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Handicap et espaces

Sous la direction de

Sana Benbelli, Jamal Khalil,

Maria Fernanda Arentsen et Florence Faberon

UCA - Handicap et citoyenneté

Nos universités se font mondiales, au profit de tous, tout en sachant mailler leur territoire propre.

Elles nous montrent comment finalement notre planète est extrêmement rétrécie par la capacité

qu'elle donne en connaissances communes, en mobilités partagées, en échanges constants. À tant

d'égards, notre destin à tous devient commun. L'Université Clermont Auvergne, l'Université de

Saint-Boniface (Manitoba, Canada) et l'Université Hassan II de Casablanca ont souhaité, dans le cadre du programme " Handicap et citoyenneté », porter en commun un temps de réflexion

sur la thématique " Handicap et espaces » et lui ont donné vie en permettant que s'ouvrent de

nouveaux espaces de dialogue, d'échange et de réflexion dont cet ouvrage témoigne.

Il vise à susciter réflexion, échange de connaissances et d'expériences autour du handicap dans

sa relation aux espaces. Il s'agit bien de retenir les espaces et non l'espace afin de renvoyer à

la complexité et à la diversité des usages et des symboliques et pour n'oublier ni le physique,

ni le social, ni le virtuel, ni l'économique, ni le politique, ni l'espace concret, ni celui abstrait,

voire fictif, ni la dimension relationnelle à l'espace... Il saisit de manière pluridiscipinaire la

polymorphie des espaces, les réalités vécues des espaces en termes d'exclusion ou d'inclusion

mais encore les perceptions et les représentations. Les études du handicap sont une partie essentielle dans le changement culturel qu'il faut

engager. Cet ouvrage souhaite y contribuer en proposant de réfléchir sur la diversité des espaces

qui constituent l'expérience humaine. Nous sommes invités à une révolution culturelle et académique : celle de construire un monde inclusif.

ISBN : 978-2-9575362-3-8

Handicap et espaces

Sana Benbelli, Jamal Khalil, Maria Fernanda Arentsen et Florence Faberon

Nous remercions vivement

lÕensemble de nos partenaires é handicapOcitoyennete:uca:frRpartenaires (Maroc)

Handicap et espaces

sous la direction de

Sana Benbelli

Professeure de sociologie,

Faculté des lettres et des sciences humaines Aïn Chock,

Université Hassan II de Casablanca, Maroc

Jamal Khalil

Professeur et chef du département de sociologie Directeur du LADSIS, Faculté des lettres et des sciences humaines Aïn Chock, Université Hassan II de Casablanca, Maroc

Maria Fernanda Arentsen

Professeure titulaire, Université de Saint-Boniface, Manitoba, Canada et

Florence Faberon

Professeure de droit public à l'Université de Guyane, chargée de projets Handicap et Mémoire à l'Université Clermont Auvergne, Laboratoire Migrations, interculturalité et éducation en Amazonie (EA 7485) et membre associé du Centre Michel de l'Hospital de l'Université Clermont Auvergne (CMH, EA 4232)

UCA - Handicap et citoyenneté

Décembre 2020

Illustration de couverture :

© Zine El Abidine El Amine

ISBN : 978-2-9575362-3-8

Avant-propos 1

Avant-propos

Sana Benbelli

Professeure de sociologie,

Faculté des lettres et des sciences humaines Aïn Chock,

Université Hassan II de Casablanca, Maroc

Jamal Khalil

Professeur et chef du département de sociologie Directeur du LADSIS, Faculté des lettres et des sciences humaines Aïn Chock, Université Hassan II de Casablanca, Maroc

Maria Fernanda Arentsen

Professeure titulaire, Université de Saint-Boniface, Manitoba, Canada et

Florence Faberon

Professeure de droit public à l'Université de Guyane, chargée de projets Handicap et Mémoire à l'Université Clermont Auvergne, Laboratoire Migrations, interculturalité et éducation en Amazonie (EA 7485) et membre associé du Centre Michel de l'Hospital de l'Université Clermont Auvergne (CMH, EA 4232) 1 1 Au moment des travaux dont l'ouvrage reprend les actes, Florence Faberon était vice- présidente de l'Université Clermont Auvergne en charge de la vie universitaire, de la culture et du ha ndicap. Aujourd'hui, professeure de droit publ ic à l'Université de Guyane, elle continue à porter l e pr ogramme Handicap et citoyenne té pour l'Université Clermont Auvergne. L'Université de Guyane en est partenaire.

