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  • Quelle est la morale de Pierre et Jean ?

    Quant à la « morale » de l'histoire, elle s'accomplit avec l'éviction du fils légitime au profit du bâtard, comme une ultime démystification de la famille bourgeoise. Trahison et adultère, fils illégitime, transmission du bien, rivalité entre frères, hantise du double, quête de l'identité
  • Quelles sont les thèmes principaux de Pierre et Jean ?

    Thèmes. La rivalité fraternelle : Pierre et Jean reprend le mythe de la rivalité entre deux frères, présent dans la Bible à travers les personnages de Caïn et Abel, fils d'Adam et Ève. La jalousie de l'aîné envers son cadet est liée à un sentiment d'injustice et finit par détruire la fraternité.
  • Quel est le registre de Pierre et Jean ?

    Ce début de roman est placé avant tout sous le signe de la comédie et de la satire. Maupassant utilise en effet un registre satirique. Le personnage du «père Roland» est proche du père de famille des comédies.
  • Leurs fils Pierre, étudiant en médecine, et Jean, futur avocat, viennent les retrouver. L'annonce du décès de Maréchal, un ami de la famille qui lègue tout son héritage à Jean, va être à l'origine d'un drame familial. Pierre comprend que sa mère a été infidèle et que Jean est le fils de Maréchal.

L'olfactiondanslalittérature

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L'olfactiondanslalittérature1.TextedeprésentationParmilescinqsens,l'odoratestcertainementleplussubtil,maisleplusméconnu.Cedossiersurl'olfactio n(VoirClind'oeil N°1)s'i ntér esseàlareprésentationdesodeursd ans lalittérature,qu'ellessoientagr éables,commecellesdespar fums,oudésagréables,voirenauséabondes.Eneffet,iln'yapasd'odeursneutrespourlaperceptionhumaine:cequiestperçuparlenezestclasséenmauvaiseoubonneodeur.1.1L'olfactionaufildesâgesDepuisl'originedestemps,l'êtrehumainatoujourssudifférentierlesbonnesodeursdesmauvaises.Si,depuislaplushauteantiquité,ils'estintéresséàcellesdesparfums,ils'estaussiintéresséauxplusmauvaises,dansunsoucihygiéniste.1.1.1.Dansl'AntiquitéL'odeurestd'abordutiliséecommemédiatriceentrel'humainetledivin.Plusde4000ansavantnotreère,lesMésopotamiensrecourentauparfum(VoirClind'oeilN°2),substancevolatileetinvisible,pourtransporterleursprièresjusqu'auxdieux.Ilsluiaccordentaussiunevocationthérapeu tique.Ilsleconsidèrentcommeunsu bstitutdus ang,censé agirenprofondeuretpénétrerjusqu'auplusprofonddel'être,enluicommuniquantlesvertusdontilestporteur.LesEgyptiens,maîtresincontestésdel'artduparfum,l'utilisentsurtoutcommeoffrandeauxdieux.Huilesetonguen tssacrés,dontles formul essontgravéessurleste mples,sontassimilésàlatranspirationdes die ux.Le parfumestaussil'élémentfondam entaldel'embaumement:lesviscèressontrem placés parlamyrrhe ,lecinnamo meetd'autresflagrances.Peuàpeu,lesEgypti ensreconnai sse ntdenombreuses vertusaupar fum:purification,vocationthérapeutique,apaise ment,envoûtementetséd uction.Ilss'enserventtoutparticulièrem entpour separfumeretseparentdepetitsc ônesd'essence balsamiquequi,enfondant,par fumentlevisage .Cléopâtre etNerfetitiutilisentd enombreuseshuilesparfumées(santal,ambre,fleursrares)etunparfum,leKyphi,(VoirClind'oeilN°3).Pour recueillirleparfu màpartirdesplantes,lesEgyptiens utilisentde uxtechniquesditesd'enfleurage:lamacérationdeplantesodorantesdansdel'huileetleuressoragedansunlinge;letrempagedespétalesdefleursdansdelagraissequiabsorbeetconservelasenteur.Puis,ilsleconserventdansdesrécipientsenterrecuite.Mais,àcausedesproblèm esdeporosité,ceux-cisontsu ccessivemen tremplacéspardesflaconsenalbâtre,enonyxetenporphyre,puisenverre(environ1500ansavantnotreère).LesGrecsutilisentleparfumpourhonorerlesdieux(Adonisestledieudesparfums)etpourrendrehommageauxguerriersmorts.Ilsl'emploientaussidanslaviequotidiennecommesourced'agrément(lor sdesbanquets,danslebain, enmassages)etcomm emoyenthérapeutique(soindelapeau,remèdecontrel'ébriétéetsoindesmusclesdesathlètes).L'hygièneestassuréeparlebainquifaitpartieduquotidien,enlienavecleculteducorpsetdelabeauté .Les thermes,lieuxlux ueux,sonto uvertsàtousetsontunsym boledeconvivialitéetdeloisir .Les Grecsopti misentlestechniquesd' affleurageet utilisentla

L'olfactiondanslalittératuretechniqueduverresouffléquileurpermetdedonnerdesformesélaboréesauxflaconsetcelledesmoulespourreproduirelemêmeflaconàl'infini.LesRomainsutilisentlesparfumsenl'honneurdesdieux,maisaussimassivementdanslaviequotidienne:bainsparfumés,massages,soinsdelapeau,parfumsd'ambiance.Ainsi,grâceàl 'importanceduparfumetàsonstatutde principal portdelaMéditerrané e,Rome devient-ellelacapitaleduparfum.Elles'enrichitgrâceaucommercedetoutcequipermetdefabriquerduparfum:plantes,fleurs,graines,etc.Ellefabriqueonguents,pommades,pâtesparfuméesetl'ancêtredusavon,lesapo,mélangedegraissedechèvreetdegrainesdesaponaire.Lesflaconsdeverresontdeplusenplustravailléset,trèsonéreux,sontréservésàl'éliteromaine.Lespluscourantssontenfaïence.1.1.2AuMoyenAgeAudébutduMoyenAge,lesArabesdeviennentlesmaîtresdelaparfumerie,invententlatechniquedeladistillationavecl'alambicetintroduisentlacultureplanifiéedesplantes.Parcontre,enEurope,avec lamontée duchristianisme,l'utili sationdesparfumsetdescosmétiquesestennetterégression etlapratiq uedubain seraréfie, carlanuditéestsynonymedepéché.D'autrepart,l'hygiènen'estplusdemise,carlapeurdel'eaus'imposedanslesmental ités.Eneff et,celle-civéhicu leraitdesmaladiesenleurperm ettantdepénétrerparlesporesdelapeaudilatésparl'eauchaude.Parcontre,onattribuedesvertuspurificatricesetmédicinalesauxparfums.Aussi,commeoncroitquelesmauvaisesodeurstransportentavecelleslesmias mes,vecteursdemaladies, utilise-t-onlespar fumsd'ambianceetlesfumigationsp ourlu ttercontrela puanteur.Eneffet,onpensequ' ens'infiltrantdanslecorps,lesp arfumspeuven tguérir touteslesmaladies.C'e stàcetteépoquequelabonneodeurestassociéeàlasainteté(VoirLeSaviez-vous?N°1).Al'époquedescroisades(1096-1291),lescroisésrapportentdeshuiles,despotions,despeauxparfuméesetdessécrétionsanimalesodorantescommelemusc,l'ambre,lacivetteetlecastoréum(VoirLeSaviez-vous?N°2).Naîtalorsunvéritableengouementpourlesparfumssoustoutesleu rsformes:pou dres,lotions,pommesd'ambr e,etc.En1190,lecommercedesparfumsestattribuésauxgantiers(VoirLeSaviez-vous?N°3).AuXII°,lesbainsdevapeur,enpratiquedansl'Empirebyzantin,s'imposentenFranceetsemultiplientàParis.Mais,danscettepratiquedubain,oùsemanifesteplusleplaisirdessensquelesoucidepropreté,l'Eglisevoitdeslieuxdedébaucheetdeluxure.AuXV°,pendantlesépidémiesdepeste,lafermeturedesbainspublicsestréclamée.Elleneseraeffectivequ'auXVI°(1510).Mais,leparfumestsurtoutemployécommemoyendeséduction.Lesfemmesglissentdansleursvêtementsdessachetsremplisdepoudred'iris.Leseauxaromatiques(rosementhe,laurieretfleurd'oranger)sonttrèsplébiscitées.AuXIV°,naîtundespremierscomposés:l'eaudeHongrie,mélangedefleurd'oranger,d'espritderose,d'extraitdementhe,decitronetderomarin.AuXV°,sontcrééeslessavonneriesdeMarseille.Durantcettepériode,lesparfumssontconservésdansdesflaconssoitenmétalémaillé,soitenverredeVeniseoudeBohême.

5L'olfactiondanslalittérature1.1.3DuXVI°auXVIII°AlaRen aissance ,MariedeMédicisarrived'Italieav ecsonparfu meurattitré, RenéLeFlorentinetlancelamodedesparfumsfortsetcapiteux.Laparfumerieeuropéenneprendsonessorgrâceauprogrèsdelachimie:optimisationdeladistillation(utilisationdel'alcooléthyliquecommesolvant)etobtentiond'unemeilleurequalitédesessences.LavilledeGrassefondesarenomméesurlesgantsdecuirparfumésetdevientla"Capitalemondialeduparfum».Leparfumestalorsunartificepourmasquerlesodeursetpallierlemanqued'hygiène.AuXVII°,lapratiquedubainestpratiquementinexistante.Seulslesbainsderivièrevivifiantsetles bainsàvisée thérapeutiqueso ntp réconisés.C'estl 'èreduparaître.Lespoudresparfuméessontd'usageàlacour etleparfumtie ntlieu d'hygièn e,àluitoutseul, endissimulantlesmauvaisesodeurs.Alafindusiècle,c'estleretourdessenteursnaturelles,commeleseauxflorales(eaudemillefleurs,Eaudivine,etc.).Ontrouveunengouementpourlesparfumsdanstoutel'Europe.ACologne,Jean-MarieFarinalancel'eaudeCologne.L'Angleterremetaupointlecristaldeplomb.Sontalorscréésdesomptueuxflaconsencristalenserrésdansdesmonturesenoretprésentésdansdesréceptaclesengaluchat,enboisouencuir.Acetteépoque,parfumsetcontenantssontencorevendusséparément.AuXVIII°,laFrancedominelemondeduparfum.Grasseesttoujourslacapitaleduparfum.Lesplusgrandsparfumeurs,commeJean-FrançoisHoubigant,s'installentàParis.Cesiècleconnaîtbeaucoupd'innovations:ladistillationetl'enfleurageàfroidetledéveloppementdecontenantsprécieux(flaconsémailléspeints,fiolesenporcelainedeSèvres,deChelseaoudeMeissen).Leparfumaunetelleimportance,surtoutàlaCour,quecelle-ciestappelée"Courparfumée».L'étiquetteimposeunparfumdifférentchaquejour.Toutestparfumé:lesvêtements(etsurtoutlesgants),lecorps(poudresparfumées,bains,etc.)ainsiquel'atmosphère(pots-pourris).Alafi ndusiècle, Marie-Antoinetterelancelamoded essenteurschampêtres,fraîchesetnaturelles.LaRévolutionmarquel'arrêtdecetteprofusiondeparfums.L'industriedelaparfumerietourneauralenti.IlfautattendreleDirectoirepourvoirleretouràunefrénésiedeluxeetdeparfums.D'autrepart,leXVIII°imposeunenouvellevisiondel'hygièneetdurapportàl'eau.Suiteàunnetreculdesépidémies,onassisteauretourdubainetàladissipationdelapeurdel'eau.Lestraitésd' hygiènesemultip lientetprescriventlescomporte mentsd 'hygièneàobserver.Lestraitésdecosmétiquesdélivrentrecettesetconseilsdeparfum,pommadesetautresfards.Latoilettedevientuneaffaireplusintime,liéeàlapeauetaucorps,etnonplusauxvêtementsetauxartifices:apparitiondespremierscabinetsdetoilette.Lespremiersimmeublesparisiensdotésdecabinetsdecommoditésontconstruits.Lesvoiesetdesfossesd'aisancesontdallées,afindefaciliterleurlavage.1.1.4AuXIX°Sousl'Empire, leparfumredevientundesintér êtsmajeur sdesfemmes.L'im pératriceJoséphinelancelamodedumuscetdesparfumsexotiques(vanille,girofle,cannelle,etc.).SouslaRestauration, ces ontlessenteurslégèresetd oucesqui sontplébis citées.La

