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''Alcools''. (1913) recueil de poèmes de Guillaume APOLLINAIRE Pour le texte et une analyse voir



DE « LERMITE » À « ZONE » : UNE LECTURE DALCOOLS DE

Le présent travail porte sur Guillaume Apollinaire un des poètes majeurs de la compréhension d'Alcools



Guillaume Apollinaire Alcools (1913). Modernité poétique ? « Clair

Lune mellifluente aux lèvres des déments. Les vergers et les bourgs cette nuit sont gourmands. Les astres assez bien figurent les abeilles.



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présente. ''Zone''. (1913) poème de Guillaume APOLLINAIRE figurant dans le recueil ''Alcools''. On trouve ici : le texte son analyse. Bonne lecture !



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''Alcools'' (1913) recueil de poèmes de Guillaume APOLLINAIRE Pour le texte et une analyse voir dans le site APOLLINAIRE ''La chanson du mal-aimé'' 



[PDF] Guillaume Apollinaire Alcools (1913) Modernité poétique ? « Clair

Lune mellifluente aux lèvres des déments Les vergers et les bourgs cette nuit sont gourmands Les astres assez bien figurent les abeilles



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10 mai 2018 · Voici un résumé et une analyse (fiche de lecture) du recueil Alcools de Guillaume Apollinaire Alcools publié en 1913 est le recueil 



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27 fév 2021 · Œuvre : Guillaume Apollinaire Alcools Étude du poème « Cortège » « Apollinaire au miroir du poème » dans Alcools ANALYSE LITTÉRAIRE

  • Quel est le message dans Alcools ?

    Le souvenir, la nostalgie, la fuite du temps sont des thèmes lyriques traditionnels qui sont au cœur du recueil Alcools.10 mai 2018
  • Quels sont les thèmes d'Alcools ?

    Apollinaire utilise l'image de l'alcool comme une métaphore de la recherche de la liberté et de l'expression de soi. Les poèmes du recueil explorent également d'autres thèmes tels que l'amour, la nostalgie, la guerre et la modernité.
  • Quels sont les thèmes qui reviennent le plus souvent dans le recueil Alcools ?

    Les thèmes

    A. L'alcool. L'alcool donne son nom au recueil. C'est un thème récurrent. B. L'amour malheureux. L'amour malheureux est un thème favori d'Apollinaire. Il utilise particulièrement ses ruptures avec Annie Playden et Marie Laurencin. C. La beauté du monde moderne. Apollinaire loue la beauté du monde moderne.
  • Guillaume Apollinaire lui a finalement préféré le titre Alcools, plus poignant, plus incisif. Le pluriel est utilisé parce que le sujet est récurrent dans le recueil, au sens littéral comme au sens figuré et métaphorique. La poésie est vue par l'auteur comme une fermentation des mots qui donne de l'énergie à la vie.
1 www.comptoirlitteraire.com présente (1913) poème de Guillaume APOLLINAIRE

Alcools

On trouve ici :

le texte son analyse

Bonne lecture !

À la fin tu es las de ce monde ancien

Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin Tu en as assez de vivre dans l'antiquité grecque et romaine Ici même les automobiles ont l'air d'être anciennes

5 La religion seule est restée toute neuve la religion

Est restée simple comme les hangars de Port-Aviation Seul en Europe tu n'es pas antique ô Christianisme L'Européen le plus moderne c'est vous Pape Pie X Et toi que les fenêtres observent la honte te retient

10 D'entrer dans une église et de t'y confesser ce matin

2 Tu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout haut Voilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journaux Il y a les livraisons à vingt-cinq centimes pleines d'aventures policières Portraits des grands hommes et mille titres divers

15 J'ai vu ce matin une jolie rue dont j'ai oublié le nom

Neuve et propre du soleil elle était le clairon Les directeurs les ouvriers et les belles sténo-dactylographes Du lundi matin au samedi soir quatre fois par jour y passent

Le matin par trois fois la sirène y gémit

20 Une cloche rageuse y aboie vers midi

Les inscriptions des enseignes et des murailles

Les plaques les avis à la façon des perroquets criaillent

J'aime la grâce de cette rue industrielle

Située à Paris entre la rue Aumont-Thiéville et l'avenue des Ternes

25 Voilà la jeune rue et tu n'es encore qu'un petit enfant

Ta mère ne t'habille que de bleu et de blanc

Tu es très pieux et avec le plus ancien de tes camarades René Dalize Vous n'aimez rien tant que les pompes de l'Église Il est neuf heures le gaz est baissé tout bleu vous sortez du dortoir en cachette

