nevoulantpastroublerparuneivressegrossièrel'ivressepoétiquequibouillonnaitdanssoncerveau,sentitàl'agitationdesesnerfsquelesommeilneluiviendraitpas,etsortitdel'osteriaàpaslentspourrafraîchirsonfrontetcalmersapenséeàl'airdelanuit.Sespieds,sansqu'ileneûtconscience,leportèrentàl'entréeparlaquelleonpénètredanslavillemorte;ildéplaçalabarredeboisquilafermeets'engageaauhasarddanslesdécombres.Laluneilluminaitdesalueurblanchelesmaisonspâles,divisantlesruesendeuxtranchesdelumièreargentéeetd'ombrebleuâtre.Cejournocturne,avecsesteintesménagées,dissimulaitladégradationdesédifices.L'onneremarquaitpas,commeàlaclartécruedusoleil,lescolonnestronquées,lesfaçadessillonnéesdelézardes,lestoitseffondrésparl'éruption;lespartiesabsentessecomplétaientparlademi-teinte,etunrayonbrusque,commeunetouchedesentimentdansl'esquissed'untableau,indiquaittoutunensembleécroulé.Lesgéniestaciturnesdelanuitsemblaientavoirréparélacitéfossilepourquelquereprésentationd'uneviefantastique.QuelquefoismêmeOctaviencrutvoirseglisserdevaguesformeshumainesdansl'ombre;maiselless'évanouissaientdèsqu'ellesatteignaientlaportionéclairée.Desourdschuchotements,unerumeurindéfinie,voltigeaientdanslesilence.Notrepromeneurlesattribuad'abordàquelquepapillonnementdesesyeux,àquelquebourdonnementdesesoreilles,-cepouvaitêtreaussiunjeud'optique,unsoupirdelabrisemarine,oulafuiteàtraverslesortiesd'unlézardoud'unecouleuvre,cartoutvitdanslanature,mêmelamort,toutbruit,mêmelesilence.Cependantiléprouvaituneespèced'angoisseinvolontaire,unlégerfrisson,quipouvaitêtrecauséparl'airfroiddelanuit,etfaisaitfrémirsapeau.Ilretournadeuxoutroisfoislatête;ilnesesentaitplusseulcommetoutàl'heuredanslavilledéserte.Sescamaradesavaient-ilseulamêmeidéequelui,etlecherchaientilsàtraverscesruines?Cesformesentrevues,cesbruitsindistinctsdepas,était-ceMaxetFabiomarchantetcausant,etdisparusàl'angled'uncarrefour?Cetteexplicationtoutenaturelle,Octaviencomprenaitàsontroublequ'ellen'étaitpasvraie,etlesraisonnementsqu'ilfaisaitlà-dessusàpartluineleconvainquaientpas.Lasolitudeetl'ombres'étaientpeupléesd'êtresinvisiblesqu'ildérangeait;iltombaitaumilieud'unmystère,etl'onsemblaitattendrequ'ilfûtpartipourcommencer.Tellesétaientlesidéesextravagantesquiluitraversaientlacervelleetquiprenaientbeaucoupdevraisemblancedel'heure,dulieuetdemilledétailsalarmantsquecomprendrontceuxquisesonttrouvésdenuitdansquelquevasteruine.Enpassantdevantunemaisonqu'ilavaitremarquéependantlejouretsurlaquellelalunedonnaitenplein,ilvit,dansunétatd'intégritéparfaite,unportiquedontilavaitcherchéàrétablirl'ordonnance:quatrecolonnesd'ordredoriquecanneléesjusqu'àmi-hauteur,etlefûtenveloppécommed'unedraperiepourpred'uneteintedeminium,soutenaientunecimaisecoloriéed'ornementspolychromes,queledécorateursemblaitavoirachevéehier(...).Lamaisons'étaitexhausséed'unétage,etletoitdetuilesdenteléd'unacrotèredebronzeprojetaitsonprofilintactsurlebleulégerducieloùpâlissaientquelquesétoiles.Cetterestaurat ionétrange,faitedel'après-midiausoir paruna rchitecteincon nu,tourmenta itbeauc oupOctavien,sûrd'avoirvucettemaisonlejourmêmedansunfâcheuxétatderuine.Lemystérieuxreconstructeuravaittravaillébienvite,carleshabitationsvoisinesavaientlemêmeaspectrécentetneuf;touslespiliersétaientcoiffésdeleurschapiteaux;pasunepierre,pasunebrique,pasunepelliculedestuc,pasuneécailledepeinturenemanquaientauxparoisluisantesdesfaçades,etparl'intersticedespéristylesonentrevoyait,autourdubassindemarbreducavaedium,deslauriersrosesetblancs,desmyrtesetdesgrenadiers.Tousleshistoriens

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Merveilleuxetfantastiqueenlittératures'étaienttrompés;l'érupti onn'avaitpaseuli eu,oubie nl'aiguilledutemps avai treculéde vingtheuresséculairessurlecadrandel'éternité.Octavien,surprisaudernierpoint,sedemandas'ildormaittoutdeboutetmarchaitdansunrêve.»2.1.3.2.Minuit,heuresymboliqueMinuitestuneheuresymboliquedanslesrécitsmerveilleuxetdanslesrécitsfantastiques.C'estl'heuredusecret,del'ombreetdusilence,del'improbableetdel'imprévu.C'estl'heuredesmétamorphoses,l'heureoùsouventdesévènementshorriblesoumagiquesseproduisent.Parexemple,dansCendrillon,minuitestl'heureoùl'enchantementestrompu.Eneffet,Cendrillon,estparée,parlamagiede samarraine-fée,d'unemagn ifiquerobeetde pantouflesdevairetestdotéed'uncarrosseetdeserviteursquin'existerontquejusqu'àminuit.Extrait:"Cendrillon»,inContes,Perrault,p.36"Lelendemain,lesdeuxsoeursfurentaubal,etCendrillonaussi,maisencoreplusparéequelapremièrefois.Lefilsduroifuttoujoursauprèsd'elle,etnecessadeluiconterdesdouceurs.Lajeunedemoisellenes'ennuyaitpoint,etoubliacequesamarraineluiavaitrecommandé,desortequ'elleentenditsonnerlepremiercoupdeminuit,lorsqu'ellenecroyaitpasqu'ilfûtencoreonzeheures:elleseleva,ets'enfuitaussilégèrementqu'auraitfaitunebiche.Leprincelasuivit,maisilneputl'attraper.Ellelaissatomberunedesespantouflesdevair,queleprinceramassabiensoigneusement.Cendrillonarrivachezelle,bienessoufflée,sanscarrosse,sanslaquais,etavecsesméchantshabits;rienneluiétantrestédetoutesamagnificence,qu'unedesespetitespantoufles,lapareilledecellequ'elleavaitlaisséetomber.Ondemandaauxgardesdelaportedupalaiss'ilsn'avaientpointvusortiruneprincesse:ilsdirentqu'ilsn'avaientvusortirpersonnequ'unejeunefillefortmalvêtue,etquiavaitplusl'aird'unepaysannequed'unedemoiselle.»Minuitestuneheuremagiqueeteffrayante.Elleestaussil'heuredestransformations,dessabbatsdesorcièresetd'autresloupsgarous.C'estversminuitquel'ogreduPetitPoucetserelève,aveclafermeintentiondemangerlesseptfrères.C'estencoreàminuitquetoutestterminépourlapetitesirèneduconted'Andersen.Extrait:"LaPetiteSirène»,inContes,Andersen,p.119"Lejourdelanocedeceluiqu'elleaimait,elledevaitmouriretsechangerenécume.Lajoierégnaitpartout;deshérautsannoncèrentlesfiançaillesdanstouteslesruesausondestrompettes.Danslagrandeéglise,unehuileparfuméebrûlaitdansdeslampesd'argent,lesprêtresagitaientlesencensoirs;lesdeuxfiancéssedonnèrentlamainetreçurentlabénédictiondel'évêque.Habilléedesoieetd'or,lapetitesirèneassistaitàlacérémonie;maisellenepensaitqu'àsamortprochaineetàtoutcequ'elleavaitperdudanscemonde.Lemêmesoir,lesdeuxjeunesépouxs'embarquèrentaubruitdessalvesd'artillerie.Touslespavillonsflottaient,aumilieuduvaisseausedressaitunetenteroyaled'oretdepourpre,oùl'onavaitpréparéunmagnifiquelitderepos.Lesvoiless'enflèrent,etlevaisseauglissalégèrementsurlamerlimpide.Àl' approchedelanuit,onallumad eslampes dedive rsescouleurs,etlesmarins semirent àdanserjoyeusementsurlepont.Lapetitesirèneserappelaalorslasoiréeoù,pourlapremièrefois,elleavaitvulemondedeshommes.Ellesemêlaàladanse,légèrecommeunehirondelle,etellesefitadmirercommeunêtresurhumain.Maisilestimpossibled'exprimercequisepassaitdanssoncoeur;aumilieudeladanseellepensaitàceluipourquielleavaitquittésafamilleetsapatrie,sacrifiésavoixmerveilleuseetsubidestourmentsinouïs.Cettenuitétaitladernièreoùellerespiraitlemêmeairquelui,oùellepouvaitregarderlamerprofondeetlecielétoilé.Unenuitéternelle,unenuitsansrêvel'attendait,puisqu'ellen'avaitpasuneâmeimmortelle.Jusqu'àminuitlajoieetlagaietérégnèrentautourd'elle;elle-mêmeriaitetdansait,lamortdanslecoeur.