6L'olfactiondanslalittératurerévolutionindustrielleapported enouveauxchangementsdanslemonded uparfum:inventiondelaméthoded'extractionparsolvantsvolatiles;découvertedescomposantssynthétiques(vanilline,coumarineouionone);obtentiondeplusieursflagrancesàpartird'unemêmeplante(parexemple,essencedefleurd'orangerounéroli,essencedebigaradeetessencedepetitgrain,àpartirdubigaradier);miseenbouteillesdesparfumsàl'usineetcréationdeflaconsartistiques.Laparfumerieentredansl'èredelamodernité.En1803,lecélèbreparfumeurJean-VincentBullys'installerueSaintHonoré.LeVinaigredeBully,lotionaromatiquebrevetéepourla toiletteetlaconservationdu teintgagneuneg randeréputationdanstoutel'Europe.C'estceparfumeurquiinspire,àBalzac,lepersonnagedeCésarBirotteauetluipermetderetracerl'évolutionducommercedesparfumsauXIX°.Degrandesmaisonssedéveloppent:Guerlain(1828),Molinard(1849),RogeretGallet(1862),Bourgeois(1868)etCoty(1898).Guerlainfondesanotoriétésurl'EaudeCologneimpériale,quiaconquisl'impératriceEugénieencalmantsesmigrainesetsefaitremarquer,en1889,encréantJicky,parfumrévolutionnantlemondedelaparfumerie.Eneffet,celui-ciestlepremieràtenircomptedeladifférencedevitessed'évaporationdesodeurs.Ilestconstruitselonlesystèmedelapyramideavecunenotedetête,unenotedecoeuretunenotedefond(VoirLeSaviez-vous?N°4).Desoncôté,leparfumeurlondonien,EugèneRimmel,propose,afindefaciliterlaclassificationdesflagrancesetleurdescription,dediviserlessenteursen18groupes.D'autrepart,ledébutduXIX°voitledéveloppementdel'hygièneavecl'apparitiondelasalledebainsdanslesmaisonsbourgeoises,grâceàl'arrivéedel'eaucouranteetcelledugaz.L'hygiènepubliqueestunsouc id'état:multi plicationdesbainspublics,publicatio nimportantedemanuelsd'hygièneetinstaurationdescoursd'hygièneobligatoiresàl'école.Lapratiq uedelatoi letteév oluealors:elle devientplusf réquente,plusréguli èreetsediversifie.Lorsquel'onn'apasdesalledebains,latoilettesefaitdanslachambreoudanslacuisineavecunebassineetunbroc.Lesavonprenduneplacedeplusenplusimportanteenparfumerie.D'autrepart,enéchoaudiscoursmédicalquiaccuseleseffluvesartificielsdetrompersurlavéritablenatureetsurl'étatdesantédelafemme,lesmanuelsdesavoir-vivrecondamnentcellesquinégligentlesrèglesstrictesconcernantl'usageetledosageduparfum.Eneffet,onredoutequel'aspersionsurlapeaudeflagrancestropcapiteusesfasseresurgirl'animalitédelafemme:àlaprostituéel'usagedesparfumsartificiels,àlafemmedumonde lesparfumsdefle urs.LeManueldesdames,ou l'artdel' élégancedeMmeCelnart(1833)proscritlesodeursfortestellesquelemusc,l'ambre,lafleurd'orangeretlatubéreuseetconseillentlesparfumssuavesetdouxdel'héliotrope,delaroseetdunarcisse.Alaf indu siècle,EugèneRimm elfaitlapromotiondu parfumindividuel, contrel'uniformisationdelamode,relayéparlemédecinErnestMonin(inL'Hygiènedelabeauté),quiaffirmequechaquefemmedoitchoisirleparfumquiconvientàsongenredebeauté,commeellechoisitsesvêtements.Parailleu rs,labourgeoisieaunefor teméfi ancepourlapuanteurdupauvre(fortes émanationscorporelles)etl'odeurnauséabondedelamalpropretéquiréveillel'anciennepeurdescontagionsmiasmatiques,maisaussipourlesexcèsparfumésdelacocotte(parfumperçucommeunmasqued'inavouablesdéfauts:vanitéetprétention).Pourelle,danslesdeuxcas,lesm alfaisancesolf activesdénote ntl'immoralismeetl'asociabilité. Ladésodorisationetlarecherchedelasuavitébourgeoise,signesderaffinement,s'opposentàlapuanteurprolétarienne.

7L'olfactiondanslalittérature1.2.Laperceptiondel'olfactionL'odoratnouspermetd'analyserlessubstancesodorantesvolatilesquicirculentdansl'air.Noussommescapablesdepercevoirjusqu'à10000odeursdifférentes,maisnousutilisonspeucettecapacité.Ilexistedes"nez»,êtreshumainsquiontunodorattellementsubtilqu'ilsparviennentàdéterminerdesmilliersdesenteursdifférentes.1.2.1DucôtédelaphilosophieEntantqu'instrumentdelaperceptiondumondeenvironnant,l'odoratest,dèsl'Antiquité,objetderéflex ionsetde débatsphilosophiques.Pourlesp hiloso phesidé alistesgrecs,Socrate,Platon,Aristote,puisThéophraste,l'odoratn'estqu'unsensmédiocrequistimulelesbasinstinctsdelanaturehumaine;lesodeurssontdenaturefugaceetinstableetlelangageestimprécis pouren traduireleseffets.C'estpou rquoi,poureu x,lespar fums,synonymesdeluxeetdedébauch e,sontde ssymbolesde décadenceetdeperver sionspirituelle.MêmesiPlatonreconnaîtl'ap portesthétiqu edel'od orat,ilendéno ncelesdérivescharnelles,carcelui-ciaunlientropévidentaveclabestialité.Parcontre,pourlesphilosophesmatérialistesgrecs,commeDémocrite,quifutlepremierthéoriciendel'odorat,celui-ciestun in strumentd eraison, responsabledessentiments,d espulsi ons,del'imaginaireetdesdésirs.Plustard,lephilosopheromainLucrèceleconsidèrecommeuninstrumentessentieldelaconnaissanceetunguideindispensablepourlavie.ToutaulongduMoyenAge,peudephilosophess'intéressentàl'odorat.Eneffet,lesessaisphilosophiquessontlargementfrappésdusceaudelacensurequ'exercelareligiondurantcettepériode.Sentir,etdoncjouirdesparfumsdelavie,c'ests'exposeràlaruinedel'âme.DanssesEssais(1580),Montaigneconsidèrel'odoratcommel'égaldesautressensetlerecommandepourexplorerl'humain.Parcontre,pourDescartes,celui-cin'estnullementunesourcedesavoir.Silephilosophesoulignel'importancedel'informationolfactiveentantque preuved'exi stence,illuiconteste toutevaleurscientifique.Buffon,dans sonHistoirenaturelle(1749-1804),considèrequel'odoratestadmirablechezl'animal,maislerelègueàladernièreplacedelahiérarchiesensoriellechezl'homme.DansAnthropologiedupointdevuepragmatique(1798),Kantopposelegoûtetl'odoratauxautressens,carilssontsubjectif s.Ilsoulignel'origineanimaled elape rceptionolfactiveetmontrequel apénétrationdeforcedesodeursdanslespoumonss'opposeàlaliberté.Pourlui,l'odoratestàlafoisvulgaireetinconvenant.Mais,illuiaccordecependantunequalité:sacapacitéàprévenirledanger.Ainsi,duXVI°auXIX°,l'odorat,frappéd'uneconnotationdebestialité,degrossièretéetdesexualitéprimaire,est-ilconsidérécommeunsensvulgaire,dépourvudetoutespiritualité,inapteauraisonnementetdéfinitivementexcluduchampdel'esthétique.Cependant,parallèlementàcettepenséecommune,unnouveaucourantdepensée,celuidessensualistes,reconnaîtàl'olfactionunrôleessentieldansl'accomplissementdel'êtrehumain.Acôtédesdém onstrati onssulfureu sesdeCasano vaouduMarquisdeSade,d'autresvoixsefontentendre.DanssonDiscourssurleBonheur,laVoluptéetl'Artdejouir(1751),LaMettrie,médecinlibertinetphilosophematérialiste,redonneàl'odoratsaplacecommeoutildeconnaissanceduréel.D'autrepart,danssonTraitédessensations(1754),l'abbéEtienneBonnotdeCondillacmontrequen'importelequeldenoscinqsenssuffitpour

