Recherche dun modèle dévapotranspiration potentielle pertinent
11 janv. 2005 et paramètres climatiques) a permis l'élaboration d'un échantillon de 308 ... Partie I – Evapotranspiration réelle et évapotranspiration ...
Évapotranspiration
Elle modifie ou explique cer- tains microclimats et a des effets sur le climat à échelle 3.1 Évapotranspiration réelle (ETr) et potentielle (ETp).
Apport de la variabilité spatiale des caractéristiques physiques du
Évapotranspiration réelle et potentielle signification climatique. Dans : Assemblée générale de Berkeley General Assembly
Détermination de lévaporation réelle dans les bilans hydrologiques
R.J. (1963) Evapotranspiration réelle et potentielle. Signification climatique. Assemblée Génér- ale de Berkeley Comité de VEvaporation (août 1963)
Lévapotranspiration est la résultante de lévaporation de leau
On distingue l'évapotranspiration potentielle (ETP) qui représente la demande climatique de l'évapotranspiration réelle (ETR) qui est la quantité d'eau
Le climat
L'ÉVAPOTRAN~PIRK~ION RÉELLE. 2. L'ÉVAPOTRANSPIRATION POTENTIELLE c. DÉFINITION. DE LA SÉCHERESSE CLIMATIQUE. - SIGNIFICATION. ÉcOLOGIQI. IE . .
Lévapotranspiration potentielle et ses implications géographiques
potentielle et les divers éléments du climat. En réalité cette distinction est des plus arbitraires : il n'existe à notre connaissance aucune formule aussi «
Une formule simple dévapotranspiration potentielle pour la
— Evapotranspiration réelle et potentielle. – Signification climatique IAHS Publ. no 62
Lévapotranspiration potentielle : applications définition
https://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/pleins_textes_5/b_fdi_12-13/14074.pdf
Étude de lévapotranspiration dans le bassin versant de Mejerda
2 mars 2016 uniquement du climat. C'est ce que nous pourrions appeler évapotranspiration potentielle en distinction de l'évapotranspiration réelle ».
ENGREF
ECOLE NATIONALE DU GENIE RURAL, DES EAUX ET DES FORÊTSN° attribué par la bibliothèque
/__/__/__/__/__/__/__/__/__/__/ THESE pour obtenir le grade deDocteur de l'ENGREF
Spécialité : Sciences de l'eau
présentée et soutenue publiquement parLudovic Oudin
le 29 Octobre 2004 à l'Ecole Nationale du Génie Rural, des Eaux et ForêtsCentre de : Paris
RECHERCHE D'UN MODELE D'EVAPOTRANSPIRATION
POTENTIELLE PERTINENT COMME ENTREE D'UN
MODELE PLUIE-DEBIT GLOBAL
devant le jury suivant :M. Gérard Degoutte
Président
M. François Anctil
Directeur de thèse
M. Claude Michel
Directeur de thèse
Rapporteur
M. Kieran O'Connor
Rapporteur
M. Pierre Ribstein
Examinateur
M. Pierre-Alain Roche
Examinateur
Remerciements
Je tiens à remercier chaleureusement mes deux directeurs de thèse, Claude Michel et François Anctil pour
m'avoir, chacun à sa manière, encouragé et conseillé.Claude Michel, hydrologue au Cemagref d'Antony, a encadré ce travail de recherche. Son enthousiasme et la
confiance qu'il m'a accordée ont été une source de motivation constante. Tout au long de ces trois années, son
expérience, sa clairvoyance et son dynamisme ont été les moteurs de mon travail.François Anctil, Professeur de l'Université Laval a accepté de co-diriger cette thèse. Ses échos depuis l'autre
côté de l'atlantique m'ont permis de prendre du recul et ses suggestions ont été d'une aide précieuse pour
l'orientation de cette recherche.J'adresse ma profonde reconnaissance à Kieran O'Connor, Professeur à l'université de Galway et Sten
rapporteurs de mes travaux.Pierre Ribstein, Professeur à l'université Paris VI, et Pierre-Alain Roche, Professeur à l'Ecole nationale des Ponts
et Chaussées, ont accepté d'être examinateurs. Je leur exprime ma sincère reconnaissance.
