Exercices sur le mouvement des satellites et planètes
Exercices sur le mouvement des satellites et planètes. Exercice 1. En Juillet 2004 la sonde européenne Cassini-Huygens nous a livré ses premiers clichés
Corrigé Exercice 1
donc c'est que v = Cste donc le mouvement est uniforme. D'autres satellites de Saturne : 2.1.1. Comme ... Planètes en orbite elliptique.
Diapositive 1
Tu sais refaire les exercices. Tu fais bien la différence entre les deux mouvements ... Tu sais que la Lune est le seul satellite de la Terre (tu.
Livret de cours de Physique ? Chimie 2nde 8
I.1. L'interaction gravitationnelle entre tous les corps. En 1687 Newton décrit les mouvements des planètes et des satellites et affirme que tous
Diapositive 1
Tu sais refaire les exercices. Tu fais bien la différence entre les deux mouvements ... Tu sais que la Lune est le seul satellite de la Terre (tu.
EVALUATION CM1
Satellite : astre qui tourne autour d'une plus grande planète. Une planète ne produit pas de lumière. X. X. X. Les planètes se différencient par leur taille
Lévolution créatrice
par le mouvement évolutif comment s'appliquerait-elle le long du mouvement il se meut
Quelle loi de Newton appliquer
La première loi de Newton s'applique sur : - un système dont le centre de gravité est en mouvement rectiligne uniforme (trajectoire droite et.
Corrigés des exercices du livre élève
Exercice très simple qui peut si l'enseignant Les planètes font partie du système solaire. ... satellite naturel de la Terre. — Les enfants.
Le mouvement de la Terre et des planètes autour du Soleil Pourquoi
La Lune n'est pas une planète mais un satellite. Elle ne tourne pas autour d'une étoile
![Lévolution créatrice Lévolution créatrice](https://pdfprof.com/Listes/16/37280-16bergson-l-evolutioncreatrice.pdf.pdf.jpg)
L"évolution créatrice
Henri Bergson
Introduction
L"histoire de l"évolution de la vie, si incomplète qu"elle soit encore, nous laisse déjà entrevoir
comment l"intelligence s"est constituée par un progrès ininterrompu, le long d"une ligne qui monte, à
travers la série des Vertébrés, jusqu"à l"homme. Elle nous montre, dans la faculté de comprendre, une
annexe de la faculté d"agir, une adaptation de plus en plus précise, de plus en plus complexe et
souple, de la conscience des êtres vivants aux conditions d"existence qui leur sont faites. De là
devrait résulter cette conséquence que notre intelligence, au sens étroit du mot, est destinée à assurer
l"insertion parfaite de notre corps dans son milieu, à se représenter les rapports des choses
extérieures entre elles, enfin à penser la matière. Telle sera, en effet, une des conclusions du présent
essai. Nous verrons que l"intelligence humaine se -sent chez elle tant qu"on la laisse parmi les objets
inertes, plus spéciale. ment parmi les solides, où notre action trouve son point d"appui et notre
industrie ses instruments de travail, que nos concepts ont été formés à l"image des solides, que notre
logique est surtout la logique des solides, que, par là même, notre intelligence triomphe dans la
géométrie, où se révèle la parenté de la pensée logique avec la matière inerte, et où l"intelligence n"a
qu"à suivre son mouvement naturel, après le plus léger contact possible avec l"expérience, pour aller
de découverte en découverte avec la certitude que l"expérience marche derrière elle et lui donnera
invariablement raison.Mais de là devrait résulter aussi que notre pensée, sous sa forme purement logique, est incapable
de se représenter la vraie nature de la vie, la signification profonde du mouvement évolutif. Créée
par la vie, dans des circonstances déterminées, pour agir sur des choses déterminées, comment
embrasserait-elle la vie, dont elle n"est qu"une émanation ou un aspect ? Déposée, en cours de route,
par le mouvement évolutif, comment s"appliquerait-elle le long du mouvement évolutif lui-même ?
