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Droit syndical de lOIT - Normes et procédures

Droit syndical de VOIT. Normes et procédures Genève Bureau international du. Travail



Les normes internationales du travail

Droit syndical de l'OIT: Normes et procédures Genève



Title of the document

Droit syndical de l'OIT. Normes et procédures** - PDF 608 KB de Alberto Odero et Horacio Guido BIT



ILO law on freedom association - Standards and procedures

procedures Geneva International Labour Office



Guide sur les normes internationales du travail (2014)pdf

subtilités juridiques des normes et des procédures y afférentes. De ce fait il est donc sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical



La négociation collective

cace avec de telles entreprises il était nécessaire de la conduire au se trouve dans: BIT



Relations de travail dans le secteur public

Travail Département des normes internationales du travail. œ Genève: OIT



Manuel sur les procédures en matière de conventions et

obligations relatives aux normes internationales du travail découlant de la Constitution de l'OIT; il présente les dispositions concernant les procédures à 



Guide pratique de la liberté syndicale

Procédures de l'OIT en matière de liberté syndicale l'autre norme de base en ce domaine la convention (no 98) sur le droit.



Les normes internationales du travail: un patrimoine pour lavenir

liberté syndicale” Recueil des cours de l'Académie de droit international

Les normes internationales du travail

Une approche globale*

Version préliminaire

Auteurs: M. Humblet, M. Zarka-Martres, A. Trebilcock, B. Gernigon, A. Odero, H. Guido, M. Kern, C. Sottas, C. Thomas, Y. Horii, L. Swepston, A.L. Torriente, C. Vittin-Balima, R. Hernández Pulido, T. Caron, G.P. Politakis, G. López Morales, R. Silva, A. Egorov, H. Sahraoui, C. Phouangsavath,

D.A. Pentsov, O. Liang

Directeur de publication: J.-C. Javillier

Coordinateur: A. Odero

οCette édition a été réalisée avec l'aide du ministère français de l'Emploi et de la Solidarité.

ISBN 92-2-212668-8

Copyright © Organisation internationale du Travail 2001

Version préliminaire 2002

Couverture: "Cailloux 2», 1952-1958, Victor Vasarely, copyright © 2001, Pro Litteris, 8033.

Les publications du Bureau international du Travail jouissent de la protection du droit d"auteur en vertu du protocole n

o 2, annexe à la Convention universelle pour la protection du droit d"a uteur. Toutefois, de courts passages pourront être reproduits sans autorisation, à la condition que leur source soit dûment ment ionnée. Toute demande d"autorisation de reproduction ou de

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Les publications du BIT peuvent être obtenues dans les principales librairies ou auprès des bureaux locaux du BIT.

On peut

aussi se les procurer directement, de même qu"un catalogue ou une liste des nouvelles publications, à

l"adresse suivante: Publications du BIT, Bureau international du Travail, CH-1211 Genève

22, Suisse.

Imprimé à Malte INT

LIBSYND-NIT-2001-02-0429-115.doc iii

Table des matières

Page

Présentation ( J.-C. Javillier) ............................................................................................................ v

Glossaire .............................................................. ......................................................................... viii

La politique normative de l'OIT (M. Humblet/M. Zarka-Martres)................................................... 1

1. Liberté syndicale (B. Gernigon/A. Odero/H. Guido) .............................................................. 17

2. Négociation collective (B. Gernigon/A. Odero/H. Guido)...................................................... 31

3. Liberté des travailleurs: l'abolition du travail forcé ou obligatoire (M. Kern/C. Sottas) ........ 42

4. Egalité de chances et de traitement ........................................................................

................. 65

4.1. Egalité dans l'emploi et la profession

(C. Thomas/Y. Horii)........................................................................ ............................. 66

4.2. Travailleurs ayant des responsabilités familiales (A.L. Torriente)................................ 92

4.3. Peuples indigènes et tribaux (L. Swepston/A.L. Torriente)........................................... 104

4.4. Travailleurs migrants (C. Vittin-Balima) ...................................................................... 129

5. Protection des enfants et des adolescents (T. Caron) .............................................................. 171