1 MerveilleuxetfantastiqueenlittératureEnfinleprinceetlaprincesseseretirèrentdansleurtente:toutdevintsilencieux,etlepiloterestaseuldeboutdevantlegouvernail.Lapetitesirène,appuyéesursesbrasblancsauborddunavire,regardaitversl'orient,ducôtédel'aurore;ellesavaitquelepremierrayondusoleilallaitlatuer.»2.2.L'espaceDanslerécitmerveilleux,onretrouve,surleplangéographique,lamêmeimprécisionquesurleplantemporel.Mais,onconstatelarécurrencedecertainsmotifs:lesfaitssesituentsouventdansdespaysagestypiques(château,forêt,etc.).Laforêtmystérieuseetprofondeestleprincipallieud'actiondurécitmerveilleux.C'estlàquelehérosseperdourencontredesdangers.Pourdenombreuxfolkloristes,laforêtestunereprésentationdelanuit.Dansl'imaginaireetlaculturecollective ,lec hâteauestle deuxième lieupri vilégiédurécitmerveilleux.LafontaineoulasourcesontdeslieuxoùrésidentdesêtresfabuleuxcommeLesFéesdePerrault.Lesfaitspeuventaussisesituerdansdeslieuxdepurefantaisie(payslointainsetétrangersaulecteur)oubiendansdes paysagesi rréelsdansles quelslescouleurs,lesformes,leséchelless'éloignenttotalementdelaréalité.D'autrepart,ilyaaussibrouillage desrepèresspatiaux;les repèresgéo graphiquess'effacent.Enf in,Lemerveilleuxesthyperbolique:lesunitésdemesuresontbeaucoupplusgrandesquecellesquel'onconnaîtdanslemonderéel;toutyestexagérémentdécrit.Leslieuxdétiennentdespouvoirsetsontdotésd'uneâme.Dansunrécitfantastique,audépart,lecadreestréaliste,leslieuxsontréels,voirefamiliers.Mais,lesfaitssesituentleplussouventdansdeslieuxinquiétants(cimetière,viellebâtisse,châteauabandonné,landedéserte,etc.)oumaudits.Parmiceux-cifigurentleseaux,cellesdesfleuves,deslacsoudesocéans.Eneffet,dansleseaux,l'hommeseretrouvehorsdesonélémentnatureletestsujetàlapesanteurdesesangoissesetdesasolitude,surtoutdevantl'immensitémarine,parcequ'elleestlelieuprivilégiédunon-identifiable:onnesaitpascequ'ilyaendessous.D'autrepart,latempêteatendanceàchangerlamerenunmonstreengloutisseur(épaves,naufrages,etc.).DansL'AubergedeMaupassant,lecadreduconteestunlieutrèsisolé,perdudanslesmontagnesenneigées.Extrait:"L'Auberge»,inLeHorla,Maupassant,p.86"PareilleàtoutesleshôtelleriesdeboisplantéesdanslesHautes-Alpes,aupieddesglaciers,danscescouloirsrocheuxetnusquicoupentlessommetsblancsdesmontagnes,l'aubergedeSchwarenbachsertderefugeauxvoyageursquisuiventlepassagedelaGemmi.Pendantsixmoiselle resteouver te,habitéepa rlafamillede JeanHauser;pui s,dèsquelesneiges s'amoncellent,emplissantlevallonetrendantimpraticableladescentesurLoëche,lesfemmes,lepèreetlestroisfilss'envont,etlaissentpourgarderlamaisonlevieuxguideGaspardHariaveclejeuneguideUlrichKunsi,etSam,legroschiendemontagne.Lesdeuxhommesetlabêtedemeurentjusqu'auprintempsdanscetteprisondeneige,n'ayantdevantlesyeuxquelapenteimmenseetblancheduBalmhorn,entourésdesommetspâlesetluisants,enfermés,bloqués,ensevelissouslaneigequimonteautourd'eux,enveloppe,étreint,écraselapetitemaison,s'amoncellesurletoit,atteintlesfenêtresetmurelaporte.C'étaitlejouroùlafamilleHauserallaitretourneràLoëche,l'hiverapprochantetladescentedevenantpérilleuse.Troismuletspartirentenavant,chargésdehardesetdebagagesetconduitsparlestroisfils.Puislamère,JeanneHauseretsafilleLouisemontèrentsurunquatrièmemulet,etsemirentenrouteàleurtour.Lepèrelessuivaitaccompagnédesdeuxgardiensquidevaientescorterlafamillejusqu'ausommetdeladescente.

