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La morte amoureuse de Théophile Gautier (Fiche de lecture)

ÉTUDE DES PERSONNAGES. Clarimonde. Clarimonde est une femme vampire qui vit dans un magnifique palais. Lors de ses multiples incarnations elle prend les.



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La morte amoureuse. Vous me demandez frère





La Morte amoureuse

La Morte amoureuse. Théophile Gautier son fiancé mort subitement à côté d'elle la mère au- ... pris que la morte n'était autre que cette Clarimonde.



Amour rétrospectif ambiguïté et intertextualité dans le récit fantastique

dans les récits de T. Gautier tels que La Morte amoureuse



Étude de lambiguïté dans les récits gautiéristes : La morte

RÉSUMÉ. L'ambiguïté est la principale caractéristique de la littérature fantastique. L'ambiguïté narrative disjonctive dans « La Morte amoureuse».



A propos de La Morte amoureuse de Théophile Gautier: fiction et

de conférer à la figure de la Morte amoureuse les prérogatives d'un de la science 16 ; l'insurrection pour lui



Le discours fantastique de La Morte amoureuse

Morte amoureuse les premiers soubresauts du fantastique (en vertu



Université de Tartu Faculté de philosophie Département détudes

Deux acteurs pour un rôle La Morte amoureuse et Onuphrius. Il est important de le personnage analysé et par qui l'histoire est racontée.



The Brief-Narrative Art of Théophile Gautier

In a group of the earlier stories notably in la Morte amoureuse 1 The following is a summary of the chapters from this angle: (i) it transpires that.



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et!sereinsurles!arcs!de!deuxcils!presque!brunssingularité!qui!ajoutaitencore!à l'effet!de!prunelles!vert!de!mer!d'une!vivacité!et!d'un!éclat!insoutenables Quelsyeux!

Qui a inventé la mort amoureuse ?

Eau-forte d' Eugène Decisy d'après une aquarelle de Paul Albert Laurens, 1904. La Morte amoureuse est une nouvelle fantastique de Théophile Gautier, parue en 1836 dans La Chronique de Paris . « Elle se dissipa dans l'air comme une fumée, et je ne la revis plus. » Eau-forte de Decisy d'après Laurens, 1904.

Comment s'appelle le prêtre de la Morte amoureuse ?

Téléchargez dès maintenant notre résumé exhaustif de La Morte Amoureuse dans lequel vous plongerez dans l'univers envoûtant de Gautier et ferez la rencontre du personnage principal, le prêtre Romuald, confronté à une passion dévorante pour une mystérieuse et envoûtante jeune femme.

Qu'est-ce que la morte vivante ?

1) La morte vivante Ch. lexical obscurité >> mort: « l’ombre »—ffantôme d’un défunt revenu chez les vivants, menace de l’obscurité, de la mort •PARADOXE vivacité qui caractérise les actions de Clarimonde ? Romuald reste passif, elle est debout ?il est allongé —> Elle domine sa proie.

Qu'est-ce que le résumé de la littérature romantique ?

Que vous soyez un étudiant cherchant une aide précieuse pour vos études ou un amoureux de la littérature romantique, notre résumé vous guidera à travers l'intrigue complexe et les thèmes profonds de l'œuvre, tels que la dualité entre le bien et le mal, la passion et la raison, et l'illusion de l'amour véritable.

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LamorteamoureuseVousmedemandez,frère,sij'aiaimé;oui.C'estunehistoiresingulièreetterrible,et,quoiquej'aiesoixante-sixans,j'oseàpeineremuerlacendredecesouvenir.Jeneveuxrienvousrefuser,maisjeneferaispasàuneâmemoinséprouvéeunpareilrécit.Cesontdesévénementssiétranges,quejenepuiscroirequ'ilsmesoientarrivés.J'aiétépendantplus detroisansle jouetd'uneillusionsingulièreetdiabolique.Moi,pauvreprêtredecampagne,j'aimenéenrêvetouteslesnuits(Dieuveuillequecesoitunrêve!)unevie dedamné ,uneviede mondainet deSardanapale.Unseulregardtroppleindecomplaisancejetésurunefemmepensacauserlapertedemonâme;maisenfin,avecl'aidedeDieuetdemonsaintpatron,jesuisparvenuàchasserl'espritmalinquis'étaitemparédemoi.Monexistences'étaitcompliquéed'uneexistencenocturneentièrementdifférente.Lejour,j'étaisunprêtreduSeigneur,chaste,occupédelaprièreetdeschosessaintes;lanuit,dèsquej'avaisfermélesyeux,jedevenaisunjeuneseigneur,finconnaisseurenfemmes,enchiensetenchevaux,jouantauxdés,buvantetblasphémant;etlorsqu'auleverdel'aubejemeréveillais,ilmesemblaitaucontrairequejem'endormaisetquejerêvaisquej'étaisprêtre.Decetteviesomnambuliqueilm'estrestédessouvenirsd'objetsetdemotsdontjenepuispasmedéfendre,et,quoiquejenesoisjamaissortidesmursdemonpresbytère,ondiraitplutôt,àm'entendre,unhommeayantusédetoutetrevenudumonde,quiestentréenreligionetquiveutfinirdansleseindeDieudesjourstropagités,qu'unhumbleséminaristequiavieillidansunecureignorée,aufondd'unboisetsansaucunrapportavecleschosesdusiècle.Oui,j'aiaimécommepersonneaumonden'aaimé,d'unamourinsenséetfurieux,siviolentquejesuisétonnéqu'iln'aitpasfaitéclatermoncoeur.Ah!quellesnuits!quellesnuits!Dèsmaplustendreenfance,jem'étaissentivocationpourl'étatdeprêtre;aussitoutesmesétudesfurent-ellesdirigéesdanscesens-là,etmavie,jusqu'àvingt-quatreans,nefut-ellequ'unlongnovic iat.Mathéologieachevée,jepassaisuccessivementpartouslespetits ordres,et messupérieursmejug èrentdigne,malgrémagrandejeunesse,defranchirledernieretredoutabledegré.LejourdemonordinationfutfixéàlasemainedePâques.Jen'étaisjamaisallédanslemonde;lemonde,c'étaitpourmoil'enclosducollègeetduséminai re.Jesavaisvaguementqu'il yavaitquelquech osequel'on appelaitfemme,maisjen'yarrêtaispasmapensée;j'étaisd'uneinnocenceparfaite.Jenevoyaismamèrevieilleetinfirmequedeuxfoisl'an.C'étaientlàtoutesmesrelationsavecledehors.

Jeneregrettaisrien,jen'éprouvaispaslamoindrehésitationdevantcetengagementirrévocable;j'étaispleindejoieetd'impatience.Jamaisjeunefiancén'acomptélesheuresavecuneardeurplusfiévreuse;jen'endormaispas,jerêvaisquejedisaislamesse;êtreprêtre,jenevoyaisriendeplusbeauaumonde:j'auraisrefuséd'êtreroioupoète.Monambitionneconcevaitpasaudelà.Cequejedislàestpourvousmontrercombiencequim'estarrivénedevaitpasm'arriver,etdequellefascinationinexplicablej'aiétélavictime.Legrandjourvenu,jemarchaiàl'églised'unpassiléger,qu'ilmesemblaitquejefussesoutenuenl'airouquej'eussedesailesauxépaules.Jemecroyaisunange,etjem'étonnaisdelaphysionomiesombreetpréoccupéedemescompagnons;carnousétionsplusieurs.J'avaispassélanuitenprières,etj'étaisdansunétatquitouchaitpresqueàl'extase.L'évêque,vieillardvénérable,meparaissaitDieulePèrepenchésursonéternité,etjevoyaislecielàtraverslesvoûtesdutemple.Voussavezlesdétailsdecettecérémonie:labénédiction,lacommunionsouslesdeuxespèces,l'onctiondelapaumedesmainsavecl'huiledescatéchumènes,etenfinlesaintsacrificeoffertdeconcertavecl'évêque.Jenem'appesantiraipassurcela.Oh!queJobaraison,etquecelui-làestimprudentquineconclutpasunpacteavecsesyeux!Jelevaiparhasardmatête,quej'avaisjusque-làtenueinclinée,etj'aperçusdevantmoi,siprèsquej'auraispulatoucher,quoiqueenréalitéellefûtàuneassezgrandedistanceetdel'autrecôtédelabalustrade,unejeunefemmed'unebeautérareetvêtueavecunemagnificenceroyale.Cefutcommesidesécaillesmetombaientdesprunelles.J' éprouvaila sensationd'unaveugle quirecouvreraitsubitementlavue.L'évêque,sirayonnanttoutàl'heure,s'éteignittoutàcoup,lesciergespâlirentsurleurschandeliersd'orcommelesétoilesaumatin,etilsefitpartoutel'égliseunecomplèteobscurité.Lacharmantecréaturesedétachaitsurcefondd'ombrecommeunerévélationangélique;ellesemblaitéclairéed'elle-mêmeetdonnerlejourplutôtquelerecevoir.Jebaissa ilapaupière,bienrés oluàne pluslareleverpourmesoustraireàl'influencedesobjetsextérieurs;carladistractionm'envahissaitdeplusenplus,etjesavaisàpeinecequejefaisais.Uneminuteaprès,jerouvrislesyeux,caràtraversmescilsjelavoyaisétincelantedescouleursduprisme,etdansunepénombrepourpréecommelorsqu'onregardelesoleil.Oh!commeelleétaitbelle!Lesplusgrandspeintres,lorsque,poursuivantdansleciellabeautéidéale,ilsontrapportésurlaterreledivinportraitdelaMadone,n'approchentmêmepasdecettefabuleuseréalité.Nilesversdupoètenilapalettedupeintren'enpeuventdonneruneidée.Elleétaitassezgrande,avecunetailleetunportdedéesse;sescheveux,d'unblonddoux,seséparaientsurlehautdesatêteetcoulaientsursestempescommedeuxfleuvesd'or;onauraitditunereineavecsondiadème;sonfront,d'uneblancheurbleuâtreettransparente,s'étendaitlarge