Je remercie chaleureusement Gérard Degoutte, Directeur Adjoint de l'Ecole Nationale du Génie Rural des Eaux
et des Forêts, de m'avoir inscrit dans son établissement, d'avoir accepté de faire partie de mon comité de suivi de
thèse et de mon jury de soutenance.Le comité de suivi de thèse comprenait également Pierre Chevallier, chercheur à l'Institut de Recherche pour le
Développement et Jean-Paul Goutorbe, chercheur à Météo-France. Je les remercie pour avoir accepté de suivre
mes travaux. Leurs conseils et leurs critiques ont été très utiles, et les discussions animées lors de ces réunions
passionnantes !Vazken Andréassian, Charles Perrin et Cécile Loumagne, ingénieurs-chercheurs au Cemagref d'Antony ont suivi
l'avancement de mes travaux avec intérêt. Leurs idées et conseils au quotidien ont fait de cette thèse une
expérience passionnante et enrichissante.Les évaluateurs des articles soumis à Journal of Hydrology, Hydrological Processes et Water Resources
Research ont également contribué à l'approfondissement et à la clarification de certaines parties de mes
recherches. Je tiens à les remercier vivement pour le temps qu'ils ont accordé à ces relectures et pour leurs
remarques et leurs critiques constructives.Cette thèse s'appuie sur des données qui ont été recueillies et mises à disposition par des organismes divers. Le
recueil et la gestion de ces données représentent un travail colossal et je voudrais adresser ma reconnaissance
aux personnes qui ont bien voulu me les mettre à disposition :Ross James, du Bureau australien de Météorologie qui a fourni l'essentiel des données des bassins
australiens ;Qynyuan Duan et le groupe du projet MOPEX ;
La direction de l'Eau du Ministère de l'écologie et du développement durable ; Météo-France, et en particulier Bruno Rambaldelli ; Les organismes américains de l'Agricultural Research Service et de l'United State Department ofAgriculture.
La région Ile-de-France a également apporté une contribution financière substantielle pour ces recherches.
Un grand merci à l'ensemble des membres permanents ou stagiaires de l'Unité de Recherche - et en particulier
à l'équipe hydrologie (Claudia, Jean-Louis, Jean-Luc, Mamoutou, Marine, Safouane, Thibault, et sans oublier
Frédéric, Laurent, Alexandre, Laetitia, Marc, Majida, Timothée et Marie-Perrine) - pour m'avoir fait partager un
peu, leurs diverses connaissances et expériences. Merci à Jean-Louis Rosique pour son aide efficace pour la
gestion au quotidien des problèmes informatiques et pour son aide dans l'élaboration de belles cartes ; Sylvie
Tonachella et Sophie Morin pour leur aide dans les démarches administratives et leur bonne humeur. Et je
n'oublie pas les équipes de foot et de basket du Cemagref ! Toutes ces personnes ont fait de cette thèse une
période agréable et pleine de bonne humeur.Merci aussi à Jean-Luc Pujol, Cécile Loumagne et Gildas Le Bozec, successivement chefs de l'Unité de
Recherche Qualité Fonctionnement Hydrologiques des Systèmes Aquatiques (QHAN) du Cemagref d'Antony, qui
m'ont accepté au sein de leur unité et à Jacques Joly et Gérard Sachon, successivement chefs du groupement
du Cemagref Antony pour leur accueil et les bonnes conditions dans lesquelles j'ai pu réaliser mes travaux.
Merci enfin à aux membres de l'équipe courageuse et intransigeante (Joanna, Enrique et mon père) qui ont relu
ce mémoire à la recherche de coquilles ! 4Résumé
Abstract
6Résumé
L'objectif de notre recherche est d'améliorer les performances des modèles pluie-débit par une meilleure prise en
compte de l'ETP au sein de ces modèles. Pour cela, l'échantillon de bassins versants étudiés devait représenter
diverses conditions climatiques et hydrologiques. L'assemblage des différentes données collectées (pluie, débit
et paramètres climatiques) a permis l'élaboration d'un échantillon de 308 bassins versants dont 221 français, 79
nord-américains et 8 australiens. L'avantage de travailler sur un échantillon assez vaste est de tirer des
conclusions relativement libres de toute dépendance vis à vis des caractéristiques particulières de tel ou tel
bassin. De plus, quatre modèles pluie-débit ont été utilisés : le modèle GR4J et des versions globales des
modèles HBV, IHACRES et TOPMODEL.Tout d'abord, une étude de sensibilité de ces modèles pluie-débit à l'entrée d'ETP a été entreprise. Deux aspects
ont été traités en particulier. La première motivation était de tester l'impact d'une connaissance fine du climat par
rapport à une connaissance des normales (moyennes interannuelles). Les résultats ont confirmé le manque
d'utilisation judicieuse de l'information datée contenue dans les formules d'ETP par les modèles pluie-débit. Le
deuxième aspect était de tester plusieurs formules pour représenter les variations de l'ETP au sein des modèles
pluie-débit. Les résultats ont montré là aussi une faible sensibilité des modèles quant au choix fait pour la formule
d'ETP. Nous avons porté en particulier notre attention sur la formule de Penman, couramment utilisée en
modélisation, car elle est la plus satisfaisante d'un point de vue physique, à l'échelle de la parcelle. En
modélisation pluie-débit, elle est dépassée par d'autres formules plus simples (utilisant moins de données
climatiques). Ainsi, nous pouvons parler de la pertinence d'autres formules que Penman pour la modélisation :
des formules simples faisant intervenir uniquement la température de l'air sont aussi performantes que la formule
de Penman.D'un point de vue opérationnel, ces résultats sont extrêmement rassurants puisqu'ils suggèrent qu'une entrée
d'ETP simple à obtenir peut être utilisée à la place de formules d'ETP plus demandeuses en données.
