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1. Le français de base dans le contexte de notre système méthode dite grammaire-traduction avait pour objectif de développer l'habileté à transférer les.

L'appropriation de l'ecrit en contexte scolaire

multilingue.La situation de Madagascar. Des resultats des eleves en malgache et en francais aux pratiques d'enseignement-apprentissage

Muriel Nicot-GuillorelTo cite this version:

Muriel Nicot-Guillorel. L'appropriation de l'ecrit en contexte scolaire multilingue.La situ- ation de Madagascar. Des resultats des eleves en malgache et en francais aux pratiques d'enseignement-apprentissage. Linguistique. Universite Rennes 2, 2009. Francais.00370482>

HAL Id: tel-00370482

Submitted on 24 Mar 2009

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UNIVERSITE RENNES 2- HAUTE-BRETAGNE

sous le sceau de

L'UNIVERSITE EUROPEENNE DE BRETAGNE

Ecole doctorale Sciences Humaines et Sociales

PREFics (EA 3207 / UMR CNRS 8143)

L'appropriation

deȱl'écritȱenȱȱ

LaȱsituationȱdeȱMadagascar.ȱ

THÈSE

Pour l'obtention du grade de

Docteur de l'université Rennes 2 - Haute Bretagne

Sciences du langage

Présentée et soutenue publiquement par

Muriel NICOT-GUILLOREL

le 13 février 2009

Sous la direction de

Thierry Bulot

Membres du jury

Philippe BLANCHET, Professeur des Universités, Rennes 2 Haute Bretagne Thierry BULOT, Professeur des Universités, Rennes 2 Haute Bretagne Véronique CASTELLOTTI, Professeure des Universités, Université François Rabelais,

Tours - Rapporteure

Roland GOIGOUX, Professeur des Universités, IUFM d'Auvergne, Clermont-Ferrand -

Rapporteur

Brigitte RASOLONIAINA, Maître de conférence, INALCO, Paris Nicot-Guillorel, Muriel. L"appropriation de l"écrit en contexte scolaire multilingue : la situation de Madagascar - 2009

Nicot-Guillorel, Muriel. L"appropriation de l"écrit en contexte scolaire multilingue : la situation de Madagascar - 2009

REMERCIEMENTS

Nous tenons tout d'abord à remercier les responsables du Ministère de l'Education Nationale de Madagascar sans qui ce travail n'aurait pas pu avoir lieu, en particulier :

Madame Razafindramary Tahinarinoro, Directrice

Générale de l'Education Fondamentale et de

l'Alphabétisation, pour nous avoir autorisée à analyser les données du PASEC VII à partir de la

base statistique du Ministère de l'Education Nationale et à enquêter dans deux écoles proches

d'Antananarivo. Monsieur Ndrianjafy Romain Kléber, Secrétaire Général du Ministère de

l'Education Nationale, pour les nombreux échanges sur le système éducatif malgache lorsqu'il était

Directeur de l'Institut National de Formation Pédagogique (INFP, notre lieu de travail actuel), ainsi

que la nouvelle Directrice de l'INFP : Madame Ranorovololona Elmine.

Cette thèse est le fruit d'un long travail personnel qui n'aurait pu voir le jour sans le soutien de

nombreuses personnes. Nous remercions en premier lieu Thierry Bulot, notre Directeur de thèse,

pour sa confiance, sa disponibilité et ses qualités humaines. La régularité de nos échanges et la

liberté de réflexion ont permis d'effectuer ce travail avec détermination. Notre profonde

reconnaissance va à Gérard Vigner et à Jean Emile Gombert dont l'écoute attentive et les conseils

avisés ont jalonné l'ensemble de ce parcours. Un grand merci également à Sonia Gatin et à

Christian Bouquet qui nous ont incitée à partir sur la Grande île et ont suivi de près nos péripéties.

