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Thème 1 La longue histoire de lhumanité et des migrations

26/11/2015 d'humanité » et sur le thème des migrations. ... 2. CyCle i histoire-géographie i S'approprier les différents thèmes du programme.



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LHISTOIRE DE LHUMANITE

DE. L'HISTOIRE DE L'HUMANITE. II. HISTOIRE DU MOYEN-A.GE. LIBRAIRIE UNIVERSITAIRE J. GAMBER campagne d'Ammien Marcellin 2 on apersoit cependant

N. IORGA

Professeur

al'Université de Bucarest, Agrée A la Sorbonne, Correspondant de l'Institut,

Directeur de l'Ecole Rournaine en France.

ESSAI DE SYNTHESE

DE

L'HISTOIRE DE L'HUMANITE

II

HISTOIRE DU MOYEN-A.GE

LIBRAIRIE UNIVERSITAIRE J. GAMBER, Editeur

7, RUE DANTON, 7

PARIS-

1927

ESSAI DE SYNTHÈSE

L'HISTOIRE DE L'HUMA.NITE

ESSAI DE Si(NTHÈSE

LE

L'HISTOIRE DE L'HUMANIIT

PAR

N. IORGA

Professeur à l'Université de Bucarest

Agréé à la_Sorbonne

Correspondant de l'Institut

Directeur de l'Ecole Roumaine en France

II t i-iis-roiFteDumoyeINI -A G E PARIS

LIBRAIRIE UNIVERSITAIREJ.G A IVI 13 E,ÉDITEuFt

1927

D. N. IORGA

HISTOIRE DU MOYEN-AGE

CHAPITRE PREMIER

L'Empire.

A la fin du v" siècle, au moment oil se consolide, avec l'assentiment de la population romaine, qui formait la partie essentielle des habitants de la Gaule devenue l'héri- tage des Francs, une " Francia » catholique, comme il y avait dans la proximité une " Gothia », et comme de tout côté surgirent des terres de posiession barbares por- tant le nom de leurs propriétaires barbares au-dessus de ces simples possessions, même de celle bénie par l'Eglise, qui avait abdiqué ses premières prétentions de renverser et de remplacer l'ordre contre lequel elle s'était soulevée, il y avait une seule autorité kégitime, univer- selle, dans laquelle s'étaient concentrées toutes les con- quêtes de kantiquité : l'Empire 1. Son chef résidait à Constantinople de par la volonté de Constantin, sans cependant que l'ancienne Rome, où pen- dant un mois avait résidé, non sans la décision, écartée par les événements, d'y prendre séjour pour longtemps, Constance, eta perdu d'une faqon entière et définitive ses

droits séculaires. Il se considérait comme le maître dumonde entier et ne reconnaissait, dans une situation

subordonnée, qui n'avait rien de la plénitude du pou- voir supréme, de la majesté d'une longue transmission

1 Voy. Christensen, L'Empire des Sassanides

nsla Festschrift Albert u. Bamberg, Gotha, 1905 ;Stein, Ein Kapitelvom persischen und vom bgzantinischen Staate, dan' lesByzan-tinisch-Neugriechische Jahrbiicher » de M. Béés, I, 1920. Cf. N

2HISTOIRE DU MOYENAGE

d'autorité A travers les différentes races et les different& pays, au cours des siècles, que ceux qui s'humiliaient par leurs lettres de soumission, comme tel roi des Burgondes, et demandaient leur reconnaissance en tant que digni- taires fixes sur un territoire conquis et légalement hérité de cet Empire unique.

Ce dominus orbisavaitcependant, male dans cetOrient où l'avait place la fatalité historique et surtout

l'importance pour la civilisation de ces eoae partes unconcurrent, un ancien rival, dans lequel, plus que dans

l' " adopté » germanique, venu de l'Occident, considéré pendant longtemps comme barbare, s'incorporaient les.

