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Cahiers de la Méditerranée
78 | 2009
Migration et religion en France (Tome 2)
Édition
électronique
URL : https://journals.openedition.org/cdlm/4517
DOI : 10.4000/cdlm.4517
ISSN : 1773-0201
Éditeur
Centre de la Méditerranée moderne et contemporaineÉdition
impriméeDate de publication : 15 juin 2009
ISSN : 0395-9317
Référence
électronique
Cahiers de la Méditerranée
, 782009, "
Migration et religion en France (Tome 2)
» [En ligne], mis en
ligne le 29 janvier 2010, consulté le 02 juillet 2021. URL : https://journals.openedition.org/cdlm/4517 DOI : https://doi.org/10.4000/cdlm.4517 Ce document a été généré automatiquement le 2 juillet 2021.© Tous droits réservés
SOMMAIREDossier : Migration et religion en France IIPrésentationRalph Schor et Yvan GastautImmigration et mobilisations musulmanes à MarseilleL'éveil d'un " islam paroissial » (1945-2008)Vincent GeisserMigration et religion chez les juifs, en France, au XIXe siècle
Danielle Delmaire
Les Juifs français face aux Juifs étrangers dans la France de l'entre-deux-guerresJérémy Guedj
La Mission catholique polonaise en France du XIXe au XXIe siècleJanine Ponty
Immigration et religion dans le Nord Franche-Comté (1871-1918)Stéphane Kronenberger
Entre nation et religion. Scoutisme et organisation des jeunes immigrés (1920-1950)Nicolas Palluau
Catégorisations des migrantes par le religieux et agentivité autour de l'islamSimona Tersigni
Les missions religieuses au sein de l'immigration hongroise en France (1927-1940)Benjamin Janicaud
Les Églises arméniennes et les réfugiés en Rhône-Alpes dans l'entre-deux-guerres (1918-1940)Jean-Luc Huard
Les incertitudes et les contradictions d'une " bonne intégration » Les immigrants catholiques portugais en France, des années soixante aux années quatre-vingtMarie-Christine Volovitch-Tavares
Pays d'origine et encadrement des pratiques religieuses : l'Algérie et ses émigrés (1962-1988)
Jean-Charles Scagnetti
Se rendre à La Mecque sous la Troisième RépubliqueContrôle et organisation des déplacements des pèlerins du Maghreb et du Levant entre 1880 et 1939
Luc Chantre
Dossier : Diplomaties italiennes de la première modernitéEntre diplomatie familiale et diplomatie publique
Guichardin en Espagne auprès du Roi Catholique
Emanuele Cutinelli-Rendina
Machiavel et Vettori en Todescheria
Denis Fachard
Cahiers de la Méditerranée, 78 | 20091
Le personnel diplomatique vénitien à travers l'Europe, dans la première moitié duXVIe siècle
Jean-Pierre Pantalacci
Notes et travaux de recherche
L'Europe sans rivages. La Méditerranée (1798-1878)Thierry Couzin
Réseaux techniques et concepts de modernisation Le cas des chemins de fer thessaliens, vers la fin du XIX e siècleCatherine Bregianni
Tentative d'assassinat d'Isabelle Eberhardt : un dossier judiciaire qui interrogeSoazic Lahuec
Le régime administratif des unités marocaines entre la première et la seconde guerreUn éclairage historique sur les origines inégalitaires des pensions des anciens combattants marocains
Mbark Wanaïm
Mobilité et accès à la ville pour le travail des populations pauvres du périurbain d'Oran
Fafa Rebouha et Pascal Pochet
Actualités de la recherche
Savoir-faire de la pierre sèche et terrasses de cultures cévenoles Compte rendu de colloque, Le Vigan, 26-28 mars 2009Eric Bailly
Comptes-rendus
Ferenc Tóth - La guerre russo-turque (1768-1774) et la défense des Dardanelles.L'extraordinaire mission du baron de Tott
Eric Schnakenbourg
Université de Nantes et Economica (Campagnes et Stratégies) (éd.) Charlotte Guichard - Les amateurs d'Art à Paris au XVIIIe siècleDavid Rousseau
Champ Vallon (éd.)