etsereinsurlesarcsdedeuxcilspresquebruns,singularitéquiajoutaitencoreàl'effetdeprunellesvertdemerd'unevivacitéetd'unéclatinsoutenables.Quelsyeux!avecunéclairilsdécidaientdeladestinéed'unhomme;ilsavaientunevie,unelimpidité,uneardeur,unehumiditébrillantequejen'aijamaisvuesàunoeilhumain;ils'enéchappaitdesrayonspareilsàdesflèchesetquejevoyaisdistinctementaboutiràmoncoeur.Jenesaissilaflammequilesilluminaitvenaitducieloudel'enfer,maisàcoupsûrellevenaitdel'unoudel'autre.Cettefemmeétaitunangeouundémon,etpeut-êtretouslesdeux;ellenesortaitcertainementpasduflancd'Ève,lamèrecommune.Desdentsduplusbelorientscintillaientdanssonrougesourire,etdepetitesfossettessecreusaientàchaqueinflexiondesabouchedanslesatinrosedesesadorablesjoues.Poursonnez,ilétaitd'unefinesseetd'unefiertétouteroyale,etdécelaitlaplusnobleorigine.Desluisantsd'agatejouaientsurlapeauunieetlustréedesesépaulesàdemidécouvertes,etdesrangsdegrossesperlesblondes,d'unton presquesemblableàsoncou,luide scend aientsurla poitrine.Detempsentempselleredressaitsatêteavecunmouvementonduleuxdecouleuvreoudepaonquiserengorge,etimprimaitunlégerfrissonàlahautefraisebrodéeàjourquil'entouraitcommeuntreillisd'argent.Elleportaitu nerobedeveloursnacar at,etdes eslargesmanch esdoubléesd'herminesortaientdesmain spatriciennesd'unedélicate sseinfinie,aux doigtslongsetpotelés ,etd'une siidéaletransparenc equ'ilslaissaientpasser lejourcommeceuxdel'Aurore.Touscesdétailsmesontencoreaussiprésentsques'ilsdataientd'hier,et,quoiquejefussedansuntroubleextrême,riennem'échappait:lapluslégèrenuance,lepetitpointnoiraucoindumenton,l'imperceptibleduvetauxcommissuresdeslèvres,leveloutédufront,l'ombretremblantedescilssurlesjoues,jesaisissaistoutavecuneluciditéétonnante.Amesurequejelaregardais,jesentaiss'ouvrirdansmoidesportesquijusqu'alorsavaientétéfermées;dessoupirauxobstruéssedébouchaientdanstouslessensetlaissaiententrevoirdes perspectivesinconnues;laviem'appar aissaitsousunaspecttoutautre;jevenai sdenaî treàunno uvelordred'i dées.Uneangoi sseeffroyablemetenaillaitlecoeur; chaque minutequis'écoulai tmesemblaitunesecondeetunsiècle.Lacérémonieavançaitcependant,etj'étaisemportébienloindumondedontmesdésirsnaissantsassiégeaientfurieusementl'entrée.Jedisouicependant,lorsquejevoulaisdirenon,lorsquetoutenmoiserévoltaitetprotestaitcontrelaviolencequemalanguefaisaitàmonâme:uneforceoccultem'arrachaitmalgrémoilesmotsdugosier.C'estlàpeut-êtrecequifaitquetantdejeunesfillesmarchentàl'autelavec lafermerésolution derefuserd'unemanièreéclatantel'épouxqu'onleurimpose,etquepasuneseulen'exécutesonprojet.C'estlàsansdoutecequifait que tantdep auvresnovicesprennentle voile,quoiquebien décidéesàledéchirerenpiècesaumomentdeprononcerleursvoeux.Onn'osecauserun telscan daledevant toutlemondenitromperl'attentede tantdepersonnes;toutescesvolontés,touscesregardssemblentpesersurvouscommeunechapedeplomb;etpuislesmesuressontsibienprises,toutestsibienrégléà

l'avance,d'unefaçonsiévidemmentirrévocable,quelapenséecèdeaupoidsdelachoseets'affaissecomplètement.Lerega rddelabelle inconn uechangeait d'expressionselonleprogrèsdelacérémonie.Detendreetcaressantqu'ilétaitd'abord,ilpritunairdedédainetdemécontentementcommedenepasavoirétécompris.Jefisuneffortsuffisantpourarracherunemontagne,pourm'écrierquejenevoulaispasêtreprêtre;maisjenepusenveniràbout;malanguerestaclouéeàmonpalais,etilmefutimpossibledetraduiremavolontéparlepluslégermouvementnégatif.J'étais,toutéveillé,dansunétatpareilàceluiducauchemar,oùl'onveutcrierunmotdontvotreviedépend,sansenpouvoirveniràbout.Elleparutsensibleaumartyrequej'éprouvais,et,commepourm'encourager,ellemelançauneoeilladepleinededivinespromesses.Sesyeuxétaientunpoèmedontchaqueregardformaitunchant.Ellemedisait:"Situveuxêtreàmoi,jeteferaiplusheureuxqueDieului-mêmedanssonparadis;lesangestejalouseront.Déchirecefunèbrelinceuloùtuvast'envelopper;jesuislabeauté,jesuislajeunesse,jesuislavie;viensàmoi,nousseronsl'amour.Quepourraitt'offrirJéhovahpourcompensation?Notreexistencecouleracommeunrêveetneseraqu'unbaiseréternel."Répandslevindececalice,ettueslibre.Jet'emmèneraiverslesîlesinconnues;tudormirassurmonsein,dansunlitd'ormassifetsousunpavillond'argent;carjet'aimeetjeveuxteprendreàtonDieu,devantquitantdenoblescoeursrépandentdesflotsd'amourquin'arriventpasjusqu'àlui."Ilmesemblaitentendrecesparolessurunrythmed'unedouceurinfinie,carsonregardavaitpresqu edelasonorité,et lesphrasesquesesyeux m'envoyaien tretentissaientaufonddemoncoeurcommesiuneboucheinvisibleleseûtsouffléesdansmonâme.Je mesentai sprêtàrenoncer àDie u,etcependantmoncoeuraccomplissaitmachinalementlesformalitésdelacérémonie.Labellemejetaunsecondcoupd'oeilsisuppliant,sidésespéré,quedeslamesacéréesmetraversèrentlecoeur,quejemesentisplusdeglaivesdanslapoitrinequelamèrededouleurs.C'enétaitfait,j'étaisprêtre.Jamaisphysionomiehumainenepeignituneangoisseaussipoignante;lajeunefillequivoittombersonfiancémortsubitementacôtéd'elle,lamèreauprèsduberceauvidedesonenfant,Èveassisesurleseuildelaporteduparadis,l'avarequitrouveunepierr eàlaplacede sontrésor, lepoètequialaiss éroulerdanslefeule manuscrituniquedesonplusbelouvrage,n'ontpointunairplusatterréetplusinconsolable.Lesangabandonnacomplètementsacharmantefigure,etelledevint

d'uneblancheurdemarbre;sesbeauxbrastombèrentlelongdesoncorps,commesilesmus clesenavaientétédéno ués,etelle s'appuyacontreunpilier,carses jambesfléchissaien tetsedérobaientsouselle.Pourmoi,l ivide,lefrontinondéd'unesueurplussanglantequecelleduCalvaire,jemedirigeaienchancelantverslaportedel'église;j'étouffais;lesvoûtess'aplatissaientsurmesépaules,etilmesemblaitquematêtesoutenaitseuletoutlepoidsdelacoupole.Commej'allaisfranchirleseuil,unemains'emparabrusquementdelamienne;unemaindefemme!Jen'enavaisjamaistouché.Elleétaitfroidecommelapeaud'unserpent,etl'empreintem'enrestabrûlantecommelamarqued'unferrouge.C'étaitelle."Malheureux!malheureux!qu'as-tufait?"medit-elleàvoixbasse;puiselledisparutdanslafoule.Levieil évêquepassa;il meregardad'unair sévère.Jefaisai slaplusétrangecontenancedumonde;jepâlissais,jerougissais,j'avaisdeséblouissements.Undemescamaradeseutpitiédemoi,ilmepritetm'emmena;j'auraisétéincapablederetrouvertoutseullecheminduséminaire.Audétourd'unerue,pendantquelejeuneprêtretournaitlatêted' unautre côté,unpage nègre,bizarre mentvêtu,s'approchademoi,etmeremit,sanss'arrêterdanssacourse,unpetitportefeuilleàcoinsd'orciselés,enmefaisantsignedelecacher;jelefisglisserdansmamancheetl'ytinsjusqu'àcequejefusseseuldansmacellule.Jefissauterlefermoir,iln'yavaitquedeuxfeuillesaveccesmots:"Clarimonde,aupalaisConcini."J'étaisalorssipeuaucourantdeschosesdelavie,quejeneconnaissaispasClarimonde,malgrésacélébrité,etquej'ignoraiscomplètementoùétaitsituélepalaisConcini.Jefismilleconjecturesplusextravagantesles unesquelesau tres;maisàlavérité,pourvuquejepusselarevoir,j'étaisfortpeuinquietdecequ'ellepouvaitêtre,grandedameoucourtisane.Cetamournétoutàl'heures'étaitindestructiblementenraciné;jenesongeaimêmepasàessayerdel'arracher,tantjesentaisquec'étaitlàchoseimpossible.Cettefemmes'étaitcomplètementemparéedemoi,unseulregardavaitsuffipourmechanger;ellem'avaitsoufflésavolonté;jenevivaisplusdansmoi,maisdanselleetparelle.Jefaisaismilleextravagances,jebaisaissurmamainlaplacequ'elleavaittouchée,etjerépétaissonnomdesheuresentières.Jen'avaisqu'àfermerlesyeuxpourlavoiraussidistinctementquesielleeûtétéprésenteenréalité,etjemeredisaiscesmots,qu'ellem'avaitditssousleportaildel'église:"Malheureux!malheureux!qu'as-tufait?"Jecomprenaistoutel'horreurdemasituation,etlescôtésfunèbreset terriblesdel'étatquejevenais d'embrasser serévél aientclairementàmoi.Êtreprêtre!c'est-à-direchaste,nepasaimer,nedistinguernilesexenil'âge,sedétournerdetoutebeauté,secreverlesyeux,rampersousl'ombreglacialed'uncloîtreoud'uneéglise,nevoirquedesmourants,veillerauprèsdecadavresinconnusetportersoi-mêmesondeuilsursasoutanenoire,desortequel'onpeutfairedevotrehabitundrappourvotrecercueil!Etjesentaislaviemonterenmoicommeunlacintérieurquis'enfleetquidéborde;monsang battaitavecfo rcedansmesartères;ma jeunesse,silongtemps