souvenirs des Orientaux : le " roi des rois », d'humbleorigine sassanide, sans aucun titredynastique, mais

d'ambitions immenses, qui résidait A. Ctésiphon. Il est impossible de distinguer nettement dans les sour- ces romaines qui parlent des guerres incessantes sur la frontière de la Mésopotamiel'organismeintérieur de cette monarchie asiatique opposée A. la monarchie " asia- tisée » des Romains et de poursuivre un développement analogue A celui de l'Empire transporte A. Rome. Les ren-

seignements donnés par les sources arabes 1 appartien-nent A une bpoque postérieure. A travers les récits de

campagne d'Ammien Marcellin 2 on apersoit cependant, au /17° siècle, A l'époque oii Constance combat sans résulta t appreciable contre l'ennemi héréditaire, où Julien finit par périr au milieu d'une retraite désastreuse et Jovien. consent A la paix qui dépouille les Romains de cinq pro- vinces, un souverain A la façon de Darius et de Xerxes. dominant, le diademe orne de pierres précieuses sur sa téte sacrée 3, une féodalité de chevaliers reconverts de cuirasses, les cataphractes, clibanarii 4, montant des che-

1 Stein, loc. cit., p. 60 et suiv.

2 Voy. surtout XXIII, vi.3 Aureum capitis arietini figmentum interstinctum capillis diade-mate ; Ammien .Marcellin, XIX, z, 3. De son caté, Julien porte, itpartir d'un certain moment, un a ambitiosum diadema lapidumfulgore distinctum n;ibid., XXI, I, 6.4 Ammien Marcellin, XV, x, 8.

CHAPITRE PREMIER3

vaux bardés de fer, poussant, comme jadis Antiochus le Syrien, des éléphants et en méme temps employant les procédés d'assaut violent et de retraite perfide des Par-

thes dont les hordestouraniennesparticipaient sansdoute, hardies et pillardes, h ces foudroyantes expédi-

tions ; un tout-puissant " vizir » ; une bureaucratie se confondant avec la noblesse de sang et un clergé réuni h ces privilégiés des rangs I ; surtout des provinces dont chacune conserve son caractère historique, et qui, tout en soutenant la royauté perse renouvelée de leurs tri- buts, en la défendant de leurs contingents, restent, avec ou sans un vernis d'hellénisme, ce qu'elles ont été dans l'antiquité la plus reculée. Lorsque des missions s'échan- gent entre les deux camps, le" roi des rois » Sapor, " égal (particeps) des étoiles, frère du Soleil et de la

Lune », consentait à considérer son voisin comme unfrère pour lui rappeler que l'Asie entière et méme une

partie de l'Europe jusqu'au Strymon lui appartenaient par droit ancestralet lui demander de sauver le reste de ses possessions par l'abandon des contrées " usur- pées », surtout cette Mésopotamie, puis l'Arménie et l'Ibé rie. Et, s'affublant du titre nouveau de " vainqueur sur terre et sur mer », le Romain refusait à son " frère » de s territoires qu'il se déclarait prét A. défendre 2. Par ses victoires, mais au moins autant par les nou-

velles complications provoquées sur le Rhin par les Ala-mans, sur le Danube surtout par l'afflux des bandes

gothes et hunnes, la Perse de Sapor et de Bahram (Vara- nès) regagne cette belle Mésopotamie dont elle avait été écartée dès l'époque de Trajan. La faible défense ordi- naire des " praetenturae » et des " stations agraires » 3 uisparut. Malgrél'offredesprovinciaux, désolés, de

1 Stein, loc. cit., pp. 61-62. Sur l' » égalitarisme » d'un Maz

dak au

v' siècle, ibid., p. 62 et suiv.2 Ammien Marcellin, XVII, v, 3-14. Merin si on admet que ceslettres soient rédigées par le soldat rhéteur que fut cet histo

rien,leur fond dolt etre retenu comme exact.3 Ammien Marcellin, XIV, su, 2.