Cependant, d'un point de vue scientifique, le constat d'apparente insensibilité des modèles pluie-débit à l'entrée
d'ETP est préoccupant. En effet, le modèle semble se contenter d'une représentation extrêmement simplifiée de
la demande évaporatoire. Pourtant, il est légitime de penser que le modèle serait plus performant s'il prenait
mieux en compte cette information supplémentaire.Les hypothèses avancées pour expliquer la faible sensibilité des modèles à l'entrée d'ETP sont multiples :
S'agit-il d'un phénomène naturel que le modèle retranscrit assez fidèlement ? Faut-il remettre en cause la structure du modèle, notamment la partie traitant l'évaporation ? Les formules d'ETP traditionnelles sont-elles inadaptées à la modélisation pluie-débit ?Alors que la première interrogation nous semblait difficile à investiguer, les deux autres étaient plus à la portée
d'un utilisateur de modèles pluie-débit conceptuels. Pour cela, nous avons utilisé une approche par données
synthétiques d'ETP qui permet notamment de lever toute incertitude sur la pertinence des données d'ETP. Les
résultats ont montré que les différences entre ETP datées et interannuelles étaient presque totalement absorbées
par les réservoirs de production des modèles pluie-débit. Le modèle se comporte donc comme un filtre passe-
bas pour les données atmosphériques, atténuant ainsi la variabilité temporelle des entrées climatiques.
7Abstract
The objective of our research was to improve the performance of rainfall-runoff models thanks to a better
representation of Potential Evapotranspiration (PE). To this aim, we gathered a large sample of catchments,
encompassing different hydro-climatic conditions. Streamflow, rainfall and climatic data were collected for 308
catchments located in France (221), North America (79) and Australia (8). The advantage of work on a wide
sample is to draw conclusions relatively free of any dependence to specific catchment characteristics. Moreover,
we used four lumped rainfall-runoff model (GR4J and modified versions of IHACRES, HBV and TOPMODEL).First, we carried out a sensitivity analysis of these models to PE. Two main aspects were investigated. We
wanted to check the possible superiority of a precise daily knowledge of PE over mean data (interannual
averages of PE). Results confirmed the lack of sensitivity of rainfall-runoff models to day-to-day fluctuations of
PE, since using a regime curve appears as efficient as using detailed PE knowledge, in terms of low simulation
quality. Then, we tested several formulae to represent the variations of PE as inputs to rainfall-runoff models.
Results showed that there exists a low sensitivity of the models to the choice of the PE formulation. In this
context, the wide use of the Penman formulation, based on four climatic parameters, is questionable: simple
formulae using only air temperature data yield as satisfactory flow simulations as Penman formula. Therefore, the
Penman approach may not be the best suited for a PE estimation at the catchment-scale. A simple PE formula,
based only on catchment latitude and long term averages of air temperature was proposed. This formula provided
a slight but significant improvement of the performance of the four rainfall-runoff models over the 308 watersheds.
