[PDF] Fabriquer des villes capitales entre monde arabe et Afrique noire





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Carte Afrique carte dAfrique au format PDF. Noms de pays et

Mer M é d i te r r a né e. M e r. R o u g e. Golfe d'Aden. SOUDAN. NIGÉRIA. NAMIBIE. JAMAHIRIYA. ARABE LIBYENNE. TCHAD. AFRIQUE. DU SUD. RÉPUBLIQUE-UNIE DE.



LE PLAN POUR LE CAPITAL HUMAIN EN AFRIQUE

Les financements doivent soutenir les réformes de la politique sociale y compris dans la fonction publique et la gestion des finances publiques



P a g e Le capital économique est constitué de lensemble des biens

L'Afrique de l'Ouest a vu sa population quadrupler en cinquante ans mais reste peu (cf. carte 2.25) et que la qualité du réseau reste très variable



– Documents et activités pour lannée scolaire 2014-15: Examen 1

Oct 1 2010 La carte politique des pays et des capitales de l'Europe. ... La reconstitution de la carte des États d'Afrique



- Documents et activités pour lannée scolaire 2015-16: • Un sujet

La carte politique des pays et des capitales de l'Europe. Une autre carte sur la La reconstitution de la carte des États d'Afrique d'après francetv.



Quel est le plus vaste pays dAfrique

est la capitale de quel pays la Côte d'Ivoire le Sénégal ou le Mali ? En regardant la carte Population et la carte Politique de l'Afrique. Dis-nous.



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Sep 25 2009 La capitale politique et nationale se veut à l'intersection de ces deux matrices puisqu'elle est ... Maghreb » ou une « carte Africa ».



BANQUE AFRICAINE DE DEVELOPPEMENT FONDS AFRICAIN

de renforcement de la résilience en Afrique pour renforcer le capital La Stratégie encourage l'entreprenariat social ainsi qu'une politique économique.



Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la

Apr 23 2018 scientifique et politique sur la biodiversité et les services ... Carte de l'Afrique montrant les sous-régions et les écosystèmes analysés.



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Sep 25 2009 sont en effet capitales politiques d'États frontières qui se situent à la charnière entre le monde ... Maghreb » ou une « carte Africa ».



Images

Carte Afrique carte d'Afrique au format PDF Noms de pays et capitales Île Socotra Île Providence Îles Agalega Île Farquhar Îles Aldabra Îles Amirantes Île Zanzibar Île Pemba Carajos la Réunion Tromelin Île Ste Hélène Île Ascension Îles Madère Îles Canaries Île Principe Cargados Île Annobón Île Sao Tomé Asmara

Quels sont les pays d'Afrique et leurs capitales?

Carte Afrique, carte d'Afrique au format PDF. Noms de pays et capitales Île Socotra Île Providence Îles Agalega Île Farquhar Îles Aldabra Îles Amirantes Île Zanzibar Île Pemba Carajos la Réunion Tromelin Île Ste. Hélène Île Ascension Îles Madère Îles Canaries

Quelle est la géographie de l'Afrika ?

La géographie de l' Afrique comprend 61 entités politiques, dont 54 États souverains 1 depuis 2011 (non inclus le Sahara occidental et le Somaliland ), et ses 30 368 609 km2 couvrent 20,3 % des terres émergées (et 6 % de la surface de la Terre ).

Quelle est la fonction d’une carte politique ?

Et c’est parce que la fonction la plus importante d’une carte politique est de montrer les frontières territoriales. Dans ce cas, les frontières politiques de l’Afrique, des pays, des grandes villes africaines et des capitales sont présentées. La carte politique suivante de l’Afriquepeut être téléchargée ici en bonne qualité.

Quels sont les pays de l'Afrika centrale ?

Afrique centrale : Comprend les pays situés au centre du continent, tels que le Cameroun, le Tchad, la République centrafricaine, le Congo, la République démocratique du Congo, la Guinée équatoriale et le Gabon.

