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LEROMAN

DE

TRISTANETISEUT

ILAETETIREDECETOUVRAGE

CINQCENTSEXEMPLAIRESNUMÉROTÉS

SURJAPON.

LEROMAN

DETRISTAN

ETISEUT

RENOUVELÉPARJOSEPHBÉDIER

IHlINSTITUTECFVFDUFVALSTUOi^

10ELMSLEYPLACE

TORONTO6,CANADA.

SEP241931

Tousdroitsdereproduction

etdetraductionréservés. I..'. A

MONCHERDUTERTRE

HOMMAGEFILIAL

JOSEPHBÉDIER

parM.JosephBédier,surl'initiativede

M.Piazza.

L'ÉDITEUR.

PREFACE

I

PREFACE

deceluideThomas;d'unautre,anonyme,quinze II

PREFACE

lil

PREFACE

formeparfaite. mentauthentique.Puis, - etc'estl'effortleplus IV

PREFACE

ingénieuxetleplusdélicatdesonart, - ilaessayé V

PREFACE

VI

PREFACE

irrésistibleetéternelparcebreuvagedontl'action - etc'estenquoiildiffèredesphiltresvulgaires - se VII

PREFACE

fairecadrer. VIII

PREFACE

encorecommeunedesformesdecetidéalque surhumaines. IX

PREFACE

X

PREFACE

faitrentrer.

GastonPARIS.

NOTEADDITIONNELLE

XI

PRÉFACE

lementdeThomas,représentéparsesremanieursétrangers. - Lichtenstein,Strasbourg,1878). - LechapitreIV(lePhil-

W.Golther,BerlinetStuttgart,1888). - ChapitreV

(Brangien),d'aprèsEilhart. - ChapitreVI(leGrandPin). ditionnelles. - ChapitreXII(leJugementparleferrouge). deTristan,parBéroul,publiéparErnestMuret,Ivol.in-8°,1904. - douzièmesiècle,publiéparJosephBédier,2vol.in-8°,1903et1905. - in-8\1908. XII

PREFACE

de{F$éroul. - ChapitreXIII(laVoixduRossignol).Inséré leDomneidesAmanz. - ChapitreXIV(leGrelot).Tiréde GottfrieddeStrasbourg. - ChapitresXV-XVII.Lesépisodes leresteesttraité,engénéral,d'aprèsEilhart. - ChapitreXVIII diqueetindépendant. - ChapitreXIX(laMort),traduitde

BibliothèqueNationale.

J.B. XIII

LEROMANDE

TRISTANETISEUT

LESENFANCESDETRISTAN

Duwasrestzwârebazgênant:

Juventebêleetlariant!

(GotlfriedJeStrasbourg.) conted'amouretdemort?C'estdeTristan unmêmejour,luiparelle,elleparlui.

Auxtempsanciens,leroiMarcrégnaiten

Cornouailles.Ayantapprisquesesennemisle

lamerpourluiportersonaide.Illeservitpar aimaitd'unmerveilleuxamour.

LESENFANCESDETRISTAN

IllapritàfemmeaumoutierdeTintagel.

abattusurleLoonnois,ruinaitsesbourgs,ses vegardedesonmaréchalRohalt,Rohaltque nedevaitpasrevenir.Unjour,elleappritque lepleurapoint:nicris,nilamentations,mais

Rohalts'efforçaitdelaconsoler:

"Reine,disait-il,onnepeutriengagnerà mortsetpréservelesvivants!...» l'ayantprisentresesbras: 2

LESENFANCESDETRISTAN

tristesseàmourir.Etcommeainsituesvenu

Quandelleeutditcesmots,ellelebaisa,et,

sitôtqu'ellel'eutbaisé,ellemourut. leshommesduducMorganenveloppaientle pusoutenirlongtempslaguerre?Onditjuste- serendreàlamerciduducMorgan.Mais,de etl'élevaparmisesfils.

Aprèsseptansaccomplis,lorsqueletemps

futvenudelereprendreauxfemmes,Rohalt

Gorvenal.Gorvenalluienseignaenpeud'an-

néeslesartsquiconviennentauxbarons.Il 3

LESENFANCESDETRISTAN

cheval,sesarmesetluineformaientqu'unseul parcequ'ilavaituntelfils.MaisRohalt,son- sonseigneur.

Or,iladvintquetoutesajoieluifutravie,

qu'unjeuneloupprisaupiège.Maisc'est 4

LESENFANCESDETRISTAN

connaissantquelecourrouxdelamervenaitde surlesabled'unegrève.

Agrandeffort,ilmontasurlafalaiseetvit

voixetdetrompes.Mais,commeleslimiersse

Est-cedonclacoutumedecepays?

5

LESENFANCESDETRISTAN

- Beaufrère,réponditleveneur,quefais-je corpsenquatrequartiersquenousporterons, pendusauxarçonsdenosselles,auroiMarc, tempsdesplusanciensveneurs,onttoujours faitleshommesdeCornouailles.Sipourtanttu connaisquelquecoutumepluslouable,montre- l'apprendronsvolontiers.» laissant,commeilconvient,l'oscorbintout franc;puisillevaiesmenusdroits,lemufle, lalangue,lesdaintiersetlaveineducoeur.