Alain Bottaro - Les sources de l'histoire du comté de Nice à l'Archivo di Stato de Turin,Ancien Régime, 1388-1792
Alain Ruggiero
Association de sauvegarde du patrimoine écrit des Alpes-Maritimes (éd.) Souvenirs d'un artilleur, lettres de Paul Bernier officier au 2e régiment d'infanterie de montagne 1914-1918Alain Ruggiero
Florence Petit (éd.)
Patrick Louvier - La puissance navale et militaire britannique en Méditerranée, 1840-1871Alain Ruggiero
Service historique de la défense (éd.)
Cahiers de la Méditerranée, 78 | 20092
Pierre Bourdieu - Esquisses algériennes, textes édités et présentés par Tassadit YacineAlain RomeyOlivier Bouquet - Les pachas du sultan. Essai sur les agents supérieurs de l'État ottoman
1839-1909Élise Massicard
Cahiers de la Méditerranée, 78 | 20093
Yvan Gastaut et Ralph Schor (dir.)Dossier : Migration et religion enFrance IICahiers de la Méditerranée, 78 | 20094
PrésentationRalph Schor et Yvan GastautNOTE DE L'AUTEURCe numéro thématique des Cahiers de la Méditerranée fait suite au n° 76 de juin 2008 etachève la publication des actes du vaste colloque international tenu à Nice sur le thèmeMigration et religion en France.
1 Depuis une vingtaine d'années, l'immigration a inspiré de nombreux travaux en
histoire, géographie, économie, droit, sciences politiques, sociologie, psychologie,médecine... Ces recherches ont pris la forme de thèses, d'essais, de livres de
vulgarisation, d'articles, de recueils de documents consacrés aux diverses nationalitésprésentes en France, aux politiques migratoires, à l'opinion et aux relations
interethniques, aux usages sociaux, à l'intégration... En revanche, le rapport entre migration et religion est demeuré en retrait. Ce thème a certes inspiré des travaux, mais ceux-ci apparaissent moins nombreux et moins approfondis que les autres. Or le comportement religieux des immigrés se trouve au coeur de l'actualité, comme le montrent les débats sur l'implantation et le financement des édifices cultuels, la réglementation du port d'insignes religieux ostentatoires, les réactions passionnées soulevées par la publication de caricatures ayant la religion pour sujet...2 Dans le passé, des débats aussi vifs eurent lieu, par exemple sur les agissements du
clergé étranger ou sur l'organisation de processions sur la voie publique. Or, jusque dans la deuxième moitié du xx e siècle, les chrétiens étaient majoritaires au sein de la population immigrée. Au recensement de 1931, les quatre premières nationalités dénombrées en France étaient, par ordre d'importance, les Italiens, les Polonais, les Espagnols, les Belges, soit les représentants de peuples personnifiant particulièrement le catholicisme. Aujourd'hui, alors que la majorité des immigrés appartient à l'islam, des discussions tout aussi animées se déroulent, ce qui montre que l'appartenance religieuse ne modifie pas sensiblement les données du problème. En fait, la religion constitue un élément fort de l'identité et, en ce domaine, la migration revient à uneCahiers de la Méditerranée, 78 | 20095
confrontation de la personnalité des populations venues de loin avec la personnalité des populations du pays d'accueil.3 Les liens complexes entre religion et migration peuvent être analysés sous trois angles.