1

UNIVERSITE PARIS 1 PANTHEON-SORBONNE

U.F.R DE GEOGRAPHIE

Ecole doctorale de géographie de Paris : Espaces, sociétés, aménagement

UMR 8586 PRODIG

2006

FABRIQUER DES VILLES

-CAPITALES

ENTRE MONDE ARABE ET AFRIQUE NOIRE :

NOUAKCHOTT (MAURITANIE) ET KHARTOUM (SOUDAN),

ETUDE COMPAREE

Thèse pour l'obtention du doctorat en géographie Présentée et soutenue publiquement le 17 novembre 2006

Armelle CHOPLIN

Sous la direction de Marie-Françoise COUREL

Membres du jury :

Marie -Françoise COUREL, Directrice d'Etudes à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes Anne-Marie FREROT, Professeur à l'Université de Tours

Marc LAVERGNE, Directeur de Recherche, CNRS

Emile LE BRIS, Directeur de Recherche, Institut de Recherche pour le Développement (IRD) Abdel Wedoud OULD CHEIKH, Professeur à l'Université de Metz Denis RETAILLE, Professeur à l'Université de Rouen 2 3

Sommaire

R EMERCIEMENTS ........................................................................ ............................................... 5 N OTES SUR LA TRANSCRIPTION ........................................................................ ......................... 7 I NTRODUCTION GENERALE ........................................................................ ................................ 9 L EXIQUE DES TERMES ARABES ........................................................................ ...................... 487 L ISTE DES ACRONYMES........................................................................ .................................. 491 B IBLIOGRAPHIE ........................................................................ ............................................. 493 T ABLE DES ILLUSTRATIONS ........................................................................ ........................... 523 T ABLE DES MATIERES ........................................................................ .................................... 529 4 5

Remerciements

La route fut longue. Me voilà au bout d'un premier chemin. L'étape est plaisante et rassurante. C'est l'étape où je regarde derrière moi, enfin. C'est celle où je remercie. Toute ma reconnaissance s'adresse en premier lieu à Marie -Françoise Courel qui a accepté de diriger ce travail. Votre immense confiance et votre incroyable ouverture d'esprit

ont facilité mes pérégrinations scientifiques. Merci de m'avoir laissée tant de liberté mais

d'avoir répondu présente à chaque moment difficile.

Une piste n'est évidemment pas linéaire, Denis Retaillé s'est trouvé à un croisement, celui du

géographe, celui du " monde du géographe ». Depuis la ligne de départ, vous êtes là et

m'avez orientée. Mes escales rouennaise s ont constitué les temps forts de ce cheminement. Je vous exprime ici toute ma gratitude. Quotidiennement, j'ai évolué sous le regard bienveillant de Philippe Chamard. Soyez

remercié pour votre soutien si réconfortant. Vos réflexions de " géomorphologue » et vos

analyses de " non spécialiste en urbaine » m'ont profondément enrichie. Dans mon itinéraire de recherche, quelques boussoles me guidèrent : Olivier Pliez, qui m'a intégrée à divers projets et s'est toujours montré disponible et de bon conseil, Ab del Wedoud Ould Cheikh qui a toujours manifesté de l'intérêt pour mon travail, Emile Le Bris qui m'a menée un peu plus au sud, Anne-Marie Frérot qui m'a ouvert les portes du Sahara. Cette piste devait me conduire en Mauritanie. Que de rencontres et de ge ns à

remercier. Pour m'avoir appris à découvrir leur pays et à aimer l'autre, mes remerciements les

plus chaleureux s'adressent à Yehdih Ould Tolba et la famille Tolba, Amel Daddah, Saïd Ould Hamody, Ebnetta et la famille Sanghott, Cheikh Saad Bouh Kamara, Moustapha,

Mousa, Didi, Ami, Maître Ibou. Mes recherches ont avancé grâce à quelques personnes clefs :

Isaka Diagana, Yslem Ould Bahaida, Brahim Ould Abdel Wedoud. Que tous les Mauritaniens, Nouakchottois et migrants étrangers qui ont bien voulu répondre

à mes

questions et m'aider dans mes démarches trouvent ici la marque de mon témoignage respectueux. La Mauritanie, c'est aussi tous les Français et jeunes chercheurs avec qui j'ai partagé : Alain Antil, Sébastien Boulay, Emilie Barrau, Grégory Giraud, Georges Hamon, Patrick Hauquel, Clément Lechartier, Aurore Mansion, Aurélie Thénot, Olivier Schinz. La Mauritanie, c'est enfin tous ces souvenirs avec les anciens d'URBAMA, compagnons de couscous ensablés et de lait de chamelle caillé : Céline Lesourd, Lucie Roullier et Yoann

Sablon.