30 Vous priez toute la nuit dans la chapelle du collège

Tandis qu'éternelle et adorable profondeur améthyste Tourne à jamais la flamboyante gloire du Christ

C'est le beau lys que tous nous cultivons

C'est la torche aux cheveux roux que n'éteint pas le vent

35 C'est le fils pâle et vermeil de la douloureuse mère

C'est l'arbre toujours touffu de toutes les prières C'est la double potence de l'honneur et de l'éternité

C'est l'étoile à six branches

C'est Dieu qui meurt le vendredi et ressuscite le dimanche

40 C'est le Christ qui monte au ciel mieux que les aviateurs

Il détient le record du monde pour la hauteur

Vingtième pupille des siècles il sait y faire Et changé en oiseau ce siècle comme Jésus monte dans l'air

45 Les diables dans les abîmes lèvent la tête pour le regarder

lls disent qu'il imite Simon Mage en Judée Ils crient qu'il sait voler qu'on l'appelle voleur

Les anges voltigent autour du joli voltigeur

Icare Énoch Élie Apollonius de Thyane

50 Flottent autour du premier aéroplane

Ils s'écartent parfois pour laisser passer ceux que transporte la Sainte-Eucharistie Ces prêtres qui montent éternellement élevant l'hostie

L'avion se pose enfin sans refermer les ailes

Le ciel s'emplit alors de millions d'hirondelles

55 À tire-d'aile viennent les corbeaux les faucons les hiboux

D'Afrique arrivent les ibis les flamants les marabouts L'oiseau Roc célébré par les conteurs et les poètes Plane tenant dans les serres le crâne d'Adam la première tête L'aigle fond de l'horizon en poussant un grand cri

60 Et d'Amérique vient le petit colibri

3

De Chine sont venus les pihis longs et souples

Qui n'ont qu'une seule aile et qui volent par couples

Puis voici la colombe esprit immaculé

-lyre et le paon ocellé

65 Le phénix ce bûcher qui soi-même s'engendre

Un instant voile tout de son ardente cendre

Les sirènes laissant les périlleux détroits

Arrivent en chantant bellement toutes trois

Et tous aigles phénix et pihis de la Chine

70 Fraternisent avec la volante machine

Maintenant tu marches dans Paris tout seul parmi la foule Des troupeaux d'autobus mugissants près de toi roulent

L'angoisse de l'amour te serre le gosier

Comme si tu ne devais jamais plus être aimé

75 Si tu vivais dans l'ancien temps tu entrerais dans un monastère

Vous avez honte quand vous vous surprenez à dire une prière Tu te moques de toi et comme le feu de l'Enfer ton rire pétille Les étincelles de ton rire dorent le fond de ta vie

C'est un tableau pendu dans un sombre musée

80 Et quelquefois tu vas le regarder de près

Aujourd'hui tu marches dans Paris les femmes sont ensanglantées C'était et je voudrais ne pas m'en souvenir c'était au déclin de la beauté Entourée de flammes ferventes Notre-Dame m'a regardé à Chartres Le sang de votre Sacré-C m'a inondé à Montmartre

85 Je suis malade d'ouïr les paroles bienheureuses

L'amour dont je souffre est une maladie honteuse

Et l'image qui te possède te fait survivre dans l'insomnie et dans l'angoisse C'est toujours près de toi cette image qui passe

Maintenant tu es au bord de la Méditerranée

90 Sous les citronniers qui sont en fleur toute l'année

Avec tes amis tu te promènes en barque

L'un est Nissard il y a un Mentonasque et deux Turbiasques Nous regardons avec effroi les poulpes des profondeurs Et parmi les algues nagent les poissons images du Sauveur

95 Tu es dans le jardin d'une auberge aux environs de Prague

Tu te sens tout heureux une rose est sur la table

Et tu observes au lieu d'écrire ton conte en prose

La cétoine qui dort dans le creux de la rose

Épouvanté tu te vois dessiné dans les agates de Saint-Vit

100 Tu étais triste à mourir le jour où t'y vis

Tu ressembles au Lazare affolé par le jour

Les aiguilles de l'horloge du quartier juif vont à rebours

Et tu recules aussi dans ta vie lentement

En montant au Hradchin et le soir en écoutant

105 Dans les tavernes chanter des chansons tchèques

Te voici à Marseille au milieu des pastèques 4 Te voici à Coblence à l'hôtel du Géant Te voici à Rome assis sous un néflier du Japon Te voici à Amsterdam avec une jeune fille que tu trouves belle et qui est laide

