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Redécouvert pour vous - Érudit

de persécution; que ceux qui allument des cierges en plein midi de ton soleil; que ceux qui couvrent leur robe d'une toile blanche

:

Traité sur la tolérance de Voltaire

Prière à Dieu__________________________________________________________________________________________

Texte :

Ce n'est donc plus aux hommes que je m'adresse ; c'est à toi, Dieu de tous les êtres, de tous les mondes et de tous les temps : s'il est permis à de faibles créatures perdues dans l'immensité, et imperceptibles au reste de l'univers , d'oser te demander quelque chose, à toi qui as tout donné, à toi dont les décrets sont immuables comme éternels, daigne regarder en pitié les erreurs attachées à notre nature ; que ces erreurs ne fassent point nos calamités. Tu ne nous as point donné un coeur pour nous haïr, et des mains pour nous égorger ; fais que nous nous aidions mutuellement à supporter le fardeau d'une vie pénible et passagère ; que les petites diffférences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuiÌifiÌisants, entre tous nos usages ridicules, entre toutes nos lois imparfaites, entre toutes nos opinions insensées, entre toutes nos conditions si disproportionnées à nos yeux, et si égales devant toi ; que toutes ces petites nuances qui distinguent les atomes appelés hommes ne soient pas des signaux de haine et de persécution ; que ceux qui allument des cierges en plein midi pour te célébrer supportent ceux qui le contentent de la lumière de ton soleil ; que ceux qui couvrent leur robe d'une toile blanche pour dire qu'il faut t'aimer ne détestent pas ceux qui disent la même chose sous un manteau de laine noire ; qu'il soit égal de t'adorer dans un jargon formé d'une ancienne langue, ou dans un jargon plus nouveau ; que ceux dont l'habit est teint en rouge ou en violet, qui dominent sur une petite parcelle d'un petit tas de la boue de ce monde, et qui possèdent quelques fragments arrondis d'un certain métal, jouissent sans orgueil de ce qu'ils appellent grandeur et richesse, et que les autres les voient sans envie : car tu sais qu'il n'y a dans ces vanités ni de quoi envier, ni de quoi s'enorgueillir. Puissent tous les hommes se souvenir qu'ils sont frères ! Qu'ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes, comme ils ont en exécration le brigandage qui ravit par la force le fruit du travail et de l'industrie paisible. Si les lfléaux de la guerre sont inévitables, ne nous haïssons pas, ne nous déchirons pas les uns les autres dans le sein de la paix et employons l'instant de notre existence à bénir également en mille langages divers, depuis Siam jusqu'à la Californie, ta bonté qui nous a donné cet instant.

Éléments d'introduction et contexte :

Voltaire :

- philosophe et écrivain engagé : esprit provocateur, aspirant à plus de liberté - emprisonné, exilé de nombreuses fois pour ses écrits - anagramme d'Arouet le Jeune (AROVET L I) - à écrit des traités, tragédies, poèmes, ... - a 69 ans quand il défend Calas

Afffaire Calas :

A l'origine du Traité sur la tolérance, Jean Calas était un protestant accusé à tort d'avoir tué son ifils pour l'empêcher de se convertir au catholicisme, il est roué vif, torturé en 1762, Voltaire se bat pendant 3 ans avant d'obtenir la réhabilitation de J. Calas, il écrit pendant toute cette période Les procédés rhétoriques et leur interprétation :

ProcédésInterprétations

Négation paradoxale (l.1)Faire rélfléchir le lecteur sur le véritable destinataire

Périphrase hyperbolique

" Dieu de tous ... » (l.2)Montrer que les hommes sont tous égaux et qu'ils n'ont qu'un seul et même dieu

Périphrase péjorative " faibles

créatures [...] univers » (l.3) + périphrase " les atomes appelés hommes » (l.13)Désigne l'homme, insiste sur sa petitesse, sa vulnérabilité et son insigniifiance  rappelle à l'homme qu'il n'est rien, leçon de relativisme

CL imperfection : " débiles

corps », " langages insuiÌifiÌisants », " opinions insensées »Blâme de la condition humaine

Hyperbole " toi qui as tout

donné » (l.4)Générosité, sacriifice, éloge de Dieu

Pronom personnel possessif

" ton » (l.15)Replace la hiérarchie de l'univers en faisant comprendre que Dieu est à l'origine de tout

Hyperbole " décrets sont

immuables comme éternels » (l.5)Pouvoir, autorité divine qui décide de tout,

Dieu est omnipotent

CL haine : " haïr »,

" exécration », " signaux de haine », " déteste », " haïssons »Dénoncer le comportement intolérant et violent des hommes

CL violence : " égorger »,

" persécution », " tyrannie », " guerre », " déchirons »Idem

Pronom pers. " nous » +

pluriels " aux hommes », " faibles créatures », " tous les hommes », " ceux qui... »Réunir les hommes et leur rappeler qu'ils font partis d'un seul et même groupe : l'humanité

Nombreuses périphrases :

" ceux qui allument des cierges en plein midi », " ceux qui couvrent leur robe d'une toile blanche », " ancienne langue » (= catholiques) + " sous un manteau de laine noire » (= protestants)Permettent de parler de manière neutre et apaisé des diffférentes religions en ne parlant que de leurs pratiques et non de leur foi.

Anaphore de " tu » : " tu »,

" toi », " devant toi », " t'aimer »Permet d'interpeller régulièrement le destinataire et de rattacher constamment le texte au genre de la prière

Emploi fréquent de l'impératif

" fais que » + subordonnées au subjonctifSouligne les requêtes de Voltaire, sa volonté de voir les choses évoluer, changer

Enumérations, accumulations,

anaphores et hyperbolesConfèrent au texte une tonalité grave, pathétique et pressante

Evolution des pronoms de

" tu » à " nous »Voltaire dévoile ses véritables destinatairesquotesdbs_dbs45.pdfusesText_45
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