8L'olfactiondanslalittératureprendreconsciencedum ondequinousentoureetagirsurl ui.Ils'i ntéresseplusparticulièrementàl'odoratetmontrequel'odeurestuntransmetteurdumondeextérieuretlapreuvedecetteprisedeconscience.Ilmontrelerôledel'odoratcommeinstrumentdefabricationdenotreconscience.Pourluitouteconnaissances'acquiertparlaperceptionetilestabsurdededissocierlecorpsetl'esprit.Deleurcôté,DiderotetRousseausaluentlavoluptédel'odoratets oulignen tlerôleprimordiald el'éd ucationsensorielledansledéveloppementdelaraison.PourRousseau,l'odoratestlesensdel'imagination.QuantaudocteurCabanis,danssesRapportsduphysiqueetdumoraldel'homme(1802),ilfaitdel'odoratunfacteuressentieldansl'élaborationduplaisirenl'associantaudésiramoureuxetàl 'activitésexuelle.Puis, CharlesFourier,danssaThéorie del'unitéunivers elle(1822),montrequec'estlejeusubtildes"copulationsaromales»quirégitlemouvementdescréaturesanimales,végétalesetminérales.Enfin,Nietzsche,danssonautobiographie,EcceHomo"Toutmongénieestdansmesnarines»,devientlehérautdelaréhabilitationdel'odorat.Ainsi,destravauxdetouscesphilosophes,sedégagel'idéequelenezestsymboledeclairvoyance,dediscernementetd'intelligence,permettantprévisionetanticipation(Cf.l'expression"avoirdunez»).1.2.2DucôtédessciencesJusqu'auXVIII°,laplupartdesmédecinsappuientleursdiagnosticssurlesodeursémanantdeleurspatients.L'absenced'odeursestsynonymedebonnesanté.Cen'estqu'auXVIII°quel'odoratfaitsérieusementsonapparitiondanslemondemédical,scientifiqueetsocial,avecJean-NoëlHallé,premiertitulairedelachaired'hygiènepubliquecrééeen1794.Celui-cirevendiqueunairpuretnaturel(naissanceduconceptdel'"aréisme»en1850),carpartoutrègneune puanteurinsoutenabl e.Pourlui, lesodeursnauséabondessontresponsablesdesmaladies,dontlapeste.Unepolitiquesanitaireestalorsmiseenplace.AlafinduXIX°,deuxmédecins,ErnestMonin(Essaisurlesodeursducorpshumaindansl'étatdesantéetdansl'étatdemaladie,1885)etAugustinGalopin(LeParfumdelafemmeetles ensolfacti fdansl'amour, 1886),s'intéressentau xodeursdu corpshumain,toutparticulièrementàcellesducorpsféminin(l'odordifemina)qu'ilsclassentenfonctiondelacouleurdelapeau.Galopincondamneleparfumartificielet,defaçonindirecte,porteunjugementmoralsurlafemmedontlesémanationsnaturellessontlesplusfortes.Parcontre,l'odoratsuscitepeud'intérêtenpsychanalyse.Freudleconsidèrecommeunsensinférieur,maisluireconnaîtuneplaceessentielledansl'organisationsexuelle.Pourlui,lerefoulementdel'odorat,associéàl'érotismeanal,aétéunfacteurdecivilisation;unegrandeacuitéolfactiveestsouventsymptomatiquedecomportementssexuelsbestiauxetpathologiques,preuvedepenchantsinconvenantsetderefoulementsorganiques.Lasci enceaattendutrèslongtemps po urs'intéresser réellementà l'odorat.Cen'estvraimentqu'auXX°etdenosjoursquedenombreusesrecherchessontfaitessurl'odorat:mémoireolfactive,perceptionettraitementdel'informationolfactive,codagelinguistiqueetneur onaldesodeurs,etc.Les chercheurs ontmontréqu'uneodeurc onduitàdessensationsquiontplusdechancesd'êtremémorisées,étantdonnéqu'ellessontreliéesàl'amygdale,partieducerveauprovoquantlesémotions.Deplus,puisquecettesensationest

9L'olfactiondanslalittératureliéedirectementàl'amygdale,elleestsansconnexionaveclenéo-cortex.Parlerd'uneodeurestdoncdifficile,puisqu'elleexisteavantlamiseenmots.1.2.3DucôtédelalinguistiqueSilesautressenss'accommodentd'unlexiqueexactetprécis,iln'enestpasdemêmedel'odorat.Eneffet,ilestdifficilededéfinirenpeudemotsuneodeur.Lesodeursn'ont,engénéral,pasdedénominationsspécifiques,commedansd'autresdomainessensoriels.Lalanguefrançaisen'arrivepasànommerdirectementuneodeur.Ellel'associeàlachosequisentcetteodeur.Parexemple,"celasentlabanane».L'odeurestqualifiéeàpartird'unesourceodorante:unobjet,unesubstance,uncorps,unlieu,voireuneabstraction.Ilestdesodeursdesueur,desang,decafé,dechocolat,depoivre,derose,decannelle,d'agrumes,etc.Lelangagen'estdoncpasappropriépourrendrecomptedesodeurs.Enparfumerieetencosmétique,lesflagrancessontsouventnomméesdemanièreadjective:onparledeflagranceambrée,mentholéeoubienencorechyprée.Lesprofessionnelsdelaparfumerieontdétermi néseptodeursfondamentalesp ourclassifi erlescompositionsp arfumées:orientale,chyprée,cuir,hespéridée,fougère,boiséeetflorale.Parcontre,lalanguepossèdeunemultitudedemotspourdésignerdemanièregénériquelesodeurs:arôme,bouquet,effluve,émanation,exhalaison, senteur,flagrance,fumet, parfum,puanteur,pestilence,fétidité,infection,miasme,putréfaction,putrescence,relent,etc.1.3Lareprésentationdel'olfactiondanslalittératureSilesodeursetl'odoratontétéreléguésdansunprofondméprisparlesphilosophesetoubliésparlesscientifiques,lalittérature,quantàelle,asuaccueillireffluvesetsenteurs.QuelquespremièrestentativesapparaissentauXVI°avecCervantès,RabelaisetShakespeare.LespoètesdelaRenaissancecélèbrentl'odorat.Mais,c'estgrâceàJean-JacquesRousseau,auXVIII°,quel'olfactionprenddel'importancedanslalittérature,celui-ciétanttrèssensibleauxcorrespondancesentrelanatureetlesodeurs.Cependant,deDiderotàBalzac,lesmanifestationslittérairesdesexpériencesolfactivessontpratiquementinexistantes.C'estauXIX°quel'odoratacquiertseslettresdenoblesse,grâcenotammentàBaudelairequiserévèle,dansLesFleursduMal,unvéritablethéoricienduparfum.Puis,laperceptionolfactivedevientextrêmementprésentedanslesromansréalistesetnaturalistes(Flaubert,Maupassant,Zola,Huysmans,etc.)etdanslesromansfindesiècleetdébutduXX°avecGiono,CélineouProust.Enraisondescarencesdelalangue,évoqueruneodeurestundéfipourl'écrivain.Ilestdifficilededonnerunnomàcertainesodeurs,commelesouligneMaupassantdansBel-Ami:L'airétaitfraisetpénétréd'unparfumvague,doux,qu'onn'auraitpudéfinir,dontonnepouvaitdirelenomp.21)».Aussi,pourenévoquerlapuissanceesthésique,l'écrivainjoue-t-ilsurlesmétaphoresetlesmétonymies.C'estsansdoute,l'approchepoétiquequipermetleplusd'appréhenderl'odeurgrâceàl'utilisationdescorrespondances,passagesd'uneréalitéàuneautreparunjeudemusicalitéetdepolyphonie.C'estBaudelairequiaffirmedanslesonnetCorrespondances(inLesFleursdumal,p.9)que:"Lesparfums,lescouleursetlessonsserépondent.»Ilmetenrelieficilaforcedelasynesthésie,figuredestylequiassociedessensationsdedifférentsordresdifférents(visuelles,tactiles,olfactives,auditivesougustatives)defaçonintimeetsimultanée.Eneffet,ilydécèlelapreuvedel'unitélaCréationetdel'analogiesecrèteentretoutesleschoses.Rimbaudutiliseaussibeaucouples

11L'olfactiondanslalittérature2.ExtraitsducorpusLesodeursrencontréesdansnotrecorpussontclasséesenfonctiondeleurrôledanslatramenarrative.2.1.L'odeur,créationd'ambianceAlorsquelevisuelfournitunemiseenscèneàlareprésentation,l'olfactifcréel'ambiance,l'atmosphère.C'estl'odoratquinousimmergeleplusprofondémentaucoeurdeschosesetdesêtres.Bi enquel'onneci tequetrèsrareme ntlesodeur s,ellessontle sdonnée spremièresdansl'appréhensiond'unlieu(villes,rues,campagnes,églises,lieuxsacrés,lieuxprofessionnels,lieuxconfinés,boudoirs,etc.).Ellesqualifientlesespaces.Ellessontl'undesélémentsessentielsdeladescriptionréalisteetnaturaliste.Extrait1:Balzac,LePèreGoriotChezBalzac,les sensationsolfac tivesparticipe ntlargementàl'histoiredesm oeursqu'ilsouhaiteécrire.DansLePèreGoriot,ilutilised'abordl'odeurpourdécrirelelieucentraldel'intrigue:lapensiondeMmeVauquer,personnagefroidetaucoeursec.Ilfaitainsiensortequelelecteursoitimprégnédecetteodeuretdel'atmosphèredanslaquelleilpénètre:"Cettepremièrepièceexhaleuneodeursansnomdanslalangue,etqu'ilfaudraitappelerl'odeurdepension.Ellesentlerenfermé,lemoisi,lerance;elledonnefroid,elleesthumideaunez,ellepénètrelesvêtements;ellealegoûtd'unesalleoùl'onadîné;ellepueleservice,l'office,l'hospice.Peut-êtrepourrait-ellesedécriresil'oninventaitunprocédépourévaluerlesquantitésélémentairesetnauséabondesqu'yjettentlesatmosphèrescatarrhalesetsuigenerisdechaquepensionnaire,jeuneouvieux.Ehbien!malgrécesplateshorreurs,sivouslecompariezàlasalleàmanger,quiluiestcontiguë,voustrouveriezcesalonélégantetparfumécommedoitl'êtreunboudoir.»(p.4)Cettedescriptioncorrespondàcequedécouvriraitunvisiteurenentrantpourlapremièrefoisdanscelieu.Ilseraitagresséparcetteodeurfétideetnauséabondequiestcommel'essencedeslieux,avantmêmeleurdécouverte.Extraits2:Maupassant,Bel-AmiDansBel-Ami,MaupassantdécritunquartierpopulairedeParis,uniquementavecdesodeurs:"C'étaitunedecessoiréesd'étéoùl'airmanquedansParis.Laville,chaudecommeuneétuve,paraissaitsuerdanslanuitétouffante.Leségoutssoufflaientparleursbouchesdegranitleurshaleinesempestées,etlescuisinessouterrainesjetaientàlarue,parleursfenêtresbasses,lesmiasmesinfâmesdeseauxdevaisselleetdesvieillessauces.»(p.2)Dansladescriptiondel'immeubleoùrésideGeorgesDuroy,lesindicationstopographiquessontcomplétéesparunlargechamplexicalolfactifdépréciatifquimontrecombienledécordanslequelilvitneluicorrespondpas.Lessentimentsdupersonnagesontenharmonieaveclelieu:

