La perspective actionnelle
Dès 1980 l'approche communicative prend la place. Freinet (? http://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9dagogie_Freinet) qui mettait
Christian Puren
DE L'APPROCHE COMMUNICATIVE À LA PERSPECTIVE ACTIONNELLE. ET DE L'INTERCULTUREL AU CO-CULTUREL par Christian Puren. Professeur à l'Université de Tallinn
POUR UNE APPROCHE COMMUNICATIVE DE LENSEIGNEMENT
Une approche communicative de l'enseignement des langues et apprentissage des langues. Traduit par Katsy et Blamont. Paris. Lal Credif.Hatier
LES THÉORIES LINGUISTIQUES LES PRATIQUES
Mar 10 2010 nécessaire à l'étude détaillée de l'approche communicative dans son ... sont inspirés ou citées des sites http://fr.wikipedia.org. et.
Les approches actionnelles et par compétences en didactique du
2 - L'approche communicative. L'approche communicative (dite tout d'abord « fonctionnelle/ notionnelle ») s'est développée en France à partir de la fin des.
FSL Module 3 Approche actionnelle
L'évolution des approches dans l'enseignement des langues. 4. Approche communicative. 5. Approche actionnelle. 5. La communication un geste social.
LENSEIGNEMENT ET LAPPRENTISSAGE DU FRANÇAIS
Selon Porcher (1990) l'approche communicative a son origine dans les besoins D'après Wikipédia
Lapproche interculturelle en didactique du FLE
BÉRARD 1991
Lapproche actionnelle: une démarche motivante en didactique des
L'approche actionnelle marque une évolution de l'approche communicative. Certains parlent de continuité d'autres de rupture cf le.
PDF-XChange 4.0 Examples
I-1-Essai de définition de l'approche communicative :… Altavista.fr? wikipédia? compétence linguistique de Chomsky. 2- http??.
ET DE L'INTERCULTUREL AU CO-CULTUREL
par Christian PurenProfesseur à l'Université de Tallinn (Estonie) et à l'Université de Saint-Étienne (France)
christian.puren@univ-st-etienne.fr CELEC-CEDICLEC (Université de Saint-Étienne)SOMMAIRE
1. Introduction........................................................................
....................................22. Modèle d'évolution historique des configurations didactiques...........................................3
3. Commentaires du modèle........................................................................
..................43.1 " Action » comme agir social versus " tâche » comme agir scolaire............................4
3.2 Modification de l'action sociale de référence et ruptures méthodologiques....................4
3.3 La " perspective actionnelle » comme relation entre action de référence et tâche de
3.4 La relation entre perspective actionnelle et perspective culturelle...............................7
3.5 Des représentations de l'Autre aux conceptions de l'action avec l'Autre.......................9
4. Diversités........................................................................
......................................104.1 Diversité des approches interculturelles................................................................10
4.2 Diversité des méthodes de l'éducation interculturelle..............................................11
4.3 Diversité du " culturel » dans l'éducation interculturelle..........................................11
4.4 Diversité des objectifs sociaux de référence...........................................................12
4.5 Diversité des " entrées » didactiques...................................................................13
4.6 Diversité des réglages objet-sujet........................................................................
135. Conclusion........................................................................
.....................................146. Bibliographie........................................................................
..................................15 1 21. Introduction
Cela fait maintenant trois bonnes décennies que l'approche interculturelle a émergé en didacti-
que des langues-cultures, et vingt ans au moins qu'elle s'y est imposée comme orientation dominante. Du moins dans les colloques et publications des didacticiens, parce que sa pré- sence est restée bien plus discrète dans les manuels (où l'on voit plus de transmission de connaissances que d'activités proposées aux apprenants eux-mêmes sur leurs représenta- tions) 1 , et plus encore sans doute dans les salles de classe : le moment serait d'autant plus propice à un bilan critique que la " configuration didactique » dans le cadre duquel cette ap- proche est apparue, est en train d'être remplacée par une autre, et qu'on peut de ce fait l'aborder maintenant avec le recul historique nécessaire non seulement par rapport à cettetoute dernière évolution, mais par rapport aux approches culturelles antérieures. C'est cette
mise en perspective historique que je me propose d'effectuer dans le présent article. 2Les " configurations didactiques » sont des cohérences historiques constituées par des rela-
tions étroites qui ont pu s'établir à certains moments entre un objectif social de référence, une
action de référence, une tâche de référence, et enfin la construction didactique correspon-
dante. Le tableau suivant modélise l'évolution de ces configurations didactiques en France de- puis un siècle 3 1On trouve de nombreuses propositions systématiques d'activités interculturelles dans des manuels spé-
cialisés dans cette approche, comme ceux de BERTOCCHINI P. et al. 1994, CAIN A. et al. 1996 ou encore
HUBER-KRIEGLER M. et al. 2005. Pour des exemples tirés d'une dizaine de manuels différents, voir
FENNER Anne-Britt, NEWBY David 2002.