110 Elle doit se marier avec un étudiant de Leyde

On y loue des chambres en latin Cubicula locanda

Je m'en souviens j'y ai passé trois jours et autant à Gouda

Tu es à Paris chez le juge d'instruction

Comme un criminel on te met en état d'arrestation

115 Tu as fait de douloureux et de joyeux voyages

Avant de t'apercevoir du mensonge et de l'âge

Tu as souffert de l'amour à vingt et à trente ans

J'ai vécu comme un fou et j'ai perdu mon temps

Tu n'oses plus regarder tes mains et à tous moments je voudrais sangloter

120 Sur toi sur celle que j'aime sur tout ce qui t'a épouvanté

Tu regardes les yeux pleins de larmes ces pauvres immigrants Ils croient en Dieu ils prient les femmes allaitent des enfants Ils emplissent de leur odeur le hall de la gare Saint-Lazare Ils ont foi dans leur étoile comme les rois-mages

125 Ils espèrent gagner de l'argent dans l'Argentine

Et revenir dans leur pays après avoir fait fortune Une famille transporte un édredon rouge comme vous transportez votre c Cet édredon et nos rêves sont aussi irréels Quelques-uns de ces immigrants restent ici et se logent

130 Rue des Rosiers ou rue des Écouffes dans des bouges

Je les ai vus souvent le soir ils prennent l'air dans la rue Et se déplacent rarement comme les pièces aux échecs Il y a surtout des Juifs leurs femmes portent perruque Elles restent assises exsangues au fond des boutiques 135
Tu prends un café à deux sous parmi les malheureux

Tu es la nuit dans un grand restaurant

Ces femmes ne sont pas méchantes elles ont des soucis cependant Toutes même la plus laide a fait souffrir son amant

140 Elle est la fille d'un sergent de ville de Jersey

Ses mains que je n'avais pas vues sont dures et gercées J'ai une pitié immense pour les coutures de son ventre J'humilie maintenant à une pauvre fille au rire horrible ma bouche

Tu es seul le matin va venir

145 Les laitiers font tinter leurs bidons dans les rues

La nuit s'éloigne ainsi qu'une belle Métive

5

C'est Ferdine la fausse ou Léa l'attentive

Et tu bois cet alcool brûlant comme ta vie

Ta vie que tu bois comme une eau-de-vie

150 Tu marches vers Auteuil tu veux aller chez toi à pied

Dormir parmi tes fétiches d'Océanie et de Guinée lls sont des Christs d'une autre forme et d'une autre croyance Ce sont les Christs inférieurs des obscures espérances

Adieu Adieu

155 Soleil cou coupé

Analyse

Zone2 à la suite de la rupture dApollinaire avec Marie Laurencin. Il le qualifia de "poème d'une fin d'amour». Mais le mal-aimé intention de juger ni condamner, au vers 117 où il

version définitive, il supprima deux vers, qui étaient une référence directe à Marie :

"L'autre, le mauvais larron, c'était une femme Elle m'a pris ma vie, ce fut un vol infâme.» Le poème Alcools il fut en fait le dernier en date des poèmes du recueil, et il présente des différences profondes avec les autres car esthétique. On a pu avancer quApollinaire a conçu le récit de cette pérégrination et de Dante, se sentant lui aussi en enfer, mais sans avoir de guide. Mais les documents et les témoignages concernant le poème permettent de situer sa composition après que Les

Pâques à New York (1912), un poème de distiques irréguliers mais rimés, où se déroulait un long

itinéraire, peuplé de souvenirs, un long courant de poésie ininterrompue, dynamique, qui épousait le

mouvement de la marche du poète-Christ dans la ville, poème qui faisait de lui le premier poète de

La prose du Transsibérien et de l (1913),

Blaise Cendrars allait complètement libérer le vers et quasiment supprimer la ponctuation. M.

Zone Les Pâques à New YorkComparant ces deux versions, il

a noté avec raison que "tout se passe comme si, dans ses corrections, Apollinaire avait voulu

Pâques». Mais il avait adopté le vers libre et la suppression de la ponctuation.