comprimée,éclataittoutd'uncoupcommel'aloèsquimetcentansàfleuriretquiéclôtavecuncoupdetonnerre.CommentfairepourrevoirClarimonde?Jen'avaisaucunprétextepoursortirduséminaire,neconnaissantpersonnedanslaville;jen'ydevaismêmepasrester,etj'yattendaisseulementquel'onmedésignâtlacurequejedevaisoccuper.J'essayaidedescellerlesbarreauxdelafenêtre;maiselleétaitàunehauteureffrayante,etn'ayantpasd'échelle,iln'yfallaitpaspenser.Etd'ailleursjenepouvaisdescendrequedenuit;etcommentmeserais-jeconduitdansl'inextricabledédaledesrues?Toutescesdifficultés,quin'eussentrienétépourd'autres,étaientimmensespourmoi,pauvreséminariste,amoureuxd'hier,sansex périence,sans argentetsanshabits.Ah!sijen'eussepasétéprêtre,j'auraispulavoirtouslesjours;j'auraisétésonamant,sonépoux,medisais-jedansmonaveuglement;aulieud'êtreenveloppédansmontristesuaire,j'auraisdeshabitsdesoieetdevelours,deschaînesd'or,uneépéeetdesplumescommelesbeauxjeunescavaliers.Mescheveux,aulieud'êtredéshonorésparunelargetonsure ,sejouerai entautour demoncouenb ouclesondoyantes.J'auraisunebellemoustachecirée,jeseraisunvaillant.Maisuneheurepasséedevantunautel,quelquesparolesàpeinearticulées,meretranchaientàtoutjamaisdunombredesvivants,etj'avaisscellémoi-mêmelapierredemontombeau,j'avaispoussédemamainleverroudemaprison!Jememisàlafenêtre.Lecielétaitadmirablementbleu,lesarbresavaientmisleurrobedeprintemps;lanaturefaisaitparaded'unejoieironique.Laplaceétaitpleinedemonde;lesunsallaient,lesautresvenaient;dejeunesmuguetsetdejeunesbeautés,coupleparcouple,sedirigeaientducôtédujardinetdestonnelles.Descompagnonspassaientenchantantdesrefrainsàboire;c'étaitunmouvement,unevie,unentrain ,unega ietéquifaisaientpénible mentressortirmondeuiletmasolitude.Unejeunemère,surlepasdelaporte,jouaitavecsonenfant;ellebaisaitsapetiteboucherose,encoreemperléedegouttesdelait,etluifaisait,enl'agaçant,milledecesdivinespuérilitésquelesmèresseulessaventtrouver.Lepère,quisetenaitdeboutàquelquedistance,souriaitdoucementàcecharmantgroupe,etsesbrascroiséspressaientsajoiesursoncoeur.Jenepussupportercespectacle;jefermailafenêtre,etjemejetaisurmonlitavecunehaineetunejalousieeffroyablesdanslecoeur,mordantmesdoigtsetmacouverturecommeuntigreàjeundepuistroisjours.Jenesaispascombiendejoursjerestaiainsi;mais,enmeretournantdansunmouvementdespasmefurieux,j'aperçusl'abbéSérapionquisetenaitdeboutaumilieudelachambreetquimeconsidéraitattentivement.J'eushontedemoi-même,et,laissanttombermatêtesurmapoitrine,jevoilaimesyeuxavecmesmains."Romuald,monami,ilsepassequelquechosed'extraordinaireenvous,meditSérapionauboutdequelqu esminutes desilence; votreconduiteestvraimentinexplicable!Vous,sipieux,sicalmeetsidoux,vousvousagitezdansvotrecellule

commeunebêtefauve.Prenezgarde,monfrère,etn'écoutezpaslessuggestionsdudiable;l'espritmalin,irritédecequevousvousêtesàtoutjamaisconsacréauSeigneur,rôdeautourdevouscommeunloupravissantetfaitunderniereffortpourvousattireràlui.Aulieudevouslaisserabattre,moncherRomuald,faites-vousunecuirasse deprières,unbouclierdemor tificatio ns,etcombattezvaillammentl'ennemi;vouslevaincrez.L'épreuveestnécessaireàlavertuetl'onsortplusfindelacoupelle.Nevouseffrayezninevousdécouragez;lesâmeslesmieuxgardéesetlesplusaffermiesonteudecesmoments.Priez,jeûnez,méditez,etlemauvaisespritseretirera."Lediscoursdel'abbéSérapionmefitrentrerenmoi-même,etjedevinsunpeupluscalme."JevenaisvousannoncervotrenominationàlacuredeC***;leprêtrequilapossédaitvientdemourir,et monseigneurl'évêquem'achargéd' allervousyinstaller;soyezprêtpourdemain."Jerépondisd'unsignedetêtequejeleserais,etl'abbéseretira.J'ouvrismonmisseletjecommençaiàliredesprières;maisceslignesseconfondirentbientôtsousmesyeux;lefildesidéess'enchevêtradansmoncerveau,etlevolumemeglissadesmainssansquej'yprissegarde.Partirdemainsansl'avoirrevue!ajouterencoreuneimpossibilitéàtoutescellesquiétaientdéjàentrenous!perdreàtoutjamaisl'espérancedelarencontrer,àmoinsd'unmiracle! Luiécrire?parquiferais-jeparven irmalettre?Aveclesacré caractèredontj'étaisrevêtu,àquis'ouvrir,sefier?J'éprouvaisuneanxiététerrible.Puis,cequel'abb éSérapi onm'avaitdi tdesartificesdudiablemerevenai tenmémoire;l'étranget éde l'aventurelabeautésurnaturel ledeCla rimonde,l'éclatphosphoriquedesesyeu x,l 'impressionbrûlantedesamain ,letroubleoùellem'avaitjeté,lechangementsubitquis'étaitopéréenmoi,mapiétéévanouieenuninstant,toutcelaprouvaitclairementlaprésencedudiable,etcettemainsatinéen'étaitpeut-êtrequelegantdontilavaitrecouvertsagriffe.Cesidéesmejetèrentdansunegrandefrayeur,jeramassailemisselquidemesgenouxétaitrouléàterre,etjemeremisenprières.Lelendemain,Sérapionmevintprendre;deuxmulesnousattendaientàlaporte,chargéesdenosmaigresvalises;ilmontal'uneetmoil'autretantbienquemal.Toutenparcourantlesruesdelaville,jeregardaisàtouteslesfenêtresetàtouslesbalconssijeneverraispasClarimonde;maisilétaittropmatin,etlavillen'avaitpasencoreouvertlesyeux.Monregardtâchaitdeplongerderrièrelesstoresetàtraverslesrideauxdeto uslespalais devantlesquelsnous passions.Sérapionattribuaitsansdoutece ttecuriositéàl'admirationqueme causa itlab eautédel'architecture,carilralentissaitlepasdesamonturepourmedonnerletempsdevoir.Enfinnousarrivâmesàlaportedelavilleetnouscommençâmesàgravirlacolline.Quandjefustoutenhaut,jemeretournaipourregarderunefoisencoreleslieuxoùvivaitClarimonde.L'ombred'unnuagecouvraitentièrementlaville;sestoitsbleusetrou gesétaientconfo ndusdans unedemi-teintegénérale,oùsurnageaientçàetlà,commedeblancsfloconsd'écume,lesfuméesdumatin.Parunsinguliereffetd'optique, sedessinait,blondetdoré sousun rayonuniquedelumière,unédificequi surpassaitenhauteurlesconstruct ionsvoisines,

complètementnoyéesdanslavapeur;quoiqu'ilfûtàplusd'unelieue,ilparaissaittoutproche.Onendistinguaitlesmoindresdétails,lestourelles,lesplates-formes,lescroisées,etjusqu'auxgirouettesenqueued'aronde."Quelestdonccepalaisquejevoistoutlà-baséclairéd'unrayondusoleil?"demandai-jeàSérapion.Ilmitsamainau-dessusdesesyeux,et,ayantregardé,ilmerépondit:"C'estl'a ncien palaisqu eleprince Conciniadonnéàlac ourtisaneClarimonde;ils'ypassed'épouvantableschoses."Encemoment,jenesaisencoresic'estuneréalitéouuneillusion,jecrusvoiryglissersurlaterrasse uneformesv elteet blanchequiétincel aunesecondeets'éteignit.C'étaitClarimonde!Oh!savait-ellequ'àcetteheure,duhautdecetâprecheminquim'éloignaitd'elle,etquejenedevaisplusredescendre,ardentetinquiet,jecouvaisdel'oeillepalaisqu'ellehabitait,et qu'unjeudérisoi redelumièresemblaitrapproch erdemoi, commepourm'inviteràyentrerenmaître?Sansdoute,ellelesavait,carsonâmeétaittropsympathiquementliéeàlamiennepourn'enpointressentirlesmoindresébranlements,etc'étaitcesentimentquil'avaitpoussée,encoreenveloppéedesesvoilesdenuit,àmontersurlehautdelaterrasse,danslaglacialeroséedumatin.L'ombregagnalep alais,e tcenefutplusqu'un océanimmob iledetoitsetdecomblesoùl'onnedistinguaitrienqu'uneondulationmontueuse.Sérapiontouchasamule,dontlamiennepritaussitôtl'allure,etuncoudeducheminmedérobapourtoujourslavilledeS...,carjen'ydevaispasrevenir.Auboutdetroisjournéesderoutepardescampagnesasseztristes,nousvîmespoindreàtraverslesarbreslecoqduclocherdel'églisequejedevaisdesservir;et,aprèsavoirsuiviquelquesruestortueusesbordéesdechaumièresetdecourtils,nousnoustrouvâmesdevantlafaçade,quin'étaitpasd'unegrand emagnificenc e.Unporcheorné dequelquesnervuresetdedeuxoutroispiliersdegrèsgrossièrementtaillés,untoitentuilesetdescontrefortsdumêmegrèsquelespiliers,c'étaittout:àgauchelecimetièretoutpleindehautesherbes,avecunegrandecroixdeferaumilieu;àdroiteetdansl'ombredel'église,lepresbytère.C'étaitunemaisond'unesimplicitéextrêmeetd'unepropretéaride.Nousentrâmes;quelquespoulespicotaientsurlaterrederaresgrainsd'avoine;accoutuméesapparemmentàl'habitnoirdesecclésiastiques,ellesnes'effarouchèrentpointdenotreprésenceetsedérangèrentàpeinepournouslaisserpasser.Unaboiérailléetenrouésefitentendre,etnousvîmesaccourirunvieuxchien.C'étaitlechiendemon prédécess eur.Ilavaitl'oeilterne,lepoilgrisettouslessymptômesdelaplushaut evieille sseoùp uisseatteindreunchien.Jelef lattaidoucementdelamain,etilsemitaussitôtàmarcheràcôtédemoiavecunairdesatisfactioninexprimable.Unefemmeassezâgée,etquiavaitétélagouvernantedel'anciencuré,vintaussiànotrerencontre,et,aprèsm'avoirfaitentrerdansunesallebasse,medemandasimonintentionétaitdelagarder.Jeluirépondisquejelagarderais,elleetlechien,etaussilespoules,ettoutlemobilierquesonmaîtrelui