Au carrefour, de nouveau un choix. Une pancarte en direction du Soudan. A

Khartoum, rien n'aurait été possible sans le soutien matériel du CEDEJ et de ses membres qui

m'ont reçue chaleureusement : un immense merci à Alice Frank qui m'a guidée dans les rues de la capitale et au sein de la société soudanaise, à Einas Ahmed et Amani Al-Obeid. Je remercie Son Excellence Abdelbasit El Sanosi et ses fils Bashir et Ahmed pour leur accueil. A tous les Soudanais qui m'ont aidée lors de mes (dés)aventures et en particulier Subhi, Amira 6 et Safa, j'adresse ici mes sincères remerciements. Un clin d'oeil aux membres de " l'English nouba group » de l'Université de Khartoum. De retour en France, un appui précieux, celui du laboratoire PRODIG. Merci pour les

aides financières et la disponibilité de ses membres. Merci en particulier à Jean-François

Cuenot et à Eliane Leterrier pour la cartographie. A mes " amis de bibliothèque » et de " la

salle des doctorants » : Julien Brachet, Marie Redon et Marthe Koffi qui ont partagé mes craintes, doutes et angoisses.

Je suis particulièrement reconnaissante à mes collègues de l'Université de Marne-la-Vallée, et

en particulier à Karine Marot, pour m'avoir permis de concilier enseignement et recherche. Et pour la finition, je remercie tous ceux qui ont participé à la relecture du " cahier de vacances ». A mes amis que je cite " en vrac », comme ils le sont toujours : Anne D., Audrey, Pico, Claire, Boris, Vincent, Rouki, Anne C., Anne-So, Ismaël, Clarisse, Cabillaud, Trob, Romain, Jo et Mimi, Martine, Myriam, Gaëlle, Julie, Fredu... A ceux de la Ferté-Bernard

pour leur amitié sincère : Amé et Damien, Amandine et Jérôme, La Aude, Karine, Anne. En

souvenir de Milène. Une dédicace toute spéciale à Jean-Marie Allais qui veille sur moi depuis les premières

heures. Merci pour ta " traque à la coquille » et tes cours particuliers de langue française.

Au commencement et tout au long de ce parcours, mes parents et mon frère Hubert qui m'ont soutenue affectueusement et tou jours encouragée. Grâce à vous, à quatre ans, ma

première piste saharienne en R12. Merci de m'avoir donné si tôt le goût de l'ailleurs. A ma

chère grand-mère que j'aurais tant aimé voir m'accompagner.

Riccardo, cette route est celle où je t'ai croisé. Un bout de chemin a été fait ensemble et

il m'est aujourd'hui impossible d'imaginer le poursuivre sans toi. Que de découvertes intellectuelles et conseils scientifiques, patience et amour depuis notre rencontre à Nouakchott. Carissimo, questa tesi è un po la tua : al nostro amore per la ricerca, per la gente. 7

Notes sur la transcription

a ΄ b ΐ t Ζ j Ν h Ρ kh Υ d Ϊ dh ά r ή z ΰ s β sқ κ dқ ξ tқ ς zқ φ gh ύ f ϒ q ϖ l Ϟ m Ϣ n Ϧ h ϩ w Ϯ y ϱ

Voyelles brèves : a, i, u

Voyelles longues : â, î, û

Diphtongues

: aw ; ay ; iyy ;uww

Ta marbuta

: a, at

Remarques :

- Pour les termes en arabe, écrits en italique dans le texte, la transcription suivante a été

retenue. Ce choix d'une table unique pour l'arabe classique, le dialecte soudanais et le hassâniyya (dialecte arabe parlé par les Maures) se justifie pour une commodité de lecture.

Certes, l'arabe soudanais et le

hassâniyya ne sont pas tout à fait similaires dans la prononciation. Le qaf arabe est prononcé gh (r grasseyé) en dialecte soudanais. En hassâniyya , le fa se prononce v. Pour plus d'informations concernant le hassâniyya, se référer

au lexique français-hassâniyya ou au dictionnaire hassâniyya-français de Catherine Taine-

Cheikh (1990 et 1998).