La diversité des religions
4 Jusqu'au milieu du xxe siècle, les catholiques restèrent largement majoritaires dans la
population immigrée. Cependant des minorités chrétiennes s'individualisaient : assyro- chaldéens, Arméniens, orthodoxes russes ayant fui la révolution de 1917, Libanais, petits groupes protestants. En dehors des chrétiens, la France reçut des juifs d'Europe centrale et d'Allemagne, fuyant les persécutions antisémites. Les musulmans constituaient des groupes de très modeste taille.5 À partir des années 1950, les catholiques se maintinrent, notamment grâce à l'apport
des Portugais qui prirent le premier rang parmi les nationalités immigrées. Mais les effectifs des musulmans se renforcèrent et devinrent majoritaires en raison de l'arrivée de nombreux Algériens, Tunisiens, Marocains, noirs d'Afrique sub-saharienne, Turcs, Comoriens. De nouvelles minorités se formèrent, ainsi les bouddhistes originaires d'extrême Orient. L'évolution interne des communautés immigrées6 Il convient de ne pas toujours surestimer le rôle du facteur spirituel comme le montre
la sociologie religieuse renouvelée par les travaux du chanoine Boulard. L'exemple des Italiens, première nationalité étrangère présente en France pendant l'entre-deux- guerres, se révèle particulièrement significatif. Ces individus, considérés comme dessymboles de la fidélité catholique, n'étaient pas tous des fils soumis de l'Église. En effet,
dans certaines régions de la péninsule, la pratique religieuse avait fléchi avant même le
départ pour la France. De plus, la collusion de certains dignitaires religieux avec le régime fasciste avait pu affaiblir la ferveur des laïcs engagés dans l'opposition.7 En fait les comportements religieux connaissent des évolutions à la fois individuelles et
collectives. L'émigration peut entraîner un relâchement des liens avec la religion d'origine pour diverses raisons : éloignement du lieu de naissance et du cadre familieroù s'exerçait la pratique traditionnelle, difficultés de la vie matérielle en France, ce qui
relativise l'importance de la religion, éloignement du lieu de culte, surtout dans les campagnes, obstacle de la langue, ce qui empêche de comprendre les sermons et de se confesser. À l'inverse, l'émigration peut, dans certains cas, renforcer les liens avec la religion vue comme un facteur identitaire essentiel. Parfois l'attachement sentimental aux croyances d'origine se mue en crispation ou en fondamentalisme. Pratiquer de manière rigoureuse devient une manière de rester fidèle aux racines et d'oublier les déconvenues ressenties en France.8 L'encadrement religieux revêt une grande importance. Les immigrés peuventsimplement transplanter les structures religieuses du pays d'origine ou en créer de
nouvelles, telles que des missions, des associations sportives, des mouvements descouts. Le rôle du clergé étranger apparaît central. Ce clergé agit individuellement ou
dans le cadre des missions. Parfois, il garde des liens étroits avec les autorités politiques et consulaires du pays d'origine dont il essaie de maintenir l'influence sur les émigrés.Cahiers de la Méditerranée, 78 | 20096
9 Révélatrices de la complexité des processus d'intégration sont les attitudes religieuses
des membres des deuxième et troisième générations. Un large éventail de choix se déploie, depuis le maintien de convictions fortes jusqu'à la transformation de la religion en un fait culturel et sentimental plus que métaphysique. Des identités spirituelles nouvelles peuvent se former et modifier sensiblement les données de départ.Les relations avec le milieu environnant
10 Quand les immigrés et leurs hôtes appartiennent à la même religion un lien évident les
rassemble. Cependant des dissensions peuvent se manifester. Les différences de pratiques, de sensibilité, de langue, de gestes peuvent créer des difficultés. Ainsi, entre les deux guerres, les catholiques français, vivant dans un milieu laïque, comprenaient mal les marques ostentatoires de respect témoigné aux prêtres par leurs ouaillesitaliennes et polonaises. Les juifs français très assimilés étaient déconcertés par les
pratiques très traditionnelles observables chez leurs coreligionnaires d'Europe centrale et craignaient que ces comportements ne remissent en question l'intégration des israélites dans la société française. Aujourd'hui, chez les catholiques, la pastorale concernant les immigrés est confiée au clergé du pays d'accueil. Ce n'était pas le casjadis, ce qui entraînait des conflits et des rivalités entre les aumôniers étrangers et le
clergé français qui voulait exercer l'autorité suprême. M gr Chaptal, évêque auxiliaire responsable des catholiques immigrés dans le diocèse de Paris durant l'entre-deux- guerres, soumettait les prêtres italiens, polonais et espagnols à une surveillance stricte et souhaitait qu'à terme les Français devinssent seuls responsables de la pastorale auprès des immigrés. Dernière source potentielle de frictions, des immigrés pratiquantsont pu se trouver confrontés à un milieu français détaché de la religion, comme dans le
Sud-Ouest ou, cas inverse, des étrangers indifférents sont arrivés dans des régions restées très catholiques, ainsi dans l'Est.11 Lorsque les Français et leurs hôtes appartiennent à des religions différentes, les
relations peuvent prendre des voies très différentes : conflit dus à l'ignorance
réciproque et à la méfiance, volonté de dialogue et même mise en place de structuresdédiées à cette fin comme les organisations judéo-chrétiennes et islamo-chrétiennes.