Etveneursetvaletsdelimiers,penchéssur

lui,leregardaient,charmés. "Ami,ditlemaître-veneur,cescoutumes Dis-noustonpaysettonnom. - Beauseigneur,onm'appelleTristan; etj'appriscescoutumesenmonpaysde

Loonnois. - Tristan,ditleveneur,queDieurécom-

doute,ilestunbaronricheetpuissant?» 6

LESENFANCESDETRISTAN

MaisTristan,quisavaitbienparleretbien

setaire,réponditparruse: "Non,seigneur,monpèreestunmarchand. apprendrecommentsecomportentleshommes parmivosveneurs,jevoussuivraivolontiers, déduitsdevénerie. - BeauTristan,jem'étonnequ'ilsoitune terreoùlesfilsdesmarchandssaventce lebienvenu.Nousteconduironsprèsduroi

Marc,notreseigneur.»

etenseignaauxchasseurscommentsedoivent fairelacuréeetleforhu.Puisilplantasur legrosdesnombles.Illeurappritcomment ilsdevaientserangerdeuxpardeuxpour chevaucherenbelleordonnance,selonla

LESENFANCESDETRISTAN

lesfourches.

Alorsilssemirentàlavoieendevisant,

eauxvives,despêcheriesetdesterresde labour.Desnefsnombreusesentraientau port.Lechâteausedressaitsurlamer,fort etbeau,bienmunicontretoutassautettous unéchiquierdesinopleetd'azur.

Tristandemandalenomdecechâteau.

"Beauvalet,onlenommeTintagel. - Tintagel,s'écriaTristan,bénisois-tude

Dieu,etbénissoientteshôtes!»

Mais,hélas!Tristanl'ignorait.

Quandilsparvinrentaupieddudonjon,les

baronsetleroiMarclui-même. l'aventure,Marcadmiralebelarroidecette 8

LESENFANCESDETRISTAN

soncoeuretnepouvaitlecomprendre. soeurBlanchefleur.

Lesoir,quandlestablesfurentlevées,un

mélodie,Tristanluiparlaainsi: "Maître,celaiestbeauentretous:jadis amoursdeGraelent.L'airenestdoux,et harpe-lebien!»

LeGalloischanta,puisrépondit:

"Enfant,quesais-tudoncdel'artdes instruments?Silesmarchandsdelaterrede prendscetteharpe,etmontretonadresse.»

Tristanpritlaharpeetchantasibellement

EtMarcadmiraitleharpeurvenudecepays

9

LESENFANCESDETRISTAN

Blanchefleur.

Quandlelaifutachevé,leroisetutlon-

guement. lesbonschanteurs.Leurvoixetlavoixdela deuiletmaintméfait.Tuesvenupournotre joieencettedemeure.Restelongtempsprès demoi,ami! - Volontiers,jevousservirai,sire,répondit

Tristan,commevotreharpeur,votreveneur

etvotrehommelige.»

Ilfitainsi,et,duranttroisannées,une

mutuelletendressegranditdansleurscoeurs.

Lejour,TristansuivaitMarcauxplaidsou

enchasse,et,lanuit,commeilcouchaitdans lachambreroyaleparmilesprivésetles et,surtouslesautres,commel'histoirevous plustendrementquelesbaronsetqueDinas deLidan,leroil'aimait.Malgréleurten- dresse,Tristanneseconsolaitpasd'avoir 10

LESENFANCESDETRISTAN

etlaterredeLoonnois.

Seigneurs,ilsiedauconteurquiveutplaire

conteestsibelleetsidiverse:queservirait del'allonger?Jediraidoncbrièvement mersetlespays,RohaltleFoi-Tenantaborda "RoiMarc,celui-ciestTristandeLoonnois, votreneveu,filsdevotresoeurBlanchefleur etduroiRivalen.LeducMorgantientsa retouraudroithéritier.»

EtjediraibrièvementcommentTristan,

ayantreçudesononclelesarmesdecheva- recouvrasaterre.

PuisilsongeaqueleroiMarcnepouvait

plusvivreheureusementsanslui,etcommela partileplussage,ilmandasescomtesetses barons,etleurparlaainsi: 11

LESENFANCESDETRISTAN

"SeigneursdeLoonnois,j'aireconquisce

Dieuetparvotreaide.Ainsij'airenduàmon

pèresondroit.Maisdeuxhommes,Rohaltet leroiMarcdeCornouailles,ontsoutenu jepasrendreleurdroit?Or,unhauthomme adeuxchosesàlui:saterreetsoncorps.

Donc,àRohaltquevoici,j'abandonneraima

tiendraaprèsvous.AuroiMarc,j'abandon- neraimoncorps;jequitteraicepays,bien

MarcenCornouailles.Telleestmapensée;

maisvousêtesmesféaux,seigneursde

Loonnois,etmedevezleconseil:sidoncl'un

qu'ilselève,etqu'ilparle!»

Maistouslesbaronslelouèrentavecdes

larmes,etTristan,emmenantavecluileseul

Gorvenal,appareillapourlaterreduroiMarc.