4IIISTOIRE DU IVOYEN-AGE

défendre de leurs propres moyens et à leur propre risque des villes florissantes comme Nisibis, où des cris s'éle- vèrent contre la lAcheté de Jovien, et Singara, l'engage- ment pris le lendemain d'une affreuse déroute fut plei- nement execute, les habitants de ces vieilles cites étant transportés ailleurs avec ce qu'ils pouvaient emporter de leurs biens. Les marchandises des Indes et des Seres n'arrivèrent plus pour la foire de septembre A. la riche Batné 1. L'Arménie du roi Arsace, auquel était mariée une Romaine, cette Arménie, jadisla province d'un Cesar 2, resta denuée de tout appui, pi-Re à ètre envahie par une royauté quf représentait avec bien plus d'énergie cette nième conception de la monarchie orientale que les Arméniens s'étaient attribuée pendant quelque temps. Arsace, aveuglé, enchalné d'argent, fut tué par les Perses, sa residence tomba en ruines, et, pendant que deux gou- verneurs perses administraient le malheureux royaume, Para (Bab), fils du roi execute par la vengeance de Sapor, chercha un refuge sur le territoire romain. Cet héritier d'Arménie finit cependant par se rallier au plus puissant de ses voisins sans pouvoir sauver ni ses droits, ni méme sa vie, car il périt par la main des soldats de l'empereur Valens. Sapor demandait impérieusement qu'un de ses protégés filt installé sur ce trône de miserable vassalité Quant A. l'Ibérie, la protection romaine ne lui avait pas été plus utile : on fit deux morceaux de cet Etat caucasien pour satisfaire les deux puissances qui se disputaient la domination de l'Orient asiatique 3. Le sort de l'Arménie n'était pas encore definitivement fixé t.Des fantômes royaux portant de grands noms perses, comme Arsace, comme Chosroès, montaient au pouvoir et en descendaient, au gré des circonstances. Il y eut méme contre les armées du successeur de Sapor,

1 Ibid., 3.

2 Ibid., XX, XI, 3, Fille d'Albabius, sponsa de Constant.

3 lb id., XXVII, xn ; XXX, t, n, 2.4 Sur l'histoire de ce pays sous le règne de Justinien il y a untravail en russe par Adonts (1908).

CILiPITRE PREMIER5

encore un Artaxerxe, des victoires d'insurgés que glori- fiera plus tard le chroniqueur national arménien, Molise de Khorène. Encore une fois on vit à Constantinople un fuyard royal que l'Empire romain d'Orient n'avait plus le pouvoir de soutenir avec succès. Le grand Théodose,

préoccupé de resoudré en Europe la grave question desinvasions gothes, procéda au partage du royaume qui

avait implore son appui (387). Sur la vie locale, domi-née de fait par des " chevaliers » à la mode perse et

influencée essentiellement par des moines, des prélats comme Mesrob, qui,h. ce moment de profonde deca- dence, est censé avoir donne aux siens un alphabet spe- cial, garantissant une civilisation distincte de celle de Byzance, des délégués envoyés par les deux empires exer- cèrent dorénavant un vague contrôle, pareil A. celui d'un Ponce Pilate, résidant h. côté de Hérode, le Juif helleni- sant ;le comte romain et le marzpan perse vivant, du reste, dans des relations d'assez bon voisinage. Mais, lors-

que les représentants des Sassanides essayerent de raviraux habitants leur ancienne religion, ils rencontrerent

une resistance acharnée qui s'incarna dans la personna- lité, chevaleresque elle aussi, bien avant l'accolade don- née au premier chevalier occidental, de Bardanès ou Va- han Mamigonien, aux " quarante-deux » victoires, deve- nu un heros national pour les clercs formés à l'école de Mesrob. Apres sa mort méme, la croisade arménienne fut continuée, le patriarche, les évéques, les moines luttant b. côté des pieux qui défendaient, avec la foi des ancétres, l'existence méme de leur race. Pendant la longue série de ces troubles, auxquels fut melé, vers la fin du v° siècle, le roi de Géorgie, qui conse r- vait sous les Perses, dans ses vallées inaccessibles, un reste d'indépendance, la Rome d'Orient restait impas- sible. Cette région chrétienne dont le dogme ne correspon- dait pas à celui que fixaient les synodes d'Empire était de par son hétérodoxie méme en dehors du cercle d'intérét d'un Etat qui, de plus en plus, s'identifiait avec la forme

6HISTOIRE DU MOYEN-AGE

religieuse qu'il s'évertuait h faeonner pour en faire une " vraie foi », une " orthodoxie ». Et, malgré le precipic e qui séparait toute version chrétienne duzoroastrisme fanatiquement propagé par les " rois des rois », qui y

voyaient la raison d'être de leur dynastie et de leur Etat,des rapports d'amitié s'établirent entre les successeurs

de Théodose et ceux de Sapor. Le " chevalier » perse pou- vait être un ami pour l'habile Byzantin, prêt h exploiter les vertus de même que les défauts de ses adversaires et rivaux. On vit ainsi un empereur romain, Arcadius, faire du roi de Ctésiphon, Yezdégerd, le tuteur de son fils mi- neur, le nouveau Théodose 1. Après la mort de ce pro- teoteur loyal, enchanté d'avoir reçu une pareille mission, son successeur Bahram (Varahran) V passa la frontière,