2Je reprends dans le présent article des idées et des contenus que j'ai développés depuis quelques an-
nées dans différents article, en particulier ceux de 1998, 2002, 2005 et 2006(a, b, c, d). 3Cette évolution est sans doute en partie différente dans les autres pays européens, mais j'ai
l'impression (qui serait à confirmer ou infirmer par des recherches spécifiques) est qu'elle est en grande
partie commune.2. Modèle d'évolution historique des configurations didactiques
Compétences sociales de référence
langagière culturelleActions
sociales de référenceTâches
scolaires de référenceConstructions
didactiques correspondantes 1. capacité à relire les grandstextes classiques capacité à entretenir sa formation d'honnête homme en se replongeant dans ces grands textes pour y recon-naître et partager les valeurs univer-
selles qui constituent le " fonds com- mun d'humanité » (É. Durkheim) :compétence transculturelle lire traduire (= lire, en paradigme indirect) méthodologie traditionnelle (XIX
e siècle) 2. capacité à entretenir à dis- tance un contact avec la langue-culture étrangère à partir de documents authen- tiques capacité à mobiliser les connaissances sur la culture des autres : compé- tence métaculturelle parler sur" explication de textes » au moyen d'une série de tâches en langue cible (paradigme direct) : paraphraser, analyser, interpréter, extrapoler, comparer, réagir, transposer méthodologie directe pour le se-cond cycle scolaire (1900-1910) et méthodologie active (1920-1960)
parler avec -simulations et jeux de rôles 3. capacité à échanger ponc- tuellement des informations avec des étrangers capacité à maîtriser les représenta- tions croisées dans l'interaction avec les autres : compétence intercultu- relle agir sur -actes de parole approche communicative (1980-1990) 4. capacité à cohabiter en per- manence avec des étrangers ou des compatriotes de cultures différentes capacité à comprendre les comporte- ments des autres et adopter des comportements communs acceptables dans une société culturellement di- verse : compétence multiculturellevivre avec activités de médiation entre des langues et des cultures différentes : interprétation, reformula-
tion, résumés, périphrases, équivalences,... didactique du plurilinguisme (1990-?) compétence plurilingue et pluri- culturelle et compétence de mé- diation dans le CECRL (2000-?) 5. capacité à travailler dans la durée en langue étrangère avec des locuteurs natifs etnon natifs de cette langue capacité à élaborer avec les autres des conceptions communes de l'action
collective sur la base de valeurs contextuelles partagées : compé- tence co-culturelle agir avec actions collectives à dimension collective (acti-vités de type " pédagogie du projet) ébauche d'une " perspective ac-tionnelle » » dans le CECRL
(2000-?) 33. Commentaires du modèle
Les différents exemples historiques donnés dans ce modèle suffisent à mon avis pour définir
les concepts utilisés dans les titres de ses cinq colonnes. 4Je passerai donc directement aux
quelques commentaires qui me semblent indispensables pour mon propos, présentés ici dans un ordre non significatif.3.1 " Action » comme agir social versus " tâche » comme agir scolaire
Ni en langue courante (français ou espagnol), ni dans le Cadre européen commun de référence
pour les langues (CECRL), n'est faite la distinction que je propose ici entre action dans le sensde l'agir " social » ou " d'usage », et tâche dans le sens de l'agir " scolaire » ou " d'apprentis-
sage ». Voici en effet comment est définie la nouvelle " perspective actionnelle » par les au-
teurs du CECRL : Un cadre de référence pour l'apprentissage, l'enseignement et l'évaluation des langues vivantes, transparent, cohérent et aussi exhaustif que possible, doit se situer par rap-port à une représentation d'ensemble très générale de l'usage et de l'apprentissage des