avaitlaisséàsamort,cequilafitentrerdansuntransportdejoie,l'abbéSérapionluiayantdonnésur-le-champleprixqu'elleenvoulait.Moninstallationfaite,l'abbéSérapionretournaauséminaire.Jedemeuraidoncseuletsansa utreappuique moi-même.Lapensé edeClarimonderecommençaàm'obséder,et,quelqueseffortsquejefissepourlachasser,jen'yparvenaispastoujours.Unsoir,enmepromenantdanslesalléesbordéesdebuisdemonpetitjardin,ilmesemblavoiràtraverslacharmilleuneformedefemmequisuivaittousmesmouvements,etentrelesfeuillesétincelerlesdeuxprunellesvertdemer;maiscen'étaitqu'uneillusion,et,ayantpassédel'autrecôtédel'allée,jen'ytrouvairienqu'unetracedepiedsurlesable,sipetitqu'oneûtditunpiedd'enfant.Lejardinétaitentourédemuraillestrèshautes;j'envisitaitouslescoinsetrecoins,iln'yavaitpersonne.Jen'aijamaispum'expliquercettecirconstancequi,dureste,n'étaitrienàcôtédesétrangeschosesquimedevaientarriver.Jevivaisainsidepuisunan,remplissantavecexactitudetouslesdevoirsdemonétat,priant,jeûnant,exhortantetsecourantlesmalades,faisantl'aumônejusqu'àmeretrancherlesnécessitéslesplusindispensables.Maisjesentaisaudedansdemoiuneariditéextrême,etlessourcesdelagrâcem'étaientfermées.Jenejouissaispasdecebonheurquedonnel'accomplissementd'unesaintemission;monidéeétaitailleurs,etlesparolesdeClarimondemerevenaientsouven tsur leslèvrescommeuneespèce derefrain involontaire.Ofrère,méditezbienceci!Pouravoirlevéuneseulefoisleregardsurunefemme,pourunefauteenapparencesilégère,j'aiéprouvépendantplusieursannéeslesplusmisérablesagitations:mavieaététroubléeàtoutjamais.Jenevou sretien draipasplusl ongtempssurcesdéfaitesetsur cesvictoiresintérieurestoujourssuiviesderechutesplusprofondes,etjepasseraisur-le-champàunecirconstancedécisive.Unenuitl'onsonnaviolemmentàmaporte.Lavieillegouvernanteallaouvrir,etunhommeauteintcuivréetrichementvêtu,maisselonunemodeétrangère,avecunlong poignard,sedessinasous lesra yonsdelalanternedeBarbara.Sonp remiermouv ementfutlafrayeur;mais l'hommela rassura,etluiditqu'ilavaitbesoindemevoirsur-le-champpourquelquechosequiconcernaitmonministère.Barbaralefitmonter.J'allaismemettreaulit.L'hommemeditquesamaîtresse,unetrèsgrandedame,étaitàl'articledelamortetdésiraitunprêtre.Jerépondisquej'étaisprêtàlesuivre;jeprisavecmoicequ'ilfallaitpourl'extrême-onctionetjedescendisentoutehâte.Alaportepiaffaientd'impatiencedeuxchevauxnoirscommelanuit,etsoufflantsurleurpoitraildeuxlongsflotsdefumée.Ilmetintl'étrieretm'aidaàmontersurl'un,puisilsautasurl'autreenappuyantseulementunemainsurlepommeaudelaselle.Ilserralesgenouxetlâchalesguidesàsonchevalquipartitcommelaflèche.Lemien,dontiltenaitlabride,pritaussilegalopetsemaintintdansuneégalitéparfaite.Nousdévorionslechemin;laterrefilaitsousnousgriseetrayée,etlessilhouettesnoiresdesarbress'enfuyaientcommeunearméeendéroute. Noustraversâmesuneforêt d'unsombresiopaqueetsiglacial,quejemesentiscourirsurlapeauunfrissondesuperstitieuseterreur.Lesaigrettesd'étincellesquele sfersdenoschevauxarrachaientauxcaillouxlaissaientsurnotrepassagecommeunetraînéedefeu,etsiquelqu'un,àcetteheuredenuit,nouseûtvus,monconducteuretmoi,ilnouseût

prispourdeuxspectresàchevalsurlecauchemar.Desfeuxfolletstraversaientdetempsentempslechemin,etleschoucaspiaulaientpiteusementdansl'épaisseurduboisoùbrillaientdeloinenloinlesyeuxphosphoriquesdequelqueschatssauvages.Lacrinièredeschevauxs'échevelaitdeplusenplus,lasueurruisselaitsurleursflancs,etleurhaleinesortaitbruyanteetpresséedeleursnarines.Mais,quandillesvoyaitfaiblir,l 'écuyerpourlesranime rpoussaitu ncrigutturalquin 'avaitriend'humain,etlacourserecommençaitavecfurie.Enfinletourbillons'arrêta;unemassenoirepiquéedequelquespointsbrillantssedressasubitementdevantnous;lespasdenosmonturessonnèrentplusbruyantssurunplancherferré,etnousentrâmessousunevoûtequiouvraitsagueulesombreentredeuxénormestours.Unegrandeagitationrégnaitdanslechâteau;desdomestiquesavecdestorchesàlamaintraversaientlescoursentoussens,etdeslumièresmontaientetdescendaientdepalierenpalier.J'entrevisconfusémentd'immensesarchitectures,descolonnes,desarcades,desperronsetdesrampes,unluxedeconstructiontoutàfaitroyaletféerique.Unpagenègre,lemêmequim'avaitdonnélestablettesdeClarimondeetquejereconnusàl'instant,mevintaideràdescendre,etunmajordome,vêtudeveloursnoiravecunechaîned'oraucoletunecanned'ivoireàlamain,s'avançaaudevantdemoi.Degrosseslarmesdébordaientdesesyeuxetcoulaientlelongdesesjouessursabarbeblanche."Troptard!fit-ilenhochantlatête,troptard!seigneurprêtre;mais,sivousn'avezpusauverl'âme,venezveillerlepauvrecorps."Ilmepritparlebrasetmeconduisitàlasallefunèbre;jepleuraisaussifortquelui,carj'avaiscomprisquelamorten'étaitautrequecetteClarimondetantetsifollementaimée.Unprie-Dieuétaitdisposéàcôtédulit;uneflammebleuâtrevoltigeantsurunepatèredebronzejetaitpartoutelachambreunjourfaibleetdouteux,etçàetlàfaisaitpapilloterdansl'ombrequelquearêtesaillantedemeubleoudecorniche.Surlatable,dansuneurneciselée,trempaituneroseblanchefanéedontlesfeuilles,àl'exceptiond'uneseulequitenaitencore,étaienttoutestombéesaupiedduvasecommedeslarmesodorantes;unmasquenoirbrisé,unéventail,desdéguisementsdetouteespèce,traînaientsurlesfauteuilsetfaisaientvoirquelamortétaitarrivéedanscettesomptueused emeureàl'improvisteetsanss efaireannoncer.Je m'agenouillaisansoserjeterlesyeuxsurlelit,etjememisàréciterlespsaumesavecunegrandeferveur,remerciantDieuqu'ileûtmislatombeentrel'idéedecettefemmeetmoi,pourquejepusseajouteràmesprièressonnomdésormaissanctifié.Maispeuàpeucetélanseralentit,etjetombaienrêverie.Cettechambren'avaitriend'unechamb redemort.Aulieude l'airfétideet cadavéreuxquej'étaisaccoutuméàrespirerencesveillesfunèbres,unelangoureusefuméed'essencesorientales,jenesaisquelleamoureuseodeurdefemme,nageaitdoucementdansl'airattiédi.Cettepâlelueuravaitplutôtl'aird'undemi-jourménagépourlavoluptéquedelaveilleuseaurefletjaunequitrembloteprèsdescadavres.Jesongeaisausingulierhasardquim'avaitfaitretrouverClarimondeaumomentoùjelaperdaispourtoujours,etunsoupirderegrets'échappademapoitrine.Ilmesemblaqu'onavaitsoupiréaussiderrièremoi,etjemeretournaiinvolontairement.C'étaitl'écho.Danscemouvemen t,mesyeu xtombèrentsurlelitdep aradequ' ilsavaientjusqu'alorsévité.Lesrideauxde damasrougeàgrandes fleurs,relevéspardes torsadesd'or,laissaientvoirlamortecouchéetoutdesonlongetlesmainsjointessurlapoitrine.Elleétaitcouverted'unvoiledelind'uneblancheuréblouissante,que