mais, lorsqu'il vit devant lui le commandant des Romains\Tenant l'accueillir h pied, en ami, il rebroussa chemin

pour conclure sur ses terres mêmes un nouveau traité sur les bases antérieures 2. Pent-61re cependant y avait-il aussi un autre motif que ces dispositions pacifiques pour decider les rois de Fierse à maintenir l'amitié avec Rome. Déjà, au iv° siècle, l es empereurs d'Orient avaient pensé h susciter les nouveaux " Scythes », les Huns blancs ou ephtalites qui pouvaient être pour le riche royaume voisin un Nail pareil h celui des Germains pour l'Empire dans ses deux moitiés. Pe- rouz. ou Bérose eut h subir de leur part une attaque pareille h celle des Goths sur Constantinople et sur Rome. On put croire A une infiltration hunpe en Orient perse pareille A l'infiltration germanique dans toutes les pro- vinces romaines, A la fondation d'un royaume scythe cor- respondant aux royautés territoriales formées h. la méme époque par les barbares fixés en terre romaine. La civi- lisation ancienne, représentéed'unefaçondifférente, t Agathias (IV, a, 4-5) met en doute le témoignage de Procope.

Cf. Bury, Later Byzantine empire, II, p. 2, note 1.2 procope, De bello persico, id. de Paris, II, 2-4.

CHAPITRE PREMIER7

mais sur les mémes principes, par les deux Empires, se défendait solidairement contre les hordes en quéte de terres et en veine de conquérir. L'Attila des Nephtalites, gens établis sur un territoire défini, autour d'une vraie ville, leur capitale, n'était pas cependant disposé à sortir de sa patrie. Mais il sut causer des pertes importantes au " grand roi » qui avait passé ses frontières. Les Turcs armés d'arcs, restaient avec leurs ruses de guerre, qui étaient celles des Parthes, de la méme race, supérieurs l'armée réglée, qui vint les attaquer dans leurs forks et leurs marécages. Bérose fut tué, son armée détruite et la Perse royale paya, sous l'enfant Kobad, tribut aux bar-

bares du Nord-Ouest. Comme le jeune prince fut écartépar son oncle, ce fut chez les meurtriers de son père

qu'il se chercha un abri et il revint du pays hun, où avait épousé la filledu Khan, en maltreprétaux revanches. Ce fut seulement après cette restauration que, le dan- ger barbare ayant disparu momentanément, la guerre entre Perses et Romains de Byzance recommença, sous le paisible clerc Anastase, occupé de ses solutions théolo- gigues. Les moines d'Amida défendirent mal la partie des murs qui leur avait été confiée 2. Maintenant, des Ephtalites formaient une troupe auxiliaire des Perses, comme des Goths de l'entourage de Théodoric se trou- vaient, à côté de tel chef venu de la Colchide, dans l'armée romaine accourue pour venger l'offense. D'autres Huns réclamaient pourtant les forces du roi, et, après un long siège, Amida fut reprise. D'après l'exemple des anciens Scythes, ils ensevelissaient avec

leurs chefs les amis de ceux-ci et, comme le Sultan Mourad Pr it labatagle de Varna, en 1444, ils faisaient Botter au bout de leurslances les traités violés par leurs ennemis (ibid., III, 2 ; IV,

2).La bibliographie sur les Huns, dans Bury, ouvr. cité, I, p. 5, note 3

.-Cf., ibid, p. 5, note 7.2 Cf. cependant Haury, Zur Beurteilung des GeschichtsschreibersProkopius von Caesarea (Programme du Gymnstse de Munich), 1896,p. 23.

8HISTOIRE DU MOYEN-AGE

La frontière fut fortifiée par la fondation des villes de Dara (Anastasiopolis) et de Théodosiopolis 1 Un modus vivendi définitif paraissait avoir été trouvé entre les deux Empires :les Perses respectaient le culte chrétien, trai- taient avec égards les nonnes, employaient l'office des

clercs pour les négociations 2 Mais Kobad tenait encorele passage unique de la Porte Caspienne, d'où débou-

chaient les essaims des Huns. Vieilli, il voulait assurer sa succession A. son fils Chosroès, et, dans ce but, il offrit A l'empereur, redevenu un ami, de remplir A. l'égard de l'héritier le rôle qu'un de ses prédécesseurs avait rempli

A regard de Théodose le jeune 3.