- En arabe, l'article défini se transcrit en minuscules, suivies d'un trait d'union, y compris pour les noms propres. - Les noms d'origine arabe qui figurent dans le dictionnaire Larousse ne seront pas transcrits mais utilisés tels quels (par exemple ksar, pl. ksour). - Les noms propres arabes conservent leur transcription en caractères latins, tels qu'on les emploie en français. (Par exemple, on utilisera Nouakchott et non pas

Nûakshût̟Khartoum et

non

Khart̟ Omdourman et non Ummdurmân).

- La shadda est transcrite par un redoublement de la lettre. - Les termes en arabe, figurant en italique dans le texte, renvoient à un lexique à la fin. 8 9

Introduction générale

Nouakchott et Khartoum. Deux villes,

a priori, que tout sépare. A peine un million

d'habitants pour la première contre cinq millions pour la seconde. L'une a fêté récemment ses

cinquante ans alors que l'autre est d'un siècle et demi son aînée. " Nouakchott l'Atlantique »

et " Khartoum la Nilotique ». Mauritanie, Soudan. Afrique de l'Ouest, Afrique de l'Est. Afrique francophone, Afrique anglophone. Khartoum, ville ordonnée, à la trame claire et précise, blottie le long du Nil. Nouakchott, ville surgie du sable, qui semble évoluer hors de tout schéma d'urbanisme et s'étend sans difficulté sur les dunes qui l'entourent. Au-delà des différences de formes, ces deux villes partagent des caractéristiques

communes dont la première est d'être capitale. En partant de ce statut de capitale, l'objectif de

cette recherche est d'expliquer comment se fabriquent des villes-capitales, ce qui suppose de mettre au jour les interactions qui existent entre les logiques politiques (la capitale comme instrument du pouvoir) et les dynamiques sociales (la ville, espace vécu et approprié par les habitants). Parce qu'elles sont cap itales, ces villes apparaissent comme des lieux de toute première importance : c'est à Nouakchott et Khartoum que les dynamiques socio -politiques se concentrent, s'expriment et se " surpolitisent ». Dans cet espace circonscrit, largement investi symboliquement et matériellement, les processus paraissent plus exacerbés et visibles que dans le reste du territoire national. Les capitales sont en cela les boîtes noires des transformations à l'oeuvre dans les deux pays, ce qui explique le choix de ce lieu comme angle d'observation privilégié. Elles donnent à voir de multiples combinaisons socio -spatiales, en même temps qu'elles les complexifient car les villes sont elles-mêmes porteuses de dynamiques qui leur sont propres. Cette approche comparative s'établit donc à partir d'un même objet - la ville-capitale - et se donne pour objet d'analyse un même processus, celui de la fabrique d'une entité spatiale particulière, la capitale, et ce dans un contexte géopolitique proche. Nouakchott et Khartoum

sont en effet capitales politiques d'États frontières qui se situent à la charnière entre le monde

arabe et l'Afrique noire. En prenant place sur la bande latitudinale qui sépare ces deux aires,

cette construction se veut profondément marquée par la multiplicité identitaire, pour ne pas

dire par de forts antagonismes entre les différents groupes sociaux. Cette position géographique ambiguë implique que Nouakchott et Khartoum soient sujettes à plusieurs 10 logiques contradictoires puisque les deux pays se sont édifiés en intério risant la ligne-frontière culturaliste qui oppose Sahara et Sahel, populations blanches et populations noires.

Capitale, objet politique ; ville, objet social

Se proposer d'étudier des capitales inscrit d'emblée nos questionnements dans le champ de la géographie du politique qui, selon Jacques Lévy (1999), cherche à comprendre les articulations entre les hautes instances et la base sociale de la représentation et de la légitimation du polit ique. Géographie du politique ? Pas seulement car Khartoum et Nouakchott sont également des villes. Plus que le politique en tant que tel, ce sont ses manifestations spatiales et sociales qui nous intéressent. Notre approche se veut dès lors

fortement marquée par la géographie sociale puisque pour mettre en évidence les processus de

de la fabrique urbaine, il faut revenir sur les rapports existants entre rapports sociaux et rapports spatiaux et mesurer leurs impacts sur cet espace restreint et particulier (Di Méo,

Buléon, 2005).