Ce travail n'aurait pu aboutir sans la collaboration active de plusieurs collègues que nous

remercions chaleureusement. De nombreux traitements statistiques ont été effectués par Olivier

Razafindranovona. Les transcriptions et les traductions, dans leur première version, ont été

réalisées par Lucie Raharivololona et sa famille. Zakaria Miara Robison nous a initiée aux logiciels

audio et vidéo pour mettre les documents sous format numérique. Clément Razatovo nous a offert

son précieux témoignage sur l'Histoire du système éducatif malgache. Roger Razafindrabe et

Faramalala Razakamanana ont effectué une relecture scrupuleuse du document tant en français qu'en malgache et ont contribué à l'améliorer. Nous sommes également particulièrement

reconnaissante aux enseignants et aux élèves qui nous ont accueillie avec beaucoup de gentillesse

dans leur classe, tout au long d'une année scolaire. Les neuf enseignants ont accepté de se prêter à

un protocole d'enquête peu habituel à Madagascar et leurs témoignages nous ont été essentiels. Par

ailleurs, nous remercions toutes les personnes nous ayant fait parvenir des documents utiles à notre

réflexion, documents difficiles à se procurer lorsque l'on est éloignée.

Enfin, bien sûr, nos sentiments se tournent vers notre cercle proche : les amis et les membres de la

famille, essentiels à notre constr uction personnelle par leur soutien indéfectible et cette liberté

qu'ils nous ont toujours laissée. Nicot-Guillorel, Muriel. L"appropriation de l"écrit en contexte scolaire multilingue : la situation de Madagascar - 2009

Nicot-Guillorel, Muriel. L"appropriation de l"écrit en contexte scolaire multilingue : la situation de Madagascar - 2009

A mes parents et à ma soeur,

A la joie des voyages d'enfance en camping

sauvage : sous la toile, en caravane, à la belle étoile... " Une rencontre interculturelle ou interethnique peut servir à éclairer les caractères structuraux de son propre comportement, qui autrement demeureraient cachés, beaucoup plus rapidement que ne le feraient les exigences normales de la vie. »

Edward T. Hall, 1976 : 83-84.

Nicot-Guillorel, Muriel. L"appropriation de l"écrit en contexte scolaire multilingue : la situation de Madagascar - 2009

Nicot-Guillorel, Muriel. L"appropriation de l"écrit en contexte scolaire multilingue : la situation de Madagascar - 2009

7

Cette thèse est basée sur l'intertextualité entre l'auteur et de nombreuses ressources issues de la

communauté scientifique. Pour souligner le cheminement de la pensée face à l'objet d'étude, des

mises en gras sont effectuées par l'auteur (citations comprises).

ȱNicot-Guillorel, Muriel. L"appropriation de l"écrit en contexte scolaire multilingue : la situation de Madagascar - 2009

Nicot-Guillorel, Muriel. L"appropriation de l"écrit en contexte scolaire multilingue : la situation de Madagascar - 2009

1

INTRODUCTION

Cette thèse est un

essai de compréhension des facteurs intervenant sur le développement de la littéracie à l'école primaire malgache. Elle se structure en trois volumes. Le premier volume repose sur deux parties présentant successivement un descriptif des

caractéristiques des deux langues en usage à l'école primaire en 2004, le malgache et le français, en

y associant une présentation de la situation sociolinguistique de la Grande Ile. Ce premier volume

débouche sur une synthèse des points de convergence ou de contraste entre les deux langues de

l'école, et place la réflexion sur le fait que la coexistence des langues dans une même société, la

complémentarité ou l'opposition de leurs fonctions, peuvent retentir sur leurs didactiques et les

options de l'apprentissage scolaire.

Le deuxième volume étudie les résultats des élèves en lecture-écriture, en malgache et en

français, lors de l'évaluation PASEC VII (2004-2005) en les croisant, pour le français, avec le

niveau des enseignants en français, évalués à l'aide du Test de Connaissance du Français (TCF). Ce

volume comporte trois parties. La première partie présente les résultats des enseignants lors du

TCF et est l'occasion de décrire les principes du Cadre Européen commun de référence pour les

langues. Les deuxième et troisième parties sont consacrées à l'analyse des résultats élèves en

lecture, en malgache et en français, d'abord au CP2 (deuxième année du primaire) puis au CM2