Les soirées de Paris (le

tableau d'Edward Munch étant de 1893) et étant ponctué. Cependant, sur les épreuves du recueil,

Apollinaire adopta Zone. Il ne voulait donc plus que le poème soit considéré comme un cri de

désespoir personnel.

Le titre est énigmatique, car le mot "zone», venant du grec "zônè» qui signifie "ceinture», a plusieurs

acceptions : il désigne une partie de la sphère terrestre ou de la sphère céleste ; une partie allongée

constitués sur les terrains des anciennes fortifications de Paris et, de là, la de

agglomération. La première acception pourrait convenir, le trajet du poète lui ayant fait faire un tour

complet, le ramenant à son point de départ a pu penser à la zone 6

franche entre la France et la Suisse (une contrée mal définie, qui n'appartient à aucun pays, dans

laquelle on erre), alors que, avec Francis Picabia et Marcel Duchamp, il séjourna chez des amis dans

le Jura, à Étival, où il leur aurait lu son poème. Le titre pourrait aussi désigner un espace, toujours

indécis, mais cette fois non plus géographique mais spirituel où le poète se dissémine et se reflète

dans ce qu'il voit autour de lui, tout ce qui occupe inopinément le champ de la conscience prenant la

même valeur : la zone serait ce lieu vide du ciel duquel on attend vainement quelque signe. Mais du fait de la zone qui entourait Paris, on disait couramment : "triste comme la

zone», "sinistre comme la zone». Il semble donc bien que le poète ait pensé à cette zone-là : on le

voit errer dans et autour de Paris, sans direction,

raidir contre la tentation de la mélancolie), se perdre dans son passé, s'y cogner la tête, se chercher

en vain dans ce terrain vague, lieu de dépôt hétéroclite.

Cette multiplicité des sens possibles est à l'image de la richesse de ce long poème de 155 vers dont

Le poème est composé avec une grande liberté, présentant, surtout au début, des séquences de

-neuf vers, qui deviennent ensuite plus brèves, se réduisant à des quatrains, des tercets, des distiques, des monostiques ! Vers 1 : " À la fin tu es las de ce monde ancien »

L "tu» -À la

SantéGuillaume qu'es-tu-devenu»). Cette auto-interpellation ressemble à un brusque sursaut, à

une soudaine prise de conscience, ce que souligne "À la fin...». "Ce monde ancien» est un monde

qui se prétend moderne, mais est en fait dépassé. Le premier vers ancre d'emblée le poème dans la

modernité. Cependant, il est plaisant de constater que ce rejet dmonde ancien» est proclamé,

peut-être par ironie, dans un vers ancien, un alexandrin. Vers 2 : "Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin» Sans autre rapport avec le précédent , le vers montre un mètre plus long, et ne manque pas du

"troupeau des ponts». On peut assez aisément comprendre que la tour Eiffel, avec sa robe évasée et

ses atours de dentelles métalliques, ressemble à une bergère, une jeune bergère, comme le donne à

penser l'indication chronologique contenue dans le vers 8. Un troupeau bêlant ne parle guère à

l'esprit, et semble plutôt incongru ;

pas d'un troupeau formé par les ponts (?) et qui bêlerait pour on ne sait trop quelle raison (les bateaux

peut-être?). Ce troupeau ne fait que passer sur les ponts : ce sont des voitures automobiles en train

de s'engouffrer toutes à la fois, comme un troupeau de moutons, par les ponts de la Seine ; leurs

conducteurs se servent de leurs klaxons : les moutons bêlent. Cette interprétation est confirmée par le

vers 72 du même poème où apparaissent des "troupeaux d'autobus mugissants». Au vers 2 comme

au vers 72, le poète, las et désespéré, croit n'entendre partout que des plaintes, et il les note non

La chanson du mal-aimé

pleurent et les chats qui miaulent, les choses et les bêtes comprennent et partagent la douleur de

l'amant ou, du moins, l Il faut rappeler que la tour Eiffel, bâtie en

1889, était honnie des poètes symbolistes pour son modernisme agressif

un chantre de la modernité, ème d'inspiration de peintres de la modernité comme Robert Delaunay, dont, dans une de ses , il apprécia le tableau intitulé : "ableau en quoi se concentre tout de la peinture depuis peut-être les grands Italiens.» 7 Vers 3 : "Tu en as assez de vivre dans l'antiquité grecque et romaine»