1 MerveilleuxetfantastiqueenlittératureIlscontournèrentd'abordlepetitlac,gelémaintenantaufonddugrandtrouderochersquis'étenddevantl'auberge,puisilssuivirentlevallonclaircommeundrapetdominédetouscôtéspardessommetsdeneige.Uneaversedesoleiltombaitsurcedésertblancéclatantetglacé,l'allumaitd'uneflammeaveuglanteetfroide;aucunevien'apparaissaitdanscetocéandesmonts;aucunmouvementdanscettesolitudedémesurée;aucunbruitn'entroublaitleprofondsilence.»C'estdanscerefugealpinisoléquevasurvenirunétrangeévènement.AprèsladisparitioninexpliquéeduvieuxGaspardHari,lasolitudeetl'angoissevontpousserlejeuneUlrichàlafolie.Notonsque,dansladescriptiondulieu,Maupassantafaitallusionaufantastique:eneffet,lesentierquilerelieauvillaged'enbas"va,serpentant,tournantsanscesseétérevenant,fantastiqueetmervei lleux,lelongdelamontagned roite»(p.87).L'aspectsurnaturelestrenforcéparl'abondancededétailsréalistes.Lechâteauestunautrelieuprivilégiédesrécitsfantastiques.Parexemple,dansLePortraitovaledePoe,l'actionsedérouledansunchâteau,mystérieusementvide,àl'architecturebizarreetavecunefoulederecoins.Deplus,l'obscuritéyestpercéeparlalumièredecandélabres,créantdeszonesd'ombre spropiceàl'i llusiond'op tique;lal umière desbougiesestvacillante;ile stminuit. Tousles ingrédientssontlàpo url'apparitiond' unélémentfantastique:lenarrateural'impressiondevoirunepersonnevivantedanslecadre.Extrait:"Leportraitovale»,inNouvellesHistoiresextraordinaires,EdgarPoe,p.187"Lechâteaudanslequelmondomestiques'étaitavisédepénétrerdeforce,plutôtquedemepermettre,déplorablementblessécommejel'étais,depasserunenuitenpleinair,étaitundecesbâtiments,mélangedegrandeuretdemélancolie,quiontsilongtempsdresséleursfrontssourcilleuxaumilieudesApennins,aussibiendanslaréalitéquedansl'imaginationdemistressRadcliffe.Selontouteapparence,ilavaitététemporairementettoutrécemmentabandon né. Nous nousins tallâmesdansunedesch ambreslespluspetitesetlesmoinssomptueusementmeublées.Elleétaitsituéedansunetourécartéedubâtiment.Sadécorationétaitriche,maisantiqueetdélabrée.Lesmursétaienttendusdetapisseriesetdécorésdenombreuxtrophéeshéraldiquesd e touteforme,ainsiqued'uneq uan titévraime ntp rodigieusede p einturesmodernes,pleinesdestyle,dansderichescadresd'ord'ungoûtarabesque.Jeprisunprofondintérêt,-cefutpeut-êtremondélirequicommençaitquienfutcause,-jeprisunprofondintérêtàcespeinturesquiétaientsuspenduesnonseulementsurlesfacesprincipalesdesmurs,maisaussidansunefoulederecoinsquelabizarrearchitectureduchâteaurendaitinévitables;sibienquej'ordonnaiàPedrodefermerleslourdsvoletsdelachambre,-puisqu'ilfaisaitdéjànuit,-d'allumerungrandcandélabreàplusieursbranchesplacéprèsdemonchevet,etd'ouvrirtoutgrandslesrideauxdeveloursnoirgarnisdecrépinesquientouraientlelit.Jedésiraisquecelafûtainsi,pourquejepusseaumoins,sijenepouvaispasdormir,meconsoleralternativementparlacontemplationdecespeinturesetparlalectured'unpetitvolumequej'avaistrouvésurl'oreilleretquiencontenaitl'appréciationetl'analyse.Jeluslongtemps,-longtemps;-jecontemplaireligieusement,dévotement;lesheuress'envolèrent,rapidesetglorieuses,etleprofondminuitarriva.Lapositionducandélabremedéplaisait,et,étendantlamainavecdifficultépournepasdérangermonvaletassoupi,jeplaçail'objetdemanièreàjeterlesrayonsenpleinsurlelivre.Maisl'actionproduisituneffetabsolumentinattendu.Lesrayonsdesnombreusesbougies(carilyenavaitbeaucoup)tombèrentalorssurunenichedelachambrequel'unedescolonnesdulitavaitjusque-làcouverted'uneombreprofonde.J'aperçusdansunevivelumièreunepeinturequim'avaitd'abordéchappé.»DansLaChutedelaMaisonUsher,Poevamêmeplusloin,pourcréeruneatmosphèrepropiceaufantastique:ildonneàunbâtimentlerôledepersonnageimportantennousledérivantcommeunepersonne,aumêmetitrequelesmembresdelafamilleUsher.

15MerveilleuxetfantastiqueenlittératureExtrait:"LaChutedelaMaisonUsher»,inNouvellesHistoiresextraordinaires,EdgarPoe,p.57-58"Pendanttouteunejournéed'automne,journéefuligineuse,sombreetmuette,oùlesnuagespesaientlourdsetbasdansleciel,j'avaistraverséseuletàchevaluneétenduedepayssingulièrementlugubre,etenfin,commelesombresdusoirapprochaient,jemetrouvaienvuedelamélancoliqueMaisonUsher.Jenesaiscommentcelasefit,-mais,aupremiercoupd'oeilquejejetaisurlebâtiment,unsentimentd'insupportabletristessepénétramonâme.Jedisinsupportable,carcettetristessen'étaitnullementtempéréeparuneparcelledecesentimentdontl'essencepoétiquefaitpresqueunevolupté,etdontl'âmeestgénéralementsaisieenfacedesimagesnaturelleslesplussombresdeladésolationetdelaterreur.Jeregardaisletableauplacédevantmoi,et,rienqu'àvoirlamaisonetlaperspectivecaractéristiquedecedomaine,-lesmursquiavaientfroid,-lesfenêtressemblablesàdesyeuxdistraits,-quelquesbouquetsdejoncsvigoureux,-quelquestroncsd'arbresblancsetdépéris,-j'éprouvaiscetentieraffaissementd'âmequi,parmilessensationsterrestres,nepeutsemieuxcomparerqu'àl'arrière-rêveriedumangeurd'opium,-àsonnavrantretouràlaviejournalière,-àl'horribleetlenteretraiteduvoile.C'étaituneglaceaucoeur,unabattement,unmalaise,-uneirrémédiabletristessedepenséequ'aucunaiguillondel'imaginationnepouvaitravivernipousseraugrand.Qu'étaitdonc,-jem'arrêtaipourypenser,-qu'étaitdonccejenesaisquoiquim'énervaitainsiencontemplantlaMaisonUsher?C'étaitunmystèretoutàfaitinsoluble,etjenepouvaispasluttercontrelespenséesténébreusesquis'amoncelaientsurmoipendantquej'yréfléchissais.Jefusforcédemerejeterdanscetteconclusionpeusatisfaisante,qu'ilexistedescombinaisonsd'objetsnaturelstrèssimplesquiontlapuissancedenousaffecterdecettesorte,etquel'analysedecettepuissancegîtdansdesconsidérationsoùnousperdrionspie