(cinquième année). Chaque composante mise en jeu dans la lecture y est alors décrite en regard des données scientifiques internationales (courant social et culturel, psychologie cognitive,

données inter- et trans-linguistiques, etc.). De plus, une analyse des productions écrites des élèves y

est menée, révélatrice de la psychogénèse de l'écrit dans les deux langues. En fin de volume, les

cinq hypothèses de recherche ayant motivé l'analyse sont discutées. On cherche alors à savoir

dans quelle mesure les performances en lecture des élèves sont influencées par la variable L1

dialectale / L1 officielle, en quoi leurs productions écrites sont facilitées en L1 par rapport à celles

qu'ils produisent en L2, dans quelle mesure leurs compétences de lecture bien établies en L1 se

reportent sur leur lecture en L2, si un degré de maîtrise de L2 par l'enseignant peut s'avérer

déterminant pour leur apprentissage de l'écrit en L2, et enfin, quelles sont les poches de résistance,

malgré un ensemble de facteurs favorables, qui peuvent entraver l'apprentissage de l'écrit en L2.

Après cette approche quantitative et descriptive, le troisième volume adopte une démarche

ethnographique centrée sur les interactions enseignant-élèves lors de séances de lecture filmées

dans deux écoles des Hauts Plateaux (2005-2006). Ce dernier volume se structure également en

trois parties. La première partie est un cheminement au travers des concepts portant sur la Nicot-Guillorel, Muriel. L"appropriation de l"écrit en contexte scolaire multilingue : la situation de Madagascar - 2009

2 communication (en particulier scolaire), la variation culturelle des éthos communicatifs

interférant sur les pratiques scolaires et débouche sur certains aspects de la sociopragmatique

malgache. Il s'agit aussi de tester nos modalités de séquençage des séances de classe par une

incursion dans le corpus " Langage en français » et d'ancrer notre analyse des pratiques professionnelles en mobilisant les principes de la psychologie ergonomique pour analyser le travail du maître de lecture. La deuxième partie veut s'inscrire davantage dans la perspective " historico-culturelle » mise en relief en amont, en menant une analyse des prescriptions en

lecture à Madagascar depuis l'époque des missionnaires. Enfin, la troisième partie de ce dernier

volume étudie le corpus " Lecture magache et français », en essayant de cerner la " zone de développement professionnel » des enseignants malgaches dans le domaine de l'enseignement de la lecture. En ce sens, nous espérons que cette thèse pourra apporter une contribution à la

problématique de " l'alphabétisation universelle » des plans Education Pour Tous mis en place

dans les pays pauvres très endettés (PPTE).

ȱNicot-Guillorel, Muriel. L"appropriation de l"écrit en contexte scolaire multilingue : la situation de Madagascar - 2009

VOLUME

I malgache etȱduȱfrançaisȱpourȱ Le langage des Blancs n'a pas d'oreille. Leur langue n'est pas comme la nôtre. Quand ils parl ent, c'est une danse à petits bonds, quand tout le reste demeure immobile. C'est une pluie de petits cailloux qui tombe sur la terre sèche, puis le ruissellement de l'eau sur les feuilles. Quand ceux de chez nous parlent, c'est un serpent aux anneaux d'argent qui glisse entre les joncs. Le kabary a la démarche du camaléon, mais voilà que la libellule est mangée.

Laurence Ink,

Chants de corail et d'argent,

Robert Laffont, 2005 Nicot-Guillorel, Muriel. L"appropriation de l"écrit en contexte scolaire multilingue : la situation de Madagascar - 2009

Nicot-Guillorel, Muriel. L"appropriation de l"écrit en contexte scolaire multilingue : la situation de Madagascar - 2009

5

PRESENTATION

DU

VOLUME

I

COMPARAISON

DES

LANGUES,

NORMESȱETȱVARIATIONSȱ

E VOLUME est le premier des trois qui structurent la thèse. Il repose sur deux parties respectivement consacrées à la langue malgache et à la langue française. Chaque partie commence par une présentation sociolinguistique de la langue dans le pays, puis présente

ses caractéristiques linguistiques formelles. Le postulat de ce volume est que, dans un système

d'enseignement reposant sur un contact de langue s, une comparaison des langues en présence

est incontournale pour étudier le développement des habiletés langagières des apprenants.