6. Politique de l'emploi (E. Sims)........................................................................

........................ 207

7. Développement des ressources humaines (E. Sims)................................................................ 230

8. Sécurité de l'emploi (E. Sims)........................................................................

......................... 238

9. Conditions générales de travail ........................................................................

....................... 247

9.1. Salaires (G.P. Politakis)........................................................................

........................ 248

9.2. Temps de travail........................................................................

.................................... 284

9.2.1. Durée du travail, repos hebdomadaire et congés payés (G. von Potobsky/

J. Ancel-Lenners)........................................................................ .................................. 284

9.2.2. Travail de nuit (G.P. Politakis)........................................................................

............. 314

10.1. Contenu des normes relatives à la sécurité et à la santé au travail

et au milieu de travail........................................................................ ............................ 339

10.2. Principes des normes relatives à la sécurité et à la santé au travail............................... 408

10.3. Application dans la pratique des normes relatives à la sécurité

et à la santé au travail........................................................................

............................ 436

11. Sécurité sociale (G. López Morales/R. Silva/A. Egorov)......................................................... 447

iv LIBSYND-NIT-2001-02-0429-115.doc

12. Administration et inspection du travail (H. Sahraoui) ............................................................ 491

13. Relations professionnelles (A. Odero/C. Phouangsavath) ...................................................... 530

14. Gens de mer (D.A. Pentsov) ........................................................................

............................ 540

14.1. Dispositions générales........................................................................

........................... 545

14.2. Accès à l'emploi........................................................................

.................................... 566

14.3. Conditions d'emploi........................................................................

.............................. 582

14.4. Sécurité, santé et bien-être au travail..............................................................

............... 596

14.5. Sécurité sociale........................................................................

...................................... 613

15. Pêcheurs (D.A. Pentsov)........................................................................

.................................. 616

16. Travail dans les ports (T. Samuel/C. Phouangsavath)............................................................. 628

17. Autres catégories de travailleurs (R. Hernández Pulido) ........................................................ 647

17.1. Travailleurs des plantations........................................................................

................... 649

17.2. Personnel infirmier........................................................................

................................ 663

17.3. Travailleurs dans les hôtels et restaurants ..................................................................... 672

17.4. Travailleurs à domicile........................................................................

.......................... 681

Références bibliographiques et sites Internet (O. Liang)................................................................... 687

Déclaration de l'OIT relative aux principes et droits fondamentaux au travail et son suivi (A. Trebilcock) ...................................................... ........ 702 v