Autant vaudrait prétendre que la partie égale le tout, que l"effet peut résorber en lui sa cause, ou que
le galet laissé sur la plage dessine la forme de la vague qui l"apporta. De fait, nous sentons bien
qu"aucune des catégories de notre pensée, unité, multiplicité, causalité mécanique, finalité
intelligente, etc., ne s"applique exactement aux choses de la vie : qui dira où commence et on finit
l"individualité, si l"être vivant est un ou plusieurs, si ce sont les cellules qui s"associent en organisme
ou si c"est l"organisme qui se dissocie en cellules ? En vain nous poussons le vivant dans tel ou tel de
nos cadres. Tous les cadres craquent. Ils sont trop étroits, trop rigides surtout pour ce que nous
voudrions y mettre. Notre raisonnement, si sûr de lui quand il circule à travers les choses inertes, se
sent d"ailleurs mal à son aise sur ce nouveau terrain. On serait fort embarrassé pour citer une
découverte biologique due au raisonnement pur. Et, le plus souvent, quand l"expérience a fini par
nous montrer comment la vie s"y prend pour obtenir un certain résultat, nous trouvons que sa
manière d"opérer est précisément celle à laquelle nous n"aurions jamais pensé.Pourtant, la philosophie évolutionniste étend sans hésitation aux choses de la vie les procédés
d"explication qui ont réussi pour la matière brute. Elle avait commencé par nous montrer dans
l"intelligence un effet local de l"évolution, une lueur, peut-être accidentelle, qui éclaire le va-et-vient
des êtres vivants dans l"étroit passage ouvert à leur action : et voici que tout à coup, oubliant ce
qu"elle vient de nous dire, elle fait de cette lanterne manoeuvrée au fond d"un souterrain un Soleil qui
illuminerait le monde. Hardiment, elle procède avec les seules forces de la pensée conceptuelle à la
reconstruction idéale de toutes choses, même de la vie. Il est vrai qu"elle se heurte en route à de si
formidables difficultés, elle voit sa logique aboutir ici à de si étranges contradictions, que bien vite
elle renonce à son ambition première. Ce n"est plus la réalité même, dit-elle, qu"elle recomposera,
mais seulement une imitation du réel, ou plutôt une image symbolique ; l"essence des choses nous,
échappe et nous échappera toujours, nous nous mouvons parmi des relations, l"absolu n"est pas de
notre ressort, arrêtons-nous devant l"Inconnaissable. Mais c"est vraiment, après beaucoup d"orgueil
pour l"intelligence humaine, un excès d"humilité. Si la forme intellectuelle de l"être vivant s"est
modelée peu à peu sur les actions et réactions réciproques de certains corps et de leur entourage
matériel, comment ne nous livrerait-elle pas quelque chose de l"essence même dont les corps sont
faits ? L"action ne saurait se mouvoir dans l"irréel. D"un esprit né pour spéculer ou pour rêver je
pourrais admettre qu"il reste extérieur à la réalité, qu"il la déforme et qu"il la transforme, peut-être
même qu"il la crée, comme nous créons les figures d"hommes et d"animaux que notre imagination
découpe dans le nuage qui passe. Mais une intelligence tendue vers l"action qui s"accomplira et vers
la réaction qui s"ensuivra, palpant son objet pour en recevoir à chaque instant l"impression mobile,
est une intelligence qui touche quelque chose de l"absolu. L"idée nous serait-elle jamais venue de
mettre en doute cette valeur absolue de notre connaissance, si la philosophie ne nous avait montré à
quelles contradictions notre spéculation se heurte, à quelles impasses elle aboutit ? Mais ces
difficultés, ces contradictions naissent de ce que nous appliquons les formes habituelles de notre
pensée à des objets sur lesquels notre industrie n"a pas à s"exercer et pour lesquels, par conséquent,
nos cadres ne sont pas faits. La connaissance intellectuelle, en tant qu"elle se rapporte à un certain
aspect de la matière inerte, doit au contraire nous en présenter l"empreinte fidèle, ayant été clichée
sur cet objet particulier. Elle ne devient relative que si elle prétend, telle qu"elle est, nous représenter