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L'olfactiondanslalittérature"Ilrevintàgrandspas,gagnaleboulevardextérieur,etlesuivitjusqu'àlarueBoursaultqu'ilhabitait.Samaison,hautedesixétages,étaitpeupléeparvingtpetitsménagesouvriersetbourgeois,etiléprouvaenmontantl'escalier,dontiléclairaitavecdesallumettes-bougieslesmarchessalesoùtraînaientdesboutsdepapiers,desboutsdecigarettes,desépluchuresdecuisine,uneécoeurantesensationdedégoûtetunehâtedesortirdelà,delogercommeleshommesriches,endesdemeurespropres,avecdestapis.Uneodeurlourdedenourriture,defossed'aisancesetd'humanité,uneodeurstagnantedecrasseetdevieillemuraille,qu'aucuncourantd'airn'eûtpuchasserdecelogis,l'emplissaitduhautenbas.»(p.25)Maupassantplacesonpersonnagedansununiversd'unprofondréalismequimetenvaleurlarelationcomplexequecelui-cientretientavecsonmilieu.Plusloin,l'endroit,oùalieulafêtedonnéeparRival,estd'aborddécritparl'odeurquis'enéchappe:"Ils'effaçaàl'entréedeladescenteétroitequ'éclairaitunbecdegaz;etlabrusquetransitiondelalumièredujouràcetteclartéjauneavaitquelquechosedelugubre.Uneodeurdesouterrainmontaitparcetteéchelletournante,unesenteurd'humiditéchauffée,demursmoisisessuyéspourlacirconstance,etaussidessoufflesdebenjoinquirappelaientlesofficessacrés,etdesémanationsfémininesdeLubin,deverveine,d'iris,deviolette.»(p.173).Enfin,ladescriptiond elac hambre,oùDuroyfaitprendresoné pouseenflagr antdélitd'adultère,esttoutensensationsolfactives,caractéristiquesd'unlieudedébauches:"C'étaitunechambredemaisongarnie,auxmeublescommuns,oùflottaitcetteodeurodieuseetfadedesappartementsd'hôtel,odeurémanéede srideaux,desmate las,desmur s,dessièges,odeurdetout eslespersonnesquiavaientcouchéouvécu,unjourousixmois,danscelogispublic,etlaissélàunpeudeleursenteur,decettesenteurhumainequi,s'ajoutantàcelledesdevanciers,formaitàlalongueunepuanteurconfuse,douceetintolérable,lamêmedanstousceslieux.»(p.244)Extraits3:Maupassant,PierreetJeanDansPierreetJean,Maupass antseplaîtàdécrire l'atmosphè remarine.C ell e-ciestsi prenante,qu'ellepeutmêmeaiguiserlesdésirsamoureux:"LepèreRolandsaisitlamanneentresesgenoux,lapencha,fitcoulerjusqu'aubordleflotd'argentdesbêtespourvoir cellesdufond, etleurpalpitationd'agonies'acc entua, etl'odeur fortedel eurcorps,unesai nepuanteurdemarée,montaduventrepleindelacorbeille.»(p.12)(...)"Ilviradebord,etventarrièrefitrouteverslajetée,suiviparlabrumerapidequilegagnait.Lorsqu'elleatteignitlaPerle,l'enveloppantdanssonimperceptibleépaisseur,unfrissondefroidcourutsurlesmembresdePierre,etuneodeurdefuméeetdemoisissure,l'odeurbizarredesbrouillardsmarins,luifitfermerlabouchepournepointgoûtercettenuéehumideetglacée.Quandlabarquerepritdansleportsaplaceaccoutumée,lavilleentièreétaitenseveliedéjàsouscettevapeurmenuequi,sanstomber,mouillaitcommeunepluieetglissaitsurlesmaisonsetlesruesàlafaçond'unfleuvequicoule.»(p.47-48)(...)"Ilsortitdebonneheureetseremitàrôderparlesrues.Ellesétaientenseveliessouslebrouillardquirendaitpesante,opaqueetnauséabondelanuitoneûtditunefuméepestilentielleabattuesurlaterre.Onlavoyaitpassersurlesbecsdegazqu'elleparaissaitéteindreparmoments.Lespavésdesruesdevenaientglissantscommeparlessoirsdeverglas,ettouteslesmauvaisesodeurssemblaientsortirduventredesmaisons,puanteursdescaves,desfosses,deségouts,descuisinespauvres,poursemêleràl'affreusesenteurdecettebrumeerrante.»(p.49)(...)"Jean,l'oeilallumé,regardaitfuirdevantluilachevillemince,lajambefine,lahanchesoupleetlegrandchapeauprovocantdeMmeRosémilly.Etcettefuiteactivaitsondésir,lepoussaitauxrésolutionsdécisivesqueprennentbrusquementleshésitantsetlestimides.L'airtiède,oùsemêlaitàl'odeurdescôtes,desajoncs,destrèflesetdesherbes,lasenteurmarinedesrochesdécouvertes,l'animaitencoreenlegrisantdoucement,etil

1 L'olfactiondanslalittératuresedécidaitunpeuplusàchaquepas,àchaqueseconde,àchaqueregardjetésurlasilhouettealertedelajeunefemme;ilsedécidaitàneplushésiter,àluidirequ'ill'aimaitetqu'ildésiraitl'épouser.»(p.73-74)Extraits4:Zola,LeVentredeParisChezZola,l'olfactionentredansleprocessusdeladescriptiondeslieuxdel'intrigue.Ellelesdéfinitparl'atmosphèreparticulièrequ'ellecontribueàyfairerégner.Ellepeutcaractériserunevilleentière.IlenestainsidansLeVentredeParis,oùl'écrivaindécritlacapitalecommeunpersonnagefantastique,qu'ilassimileàsesHallesprotéiformes.Parisauneemprisetrèsfortesurl'hommequisetraduitparl'engloutissementdeslégumesetdesvictuaillesenunesortedegouffre ,parl'e nvahissementdelameretdes liquides etsurtoutparl'engloutissementdûauxodeurs.L'extraitsuivantmon treledéam bulement deClaude,CadineetMarjolindanslesruesdeParis,ponctuédetouteslesodeursqu'ilsrencontrent:"IlshumaientlesodeursdeParis,lenezenl'air.Ilsauraientreconnuchaquecoin,lesyeuxfermés,rienqu'auxhaleinesliquoreusessortantdesmarchandsdevin,auxsouffleschaudsdesboulangeriesetdespâtisseries,auxétalagesfadesdesfruitières.(...)IlspréféraientencorelestronçonsduvieuxParisrestésdebout,(...)surtoutlarueCourtalon,uneruellenoire,sordide,quiva delaplaceSainte-OpportuneàlarueSaint-Denis,trouéed'al léespuantes,aufond desquellesilsavaientpolissonné,étantplusjeunes.(...)ily avaitcep endan t,ruedelaGrand e-Truanderie,un efabrique desavon,trèsdouceaumili eudespuanteursvoisines,quiarrêtaitMarjolin,attendantquequelqu'unentrâtousortit,pourrecevoirauvisagel'haleinedelaporte.EtilsrevenaientviteruePierre-LescotetrueRambuteau.Cadineadoraitlessalaisons,ellerestaitenadmirationdevantlespaquetsdeharengssaurs,lesbarilsd'anchoisetdecâpres,lestonneauxdecornichonsetd'olives,oùdescuillersdeboistrempaient;l'odeurduvinaigrelagrattaitdélicieusementàlagorge;l'âpretédesmoruesroulées,dessaumonsfumés,deslardsetdesjambons,lapointeaigrelettedescorbeillesdecitrons,luimettaientauborddeslèvresunpetitboutdelangue,humided'appétit(...).Mais,rueCoquillière,ilss'oubliaientdansl'odeurdestruffes.Là,setrouveungrandmagasindecomestiblesquisoufflejusquesurletrottoiruntelparfum,queCadineetMarjolinfermaientlesyeuxs'imaginantavalerdeschosesexquises.Claudeétaittroublé;ildisaitquecelalecreusait;ilallaitrevoirlaHalleaublé,parlarueOblin,étudiantlesmarchandesdesalades,souslesportes,etlesfaïencescommunes,étaléessurlestrottoirslaissant"lesdeuxbrutes»acheverleurflâneriedanscefumetdetruffes,lefumetleplusaiguduquartier.C'étaientlàlesgrandestournées.»(p.140-142)Extraits5:Zola,NanaDansNana,lesodeursetlesparfumspermettentdecaractériserchacunedespiècesdel'appartementdel'héroïne,commesoncabinetdetoilette:"C'étaitlapiècelaplusélégantedel'appartement,tendued'étoffeclaire,avecunegrandetoilettedemarbre,unepsychémarquetée,unechaiselongueetdesfauteuilsdesatinbleu.Surlatoilette,lesbouquets,desroses,deslilas,desjacinthes,mettaientcommeunécroulementdefleurs,d'unparfumpénétrantetfort;tandisque,dansl'airmoite,danslafadeurexhaléedescuvettes,traînaitparinstantuneodeurplusaiguë,quelquesbrinsdepatchoulisec,brisésmenuaufondd'unecoupe.Et,sepelotonnant,ramenantsonpeignoirmalattaché,Nanasemblaitavoirétésurpriseàsatoilette,lapeauhumideencore,souriante,effarouchéeaumilieudesesdentelles.»(p.35)L'émanationcomplexeetlourdequientourel'odeurducabinetdetoilettedeNanafaitcontrasteavecl'atmosphèredel'hôtelducomteMuffatetdelacomtesseSabine:"Onentrai tdansunedignitéfroide,dans desm oeursanci ennes,unâgedisparuexhal antuneodeurdedévotion.»(p.41)