Cet empereur, qui refusa le risque qu'entrainait l'accep- tation de cette offre, s'appelait Justin, et son avènement même signifie une nouvelle direction dans la politique de l'Empire, une nouvelle orientation dans ses mouvements. Par ce rude paysan de Thrace, né A Bédériana, un de ses camarades, né dans le méme village, portait le nom

thrace de Ditybiste (cf. Boérébista, le roi dace) 4,unautre monde que celui des militaires de la garde et des

courtisans arrivait au pouvoir pour reprendre des tradi- tions qui paraissaient oubliées.

I Voy. Chapot, La frontière de l'Etzphrate, de Pompée 11la con-qudie arabe, Paris, 1907.1 Ammien Marcellin, XXVIII, x, 4 ; XXI, VII, 7.Des Ibères dans3'arrnée romaine A cette époque. Un Pacor (Bacurius), ibid., XXX

I,

xii, 16.3 La seule source est Procope, loc. cit.4 L'autre carnarade porte le nom grec de Simarque ; la femme deJustin est Lupicina (comme impératrice: Euphémie) ;ibid., VIII,4. Le beau-frère de l'empereur, le père de Justinien, portait le n

omde Sabatius ; ibid., XII, 2.Justin aurait signé A l'aide de lettresgravées sur une tablette (ibid., VI, 3).

CHAPITRE II

Formation des " Romaniae » populaires,

leurs relations avec les barbareset leur première action sur l'Empire. Cet Empire, qui défendait son prestige en Orient et arrivait, grace au concours des barbares de l'Oural et de l'Altal, à imposer aux Perses le maintien d'une frontière bien fortifiée, n'était pas le seul dépositaire de l'héritag e romain, dont il détenait avec un opiniatre orgueil le titre, malgré la suprématie, croissante, du grec, langue de l'Eglise d'Orient et moyen de communication usuel des habitants de Constantinople, et malgré les infiltrations orientales qui contribuaient h cette chose multiforme et mélangée, néanmoins unique, qui fut " Byzance ». Un empereur ne régnait plus h. Rome, où s'était installé en délégué de l'empire unique Théodoric, roi pour les siens, mais pas roi légitime de l'Italie, bien qu'on lui eût donne dans le monde romain d'Occident la qualification dont il jouissait parmi les siens. Le gendre d'Olybrius,

jadis César, était le barbare Aréobinde DagalaYphe, quiservait dans les armées d'Anastase 1 Peut-étre l'empe-

reur d'Occident qu'Odoacre avait envoyé sur des terres du côté de Naples, Romulus Augustus, y menait-il encore une existence obscure. Mais, avec la disparition des Cé- sars de la vieille Rome, la romanité elle-méme n'avait pas disparu, ni dans la capitale, ni dans les provinces de la moitié occidentale de l'empire unique. En ce qui concerne eette capitale méme, elle avait subi des changements profonds. Il était resté vers 500 très iProcope, Bellum persicum, éd. de Paris, VIII, 1 ; Corpus ins- criptionum latinarum, XIII, 5245.

10HISTOIRE DU MOYEN-AGE

peu de la ville encore pleine de souvenirs et riche d'ar- gent et de prétentions que décrit avec une indignation d' archéologue » 1, de prôneur de vertu, Ammien Mar-

cellin.II n'y avait plus les prétentions outrecuidantes desanciennes families, invoquant des ancétres divins ou

fabuleux, ni le grand luxe et la débauche de la ville aux

trois mille danseuses, aux " feminae curatae », aux " cap-tateurs de testaments », aux nuées d'eunuques èt declients peuplant

lesantichambres, aux désceuvrés ne lisant que " Juvénal et Marius Maximus » 2 Le bas peu- ple, formé des nations les plus variées, avait sans doute conservé son penchant pour l'oisiveté, sa coutume de dor- mir en lazzaroni sur la terre nue sous le soleil chaud, son amour pour les dés et le vin et sa passion pour les jeux du cirque 3, mais il n'avait plus le courage de se lever, au cours des querelles, souvent mentionnées aussi dans des