d. Iléta it possible,pe nsai s-je,qu'une simpledifférencedans l'arrangementdesmatériauxdeladécoration,desdétailsdutableau,suffîtpourmodifier,pourannihilerpeut-êtrecettepuissanced'impressiondouloureuse;et,agissantd'aprèscetteidée,jeconduisismonchevalverslebordescarpéd'unnoiretlugubreétang,qui,miroirimmobile,s'étalaitdevantlebâtiment;etjeregardai-maisavecunfrissonpluspénétrantencorequelapremièrefois-lesimagesrépercutéesetrenverséesdesjoncsgrisâtres,destroncsd'arbressinistres,etdesfenêtressemblablesàdesyeuxsanspensée.»2.3.Lespersonnages2.3.1.LespersonnageshumainsDanslesrécitsmerveilleux,lespersonnageshumainsn'ontpasbeaucoupd'épaisseur:cesontdestypesquicorrespondentàdesfonctionsbiendéfinies.Ilsappartiennentàunesociétéartificielleetfigée,oùilssontdéfinisparleurplaceouleurrang(leRoi,laReine,lePrince,etc.),sansyêtre nommésautrementqu eparunsurn omqui lescaractérise(Cendrillon,Blanche-Neige,etc.).D'autrepart,lespersonnagespeuventêtredesenfants-héros,commedansLePetitCh aperonrouge ,LePetitPo ucet,etc.Lorsque lespersonnagessontdécrits,ilsleso ntpresqueun iquementphysiquement.Le sprocédés utilisésrelèventdel'hyperboleetnouséloignentencoreplusdelaréalitétellequ'onlaconnaît(beautéexceptionnelle,riendeplusbeauaumonde,etc.).Lorsqu'ilssontdécritspsychologiquement,celaestfaitdemême:leursqualitésetleurstraitsdecaractèresontrenforcésaudernierpoint;ilssontd'uneintensitéanormaleetincroyable.Cetypededescriptioncontribueàrenforcerladistanceentrel'universduconteetleréel.Avecl'aided'objetsmagiques(bottesdeseptlieux,miroirmagique,baguettemagique,balaivolant,potionmagique,etc.)oud'êtressurnaturels(fées,sorcières,etc.),lesêtreshumainspeuventtrouverriches seetbonheur.Mais,silam agieestbéné fiquepou rceux quileméritent,elles'avèremaléfiquepourlescupidesetlesenvieuxqu'ellechâtiesanspitié.(VoirLesFéesdePerrault)Danslefantastique,lespersonnagesnesontpasnonplustrèsdécrits.Ainsi,parexemple,dansLeHorla,lenarrateurnedonneaucunindiceconcernantsonidentité.C'estunhomme,

16Merveilleuxetfantastiqueenlittératurenormand,rentier,cultivéetcurieux.Lespersonnagessontdescaractèresplutôtstatiques.Ilssont,commedanslemerveilleux,caractérisésparleursactionsetsontdécritsenfonctiondecelles -ci.Ainsi,d ansAvatar,lep ortraitdu DrBalthazarCherbonneau ,spécial isteenmétempsychose,adesqualitésspécialesquilelientaufantastique.2.3.2.LespersonnagesmagiquesAcôté despersonn ageshumains,lesréci tsmerveille uxsontpeuplésde personnagesmagiques.Ondistingue,parmi eux,les bienfaiteurs(lesfées,les magiciensettousle sadeptesdelamagieblanche)etlesmalfaisants(sorciersettouslesadeptesdelamagienoire).Parmilesbienfaiteurs,onrencontresurtoutlesfées,commedanslesContesdePerrault.Celles-cisontdotéesd'unpouvoirsurnaturel:ellesmétamorphosent(Cf.CendrillonouLesFées),ellesaccomplissentlesvoeuxqu'ellesformulent(Cf.LaBelleauboisdormant),elleschangentledestindes héros(Cf .Riquetàlahoupp eouCendrillon).Mais,Pe rraultleshumanisebeaucoup:ellespeuventéchouer(Cf.Peaud'âne)ounepeuventpaseffacercequ'uneaînéeafait(Cf.LaBelleauboisdormant).Ellespeuventtransformerleschosesetlespersonnes,changerlasituation,etc.,enutilisantlamagie,grâceàleurbaguettemagique.DansCendrillon,laféechangeunecitrouilleenchariotmagnifiqueetdessourisenattelage.DansFées,laféemétamorphoselesparolesendiamantsouenserpents.Lesféespeuventaussiquelquefo isdonnerdespouvoirsàunhéros:Dans RiquetàlaHoupp e,lafé ecompenselastupiditédel'héroïneparledondepouvoirrendrebeauceluiquiluiplairaetlalaideurduprinceparlapossibilitédedonnerdel'espritàlapersonneaimée.Mais,ellespeuventaussiinfligerdestraitsméchants,commelastupiditéetlalaideur.Ellepeutaussimodérerledestinhumain.Parexemple,dansLaBelleauboisdormant,laféeréparelamortpréditeenlamodérantensommeildecentans.Mais,lesféessontparfoisambigües,parfoissorcièresetpeuventjeterunmauvaissort,commedanscemêmeconte.Parmilesmalfaisants,onrencontresurtoutlessorcières.Cesontengénéraldesvieillesfemmes,laides(nezcrochu,mentonpointu),méchantesetjalouses.Ellesutilisentlamagiepourtourmenterlesenfantsetlesjeunesgens:ellesjettentdessorts(Cf.LaBelleauBoisdormant)etontdespouvoirsdetransformation.Ellespossèdentdesanimauxrépugnantsdotésdeparole(corbeau,crapaud,etc.)etdesaccessoiresmagiques(balaivolantpoursedéplacer;chaudronpourpréparerdespotionsmagiques,etc.).SichezPerrault,lasorcièreconservesonimagediabolique,chezAndersen,sestraitss'adoucissentunpeu:dansLapetitePoucette,elleaideunefemmeenmald'enfant;dansLeBriquet,elleenrichitunsoldatrevenudufront.Mais,dansLaPetitesirène,ellerestecruelle.Acôté decesprin cipauxpe rsonnagesmagi ques,onrencontrebeaucoupd' autrespersonnagesquiressortissentdumerveilleuxetquisontemployéssoitdanslemerveilleuxsoitdanslefantastiqueenpoésie.Parexemple,Andersenrecourtaumerveilleuxdufolkloredanoisàtraverslesnixes,lestrolls,lesgargouilles,leselfes,lesondinsetlesdryadesetApollinairerecourtaumerveilleuxallemandaveclaLorelei,lesnixes,lesnicettes,Merlin,Viviane,Simonlemage,lestziganes,etc.Chezcepoète,leréel,commeparenchantement,glissesouventverslefantastique.Notonsenfinquelemerveilleuxcréeunmondemanichéen.Eneffet,lespersonnages,qu'ilssoientmagiquesouhumains,sontunidimensionnels:ilssontsoitgentils,soitméchants.Leurpasséetleurpsychologieestsansimportance,cartoutl'intérêtdurécitrésidedansl'actionetdanssoncaractèremerveilleux.