la vie, c"est-à-dire le clicheur qui a pris l"empreinte.Faut-il donc renoncer à approfondir la nature de la vie ? Faut-il s"en tenir à la représentation
mécanistique que l"entendement nous en donnera toujours, représentation nécessairement artificielle
et symbolique, puisqu"elle rétrécit l"activité totale de la vie à la forme d"une certaine activité
humaine, laquelle n"est qu"une manifestation partielle et locale de la vie, un effet ou un résidu de
l"opération vitale ?Il le faudrait, si la vie avait employé tout ce qu"elle renferme de virtualités psychiques à faire de
purs entendements, c"est-à-dire à préparer des géomètres. Mais la ligne d"évolution qui aboutit à
l"homme n"est pas la seule. Sur d"autres voies, divergentes, se sont développées d"autres formes de la
conscience, qui n"ont pas su se libérer des contraintes extérieures ni se reconquérir sur elles-mêmes,
comme l"a fait l"intelligence humaine, mais qui n"en expriment pas moins, elles aussi, quelque chose d"immanent et d"essentiel au mouvement évolutif. En les rapprochant les unes des autres, en lesfaisant ensuite fusionner avec l"intelligence, n"obtiendrait-on pas cette fois une conscience
coextensive à la vie et capable, en se retournant brusquement contre la poussée vitale qu"elle sent
derrière elle, d"en obtenir une vision intégrale, quoique sans doute évanouissante ? On dira que, même ainsi, nous ne dépassons pas notre intelligence, puisque c"est avec notreintelligence, à travers notre intelligence, que nous regardons encore les autres formes de la
conscience. Et l"on aurait raison de le dire, si nous étions de pures intelligences, s"il n"était pas resté,
autour de notre pensée conceptuelle et logique, une nébulosité vague, faite de la substance même
aux dépens de laquelle s"est formé le noyau lumineux que nous appelons intelligence. Là résident
certaines puissances complémentaires de l"entendement, puissances dont nous n"avons qu"un
sentiment confus quand nous restons enfermés en nous, mais qui s"éclairciront et se distingueront
quand elles s"apercevront elles-mêmes à l"oeuvre, pour ainsi dire, dans l"évolution de la nature. Elles
apprendront ainsi quel effort elles ont à faire pour s"intensifier, et pour se dilater dans le sens même
de la vie.C"est dire que la théorie de la connaissance et la théorie de la vie nous paraissent inséparables
l"une de !`autre. Une théorie de la vie qui ne s"accompagne pas d"une critique de la connaissance est
obligée d"accepter, tels quels, les concepts que l"entendement met à sa disposition : elle ne peut
qu"enfermer les faits, de gré ou de force, dans des cadres préexistants qu"elle considère comme
définitifs. Elle obtient ainsi un symbolisme commode, nécessaire même peut-être à la science
positive, mais non pas une vision directe de son objet. D"autre part, une théorie de la connaissance,
qui ne replace pas l"intelligence dans l"évolution générale de la vie, ne nous apprendra ni comment
les cadres de la connaissance se sont constitués, ni comment nous pouvons les élargir ou les
dépasser. Il faut que ces deux recherches, théorie de la connaissance et théorie de la vie, se
rejoignent, et, par un processus circulaire, se poussent l"une l"autre indéfiniment.A elles deux, elles pourront résoudre par une méthode plus sûre, plus rapprochée de l"expérience,
les grands problèmes que la philosophie pose. Car, si elles réussissaient dans leur entreprise
commune, elles nous feraient assister à la formation de l"intelligence et, par là, à la genèse de cette
matière dont notre intelligence dessine la configuration générale. Elles creuseraient jusqu"à la racine
même de la nature et de l"esprit. Elles substitueraient au faux évolutionnisme de Spencer, - qui
consiste à découper la réalité actuelle, déjà évoluée, en petits morceaux non moins évolués, puis à la
recomposer avec ces fragments, et à se donner ainsi, par avance, tout ce qu"il s"agit d"expliquer, un
évolutionnisme vrai, où la réalité serait suivie dans sa génération et sa croissance.