Avant-propos 3

Nos universités sont fortes des liens qu'elles sont en capacité de créer à l'échelle locale, nationale et internationale. Ce colloque témoigne avec excellence de cette énergie commune au service d'une université forte de valeurs et ouverte sur la cité, une cité mondiale, une université ouverte à l'universalité. Nos universités s'inscrivent dans leur temps, fortes d'une histoire riche et se projettent, avec le renforcement d'acteurs pluriels, vers l'avenir. La bibliothèque universitaire de l'Université Hassan II, lieu choisi pour nos travaux dont cette publication rassemble les actes, témoigne de cette force triple de no s établissem ents : le passé, le présent et l'av enir. Nos établissements sont des lieux de mémoire et de transmission. Ils sont un lien chaque jour renouvelé entre hier et demain et ils donnent des forces pour aujourd'hui et pour investir avec succès demain. Ils savent donner du temps, celui de la réflexion, tout en étant des accélérateurs de temps. Alors que tout s'accélère, ils nous permettent à la fois de nous approprier ce temps ainsi que d'y trouver notre place et dans un même mouvement de savoir ralentir le temps. Le temps de la réflexion et de la connaissance n'est pas un temps de la consommation immédiate et rapide, c'est un temps long, c'est une durée qui se goûte en prenant le temps. Acquérir des connaissances, c'est le mouvement de plusieurs années et plus encore d'une vie, d' une génération... Analys er, prendre de la hauteur, c'est prendre le temps de regarder différemment, d'interroger. Parce qu'ils savent agir sur les différentes dimensions du temps, nos établissements contribuent à former, à insérer et à ouvrir le monde y compris par la mobilité internationale. Nos universités se font mondiales, au profit de tous, tout en sachant mailler leur territoire propre. Elles nous montrent comment finalement notre planète est extrêmement rétrécie par la capa cité qu'elle donne en co nnaissances commun es, en mobilités partagées, en échanges constants. À tant d'égards, notre destin à tous devient commun. Nos universités nous donnent des forces également par la confiance qu'elles savent transmettre et obtenir : confiance de nos présidents ou recteurs, doyens et directeurs. Nous remercions particulièrement Madame la présidente de l'Université Hassan II de Casablanca, Awatif Hayar, et Monsieur le président de l'Université Clermont Auvergne, Mathias Bernard, pour leur confiance toujours renouvelée ; la confiance est aussi celle donnée à de jeune s c ollègues, à de jeunes docteurs ou à de jeunes étudiants pour qu'ils éprouven t leurs premières expériences dans l'organisation d'une manifestation d'envergure internationale ou par des communications scientifiques ou la charge d'une couverture audiovisuelle et radi ophonique ou d'un temps sportif ; confi ance, encor e, de nos partenaires et croyez qu'ils sont nombreux.