Les écoles catholiques sont ouvertes sans limites aux élèves musulmans, au point que ceux-ci deviennent majoritaires dans certains établissements. La différence religieuseinspire des représentations dans les médias, presse, radio, télévision, représentations
fidèles ou caricaturales. Les minorités religieuses confrontées au milieu français peuvent s'enfermer dans un exclusivisme étroit ou connaître des évolutions qui modifient les pratiques, sinon la conception de l'au-delà. Le mariage mixte peut jouer un rôle important dans ces évolutions.12 Importantes apparaissent les initiatives prises par les autorités publiques de France,
pays laïc, à l'égard des minorités religieuses immigrées. La politique définie à l'échelon
national ou local est révélatrice d'un état d'esprit. Ainsi plusieurs départements dont le
Bas-Rhin, les Bouches-du-Rhône, les Alpes-Maritimes, ont publié des calendriers inter- religieux dans lesquels, pour favoriser une meilleure connaissance mutuelle, sonténumérées et expliquées les diverses fêtes chrétiennes, musulmanes, juives,
bouddhistes. Des institutions spécialisées, comme le CORIF, sont mises en place pour promouvoir le dialogue et recueillir les demandes des minorités. Les spécificitésCahiers de la Méditerranée, 78 | 20097
religieuses, notamment en matière alimentaire, sont souvent respectées, ainsi dans les cantines scolaires et militaires. Les pouvoirs publics étudient les possibilités de co- financement permettant la construction d'édifices cultuels, cela sans violer les lois laïques.13 Ainsi, la question des relations entre migration et religion se révèle complexe,multiforme, touchant à la vie privée et à la vie publique, mettant en cause les aspects
les plus intimes de l'identité. Ces caractères expliquent qu'en la matière, les réactions
ne soient pas toujours rationnelles. C'est donc une démarche nécessaire et civique que d'apporter, sur un sujet souvent abordé de manière passionnelle, une vue scientifique.AUTEURS
RALPH SCHOR
Université de Nice -Sophia Antipolis, Centre de la Méditerranée Moderne et ContemporaineYVAN GASTAUT
Université de Nice -Sophia Antipolis, Centre de la Méditerranée Moderne et ContemporaineCahiers de la Méditerranée, 78 | 20098
Immigration et mobilisationsmusulmanes à MarseilleL'éveil d'un " islam paroissial » (1945-2008)Vincent Geisser Introduction. Immigration et fait musulman enFrance : un processus paradoxal
1 Le processus de sédentarisation du fait musulman dans la société française repose sur
un paradoxe apparent que l'on pourrait énoncer ainsi : plus l'islam se francise, se nationalise et s'acculture au contexte national, plus il semble rattrapé par le fait migratoire et ceci d'un triple point de vue.2 D'abord, du point de vue des politiques et des dispositifs publics (public policies). En
effet, l'islam, en général, et le culte musulman, en particulier, font l'objet d'un traitement profondément ambivalent de la part des autorités et des pouvoirs publics français. Alors que ces derniers proclament ouvertement une volonté de " franciser » et de " nationaliser » le fait musulman selon un mouvement qui l'inscrirait pleinement dans le contexte national (de l'islam en France à l'islam de France), ils le renvoient simultanément à une forme d' " étrangeté permanente », certes intime et familière (l'histoire coloniale est passée par là), mais distincte des autres confessions et des autres cultes. L'action publique en matière de culte musulman a constamment confortésa dimension " immigrée », en dépit du fait que l' " islam transplanté »1 est de moins en
moins une " religion d'immigrés » et de plus en plus une " religion de citoyensfrançais », par le mouvement croissant des naturalisations, des acquisitions de
nationalité et des conversions 2.3 Ensuite, du point de vue des acteurs musulmans eux-mêmes : à tort, les chercheurs etles observateurs avisés du paysage islamique français ont pensé que la dimension
" immigrée » de l'islam hexagonal allait disparaître naturellement avec le temps, les " musulmans immigrés » finissant par céder leur place, en quelque sorte, à des " musulmans nationaux ». Or, là aussi, les prévisions des sociologues et des politologuesCahiers de la Méditerranée, 78 | 20099