En confrontant le concept de ville en général à celui de capitale en particulier,

l'objectif est de saisir tout à la fois la dimension politique intrinsèque à ces villes du pouvoir

et le processus de construction nationale de deux États nouvellement indépendants. Replacée dans le continent africain, et plus précisément au Soudan et en Mauritanie, la problématique de la fabrique urbaine se pose avec acuité puisque le fait urbain change de nature dans la contemporanéité de la formation de l'État et de la Nation. Depuis les

indépendances, les sociétés africaines évoluent en effet dans un cadre politique unique, l'État-

nation qui s'inscrit dans un territoire délimité par des frontières nationales. Parallèlement à

l'État

-nation, l'urbanisation s'est généralisée à l'échelle du continent, tant et si bien que les

groupes sociaux, tout comme le pouvoir, n'ont semble-t-il d'autres alternatives que de se

glisser dans ces deux nouvelles enveloppes spatiales que sont la ville et l'État (Retaillé, 2006).

La capitale politique et nationale se veut à l'intersection de ces deux matrices puisqu'elle est la première ville du pays et la ville du Pouvoir. En ce lieu qui concentre tous les appareils étatiques se joue la politique. Le terme même de capitale renvoie davantage à un statut

politique qu'à une forme urbaine dans la mesure où la capitale est, dans son acception même,

au service de la puissance d'État. Les capitales du Soudan et de la Mauritanie sont en ce sens 11

nécessairement porteuses d'une identité définie par les pouvoirs en place qu'elles sont censées

matérialiser puis diffuser. Ainsi posés les premiers jalons de notre recherche, ce n'est pas tant la forme, la taille ou la morphologie de la capitale qui retiennent notre attention que la façon don t elle est pensée

comme noeud de la souveraineté de l'État, élément indispensable à son existence, pour ne pas

dire à sa survie. Nouakchott et Khartoum se présentent comme de véritables lieux clefs, et ce

d'autant plus qu'elles se démarquent de certaines villes qui ne seraient que des capitales politiques (Yamoussoukro, Washington, Brasilia ou Ankara...). Dans les deux cas, la

suprématie politique se combine à une supériorité économique et démographique. Si leur

rayonnement à l'échelle mondiale est quasi-nul, elles jouissent en revanche d'une position centrale et disposent par là même d'une certaine aire d'influence sur le territoire national étatique qu'elles dominent et administrent. Nous partons du postulat que la place centrale occupée par la ville primatiale 1 Etudier les projections et manipulations de l'espace par les dirigeants soud anais et

mauritaniens est un passage obligé, particulièrement éclairant, mais ne suffit pas à rendre

compte de la fabrication et du fonctionnement de Khartoum et Nouakchott. Rapidement, il semble indispensable de dépasser la seule analyse historique et politique pour changer d'échelle et descendre au niveau de l'individu et du groupe social. Si la ville est construite et

pensée par l'État, on ne doit oublier pour autant qu'elle sécrète simultanément une société

particulière. Parce qu'elle initie certaines transformations sociologiques qui influencent les

actions des habitants, la ville ne peut être envisagée dans sa seule " version papier » de plan,

carte ou schéma directeur dessinés par les pouvoirs publics. En ce sens, la ville est un système est essentielle pour les gouvernements mauritaniens et

soudanais et que ces derniers l'instrumentalisent en vue d'asseoir leur pouvoir. En filigrane de la progression réflexive se place donc le politique, ce qui invite à mobiliser les travaux de

géographes qui se sont penchés sur la question de l'État et du politique en Afrique (Pourtier,

1989, 1999

; Retaillé, 1993, 2006). Ceux des politologues seront tout autant convoqués (Bayart, 1989, 1996 ; Badie, 1992, 1995 ; Banégas, 2003 ; Médard, 1991 ; les travaux du

GEMDEV, 1997

; et plus particulièrement Ould Ahmed Salem, 1999, 2004 et Baduel, 1989,

1994 pour la Mauritanie ; Marchal, 1997, 2004 et Ahmed, 2004, 2006 pour le Soudan).