From an operational point of view, these conclusions are very reassuring because one can relatively easily obtain
mean monthly temperatures at many locations. Thus, it will be much easier to obtain basin-scale representative
PET estimates with temperature-based methods than with Penman-type methods, for which values are often
extrapolated from distant meteorological stations.However, from a modelling point of view, these results were disconcerting because they suggest pushing aside
the practice of many hydrologists who use Penman's formulation with daily time varying data. Moreover, models
seem to favour extremely simplified representations of the climate information. Several hypotheses can be put
forward: is it due to a natural phenomenon that rainfall-runoff models convey rather faithfully?is it an artefact of the model, making necessary to question the structure of the model, particularly the part
handling evaporation? are the traditional PE formulae inappropriate for rainfall-runoff modelling?Which of the previous points is the actual cause of the insensitivity of rainfall-runoff models to PE inputs? While
the first hypothesis seems difficult to verify objectively, the three others are more within the reach of users of
rainfall-runoff models. Since uncertainties affect both the structures and the inputs of rainfall-runoff models, we
base our analysis on synthetic flow data. Results confirm the insensitivity of rainfall-runoff models to PE, and
show that this can be explained by the fact that the soil moisture accounting stores of the models act as low-pass
filters, smoothing the effect of daily PE fluctuations. 8Sommaire
10Sommaire
Résumé - Abstract........................................................................ Introduction générale........................................................................Partie I - Evapotranspiration réelle et évapotranspiration potentielle - Contexte de la modélisation pluie-
CHAPITRE 1 L'EVAPOTRANSPIRATION POTENTIELLE (ETP) - CONTEXTE DE LA MODELISATION PLUIE-DEBIT..............................23
CHAPITRE 2 COMMENT EVALUER UN MODELE D'ETP EN MODELISATION PLUIE-DEBIT GLOBALE ? CONTEXTE D'UNE DEMARCHE
CHAPITRE 3 PRESENTATION DE L'ECHANTILLON DE DONNEES........................................................................
........................61 Conclusion de la partie I........................................................................Partie II - Sensibilité des modèles pluie-débit à l'évapotranspiration potentielle.........................................75
CHAPITRE 4 IMPACT DU MODE DE CALCUL DE L'ETP SUR LES PERFORMANCES DES MODELES PLUIE-DEBIT...............................79
CHAPITRE 5 IMPACT DE LA VARIABILITE TEMPORELLE DE L'ETP SUR LES PERFORMANCES DES MODELES PLUIE-DEBIT...............97
CHAPITRE 6 IMPACT DE LA VARIABILITE SPATIALE DE L'ETP SUR LES PERFORMANCES DE MODELES PLUIE-DEBIT....................117
Conclusion de la partie II........................................................................Partie III - Recherche des causes de l'apparente insensibilité des modèles à l'évapotranspiration
CHAPITRE 7 ADAPTATION DES PARAMETRES DU MODELE GR4J A DES MODIFICATIONS D'ETP...............................................135
CHAPITRE 8 FAUT-IL REMETTRE EN CAUSE LES FORMULES D'ETP CLASSIQUES ?.................................................................147
CHAPITRE 9 SUIVI DE LA SENSIBILITE DES MODELES PLUIE-DEBIT AU SEIN DE LEUR STRUCTURE.............................................157
CHAPITRE 10 FILTRAGE DES SERIES D'ETP ET ANALYSE FREQUENTIELLE DES SERIES INTERMEDIAIRES...................................175
Conclusion de la partie III........................................................................Partie IV - Tentatives d'amélioration de la prise en compte de l'évapotranspiration potentielle au sein des
modèles pluie-débit........................................................................CHAPITRE 11 RECHERCHE EMPIRIQUE D'UN MODELE D'ETP PERTINENT A PARTIR DES FORMULES DEJA TESTEES.....................193
CHAPITRE 12 UTILISATION DE L'HYPOTHESE DE BOUCHET EN MODELISATION PLUIE-DEBIT.......................................................211
CHAPITRE 13 UTILISATION D'INDICATEURS DE VEGETATION POUR AMELIORER LA PRISE EN COMPTE DE L'ETP..........................223
Conclusion de la partie IV........................................................................ Conclusion générale........................................................................Références bibliographiques........................................................................
11 Annexes ................................................................ANNEXE 1 MANUSCRIPT EXTENSIVE SUMMARY........................................................................
ANNEXE 2 PROCESSUS PHYSIQUES ET ESTIMATIONS DE L'EVAPOTRANSPIRATION...............................................................313
ANNEXE 3 CALCULS ET ESTIMATIONS DES TERMES CONTENUS DANS LES FORMULES D'ETP................................................327
ANNEXE 4 STRUCTURE DES MODELES PLUIE-DEBIT UTILISES........................................................................
.....................335ANNEXE 5 TRADUCTION DE L'ARTICLE DE PENMAN (1948)........................................................................
........................343ANNEXE 6 LISTE DES BASSINS VERSANTS UTILISES........................................................................