ont été démenties par les faits : le registre migratoire est toujours fortement présent dans les logiques de mobilisation et de structuration du culte musulman en France. Ce registre ne doit pas être simplement considéré comme un héritage historique, un legs, une " trace », ou encore une " pièce de musée », mais aussi comme un élément dynamique de cette inscription du fait musulman dans l'espace hexagonal en ce débutde XXIe siècle. Si l'islam d'aujourd'hui reste, en grande partie, une " religion
d'immigrés », c'est parce que certains acteurs musulmans font tout pour qu'elle lereste, développant des logiques d'affiliation et d'allégeance multiples aux États
d'origine. En ce sens, certains porte-parole, militants et leaders musulmans de l'Hexagone portent une très large responsabilité dans ce maintien de la " dimension immigrée » et du statut d' " étrangeté » du fait musulman au sein de la sociétéfrançaise. Sur ce plan, le clivage des générations nous paraît particulièrement central
pour rendre compte des enjeux contradictoires qui se trament dans les communautés musulmanes à l'échelon national comme dans les espaces locaux, les uns - souvent plus âgés - jouant en faveur de la préservation de cette dimension immigrée, les autres, majoritairement plus jeunes, oeuvrant davantage à une autonomisation par rapport aux pays d'origine.4 Enfin, relevons une ambivalence du point de vue des chercheurs et des universitaires
spécialistes de " la question » qui ont le plus souvent combiné dans leurs travaux lesdeux phénomènes, à savoir le thème de l'immigration (Maghreb et Afrique
subsaharienne) à celui de l'islam. À ce niveau, les politologues portent une lourde responsabilité dans la production des amalgames, des raccourcis et des simplifications, alors que les historiens et les sociologues des religions seraient plutôt restés en retraitdu débat politico-médiatique sur " l'islam des immigrés ». Pour être honnête, il faut
avouer que les politologues ou les politistes, à l'instar de Monsieur Jourdain, sont passés d'un registre à l'autre, sans toujours s'en rendre compte : selon les circonstances et les lieux d'énonciation, le spécialiste de l'immigration maghrébine s'improvisaitspécialiste de l'islam et, vice-versa, le spécialiste du fait musulman se convertissait très
rapidement en expert ès " immigration ». À beaucoup d'égards, le discours des sciencessociales a conforté - et conforte toujours en ce début de XXIe siècle - cette
représentation de l'islam comme " religion d'immigrés », " religion transplantée », " religion importée », voire " religion étrangère », sinon étrange 3.5 Il faudrait rajouter à ce triple constat, le regard de l'Autre (celui de la société française
dans son ensemble) qui, selon un processus très sartrien4, a souvent enfermé le
" musulman » français dans son " immigritude » et un statut imaginaire " d'immigré à vie », mais produisant des effets sociaux bien réels : l'islam, c'est l'immigration, et le musulman, c'est la nouvelle figure de l'immigré.6 Toutefois, l'objectif de notre contribution n'est pas de délégitimer la problématique de
cet ouvrage, à savoir ce lien très fort entre le " fait migratoire » et le " fait religieux »,
aussi bien sur le plan historique que dans l'actualité. De ce point de vue, " l'exemple marseillais » fait presque figure de " cas d'école » : il serait, en effet, impossible, et même peu pertinent scientifiquement, d'analyser les logiques d'inscription du fait musulman dans l'espace public marseillais sans, d'une part, revenir à l'Histoire, et d'autre part, prendre en compte la question migratoire qui est centrale dans la structuration des modes d'expression et de mobilisation des groupes musulmans locaux.Cahiers de la Méditerranée, 78 | 200910
L'islam marseillais a une histoire : la prégnance deslogiques migratoires7 L'histoire du fait musulman dans la cité phocéenne est d'abord une histoire de
migrants, une histoire d'immigration5. Encore aujourd'hui, l'inscription de la religion
musulmane dans le contexte urbain marseillais relève de logiques migratoires, de manière sans doute plus marquée que dans les autres métropoles françaises. S'il fallait caractériser ce paysage islamique marseillais (PIM), en extrayant ses " traits saillants », nous dirions qu'il renvoie à : un islam du bled : les formes d'organisation et d'expression du culte musulman restent fortement imprégnées par les pratiques des pays d'origine, aussi bien dans la version officielle (l'islam des consulats) que dans la version " autonome » (les confréries, les associations indépendantes, les groupes religieux hostiles aux régimes etc.) : " l'islam jeune » est quasiment invisible dans l'espace marseillais, contrairement aux dynamiques de regroupement que l'on peut observer en région parisienne, dans le Nord (Lille, Roubaix,Tourcoing) ou dans les banlieues lyonnaises