lepourpresombredelatenturefaisaitencoremieuxressortir,etd'unetellefinessequ'ilnedérobaitenrienlaformecharmantedesoncorpsetpermettaitdesuivrecesbelleslignesonduleusescommelecoud'uncygnequelamortmêmen'avaitpuroidir.Oneûtditunestatued'albâtrefaiteparquelquesculpteurhabilepourmettresuruntombeaudereine,ouencoreunejeunefilleendormiesurquiilauraitneigé.Jenepouvaisplusytenir;cetaird'alcôvem'enivrait,cettefébrilesenteurderoseàdemifanéememontaitaucerveau,etjemarchaisàgrandspasdanslachambre,m'arrêtantàchaquetourdevantl'estradepourconsidérerlagracieusetrépasséesouslatransparencedesonlinceul.D'étrangespenséesmetraversaientl'esprit;jemefiguraisqu'ellen'étaitpointmorteréellement,etquecen'étaitqu'unefeintequ'elleavaitemployéepourm'attirerdanssonchâteauetmecontersonamour.Uninstantmêmejecrusavoirvubougersonpieddanslablancheurdesvoiles,etsedérangerlesplisdroitsdusuaire.Etpuisjemedisais:"Est-cebienClarimonde?quellepreuveenai-je?Cepagenoirnepeut-ilêtrepasséauserviced'uneautrefemme?Jesuisbienfoudemedésoleretdem'agiterainsi."Maismoncoeurmeréponditavecunbattement:"C'estbienelle,c'estbienelle."Je merapprochaidulit, etjere garda iavecunredoublementd'attentionl'objetdemonincertitu de.Vousl'avouerai-je?cette perfectionde formes,quoiquepurifi éeetsanctifiéeparl'ombredelamort, metroublait plusvoluptueusementqu'iln'auraitfallu,etcereposressemblaittantàunsommeilquel'ons'yserai ttrompé.J'o ubliaisquej'étais venulàpourunoffi cefunèbre,etjem'imaginaisquej'étaisunjeuneépouxentrantdanslachambredelafiancéequicachesafigureparpudeuretquineseveutpointlaisservoir.Navrédedouleur,éperdudejoie,frissonnantdecrainteetdeplaisir,jemepenchaiverselleetjeprislecoin dudrap;jele souleva ilentementenr etena ntmonsouffledepeurdel'éveiller.Mesartèrespalpitaientavecunetelleforce,quejelessentaissifflerdansmestempes,etmonfrontruisselaitdesueurcommesij'eusseremuéunedalledemarbre.C'étaiteneffetlaClarimondetellequejel'avaisvueàl'égliselorsdemonordination;elleétaitaussicharmante,etlamortchezellesemblaitunecoquetteriedeplus.Lapâleurdesesjoues,lerosemoinsvifdeseslèvres,seslongscilsbaissésetdécoupantleurfrangebrunesurcetteblancheur,luidonnaientuneexpressiondechastetémélancoliqueetde souffrancepensived'unepuissance deséductioninexprimable;seslongscheveuxdénoués,oùsetrouvaientencoremêléesquelquespetitesfleursbleues,faisaientunoreilleràsatêteetprotégeaientdeleursboucleslanuditédesesépaules;sesbellesmains,pluspures,plusdiaphanesquedeshosties,étaientcroiséesdansuneattitudedepieuxreposetdetaciteprière,quicorrigeaitcequ'auraientpuavoirdetropséduisant,mêmedanslamort,l'exquiserondeuretlepolid'ivoiredesesbrasnusdontonn'avaitpasôtélesbraceletsdeperles.Jerestailongtempsabsorbédansunemuettecontemplation,et,plusjelaregardais,moinsjepouvaiscroirequelavieavaitpourtoujoursabandonnécebeaucorps.Jenesaissicelaétaitune illusionouunreflet dela lampe,maisoneût ditqueles angrecommençaitàcirculersouscettematepâleur;cependantelleétaittoujoursdelaplusparfaiteimmobilité.Jetouchailégèrementsonbras;ilétaitfroid,maispasplusfroidpourtantquesamainlejourqu'elleavaiteffleurélamiennesousleportailde

l'église.Jereprismaposition,penchantmafiguresurlasienneetlaissantpleuvoirsursesjoueslatièderoséedemeslarmes.Ah!quelsentimentamerdedésespoiretd'impuissance!quelleagoniequecetteveille!j'auraisvoulupouvoirramassermavieenunmonceaupourlaluidonneretsoufflersursadépouilleglacéelaflammequimedévorait.Lanuits'avançait,et,sentantapprocherlemomentdelaséparationéternelle,jenepusmerefusercettetristeetsuprêmedouceurdedéposerunbaisersurleslèvresmortesdecellequiavaiteutoutmonamour.Ôprodige!unlégersoufflesemêlaàmonsouffle,etlabouchedeClarimonderéponditàlapressiondelamienne:sesyeuxs'ouvrirentetreprirentunpeud'éclat,ellefitunsoupir,et,décroisantsesbras,elleles passaderriè remoncouavecun airderavissementineffable."Ah!c'esttoi,Romuald,dit-elled'unevoixlanguissanteetdoucecommelesdernièresvibrationsd'uneharpe;quefais-tudonc?Jet'aiattendusilongtemps,quejesuismorte;maismaintenantnoussommesfiancés,jepourraitevoiretallercheztoi.Adieu,Romuald,adieu!jet'aime;c'esttoutcequejevoulaistedire,etjeterendslaviequetuasrappeléesurmoiuneminuteavectonbaiser;àbientôt."Satêteretombaenarrière,maisellem'entouraittoujoursdesesbrascommepourmerete nir.Untourbillondeventf urieuxdéfonçala fenêtreetentradans lachambre;ladernièrefeuilledelaroseblanchepalpitaquelquetempscommeuneaileaboutde latige ,puisellesedétachaet s'envola parlacroiséeouverte,emportantavecellel'âmedeClarimonde.Lalampes'éteignitetjetombaiévanouisurleseindelabellemorte.Quandjerevinsà moi,j'ét aiscouchésurmonli t,dan smapetitechambredupresbytère,etlevieuxchiendel'anciencuréléchaitmamainallongéehorsdelacouverture.Barbaras'agitaitdanslachambreavecuntremblementsénile,ouvrantetfermantdestiroirs,ouremuantdespoudresdansdesverres.Enmevoyantouvrirlesyeux,lavieillepoussauncridejoie,lechienjappaetfrétilladelaqueue;maisj'étaissifaible,quejenepusprononceruneseuleparolenifaireaucunmouvement.J'aisudepuisquej'étaisrestétroisjoursainsi,nedonnantd'autresigned'existencequ'unerespirationpresqueinsensible.Cestroisjoursnecomptentpasdansmavie,etjenesaisoùmonespritétaitallépendanttoutcetemps;jen'enaigardéaucunsouvenir.Barbaram'acontéquelemêmehommeauteintcuivré,quim'étaitvenuchercherpendantlanuit,m'avaitramenélematindansunelitièreferméeets'enétaitretournéaussitôt.Dèsquejepusrappelermesidées,jerepassaienmoi-mêmetouteslescirconstancesdecettenuitfatale.D'abordjepensaiquej'avaisétélejouetd'uneillusionmagique;maisdescirconstancesréellesetpalpablesdétruisirentbientôtcettesupposition.Jenepouvaiscroirequej'avaisrêvé,puisqueBarbaraavaitvucommemoil 'hommeaux deuxchevau xnoirse tqu'elleendécrivait l'ajustementetlatournureavecexa ctitude. Cependan tpersonneneconnaissaitdanslesenvironsunchâteauauquels'appliquâtladescriptionduchâteauoùj'avaisretrouvéClarimonde.Unmatinjevisentrerl'abbéSérapion.Barbaraluiavaitmandéquej'étaismalade,etilétaitaccouruentoutehâte.Quoiquecetempressementdémontrâtdel'affectionetdel'intérêtpourmapersonne,savisitenemefitpasleplaisirqu'ellem'auraitdû

faire.L'abbé Sérapionavaitdansle regardquelquechosedepénétrantetd'inquisiteurquimegênait.Jemesentaisembarrasséetcoupabledevantlui.Lepremierilavaitdécou vertmon troubleintérieur,etjel uienvoulais desa clairvoyance.Toutenmedemandantdesnouvellesdemasantéd'untonhypocritementmielleux,ilfixaitsurmoisesdeuxjaunesprunellesdelionetplongeaitcommeunesondesesregardsdansmonâme.Puisilmefitquelquesquestionssurlamanièredontjedirigeaismacure,sijem'yplaisais,àquoijepassaisletempsquemonministèremelaissaitlibre,sij'av aisfaitquelques connaissancesparmil eshabitantsdulieu,quellesétaientmeslectu resfavorites,etmille autresdétailssembla bles.Jerépondaisàtoutcelaleplusbrièvementpossible,etlui-mêmesansattendrequej'eusseachevé,passaitàautrechose.Cetteconversationn'avaitévidemmentaucunrapportaveccequ'ilvoulait dire.Puis, san spréparationa ucune,etcommeunenouvelledontilsesouvenaitàl'instantetqu'ileûtcraintd'oublierensuite,ilmeditd'unevoixclaireetvibrantequirésonnaàmonoreillecommelestrompettesdujugementdernier:"LagrandecourtisaneClarimondeestmortedernièrement,àlasuited'uneorgiequiaduréhuitjoursethuitnuits.Ç'aétéquelquechosed'infernalementsplendide.OnarenouvelélàlesabominationsdesfestinsdeBalthazaretdeCléopâtre.Dansquelsièclevivons-nous,bonD ieu! Lesconvivesétaientservis pardesesclavesbasanésparlantunlangageinconnu,etquim'onttoutl'airdevraisdémons;lalivréedumoindred'entreeuxeûtpuservird'habitdegalaàunempereur.IlacourudetouttempssurcetteClarimondedebienétrangeshistoires,ettoussesamantsontfinid'u nemanièremisérableouviolente.Ona ditque c'étaitunegoule,unvampirefemelle;maisjecroisquec'étaitBelzébuthenpersonne."Ilsetutetm'observaplusattentivementquejamais,pourvoirl'effetquesesparolesavaientproduitsurmoi.Jen'avaispumedéfendred'unmouvementenentendantnommerClarimonde, etcettenouvelledesamort,outre ladouleurqu'ell emecausaitparsonétrangecoïncidenceaveclascènenocturnedontj'avaisététémoin,mejetadansuntroubleetuneffroiquiparurentsurmafigure,quoiquejefissepourm'enrendremaître.Sérapionmejetauncoupd'oeilinquietetsévère;puisilmedit:"Monfils,jedoisvousenavertir,vousavezlepiedlevésurunabîme,prenezgarded'ytomber.S atanalagriffelon gue,etlestombea uxne sontpas toujoursfidèles.LapierredeClarimondedevraitêtrescelléed'untriplesceau;carcen'estpas,àcequ'ondit,lapremièrefoisqu'elleestmorte.QueDieuveillesurvous,Romuald!"Aprèsavoirditcesmots,Sérapionregagnalaporteàpaslents,etjenelerevisplus;carilpartitpourS***presqueaussitôt.J'étaisentièrementrétablietj'avaisreprismesfonctionshabituelles.LesouvenirdeClarimondeetlesparolesduvieilabbéétaienttoujoursprésentsàmonesprit;cependantaucunévénementextraordinairen'étaitvenuconfirmerlesprévisions