...................................381ANNEXE 7 ARTICLE 1 : SENSIBILITE DES MODELES A LA VARIABILITE TEMPORELLE DE L'ETP...............................................387
ANNEXE 8 ARTICLE 2 : SENSIBILITE DES MODELES A LA FORMULATION DE L'ETP...............................................................405
ANNEXE 9 ARTICLE 3 : IMPACT D'UTILISATION DE DONNEES ERRONEES DE L'ETP SUR LA PERFORMANCE ET L'ESTIMATION DES
PARAMETRES DU MODELE GR4J........................................................................ANNEXE 10 ARTICLE 4 : SUIVI DE LA SENSIBILITE DES MODELES PLUIE-DEBIT AU SEIN DE LEUR STRUCTURE...........................443
ANNEXE 11 ARTICLE 5 : PRISE EN COMPTE DE LA RELATION DE BOUCHET EN MODELISATION PLUIE-DEBIT.............................461
ANNEXE 12 ARTICLE SUR LA METHODE D'EVALATION DE L'INCERTITUDE LIEE A L'ESTIMATION DES PARAMETRES.....................477
12Introduction générale
14Introduction générale
Introduction générale
L'eau fascine autant les scientifiques, les philosophes que les poètes. Dans les sociétés traditionnelles, elle est
symbole de pureté et atteint une dimension sacrée. En Inde, les sadhus (saints hommes) vont se baigner dans
les sources glacées du Gange, à plus de 4000 mètres d'altitude, là où l'eau est la plus pure. Aujourd'hui
cependant, même le sacré semble être rattrapé par les problèmes du monde moderne. Ainsi, lors du dernier
pèlerinage de la Kumbh Mela , des sadhus ont refusé de se baigner dans les eaux du Gange à Allahabad, troppolluées. Plus que tout discours politique, ces déclarations ont ébranlé la population indienne. L'eau n'est pas
seulement une ressource, elle est un enjeu de civilisation et un potentiel économique considérable. La rareté de
l'eau douce et son inégale répartition géographique provoquent des conflits juridiques et politiques entre de
nombreux pays et bien des communautés humaines. Ce n'est pas un hasard si le mot rival vient du mot rive : le
rival, c'est l'habitant de l'autre rive, celui qui pourrait être tenté de prendre plus que sa juste part de ce bien
commun essentiel, l'eau. Pour contenir les rivalités, il faut gérer au mieux les ressources. Et gérer, c'est
notamment prévoir. Cette maxime est pertinente dans le domaine des ressources en eau, où les stocks sont
souvent faibles au regard des besoins. D'où la nécessité de mettre au point des outils de gestion de la ressource,
de gestion du risque et d'aide à la décision, qui permettent de mieux cerner le fonctionnement des
hydrosystèmes naturels, et donc de mieux prévenir, anticiper et traiter les problèmes.De nombreux travaux de recherche se sont attachés, depuis plus d'un siècle, à essayer de comprendre les
processus de génération des débits et le fonctionnement hydrologique du bassin versant. Parce qu'une très
grande complexité caractérise les processus impliqués dans le cycle de l'eau, les représentations de ces
processus, c'est-à-dire les modèles, sont nécessairement simplificatrices, réductrices de la complexité naturelle,
et donc grossièrement inexactes. Un moyen d'estimer les débits est de remonter jusqu'à leur cause première, les
pluies. Deux approches de modélisation sont alors envisageables : une approche dite physique, qui utilise le
cadre théorique des équations de la physique et permet de donner une représentation des flux et stocks au sein
du bassin ; et une approche empirique. Cette dernière suspecte que l'emploi des connaissances physiques
actuelles sont loin de pouvoir apporter la solution et préfère découvrir directement, au vu de la pluie et des débits,
le mécanisme des bassins versants. Les débats entre les partisans de ces deux approches sont toujours
passionnés ; au cours de l'un de ces débats auquel j'assistai, il m'est venu à l'esprit cette phrase d'Henri
Michaux : " Si un contemplatif se jette à l'eau, il n'essaiera pas de nager, il essaiera d'abord de comprendre l'eau.
Et il se noiera. ». Dans cette thèse, j'ai voulu suivre une approche empirique pragmatique, en acceptant ses
limites... parce que reconnaissant sa nécessité !Dans la représentation de la transformation pluie-débit, l'évapotranspiration représente un terme climatique
majeur et devrait donc jouer un rôle essentiel. Sur une majorité de bassins, la perte par évapotranspiration
représente quantitativement l'élément le plus important du bilan en eau (plus de 60% de l'apport pluviométrique
sur les surface continentales).Cependant, il n'existe pas encore de technique expérimentale satisfaisante pour
estimer l'évapotranspiration à l'échelle du bassin versant (Wallace, 1995).Pour modéliser un bassin versant, il faut clarifier le rôle de l'évapotranspiration dans la transformation pluie-débit.