4 Avant-propos

Nos universités ont effectivement besoin de confiance en interne et en externe pour déployer leurs talents. Croyez qu'elles savent être riches d'hommes et de femmes d'exception. Le program me Handicap et citoyenneté coporté par les Universités de Saint-Boniface au Canada et Clermont Auvergne en France a permis de très belles rencontres et est à l'origine de cet ouvrage et la riche collaboration qui unit ainsi le Canada, la Franc e et le Maroc. Ce prog ramme re pose s ur l'organisation de manifestations scientifiques, culturell es et sportives et sur un projet pédagogique. C'est surtout un projet vivant qui s'enrichit de nouveaux participants et partenaires dont les personnes en situation de handicap sont protagonistes. Il faudrait pouvoir citer la pluralité des acteurs, partenaires et services supports de nos établissem ents. No tre gratitude va vers chacun Sans les citer tous, nous souhaitons vivement remercier nos universités : l'Université Clermont Auvergne, l'Université de Saint-Boniface (Manitoba, Canada) et l'Université Hassan II de Casablanca ainsi qu'au sein de cette dernière la Faculté des lettres et des sciences humaines, le département de sociologie, le LADSIS et la bibliothèque universitaire Mohamed Sekkat. Ils ont porté ce temps réservé à " Handicap et espaces » et lui ont donné vie en per mettant que s'ouvrent de nouveaux espaces de dialogue, d'échange et de réflexion. Nous remercions aussi vivement l'État français dont plusieurs ministères nous parrainent (ministères des Sports, de la Culture, de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, Secrétariat d'État auprès du Premier ministre c hargé des personnes handicapées). No us bénéficions ég alement du soutien de rectorats ou encore de la direction régionale des affaires culturelles Auvergne-Rhône- Alpes qui nous permet tout au long du programme que la culture donne à se découvrir et se pratiquer. Nos remerciements sont vifs pour chacun et pour la région Auvergne- Rhône-Alpes. La région Auvergne-Rhône-Alpes, très engagée en matière de handicap, nous accompagne depuis la première heure. Sans elle, le programme Handicap et citoyenneté et cette manifestation n'auraient pas existé. Une délégation d'Auvergnats-Rhône-Alpins était présente au Maroc. C'est également une ville, Clermont-Ferrand, un maire et une adjointe, en charge de la politique sociale, de l'inclusion des personnes âgées et des personnes en situation de handicap, qui se sont engagés. Cette ville nous accompagne dans nos actions et ensemble nous croisons la théorie et la pratique. C'est encore le conseil départemental du Puy-de-Dôme ainsi que Clermont Auvergne Métropole qui permettent que nous soyons ambitieux ensemble. Il y a aussi bien d'autres collectivités territoriales et structures intercommunales des sites d'implantation de l'U niversité Clermont Auvergne, à l'instar de Vichy communauté ou hors des sites d'implantation de l'Uni versité (Le Cendre, Cournon par exemple). Ce sont aussi des entreprises et des associations : Gl obeo, Cruzilles, Volvic, les eaux de Saint-Yorre, la Casden, la Banque populaire, la MAIF, la MGEN, l'APAJH, LADAPT et tant d'autres dont les universités et laboratoires qui ont permis le déplacement de collègues. Il y a aussi le Fonds de dotation " Art sans

Avant-propos 5

exclusion » et l'association Cantacorda, grâce à laquelle les participants à la manifestation ont pu admirer les tableaux d'une jeune artiste-peintre porteuse de trisomie 21, Manon Vichy, qui a exposé avec un jeune artiste calédonien, Joan Biais. Cette manifestation doit aussi beaucoup à l'Agence universitaire de la francophonie. En effet, l'AUF Europe de l'Ouest a fait le choix de structure r son actio n sur plusieurs axes dont le h andicap. Ensemble nous co nstruisons l'aven ir et nous nous engageons dans la création d'un consortium sur le thème : " Enseignement supérieur et handicap ». Nous ne saurions omettre les directions, services et composantes des universités organisatrices qui tout au long du programme se sont et se mobilisent et bien sûr ceux de l'Université Clermont Auvergne (service université handicap, service de s anté universitaire, direction de la vie universitaire, service université cul ture, bibliothèque universitai re, direction des ressources hum aines et sa correspondante handicap, direction des relations internationales, direction des affaires financières, Licence professionnelle " Techniques du son et de l'i mage », Licen ce professionnelle journalisme de proximité, UFR STAPS...). Les Univers ités Hassan II et Clermont Auvergne sont e ngagées ensemble depuis de nombreuses années ; nous continuons le chemin et nous souhait ons le poursuivre dans les diff érentes di mensions de nos missions d'universitaires, ce dont nous nous réjouissons. Cette réflexion nous l'avons souhaité de concert et chacun, universitaires, étudiants, personnels administratifs et artistes ont contribué avec allant et talent à cette réflexion et cette action communes. Organiser une manifestation scientifique à Casablanca, touchant à la question du Handicap, de surcroît en rapport avec la notion d'accessibilité est une épreuve à la fois laborieuse et intéressante. Laborieuse car les espaces accessibles sont rares, même si cette question s'est posée depuis des décennies, et les réponses opérationnelles tardent toujours à venir. Intéressante parce qu'en organisant on interroge encore et encore. Et on touche souvent de no uveaux interlocuteurs pour leur rappeler que le problème demeure et pour leur poser des questions récurrentes : Pourquoi les espaces accessibles à Casablanca sont-ils encore si rares ? ; Comment transformer des espaces inaccessibles en espaces accessibles ? Comment faire que toute l'Université devienne accessible ? Toutes ces questions se sont posées tout le long de la manifestation et des portes se sont ouvertes, on a élar gi l e champ des possible s. En plus d'être un mome nt de sensibilisation des acteurs politiques et socioéconomique, une rencontre internationale crée de la dynamique et opère une jonction avec ce monde associatif qui nous accompagne depuis fort longtemps : l'AMH, l'AMI et l'OMADEV par exemple pour le Maroc. Pour les chercheurs c'est aussi le moment de renouvellement d'une promesse, celle de continuer à réfléchir ensemble. Nous remercions tous les lecteurs de cet ouvrage de permettre que nos universités puissent ensemble incarner leurs missions et de le faire au service non seulemen t de la commu nauté universitaire mais plu s largement de tous. Nous vous remercions de nous permettre de contribuer