un islam portuaire : la sociologie des croyants et des pratiquants reflète, en partie, les circulations migratoires des individus, des familles et des groupes ; la fréquentation des lieux de culte du centre-ville, par exemple, est caractérisée par un nombre considérable de" migrants de passage », de " bizness », de " circulants », à savoir des jeunes hommes entre
18 et 40 ans
un islam villageois et paroissial qui épouse très largement les spécificités socio-spatiales de la
configuration urbaine marseillaise : on recense notamment une prédominance des lieux de prière de quartiers, de cités (plus d'une soixantaine), autant de petites " paroissesmusulmanes » à l'instar des paroisses catholiques, même si elles ne jouissent pas du même
degré d'officialisation et d'institutionnalisation un islam communautarisé malgré lui : du point de vue des pouvoirs locaux, et notamment de la municipalité, le fait musulman est moins traité dans sa dimension strictement religieuse et spirituelle que dans sa dimension communautaire6. À Marseille, l'islam tend à devenir un
marqueur communautaire imposé par le traitement politique et institutionnel. D'ailleurs, dans l'esprit de nombreux responsables politiques et administratifs, le terme " musulman »est synonyme de " Maghrébins », de " Nord Africains », d'" Arabes »..., c'est-à-dire de
membres d'une communauté minoritaire dans un espace perçu comme majoritairement" catholique », sinon chrétien. Plus que dans les autres villes de France, le catholicisme fait
figure de " culte majoritaire » et, par effet de feed back identitaire, tout ce qui n'est pas catholique est donc considéré comme " minoritaire »7. En somme, l'idéologie municipale
entretient l'idée d'une pluralité communautaire, en lui accordant d'ailleurs une certaineofficialité, tout en réservant le qualificatif de " communautaire » à certains groupes sociaux,
parmi lesquels les populations issues des migrations maghrébine et d'Afrique subsaharienne.8 C'est en prenant en compte ces quatre dimensions structurantes du paysage islamique
marseillais - islam du bled, islam portuaire, islam paroissial et islam comme marqueur communautaire -, qu'il convient d'analyser les dynamiques socio-historiques du fait musulman qui, comme nous allons le voir, restent fortement articulées à la question migratoire. Nous aurions pu remonter au " temps des galères »8 qui déversaient leurs
esclaves musulmans sur le port de Marseille, à la première guerre mondiale avec le projet de transplantation d'un village kabyle bâti autour de sa mosquée ou encore àl'entre-deux-guerres avec les premières tentatives du patronat local et des milieux• • • •
Cahiers de la Méditerranée, 78 | 200911
patriotiques pour créer une " Grande Mosquée » dans la ville en hommage au sang versé par les soldats musulmans. Pour des raisons de ciblage éditorial, nous avons choisi de nous limiter ici à la période contemporaine et présente.9 Au-delà de la diversité des manières d'être " musulman », il existe également des
formes de regroupement collectif qui constituent les signes tangibles d'un début d'institutionnalisation du fait musulman dans l'espace local : ce sont les associationsmusulmanes, les fédérations, les salles de prières déclarées et les unions d'imams et de
personnalités religieuses. Sur ce plan, l'on distinguera quatre courants ou " pôles historiques » de l'islam marseillais, auxquels viennent s'ajouter aujourd'hui la tentative d'implantation de l'Union des organisations islamiques de France9 et l'émergence d'un
courant salafiste (islam littéraliste d'inspiration wahhabite)10 chez les jeunes, sans
oublier bien sûr le dynamisme des lieux de culte comoriens11. Par " pôles historiques »,
nous entendons ainsi les modes de structuration collectifs du fait musulman qui restent intimement liés aux histoires migratoires. En ce sens, l'inscription religieuse dans la configuration urbaine locale est aussi un mode d'entrée parmi d'autres pour comprendre l'Histoire migratoire avec un " H » majuscule. Les logiques actuelles qui sous-tendent les formes de regroupement et de mobilisation islamiques sont très fortement dépendantes de la multiplicité des trajectoires migratoires. Autrement dit, les collectifs musulmans marseillais, que l'on peut objectiver à travers notre regard de chercheur, sont d'abord des " collectifs migratoires » qui se sont institutionnalisés au fil du temps par le biais du religieux.10 Le premier pôle historique est celui de l'islam consulaire algérien12, hérité de la période