funèbresdeSérapion,etjecommençaisàcroirequesescraintesetmesterreursétaienttropexagérées;maisunenuitjefisunrêve.J'avaisàpeinebulespremièresgorgéesdusommeil,quej' entendis ouvrirlesrideauxd emonlitet glisserlesanneauxsurlestringlesavecunbruitéclatant;jemesoulevaibrusquementsurlecoude,etjevisuneombredefemmequisetenaitdeboutdevantmoi.Jereconnussur-le-champClarimonde.Elleportaitàlamainunepetitelampedelaformedecellesqu'onmetdanslestombeaux,dontlalueurdonnaitàsesdoigtseffilésunetransparencerosequiseprolongeaitparunedégradationinsensiblejusquedanslablancheuropaqueetlaiteusedesonbrasnu.Elleavaitpourtoutvêtementlesuairedelin quilarecou vraitsur sonlitdeparade, dontelleretenaitlesplissursapoitrine,commehonteused'êtresipeuvêtue,maissapetitemainn'ysuffisaitpas,elleétaitsiblanche,quelacouleurdeladraperieseconfondaitaveccelledeschairssouslepâlerayondelalampe.Enveloppéedecefintissuquitrahissaittouslescontoursdesoncorps,elleressemblaitàunestatuedemarbredebaigneuseantiqueplutôtqu'àunefemmedouéedevie.Morteouvivante,statueoufemme,ombreoucorps,sabeautéétaittoujourslamême;seulementl'éclatvertdesesprunellesétaitunpeuamorti,etsabouche,sivermeilleautrefois,n'étaitplusteintéequed'unrosefaibleettendrepresquesemblableàceluidesesjoues.Lespetitesfleursbleuesquej'avaisremarquéesdanssescheveuxétaienttoutàfaitsèchesetavaientpresqueperdutoutesleursfeuille s;cequinel'emp êchaitpasd'êtrecharmante ,sicharmanteque,malgrélasingularitédel'aventureetlafaçoninexplicabledontelleétaitentréedanslachambre,jen'euspasuninstantdefrayeur.Elleposalalampesurlatableets'assitsurlepieddemonlit,puisellemeditensepenchantversmoiaveccettevoixargentineetveloutéeàlafoisquejen'aiconnuequ'àelle:"Jemesuisbienfaitattendre,moncherRomuald,ettuasdûcroirequejet'avaisoublié.Maisjeviensdebienloin,etd'unendroitd'oùpersonnen'estencorerevenu:iln'yanilunenisoleilaupaysd'oùj'arrive;cen'estquedel'espaceetdel'ombre;nichemin,nisentier;pointdeterrepourlepied,pointd'airpourl'aile;etpourtantmevoici,carl'amourestplusfortquelamort,etilfiniraparlavaincre.Ah!quedefacesmornesetdechosesterriblesj'aivuesdansmonvoyage!Quedepeinemonâme,rentréedanscemondeparlapuissancedelavolonté,aeuepourretrouversoncorpsets'yréinstaller!Qued'effortsilm'afallufaireavantdeleverladalledontonm'avaitcouverte!Tiens!lededansdemespauvresmainsenesttoutmeurtri.Baise-lespourlesguérir,cheramour!"Ellem'appliqual'uneaprèsl'autrelespaumesfroidesdesesmainssurlabouchejelesbaisaieneffetplusieursfois,etellemeregardaitfaireavecunsourired'ineffablecomplaisance.Jel'avoueàmahonte,j'avaistotalementoubliélesavisdel'abbéSérapionetlecaractèredontj'étaisrevêtu.J'étaistombésansrésistanceetaupremierassaut.Jen'avaispasmêmeessayéd erepousserle tentateur ;lafraîcheurdelapeaudeClarimondepénétraitlamienne,etjemesentaiscourirsurlecorpsdevoluptueuxfrissons.Lapauvreenfant!malgrétoutcequej'enaivu,j'aipeineàcroireencorequecefûtundémon;dumoinsellen'enavaitpasl'air,etjamaisSatann'amieuxcachésesgriffesetsescornes.Elleavaitreployésestalonssouselleetsetenait

accroupiesurlebord delacouchette dansunepo sitionpleinede coquetterienonchalante.Detempsentempsellepassaitsapetitemainàtraversmescheveuxetlesroulaitenbouclescommepouressayeràmonvisagedenouvellescoiffures.Jemelaissaisfaireaveclapluscoupablecomplaisance,etelleaccompagnaittoutceladupluscharmantb abil.Unechoseremarqua ble,c'estquejen'é prouvaisaucunétonnementd'uneaventureaussiextraordinaire,et,aveccettefacilitéquel'onadanslavisiond'admettrecommefortsimpleslesévénementslesplusbizarres,jenevoyaisrienlàquedeparfaitementnaturel."Jet 'aimaisb ienlongtempsavantdet' avoirvu,monc herRomuald,etjetecherchaispartout.Tuétaismonrêve,etjet'aiaperçudansl'égliseaufatalmoment;j'aidittoutdesuite"C'estlui!"Jetejetaiunregardoùjemistoutl'amourquej'avaiseu,que j'avaisetqueje devaisavoi rpourt oi;unregardàdamn eruncardinal,àfaireagenouiller unroiàmespiedsdevanttoutesa cour.Tu restasimpassibleettumepréférastonDieu."Ah!quejesuisjalousedeDieu,quetuasaiméetquetuaimesencoreplusquemoi!"Malheureuse,malheureusequejesuis!jen'auraijamaistoncoeuràmoitouteseule,moiquetuasressuscitéed'unbaiser,Clarimondelamorte,quiforceàcausedetoilesportesdutombeauetquivientteconsacreruneviequ'ellen'areprisequepourterendreheureux!"Toutescesparolesétaiententrecoupéesdecaressesdélirantesquiétourdirentmessensetmaraisonaupointquejenecraignispointpourlaconsolerdeproféreruneffroyableblasphème,etdeluidirequejel'aimaisautantqueDieu.Sesprunellesseravivèrentetbrillèrentcommedeschrysoprases."Vrai!bienvrai!autantqueDieu!dit-elleenm'enlaçantdanssesbeauxbras.Puisquec'estainsi,tuviendrasavecmoi,tumesuivrasoùjevoudrai.Tulaisserastesvilainshabitsnoirs.Tuserasleplusfieretleplusenviédescavaliers,tuserasmonamant.Êtrel'amantavouédeClarimonde,quiarefuséunpape,c'estbeau,cela!Ah!labonneviebienheureuse,labelleexistencedoréequenousmènerons!Quandpartons-nous,mongentilhomme? - Demain!demain!m'écriai-jedansmondélire. - Demain,soit!reprit-elle.J'aurailetempsdechangerdetoilette,carcelle-ciestunpeusuccincteetnevautrienpourlevoyage.Ilfautaussiquej'ailleavertirmesgensquimecroi entsérieusementmorteetquisedésolent tantqu'ilsp euvent.L'argent,leshabits,lesvoitures,toutseraprêt;jeteviendraiprendreàcetteheure-ci.Adieu,chercoeur."Etelleeffleuramonfrontduboutdeseslèvres.Lalampes'éteignit,lesrideauxserefermèrent,etjenevisplusrien;unsommeildeplomb,unsommeilsansrêves'appesantitsurmoietmetintengourdi jusqu'aul endemainmatin.Jemeréveillaiplustardquedecoutume,etlesouvenirdecettesingulièrevisionm'agitatoute lajournée;jefini sparmepersuaderquec'étaitunepurevapeurdemonimaginationéchauffée.