Mais une philosophie de ce genre ne se fera pas en un jour. A la différence des systèmes
proprement dits, dont chacun fut l"oeuvre d"un homme de génie et se présenta comme un bloc, à
prendre ou à laisser, elle ne pourra se constituer que par l"effort collectif et progressif de bien des
penseurs, de bien des observateurs aussi, se complétant, se corrigeant, se redressant les uns les
autres. Aussi le présent essai ne vise-t-il pas à résoudre tout d"un coup les plus grands problèmes. Il
voudrait simplement définir la méthode et faire entrevoir, sur quelques points essentiels, la
possibilité de l"appliquer.Le plan en était tracé par le sujet lui-même. Dans un premier chapitre, nous essayons au progrès
évolutif les deux vêtements de confection dont notre entendement dispose, mécanisme et finalité 1 ;
1 L"idée de considérer la vie comme transcendante à la finalité auquel bien qu"au mécanisme est d"ailleurs loin d"être
une idée nouvelle. En particulier, on la trouvera exposée avec profondeur dans trois articles de M. Ch. Dunan sur Le
problème de la vie (Revue philosophique, 1892). Dans le développement de cette idée, nous nous sommes plus d"une
fois rencontré avec M. Dunan. Toutefois les vues que nous présentons sur ce point, comme sur les questions qui s"y
rattachent, sont celles mêmes que nous avions émises, il y a longtemps déjà, dans notre Essai sur les données
immédiates de la conscience (Palis, 1889). Un des principaux objets de cet Essai était en effet de montrer que la vie
nous montrons qu"ils ne vont ni l"un ni l"autre, mais que l"un des deux pourrait être recoupé, recousu,
et, sous cette nouvelle forme, aller moins mal que l"autre. Pour dépasser le point de vue de
l"entendement, nous tâchons de reconstituer, dans notre second chapitre, les grandes lignes
d"évolution que la vie a parcourues à côté de celle qui menait à l"intelligence humaine. L"intelligence
se trouve ainsi replacée dans sa cause génératrice, qu"il s"agirait alors de saisir en elle-même et de
suivre dans son mouvement. C"est un effort de ce genre que nous tentons, - bien incomplètement, -dans notre troisième chapitre. Une quatrième et dernière partie est destinée à montrer comment notre
entendement lui-même, en se soumettant à une certaine discipline, pourrait préparer une philosophie
qui le dépasse. Pour cela, un coup d"oeil sur l"histoire des systèmes devenait nécessaire, en même
temps qu"une analyse des deux grandes illusions auxquelles s"expose, dès qu"il spécule sur la réalité
en général, l"entendement humain.Chapitre I
De l"évolution de la vie.
Mécanisme et finalité
De la durée en général. Les corps inorganisés. Les corps organisés: vieillissement et individualité L"existence dont nous sommes le plus assurés et que nous connaissons le mieux estincontestablement la nôtre, car de tous les autres objets nous avons des notions qu"on pourra juger
extérieures et superficielles, tandis que nous nous percevons nous-mêmes intérieurement,
profondément. Que constatons-nous alors ? Quel est, dans ce cas privilégié, le sens précis du mot
"exister" ? Rappelons ici, en deux mots, les conclusions d"un travail antérieur.Je constate d"abord que je passe d"état en état. J"ai chaud ou j"ai froid, je suis gai ou je suis triste,
je travaille ou je ne fais rien, je regarde ce qui m"entoure Ou je pense à autre chose. Sensations,
sentiments, volitions, représentations, voilà les modifications entre lesquelles mon existence se
partage et qui la colorent tour à tour. Je change donc sans cesse. Mais ce n"est pas assez dire. Le
change. ment est bien plus radical qu"on ne le croirait d"abord. Je parle en effet de chacun de mes états comme s"il formait un bloc. Je dis bien que je change,mais le change. ment m"a l"air de résider dans le passage d"un état à l"état suivant : de chaque état,
pris à part, j"aime à croire qu"il reste ce qu"il est pendant tout le temps qu"il se produit. Pourtant, un
léger effort d"attention me révèlerait qu"il n"y a pas d"affection, pas de représentation, pas de volition
qui ne se modifie à tout moment , si un état d"âme cessait de varier, sa durée cesserait de couler.