1

En 1939, Mark Jefferson notait que de nombreux pays étaient dominés par une seule ville, invariablement la

capitale, beaucoup plus grande que la ville secondaire. Il désigna cette ville par le terme de primate. Depuis

lors, on parle d'urban primacy ou de ville primatiale. (Source : Mark Jefferson, 1939, " the law of the primate

city », Geographical reviews, Opt. cit. in Abu Sin, Davies (ed.), 1991 : 240). 12 socio-spatial complexe. Dans cette phase préliminaire, il faut pourtant nous accorder sur une définition, tâche bien ardue comme le rappelle George Perec

" Ne pas essayer trop vite de trouver une définition de la ville ; c'est beaucoup trop gros, on a toutes les

chances de se tromper. [...] Il faudrait, ou bien renoncer à parler de la ville, à parler sur la ville, ou bien s'obliger

à en parler le plus simplement du monde, en parler évidemment familièrement. » (Perec, 2000 : 119-122)

Quelle définition retenir alors si les spécialistes - urbanistes, géographes, aménageurs -

sont eux même écartelés devant l'évidence de l'objet et la difficulté à le conceptualiser. Ils ne

parviennent à en donner une définition précise car elle est implicitement perçue " comme un

objet " qui va de soi » » (Louiset, 2001 : 219). L'urbanisation, entendue comme un processus spatial qui concentre des individus sur un espace de vie restreint, est assurément l'un des phénomènes globaux marquants de ces cent dernières années. Pleinement e ntrés dans l'ère de l'" homo urbanus » (Paquot, 1990), les démographes annoncent qu'un homme sur deux vit en ville. Brutal, aux mutations parfois insaisissables, ce processus d'urbanisation s'est

accompagné d'un florilège de lexies et de néologismes trahissant cette complexité à saisir

l'objet 2 L'embarras est grand de surcroît car il n'est de définition chiffrée universelle 3 Mais, au-delà de ces formes physiquement reconnaissables et de cette dimension matérielle, la

question " qu'est-ce qu'une ville ? » demeure entière car, si l'objet a une portée universelle,

chaque ville conserve une certaine forme d'unicité, liée à ses habitants qui diffèrent partout et , signe

là de la multiplicité de ses manifestations. Quel critère retenir alors si l'effet de taille n'est pas

pertinent ? La définiti on de la ville ne peut être autre qu'imprécise car l'objet lui-même est

flou. Pourtant, ce n'est pas parce que l'on ne parvient à le définir que l'objet n'est plus. On se

contentera ici d'une définition simple, comme nous y invite G. Perec, et l'on s'accordera à penser avec Jacques Lévy (Lévy, Lussault (dir.), 2003 : 989) que la ville se reconnaît à travers la densité, la diversité et la coprésence. Les caractéristiques essentielles de la ville sont ainsi

rappelées : densité du bâti et des habitants, diversité et hétérogénéité humaine dans un

contexte de concentration sur un espace restreint, et fonctions essentielles qui supposent la mise en place d'infrastructures (de commerce et de transport notamment). 2

Marquée par le gigantisme, la ville est désormais désignée par les termes de " mégalopole » (Gottmann, 1952)

et " métropole » dans un premier temps, puis " métapolis » (Ascher, 1995), " ville globale » (Sassen, 1991). Il

est encore question de " ville éclatée » et de " villes en archipel » pour Pierre Veltz (1996) ou encore de " ville

émergente », ou de " ville postmoderne » dont l'exemple le plus approfondi serait Los Angeles (Soja, 2000).

Tous les débats autour de ces termes sont retracés dans des ouvrages récents collectifs (Cf. J.-P. Paulet (Dir.),

2000
; E. Dorier-Apprill (Dir.), 2000). 3

On occulte le doute derrière la statistique : en France, une ville compte plus de 2 000 habitants regroupés au

chef-lieu de canton. Au Soudan, le chiffre de 5 000 habitants est retenu. En Islande, est considérée comme ville

tout regroupement de 200 habitants tandis que le seuil de 10

000 est requis au Sénégal. Au Canada, on intègre la

densité : on parle de ville à partir de 1 000 habitants couplés à une densité de 400 hab/km². Il n'est donc de

définition mondiale car la ville recoupe des réalités fort diverses. 13 en tout lieu. L'univ ersalité de la forme ville ne doit donc pas occulter les particularismes locaux et la multiplicité des sociétés urbaines produites. En tant qu'espace -support hérité, la ville est constitutive de la vie des individus qui agissent dessus. La quotidienneté de leurs actions et pratiques spatiales leur permet de développer de nouveaux rapports à cet espace qu'ils territorialisent à leur tour. La capitale ne peut décemment plus être envisagée comme le seul territoire statique et