Présentation

Au coeur de l'OIT, comme de toute activité du BIT, se trouvent l e tripartisme et les normes internationales du travail. Le tripartisme, bien sûr, qui donn e à ces normes une légitimité toute particulière puisqu'elles sont crées et administrées non seulement par les gouvernements mais aussi par les employeurs et les travailleurs. Qu'i l soit permis de relever, par l'expérience depuis 1919, combien ces normes, convent ions indépendamment de leur ratification, comme recommandations, ont un impact considérable, même s'il est souvent discret et indirect, sur les législations et pratiques des di fférents Etats Membres. Il est toujours utile de rappeler combien l'application de ces normes est un facteur essentiel de stabilité sociale, de progrès économique, comme d'une paix durable. Dès son origine, l'OIT, dans sa Constitution, par un message fort clairvoyant , fait du droit international du travail un pilier essentiel du développement et de l a paix, dans chaque Etat comme entre les Etats. Tripartisme et universalité des normes sont consubstantiels. Il en résulte, avec une pertinente sagesse, un souci de la prise en compte des intérêts en présence, de l'acceptation d'une certaine flexibilité au regard de la diversité des situat ions nationales. Aucun système juridique ne saurait être statique. Les sociétés, comme les insti tutions, les technologies comme les normes juridiques sont appelées à év oluer, s'adapter. En présence de profondes mutations économiques comme sociales, il est heureux que naissent et se développent de nouveaux concepts qui vont sans doute peser dans le devenir des normes internationales du travail. Qu'il suffise de citer dans le cad re de l'OIT ceux de travail décent ou de politique normative intégrée. La preuve es t ainsi rapportée, s'il en était d'une permanente dynamique des normes internationales du travail. Un nombre significatif de conventions et de recommandations de l'OIT ont été fort pertinemment révisées au fil des années. En outre, un certain n ombre de décisions récentes du Conseil d'administration et de la Conférence internationale du Tra vail ont permis d'identifier les instruments qui, en tout ou en partie, ne réponda ient plus aux besoins actuels, et de prendre les mesures pertinentes. Ces décisions, dont l a genèse et la portée sont analysées plus avant, ont permis de distinguer les conventions dont la ratification et l'application sont encouragées, les instruments à réviser, l es instruments retirés, ceux délaissés pour différentes raisons (non-entrée en vigueur, nombre très restreint de ratifications, etc.) ou enfin ceux qui font encore l'objet d'un e xamen. La finalité de la présente publication par le Département des n ormes internationales du Bureau international du Travail est à la fois modeste et ambitieus e. Parce qu'au service des mandants, gouvernements, employeurs et travailleurs, les auteurs veulent présenter aux mandants les normes de façon accessible mais techniquement sûre. C'est ainsi que dans les pages qui suivent est présenté, en pre mier lieu, le contenu essentiel de l'ensemble des conventions et recommandations de l'OIT q ui répondent aux besoins actuels d'après les décisions successivement prises dan s le cadre de la nouvelle politique normative de l'Organisation. En second lieu, il est fait é tat du contenu des instruments qui devront être révisés. Etant enfin observé que ne sont pas directement analysés les instruments jugés dépassés. Présenter les seules normes ne saurait suffire pour une bonne compré hension du droit international du travail. Aussi est-il paru indispensable de mettre en relief le résultat des travaux de la commission d'experts dont résultent d'essentiels critères et principes pour l'appréciation de la conformité des normes nationales avec les instruments de l'OIT. De vi même est-il important de faire un bref inventaire des problèmes d'application des conventions le plus souvent rencontrés dans les législations natio nales. Le lecteur trouvera une présentation comparable pour chaque chapitre. Au début, figure un tableau 1 présentant les conventions et recommandations dans le cadre de la nouvelle politique normative de l'Organisation. Sont ensuite prése ntés le contenu des normes, ainsi que les principes de la commission d'experts (tels que résultant pour la plupart des études d'ensemble). Une dernière partie recense, l orsque ceci s'avère utile, les problèmes les plus fréquents d'application des normes dans les différents pays. Le plan de l'ouvrage reprend très largement les quatre objectifs stratégiques de l'Organisation qui sont au coeur de la notion de travail décent développée par M. Juan Somavia, Directeur général du Bureau international du Travail, dan s son premier rapport à la Conférence en 1999: principes et normes sur les droits fondamentaux au travail, emploi, protection sociale et dialogue social. Bien entendu, certaines matièr es relèvent de plusieurs des objectifs précités. La présente publication ne préjuge p as de la classification d'instruments par famille ou groupe (la terminologie n'est pas encor e déterminée) de normes qui sera décidée par le Conseil d'administration en vue des futurs travaux de L'occasion est excellente pour souligner combien langues et droit son t indissolublement liés. Le Département des normes veut manifester à l'occasio n de sa présente publication combien il est essentiel qu'en les langues le s plus diverses soient directement accessibles les normes internationales du travail. Dans cet esprit, l'ouvrage disponible déjà en français, anglais et espagnol, est en train d'ê tre traduit en arabe, russe, chinois, portugais et allemand et, probablement, sera traduit en d'au tres langues. Avant d'envisager la ratification de toute convention, il est en effet indi spensable d'en analyser les éléments fondamentaux. Ce qui est aussi l'occasion de rendr e un particulier hommage à la contribution des bureaux et équipes multidisciplinaires régiona ux. C'est ainsi que des bibliographies et références sur Internet ont pu être utilement Qu'il soit permis de remercier très chaleureusement chacune et cha cun des fonctionnaires du Département des normes internationales du travail.