17Merveilleuxetfantastiqueenlittérature2.3.3.Lapersonnificationetl'anthropomorphismeDanslesrécitsmerveilleux,lesobjets,lesvégétauxoulesanimauxpeuventêtredotésdelapenséeetdelavoix, etdonc êtrelep erson nageprincipaldurécit.Ene ffet,lapersonnification(VoirLesaviez-vousN°5),enestunélémentconstant.Toutprendvie:lesfrontièresentrel'humain,l'animaletl'inanimén'existentplus.Lepluss ouvent,Anderse nlesutilisentpourmettre ànulesrouagesdupouvoir etlestréfondsdelanaturehumaine.Notonsqu'ilsemetenscènedanslaplupartdesescontes,commedansLeRossignol(symboledelalibertéd'expressiondupoète),oubienLeVilainpetitcanard.Dansl'extraitsuivant,Lagrosseaiguille,lepersonnageprincipalestuneaiguilleàrepriser,fortfière,toutedroite,maisquifinitparsefaireécrasersouslaroued'unecharrette.Extrait:"LaGrosseAiguille»,inContes,Andersen,p.41-43"Ilyavaitunjouruneaiguilleàrepriser:ellesetrouvaitelle-mêmesifinequ'elles'imaginaitêtreuneaiguilleàcoudre."Maintenant,faitesbienattention,ettenez-moibien,ditlagrosseaiguilleauxdoigtsquiallaientlaprendre.Nemelaissezpastomber;car,sijetombeparterre,jesuissûrequ'onnemeretrouverajamais.Jesuissifine!-Laissefaire,direntlesdoigts,etilslasaisirentparlecorps.-Regardezunpeu;j'arriveavecmasuite,»ditlagrosseaiguilleentirantaprèselleunlongfil;maislefiln'avaitpointdenoeud.Lesdoigtsdirigèrentl'aiguilleverslapantoufledelacuisinière:lecuirenétaitdéchirédanslapartiesupérieure,etilfallaitleraccommoder."Queltravailgrossier!ditl'aiguille;jamaisjenepourraitraverser:jemebrise,jemebrise.»Eteneffetellesebrisa."Nel'ai-jepasdit?s'écria-t-elle;jesuistropfine.-Ellenevautplusrienmaintenant,»direntlesdoigts.Pourtantilslatenaienttoujours.Lacuisinièreluifitunetêtedecire,ets'enservitpourattachersonfichu."Mevoilàdevenuebroche!ditl'aiguille.Jesavaisbienquej'arriveraisàdegrandshonneurs.Lorsqu'onestquelquechose,onnepeutmanquerdedevenirquelquechose.»Etellesedonnaitunairaussifierquelecocherd'uncarrossed'apparat,etelleregardaitdetouscôtés.(...)Unjour,ellesentitquelquechoseàcôtéd'elle,quelquechosequiavaitunéclatmagnifique,etquel'aiguillepritpourundiamant.C'étaituntessondebouteille.L'aiguilleluiadressalaparole,parcequ'illuisaitetseprésentaitcommeunebroche."Vousêtessansdouteundiamant?-Quelquechosed'approchant.»Etalorschacund'euxfutpersuadéquel'autreétaitd'ungrandprix.Etleurconversationroulaprincipalementsurl'orgueilquirègnedanslemonde.(...)Unjour,desgaminsvinrentfouillerdansleruisseau.Ilscherchaientdevieuxclous,desliardsetautresrichessespareilles.Letravailn'étaitpasragoûtant;maisquevoulez-vous?ilsytrouvaientleurplaisir,etchacunprendlesienoùilletrouve."Oh!la,la!s'écrial'und'euxensepiquantàl'aiguille.Envoilàunegueuse!-Jenesuispasunegueuse;jesuisunedemoiselledistinguée,»ditl'aiguille.»Touslespersonnagesd'Andersen,qu'ilssoienthumains,animaux,végétauxouobjets,sontinvestisd'unevieoùsemêlentjoiesetpeines,tristessesetpeurs.Mais,s'ilssontsoumisauxaléasdudestin,lepoèteleurconfèrel'aptitudededonnerunsensàcequileurarriveetdeseremettreenquestion.ChezCarroll, lapersonnificationestauss iomn iprésente.Citonslesprincipauxanimauxpersonnifiés:unlapin(peureuxetcolérique),unlièvre(fou),unesouris(énorme,

18Merveilleuxetfantastiqueenlittératuresècheetautoritaire),unechatte(douce,maischasseusehorspair),unchat(charmantetmystérieux),unechenille(symboled emétamorphos e),unpigeon(vindicatif), unloir(paresseuxettoujoursendormi)etundodo( bègue) .Certains sontdescaricatur esdepersonnagesréels,commeparexemple:lasourisquiestlacaricaturedeMissPrikett,lagouvernanted'AliceLiddellqui ainspirécerécit,etle dodocell edeCarrolllu i-même.DonnonsleportraitdelachenillebleuequiLachenillebleueévoquel'imaged'unsageenpleineréflexionetquipousseAliceàs'interrogersursonidentité.Deplus,chezCarroll,desnotionsabstraites,telsq ueletemps,sontpersonn ifiées,comm enousl'avo nsvudansl'extraitproposéprécédemment(2.1.2.).Extrait:Aliceaupaysdesmerveilles,Carroll,p.20-21"Ellesedressasurlapointedespieds,et,glissantlesyeuxpar-dessuslebordduchampignon,sesregardsrencontrèrentceuxd'unegrossechenillebleueassiseausommet,lesbrascroisés,fumanttranquillementunelonguepipeturquesansfairelamoindreattentionàelleniàquoiquecefût.(...)LaChenilleetAliceseconsidérèrentuninstantensilence.EnfinlaChenillesortitlehoukadesabouche,etluiadressalaparoled'unevoixendormieettraînante."Q ui êtes-vous?»dit l aChenill e. Cen'était pas làune ma nièreencourageanted'entamerl aconversation.Alicerépondit,unpeuconfuse:"Je-jelesaisàpeinemoi-mêmequantàprésent.Jesaisbiencequej'étaisenmelevantcematin,maisjecroisavoirchangéplusieursfoisdepuis.»"Qu'entendez-vousparlà?»ditlaChenilled'untonsévère."Expliquez-vous.»"Jecrainsbiendenepouvoirpasm'expliquer,»ditAlice,"car,voyez-vous,jenesuisplusmoi-même.»"Jenevoispasdutout,»réponditlaChenille."J'aibienpeurdenepouvoirpasdireleschosesplusclairement,»répliquaAlicefortpoliment;"card'abordjen'ycomprendsrienmoi-même.Grandiretrapetissersisouventenunseuljour,celaembrouilleunpeulesidées.»"Pasdutout,»ditlaChenille."Peut-êtrenevousenêtes-vouspasencoreaperçue,»ditAlice."Maisquandvousdeviendrezchrysalide,carc'estcequivousarrivera,sachez-lebien,etensuitepapillon,jecroisbienquevousvoussentirezunpeudrôle,qu'endites-vous?»"Pasdutout,»ditlaChenille."Vossensationssontpeut-êtredifférentesdesmiennes,»ditAlice."Toutcequejesais,c'estquecelamesembleraitbiendrôleàmoi.»"Àvous!»ditlaChenilled'untondemépris."Quiêtes-vous?»Danslefantastiqueenpoésie,l'anthropomorphisme(VoirClind'oeilN°2),plusgénéralquelapersonnification,esttrèsutilisé.Ilpermet,leplussouvent,aupoète,unetransfigurationmétaphoriqueetfantastiqued'unpaysage,commedansCharleroideVerlaine.Extrait:"Charleroi»,inOEuvrescomplètes,t.1,Verlaine,p.85-86"Dansl'herbenoireLesKoboldsvont.LeventprofondPleure,onveutcroire.Quoidoncsesent?L'avoinesiffle.UnbuissongifleL'oeilaupassant.PlutôtdesbougesQuedesmaisons.QuelshorizonsDeforgesrouges!Onsentdoncquoi?Desgarestonnent,Lesyeuxs'étonnent,OùCharleroi?Parfumssinistres?Qu'est-cequec'est?QuoibruissaitCommedessistres?Sitesbrutaux!Oh!votrehaleine,Sueurhumaine,Crisdesmétaux!Dansl'herbenoireLesKoboldsvont.LeventprofondPleure,onveutcroire.»