délimité de l'État, pas plus qu'elle n'est qu'un simple contenu spatial. Elle est également ville,

substance sociale appropriée par des sociétés qui s'inscrivent dans des espaces souvent plus

labiles que le territoire étatique. Ce constat est d'autant plus vrai que Nouakchott et Khartoum

appartiennent à l'ensemble saharo-sahélien particulièrement marqué par la mobilité des

individus. L'analyse ne peut donc être que systémique et dynamique en envisageant tous ces paradigmes - sociaux, spatiaux et politiques - comme rétroactifs les uns sur les autres. Pour la

mener à bien, il s'avère indispensable d'emprunter certains outils conceptuels définis par la

géographie sociale - parmi lesquels territoire, savoir géographique, modes d'appropriation spatiale, urbanité, représentations spatiales, ségrégation spatiale. Mais, les approches géographiques, aussi riches soient-elles, manqueraient de profondeur si elles n'étaient

développées parallèlement à celles des autres sciences sociales. Aussi, les travaux de la

sociologie et de l'anthropologie urbaines seront-ils convoqués pour obtenir quelques clefs de lecture (Grafmeyer, Joseph, 2004 ; Agier, 1999 ; Hannerz, 1996 ; Joseph, 1998). Par ailleurs, on ne peut faire l'économie de se pencher sur les approches et concepts, tels que identité,

altérité, ethnicité, développés par l'anthropologie sociale (Amselle, 2005 ; Balandier, 1985,

1992
; Mbembe, 2000 a). En refusant de nous enfermer dans des " bibliothèques mentales » liées à notre appartenance disciplinaire, en mobilisant et combinant ces divers outils

conceptuels, qui seront définis au cours du texte puis rediscutés à l'aune de nos terrains, ce

travail devrait rendre compte d'une large combinaison de constructions socio -spatiales et

d'articulations possibles entre pouvoir et identité, identité et localité, urbanisme imposé et

urbanité spontanée. L'opposition capitale/ville laisse entendre que les champs politiques et sociaux sont dissociés. Or, les imbrications entre les deux sont complexes et inextricables : pour s'en persuader, il suffit d'observer la capitale, territoire qui fait l'objet de luttes sans merci entre les pouvoirs centraux qui y transposent leurs idéologies et les divers autres acteurs qui cherchent à y imposer leurs marques. A Nouakchott comme à Khartoum sont en effet 14 représentés et tente nt de se légitimer tous les acteurs impliqués dans la fabrique urbaine (des

représentants étatiques à l'individu quidam, en passant par les membres des tribus influentes).

De la même façon, différentes stratégies aussi bien collectives qu'individuelles se chevauchent et plusieurs logiques initiées par l'État ou par des intervenants extérieurs se mettent en place. La ville du Sud est désormais un terrain d'actions pour de multiples acteurs, tels que les ONG, les bailleurs de fonds et les institutions internationales qui occupent une

position médiane et n'ont de cesse de solliciter l'échelle locale urbaine pour transposer leurs

propres conceptions urbaines. A Nouakchott, la Banque Mondiale diffuse ses théories développementalistes et approches technicistes et rationalisantes. A Khartoum, les Nations Unies supplient le gouvernement central de se plier à ses injonctions. A cet égard, la ville- capitale n'est plus seulement ville d'État, elle s'apparente à un espace de convoitise que chacun tente d'investir dans se s moindres recoins. Elle ne rend plus uniquement compte des dynamiques urbaines à l'oeuvre à travers le monde, mais livre également des logiques politiques et sociales complexes qui prennent place localement. En résumé, tous les groupes, individus, acteurs mais également processus convergent, s'opposent, s'articulent en ce lieu qui est assurément le plus politisé du pays. Les villes-capitales sont donc soumises à de nombreux défis, et plus encore lorsqu'elles s'inscrivent sur une ligne de faille " ethno- culturelle » (ou du moins perçue comme telle).

La ligne de faille pour héritage

Les grands explorateurs arabes médiévaux sont les initiateurs de cette ligne-frontièrequotesdbs_dbs15.pdfusesText_21
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