amicaliste (1960-1980) qui signifiait la mainmise de l'État d'origine (l'Algérie du FLN) sur la vie sociale des migrants, dont la religion constituait l'une des dimensions : le culte et l'éducation islamique des immigrés algériens et de leurs familles étaient directement pris en charge par les services du Consulat général d'Algérie de Marseille et de ses officines. C'est, en effet, dans le sillage de l'Amicale des Algériens en Europe, puissante organisation aux multiples ramifications, qu'a été créée, à l'horizon des années 1980, l'association En Nasr (la victoire), gestionnaire depuis 1983 de l'un des premiers lieux de culte musulman de la ville (aménagé en 1985), dont l'audience dépasse largement le quartier : la mosquée En Nasr, située dans le 10e arrondissement, dans l'ancien quartier ouvrier de " La Capelette » (Est de Marseille) peut accueillirjusqu'à 500 fidèles les jours de grande prière. Son recteur, un ouvrier algérien retraité,
Bachir Dahmani, a été également l'un des inspirateurs, en 1988, de la Fédération régionale des musulmans du sud de la France (FRMSF) qui regroupait alors sous l'égide de la Grande Mosquée de Paris et des réseaux algériens officiels, 147 associations islamiques, dont une vingtaine sur la seule ville de Marseille13. En 1994-1995, le Conseil
Représentatif des musulmans de France, dominé par la Mosquée de Paris, nomme Soheïb Bencheikh, " Grand Mufti de Marseille », en vertu de l'article 22 de la nouvelle Charte du Culte Musulman qui prévoyait " qu'à l'échelon de chaque région, uneConférence des Imams présidée par un mufti régional ou à défaut par le doyen d'âge le
plus compétent et le plus expérimenté sera l'organe régional de concertations et de propositions ». Cette nomination marque le début d'un conflit larvé au sein du pôle del'islam consulaire algérien entre le " vieux recteur ouvrier », Bachir Dahmani,
emblématique de l'islam populaire et immigré des Chibanis, et Soheïb Bencheikh, le jeune mufti ambitieux, diplômé et partisan d'un islam réformiste14, mais sans aucune
base locale. Ce conflit des générations explique que, dans un premier temps, le GrandCahiers de la Méditerranée, 78 | 200912
Mufti de Marseille va créer sa propre organisation, le Comité régional des affaires islamiques (CORAI), qui est à la fois proche de la Mosquée de Paris et des réseauxalgériens officiels, tout en étant indépendante. Ce n'est que, dans un second temps, très
récemment, en juin 2001, que ces deux représentants de l'islam consulaire algérien vont se réunir dans une nouvelle structure, le Collectif des associations musulmanes deMarseille (le CAMM regroupant 34 associations)
15, pour soutenir le projet de Grande
Mosquée. La famille algérienne, étroitement dépendante du Consulat général, se retrouve donc provisoirement réconciliée. Mais aujourd'hui, ce courant de l'islam consulaire algérien - ce d'aucuns appellent ironiquement l'islam-FLN - semble s'essouffler, moins en raison de résistances politiques et religieuses que par " la force des choses » : la demande et l'offre de culte se sont considérablement diversifiées dans la ville ces dix dernières années, une composante de jeunes pratiquants entièrementsocialisés en France a désormais émergé, davantage affranchie des logiques
d'allégeance à l'État d'origine et soucieuse de promouvoir un " islam marseillais » distinct de l' " islam du bled ». Néanmoins, l'imam Bachir Dahmani, fondateur de la Mosquée En Nasr, reste l'une des personnalités musulmanes les plus respectées de la ville, tant dans la communauté que chez les autorités administratives et politiques qui le considèrent comme un médiateur et un interlocuteur privilégié.11 Le second pôle historique de l'islam marseillais est représenté par la confrérie d'origine
kabyle Er Rahmaniyya16 (Tarahmanit en berbère) qui gère depuis 1974 la Mosquée At Taqwa, dirigée par le recteur Hadj Mohand Alili, autre grande figure musulmane de laquotesdbs_dbs29.pdfusesText_35[PDF] Mathématiques
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