Bizarrement, les hydrologues s'en sont désintéressés assez largement : Klemeš (1986a) affirmait en effet que les
questions tournant autour de l'évapotranspiration représentaient moins de 5% des pages des manuels et des
revues d'hydrologie. Aujourd'hui, la situation est quelque peu différente : les connections entre la climatologie et
l'hydrologie de surface se sont considérablement renforcées et beaucoup s'accordent à dire que le
développement de tels couplages représente un tournant essentiel dans l'histoire de l'hydrologie (Entekhabi et
La Kumbh Mela est le plus grand rassemblement religieux au monde et a a ccueilli près de sept millions de pèlerins en 2001.15
al., 1999). Dans ces couplages, l'évapotranspiration a un rôle clé, assurant une part considérable des transferts
d'eau et d'énergie entre les surfaces continentales et l'atmosphère.L'historique des théories sur l'évapotranspiration (Brutsaert, 1982) montre que ce phénomène a intrigué les
penseurs et les philosophes depuis l'antiquité.Aristote (384-332 av. J.-C.) reliait l'évaporation au réchauffement de l'atmosphère par les rayons du soleil et la
condensation au rafraîchissement de la vapeur atmosphérique. Alors qu'Aristote n'admettait pas le vent comme
facteur de l'évaporation, Theophrastos, un de ses contemporains (372-287 av. J.-C.) pensait que le vent
permettait à la vapeur émise par le réchauffement de l'atmosphère de s'évacuer. La controverse entre Aristote et
Theophrastos peut être considérée comme l'origine du conflit opposant les disciples de l'approche
aérodynamique et ceux de l'approche énergétique, évoqué par Penman (1956).C'est Dalton (1802) qui a posé les premiers principes de la théorie actuelle de l'évaporation. Il affirme notamment
que le taux d'évaporation est directement lié à la température, aux mouvements de masses d'air, à l'humidité de
l'atmosphère et à la nature chimique du volume évaporant. Dalton propose aussi la première formule permettant
d'estimer l'évaporation, à partir du vent et de la différence de pression de vapeur. Cette formule est la base du
développement des nombreuses formules dites aérodynamiques. Les premières théories sur le bilan énergétique
ont été développées un peu plus tard à partir des travaux de Maury (1861).Aujourd'hui, les connaissances théoriques sur le processus d'évapotranspiration sont relativement avancées et le
perfectionnement des instruments de mesure permet d'estimer de façon fiable l'évapotranspiration à l'échelle
ponctuelle, voire à l'échelle de la parcelle. Cependant, dès lors que l'on s'intéresse à un bassin versant
hétérogène, aucune technique ne permet d'estimer directement l'évapotranspiration et on a généralement
recours à des approches simplifiées. Au sein des modèles hydrologiques et en particulier des modèles pluie-
débit, l'estimation de l'évapotranspiration est réalisée via une variable climatique théorique, l'évapotranspiration
potentielle (ETP), censée représenter la capacité évaporatoire d'une masse d'air. Des recherches antérieures
menées au Cemagref ont mis en évidence des problèmes d'utilisation de cette variable par les modèles pluie-
débit. Ce constat, confirmé par d'autres auteurs, est inquiétant : ces problèmes peuvent avoir des conséquences
directes sur la qualité de simulation des débits, particulièrement en étiage. De plus, cela peut radicalement limiter
la fiabilité des modèles dans l'application de scénarios de variabilité climatique. S'il est vrai que les pertes par
évapotranspiration ont un rôle mineur en période de crue, elles ont souvent une importance déterminante dans la
qualité de simulation des étiages. Par ailleurs, une mauvaise restitution des étiages peut entraîner des difficultés
de simulation des premiers événements de crue ou des reprises d'écoulement après de longues périodes sans
pluie. Du fait des problèmes cités plus haut, il est apparu essentiel de poursuivre des recherches pour mieux
prendre en compte l'ETP au sein des modèles pluie-débit et améliorer par ce biais leurs performances.