Cependantlessensationsavaientétésivives,qu'ilétaitdifficiledecroirequ'ellesn'étaientpasréelles,etcenefutpassansquelqueappréhensiondecequiallaitarriverquejememisaulit,aprèsavoirpriéDieud'éloignerdemoilesmauvaisespenséesetdeprotégerlachastetédemonsommeil.Jem'endor misbientôtprofondément,et monrêvesecontinua.L esrideauxs'écartèrent,etjevisClarimonde,nonpas,commelapremièrefois,pâledanssonpâlesuaireetlesviolettesdelamortsurlesjoues,maisgaie,lesteetpimpante,avecunsuperbehabitdevoyageenveloursvertornédegansesd'oretretroussésurlecôtépourlaisser voirunejupedesatin.Sescheveux blondss'échappaientengrossesbouclesdedessousunl argecha peaude feutrenoir chargédeplumes blanchescapricieusementcontournées;elletenaitàlamainunepetitecravacheterminéeparunsiffletd'or.Ellem'entouchalégèrementetmedit:"Ehbien!beaudormeur,est-ceainsiquevousfaitesvospréparatifs?Jecomptaisvoustrouverdebout.Levez-vousbienvite,nousn'avonspasdetempsàperdre."Jesautaiàbasdulit."Allons,habillez-vousetpartons,dit-elleenmemontrantdudoigtunpetitpaquetqu'elleavaitapporté;leschevauxs'ennuientetrongentleurfreinàlaporte.Nousdevrionsdéjàêtreàdixlieuesd'ici."Jem'habillaienhâte,etellemetendaitelle-mêmelespiècesduvêtement,enriantauxéclatsdemagaucherie,etenm'indiquantleurusagequandjemetrompais.Elledonnadutouràmescheveux,et,quandcefutfait,ellemetenditunpetitmiroirdepocheencristaldeVenise,bordéd'unfiligraned'argent,etmedit:"Commenttetrouves-tu?veux-tumeprendreàtonservicecommevaletdechambre?"Jen'étaispluslemême,etjenemereconnuspas.Jenemeressemblaispasplusqu'unestatueachevéeneressembleàunblocdepierre.Monanciennefigureavaitl'airden'être quel'ébauche grossièredecelleque réfléchissa itlemiroir.J'étaisbeau,etmavanitéfutsensiblementchatouilléedecettemétamorphose.Cesélégantshabits,cettericheves tebrodée,faisai entdemoiuntout autrepersonnage, etj'admiraislapuissancedequelquesaunesd'étoffetailléesd'unecertainemanière.L'espritdemoncostumemepénétraitlapeau,etauboutdedixminutesj'étaispassablementfat.Jefisquelquestoursparlachambrepourmedonnerdel'aisance.Clarimondemeregardaitd'unairdecomplaisancematernelleetparaissaittrèscontentedesonoeuvre."Voilàbienassezd'enfantillage,enroute,moncherRomuald!nousallonsloinetnousn'arriveronspas."Ellemepritlamainetm'entraîna.Touteslesportess'ouvraientdevantelleau ssitôtqu'ellelestouchait,et nouspassâmesdevantlechiensansl'éveiller.Alaporte,noustrouvâmesMargheritone;c'étaitl'écuyerquim'avaitdéjàconduit;iltenaitenbridetroischevauxnoirscommelespremiers,unpourmoi,unpourlui,unpourClarimonde.Ilfallaitqueceschevauxfussentdesgenetsd'Espagne,nésde

jumentsfécondéesparlezéphyr;carilsallaientaussivitequelevent,etlalune,quis'étaitlevéeànotredépartpournouséclairer,roulaitdanslecielcommeunerouedétachéedesonchar;nouslavoyionsànotredroitesauterd'arbreenarbreets'essoufflerpourcouriraprèsnous.Nousa rrivâmesbientôtd ansuneplaine où,auprèsd'unbouquetd'arbres,no usattendaitunevoitureatteléedequatrevigoureusesbêtes;nousymontâmes,etlespostillonsleurfirentrendreungalopinsensé.J'avaisunbraspasséderrièrelatailledeClarimondeetunedesesmainsployéedanslamienne;elleappuyaitsatêteàmonépaule,etjesentaissagorgedeminuefrôlermonbras.Jamaisjen'avaiséprouvéunbonheuraussivif.J'avaisoubliétoutencemoment-là,etjenemesouvenaispasplusd'avoirétéprêtrequedecequej' avaisfaitd ansleseindemamère,t antétaitgrandelafascinat ionquel'espritmalinexerçaitsurmoi.Adaterdecettenuit,manatures'estenquelquesortedédoublée,etilyeutenmoideuxhommesdontl'unneconnaissaitpasl'autre.Tantôtjemecroyaisunprêtrequirêvaitchaquesoirqu'ilétaitgentilhomme,tantôtungentilhommequirêvaitqu'ilétaitprêtre.Jenepouvaisplusdistinguerlesongedelaveille,etjenesavaispasoùcommençaitlaréalitéetoùfinissaitl'illusion.Lejeuneseigneurfatetlibertinseraillaitduprêtre,leprêtredétestaitlesdissolutionsdujeuneseigneur.Deuxspiralesenchevêtréesl'unedansl'autreetconfonduessanssetouche rjamaisreprésententtr èsbiencettevie bicéphalequifut lamienne.Malgrél'étrangetédecetteposition,jenecroispasavoirunseulinstanttouchéàlafolie.J'aitoujours conservétrès netteslesperceptionsde mesdeuxexistences.Seulement,ilyavaitunfaitabsurdequejenepouvaism'expliquer:c'estquelesentimentdumêmemoiexistât dansdeuxhommessid ifférents.C'étaituneanomaliedontjenemerendaispascompte,soitquejecrusseêtrelecurédupetitvillagede***,ouilsig orRomualdo,amantentitredelaClarimonde.Toujoursest-ilquej'étaisoudumoinsquejecroyaisêtreàVenise;jen'aipuencorebiendémêlercequ'ilyavaitd'illusionetderéalitédanscettebizarreaventure.NoushabitionsungrandpalaisdemarbresurleCanaleio,pleindefresquesetdestatues,avecdeuxTitiensdumeilleurtempsdanslachambreàcoucherdelaClarimonde,unpalaisdigned'unroi.Nousavionschacunnotregondoleetnosbarcarollesànotrelivrée,notrechambredemusiqueetnotrepoète.Clarimondeentendaitlavied'unegrandemanière,etelleavaitunpeudeCléopâtredanssanature.Quantàmoi,jemenaisuntraindefilsdeprince,etjefaisaisunepoussièrecommesij'eusseétédelafamilledel'undesdouzeapôtresoudesquatreévangélistesdelasérénissimerépublique;jenemeseraispasdétournédemoncheminpourlaisserpasserledoge,etjenecroispasque,depuisSatanquitombaduciel,personneaitétéplusorgueilleuxetplusinsolentquemoi.J'allaisauRidotto,etjejouaisunjeud'enfer.Jevoyaislameilleures ociétédu monde,desfilsdefamilleruinés,d esfemmesdethéâtre,desescroc s,desparasitesetdesspadassins. Cependant ,malgréla dissipationdecettevie,jerestaifidèleàlaClarimonde.Jel'aimaiséperdument.Elleeûtréveillélasatiétémêmeetfixél'inconstance.AvoirClarimonde,c'étaitavoirvingtmaîtresses,c'étaitavoirtouteslesfemmes,tantelleétaitmobile,changeanteetdissemblabled'elle-même;unvraicaméléon!Ellevousfaisaitcommettreavecellel'infidélitéquevouseussiezcommiseavecd'autres,enprenantcomplètementlecaractère,l'allureetlegenredebeautédelafemmequiparaissaitvousplaire.Elle

merendaitmonamouraucentuple,etc'estenvainquelesjeunespatriciensetmêmelesvieuxduconseildesDixluifirentlesplusmagnifiquespropositions.UnFoscariallamêmejusqu'àluiproposerdel'épouser;ellerefusatout.Elleavaitassezd'or;ellenevoulaitplusquedel'amour,unamourjeune,pur,éveilléparelle,etquidevaitêtrelepr emieretledern ier.J'auraisétéparfaitementh eureuxsans unmauditcauchemarqui revenaittouteslesnuits, etoùjemecroyais uncurédevillagesemacérantetfaisantpénitencedemesexcèsdujour.Rassuréparl'habituded'êtreavecell e,jenesongeaispresquep lusàla façonétrangedontj'avaisfa itconnaissanceavecClarimonde.Cependant,cequ'enavaitditl'abbéSérapionmerevenaitquelquefoisenmémo ireetnelaissa itpasquedemedonnerde l'inquiétude.DepuisquelquetempslasantédeClarimonden'étaitpasaussibonne;sonteints'amortissaitdejourenjour.Lesmédecinsqu'onfitvenirn'entendaientrienàsamaladie,etilsnesavaientqu'yfaire.Ilsprescrivirentquelquesremèdesinsignifiantsetnerevinrentplus.Cependantellepâlissaitavued'oeiletdevenaitdeplusenplusfroide.Elleétaitpresqueaussiblancheetaussimortequelafameusenuitdanslechâteauinconnu.Jemedésolaisdelavoirainsilentementdépérir.Elle,touchéedemadouleur,mesouriaitdoucementettristementaveclesourirefataldesgensquisaventqu'ilsvontmourir.Unmatin,j'etaisassisauprèsdesonlit,etjedéjeunaissurunepetitetablepournelapasquitterd'uneminute.Encoupantunfruit,jemefisparhasardaudoigtuneentailleassezprofonde.Lesangpartit aussitôtenfilet spourpres,etquelquesgouttesrejaillirentsurClarimonde.Sesyeuxs'éclairèrent,saphysionomieprituneexpressiondejoieféroceetsauvagequejeneluiavaisjamaisvue.Ellesautaàbasdulitavecuneagilitéanimale,uneagilitédesingeoudechat,etseprécipitasurmablessurequ'ellesemitàsuceravecunaird'indiciblevolupté.Elleavalaitlesangparpetitesgorgées,lentementetprécieusement,commeungourmetquisavoureunvindeXérèsoudeSyracuse;elleclignaitlesyeuxàdemi,etlapupilledesesprunellesvertesétaitdevenueoblongueaulieuderonde.Detempsàautreelles'interrompaitpourmebaiserlamain,puisellerecommençaitàpresserdeseslèvresleslèvresdelaplaiepourenfairesortirencorequelquesgouttesrouges.Quandellevitquelesangnevenaitplus,ellesereleval'oeilhumideetbrillant,plusrosequ'uneauroredemai,lafigurepleine,lamaintièdeetmoite,enfinplusbellequejamaisetdansunétatparfaitdesanté."Jenemourraipas!jenemourraipas!dit-elleàmoitiéfolledejoieetensependantàmoncou;jepourrait'aimerencorelongtemps.Mavieestdanslatienne,ettoutcequiestmoivientdetoi.Quelquesgouttesdetonricheetnoblesang,plusprécieuxetplusefficacequetouslesélixirsdumonde,m'ontrendul'existence."Cettescènemepréoccupalongtempsetm'inspirad'étrangesdoutesàl'endroitdeClarimonde,etlesoirmême,lorsquelesommeilm'eutramenéàmonpresbytère,jevisl'ab béSérapionplusgraveetplussoucieuxquejamais.Ilmer egardaattentivementetmedit:"Noncontentdeperdrevotreâme,vousvoulezaussi