Cet éclairage permettra de mieux comprendre, dans les volumes ultérieurs, les processus mis en jeu

par les élèves et les maîtres pour l'appropriation de l'écrit, en malgache et en français, au sein de

l'école primaire malgache. 1. Chercher à comprendre les processus d'appropriation des langues écrites dans l'environnement acquisitionnel qu'est l'école malgache amène obligatoirement à une comparaison des deux

systèmes linguistiques que développe l'apprenant : celui de la langue première (le malgache) et

celui de la langue seconde (le français), tant au niveau des représentations qu'au niveau du

traitement. C'est pourquoi une présentation des statuts des langues et de leurs caractéristiques

majeures formelles s'avère nécessaire. Cette posture de recherche, qui vise à identifier les

caractéristiques des langues en présence pour mieux comprendre les processus d'acquisition, n'est

pas nouvelle. Mais dans le contexte d'étude, et au vu de la littérature consultée, on dispose de peu

de synthèse dans ce domaine à Madagascar. Puisqu'ici on s'intéresse aux processus mis en jeu par

les élèves pour apprendre à lire et à écrire dans les deux langues, et aux pratiques des maîtres qui

encadrent cette activité, mettre en relief les traits saillants des langues en présence permettra

d'affiner, dans les volumes n°2 et n°3, les hypothèses de recherche.

CȱNicot-Guillorel, Muriel. L"appropriation de l"écrit en contexte scolaire multilingue : la situation de Madagascar - 2009

Volume I : Caractéristiques des langues de l'école primaire à Madagascar 6

L'idée générale de l'étude est d'alimenter une réflexion pour une didactique mieux " intégrée » de

l'apprentissage du malgache et du français à l'école primaire. Les éléments mis en relief dans ce

premier volume sur le malgache sont une simple synthèse, effectuée après la consultation d'ouvrages de description de la langue, qu'il conviendrait naturellement d'approfondir par des spécialistes malgachophones.

Beaucoup de travaux de recherche sur l'acquisition des langues (désormais RAL) se sont intéressés

à l'influence possible des langues antérieurement acquises sur le développement langagier de l'apprenant. On peut relever différentes périodes caractérisant cette réflexion : Les années 1940-1950 voient les premières tentatives véritablement organisées pour prendre en compte les relations entre L1 /L2. C'est l'époque de la théorie de l'analyse contrastive, illustrée notamment par les travaux des linguistes Fries et Lado 1 . " Ils proposent donc de mettre en regard le système de la langue étrangère et celui de la langue première, afin d'en déceler les points de ressemblance et de divergence ; cette manière de

procéder conduirait à prévoir ce qui, de la langue première, peut être transféré sans

difficulté lors de l'accès à une nouvelle langue et, a contrario, les erreurs qui devraient être inévitablement commises par les apprenants en raison de ces caractéristiques. » (CASTELLOTTI, 2005 : 68-69). Cette approche a été ensuite critiquée en raison de sa focalisation sur les erreurs produites lors de l'apprentissage d'une L2 : observation a posteriori des transferts éventuels de L1 sur L2, centration sur les productions erronées des apprenants. La période suivante cherche à mieux analyser les erreurs. Les relevés et inventaires

produits mettent alors à jour leur diversité et leur complexité potentielles. C'est ainsi que se

répand l'idée que les erreurs constituent des indices de l'activité d'apprentissage et, dans ce sens, qu'elles sont naturelles et nécessaires pour l'acquisition. Dans les années 1970 apparaît la notion d'interlangue, notion aujourd'hui fondamentale dans l'acquisition des langues. " L'interlangue apparaît comme un processus éminemment interactif, au sein duquel les deux langues concernées entretiennent des relations d'imbrication et d'interdépendance qui concourent à la construction de nouvelles

compétences, testées puis affirmées par l'apprenant grâce au contexte qui peut s'avérer

plus ou moins facilitateur pour l'acquisition . » (CASTELLOTI, 2005 : 72). La langue première apparaît alors comme déterminante pour la construction et l'évolution de l'interlangue et représente un facteur essentiel à prendre en compte. Dans cette logique, la

langue première n'est plus considérée comme un obstacle mais devient source et référence.