12 Il

LEMORHOLTD'IRLANDE

Tristremseyd:"Ywis,

Ywildéfendeitasknizt.»

(SirTristrem.)

QUANDTristanyrentra,Marcettoutesa

baronniemenaientgranddeuil.Car ravagerlaCornouailles,siMarcrefusait sortentrelesfamillesdeCornouailles.Or, 13

LEMORHOLTD'IRLANDE

quenuln'avaitjamaispuvaincreenbataille. convoquéàsacourtouslesbaronsdesa terre,pourprendreleurconseil.

Autermemarqué,quandlesbaronsfurent

queMarcsefutassissousledais,leMorholt parlaainsi: "RoiMarc,entendspourladernièrefois lemandementduroid'Irlande,monseigneur.

Iltesemontdepayerenfinletributquetu

luidois.Pourcequetul'astroplongtemps refusé,ilterequiertdemelivrerencejour entrelesfamillesdeCornouailles.Manef, ancréeauportdeTintagel,lesemportera pourqu'ilsdeviennentnosserfs.Pourtant, - etjen'exceptequetoiseul,roiMarc,ainsi qu'ilconvient, - siquelqu'undetesbarons veutprouverparbataillequeleroid'Irlande lais,veutcombattrepourlafranchisedece pays?»

Lesbaronsseregardaiententreeuxàla

14

LEMORHOLTD'IRLANDE

disait:"Vois,malheureux,lastaturedu

Morholtd'Irlande:ilestplusfortquequatre

têtedesplushardischampions,depuistant veux-tuchercherlamort?Aquoibontenter

Maismamortnevoussauveraitpas.»Ettous

setaisaient.

LeMorholtditencore:

"Lequeld'entrevous,seigneurscornouail- lais,veutprendremongage?Jeluioffreune aulargedeTintagel.Là,votrechevalieret parenté.»

Ilssetaisaienttoujours,etleMorholtres-

semblaitaugerfautquel'onenfermedansune cageavecdepetitsoiseaux:quandilyentre, tousdeviennentmuets. 15

LEMORHOLTD'IRLANDE

LeMorholtparlapourlatroisièmefois:

"Ehbien,beauxseigneurscornouaillais, puisquecepartivoussembleleplusnoble, tirezvosenfantsausortetjelesemporterai!

Maisjenecroyaispasquecepaysnefût

habitéquepardesserfs.»

AlorsTristans'agenouillaauxpiedsduroi

Marc,etdit:

cedon,jeferailabataille.»

EnvainleroiMarcvoulutl'endétourner.

sahardiesse?MaisTristandonnasongageau

Morholt,etleMorholtlereçut.

Aujourdit,Tristanseplaçasurunecourte-

pointedecendalvermeil,etsefitarmerpour heaumed'acierbruni.Lesbaronspleuraientde "Ah!Tristan,sedisaient-ils,hardibaron, entrepriscettebataille?Mamortjetteraitun sonnent,ettous,ceuxdelabaronnieetceux 16

LEMORHOLTD'IRLANDE

coeurdeshommesvitdechétivepâture.

Tristanmontaseuldansunebarqueet

avaittenduàsonmâtunevoilederiche attachaitsabarqueaurivage,quandTristan, sienneverslamer. "Vassal,quefais-tu?ditleMorholt,et pourquoin'as-tupasretenucommemoita barqueparuneamarre? - Vassal,àquoibon?réponditTristan.

L'undenousdeuxreviendraseulvivantd'ici:

uneseulebarqueneluisuffit-ellepas?»

Ettousdeux,s'excitantaucombatpardes

ilsemblaquelabrisedemerportaitaurivage uncrifurieux.Alors,ensignededeuil,les femmesbattaientleurspaumesenchoeur,et denone,onvitauloinsetendrelavoilede

Morholt!leMorholtI»Mais,commelabarque

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LEMORHOLTD'IRLANDE

grandissait,soudain,ausommetd'unevague, ellemontraunchevalierquisedressaitàla saientseschaussesdefer,ilcriaauxcompa- gnonsduMorholt: "Seigneursd'Irlande,leMorholtabien c'estletributdelaCornouailles!»

AlorsilmontaversTintagel.Sursonpas-

desbranchesvertes,etderichescourtinesse trompesetdesbuccins,siretentissantsqu'on château,ils'affaissaentrelesbrasduroi

Marc;etlesangruisselaitdesesblessures.

Agranddéconfort,lescompagnonsdu

quandilrentraitauportdeWeisefort,le 18

LEMORHOLTD'IRLANDE

lesbaumesetlesbreuvagesquiranimentles lesphiltres?Ilgisaitmort,cousudansuncuir decerf,etlefragmentdel'épéeennemie

Blondel'enretirapourl'enfermerdansun

lesfemmesleregretfunèbre.Decejour, deLoonnois.

Mais,àTintagel,Tristanlanguissait:un

médecinsconnurentqueleMorholtavait 19

LEMORHOLTD'IRLANDE

deDieu.Unepuanteursiodieuses'exhalaitde sesplaiesquetoussespluschersamislequotesdbs_dbs17.pdfusesText_23

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