Ce vers fait écho au premier vers. Le "tu», du fait de la suppression de la ponctuation, pourrait être

associé à la tour Eiffel. Le reproche fait au monde actuel par le poète qui le considère comme

"ancien» est exagéré par la référence à "» : -il du seul rejet des références culturelles

traditionnelles? Vers 4 : "Ici même les automobiles ont l'air d'être anciennes»

onner de ce que le chantre de la modernité quétait Apollinaire critique ici ce qui est censé

(avec l'avion, voir ci-dessous). Mais il est vrai que les premières automobiles perpétuaient les formes des voitures hippomobiles, avai carrosses. Vers 5 et 6 : "La religion seule est restée toute neuve la religion Est restée simple comme les hangars de Port-Aviation»

Apollinaire en ajoute encore dans le paradoxe dans ces vers qui offrent une triple surprise au lecteur.

Que vient faire ici la religion? Comment accepter cette affirmation du modernisme de la religion

catholique qui serait "neuve» et "simple», le vers 5 étant marqué par une discontinuité syntaxique

créée vec le suivant?

sa prétendue ressemblance avec les "hangars de Port-Aviation»-à-dire un aéroport moderne,

ait songé à un lieu précis? Pour Apollinaire, la religion catholique offre une nouveauté

continuelle, contrairement à la prétendue nouveauté des automobiles et autres produits de

consommation. Vers 7 et 8 : "Seul en Europe tu n'es pas antique ô Christianisme L'Européen le plus moderne c'est vous Pape Pie X»

Devant une telle assertion, on pourrait croire à une totale plaisanterie, à un parti-pris d'ébahir

gentiment le lecteur, quand on sait que Pie X, pape de 1903 à 1914, fut l'auteur de l'encyclique Pascendidirigée contre le modernisme ; interdit, entre autres pratiques, de danser le tango.

Mais il semblait à Apollinaire que seul le christianisme pouvait lui permettre de vivre cet

émerveillement continu face au monde et à tout ce qui apparaît, cet émerveillement étant une

caractéristique de sa poésie. Vers 9 et 10 : "Et toi que les fenêtres observent la honte te retient D'entrer dans une église et de t'y confesser ce matin» nt, e modernisme sceptique, avoue Vers 11 à 14 : "Tu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout haut Voilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journaux Il y a les livraisons à vingt-cinq centimes pleines d'aventures policières Portraits des grands hommes et mille titres divers» Dans une discontinuité délibérée, Apollinaire . Désorm plus sélective, ni dans son vocabulaire, ni dans ses thème plus

seulement dans les livres, mais éclate au regard, a ce caractère visuel (qui avait déjà été célébré par

Cendrars, et qui ouvrira chez Apollinaire la voie aux "calligrammes», et, au-delà, au collage de "titres

et de fragments de titres découpés dans les journaux» à quoi procéda Breton dès le premier

Manif ). aventures policières ladmiration

dApollinaire pour Fantômas dont les aventures furent publiées de 1911 à 1913, et allaient même être

portées au cinéma dès avril 1913. Vers 15 à 24 : "J'ai vu ce matin une jolie rue dont j'ai oublié le nom Neuve et propre du soleil elle était le clairon Les directeurs les ouvriers et les belles sténo-dactylographes 8 Du lundi matin au samedi soir quatre fois par jour y passent

Le matin par trois fois la sirène y gémit

Une cloche rageuse y aboie vers midi

Les inscriptions des enseignes et des murailles

Les plaques les avis à la façon des perroquets criaillent

J'aime la grâce de cette rue industrielle

Située à Paris entre la rue Aumont-Thiéville et l'avenue des Ternes»

Sur le ton désinvolte d'une conversation amicale, Apollinaire rapporte la simple expérience récente

dune promenade dans Paris pourtant déjà amorcée dès le début du poème. Mais elle est destinée

encore à étonner puisque le parti-pris de trouver de la beauté à ce qu'il y a de plus criant en fait de

modernisme lui fait célébrer la grâce... d'une rue ! Et, qui plus est, d'une rue industrielle ! Mais le soleil

y éclatait en fanfare. On a pu déterminer que cette rue est sans doute la rue Guersant, située dans le