1 L'olfactiondanslalittérature(...)Cesalonsépulcral,exhalantuneodeurd'église,disaitassezsousquellemaindefer,aufonddequelleexistencerigideellerestaitpliée.Ellen'avaitrienmisd'elle,danscettedemeureantique,noired'humidité.C'étaitMuffat,quis'imposait,quidominait,avecsonéducationdévote,sespénitencesetsesjeûnes.»(p.46)LethéâtreoùjoueNanaaaussisesodeursspécifiques:"Ungazflambaitdansl'armoire;onyvoyaitunetablerecouverted'unefeuilled'étainetdesplanchesgarniesdebouteillesentamées.Quandonouvraitlaportedecetrouàcharbon,unsouffleviolentd'alcoolensortait,quisemêlaitàl'odeurdegraillondelalogeetauparfumpénétrantdesbouquetslaisséssurlatable.»(p.91)(...)Lec omteMuffat, prisdesueur,v enaitderetirerson chapeau; cequil' incommodaitsurtout, c'étaitl'étouffementdel'air,épaissi,surchauffé,oùtraînaituneodeurforte,cetteodeurdescoulisses,puantlegaz,lacolledesdécors,lasaletédescoinssombres,lesdessousdouteuxdesfigurantes.Danslecouloir,lasuffocationaugmentaitencore;desaigreursd'eauxdetoilette,desparfumsdesavons,descendusdesloges,ycoupaientparinstantsl'empoisonnementdeshaleines.Enpassant,lecomtelevalatête,jetauncoupd'oeildanslacagedel'escalier,saisidubrusqueflotdelumièreetdechaleurquiluitombaitsurlanuque.Ilyavait,enhaut,desbruitsdecuvette,desriresetdesappels,unvacarmedeportesdontlescontinuelsbattementslâchaientdessenteursdefemme,lemuscdesfardsmêléàlarudessefauvedeschevelures.Etilnes'arrêtapas,hâtantsamarche,fuyantpresque,enemportantàfleurdepeaulefrissondecettetrouéeardentesurunmondequ'ilignorait.»(p.93)Extraits6:Zola,LaCuréeDansLaCuré e,chacu nedespiècesdel'ap partementdeRen éeSaccardasonodeur spécifique:"Ilsmirentalorsquelqueprudenceàsevoir.Ilsfermaientlesportesdupetitsalon,etpouvaientainsijouirentoutetranquillitédecesalon,delaserreetdel'appartementdeRenée.C'étaittoutunmonde.Ilsygoûtèrent,pendantlespremiersmois,lesjoieslesplusraffinées,lesplusdélicatementcherchées.Ilspromenèrentleursamoursdugrandlitgrisetrosedelachambreàcoucher,danslanuditéroseetblancheducabinetdetoilette,etdanslasymphonieenjaunemineurdupetitsalon.Chaquepièce,avecsonodeurparticulière,sestentures,saviepropre,leurdonnaitunetendressedifférente,faisaitdeRenéeuneautreamoureuse:ellefutdélicateetjoliedanssacouchecapitonnéedegrandedame,aumilieudecettechambretièdeetaristocratique,oùl'amourprenaituneffacementdebongoût;souslatentecouleurdechair,aumilieudesparfumsetdelalangueurhumidedelabaignoire,ellesemontrafillecapricieuseetcharnelle,selivrantausortirdubain,etcefutlaqueMaximelapréféra;puis,enbas,auclairleverdesoleildupetitsalon,aumilieudecetteaurorejaunissantequidoraitsescheveux,elledevintdéesse,avecsatêtedeDianeblonde,sesbrasnusquiavaientdesposeschastes,soncorpspur,dontlesattitudes,surlescauseuses,trouvaientdeslignesnobles,d'unegrâceantique.MaisilétaitunlieudontMaximeavaitpresquepeuretoùRenéenel'entraînaitquelesjoursmauvais,lesjoursoùelleavaitbesoind'uneivresseplusâcre.Alorsilsaimaientdanslaserre.C'étaitlàqu'ilsgoûtaientl'inceste.»(p.133-134)ChezZola,lesodeursontunrôleetuneinfluencecertainesurlespersonnages.Enrévélantauhéro ssesdésirsetsa natureprofond e,lesmessagesolfacti fsrel ancent oufreinentl'action.Ilenestainsi,dansledébutduroman,pourAristideSaccard,impatientdeselancerdanslagrandeaventureparisienne."Cemoisd'attenteparutinterminableàAristide.L'impatiencelebrûlait.Lorsqu'ilsemettaitàlafenêtre,etqu'ilsentaitsousluilelabeurgéantdeParis,illuiprenaitdesenviesfollesdesejeterd'unbonddanslafournaise,pourypétrirl'ordesesmainsfiévreuses,commeuneciremolle.Ilaspiraitcessoufflesencorevaguesquimontaientdelagrandecité,cessoufflesdel'empirenaissant,oùtraînaientdéjàdesodeursd'alcôvesetdetripotsfinanciers,deschaleursdejouissances.Lesfumetslégersquiluiarrivaientluidisaientqu'ilétaitsurlabonnepiste,quelegibiercouraitdevantlui,quelagrandechasseimpériale,lachasseauxaventures,aux

15L'olfactiondanslalittératurefemmes,auxmillions, commençaite nfin.Sesnarinesbattaient,soni nstinctdebêteaffaméesaisissait merveilleusementaupassagelesmoindresindicesdelacuréechaudedontlavilleallaitêtrelethéâtre.»(p.35)Extrait7:Proust,DucôtédechezSwannDansDucôtédechezSwann,Proustfaitrevivrelespersonnagesetleslieuxdesapetiteenfance,commelapiècec hezsatantedontl'atmos phère estcrééeavecl'od eurdesmeublesetdelaliterie:"(...)avantquej'entrassesouhaiterlebonjouràmatanteonmefaisaitattendreuninstant,danslapremièrepièceoùlesoleil,d'hiverencore,étaitvenusemettreauchauddevantlefeu,déjàalluméentrelesdeuxbriquesetquibadigeonnaittoutelachambred'uneodeurdesuie,enfaisaitcommeundecesgrands"devantsdefour»decampagne,oudecesmanteauxdecheminéedechâteaux,souslesquelsonsouhaitequesedéclarentdehorslapluie,laneige,mêmequelquecatastrophediluviennepourajouterauconfortdelaréclusionlapoésiedel'hivernage;jefaisaisquelquespasduprie-Dieuauxfauteuilsenveloursfrappé,toujoursrevêtusd'unappui-têteaucrochet;etlefeucuisantcommeunepâtelesappétissantesodeursdontl'airdelachambreétaittoutgrumeleuxetqu'avaitdéjàfaittravailleret"lever»lafraîcheurhumideetensoleilléedumatin,illesfeuilletait,lesdorait,lesgodait,lesboursouflait,enfaisantuninvisibleetpalpablegâteauprovincial,unimmense"chausson»où,àpeinegoûtéslesarômespluscroustillants,plusfins,plusréputés,maisplussecsaussiduplacard,delacommode,dupapieràramages,jerevenaistoujoursavecuneconvoitiseinavouéem'engluerdansl'odeurmédiane,poisseuse,fade,indigesteetfruitéeducouvre-litàfleurs.»(p.38)L'odoratestmisicienrelationaveclesautressens:auxsimulationsolfactivess'ajoutentdesperceptionssonores,gustatives,tactilesetsurtoutvisuelles.Extraits8:Ve rlaine ,Charleroi,inRomancessans paroles(Paysagesbel ges),OEuvrescomplètes,t.1Danssespaysag es,Verlaine associesouventdesbruits ,deschantsd'oiseaux,de sbruissementsd'arbres,defeuillesdansunealliancesuggestivedesensationsauditivesetdenotationsvisuelles.Sapoésieesttrèsliéeàlamusiqueetàlapeinture.Mais,lepoèten'oubliepaslechampolfactif.DansCharleroi,ilpeint,dansunstyleimpressionniste,unpaysagevuparlaportièredutrain:ils'agitd'undéfiléd'impressions,desensationsbrutes,immédiates,àpeineapparuesetdéjàeffacéesparlavitesse."Dansl'herbenoireLesKoboldsvont.LeventprofondPleure,onveutcroire.Quoidoncsesent?L'avoinesiffle.UnbuissongifleL'oeilaupassant.PlutôtdesbougesQuedesmaisons.QuelshorizonsDeforgesrouges!Onsentdoncquoi?Parfumssinistres?Qu'est-cequec'est?QuoibruissaitCommedessistres?Sitesbrutaux!Oh!votrehaleine,Sueurhumaine,Crisdesmétaux!Dansl'herbenoireLesKoboldsvont.LeventprofondPleure,onveutcroire.»(p.85-86)

16L'olfactiondanslalittératureDesgarestonnent,Lesyeuxs'étonnent,OùCharleroi?Lasens ationolfactivesecouelev oyageur("Quoidoncsesent ?»).Elles'i mpose,maisdisparaîtavantd'êtrenomméeoureconnue,emportéedansledéfilédesimagessetdesensations.Puis,ellerevientplusloin("Onsentdoncquoi?»)plusrude,pluspénétrantequ'auparavantetledégoûtplussensible.Enfin,odeurs,sonsetimagess'accentuentdansletohu-bohudel'arrivée.Extrait9:Baudelaire,L'Irrémédiable,inLesFleursduMalDansLesFleursduMal,l'odoratestlesensleplusutiliséparBaudelaire.Silaplupartdesodeursquipeuplentsespoèmes,sontenrelationdirecteaveclafemme,certainespeuventrecréerl'ambianced'unlieu,commelesenfersdansL'Irrémédiable:"(...)Undamnédescendantsanslampe,Aubordd'ungouffredontl'odeurTrahitl'humideprofondeur,D'éternelsescalierssansrampe,OùveillentdesmonstresvisqueuxDontleslargesyeuxdephosphoreFontunenuitplusnoireencoreEtnerendentvisiblesqu'eux;(...)»(p.105)2.2.L'odeur,expressiondesparfumsL'odeurpeutêtrel'expressiondesparfums.Dansnotrecorpus,nousavonsessentiellementrencontrédesparfumsémanantdepersonnagesetdefleurs.2.2.1.L'odeurdespersonnagesChaquecorpspossèdeuneodeurgénérique.Commelesodeurscorporellestrahissentetdémasquent,ellessontsujettesàl'artificeetaumasque,parlemoyendesparfumsetdespratiquesd'hygiène.L'odeurpossèdeundoublepouvoirdedistinctioncommecritèrededifférenciationdesindividusetdehiérarchisationsociale.SelonlaPhysiognomonie(L'Artdeconnaîtreleshommesparlaphysionomie)deLavater,l'odeurpermettraitdedéterminerlecaractèredesindividus.Extrait1:Zola,LeVentredeParisL'odeurpeutexprimerunpersonnagedanssonensemble.Ainsi,Zola,danssesromans,donne-t-iluneodeuràchaquepersonnage.Parexemple,Nana,surscène,dégage"autourd'elleuneodeurdevie,unetoute-puissancedefemme»(p.15).DansLeVentredeParis,madameFrançoissentlefoinetlegrandair:"Alors,lesmatinéespluvieusesdésespérèrentFlorent.IlsongeaitàmadameFrançois.Ils'échappait,allaitcauseruninstantavecelle.Maisilnelatrouvaitjamaistriste.Ellesesecouaitcommeuncaniche,disaitqu'elleenavaitbienvud'autres,qu'ellen'étaitpasensucre,pourfondrecommeça,auxpremièresgouttesd'eau.Illaforçaitàentrerquelquesminutessousuneruecouverte;plusieursfoismêmeillamenajusquechezmonsieurLebigre,oùilsburentduvinchaud.Pendantqu'elleleregardaitamicalement,desafacetranquille,ilétaittout