Prenons le plus stable des états internes, la perception visuelle d"un objet extérieur immobile. L"objet
a beau rester le même, j"ai beau le regarder du même côté, sous le même angle, au même jour : la
vision que j"ai n"en diffère pas moins de celle que je viens d"avoir, quand ce ne serait que parce
psychologique n"est ai unité ni multiplicité, qu"elle transcende et le mécanique et l"intelligent, mécanisme et
finalisme n"ayant de sens que là où il y a "multiplicité distincte », "spatialité», et par conséquent assemblage de
parties préexistantes : " durée réelle » signifie à la fois continuité indivisée et création. Dans le présent travail, nous
faisons application de ces mêmes idées à la vie en général, envisagée d"ailleurs elle-même du point de vue
psychologique.qu"elle a vieilli d"un instant. Ma mémoire est là, qui pousse quelque chose de ce passé dans ce
présent, Mon état d"âme, en avançant sur la route du temps, s"enfle continuellement de la durée qu"il
ramasse ; il fait, pour ainsi dire, boule de neige avec lui-même. A plus forte raison en est-il ainsi des
états plus profondément intérieurs, sensations, affections, désirs, etc., qui ne correspondent pas,
comme une simple perception visuelle, à un objet extérieur invariable. Mais il est commode de ne
pas faire attention à ce changement ininterrompu, et de ne le remarquer que lorsqu"il devient assez
gros pour imprimer au corps une nouvelle attitude, à l"attention une direction nouvelle. A ce moment
précis on trouve qu"on a changé d"état. La vérité est qu"on change sans cesse, et que l"état lui-même
est déjà du changement.C"est dire qu"il n"y a pas de différence essentielle entre passer d"un état à un autre et persister dans
le même état. Si l"état qui "reste le même" est plus varié qu"on ne le croit, inversement le passage
d"un état a un autre ressemble plus qu"on ne se l"imagine à un même état qui se prolonge; la transition
est continue. Mais, précisément parce que nous fermons les yeux sur l"incessante variation de chaque
état psychologique, nous sommes obligés, quand la variation est devenue si considérable qu"elle
s"impose à notre attention, de parier comme si un nouvel état s"était juxtaposé au précédent. De celui-
ci nous supposons qu"il demeure invariable à son tour, et ainsi de suite indéfiniment. L"apparente
discontinuité de la vie psychologique tient donc à ce que notre attention se fixe sur elle par une série
d"actes discontinus : où il n"y a qu"une pente douce, nous croyons apercevoir, en suivant la ligne
brisée de nos actes d"attention, les marches d"un escalier. Il est vrai que notre vie psychologique est
pleine d"imprévu. Mille incidents surgissent, qui semblent trancher sur ce qui les précède, ne point se
rattacher à ce qui les suit. Mais la discontinuité de leurs apparitions se détache sur la continuité d"un
fond où ils se dessinent et auquel ils doivent les intervalles mêmes qui les séparent : ce sont les
coups de timbale qui éclatent de loin en loin dans la symphonie. Notre attention se fixe sur eux parce
qu"ils l"intéressent davantage, mais chacun d"eux est porté par la masse fluide de notre existence
psychologique tout entière. Chacun d"eux n"est que le point le mieux éclairé d"une zone mouvante
qui comprend tout ce que nous sentons, pensons, voulons, tout ce que nous sommes enfin à unmoment donné. C"est cette zone entière qui constitue, en réalité, notre état. Or, des états ainsi définis
on peut dire qu"ils ne sont pas des éléments distincts. Ils se continuent les uns les autres en un
écoulement sans fin.
Mais, comme notre attention les a distingués et séparés artificiellement, elle est bien obligée de
les réunir ensuite par un lien artificiel. Elle imagine ainsi un moi amorphe, indifférent, immuable,
sur lequel défileraient ou s"enfileraient les états psychologiques qu"elle a érigés en entités indépen-
dantes. Où il y a une fluidité de nuances fuyantes qui empiètent les unes sur les autres, elle aperçoit
des couleurs tranchées, et pour ainsi dire solides, qui se juxtaposent comme les pertes variées d"un
collier : force lui est de supposer alors un fil, non moins solide, qui retiendrait les perles ensemble.