perdrevotrecorps.Infortunéjeunehomme,dansquelpiègeêtes-voustombé!"Letondontilmeditcepeudemotsmefrappavivement;mais,malgrésavivacité,cetteimpressionfutbientôtdissipée,etmilleautressoinsl'effacèrentdemonesprit.Cependant,unsoir,jevisdansmaglace,dontellen'avaitpascalculélaperfideposition,Clarimondequiversaitunepoudredanslacoupedevinépicéqu'elleavaitcoutumedeprépareraprèslerepas.Jeprislacoupe,jefeignisd'yportermeslèvres,etjelaposaisurquelquemeublecommepourl'acheverplustardàmonloisir,et,profitantd'uninstantoùlabelleavaitledostourné,j'enjetailecontenusouslatable;aprèsquoijemeretiraidansmachambreetjemecouchai,biendéterminéànepasdormiretàvoircequetoutceladeviendrait.Jen'attendispaslongtemps;Clarimondeentraenrobedenuit,et,s'étantdébarrasséedesesvoiles,s'allongeadanslelit auprès demoi.Q uandellese futbienassurée quejedormais ,elledécouvritmonbrasettirauneépingled'ordesatête;puisellesemitàmurmureràvoixbasse:"Unegoutte,rienqu'unepetitegoutterouge,unrubisauboutdemonaiguille!...Puisquetum'aimesencore,ilnefautpasquejemeure...Ah!pauvreamour!Tonbeausangd'unecouleurpourpresiéclatante,jevaisleboire.Dors,monseulbien;dors,mondieu,monenfant;jeneteferaipasdemal,jeneprendraidetaviequecequ'ilfaudrapournepaslaisseréteindrelamienne.Sijenet'aimaispastant,jepourraismeréso udreàavoird'autresamant sdontjetarirai slesve ines;maisdepuisquejeteconnais,j'aitoutlemondeenhorreur...Ah!lebeaubras!commeilestrond!commeilestblanc!Jen'oseraijamaispiquercettejolieveinebleue."Et,toutendi santcela, ellepleurait,etjes entaispleuvoirseslarmessurmon brasqu'elletenaitentresesmains.Enfinellesedécida,mefitunepetitepiqûreavecsonaiguilleetsemitàpomperlesangquiencoulait.Quoiqu'elleeneûtbuàpeinequelquesgouttes,lacraintedem'épuiserlaprenant,ellem'entouraavecsoinlebrasd'unepetitebandeletteaprèsavoirfrottélaplaied'unonguentquilacicatrisasur-le-champ.Jenepouvaisplusavoirdedoutes,l'abbéSérapionavaitraison.Cependant,malgrécettecertitude,j enepouvaism'empêcherd'aimerClarimonde,etjeluiauraisvolontiersdonnétoutlesangdontelleavaitbesoinpoursoutenirsonexistencefactice.D'ailleurs,jen'avaispasgrand'peur;lafemmemerépondaitduvampire,etcequej'avaisentenduetvumerassuraitcomplètement;j'avaisalorsdesveinesplantureusesquineseseraientpasdesitôtépuisées,etjenemarchandaispasmaviegoutteàgoutte.Jemeseraisouvertlebrasmoi-mêmeetjeluiauraisdit:"Bois!etquemonamours'infiltredanstoncorpsavecmonsang!"J'évitaisdefairelamoindreallusionaunarcotiquequ'ellem'avaitverséetàlascènedel'aiguille,etnousvivionsda nsleplusparfaitacco rd.Pourtantme sscrupulesdep rêtremetourmentaientplusquejamais,etjenesavaisquellemacérationnouvelleinventerpourmateretmortifiermachair.Quoiquetoutescesvisionsfussentinvolontairesetquejen'yparticipasseenrien,jen'osaispastoucherleChristavecdesmainsaussiimpuresetunespritsouillépardepareillesdébauchesréellesourêvées.Pouréviterdetomberdanscesfatiganteshallucinations,j'essayaisdem'empêcherdedormir,jetenaismespaupièresouvertesaveclesdoigtsetjerestaisdeboutaulongdesmurs,luttantcontrelesommeildetoutesmesforces;maislesabledel'assoupissement

meroulaitbientôtdanslesyeux,et,voyantquetoutelutteétaitinutile,jelaissaistomberlesbrasdedécouragementetdelassitude,etlecourantmerentraînaitverslesrives perfides.Sérapionmefaisaitlesplu svéhé mentesexhortations,et mereprochaitdurementmamollesseetmonpeudeferveur.Unjourquej'avaisétéplusagitéqu'àl'ordinaire,ilmedit:"Pourvousdébarrasserdecetteobsession,iln'yaqu'unmoyen,et,quoiqu'ilsoitextrême,illefautemployer:auxgrandsmauxlesgrandsremèdes.JesaisoùClarimondeaétéenterrée;ilfautquenousladéterrionsetquevousvoyiezdansquelétatpitoyableestl'objetdevotreamour;vousneserezplustentédeperdrevotreâmepouruncadavreimmondedévorédesversetprèsdetomberenpoudre;celavousferaassurémentrentrerenvous-même."Pourmoi,j'étaissifatiguédecettedoublevie,quej'acceptai:voulantsavoir,unefoispourtoutes,quiduprêtreoudugentilhommeétaitduped'uneillusion,j'étaisdécidéàtuerauprofitdel'unoudel'autreundesdeuxhommesquiétaientenmoiouàlestuertousdeux,carunepareillevienepouvaitdurer.L'abbéSérapionsemunitd'unepioche,d'unlevieret d'unelanterne,età minuitno usnousdirigeâmes verslecimetièrede***,dontilconnaissaitparfaitementlegisementetladisposition.Aprèsavoirportélalu mièredelalanternesourdesurlesinscript ionsdeplu sieurstombeaux,nousarrivâmesenfinàunepierreàmoitiécachéeparlesgrandesherbesetdévoréedemoussesetdeplantes parasite s,oùnou sdéchiffrâmescecommencementd'inscription:IcigîtClarimondeQuifutdesonvivantLaplusbelledumonde."C'estbienici,"ditSérapion,et,posantàterresalanterne,ilglissalapincedansl'intersticedelapierreetcommençaàlasoulever.Lapierrecéda,etilsemitàl'ouvrageaveclapioche.Moi,jeleregardaisfaire,plusnoiretplussilencieuxquelanuitelle-même;quantàlui,courbésursonoeuvrefunèbre,ilruisselaitdesueur,ilhaletait,etsonsoufflepresséavaitl'aird'unrâled'agonisant.C'étaitunspectacleétrange,etquinouseûtvusdudehorsnouseûtplutôtprispourdesprofanateursetdesvoleursdelinceuls,quepourdesprêtresdeDieu.LezèledeSérapionavaitquelquechosededuretdesauvagequilefaisaitressembleràundémonplutôtqu'àunapôtreouaunange,etsafigureauxgrandstraitsaustèresetprofondémentdécoupésparlerefletdelalanternen'avaitriendetrèsrassurant.Jemesentaisperlersurlesmembres unesueurg laciale,et mescheveuxseredressaientdouloureusementsurmatête;jeregardaisaufonddemoi-mêmel'actiondusévèreSérapioncommeunabominablesacrilège,etj'auraisvouluqueduflancdessombresnuagesquiroulaientpesammentau-dessusdenoussortîtuntriangledefeuquileréduisîtenpoudre.Leshibouxperchéssurlescyprès,inquiétésparl'éclatdelalanterne,envenaientfouetterlourdementlavitreavecleursailespoussiéreuses,enjetantdesgémissementsplaintifs;lesrenardsglapissaientdanslelointain,etmillebruitssinistres sedégageaientdusilence.Enfinl apiochedeSéra pionheurta lecercueildontlesplanchesretentirentavecunbruitsourdetsonore,avecceterriblebruitquerendlenéantquandonytouche;ilenrenversalecouvercle,etj'aperçusClarimondepâlecommeunmarbre,lesmainsjointes;sonblancsuairenefaisait

qu'unseulplidesatêteàsespieds.Unepetitegoutterougebrillaitcommeuneroseaucoindesabouchedécolorée.Sérapion,àcettevue,entraenfureur:"Ah!tevoilà,démon,courtisaneimpudique,buveusedesangetd'or!"etilaspergead'eaubénitelecorpsetlecercueilsurlequeliltraçalaformed'unecroixavecsongoupillon.LapauvreClarimonden'eutpasétéplustôttouchéeparlasainteroséequesonbeaucorpstombaenpoussière;cenefutplusqu'unmélangeaffreusementinformedecendresetd'osàdemic alcinés. "Voilàvotremaîtresse,s eigneurRomuald,ditl'inexorableprêtreenmemontrantcestristesdépouilles,serez-vousencoretentéd'allervouspromenerauLidoetàFusineavecvotrebeauté?"Jebaissailatête;unegranderuinevenaitdesefaireaudedansdemoi.Jeretournaiàmonpresbytère,etleseigneurRomuald,amantdeClarimonde,seséparadupauvreprêtre,àquiilavaittenupen dantsilongt empsunesiétrangecompagni e.Seulement, lanuit suivante,jevisClarimonde;ellemedit,commelapremièrefoissousleportaildel'église:"Malheureux!malheureux!qu'as-tufait?Pourquoias-tuécoutéceprêtreimbécile?n'étais-tupas heureux? etquet'ava is-jefait, pourviolermapau vretombeetmettreànulesmisèresdemonnéant?Toutecommunicationentrenosâmesetnoscorpsestrompuedésormais.Adieu,tumeregretteras."Ellesedissipadansl'aircommeunefumée,etjenelarevisplus.Hélas!elleaditvrai:jel'airegrettéeplusd'unefoisetjelaregretteencore.Lapaixdemonâmeaétébienchèrementachetée;l'amourdeDieun'étaitpasdetroppourremplacerlesien.Voilà,frère,l'histoiredemajeunesse.Neregardezjamaisunefemme,etmarcheztoujourslesyeuxfixésenterre,car,sichasteetsicalmequevoussoyez,ilsuffitd'uneminutepourvousfaireperdrel'éternité.

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