17L'olfactiondanslalittératureheureuxdecetteodeursainedeschampsqu'elleluiapportait,danslesmauvaiseshaleinesdesHalles.Ellesentaitlaterre,lefoin,legrandair,legrandciel.»(p.104)Extrait2:Zola,LaCuréeDansLaCurée,MadameSidonie,soeurd'AristideSaccardetentremetteuse,auneodeurtouteparticulière:"D'allurestimidesetdiscrètes,d'ailleurs,avecunevaguesenteurdeconfessionnaletdecabinetdesage-femme,ellesefaisaitdouceetmaternellecommeunereligieusequi,ayantrenoncéauxaffectionsdecemonde,apitiédessouffrancesducoeur.»(p.43)Extraits3:Hugo,LesContemplationsLessensationssontabondantesdansl'oeuvrehugolienne,maissurtoutvisuelles.Cependant,LesContemplationsoffrentnombred'occu rrencesolfactives.Parexemp le,lesêtresimmaculés,commelesenfantsouceuxquis'aimentd'unamourinnocentsousleregarddeDieu,possèdentlafacultéd'êtreuneodeur:"(...)Quedeprintempspassésavecleursfleurs!Quedefeuxmorts,etquedetombescloses!Sesouvient-onqu'ilfutjadisdescoeurs?Sesouvient-onqu'ilfutjadisdesroses?Ellem'aimait.Jel'aimais.NousétionsDeuxpursenfants,deuxparfums,deuxrayons.(...)»(Lise,inAurore,t.1,p.27)DansLesMalheureux,Hugosuggèrelasanctificationodorantedesvictimes,commeuneréminiscencedespremiersmartyrschrétiens:"(...)Ainsi,touslessouffrantsm'ontapparusplendides,Satisfaits,radieux,doux,souverains,candides,Heureux,laplaieausein,lajoieaucoeur;lesunsJetésdanslafournaiseetdevenantparfums,Ceux-làjetésauxnuitsetdevenantaurores;(...)»(Lesmalheureux,inEnMarche,t.2,p.104)Pourlesmortstrèschers(commesafilleLéopoldineoubienClaire),devenirunparfum,c'estunpeucommedevenirunange,unenvoyédivin:"(...)Tevoilàremontéeaufirmamentsublime,Echappéeauxgrandscieuxcommelagriveauxbois,Et,flamme,aile,hymne,odeur,replongéeàl'abîmeDesrayons,desamours,desparfumsetdesvoix!(...)Eux,ilssontl'airquifuit,l'oiseauquineseposeQu'uninstant,lesoupirquivole,avrilvermeilQuibrilleetpasse;ilssontleparfumdelaroseQuivarejoindreauxcieuxlerayondusoleil(...)».(Claire,inAuborddel'infini,t.2,p.144etp.147Hugodésireretrouvercetespritaimantautourdeluidanslanature.C'estpourlui,réconfortetespoir:"Etlaterre,agitantlaronceàsasurface,DitL'hommeestmort;c'estbien;queveut-onquej'enfasse?Pourquoimelerend-on?Terre!fais-endesfleurs!deslysquel'aubearrose!Decetteboucheauxdentsbéantes,faislaroseEntr'ouvrantsonbouton!(...)Faisavectouscesmortsunejoyeusevie.Fais-enlefiertorrentquigrondeetquidévie,

18L'olfactiondanslalittératureLamousseauxfraistapis!Fais-endesrocs,desjoncs,desfruits,desvignesmûres,Desbrises,desparfums,desboispleinsdemurmures,Dessillonspleinsd'épis!(...)(X,inPleursdanslanuit,t.2,p.130-131)Extrait4:Flaubert,SalammbôFlaubertaunefascinationquasimentfétichistepourl'odeur.Lesparfumsimprègnentsespersonnages,commeSalammbô:"Mâthogardaittoujourssespetitesmainsdanslessiennes,et,detempsàautre,malgrél'ordreduprêtre,entournantlevisage,elletâchaitdel'écarteravecdessecoussesdesesbras.Ilouvraitlesnarinespourmieuxhumerleparfums'exhalantdesapersonne.C'étaituneémanationindéfinissable,fraîche,etcependantquiétourdissaitcommelafuméed'unecassolette.Ellesentaitlemiel,lepoivre,l'encens,lesroses,etuneautreodeurencore.»(p.147)2.2.2.L'odeurdesfleursetdelanatureDansnotrecorpus,lesparfumssontleplussouventd'originevégétale.Extraits1:Maupassant,Bel-AmiDansBel-Ami,labr iseapp ortelesparfumsdu printempsjusque danslachambre deForestier,malade:"Lesoufflequientralessurprittouslestroiscommeunecaresse.C'étaitunebrisemolle,tiède,paisible,unebrisedeprintempsnourriedéjàparlesparfumsdesarbustesetdesfleurscapiteusesquipoussentsurcettecôte.Onydistinguaitungoûtpuissantderésineetl'âcresaveurdeseucalyptus.»(p.120)Madeleine,devenuel'épousedeDuroy,faitl'expérienceolfactivedesboistouffus,alorsqu'ellesepromèneavecsonmaridanssacampagnenatale:"Unesenteurdeterre,d'arbres,demousse,ceparfumfraisetvieuxdesboistouffus,faitdelasèvedesbourgeonsetdel'he rbemorte etmois iedesfourrés,semblai tdormirdanscette allée.Enl evantlatête,Madeleineapercevaitdesétoilesentrelessommetsdesarbres,etbienqu'aucunebriseneremuâtlesbranches,ellesentaitautourd'ellelavaguepalpitationdecetocéandefeuilles.»(p.153)Extraits2:Zola,LeVentredeParisDansl'alléeauxfleursdesHalles,c'estunemoissonodorante:"Là,toutl elong,lesbancs devente, commedes plates-bandesauxdeuxbor dsd'une ntier,fle urissent,épanouissentdegrosbouquets;c'estunemoissonodorante,deuxhaiesépaissesderoses,entrelesquelleslesfillesduquartieraimentàpasser,souriantes,unpeuétoufféesparlasenteurtropforte;et,enhautdesétalages,ilyadesfleursartificielles,desfeuillagesdepapieroùdesgouttesdegommefontdesgouttesderosée,descouronnesdecimetièreenperlesnoiresetblanchesquisemoirentderefletsbleus.Cadineouvraitsonnezroseavecdessensualitésdechatte;elles'arrêtaitdanscettefraîcheurdouce,emportaittoutcequ'ellepouvaitdeparfum.QuandellemettaitsonchignonsouslenezdeMarjolin,ildisaitqueçasentaitl'oeillet.Ellejuraitqu'elleneseservaitplusdepommade,qu'ilsuffisaitdepasserdansl'allée.Puis,elleintriguatellement,qu'elleentraauserviced'unedesmarchandes.Alors,Marjolintrouvaqu'ellesentaitbondespiedsàlatête.Ellevivaitdanslesroses,dansleslilas,danslesgiroflées,danslesmuguets.Lui,flairantsajupe,longuement,enmanièredejeu,semblaitchercher,finissaitpardire:"Çasentlemuguet.»Ilmontaitàlataille,aucorsage,reniflaitplusfort:"Çasentlagiroflée.»Etauxmanches,àlajointuredespoignets:"Çasentlelilas.»Etàlanuque,toutautourducou,surlesjoues,surleslèvres:"Çasentlarose.»Cadineriait,l'appelait"bêta,»luicriaitdefinir,parcequ'illuifaisaitdeschatouillesavecleboutdesonnez.Elleavaitunehaleinedejasmin.Elleétaitunbouquettièdeetvivant.»(p.133-134)

19L'olfactiondanslalittératureCadineesticicarrémentvégétalisée.D'ailleurs,sonhumeurseretrouvedanslesfleursdesesbouquetsetleurparfum:"LesmatinsoùellepinçaitMarjolin,oùelleletaquinaitàlefairepleurer,elleavaitdesbouquetsféroces,desbouquetsdefilleencolère,auxparfumsrudes,auxcouleursirritées.D'autresmatins,quandelleétaitattendrieparquelquepeineouparquelquejoie,elletrouvaitdesbouquetsd'ungrisd'argent,trèsdoux,voilés,d'uneodeurdiscrète.»(p.134)Extraits3:Gautier,EmauxetCaméesDansEmauxetCamées,Gautier,selaisseallerànoterdessensationsolfactives,commedansLaFleurquifaitlePrintemps:(...)"Adieu,jeparslasséd'attendre;Gardezvosbouquetséclatants!Uneautrefleursuaveettendre,Seuleàmesyeuxfaitleprintemps.Quemairemportesacorbeille!Ilmesuffitdecettefleur;Toujourspourl'âmeetpourl'abeilleElleadumielpurdanslecoeur.Parlecield'azuroudebrumeParlachaudeoufroidesaison,Ellesourit,charmeetparfume,Violettedelamaison!.»(LaFleurquifaitlePrintemps,p.88)Ailleurs,dansCaméliaetPâquerette,illouelafleurdesboisauparfummodeste:(...)BelledesaparureagresteS'épanouissantaucielbleu,EtversantsonparfummodestePourlasolitudeetpourDieu.SanstoucheràsonpurcaliceQu'agiteunfrissondepudeur,VousrespirezavecdéliceSonâmedanssafraîcheodeurEttulipesauportsuperbe,Caméliassicherpayés,Pourlapetitefleursousl'herbe,Enuninstant,sontoubliés!»(CaméliaetPâquerette,p.79-80)Mais,Gautier,grandvisuel,utiliselesodeurscommedessupportsdel'impressionoculaireplutôtquedelap erceptionolfactive.C'estainsique,dan sDiamantducoeur,le sachetrenfermantdesviolettesdeParmeestdestinéàréjouirlavueautantquel'odorat,grâceauchiffrequiyestbrodé:(...)"Cetautre,pours'enfaireuncharme,Dansunsachet,d'unchiffreorné,CouddesviolettesdeParme,Fraiscadeauqu'onreprendfané.»(Diamantducoeur,p.18)Extrait4:Verlaine,Enpatinant,inFêtesgalantes,OEuvresComplètes,t.1DansFêtesGalantes,Verlainenousinviteàuntendrebadinageetévoquedesintriguesamoureuses.DansEnPatinant,cesheureuxinstantssontévoquésàtraversleparfumdesfleurs:"LePrintempsavaitbienunpeuContribué,simamémoireEstbonne,àbrouillernotrejeu,Maisqued'unefaçonmoinsnoire!Tantlezéphirsouffle,moqueur,Dispersantl'aphrodisiaqueEffluve,ensortequelecoeurChômeetquemêmel'espritvaque,