Cette thèse a poursuivi trois objectifs majeurs :1. Dresser un constat se voulant le plus général possible de la sensibilité des modèles pluie-débit à l'ETP ;
2. Comprendre comment les modèles utilisent effectivement l'information contenue dans l'entrée d'ETP ;
3. Tenter d'améliorer la prise en compte de l'ETP au sein des modèles pluie-débit, en modifiant soit la
formulation de l'ETP, soit le traitement de l'ETP par les modèles pluie-débit.Avant de répondre à ces objectifs, une réflexion sur le concept d'évapotranspiration potentielle nous paraissait
nécessaire. Après avoir précisé le sens à donner à la variable ETP, nous présentons dans le Chapitre 1 un
aperçu des multiples techniques et des difficultés qui peuvent exister pour la mesurer et pour l'estimer. Nous
détaillons ensuite le rôle de cette variable au sein d'un modèle pluie-débit conceptuel global et les problèmes liés
à son utilisation à l'échelle du bassin versant.Dans le Chapitre 2, nous définissons le cadre général des tests effectués, et justifions la démarche utilisée tout
au long de la thèse. Celle-ci repose sur les contraintes liées à l'approche de développement empirique de
16Introduction générale
modèles. Dans nos travaux, nous avons choisi de travailler sur un grand nombre de bassins versants, avec
quatre modèles pluie-débit et plusieurs critères d'évaluation des simulations de débits. Nous donnons les
justifications de ces choix et les limites de cette approche sont exposées.Un des objectifs de notre recherche est d'améliorer les performances des modèles pluie-débit par une meilleure
prise en compte de l'ETP au sein de ces modèles. Pour cela, l'échantillon de bassins versants devait représenter
diverses conditions climatiques et hydrologiques. L'assemblage des différentes données collectées (pluie, débit
et variables climatiques) a permis la constitution d'une base de données de 308 bassins versants dont 221
français, 79 nord-américains et 8 australiens, présentés au Chapitre 3. L'avantage de travailler sur un échantillon
assez vaste est de tirer des conclusions relativement libres de toute dépendance vis à vis des caractéristiques
particulières de tel ou tel bassin. De plus, quatre modèles pluie-débit globaux ont été utilisés : le modèle GR4J et
des versions simplifiées des modèles HBV, IHACRES et TOPMODEL.Pour répondre à notre premier objectif, une analyse de sensibilité de ces quatre modèles pluie-débit à l'entrée
d'ETP a été entreprise. Trois aspects ont été traités : Comme l'ETP n'est pas directement observable mais le résultat d'un calcul suivant une formuleimpliquant plusieurs variables météorologiques, nous avons testé au Chapitre 4 la sensibilité des
modèles pluie-débit à la formulation choisie pour l'ETP. Nous avons porté en particulier notre attention
sur la formule de Penman car elle est jugée actuellement la plus satisfaisante à l'échelle de la parcelle.
Comme l'utilisation de données d'ETP datées n'est souvent pas possible, compte tenu de la rareté de
chroniques longues de variables climatiques journalières, la plupart des modèle hydrologiques utilisent
des données d'ETP interannuelles (ou courbe de régime de l'ETP). Dans le Chapitre 5, nous évaluons
le bénéfice obtenu en terme de performance des simulations des modèles pluie-débit avec une vraie
connaissance temporelle de l'ETP. En modélisation hydrologique, le recours au concept d'ETP suppose une estimation de la demandeévaporatoire de l'atmosphère à une échelle proche de celle du bassin : on considère en effet que l'ETP
mesurée localement à la station météorologique permet de représenter globalement l'ETP sur le bassin
versant. Cependant, au sein d'un bassin versant, l'ETP peut être assez variable, notamment pour les
bassins à relief accidenté. Dans le Chapitre 6, nous nous intéressons à l'impact de la prise en compte
de la variabilité spatiale de l'ETP en modélisation pluie-débit globale.Les résultats de cette analyse de sensibilité nous ont poussés à nous interroger sur la manière dont l'ETP est
utilisée au sein des modèles pluie-débit. De plus, notre objectif étant d'améliorer la prise en compte de l'ETP au
sein de ces modèles, il s'agissait avant tout de mieux comprendre le rôle et l'intérêt de la variable ETP.
Dans le Chapitre 7, nous cherchons à évaluer le rôle qu'a le calage des paramètres du modèle dans la
sensibilité à l'ETP. Le but est de déterminer si la qualité de l'information d'ETP influe sur les
performances et la précision de l'estimation des paramètres du modèle. Nous analysons en détail les
impacts d'erreurs systématiques et aléatoires dans les séries d'ETP.Dans le Chapitre 8, nous nous interrogeons sur la validité des formules d'ETP utilisées pour représenter
la demande évaporatoire à l'échelle du bassin versant. Et si le concept d'ETP, développé pour des
applications agronomiques, n'était pas adapté pour la modélisation pluie-débit ?Dans le Chapitre 9, nous utilisons des données synthétiques pour suivre l'évolution de la sensibilité des
modèles à l'ETP au sein de leur structure, afin de déterminer les composants des modèles limitant
l'exploitation de l'information contenue dans les séries d'ETP.Dans le Chapitre 10, nous cherchons à déterminer quelles fréquences de la série d'ETP datée sont
utiles à la modélisation du débit. Pour ce faire, nous utilisons un filtre passe-bas par transformées de
Fourier permettant d'éliminer des composantes de la série au-dessous de fréquences précises. Ces
nouvelles chroniques d'ETP filtrées ont ensuite été testées comme nouvelles entrées des modèles
pluie-débit. 17A la lumière de ces résultats, nous avons essayé d'améliorer la prise en compte de l'ETP au sein des modèles
pluie-débit, en modifiant soit la formulation de l'ETP, soit le traitement de l'ETP par les modèles pluie-débit :
Dans le Chapitre 11, nous partons de la confrontation des formules d'ETP et proposons à partir de ces
formules une nouvelle formulation de l'ETP beaucoup plus simple que celles généralement utilisées
mais garantissant des performances de modélisation aussi bonnes, voire meilleures.Dans le Chapitre 12, nous nous interrogeons sur les problèmes d'échelle liés à l'estimation de
l'évapotranspiration d'un bassin versant. Il existe en effet des phénomènes complexes d'interactions
entre la disponibilité de l'eau et les variables climatiques. Ces phénomènes d'interaction, mis en
évidence par Bouchet (1963), ont conduit à des modèles d'estimation d'évapotranspiration connus sous
le nom de modèles de complémentarité. Nous testons au Chapitre 12 les potentialités de ces approches
en modélisation pluie-débit.La végétation joue un rôle essentiel dans les processus d'évapotranspiration à l'échelle de la parcelle.