sources plus anciennes, des prasini et des veneti, des" verts » et des " bleus », pour défendre le droit à l

acé/ébrité d'un meneur de chars, d'un auriga, au point qu'on devait pendre leur chef pour les apaiser par la terreur 4 ; un Pape comme Libère, en querelle avec le gouvernement, jouissait du reste des mémes sympathies turbulentes 5. Le méme peuple qui était intervenu hardi- ment dans le conflit entre Damase et Ursin, rivaux pour la possession du siège de S. Pierre, attaquant le préfet de Rome avec des torches et des batons, des " malleoli », et /aissant de nombreux morts sur le pavé de l'église de Sicininus 6, s'était résigné à accepter le régime, capabl e i Le terme, dans Suétone, date de l'époque d'Auguste.

2 Ammien Marcellin, XIV, vi, 15-20 ; XI, 1; XXVIII, iv, 3 0 suiv.;

14, 16-33.

3 Ibid., XIV, vi, 26.4 Ibid., XV, vu, 2.

5 Les ofilciers de Constance s'en emparent difficilement, » populimetu, qui ejus amore flagrabat » (ibid., 10).

6 Ibid., XXVII, ni, 8, 11-13, 15 ; cf. aussi ibid., IX, 9-10. Des a orga

-narii », des a palaestritae », ibid., XXVIII, I, 8. Des Carpes d'o

ri-gine, des ens d'Antioche, des Grecs se succédaient dans la situa-tion de préfets de la vine.

CHAPITRE II11

de dures vengeances, du délégué goth envoyé par un empereur toujours invisible. L'aristocratie romaine, ce qui en restait aprés les der- niers troubles, provoqués par les invasions et les usurpa- tions, entoura Théodoric, dont l'autorité légitime ne souf- frait pas de doutes. On volt bien par la correspondance de ce lettré romain au nom grec, qui fut son secrétaire,

Cassiodore, A quelle nation appartenaient les conseillers,les fonctionnaires civils du " roi ». Les barbares péné-

traient rarement dans les bureaux ; ils gardaient leur ancien rôle militaire et ne demandaient pas plus. Jus- qu'au confiit dont il sera bientôt question avec l'empe- reur, avec son empereur résidant A. Constantinople, jus-

qu'aux soupçons, qui probablement n'étaient pas vains,de conspiration contre sa puissance et contre sa vie, le

Goth resta le protecteur bienveillant de cette classe dont sa vanité aimait A. étre entourée, servie et flattée 1. Le

Sénat, oil brilla un Symmaque, un Boece, ceux qu'il sacri-fia ensuite A ses appréhensions et A ses instincts de

revanche, joua un rôle qui n'était guère inférieur A celui qu'on lui avait reconnu, de pure grâce, sous les Césars de l'ère constantinienne. Une chronique contemporaine ajoutée au large récit d'Ammien Marcellin assure que le dominateur barbare qui n'abandonna pas complètement le vétement germanique fut bien accueilli, au début, par le Pape, qu'il s'occupa k réparer les murs de cette Rome délaissée par les empereurs qui régnaient par eux-mémes, qu'il fut un grand bAtisseur,auctor fabricarum et res- titutor civitatum, ici méme et A Ravenne, oil il refit l'aqueduc de Trajan. C'était tout de méme un maitre sous lequel on pouvait vivre. Vivre et se développer et pros- pérer. Son autorité sur les autres royautés germaniques, paraissant rétablir l'unité de l'Occident, ramenait A Rozne des hikes qui, A une époque où la papauté ne résumait encore rien, en avaient oublié le chemin. Bref, on peut dire que, si la noblesse de Rome, qui fut m6me, it cette I Voy. Hogdkin, Italy and her invaders, Oxford, 1880-1899.

12HISTOIRE DU MOYEN-AGE

époque, moins mêlée d'Asiatiques, retenus par sa rivale Constantinople, se maintint encore quelque temps, elle le dut à cet imitateur de la civilisation qui l'avait adopté.