1L'olfactiondanslalittérature"(...)Desfleurs!oh!sij'avaisdesfleurs!sijepouvaisAllersemerdeslyssurcesdeuxfroidschevets!Sijepouvaiscouvrirdefleursmonangepâle!Lesfleurssontl'or,l'azur,l'émeraude,l'opale!Lecercueilaumilieudesfleursveutsecoucher;Lesfleursaimentlamort,etDieulesfaittoucherParleurracineauxos,parleurparfumauxâmes.(...)»(AcellequiestrestéeenFrance,VII,t.1,p.238-239)Lesfleursontunegrandeimportancedanslerêvehugolien.Ellesluipermettentderêveraubonheurpasséetdeleréintégrer.Ellesévoquentlesjoiesetlesdouleursdevingt-cinqannéespassées,maisplusparlevisuelquel'olfactif.Extraits6:Proust,DucôtédechezSwannMarcelProusttiredelacontemplationdel'universunplaisirsensueljamaisdémenti.Danssonoeuvre,cen'estqueboufféedecouleurs,d'odeursetdesensationsmultiples.Ilnouspeintunmondequel'onrespire,quel'ongoûteetquel'ontouchecommepourl'absorber.Enusantdesessens,etenparticulierdel'odorat,ilfaitdelavieunecélébrationdechaqueinstant:"Quand,aumomentdequitterl'église,jem'agenouillaidevantl'autel,jesentistoutd'uncoup,enmerelevant,s'échapperdesaubépinesuneodeuramèreetdouced'amandes,etjeremarquaialorssurlesfleursdepetitesplacesplusblondes,souslesquellesjemefiguraiquedevaitêtrecachéecetteodeurcommesouslespartiesgratinéeslegoûtd'unefrangipaneousousleurstachesderousseurceluidesjouesdeMlleVinteuil.Malgrélasilencieuseimmobilitédesaubépines,cetteintermittenteodeurétaitcommelemurmuredeleurvieintensedontl'autelvibraitainsiqu'unehaieagresteonpensaitenvoyantcertainesétaminespresqueroussesquisemblaientavoirgardélavirulenceprintanière,lepouvoirirritant,d'insectesaujourd'huimétamorphosésenfleurs.»(p.88-89)"(...)quandilmefallutrejoindreencourantmonpèreetmongrand-pèrequim'appelaient,étonnésquejeneleseussepassuivisdanslepetitcheminquimonteversleschampsetoùilss'étaientengagés.Jeletrouvaitoutbourdonnantdel'odeurdesaubépines.Lahaieformaitcommeunesuitedechapellesquidisparaissaientsouslajonchéedeleursfleursamonceléesenreposoir;au-dessousd'elles,lesoleilposaitàterreunquadrillagedeclarté,commes'ilvenaitdetraverseruneverrière;leurparfums'étendaitaussionctueux,aussidélimitéensaformequesij'eusseétédevantl'auteldelaVierge,etlesfleurs,aussiparées,tenaientchacuned'unairdistraitsonétincelantbouquetd'étamines,finesetrayonnantesnervuresdestyleflamboyantcommecellesquiàl'égliseajouraientlarampedujubéoulesmeneauxduvitrailetquis'épanouissaientenblanchechairdefleurdefraisier.»(p.108)"Lahaie laissaitvoir àl'intérieurduparcuneall éebordéedejas mins, depenséesetdeverveinesentrelesquellesdesgirofléesouvraientleurboursefraîche,duroseodorantetpasséd'uncuiranciendeCordoue,tandisquesurlegravierunlongtuyaud'arrosagepeintenvert,déroulantsescircuits,dressaitauxpointsoùilétaitpercéau-dessusdesfleursdontilimbibaitlesparfumsl'éventailverticaletprismatiquedesesgouttelettesmulticolores.»(p.110)Lenarrateuresticienchantéparl'odeurdesaubépines.Lasensibilitéàcetteodeurestpourluiungestedeferveurquasireligieuse.Extraits7:Flaubert,SalammbôDansSalammbô,Flaubertévoquedesplantesexotiquesetlessubstancesquel'onentire,comme:legalbanum,sortederésinéàodeurbalsamiquedontsesertHamonpoursefairemasseretlestyrax,plantetropicalequifournitlebenjoinetlarésineappeléeelle-mêmestyrax:

L'olfactiondanslalittérature"Onentenditunbruitderâteauxetdefourneaux.L'encensfumaplusfortdansleslargescassolettes,etlesmasseurstoutnus,quisuaientcommedeséponges,luiécrasèrentsurlesarticulationsunepâtecomposéeavecdufroment,dusoufre,duvinnoir,dulaitdechienne,delamyrrhe,dugalbanumetdustyrax.»(p.75)Plusloin,leChef-des-odeurs-suavesproposediversparfumsàsonmaîtreHamilcar,commelemétopionetlebaccaris(oubaccar):"Deshommesnuspétrissaientdespâtes,broyaientdesherbes,agitaientdescharbons,versaientdel'huiledansdesjarres,ouvraientetfermaientlespetitescellulesovoïdescreuséestoutautourdelamurailleetsinombreusesquel'appartementressemblaitàl'intérieurd'uneruche.Dumyrobalon,dubdellium,dusafranetdesviolettesendébordaient.Partoutétaientéparpilléesdesgommes,despoudres,desracines,desfiolesdeverre,desbranch esdefilip endule,despétalesderos es;et l'onétouffaitdanslessenteurs,ma lgrélestourbillonsdustyraxquigrésillaitaumilieusuruntrépiedd'airain.LeChef-des-odeurs-suaves,pâleetlongcommeunflambeaudecire,s'avançaversHamilcarpourécraserdanssesmainsunrouleaudemétopion,tandisquedeuxautresluifrottaientlestalonsavecdesfeuillesdebaccaris.Illesrepoussa;c'étaientdesCyrénéensdemoeursinfâmes,maisquel'onconsidéraitàcausedeleurssecrets.Afindemontr ersavig ilance,leChef-des-odeursoffritauS uffète,surunec uillèred 'électrum,un peudemalobathreàgoûter;puisavecunealèneilperçatroisbesoarsindiens.Lemaître,quisavaitlesartifices,pritunecornepleinedebaume,etl'ayantapprochéedescharbonsillapenchasursarobe;unetachebruneyparut,c'étaitunefraude.AlorsilconsidéraleChef-des-odeursfixement,etsansriendireluijetalacornedegazelleenpleinvisage.»(p.100-101)Extraits8:Huysmans,AReboursDansARebo urs,Des Esseintes,e sthètereclusparchoix,parfaitoisif,un peudécadent,explorelemondeàtraverssessens,notammentl'odorat.Ilesthabiledanslasciencedel'odoratetvoueauxflagr ances uneattentiontoutep articulièr e.Grâceàsonorgueàparfums,ilcréedescontrefaçonsdeparfumsdefleurs.Pourlui,unparfumdoitêtrebeau:"Ilétait,depuisdesannées,habiledanslascienceduflair;ilpensaitquel'odoratpouvaitéprouverdesjouissanceségalesàcellesdel'ouïeetdelavue,chaquesensétantsusceptible,parsuited'unedispositionnaturelleetd'uneéruditeculture,depercevoirdesimpressionsnouvelles,delesdécupler,delescoordonner,d'encomposercetoutquiconstitueuneoeuvre;etiln'étaitpas,ensomme,plusanormalqu'unartexistât,endégageantd'odorantsfluides,qued'autres,end étachantdes ondessonores,ouenfrappa ntderayo nsdiversementcoloréslarétined'unoeil;seulement,sipersonnenepeutdiscerner,sansuneintuitionparticulièredéveloppéeparl'étude,unepeinturedegrandmaîtred'unecroûte,unairdeBeethovend'unairdeClapisson,personne,nonplus,nepeut,sansuneinitiationpréalable,nepointconfondre,aupremierabord,unbouquetcrééparunsincèreartiste,avecunpot-pourrifabriquéparunindustriel,pourlaventedesépiceriesetdesbazars.Danscetartdesparfums,uncôtél'avait,entretous,séduit,celuidelaprécisionfactice.Presquejamais,eneffet,lesparfumsnesontissusdesfleursdontilsportentlenom;l'artistequioseraitemprunteràlaseulenatureseséléments,neproduiraitqu'uneoeuvrebâtarde,sansvérité,sansstyle,attenduquel'essenceobtenueparladistillationdesfleursnesauraitoffrirqu'unetrèslointaineettrèsvulgaireanalogieavecl'arômemêmedelafleurvivante,épandantseseffluves,enpleineterre.Aussi,àl'exceptiondel'inimitablejasmin,quin'accepteaucunecontrefaçon,aucunesimilitude,quirepoussejusqu'auxàpeuprès,touteslesfleurssontexactementreprésentéespardesalliancesd'alcoolatsetd'esprits,dérobantaumodèlesapersonnalitémêmeetyajoutantcerien,cetonenplus,cefumetcapiteux,cettetoucherarequiqualifieuneoeuvred'art.Enrésumé,danslaparfumerie,l'artisteachèvel'odeurinitialedelanaturedontiltaillelasenteur,etillamonteainsiqu'unjoaillierépurel'eaud'unepierreetlafaitvaloir.».»(p.77-78)"(...)voulantfabriquerdehéliotrope,ilsoupesadesflaconsd'amandeetdevanille,puisilchangead'idéeetserésolutàaborderlepoisdesenteur.