langues. La perspective privilégiée ici est, très généralement aussi, de type actionnel en
ce qu'elle considère avant tout l'usager et l'apprenant d'une langue comme des acteurs sociaux ayant à accomplir des tâches (qui ne sont pas seulement langagières) dans des circonstances et un environnement donné, à l'intérieur d'un domaine d'action particu- lier. Si les actes de parole se réalisent dans des activités langagières, celles-ci s'inscrivent elles-mêmes à l'intérieur d'actions en contexte social qui seules leur don- nent leur pleine signification. Il y a tâche dans la mesure où l'action est le fait d'un (ou de plusieurs) sujet(s) qui y mobilise(nt) stratégiquement des compétences dont il(s) dispose(nt) en vue de parvenir à un résultat déterminé. (CECRL, chap. 2.1, p. 15) On voit que les auteurs du CECRL ne proposent pas de termes différents pour désigner l'agird'apprentissage et l'agir d'usage : ils utilisent indistinctement " action », " tâche » et " activi-
té », sans doute sous l'influence de l'approche communicative, dont l'exercice de référence, la
simulation, vise précisément à neutraliser la différence entre activité scolaire et activité so-
ciale ; on y demande en effet aux apprenants de faire en classe comme s'ils étaient des usa-gers en société. Mais à partir du moment où ces auteurs du CECRL (très sainement, à mon
avis, et enfin !) établissent la différence entre usager/usage et apprenant/apprentissage, ilaurait été nécessaire qu'ils distinguent conceptuellement entre les deux types d'agir. Je pro-
pose pour ma part " agir » et " activité » comme concepts génériques, " action » pour
l'agir/l'activité d'usage ou social, et " tâche » pour l'agir/l'activité d'apprentissage ou scolaire.
3.2 Modification de l'action sociale de référence et ruptures méthodologiques
C'est la recherche constante de la relation la plus étroite possible entre l'action de référence et
la tâche de référence qui explique le mécanisme historique des ruptures historiques entre
construction méthodologique et la suivante : une modification qualitative de l'objectif social deréférence provoque en chaîne la modification de l'action de référence, de la tâche de référence
puis de la construction didactique, celle-ci apparaissant désormais comme inefficace parce qu'inadaptée. La succession suivante des paragraphes de la Circulaire relative à l'enseignement des languespubliée le 15 novembre 1901 par le Ministère de l'Instruction publique français met parfaite-
ment en évidence un tel mécanisme : 4Je signalerai seulement que le concept d' " action sociale de référence » est proche de celui de " prati-
que sociale de référence » utilisé depuis les années 1980 par les didacticiens de certaines disciplines (les
sciences, les Arts plastiques, l'éducation physique et sportive,...). 4 L'enseignement des langues, malgré les progrès accomplis ces dernières années, n'a pas produit les résultats que nous étions en droit d'attendre du zèle et du savoir de nos maîtres. Nos bons élèves font bien des versions et des thèmes, mais peu d'entre eux se- raient capables de rédiger sans effort une correspondance ou de soutenir une conversa- tion. Or le but principal de l'enseignement des langues étrangères est d'apprendre à les parler et à les écrire. Si ce but n'est pas atteint au terme du cours d'études, l'enseignement a échoué. La connaissance pratique des langues vivantes est devenue une nécessité pour le commerçant et l'industriel aussi bien que pour le savant et le lettré. Au lycée et au collège, les langues vivantes ne doivent donc pas être enseignées comme les langues mortes. On ne doit pas en faire un instrument de culture littéraire ou de gymnastique intellectuelle. Il faut employer la méthode qui donnera le plus sûrement et le plus rapidement à l'élève la possession effective de ces langues.Cette méthode, c'est la méthode directe.