Sans la compétence

et l'ardeur de chacune et chacun, rien ne saurait exister. Un tout particulier hommage doit être rendu à M. Alberto Odero qui a assuré avec constance et détermination la coor dination Le présent ouvrage est enfin l'illustration de l'importance de la contribution du Centre de Turin, ainsi que de la contribution financière du Programme focal de la promotion de la Déclaration, du projet de suivi de la Déclaration en ce qui concerne la liberté syndicale (Turin), du Département des activités secto rielles, du Bureau des activités pour les travailleurs, du bureau régional pour les Amériques, du bureau rég ional pour les Etats arabes, du bureau de l'OIT à Moscou, du Programme internatio nal pour l'abolition du travail des enfants (IPEC), du service des conditions de travail, d u service des migrations et de plusieurs gouvernements. Puissent les lectrices et lecteurs partager l'indéfectible convict ion des auteurs et de toutes et tous au sein du Bureau international du Travail: les normes in ternationales du travail sont des instruments sans lesquels nombre des droits de l'homme risqueraient fort de ne point être effectifs et donc sans portée pratique pour chacu ne et chacun. En outre, ces instruments concourent au développement du travail décent, à la mise en oeuvre des 1 Le nombre de ratifications signalé dans chaque tableau correspond au 1 er octobre 2001. révision des normes. générale de la publication. vii principes de la Déclaration de Philadelphie, dont l'actualité est évidente. Chaque norme internationale du travail, la plus petite, la plus technique soit-elle, contribue au bien-être matériel et au développement spirituel de tous les êtres humain s. Puisse le présent ouvrage y contribuer.

Jean-Claude Javillier,

Directeur du Département

des normes internationales du travail. viii

Glossaire

Conférence internationale du Travail. Organe suprême de l'OIT. Réunit une fois par an au mois de juin les gouvernements, les organisations d'employeurs et de travailleurs de chacun des 175 Etats Membres de l'OIT (tripartisme). Elle adopte le budget de l'OIT, les conventions et recommandations internationales du travail et fixe la politique et les programmes de l'Organisation. Conseil d'administration. Organe exécutif de l'OIT (tripartite). Il élit le Directeur général du BIT, prépare le programme et budget de l'Organisation, fixe l'ordre du jour de la Conférence, détermine la politique normative de l'Organisation ainsi que la politique de

coopération technique, supervise l'exécution des programmes s'y référant et exécute les

décisions de la Conférence. Conventions internationales du travail. Instruments destinés à créer des obligations internationales pour les Etats qui les ratifient. Recommandations internationales du travail. Instruments servant à orienter l'action des gouvernements, des organisations d'employeurs et de travailleurs; elles ne sont pas conçues pour faire naître des obligations et ne peuvent pas faire l'objet de ratifications de la part des Etats. Commission d'experts pour l'application des conventions et recommandations. Organe institué par le Conseil d'administration en 1926 pour examiner les rapports des gouvernements sur l'application des conventions et d'autres obligations contenues dans la Constitution de l'OIT sur les normes internationales du travail; elle apprécie la conformité des législations et pratiques nationales avec les dispositions des co nventions de l'OIT. Composée de 20 juristes de haut niveau (juges de cours suprêmes, professeurs, jurisconsultes, etc.) nommés par le Conseil d'administration, elle se réunit une fois par an en novembre-décembre et son rapport est examiné par la Conférence internationale du

Travail.

Commission de l'application des normes. Commission tripartite de la Conférence internationale du Travail qui prend pour base de ses travaux le rapport de la commission d'experts. Dans son rapport à la Conférence, la Commission de l'application des normes formule ses conclusions, invitant les gouvernements intéressés à apporter des explications et à prendre des mesures, le cas échéant, en vue de surmonter les divergences constatées entre la législation et la pratique nationales et les dispositions de s conventions ratifiées. Etudes d'ensemble de la commission d'experts. Etablies sur la base des réponses reçues des gouvernements, des organisations d'employeurs et de travailleurs suite aux demandes

du Conseil d'administration quant à l'état de la législation et de la pratique nationales par

rapport à une ou plusieurs conventions et recommandations. Décrivent de manière comparative la situation des législations et de la pratique par rapport aux instruments considérés et établissent les grandes lignes de l'application de ces instruments. Observations. Commentaires de la commission d'experts publiés dans son rapport. Une observation est utilisée en principe dans les cas les plus sérieux ou prolongés de non- exécution d'obligations. ix Demandes directes. Commentaires de la commission d'experts qui ne sont pas publiés dans son rapport mais adressés aux gouvernements par le Bureau au nom de la commission. Les demandes directes soulèvent en général des questions de caractèr e technique; elles peuvent aussi demander des éclaircissements sur certains points. 1