Mais si ce substrat incolore est sans cesse coloré par ce qui le recouvre, il est pour nous, dans son
indétermination, comme s"il n"existait pas. Or, nous ne percevons précisément que du coloré, c"est-à-
dire des états psychologiques. A vrai dire, ce "substrat" n"est pas une réalité ; c"est, pour notre
conscience, un simple signe destiné à lui rappeler sans cesse le caractère artificiel de l"opération par
laquelle l"attention juxtapose un état à un état, là où il y a une continuité qui se déroule. Si notre
existence se composait d"états séparés dont un "moi" impassible eût à faire la synthèse, il n"y aurait
pas pour nous de durée. Car un moi qui ne change pas ne dure pas, et un état psychologique qui reste
identique à lui-même tant qu"il n"est pas remplacé par l"état suivant ne dure pas davantage. On aura
beau, dès lors, aligner ces états les uns à côté des autres sur le "moi" qui les soutient, jamais ces
solides enfilés sur du solide ne feront de la durée qui coule. La vérité est qu"on obtient ainsi une
imitation artificielle de la vie intérieure, un équivalent statique qui se prêtera mieux aux exigences
de la logique et du langage, précisément parce qu"on en aura éliminé le temps réel. Mais quant à la
vie psychologique, telle qu"elle se déroule sous les symboles qui la recouvrent, on s"aperçoit sans
peine que le temps en est l"étoffe même.Il n"y a d"ailleurs pas d"étoffe plus résistante ni plus substantielle. Car notre durée n"est pas un
instant qui remplace un instant : il n"y aurait alors jamais que du présent, pas de prolongement du
passé dans l"actuel, pas d"évolution, pas de durée concrète. La durée est le progrès continu du passé
qui ronge l"avenir et qui gonfle en avançant. Du moment que le passé s"accroît sans cesse,
indéfiniment aussi il se conserve. La mémoire, comme nous avons essayé de le prouver 1, n"est pas
une faculté de classer des souvenirs dans un tiroir ou de les inscrire sur un registre. Il n"y a pas de
registre, pas de tiroir, il n"y a même pas ici, à proprement parler, une faculté, car une faculté s"exerce
par intermittences, quand elle veut ou quand elle peut, tandis que l"amoncellement du passé sur le
passé se poursuit sans trêve. En réalité le passé se conserve de lui-même, automatiquement. Tout
entier, sans doute, il nous suit à tout instant : ce que nous avons senti, pensé, voulu depuis notre
première enfance est là, penché sur le présent qui va s"y joindre, pressant contre la porte de la
conscience qui voudrait le laisser dehors. Le mécanisme cérébral est précisément fait pour en
refouler la presque totalité dans l"inconscient et pour n"introduire dans la conscience que ce qui est de
nature à éclairer la situation présente, à aider l"action qui se prépare, à donner enfin un travail utile.
Tout au plus des souvenirs de luxe arrivent-ils, par la porte entrebâillée, à passer en contrebande.
Ceux-là, messagers de l"inconscient, nous avertissent de ce que nous traînons derrière nous sans le
savoir. Mais, lors même que nous n"en aurions pas l"idée distincte, nous sentirions vaguement que
notre passé nous reste présent. Que sommes-nous, en effet, qu"est-ce que notre caractère, sinon la
condensation de l"histoire que nous avons vécue depuis notre naissance, avant notre naissance
même, puisque nous apportons avec nous des dispositions prénatales ? Sans doute nous ne pensons
qu"avec une petite partie de notre passé; mais c"est avec notre passé tout entier, y compris notre
courbure d"âme originelle, que nous désirons, voulons, agissons. Notre passé se manifeste donc
intégralement à nous par sa poussée et sous forme de tendance, quoiqu"une faible part seulement en
devienne représentation.De cette survivance du passé résulte l"impossibilité, pour une conscience, de traverser deux fois
le même état. Les circonstances ont beau être les mêmes, ce n"est plus sur la même personne qu"elles
agissent, puisqu"elles la prennent à un nouveau moment de son histoire. Notre personnalité, qui se
bâtit à chaque instant avec de l"expérience accumulée, change sans cesse. En changeant, elle
empêche un état, fût-il identique à lui-même en surface, de se répéter jamais en profondeur. C"est
pourquoi notre durée est irréversible. Nous ne saurions en revivre une parcelle, car il faudrait
commencer par effacer le souvenir de tout ce qui a suivi. Nous pourrions, à la rigueur, rayer ce souvenir de notre intelligence, mais non pas de notre volonté.Ainsi notre personnalité pousse, grandit, mûrit sans cesse. Chacun de ses moments est du
nouveau qui s"ajoute à ce qui était auparavant. Allons plus loin : ce n"est pas seulement du nouveau,
1 Matière et Mémoire, Paris, 1896, chap. II et III.
mais de l"imprévisible. Sans doute mon état actuel s"explique par ce qui était en moi et par ce qui
agissait sur moi tout à l"heure. Je n"y trouverais pas d"autres éléments en l"analysant. Mais une
intelligence, même surhumaine, n"eût pu prévoir la forme simple, indivisible, qui donne à ces
éléments tout abstraits leur organisation concrète. Car prévoir consiste à projeter dans l"avenir ce
qu"on a perçu dans le passé, ou à se représenter pour plus tard un nouvel assemblage, dans un autre
ordre, des éléments déjà perçus. Mais ce qui n"a jamais été perçu, et ce qui est en même temps
simple, est nécessairement imprévisible. Or, tel est le cas de chacun de nos états, envisagé comme
un moment d"une histoire qui se déroule : il est simple, et il ne peut pas avoir été déjà perçu, puisqu"il
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