Ce qui apparaît clairement dans ce passage, en effet, c'est que la perception des contre- performances de la méthodologie traditionnelle en vigueur vient du fait que celle-ci se retrouve ne plus correspondre au nouvel agir social visé dans la méthodologie directe : alors qu'ils'agissait auparavant de traduire les langues étrangères pour les lire, il s'agit désormais de les
parler et de les écrire ; alors que les langues étrangères étaient jusqu'alors un instrument de
formation intellectuelle et littéraire, on veut désormais qu'elles soient un instrument de " connaissance pratique ». Cet instrument de connaissance, et tout le processus correspondant d'appropriation de cetteconnaissance, vont forcément être conçus en fonction de l'objectif social de référence :
- Dans la méthodologie active, cet objectif social de référence était l'entretien du contact avec
la langue-culture étrangère au moyen de documents authentiques : textes littéraires, encore,
mais aussi articles de journaux et de revues, émissions de radio et de télévision,... L'agir sco-
laire de référence, à savoir " l'explication de textes » à la française, correspond précisément à
un ensemble de tâches supposées permettre d'exploiter au mieux chaque document pour cet objectif social. 5- C'est lorsque l'objectif social de référence est devenu celui de préparer les élèves à ren-
contrer occasionnellement des natifs de la langue-culture étrangère (au cours de voyages ponctuels, en particulier de tourisme) qu'est apparue l'approche communicative (travaux duConseil de l'Europe du début des années 70, avec la publication des différents Niveaux seuils) :
lorsque l'on rencontre des gens que l'on ne connaissait pas et que l'on sait devoir quitter trèsvite, l'enjeu langagier naturel est l'échange d'informations. Cet échange communicatif est cer-
tes influencé par les effets produits entre interlocuteurs par leurs intentions de communication, mais cette " interaction » est fondamentalement action de chacun sur l'autre (cf. la notion d' " acte de parole »), et non action commune, comme dans la toute dernière configuration didactique, la " perspective actionnelle » ébauchée en 2001 dans le CECRL.- Dans les années 90, l'objectif social de référence se déplace à nouveau, et c'est celui de pré-
parer les élèves à cohabiter harmonieusement dans une société qui est de plus en plus multi-
lingue et multiculturelle. C'est la " compétence plurilingue et pluriculturelle » présentée ainsi dans le chapitre 6.1.3 du CECRL :La compétence plurilingue est la capacité d'acteurs sociaux à gérer les situations où,
" dans leurs langue et culture premières, (ils) sont, au cours du processus de socialisa-tion, exposés à différentes variétés linguistiques et à la différenciation culturelle interne
à toute société complexe ». [...]
Suivant la trajectoire professionnelle de l'acteur social considéré, son histoire familiale, ses voyages, ses lectures et ses loisirs, des modifications sensibles viennent affecter sa 5Pour une analyse détaillée de ces tâches dans l'explication de textes, je renvoie à mon article de 2006.
5 biographie linguistique et culturelle, modifier les formes de déséquilibre de son plurilin- guisme, rendre plus complexe son expérience de la pluralité des cultures. [...] Cette compétence se caractérise aussi par le fait que, dans sa mise en oeuvre, les ca- pacités et connaissances tant générales que langagières (que possède un individu sontsollicitées de manière différenciée. Par exemple, les stratégies mobilisées pour la réali-
sation de tâches à dimensions langagières peuvent varier suivant les langues auxquelles il est fait recours. Ainsi, des savoir-être soulignant l'ouverture, la convivialité, la bonne volonté (dans la gestuelle, les mimiques, la proxémique générale) peuvent, dans une langue dont on maîtrise mal la composante linguistique, compenser cette relative défi- cience au cours de l'interaction avec un natif, alors que, dans la langue mieux maîtri-sée, le même acteur pourrait avoir une attitude plus distante ou plus réservée. La tâche
pourra aussi être redéfinie, le message linguistique redimensionné ou redistribué diffé-