XVIIe arrondissement. Avec "les inscriptions des enseignes et des murailles / Les plaques les avis à

la façon des perroquets criaillent», on trouve dautres exemples de cette poésie visuelle déjà célébrée

auparavant

visuel des couleurs de leur plumage. On croit déjà sentir que le poète veut se trouver heureux dans

son époque, plus, dailleurs, qu'il ne l'est réellement. Vers 25 : "Voilà la jeune rue et tu n'es encore qu'un petit enfant» Par éritablement cinématographique, de la rue actuelle on passe à une autvue dans son enfa. Vers 26 : "Ta mère ne t'habille que de bleu et de blanc»

On constate que le jeune garçon était donc voué à la Vierge Marie. Adulte, Apollinaire, petit-fils

camérier du pape, gardait les souvenirs d'une foi qui était restée très vive jusqu'à

l'adolescence, donnant lieu à des effusions mystiques. Ensuite, le sentiment religieux ou la nostalgie

d'une foi perdue allait persister de façon sporadique, mais sincère. Il associa toujours la foi à la

douceur . Vers 27 à 30 : "Tu es très pieux et avec le plus ancien de tes camarades René Dalize Vous n'aimez rien tant que les pompes de l'Église Il est neuf heures le gaz est baissé tout bleu vous sortez du dortoir en cachette Vous priez toute la nuit dans la chapelle du collège»

René Dalize fut vraiment lami dApollinaire au collège Saint-Charles de Monaco, puis son

collaborateur dans la revue Les s Bons petits collégiens, ils se plaisaient à un certain qui était plus satisfaction dun certain goût du pittoresque que véritable foi. Vers 31 à 32 : "Tandis qu'éternelle et adorable profondeur améthyste Tourne à jamais la flamboyante gloire du Christ»

Apollinaire évoque une flamme si nocturne qu'elle semble l'obscurité faite flamme en même temps

qu'elle est la lumière du Christ dans les ténèbres. Comme, en 1912, il était à la veille de ses trente-

trois ans, son destin ne lui paraissait pas sans rapport avec celui du Christ. "Gloire» a le sens concret

d'"auréole de bois ou de métal doré» qui entoure le Crucifié ; lequel se détache sur un fond violet et

pourpre (qui pourrait être dû, par exemple, à la lampe qui reste continuellement allumée pour marquer

la présence du Saint-Sacrement) sans doute la rosace de la chapelle du collège. Vers 33 : "C'est le beau lys que tous nous cultivons» Ici commence C'est», dans une litanie qui célèbre le Christ. Il est identifié au "lys» ait orthographier "lis», pour ne pas confondre cette fleur avec la fleur

de Lys qui est un iris, choisi par les rois de France pour être leur emblème), ce qui explique par la

blancheur de la fleur, qui en fait un symbole de pureté. Et le fait quil soit cultivé, non sans

9

exagération, par "tous» semble vouloir prétendre quil inspire les artistes, du fait dune proximité qui

existerait christianisme. Vers 34 : "C'est la torche aux cheveux roux que n'éteint pas le vent»

Apollinaire reprend une tradition voulant que le Christ ait été roux (et persécuté aussi pour cette

raison). Mais sa métaphore dune chevelure torsadée de la couleur du feu suggère une passion qui ne

s'éteint pas, pas plus que la lumière du Saint-Sacrement. Vers 35 : "C'est le fils pâle et vermeil de la douloureuse mère»

Est évoqué le corps ensanglanté du crucifié, le poète se souvenant du texte de Jacopone da Todi :

"Stabat mater dolorosa juxta crucem lacrimosa dum pendet Filius» ("La mère douloureuse se tenait

debout au pied de la croix en larmes, tandis quon y suspendait son Fils») Vers 36 : "C'est l'arbre toujours touffu de toutes les prières»

La croix du Christ est souvent désignée dans la liturgie comme un "arbre» qui est nourri des prières

qui lui sont adressées, et qui fleurit : "Crux fidelis, irten omnes "Ô croix, objet de notre foi, Arbor una nobilis Arbre divin, source de grâces et de bénédictions Nulla silva talem profert Vous surpassez en vertu tous les arbres Fronde, flore, germine» Et tous les fruits de la terre» (antienne du Vendredi Saint). Vers 37 : "C'est la double potence de l'honneur et de l'éternité»

La potence, qui est habituellement le signe du déshonneur et de la mort, se trouve transfigurée, dans

de deux potences accolées. Mais "la double potence» pourrait aussi être une référence au "pendu», lame du tarot. Vers 38 : "C'est l'étoile à six branches» t de l'étoile de David, qui fut lancêtre du Christ. Vers 39 à 41 : "C'est Dieu qui meurt le vendredi et ressuscite le dimanche C'est le Christ qui monte au ciel mieux que les aviateurs Il détient le record du monde pour la hauteur»

Dans sa volonté de créer la surprise, Apollinaire, en enfant naïvement enthousiaste ou en adulte

gentiment bouffon, fait succéder à lcation la plus évidente de la résurrection du Christ celle de son

ascension. Cela , la formulation volontairement journalistique étant quelque peu choquante.