1

Cités par Castellotti (2005 : 68). Nicot-Guillorel, Muriel. L"appropriation de l"écrit en contexte scolaire multilingue : la situation de Madagascar - 2009

Présentation du volume I

7 Cette position a permis une certaine réhabilitation des L1 au sein des classes de langue

étrangère. Le recours à L1 n'est plus toujours considéré aujourd'hui comme obstacle à

l'acquisition de L2.

Au sein de ce courant se sont développées des recherches s'appuyant sur une " contrastivité revisitée ». Recentrées autour de stratégies " d'exploration

interlinguistique » (Dabène et Degache, 1996), elles ont permis par exemple la mise en place de programmes d'intercompréhension des langues voisines en Europe (en particulier autour des langues romanes, comme l'exemple du programme Galatea). Dans les années 1980, Kellerman et Sharwood-Smith 2 propose le terme d'effet translinguistique pour couvrir les phénomènes d'emprunt, d'interférence, de transfert, d'évitement de transfert et de perte de langue.

Parallèlement à ce courant RAL, situé dans l'héritage des analyses contrastives, les travaux

de la sociolinguistique et de la psycho linguistique s'intéressent à la question du

bilinguisme et, de manière plus générale, aux phénomènes de contacts de langues, dans une

perspective interactionnelle. La notion d'interlangue est alors intégrée à l'intérieur de la

compétence bilingue 3 , jugée plus englobante et générique (Gajo et Mondada, 2000, pour une présentation des travaux de Bernard Py). On parle maintenant de compétence plurilingue et pluriculturelle. Cette compétence est le fruit d'un répertoire verbal unique, qui ne saurait être considéré comme la simple juxtaposition de deux compétences monolingues. Ces orientations ont conduit à analyser les différentes manifestations du parler bilingue, qui s'observent dans la majorité des situations où des langues sont en contact : les locuteurs sont amenés à " jongler » avec plusieurs langues et plusieurs codes dans leurs échanges réguliers, ce qui amène l'apparition de certaines marques transcodiques. Cette notion rappelle celle d'effet translinguistique évoquée précédemment.

Quels que soient ces courants de recherche, il a

pparaît donc que la question du rôle de L1 dans

l'appropriation des langues secondes est toujours d'actualité. S'intéresser aux caractéristiques des

langues en présence pour mieux comprendre, par la suite, leurs influences éventuelles sur les

processus en jeu dans l'apprentissage de l'écrit à l'école à Madagascar, semble donc nécessaire

2

Cités par Véronique (2005 : 19).

3

Un chapitre sera consacré au bilinguisme dans le volume 2. Nicot-Guillorel, Muriel. L"appropriation de l"écrit en contexte scolaire multilingue : la situation de Madagascar - 2009

Volume I : Caractéristiques des langues de l'école primaire à Madagascar 8 2.

Normesȱetȱvariationsȱ

Dans cette entreprise, consistant à vouloir présenter les caractéristiques des langues en présence

pour mieux étudier ensuite leur appropriation, se pose alors la question de ce que l'on entend par

" langue malgache » ou " langue française ». En effet, le concept de langue renvoie " à une

production tierce, c'est-à-dire :

1) nécessairement sociale : une langue n'existe que parce que des locuteurs intériorisent son

existence via des/leurs pratiques linguistiques tant représentées qu'effectives (...)

2) diverse et hétérogène : son usage varie localement, socialement, selon les types

d'interaction, le sexe des locuteurs, les genres de discours, etc.

3) constituée par ou pour un système d'interactions entre des locuteurs sur une aire

territorialisée, c'est-à-dire un espace de légitimité sociale que les mêmes locuteurs construisent comme étant celui d'une légitimité linguistique. » (BULOT, 2006 a) : 48).