remment en fonction des ressources d'expression dont on dispose effectivement ou de la représentation qu'on se fait de ces ressources. Autre trait d'une compétence plurilingue et pluriculturelle : ne consistant pas en une simple addition de compétences monolingues, elle autorise des combinaisons, des al- ternances, des jeux sur plusieurs tableaux. Il est possible de procéder à des change- ments de codes en cours de message, de recourir à des formes de parler bilingue. Un même répertoire, plus riche, autorise donc aussi des choix, des stratégies d'accomplissement de tâches, reposant sur cette variation interlinguistique, ces chan- gements de langue, lorsque les circonstances le permettent. (p. 105) - Enfin, la " perspective actionnelle » du même CECRL amorce simultanément la prise encompte d'un nouvel objectif social lié aux progrès de l'intégration européenne, celui qui consis-
te à préparer les apprenants à travailler, dans leur propre pays ou dans un pays étranger, avec
des natifs de différentes langues-cultures ét rangères, comme c'est déjà le cas par exemple dans des entreprises multinationales, ou dans des Universités où des étudiants de tous pays étudient ensemble dans la langue du pays d'accueil. Il ne s'agit plus seulement de communi- quer avec l'Autre (de s'informer et d'informer) mais d'agir avec l'Autre en langue étrangère ; ce qui implique non plus seulement d'avoir une bonne image de lui - des représentations posi- tives-, comme dans l'approche interculturelle liée à l'approche communicative, mais de parta- ger avec lui les mêmes conceptions de l'action commune, c'est-à-dire les mêmes finalités 6 objectifs, principes, normes, méthodes et modes d'évaluation de l'action commune. Si le principe d'homologie action-tâche continue à fonctionner, ce qui s'annonce avec cetteperspective que je propose d'appeler plus précisément " co-actionnelle », c'est une réactiva-
tion très forte de la dite " pédagogie du projet », dont le principe de base est précisément de
donner sens et cohérence à l'apprentissage des apprenants en les faisant se mobiliser sur des actions collectives à dimension collectives. 73.3 La " perspective actionnelle » comme relation entre action de référence et
tâche de référence Une première constante historique en Didactique des langues-cultures est la recherche de larelation la plus étroite possible entre l'action langagière de référence et la tâche langagière de
référence, la fonction première de toute construction didactique étant précisément de cons-
truire concrètement cette relation fondamentale dans les matériels et dans la salle de classe. 6Ce qui implique les mêmes valeurs ; contrairement aux valeurs humanistes, ces nouvelles valeurs ne
sont pas considérées comme universelles, mais relatives au type d'action commune et à son environne-
ment, comme celles auxquelles on pense lorsque l'on parle de " culture scolaire » ou de " culture d'entreprise ». 7Pour une bibliographie de départ sur la notion de projet, voir BORDALLO I. & GINESTET J.-P. 1995 dans
une perspective pédagogique, BOUTINET J.-P. 2001 dans une perspective anthropologique, et enfin, dans
un domaine ou le projet est systématiquement utilisé et a été sans doute le mieux théorisé - celui du
management d'entreprise -, GAREL G. 2004. Ces trois textes ont en outre l'intérêt d'aborder le projet de
manière à la fois historique et critique. 6- Dans la méthodologie traditionnelle (configuration didactique n° 1), on est en régime de pa-
radigme indirect, c'est-à-dire que l'on considère que parler une langue étrangère, c'est penser
en langue maternelle et traduire simultanément en langue étrangère, que c'est, en d'autrestermes, faire un thème oral instantané plus ou moins inconscient ; parallèlement, lire en lan-
gue étrangère, c'est faire une traduction mentale instantanée. C'est ce qui explique que dans
la didactique traditionnelle des langues pour les adultes (où l'objectif est de donner une com-pétence effective de communication orale en langue étrangère), l'exercice de référence, dit de
" phraséologie », consiste pour l'enseignant, à partir d'une liste de phrases isolées traduites
dans les deux langues (source et cible) qu'il a sous les yeux, à lire au hasard une phrase dansl'une ou l'autre langue en désignant pour chacune un élève pour qu'il la traduise immédiate-
ment, puis une autre, et ainsi successivement. C'est donc un exercice d'automatisation de la traduction qui est exactement l'équivalent, en régime de paradigme indirect, de ce que seraplus tard l'exercice structural en régime de paradigme direct, la seule différence étant que
dans un cas il s'agit d'automatiser l'application de règles, dans l'autre la reproduction de mo- dèles.- Dans la méthodologie active (configuration didactique n° 2, où l'on est passé en régime de