19MerveilleuxetfantastiqueenlittératureDanscepoème,lepaysagequisedérouledevantlesyeuxduvoyageur,estprésentécommedotédevie, grâceàl' animationdubuis son,desmétaux, de sgaresetdel'avoine.Cetanthropomorphismetranscritl'angoissedupoète.D'autrepart,laréférenceauxKobolds,êtresmystiquesetlége ndaires,ainsiquelemélangedesépo ques(usinesmo dernesetsistreségyptiennes)donnentaupaysageunedimensionfantastique.2.4.LescréaturesQuecesoit dansleme rveilleuxo udanslefantas tiqueles créaturessontextrêmementnombreuses:créaturesmythologiques(hydre,méduse,minotaure,etc.),créatureshybridesdumondemédiéval(griffons,centaures,etc.),créaturesmerveilleuses(licornes,dragons,etc.),monstres,vamp ires,loupsgarous,meneurs debêtes,morts-vivants,maisaussifantômes,guérisseurs,ogres,Diable,etc.Danslecadredecedossier,nousnouslimiteronsàtroistypesdecréatures:lesêtreshybrides,l'ogreetleDiable.2.4.1.LesêtreshybridesCarrollcomplètesonuniversmerveilleuxenyajoutantdeuxcréatures:leGriffonetlaSimili-tortue.LeGriffon,créaturelégendaire,présentedansdifférentescultures,hybridedel'aigleetdulion,estpeintchétifetcondescendant.Carrollréaliseicilasatiredelalégendedugriffon.QuantàlaSimili-tortue,ils'ag itd'unei nventiondeCarr ollquisemoque descoutumesculinairesdelabourgeoisievictorienne:eneffet,lasoupeàlatortue,symboled'opulence,esttrèsenvogueàl'époque.Ilenfaitunpersonnagebavardetsavant.DansLesTravailleursdelamer,HugoracontelecombatdeGilliattcontreunadversaireétrangequ'ilnevoitpas,maisquienrouleautourdesonbrasdroit,puisdesontorse,deslanièresmuniesdeventouses.Danscetextrait,ilpartd'unepeintureobjectivedelaréalitépouraboutiràun evisionfantastiqued 'un monstre,en communiquantunsentim entd'épouvanteàsonlecteur.Extrait:LesTravailleursdelamer,Hugo,p.242-243"Toutàcoupilsesentitsaisirlebras.Cequ'iléprouvaencemoment,c'estl'horreurindescriptible.Quelquechosequiétaitmince,âpre,plat,glacé,gluantetvivantvenaitdesetordredansl'ombreautourdesonbrasnu.Celaluimontaitverslapoitrine.C'étaitlapressiond'unecourroieetlapousséed'unevrille.Enmoinsd'uneseconde,onnesaitquellespiraleluiavaitenvahilepoignetetlecoudeettouchaitl'épaule.Lapointefouillaitsoussonaisselle.Gilliattserejetaenarrière,maisputàpeineremuer.Ilétaitcommecloué.Desamaingaucherestéelibreilpritsoncouteauqu'ilavaitentresesdents,etdecettemain,tenantlecouteau,s'arc-boutaaurocher,avecuneffortdésespérépourretirersonbras.Ilneréussitqu'àinquiéterunpeulaligature,quiseresserra.Elleétaitsouplecommelecuir,solidecommel'acier,froidecommelanuit.Unedeuxièmelanière,étroiteetaiguë,sortitdelacrevasseduroc.C'étaitcommeunelanguehorsd'unegueule.ElleléchaépouvantablementletorsenudeGilliatt,ettoutàcoups'allongeant,démesuréeetfine,elles'appliquasursapeauetluientouratoutlecorps.Enmêmetemps,unesouffranceinouïe,comparableàrien,soulevaitlesmusclescrispésdeGil liatt.Ilsentaitdans sapeaud esenfoncementsronds,horribl es.Illu isemblaitqued'innombrableslèvres,colléesàsachair,cherchaientàluiboirelesang.Unetroisièmelanièreondoyahorsdurocher,tâtaGilliatt,etluifouettalescôtescommeunecorde.Elles'yfixa.L'angoisse,àsonparoxysme,estmuette,Gilliattnejetaitpasuncri.Ilyavaitassezdejourpourqu'ilpûtvoirlesrepoussantesformesappliquéessurlui.Unequatrièmeligature,celle-cirapidecommeuneflèche,luisautaautourduventreets'yenroula.Impossibledecoupernid'arrachercescourroiesvisqueusesquiadhéraientétroitementaucorpsdeGilliattetparquantitésdepoints.Chacundecespointsétaitunfoyerd'affreuseetbizarredouleur.C'étaitcequ'onéprouveraitsil'onsesentaitavaléàlafoisparunefouledebouchestroppetites.Uncinquièmeallongement

0Merveilleuxetfantastiqueenlittératurejaillitdutro u.Ilsesu perposaauxaut res etvint serepliersurlediaphragmedeG illiatt.Lacompr essions'ajoutaitàl'anxiété;Gillia ttpo uvaitàpeinerespirer.Ceslan ières, pointuesàleurextrémité, allaients'élargissantcommedeslamesd'épéeverslapoignée.Touteslescinqappartenaientévidemmentaumêmecentre.EllesmarchaientetrampaientsurGilliatt.Ilsentaitsedéplacercespressionsobscuresquiluisemblaientêtredesbouches.Brusquementunelargeviscositérondeetplatesortitdedessouslacrevasse.C'étaitlecentre;lescinqlanièress'yrattachaientcommedesrayonsàunmoyeu;ondistinguaitaucôtéopposédecedisqueimmondelecommencementdetroisautrestentacules,restéssousl'enfoncementdurocher.Aumilieudecetteviscositéilyavaitdeuxyeuxquiregardaient.CesyeuxvoyaientGilliatt.Gilliattreconnutlapieuvre.»D'unepieuvredeg randedimension,Hugofin itparen faireunanimalhybri de(hydre,araignéeoucaméléon),voirelareprésentation animalededeuxmal adiesq uesontlescorbutetlagangrène.C'estlamortàl'oeuvredansuncorpsencorevivant.Del'étrangetéinquiétanted'unmonstremou,Hugonousfaitvoirlamonstruosité.Endéformantlaréalitéetenutilisantlesphénomènesdeprojectionetd'identification,ilintroduitlelecteurdansledomainedel'indicibleetdufantastique.2.4.2.L'ogreL'ogreestunmonstre(VoirClind'oeilN°3)imaginaire,àlataillegéante,quivitengénéraldanslesforêts.Ilalaréputationdemangerdelachairhumaine.ChezPerraultlepouvoireffrayantdel'ogreestengénéraldésamorcé.Ilaquelquechosed'humain.C'estainsique,dansLePetitPoucet,l'ogre"nelaissaitpasd'êtrefortbonmari,quoiqu'ilmangeâtlespetitsenfants»(p.25);dansLaBelleauboisdormant,l'ogresseestreine.Deplus,lepouvoirdel'ogreestlimité,puisquemalgrésaforceetsoncaractèreterrible,laruseetl'intelligenceluimanquent.C'estainsiqu'ilestmisfinalementenéchecparpluspetitquelui,dansLePetitPoucet.Extrait:"LePetitPoucet»,inContes,Perrault,p.23-25"L'Ogreavaitseptfilles,quin'étaientencorequedesenfants.(...)Onlesavaitfaitcoucherdebonneheure,etellesétaienttoutesseptdansungrandlit,ayantchacuneunecouronned'orsurlatête.Ilyavaitdanslamêmechambreunautrelitdelamêmegrandeur:cefutdanscelitquelafemmedel'Ogremitcoucherlesseptpetitsgarçons;aprèsquoielleallasecoucherauprèsdesonmari.LepetitPoucet,quiavaitremarquéquelesfillesdel'Ogreavaientdescouronnesd'orsurlatête,etquicraignaitqu'ilneprîtàl'Ogrequelqueremordsdenelesavoirpaségorgésdèslesoirmême,selevaverslemilieudelanuit,etprenantlesbonnetsdesesfrèresetlesien,ilallatoutdoucementlesmettresurlatêtedesseptfillesdel'Ogre,aprèsleuravoirôtéleurscouronnesd'or,qu'ilmitsurlatêtedesesfrèresetsurlasienne,afinquel'Ogrelesprîtpoursesfilles,etsesfillespourlesgarçonsqu'ilvoulaitégorger.Lachoseréussitcommeill'avaitpensé;carl'Ogre,s'étantéveillésurleminuit,eutregretd'avoirdifféréaulendemaincequ'ilpouvaitexécuterlaveille.Ilsejetadoncbrusquementhorsdulit,etprenantsongrandcouteau:"Allonsvoir,dit-il,commentseportentnospetitsdrôles;n'enfaisonspasàdeuxfois.»Ilmo ntadoncàtâtons àlachambrede sesf illes,ets'approchadulitoùétaient lespeti tsgarçons,q uidormaienttous,exceptélepetitPoucet,quieutbienpeurlorsqu'ilsentitlamaindel'Ogrequiluitâtaitlatête,commeilavaittâtécelledetoussesfrères.L'Ogre,quisentitlescouronnesd'or:"Vraiment,dit-il,j'allaisfairelàunbelouvrage;jevoisbienquejebustrophierausoir.»Ilallaensuiteaulitdesesfilles,oùayantsentilespetitsbonnetsdesgarçons:"Ah!lesvoilà,dit-il,nosgaillards;travaillonshardiment.»Endisantcesmots,ilcoupa,sansbalancer,lagorgeàsesseptfilles.Fortcontentdecetteexpédition,ilallaserecoucherauprèsdesafemme.AussitôtquelepetitPoucetentenditronflerl'Ogre,ilréveillasesfrères,etleurditdes'habillerpromptementetdelesuivre.Ilsdescendirentdoucementdanslejardin,etsautèrentpar-dessuslesmurailles.Ilscoururentpresquetoutelanuit,toujoursentremblant,etsanssavoiroùilsallaient.