La politique normative de l'OIT

M. Humblet et M. Zarka-Martres

Les normes internationales du travail au service

de la justice sociale Si l'idée de l'adoption d'une législation internationale du travail remonte au début du XIX e siècle, c'est la Conférence de la Paix convoquée à l'issue de la première guerre mondiale qui est formellement à l'origine de la fondation de l'OIT 1 . Au cours de cette Conférence, une commission réunissant, pour la première fois dans l'histoire diplomatique, non seulement des délégués gouvernementaux, mais également des représentants du

monde du travail, était spécialement chargée d'élaborer des propositions sur les questions

liées au travail. La Partie XIII du Traité de Versailles, issue de ses travaux, est devenue le texte fondateur de l'OIT et la plupart de ses dispositions figurent dans le texte de la

Constitution de l'Organisation.

Le préambule de la Partie XIII du Traité de Versailles commençait en ces termes: "Attendu que la Société des Nations a pour but d'établir la pa ix universelle et qu'une telle paix ne peut être fondée que sur la justice sociale...». Ainsi, à l'i ssue d'un conflit mondial, la justice sociale était perçue comme une condition nécessaire au maintien de la paix tout juste restaurée. L'OIT était chargée d'oeuvrer à la poursuite de cet objectif 2 et s'est vue dotée de la compétence d'adopter des normes internationales du travail comme principal

moyen d'action. Comme l'a souligné le Directeur général dans son rapport à la Conférence

de 1997, sans être une fin en soi, les normes constituent en effet le moyen le plus important dont l'Organisation internationale du Travail dispose pour atteindre ses objectifs et concrétiser les valeurs énoncées dans sa Constitution 3 La Constitution dispose à ce sujet que "Si la Conférence se prononce pour l' adoption de propositions relatives à un objet à l'ordre du jour, elle aura à déterminer si ces propositions devront prendre la forme: a) d'une convention internationale, b) ou bien d'une recommandation, lorsque l'objet traité ou un de ses aspects ne se prête pas à l'adoption immédiate d'une convention» 4 . Tandis que les conventions sont des traités internationaux 1

Sur les origines, la création et le mandat de l'OIT, voir Nicolas Valticos: Droit international du

travail, dans Traité de droit du travail, tome 8, deuxième édition, Paris: Dalloz, 1983, chap. 1-2.

2

En plus de cet objectif politique, la fondation de l'OIT répondait aussi à des préoccupations

humanitaires, car la promotion de la justice sociale était également un objectif en soi. Enfin, les

considérations économiques ont également joué un rôle important à cet égard, la réglementation

internationale des conditions de travail étant perçue comme nécessaire à la prévention des

distorsions de concurrence entre les différentes nations. Comme nous le verrons, cet objectif conserve toute son actualité à l'heure de la mondialisation. 3

L'action normative de l'OIT à l'heure de la mondialisation, Rapport du Directeur général à la

85
e session (1997) de la Conférence, p. 3. 4

Texte de l'article 19, paragraphe 1,

de la Constitution. 2 présentant certaines spécificités 5 , les recommandations n'ont pas de force obligatoire et visent à orienter la politique des Etats Membres dans un domaine déterminé 6

Le préambule de la Constitution énumère également les priorités dans la réalisation

de ce programme: réglementation de la durée du travail, lutte contre le chômage, garantie d'un salaire assurant des conditions d'existence convenables, protection contre les maladies et contre les accidents du travail, protection des enfants, des adolescents et des

femmes, pensions de vieillesse et d'invalidité, défense des travailleurs occupés à l'étranger

et affirmation du principe de la liberté syndicale. Les caractéristiques de l'action normative de l'OIT L'on ne peut prétendre étudier la politique normative de l'OIT sans exposer au

préalable - fût-ce brièvement - les principales caractéristiques de l'action normative de

l'Organisation. La première d'entre elles, qui dépasse le cadre normatif et est en réalité une

caractéristique de l'Organisation elle-même, est le tripartisme. Il n'entre pas dans le cadre de ce chapitre d'en décrire tous les aspects 7 . Relevons toutefois que la composition des deux organes décisionnels, la Conférence internationale du Travail (ci-après: la Conférence) et le Conseil d'administration, est elle-même tripartite. Au sein de la Conférence, organe suprême qui adopte les normes internationales du travail, chacun des