Sans lui, Rome aussi aurait suivi l'exemple,

de méme que Milan, qui avait proclamé le César Silvanus,

et que Ravenne, siège d'Honorius 1 et de ses successeurs,et aurait eu le sort des autres cités, aussi bien de

l'Occident que de l'Orient méme, oil la vie dans les cen- tres d'habitation était infiniment plusancienne. Elle aurait déjà eu, comme elle l'aura bientôt, ce régime de " municipales », de " curiales » autonomes, groupés de plus en plus autour de l'évéque, dont l'autoritécomme on ne le voit pas seulement dans le récit, plus large, de la Vie de S. Séverin, de Pannonie 2arrive à remplacer complètement celle des organes de l'Empire. Elle serait devenue, comme beaucoup d'autres villes, jadis splen- dides et de plus en plus retombées A l'état rural, le noyau d'une organisationautonome, capable de se défendre contre des ennemis que les armes impériales n'étaient plus capables d'écarter. Déjà,c'étaitl'état oil en était arrivée,devantles incursions des Pictes,des Scotes,des Galédoniens, la Grande-Bretagne, avec cette ville d'Auguste " que les anciens appelaient Londinium » 3. Dans les Gaules, oil l'Empire, sous Julien surtout, avait créé une cité cen- trale A Paris 4, l'invasion d'Attila avait trouvé, avant de rencontrer Aétius avec sa concentration de barbares et de Romains, des " provinciaux » sur les murs, et des " viri Dei » A. leur tôte, armés aussi autrement que de la croix, bien que partout ces envahisseurs acceptassent, de même que l'avaient fait les PersCs, ces chefs de la popu- i Aminien Mareellin, XV, v, 17, 35.

2 Voy. notre Orient et Occident au mogen age, p. 15 et suiv.

3Augusta, quarn veteres adpellavere Londinium »; AmmienMareellin, XXVIII, ni, 1. Cf.(Londinium vetus oppidum, quodAugustam posteritas appellavit »

;ibid., XXVII, VIII,7.4 Ibid., XVIII, vi, 16 ; XX, i, 1 ; XXI, n, 1; XXVII, n, 1, 10. SurVienne, ibid., XXII, I, 1. Une église y est mentionnée où on cé

lèbrela fète de l'Epiphanie.

CHAPITRE II13

lation chrétienne comme médiateurs. Ce fut le cas Metz comme à Orléans ; déjà au Iv' siècle la surprise ten tée avec succès par un roi germanique à Mayence avait trouvé les habitants dans l'enceinte d'une église accom- plissant leurs rites 1. La cité se maintenait dans ces Gaules, avec ses famines sénatoriales dont venaient souvent les évéques eux-mèmes qui donnerent, lorsque la " Francia », déjà mentionnée à l'époque de Julien 2, exista, aux rois désireux de régner A la romaine et conservant de l'ancienne coutume de leur race autant qu'il était nécessaire pour s'assurer l'appui de leurs compagnons devenus des " comites » et trans- formés en dues, leurs " ministres » et leurs dignitaires les plus appréciés. L'Orient, dans des conditions supé- rieures, sous la garantie des basileis, efficace au moins d'une façon intermittente, en gardait encore mieux la tradition. Mais, méme ici, il y a un élément populaire qui s'agite, l'Empire, parti de la cité, paraissant y revenir. Séleucie est encore la " Métropole des villes » 3. Antioche, aux habitants nerveux, préts au sarcasme et A l'insulte, dis- posés aux tumultes, détruit le temple de Daphne, et Julien s'en prend à leur grande église,ils se moquent des empereurs, refusent les provisions A Constance pour le faire partir et accablent le barbu Julien, qui s'en venge par sa satire du " Misopogon », de leurs chansons ;ils crient aux °relines des officiers impériaux :" que Valens brfile vif !

» 4. Alexandrie lui ressemble en plus cynique

et en plus sanglant, elle, " la cime de toutes les cités » 5, avec son Sérapéum, qu'on rangeait Après leCapitole romain, avec ses temples, ses " sépulcres » que l'évèque

Ibid., XXVII, xr, 2.

2 Ibid., table des noms.' Urbium mater ;ibid., XIV, n, 14.Vivus ardeat Valens. Voy. ibid., XIV, vu, 11 ; XXI, xv, 1 ; XXII,xrn, 1-2.Vertex omnium civitatum ;ibid., XXII, xvi, 7, 12, 17 et suiv., 23.p. 23 et suiv.

14HISTOIRE DU MOYEN-AGE

Georges aurait voulu détruire 1, avec sa plèbe qui tue d'après ses caprices, brille les victimes et reste impunie.quotesdbs_dbs7.pdfusesText_13
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