1MerveilleuxetfantastiqueenlittératureL'Ogre,s'étantéveillé,ditàsafemme:"Va-t'enlà-hauthabillercespetitsdrôlesd'hiersoir.»L'Ogressefutfortétonnéedelabontédesonmari,nesedoutantpointdelamanièrequ'ilentendaitqu'elleleshabillât,etcroyantqu'illuiordonnaitdelesallervêtir.Ellemontaenhaut,oùellefutbiensurpriselorsqu'elleaperçutsesseptfilleségorgéesetnageantdansleursang.Ellecommençapars'évanouir(carc'estlepremierexpédientquetrouventpresquetouteslesfemmesenpareillesrencontres).L'Ogre,craignantquesafemmenefûttroplongtempsàfairelabesognedontill'avaitchargée,montaenhautpourluiaider.Ilnefutpasmoinsétonnéquesafemmelorsqu'ilvitcetaffreuxspectacle."Ah!qu'ai-jefaitlà!s'écria-t-il.Ilsmelepayeront,lesmalheureux,ettoutàl'heure.»2.5.LamétamorphoseVolontairesouinvolontaires,lesmétamorphoses(VoirClind'oeilN°4)occupentuneplacedechoixdanslesréc itsmerveille ux.Lesper sonnageshumainspeu ventêtrechangésenanimaux,enobjets,oubienencréaturessurnaturelles,tandisquelesanimauxouêtressurnaturelspeuventprendreformehumaine.Lamétamorphoseestunétatpermanentetirréversible.Danslaplupartdesrécitsmerveilleux,cesontlesféesoulessorcièresquiontlepouvoirdemétamorphose r.Leplu ssouvent,unprotagonisteestchangéenani malparpunition.Parmilesmétamorp hosesvolon taires,citonslecasdelapetitesirène dansleconted'Andersen.Contrairementàsessoeurs,elleestattiréeparlemondedeshommes.Lavisiond'unjeuneprince,autraversd'unhublotdebateau,fonctionnecommeuncatalyseur.Apartirdecemoment-là,ellen'aspireplusqu'àvivreparmileshommes.Aussi,va-t-ellefaireunpacteave clasorcièr edesmerse taccepte rdesacrifiersabell evoixcontreune apparencehumaineentière,avecdeuxjambesaulieud'unequeue.Pourcelasalanguevaêtresectionnée.Deplus,chaquepasqu'ellevaeffectuerseraaccompagnédedouleur.Extrait:"LaPetiteSirène»,inContes,Andersen,p.114-116"Jevaistepréparerunélixirquetuemporterasàterreavantlepointdujour.Assieds-toisurlacôte,etbois-le.Aussitôtlaqueueserétréciraetsepartageraencequeleshommesappellentdeuxbellesjambes.Maisjetepréviensquecelateferasouffrircommesil'ontecoupaitavecuneépéetranchante.Toutlemondeadmireratabeauté,tuconserverastamarchelégèreetgracieuse,maischacundetespastecauseraautantdedouleurquesitumarchaissurdespointesd'épingle,etferacoulertonsang.Situveuxendurertoutescessouffrances,jeconsensàt'aider.-Jelessupporterai!ditlasirèned'unevoixtremblante,enpensantauprinceetàl'âmeimmortelle.-Maissouviens-toi,continualasorcière,qu'unefoischangéeenêtrehumain,jamaistunepourrasredevenirsirène!Jamaistunereverraslechâteaudetonpère;etsileprince,oubliantsonpèreetsamère,nes'attachepasàtoidetoutsoncoeuretdetoutesonâme,ous'ilneveutpasfairebénirvotreunionparunprêtre,tun'aurasjamaisuneâmeimmortelle.Lejouroùilépouserauneautrefemme,toncoeursebrisera,ettuneserasplusqu'unpeud'écumesurlacimedesvagues.-J'yconsens,ditlaprincesse,pâlecommelamort.-Encecas,poursuivitlasorcière,ilfautaussiquetumepayes;etjenedemandepaspeudechose.Tavoixestlaplusbelleparmicellesdufonddelamer,tupensesavecelleenchanterleprince,maisc'estprécisémentlavoixquej'exigeenpayement.Jeveuxcequetuasdeplusbeauenéchangedemonprécieuxélixir;car,pourlerendrebienefficace,jedoisyversermonpropresang.-Maissituprendsmavoix,demandalapetitesirène,quemerestera-t-il?-Tacharmantefigure,réponditlasorcière,tamarchelégèreetgracieuse,ettesyeuxexpressifs:celasuffitpourentortillerlecoeurd'unhomme.Allons!ducourage!Tiretalangue,quejelacoupe,puisjetedonnerail'élixir.-Soit!»réponditlaprincesse,etlasorcièreluicoupalalangue.Lapauvreenfantrestamuette.Là-dessus,lasorcièremitsonchaudronsurlefeupourfairebouillirlaboissonmagique.