6 Avant-propos

à construire un monde plus inclusif. Comment ne pas s'interroger sur le rôle même de nos travaux dans cette construction ? Cette question nous nous la posons en tant que chercheurs et en tant qu'êtres humains. En tant qu'hu manistes nous aspirons à apporter nos conn aissances pour contribuer à l'épanouissement de nos sociétés. Dans cet ordre des choses, Julia Kristeva, dans sa Lettre au président de la République sur les citoyens en situation de handicap, publiée en

2003, chez Fayard, parlait du besoin d'un changement de philosophie, et

même d'une révolution culturelle comme seule voie possible pour devenir des sociét és inclusives et véritableme nt démocratiques. Pourquoi ce besoin ? Parce que les situations de handicap, c'est-à-dire les situations dans lesquelles nos concitoyens ayant des besoins différenciés se heurtent à des barrières mentales, attitudinales ou physiques qui les empêchent de s'épanouir, s'érigent partout. Ces barr ières nous parlent de la catégorisation qui organise nos sociétés : il y a des citoyens à part entière et il y a ceux et celles qui restent dans les marges. Cette hiérarchisation de l'humain prend racine dans une mentalité qui se base sur la dichotomie humain/inhumain, de sorte qu'il y a des citoyens qui sont moins humains que d'autres. Or, Kristeva dans sa lettre au Président, rappelle que " À ne pas vouloir entendre cet appel à la reconnaissance des autres et de l' autre en nous, nous ne faiso ns pas que les exclure de l'humanité, nous nous en excluons nous-mêmes. Les entendre nous donne peut-être une chance de fissurer la course au pouvoir, au gain, à la performan ce à tout prix qui banalise au jour d'hui le monde globalisé. » 2 Ceci nous amène à la question fondamentale, à savoir : c'est quoi un être humain ? La réponse à cette question a des répercussions qui vont bien au-delà de la philosophie, elle a un impact direct sur la vie de millions de personnes rejetées dans les marges de nos sociétés capacitistes. Car les êtres humains sont encore définis selon la mesure de la " normalité », de la produc tivité , de leur capacité à consommer, à penser, à être autonomes... Cette conception de l'être humain le réduit à un ou à certains aspects en lien avec ses actions, et non pas avec qui il ou elle est. La philosophie a tendance à définir l'être humain par sa capacité à penser, car ce serait par son intel ligence qu'il se différencierait des animaux. D'autre part, Michel Foucault a démontré que la so ciété capitaliste le conçoit comme un esprit domestiqué dont le corps est capable de travailler... C'est ainsi que, selon ces conceptions et ces valeurs qui régissent nos sociétés, les personnes qui ne sont pas " capables » vivotent dans les marges... à la lisière de l'humain. En tant que citoyens et que chercheurs, sommes-nous conscie nts des mécanismes d'exclusion e n place ? Et quels rôles y jouent l es espaces qu'i l s'agisse des espaces mentaux ou physiques ? Cet ouvrag e à la suite du colloque qui s' est tenu e n juin 2019, à l'Université Hassan II, à Casablanca, au Maroc, vise à susciter réflexion, 2 Lettre au président de la République sur les citoyens en situation de handicap, Paris, Fayard,

2003, p. 32-33.

Avant-propos 7

échange de connaissances et d'expériences autour du handicap dans sa relation aux espaces. Il s'agit bien de retenir les espaces et non l'espace afin de renvoyer à la com plexité et à la diversi té des us ages et des symboliques et pour n'oublier ni le physique, ni le social, ni le virtuel, ni l'économique, ni le politique, ni l'espace concret, ni celui abstrait, voire fictif, ni la dimension relationnelle à l'espace... Il nous faut saisir de manière pluridiscipinaire la polymorphie des espaces, les réalité s vécues des espaces en termes d'exclusion ou d'inclusion mais encore les perceptions et les représentations. Les études du handicap sont une partie essentielle dans le changement culturel qu'il faut engager. Cet ouvrage souhaite y contribuer en proposant de réfléchirquotesdbs_dbs23.pdfusesText_29

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