175 Etats Membres de l'Organisation est représenté par quatre délégués, soit deu

x délégués gouvernementaux, un représentant des travailleurs et un représentant des employeurs, disposant chacun - sur le plan juridique - d'une totale liberté dans l'exercice de leur droit de vote. De plus, l'adoption des normes requiert la majorité des deux tiers des voix des délégués présents et non l'unanimité 8 . Ces deux règles combinées permettent de réunir des majorités qui varient selon les questions examinées. Deux caractéristiques de l'action normative de l'OIT méritent d'être soulignées. D'une part, les instruments de l'OIT ne sont pas un catalogue disparate de conventions et de recommandations mais un ensemble de normes qui recouvrent la plupart des domaines du droit du travail; d'autre part, la procédure établie pour l'adoption d'instruments permet

une grande économie de moyens rendue possible par les délais précis (en général deux ans)

pour leur adoption prévus dans le règlement de la Conférence internationale du Travail. A l'intérieur de ce cadre juridique, la Conférence a été prolifique dans son action normative. A l'issue de sa 89 e session (juin 2001), ce sont ainsi 184 conventions et

192 recommandations, couvrant quasiment, comme on l'a déjà signalé, tous les domaines

du droit social, qui ont été adoptées par la Conférence. Parallèlement à ces activités, l'OIT

5

J. Morellet: "Un type original de traité: les conventions internationales du travail», Revue critique

de droit international privé, 1938, pp. 1 et suiv. 6 Comme le mentionne la Constitution, la Conférence adopte parfois des recommandations

autonomes, lorsque la matière ne se prête pas (encore) à l'adoption d'une convention. Dans la

plupart des cas, cependant, les recommandations accompagnent une convention et en précisent les dispositions ou introduisent une norme supérieure dans le domaine qu'elles couvrent. 7 Sur le tripartisme, voir notamment W. Jenks: "The Significance for International Law of the

Tripartite Character of the International Labour Organisation», Transactions of the Grotius Society,

vol. 32, 1936, pp. 1-37. E. Vogel-Polsy: Du tripartisme à l'Organisation internationale du Travail,

Bruxelles, Université libre de Bruxelles, études du Centre national de sociologie du droit social,

1966.
8

Art. 19, paragr. 2, de la Constitution.

3 a déployé des efforts constants pour renforcer la cohérence et améliorer l'impact des normes internationales du travail et a régulièrement mené, au cours de son histoire, des réflexions de fond sur différents aspects de son action normative. Au mois de septembre

2001, le nombre de ratifications de ces conventions s'élevait à 6 947.

Ces normes présentent elles-mêmes deux caractéristiques liées. D'une part, elles sont universelles, car destinées à s'appliquer dans l'ensemble des Etats Membres de l'Organisation; d'autre part, et en contrepartie, elles présentent une certaine souples se. "C'est qu'en effet la souplesse des normes est le prix de leur universalité. Si les normes doivent être universelles, donc être applicables à des Etats dont le niveau de développement autant que les techniques juridiques diffèrent considérablement de l'un à l'autre, la seule méthode réaliste consiste à élaborer des normes avec suffisamment de souplesse pour qu'elles puissent être adaptées aux pays les plus divers 9 .» L'équilibre est délicat à maintenir, car il ne s'agit ni d'adopter des normes trop élevées et donc inapplicables dans la plupart des Etats membres, ni des normes insuffisantes qui ne feraient que consacrer le plus petit commun dénominateur existant entre ces pays. Il n'est pas possible de décrire ici l'ensemble des obligations découlant pour les Etats Membres de l'adoption des normes par la Conférence 10 . Deux d'entre elles, qui valent tantquotesdbs_dbs11.pdfusesText_17
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