L'olfactiondanslalittératureLesexpressions,lesprocédésluiéchappaient;iltâtonna;ensomme,danslafragrancedecettefleur,l'orangerdomine:iltentadeplusieurscombinaisonsetilfinitparatteindreletonjuste,enjoignantàl'orangerdelatubéreuseetdelarosequ'illiaparunegouttedevanille.»(p.80)Extraits9:Zola,LaCuréeEnfin,leparfumdesfleurspeutêtreunevéritableinvitationàl'amour,commeceluidesfleursdanslaserredeLaCurée:"UnpieddeVanille,dontlesgoussesmûresexhalaientdessenteurspénétrantes,couraitsurlarondeurd'unportiquegarnidemousse. (...)Il yavait lesSabotsdeVénus;dont la fleurressem bleàunepantoufl emerveilleuse,garnieautalond'ailesdelibellules;lesAEridès,sitendrementparfumées;lesStanhopéa,auxfleurspâles,tigrées,quisoufflentauloin,commedesgorgesamèresdeconvalescent,unehaleineâcreetforte.(...)Unamourimmense,unbesoindevolupté,flottaitdanscettenefclose,oùbouillaitlasèveardentedestropiques.Lajeunefemmeétaitprisedanscesnocespuissantesdelaterre,quiengendraientautourd'ellecesverduresnoires,cestigescolossales;etlescouchesâcresdecettemerdefeu,cetépanouissementdeforêt,cetasdevégétations,toutesbrûlantesdesentraillesquilesnourrissaient,luijetaientdeseffluvestroublants,chargésd'ivresse.Àsespieds,lebassin,lamassed'eauchaude,épaissieparlessucsdesracinesflottantes,fumait,mettaitàsesépaulesunmanteaudevapeurslourdes,unebuéequiluichauffaitlapeau,commel'attouchementd'unemainmoitedevolupté.Sursatête,ellesentaitlejetdesPalmiers,leshautsfeuillagessecouantleurarôme.Etplusquel'étouffementchauddel'air,plusquelesclartésvives,plusquelesfleurslarges,éclatantes,pareillesàdesvisagesriantougrimaçantentrelesfeuilles,c'étaitsurtoutlesodeursquilabrisaient.»(p.30-31)Dansceroman,lessensationsolfactivessontassezpeunombreuses,maisellessontpresquetoutesfortementsexualisées,et,quandellesn'émanentpasdeRenée,ellesémanentdesplantestropicalesdelaserredontlesparfumsatteignentàleurparoxysme:"S'ilsavaientfer mélesyeux,silachaleur suffocanteet lalumièr epâlen'avaient pasmiseneuxunedépravationdetouslessens,lesodeurseussentsuffiàlesjeterdansunéréthismenerveuxextraordinaire.Lebassinlesmouillaitd'unesenteurâcre,profonde,oùpassaientlesmilleparfumsdesfleursetdesverdures.Parinstants,laVanillechantaitavecdesroucoulementsderamier;puisarrivaientlesnotesrudesdesStanhopéa,dontlesbouchestigréesontunehaleineforteetamèredeconvalescent.LesOrchidées,dansleurscorbeillesqueretenaientdeschaînettes,exhalaientleurssouffles,semblablesàdesencensoirsvivants.»(p.136-137)2.3.L'odeur,expressiondelapuanteurL'odeurpeutêtrel'expressiondelapuanteur,soitpourrendreplusréalisteunedescription,soitpourprovoquerlelecteur.2.3.1L'odeur,élémentdeladescriptionréalisteLesécrivainsréalistesetnaturalistesoffrentauxmauvaisesodeursuneplacedechoixdansleursoeuvres.Eneffet,c'estparticulièrementlapuanteurquidonnecorpsàladescriptionréalisteetauxclassespopulairesquiontdésormaisdroitdecitéenlittérature.Extrait1:Balzac,lePèreGoriotLaComédiehumaineestl'exactrefletdelahantisedespopulationscontemporainesquiviventdanslacraintedumiasmenocif,générateurdemaladieetdemort.Leputrideétant

L'olfactiondanslalittératureconsidérécommeextrêmementdangereux,ilestimportantdesedébarrasserdesordures,commelefaitlacuisinièredansLePèreGoriot:"Derrièrelebâtimentestunecourslarged'environvingtpieds,oùviventenbonneintelligencedescochons,despoules,deslapins,etaufonddelaquelles'élèveunhangaràserrerlebois.Entrecehangaretlafenêtredelacuisinesesuspendlegarde-manger,au-dessousduqueltombentleseauxgrassesdel'évier.Cettecourasurlarue Neuve-Sainte-Genevièveuneporteétroite paroùlac uisinièrechasse lesorduresdelamaison ennettoyantcettesentineàgrandrenfortd'eau,souspeinedepestilence.»(p.3)Extraits2:Balzac,CésarBirotteauDansCésarBirotteau,lesparfumssonttrèsrares.Balzacpeintunboutiquierplusqu'unparfumeur,c'estpourquoi,contrairementàcequel'onpourraits'attendre,ilnes'étendpassurlemondedesparfums.Lorsqu'ils'arrêtesurlesodeurs,c'estplussurlesmauvaises,cellesdescorpsetdeslieux.Ilexploitetoutparticulièrementlarépugnancesuscitéeparlesexhalaisonsnauséabondesetl'idéedefauteassociéeàlapuanteur.Avantmêmequ'ilmetteenscènelesexactionsdeRoguin,ilnousapprendqu'ilestpunais(p.11),c'est-à-direatteintde"punaisie»,maladie rhinologiquequi peutêtrevénérienneetquiprovoqueun écoulementd'odeurrepoussante.Puis,ilnousfaitsonportrait:"Lorsqu'unhommeseplongedanslafangedesexcès,ilestdifficilequesafigurenesoitpasfangeuseenquelqueendroit;aussilescontoursdesrides,lachaleurduteintétaient-ils,chezRoguin,sansnoblesse;aulieudecettelueurpurequiflambesouslestissusdeshommescontenusetleurimprimeunefleurdesanté,l'onentrevoyaitchezluil'impuretéd'unsangfouettépardeseffortscontrelesquelsregimbelecorps.Sonnezétaitignoblementretroussé,commeceluidesgenschezlesquelsleshumeurs,enprenantlaroutedecetorgane,produisentuneinfirmitésecrètequ'unevertueusereinedeFrancecroyaitnaïvementêtreunmalheurcommunàl'espèce,n'ayantjamaisapprochéd'autrehommequeleroid'assezprèspourreconnaîtresonerreur.Enprisantbeaucoupdetabacd' Espagne,Roguin avaitcrudis simulersonincommodi té,il enavaitaugmenté lesinconvénientsquifurentlaprincipalecausedesesmalheurs.N'est-cepasuneflatteriesocialeunpeutropprolongéequedetoujourspeindreleshommessousdefaussescouleurs,etdenepasrévélerquelques-unsdesvraisprincipesdeleursvicissitudes,sisouventcauséesparlamaladie?Lemalphysique,considérédanssesravagesmoraux,examinédanssesinfluencessurlemécanismedelavie,apeut-êtreétéjusqu'icitropnégligéparleshistoriensdesmoeurs.MadameCésaravaitbiendevinélesecretduménage.Dèslapremièrenuitdesesnoces,lacharmantefilleuniquedubanquierChevrelavaitconçupourlepauvrenotaireuneinsurmontableantipathie,etvoulutaussitôtrequérirledivorce.»(p.39)D'autrepart,chezBalzac ,l'escalier sale,obscur etnauséabondest unmotifrécurrent.Citons,celuiquedoitgrimperCésarBirotteaupourserendrechezl'usurierGigonnet,rueGreneta.L'ascensionduparfumeurmarquel'unedesétapesdécisivesdesadéchéanceetluienfaitprendredouloureusementettrèsconcrètementconscience:"ExceptéGigonnet,tousleslocatairesexerçaientunétat.Ilvenait,ilsortaitcontinuellementdesouvriers.Lesmarchesétaientdoncrevêtuesd'unecouchedeboucdureoumolle,augrédel'atmosphère,etoùséjournaientdesimmondices.Surcefétideescalier,chaquepalieroffraitauxyeuxlesnouasdufabricantécritsenorsurunetôlepeinteenrougeetvernie,avecdeséchantillonsdeseschefs-d'oeuvre.»(p.176)Deplus,toutcequientourelafabricationdesparfums(commel'essencedenoisette)etdesproduitscosmétiquesoubienleslieuxdeleurventeémetdesodeursnauséabondes:"Aprèsuneheurederecherchés,Birotteau,renvoyédesdamesdelaHalleàlaruedesLombards,oùseconsommaientlesnoisettespourlesdragées,appritparsesamislesMatifatquelefruitsecn'étaittenuengrosqueparune certai nemadame AngéliqueMa dou,demeurantruePerri n-Gasselin,seulemaisonoùse trouvassentlavéritableavelinedeProvenceetlavraienoisetteblanchedesAlpes.LaruePerrin-Gasselinestundessentiersdulabyrinthecarrémentenferméparlequai,larueSaint-Denis,laruedelaFerronnerieetlaruedelaMonnaie,etquiestcommelesentraillesdelaville.Ilygrouilleunnombreinfini

5L'olfactiondanslalittératuredemarchandiseshétérogènesetmêlées,puantesetcoquettes,leharengetlamousseline,lasoieetlesmiels,lesbeurresetlestulles,surtoutdepetitscommercesdontParisnesedoutepas(...)»(p.61-62)"Anselmetravaille,lecherenfant,àsetuer.Cetteruesansairetsanssoleil,cettepuanteruedesCinq-Diamantsm'effraie;leruisseauesttoujoursbleu,vertounoir»(p.87)"Troischambresdélabrées,quin'avaientd'autreaspectqueceluidelacourirrégulière,sombre,entouréedemurailles,oùl'humidité,parletempsleplussec,leurdonnaitl'aird'êtrefraîchementbadigeonnées;unecour,entrelespavésdelaquelleilsetrouvaitunecrassenoireetpuantelaisséeparleséjourdesmélassesetdessucresbruts.»(p.92)Mêmel'espritpeusentirmauvais:"MonsieurMolineuxétaitunpetitrentiergrotesque,quin'existequ'àParis,commeuncertainlichennecroîtqu'enIslande.(...)Aupremieraspect,cetteplantehumaine,ombellifère,vulacasquettebleuetubuléequilacouronnait,àtigeentouréed'unpantalonverdâtre,àracinesbulbeusesenveloppéesdechaussonsenlisière,offraitunephysionomieblanchâtreetplatequicertesnetrahissaitriendevénéneux.(...)Lamalfaisancedecettefleurhybrideneserévélaiteneffetqueparl'usage;pourêtreéprouvée,sanauséabondeamertumevoulaitlacoctiond'uncommercequelconqueoùsesintérêtssetrouvaientmêlésàceuxdeshommes.»(p.55)ChezBalzac,lamauvaiseodeurestlesignetangibledelacorruptionetdelaméchanceté.Elleestunfacteurdediscriminationentrelebienetlemal.Extraits3:Maupassant,PierreetJeanDansPierreetJean,Maupas santutiliselesodeu rsnauséabondespourd écriredes lieuxréalistes,enrelationavecl'é tatd'âmede Pierre.Celui-ci,anéantipar lanouvellede l'héritagedesonfrère,sepromènedanslesruesmalodorantes:"Ilsortitdebonneheureetseremitàrôderparlesrues.Ellesétaientenseveliessouslebrouillardquirendaitpesante,opaqueetnauséabondelanuitoneûtditunearméepestilentielleabattuesurlaterre.Onlavoyaitpassersurlesbecsdegazqu'elleparaissaitéteindreparmoments.Lespavésdesruesdevenaientglissantscommeparlessoirsdeverglas,ettouteslesmauvaisesodeurssemblaientsortirduventredesmaisons,puanteursdescaves,desfosses,deségouts,descuisinespauvres,poursemêleràl'affreusesenteurdecettebrumeerrante.»(p.49)EmbarquésurlebateauLaLorraine,Pierredécouvrelapuanteurdesémigrantsentassésdanslacale:"Ledocteurallaitpasserdanslapartiedunavireréservéequotesdbs_dbs44.pdfusesText_44

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