[PDF] Italie Espagne et Grèce - Des filières blé dur en pleine évolution

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12PERSPECTIVES AGRICOLES • N°310 • MARS 2005

ÉCONOMIE

vec une production mondiale comprise entre 30 et 37 Mt/an, le blé dur fait figure de céréale mineure face au blé tendre (580 Mt/an) ou au riz (530 Mt/an). Né dans les ré- gions entourant la Méditerra- née : Afrique du Nord, sud de l'Europe, Turquie et Syrie, le blé dur est aussi cultivé au nord des Etats-Unis et au sud du Canada (figure 1). La fi- gure 2permet de se rendre compte de la nette bipolarisa- tion de la production, le bas- sin méditerranéen représen- tant près de 50 % de la pro- duction et l'Amérique du Nord

20 %. Avec une production de

près de 9 Mt/an, l'Union Euro-péenne à 15, grâce à l'Italie, l'Espagne, la France et la Grè- ce est le premier producteur mondial de blé dur (figure 3).

En dehors de l'UE, des

Etats-Unis et du Canada, les

autres producteurs de blé dur sont la Turquie (3,3 Mt), la Sy- rie (de 1,1 Mt au début des an- nées 90 à 2,8 Mt en 2003), le

Kazakhstan (en moyenne

2,2 Mt/an), l'Australie et le

Mexique (de 0,35 Mt pour

1992/93 à 1,1 Mt pour 2002/03).Complémentarités

européennesL'Espagne, la Grèce et la

France sont excédentaires en

blé dur tandis que l'Italie est déficitaire. Cette situation en-traîne de nombreux échanges intra et extra-communau- taires (figure 4).

La France, avec un rende-

ment moyen de 50 q/ha, pro- duit 1,5 Mt/an de blé dur dont

800 Kt sont exportées chaque

année, essentiellement vers l'Italie et l'Allemagne. Pour des raisons de prix et de qua- lité, 80 à 250 Kt/an de blé pro- venant principalement d'Es- pagne sont importées.

En Italie, la superficie ré-

coltée est de 1,7 Mha et per- met, avec un rendement de

24 q/ha, une production de

4 Mt (±500 Kt). Plus de la moi-

tié du blé dur provient de l'Ita- lie du Sud (Pouilles, Sicile, Ba- silicate). Dans le nord, la pro-Grâce à l'Italie, l'Espagne, la Grèce et la France, l'UE est le 1 er producteur mondial de blé dur.

La concurrence

internationale et la dernière réforme de la PAC pourraient contribuer à faire souffrir fortement ces filières, à moins qu'elles puissent s'unir et mieux

Anaïs Riffiod

Marie Berman

ESA/ISARAJean-Philippe Leygue

jp.leygue@arvalisinstitutduvegetal.fr

ARVALIS - Institut du végétal

N.B. : Cet article est basé sur des enquêtes conduites en 2004 par ARVALIS-Institut du végétal auprès des acteurs ou experts des filières blé dur en Italie, Espagne et Grèce. Les chiffres donnés pour ces pays sont des moyennes des 5 dernières années. Les indicateurs donnés pour la France en référence sont issus du "Mémorandum pour le développement durable de la filière blé dur française", ITCF 2003.A

Des filières blé dur

en pleine évolution La Sicile est l'une des principales régions productrices de blé dur en Italie. duction se situe principale- ment en Toscane et dans les

Marches. Les importations

couvrent chaque année 30 % des besoins, soit 1,5 Mt. Les principaux fournisseurs sont les Etats membres voisins, mais également le Canada, l'Australie et les Etats-Unis.

Bien qu'importatrice nette,

l'Italie continentale exporte

80 Kt de blé dur vers le Royau-

me-Uni, l'Allemagne et la

France.

Chez notre voisin espagnol,

65 % du blé dur national est

produit dans la partie ouest de l'Andalousie. Le reste de la production se concentre prin- cipalement dans les régions de Saragosse (Aragon) et de

Badajoz (Estrémadure). Le

rendement moyen national est de 23 q/ha. Il permet une production nationale de 1,8

Mt en moyenne, pour une su-

perficie totale de 0,9 Mha.

L'Espagne exporte environ 1

Mt de blé dur chaque année

vers la France, l'Italie et l'Afrique du Nord (Tunisie, Al- gérie). Une quantité variable de blé dur (150 à 300 Kt) est

également importée de Fran-

ce, des Etats-Unis et du Ca- nada.

En Grèce, les chiffres offi-

ciels du ministère de l'Agri- culture font état d'une pro- duction moyenne de blé dur de 1,5 Mt pour une surface de

0,73 Mha et un rendement de

20 q/ha. Cependant, les négo-

ciants chargeurs l'estiment plus proche du million de tonnes. Le nord-est du pays assure 80 % de la production (Thessalie, Macédoine, Thra- ce). La Grèce exporte chaque année 300 à 400 Kt de blé dur, principalement vers l'Italie, la

Tunisie et l'Algérie. Près de

50 Kt de blé dur, essentielle-

ment français, sont importés chaque année.

Pour ces trois pays, les

échanges sont entre les mains

des chargeurs internatio- naux. La Grèce n'en compte que quatre qui jouent le rôle d'intermédiaires, assurant la commercialisation du blé à l'international, mais égale- ment au niveau national.

Des utilisationsdifférentes suivant les pays

Le blé dur est destiné, en

grande partie, à l'alimentation humaine. Semoule ou farine, pâtes ou pain, chaque débou- ché est sensiblement différent dans les trois pays. L'Europe produit chaque année environ

7 Mt de semoule, dont 70 %

d'origine italienne. L'Italie res- te le pays le plus producteur (3 Mt) et le plus consomma- teur de pâtes au monde. Elle devance largement la France (435 Kt), l'Espagne (210 Kt) et la Grèce (100 Kt). Seule la

France produit du couscous

de manière significative (25

Kt en 2001 sur une production

mondiale de 70 Kt).

Encore considérée comme

une niche économique en Ita- lie, la fabrication de pain de blé dur représente un débou- ché notable en Grèce. Il est apprécié pour sa couleur jau- ne, sa conservation plus longue et son rendement su- périeur en panification. En

Espagne et en France, le blé

dur n'entre pas dans les pro- cédés de panification.

Une des particularités de

l'Espagne est l'importante quantité de blé dur utilisée en alimentation animale (100 à

720 Kt selon les campagnes,

ONIC, 2004). L'Espagne est

cependant montrée du doigt, car ce blé dur, subventionné par l'UE et utilisé en alimen- tation animale, n'est pas for- cément de mauvaise qualité.

En Grèce également, alors

que les chiffres de l'ONIC font

état d'une utilisation relative-

ment faible du blé dur en ali- mentation animale, les ac- teurs rencontrés estiment que 100 à 150 Kt de blé dur sont vendus aux fabricants d'aliments du bétail chaque année. En Italie comme en

France, l'utilisation de blé dur

en alimentation animale n'est pas une pratique courante.

Une petite partie de la pro-

duction de blé dur peut être déclassée, exceptionnelle- ment, pour raisons qualita- tives.

13PERSPECTIVES AGRICOLES • N°310 • MARS 2005

Bassin

méditerranéen

46 %Reste du

monde 32 %
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