Vers 42 à 44 : "Pupille Christ de

Vingtième pupille des siècles il sait y faire Et changé en oiseau ce siècle comme Jésus monte dans l'air»

Le vers 42 est un vers court, donc allongé et plus intense, qui sonne comme une proclamation

destinée à étonner. Et, en effet, le lecteur demeure perplexe. Puis il lui apparaît que ce q

regarde se trouvant reflété par la pupille, le Christ contemplé dans son ascension t reflété lui

aussi, étonnante association de la pupille avec le Christ pouvant ar une sorte

de calembour qui a fait passer de "pupille» à "cristallin» et de "cristallin» à "Christ» ! Celui-ci étant

apparu ainsi depuis vingt si reflété dans les vingt pupilles émerveillées et éblouies de ces

siècles qui ont contemplé le miracle de son ascension. Mais le vingtième siècle, qui "sait y faire»

(affirmation qui a une gouaille populaire), va plus loin que les autres : il "» car il a créé

, oiseau des temps modernes (le mot venant dailleurs du latin "avis», oiseau). Et Apollinaire

laisse sous-entendre que c'est à la religion que le XXe siècle devrait la conquête des airs. Ainsi se

comprend tout à fait le curieux rapprochement du vers 5 entre, d'une part, la religion "restée toute

10

neuve» et, d'autre part, "les hangars de Port-Aviation». Le poète semble tenir à son équation :

religion = modernité. Vers 45 à 47 : "Les diables dans les abîmes lèvent la tête pour le regarder lls disent qu'il imite Simon Mage en Judée Ils crient qu'il sait voler qu'on l'appelle voleur » , du fond des Enfers où ils ont été jetés, observée par les diables, qui tentent , Simon (qui a donné son nom à "la simonie», en

ayant voulu acheter à Saint Pierre ce qu'il croyait être des recettes miraculeuses) et de la ridiculiser

avec le jeu de mots entre voler avec des ailes et voler quelque chose. Vers 48 à 50 : "Les anges voltigent autour du joli voltigeur

Icare Énoch Élie Apollonius de Thyane

Flottent autour du premier aéroplane»

Les anges ayant accompagné le Christ dans son ascension voltigent ici autour de l'avion, qui fait lui-

même de jolies voltiges. Puis Apollinaire convoque quatre ancêtres de nos aviateurs : Icare (fils de

Dédale qui vola avec des ailes fabriquées par son père, mais se noya pour sêtre trop approché du

soleil), Énoch (ou Hénoch, fils de Caïn qui aurait été enlevé au ciel), Élie (prophète d'Israël qui a été

mystérieusement enlevé au ciel), Apollonius de Tyane (et non "Thyane», magicien ou thaumaturge

de la fin du Ier siècle auquel Philostrate attribua toutes sortes de capacités étranges : il aurait été

initié, en Inde, par des brahmanes, à la lecture des pensées ; il aurait compris le langage des oiseaux

; il aurait opéré quantité de guérisons, et même fait ressusciter quelques disciples, ce qui a conduit à

le comparer au Christ). "aéroplane» (alors

de la dernière actualité) avec "Apollonius de Thyane» (qui appartient à la pleine Antiquité).

Vers 51 et 52 : "Ils s'écartent parfois pour laisser passer ceux que transporte la Sainte-Eucharistie

Ces prêtres qui montent éternellement élevant l'hostie»

Apollinaire pourrait simple

prêtres qui, au moment de l'élévation, au cours de la messe, disposent leurs bras comme s'ils

Mais il peut aussi penser à ceux qui, à ce moment-là, connaîtraient le phénomène fantastique de la lévitation, comme saint Joseph de Copertino et, plus récemment, Padre Pio.quotesdbs_dbs44.pdfusesText_44
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