Merveilleuxetfantastiqueenlittérature(...)"Ceconseilétaitinutile;carlespolypes,enapercevantl'élixirquiluisaitdanslamaindelaprincessecommeuneétoile,reculèrenteffrayésdevantelle.Ainsielletraversalaforêtetlestourbillonsmugissants.Quandellearrivaauchâteaudesonpère,leslumièresdelagrandesallededanseétaientéteintes;toutlemondedormaitsansdoute,maisellen'osapasentrer.Ellenepouvaitplusleurparler,etbientôtelleallaitlesquitterpourjamais.Illuisemblaitquesoncoeursebrisaitdechagrin.Elleseglissaensuitedanslejardin,cueillitunefleurdechaqueparterredesessoeurs,envoyaduboutdesdoigtsmillebaisersauchâteau,etmontaàlasurfacedelamer.Lesoleilnes'étaitpasencorelevélorsqu'ellevitlechâteauduprince.Elles'assitsurlacôteetbutl'élixir;cefutcommesiuneépéeaffiléeluitraversaitlecorps;elles'évanouitetrestacommemorte.Lesoleilbrillaitdéjàsurlamerlorsqu'elleseréveilla,éprouvantunedouleurcuisante.Maisenfaced'elleétaitlebeauprince,quiattachaitsurellesesyeuxnoirs.Lapetitesirènebaissalessiens,etalorsellevitquesaqueuedepoissonavaitdisparu,etquedeuxjambesblanchesetgracieuseslaremplaçaient.Leprinceluidemandaquielleétaitetd'oùellevenait;elleleregardad'unairdouxetaffligé,sanspouvoirdireunmot.Puislejeunehommelapritparlamainetlaconduisitauchâteau.Chaquepas,commeavaitditlasorcière,luicausaitdesdouleursatroces;cependant,aubrasduprince,ellemontal'escalierdemarbre,légèrecommeunebulledesavon,ettoutlemondeadmirasamarchegracieuse.Onlarevêtitdesoieetdemousseline,sanspouvoirassezadmirersabeauté;maisellerestaittoujoursmuette.Desesclaveshabilléesdesoieetd'or,chantaientdevantleprincelesexploitsdesesancêtres;elleschantaientbien,etleprincelesapplaudissaitensouriantàlajeunefille."S'ilsavait,pensa-t-elle,quepourluij'aisacrifiéunevoixplusbelleencore!»Malheureusement,cettemétamorphoseneluipermetpasd'épouserleprince.Refusantdeletuer,alorsqu'ilvaenépouseruneautre,elleserarécompenséeendevenantunefilledesairset,autermedetroiscentans,ellepossèderauneâmeéternelle.Danslefantastique,lamétamorphosed'unêtrehumainoud'unanimalesttrèsutilisée.Ellefaitbasculerlerécitd'ununiversréalisteàununiversétrangeoùlesrepèresentreleréeletl'imaginairedeviennentflous.2.6.LepacteavecleDiableDenombreuxrécitsfantastiquessecaractérisentparlaprésenceduDiable(dumoinsdefaçonallégorique)etd'unpactescelléentreluietl'undespersonnages.DansLesDiaboliquesdeBarbeyd'Aurevilly,riendetoutcela.LeDiableestprivéd'aspectmatériel.Ilestpartoutetnul lepart, etdece faitbienplusr edoutabl e.Eneffet,pour l'auteur,quicroitàl'existenceduDiable,l'âmehumaineestlethéâtrequotidiend'unelutteacharnéeetsansissueentreleBienetleMal.Pourlui,touslesêtreshumainssont,àdesdegrésdifférents,possédésparleDiable.Sonoeuvrelittéraire,quipuisedansleslégendesdupaysnormandsoubiendanssonimaginationexacerbée,mêlelesurnaturelàlaviequotidiennedelafictionetfaitnaître l'inquié tudec hezlelecteur.Eneff et,ell eestuntriomphedel'ambiguïtéetfaitoscillerlelecteurentredeuxinterprétationspossibles:unerationnelleetbanale(sespersonnagessontpresquetousdesnévrosés),l'autreexplicableparl'inex plicable(ilssontpossédésparleDiable). Parmilessixp ortraitsdefe mmesdiaboliques,retenonsplusparticulièrementceluideHauteclaireStassinl'héroïnedeUnBonheurdanslecrime.PourleshabitantsdeV.,celle-ciresteenveloppéedemystère:sonvisageestcachéparsonmasqued'escrimelasemaineetparunvoilenoirledimanche.AmoureusedujeuneComtedeSav igny,qui s'estmariéavecDe lphinedeCantor ,elledisparaîtunjoursansexplication.Appeléauchevetdelacomtesse,lemédecindelaville,lareconnaîtenlapersonned'Eulalielafemmedechambredecelle-ci.Enfait,HauteclairevitavecleComtesouslepropretoidelaComtessequines'aperçoitderienjusqu'aujour,oùellemeurt,empoisonnée.EllefinitpardevenirComtessedeSavigny.

Merveilleuxetfantastiqueenlittérature-Ehbien,répliquatranquillementlepetithomme,aimes-tumieuxquecettelames'aiguiseicisurunvivant?-Oh!permettez-moidesuppliervotrecourtoisie...Commentvotreexcellencepeut-elleprofaner?...Votregrâce...Seigneur,votreséréniténevoudrapas...-Finiras-tu?ai-jebesoindetouscestitres,squelettevivant,pourcroireàtonprofondrespectpourmonsabre?-ParsaintWaldemar,parsaintUsuph,aunomdesaintHospice,épargnezunmort!-Aide-moi,etneparlepasdessaintsaudiable.-Seigneur,poursuivitlesuppliantSpiagudry,parvotreillustreaïeulsaintIngolphe!...-Ingolphel'Exterminateurétaitunréprouvécommemoi.-Aunomduciel,ditlevieillardenseprosternant,c'estcetteréprobationquejeveuxvouséviter.L'impatiencetransportalepetithomme.Sesyeuxgrisetternesbrillèrentcommedeuxcharbonsardents.-Aide-moi!répéta-t-ilenagitantsonsabre.Cesdeuxmotsfurentprononcésdelavoixdontlesprononceraitunlion,s'ilparlait.Leconcierge,tremblantetàdemimort,s'assitsurlapierrenoire,etsoutintdesesmainslatêtefroideethumidedeGill,tandisquelepetithomme,àl'aidedesonpoignardetdesonsabre,enlevaitlecrâneavecunedextéritésingulière.Quandcetteopérationfutterminée,ilconsidéraquelquetempslecrânesanglant,enproférantdesparolesétranges;puisilleremitàSpiagudrypourqu'illedépouillâtetlelavât,etditenpoussantuneespècedehurlement:-Etmoi,jen'auraipasenmourantlaconsolationdepenserqu'unhéritierdel'âmed'Ingolpheboiradansmoncrânelesangdeshommesetl'eaudesmers.»DansBug-Jargal,Hugofaitappelàtouteladémonologiehaïtienne,dontl'extraitsuivantenprésenteunepartie.Extrait:Bug-Jargal,Hugo,p.61-63"Jen'aijamaisvuuneréuniondefiguresplusdiversementhorriblesquenel'étaientdansleurfureurtouscesvisagesnoirsavecleursdentsblanchesetleursyeuxblancstraversésdegrossesveinessanglantes.Ellesm'allaientdéchirer.Lavieilleàlaplumedehéronfitunsigne,etcriaàplusieursreprises:Zotécordé!zotécordé†!Lesforcenéess'arrêtèrentsubitement,etjelesvis,nonsanssurprise,détachertoutesensembleleurtablierdeplumes,lesjetersurl'herbe,etcommencerautourdemoicettedanselascivequelesnoirsappellentlachica.Cettedanse,dontlesattitudesgrotesquesetlavivealluren'exprimentqueleplaisiretlagaieté,empruntaiticidediversescirconstancesaccessoiresuncaractèresinistre.Lesregardsfoudroyantsquemelançaientlesgriotesaumilieudeleursfolâtresévolutions,l'accentlugubrequ'ellesdonnaientàl'airjoyeuxdelachica,legémissementaiguetprolongéquelavénérableprésidentedusanhédrinnoirarrachaitdetempsentempsàsonbalafo,espèced'épinettequimurmurecommeunpetitorgue,etsecomposed'unevingtainedetquotesdbs_dbs29.pdfusesText_35

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