paradigme direct), on cherche à former des gens capables de maintenir plus tard un contact à distance avec la langue-culture étrangère par l'intermédiaire de documents authentiques.L' " explication de textes » à la française est certes un exercice très particulier et sans équiva-
lent en Europe, mais son " noyau dur », le " coeur » de son dispositif, correspond à l'en-traînement intensif aux deux tâches auxquelles on veut naturellement entraîner les apprenants
dans cette configuration didactique pour qu'il réalisent plus tard l'action de référence : d'une
part entretenir des connaissances antérieures en les mobilisant dans la compréhension d'un document authentique, et d'autre part extraire de ce document de nouvelles connaissances. - Dans l'approche communicative (configuration didactique n° 3), on se propose, pour former les apprenants à communiquer en langue étrangère avec les natifs qu'ils auront certainement l'occasion de rencontrer, de les faire communiquer entre eux en classe comme s'ils étaient desnatifs, chaque unité didactique y étant conçue de manière à mettre finalement les apprenants
en mesure de réussir cette simulation. -Si l'on prolonge le fonctionnement de ce principe d'homologie fin-moyen à la perspective ac- tionnelle (et on ne voit pas pour l'instant comment ce principe pourrait être abandonné), onformera désormais les élèves à agir socialement en langue-culture étrangère d'abord en les
faisant agir socialement en langue-culture étrangère en classe : comme je l'ai déjà signalé plus
haut, ce moyen a déjà un nom en pédagogie générale, et c'est la " pédagogie du projet ».
Chaque construction didactique repose donc sur une " perspective actionnelle » propre, si l'on définit celle-ci de manière abstraite (ce qui est indispensable pour prendre du recul à sonégard en la replaçant dans la longue durée didactique) comme toute relation entre une action
de référence et une tâche de référence. C'est la raison pour laquelle je propose de parler, dans
le cas de la relation entre l' " action sociale » du CECRL et les projets pédagogiques en classe,
de " perspective co-actionnelle ».3.4 La relation entre perspective actionnelle et perspective culturelle
Une seconde constante historique en Didactique des langues-cultures est l'établissement de lameilleure adéquation possible entre les compétences langagière et culturelle visées, et leur
mise en oeuvre conjointe. C'est ce mécanisme qui va définir la relation langue-culture dans les
différentes constructions didactiques, cette relation pouvant y varier fortement jusque parfois s'inverser de l'une à l'autre. - Dans la méthodologie traditionnelle, la trad uction littérale, qui commençait par un mot à motdans le même ordre (exercice de traduction dite " juxtalinéaire »), était supposée rendre
compte en transparence de tout le sens du texte, ou en tout cas du seul sens auquel ons'intéressait, celui des valeurs universelles supposées partagées entre l'auteur et les appre-
nants lecteurs. La mise " en bon français » qui s'ensuivait était par conséquent considérée
comme un exercice purement langagier. J'ai personnellement étudié pendant sept ans le grecancien dans un petit séminaire, mais ce n'est que lors de ma première année d'université que
7 j'ai découvert que les nombreux textes que j'avais auparavant traduits comme des éloges del'amitié virile (avec des titres comme " Qu'un ami est une douce chose ! ») ne pouvaient cultu-
rellement se comprendre que par rapport au statut de l'homosexualité dans la société grecque
antique...- Dans la méthodologie active, les textes privilégiés sont les textes considérés comme les plus
représentatifs de la langue et de la culture, c'est-à-dire les textes littéraires, étant donné la
conception de la " culture » à l'époque. Les objectifs culturels sont désormais la perception et
la mobilisation des spécificités de la culture étrangère, les deux tâches principales correspon-
dantes étant respectivement l'extrapolation (le texte " explique la culture » : on peut en ex- traire des connaissances culturelles nouvelles) et l'interprétation (le texte " s'explique par la culture » : des connaissances culturelles préalabl es doivent être mobilisées pour pouvoir encomprendre les connotations et implicites). Cette étude culturelle du texte est réalisée de ma-
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