Toutefois, ses impacts à l'échelle du bassin versant sont moins connus et malgré les nombreuses
recherches à ce sujet, il semble qu'i n'y ait pas de consensus sur la manière d'introduire cesinformations de végétation au sein des modèles hydrologiques. Dans le Chapitre 13, nous cherchons
donc à intégrer des indicateurs de végétation au sein de la formule d'ETP ou au sein du modèle.
18Partie I - Evapotranspiration réelle et
évapotranspiration potentielle -
Contexte de la modélisation
pluie-débitL'objectif de cette première partie est d'introduire le concept d'évapotranspiration potentielle et de présenter son
utilisation en modélisation pluie-débit.L'évapotranspiration est un phénomène extrêmement complexe, faisant intervenir des paramètres
aérodynamiques, énergétiques et biologiques. Ainsi, parmi les termes du cycle de l'eau, c'est sans doute le plus
difficile à quantifier. A l'échelle qui nous intéresse, celle du bassin versant, ce phénomène n'est pas directement
mesurable et il est donc souvent représenté de manière simplifiée dans les modèles hydrologiques, notamment
dans les modèles pluie-débit. Une variable intermédiaire y est utilisée, l'évapotranspiration potentielle.
Le Chapitre 1 présente le concept d'évapotranspiration potentielle, les méthodes d'estimation et de mesure de
cette variable, et son utilisation au sein des modèles pluie-débit.Le Chapitre 2 introduit les divers outils et approches utilisés dans le cadre de notre recherche. Les recherches
entreprises s'inscrivent dans la lignée de travaux antérieurs réalisés au Cemagref depuis une vingtaine d'années
et il nous semblait important de rappeler l'approche originale adoptée.Au Chapitre 3, nous présentons les raisons qui nous ont poussés à travailler sur un grand nombre de bassins
versants pour évaluer la sensibilité des modèles pluie-débit à l'ETP ainsi que les caractéristiques hydro-
météorologiques de cette base de données.Partie I - Evapotranspiration réelle et potentielle. Contexte de la modélisation pluie-débit
20Chapitre 1
Partie I - Evapotranspiration réelle et potentielle. Contexte de la modélisation pluie-débit
22Chapitre 1. L'Evapotranspiration Potentielle (ETP), contexte de la modélisation pluie-débit Chapitre 1 L'Evapotranspiration Potentielle (ETP) - Contexte de la modélisation pluie-débit
Equation Section 1
1.1. Introduction
Les connaissances théoriques sont relativement avancées pour l'estimation de l'évapotranspiration à l'échelle de
la parcelle. Cependant, à l'échelle d'un bassin versant hétérogène, aucune technique ne permet d'estimer de
façon fiable l'évapotranspiration.Le concept d'évapotranspiration potentielle (ETP) permet de représenter la demande évaporatoire de
l'atmosphère. En modélisation pluie-débit, l'ETP est souvent utilisée car, contrairement à l'évapotranspiration
réelle (ETR), son estimation ne nécessite que la connaissance de paramètres liés à l'atmosphère. Ces
paramètres sont plus homogènes à l'échelle du bassin et plus facilement mesurables que des paramètres tels
que la nature du sol et l'état hydrique du sol, dont la connaissance est nécessaire pour estimer l'ETR.
Dans ce chapitre, nous proposons une revue critique du concept d'ETP. En général, la variable ETP est obtenue
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