Choisit-on ici de présenter un système d'invariants ou accepte-t-on une constellation de variations

et de quels ordres ? Sans entrer dans l'épaisseur épistémologique de ces interrogations, il est à

préciser que ce premier volume se limite aux aspects formels des langues en présence, dans la mesure où ce sont eux qui interviennent dans la gestion de l'écrit. En effet, comme dans tout

système éducatif, l'écrit utilisé à l'école malgache s'appuie sur les normes linguistiques

académiques, attributs des variétés " hautes » des langues, ce qui renvoie à la notion de " langue

standard », comme le précise Henri Besse (2002) ici : " Une langue peut d'abord être définie

comme un ensemble de variétés l angagières à même de permettre, chez ceux qui en ont l'usage, une intercompréhension plus ou moins immédiate. Dans l'ensemble de ces variétés, nous

distinguons d'une part les variétés vernaculaires (...) et d'autre part, la variété cultivée (celle qui

est orthographiée, normalisée (...) et qui est généralement la seule variété enseignée. (...) Cette

variété est souvent dite " norme » de la langue ou " langue standard »...» (BESSE, 2002 : 22-24).

Bien sûr, cela ne veut pas dire que la question de la variation linguistique n'apparaît pas dans notre

travail : au contraire, elle se place au coeur du contexte d'étude. Le concept de langue " ne peut être

réduit à sa dimension savante ; assurément il renvoie et doit renvoyer à des acceptations très

diverses dont aucune ne peut échapper à la prégnance du social... » (BULOT, 2006 a- : 45). Or,

l'appropriation des langues à l'école se fait, certes, à travers les discours écrits (manuels, supports

didactiques), mais surtout par les discours co-construits au sein des interactions enseignant/élèves.

Par ailleurs, ce volume montrera que la situation sociolinguistique à Madagascar se caractérise par

une double diglossie majeure mettant en présence les parlers régionaux malgaches, le malgache

officiel et le français. Dans ce contexte, les variations linguistiques y sont donc forcément très

fortes. Nicot-Guillorel, Muriel. L"appropriation de l"écrit en contexte scolaire multilingue : la situation de Madagascar - 2009

Présentation du volume I

9

A l'école malgache, où le malgache et le français sont à la fois disciplines scolaires mais également

langues d'enseignement 4 , on pourrait s'attendre à ce que ces langues soient simultanément langue

de communication entre les acteurs (enseignants, élèves, administration), langue d'apprentissage

(explications, consignes, etc.) et langue d'enseignement (contenus, manuels, autres supports).

Pour le français, comme le signale Jean-Louis Chiss (2006), ces présupposés ne conviennent pas à

de tels contextes multilingues " parce que, si les savoirs sont tout ou partie construits en français

(langue d'enseignement), ils ne sont pas toujours dispensés en français (cette langue n'est pas

nécessairement l'unique vecteur de s apprentissages et des interactions didactiques orales et

écrites), et les interactions didactiques à l'intérieur du cadre scolaire (langue de communication)

peuvent aller jusqu'à complètement ignorer le français. (...) Si la langue d'enseignement, de mise

en forme des savoirs, a déjà pour les locuteurs francophones natifs une opacité considérable, nul

doute que ces effets de non transparence et de cumul des difficultés se trouvent renforcés en

contexte multilingue où les éléments de code-switching entre plusieurs langues sont constants. »

(CHISS, 2005 : 60). Ces remarques, tout à fait valables pour Madagascar, laissent donc entrevoir une belle place à la variation linguistique dans le quotidien des classes. Ces aspects seront appréhendés dans le volume n°3.

Pour l'instant donc, il s'agit de présenter à la fois la situation sociolinguistique du malgache et du

français dans la Grande Ile et de mettre en relief leurs particularités linguistiques sous un angle, ici,

assez normatif. 4

Voir le chapitre n°1 du volume n°2. Nicot-Guillorel, Muriel. L"appropriation de l"écrit en contexte scolaire multilingue : la situation de Madagascar - 2009

Nicot-Guillorel, Muriel. L"appropriation de l"écrit en contexte scolaire multilingue : la situation de Madagascar - 2009

PARTIE

ȱIȱ-ȱVOLUMEȱIȱ

LAȱLANGUEȱMALGACHEȱ

ȱNicot-Guillorel, Muriel. L"appropriation de l"écrit en contexte scolaire multilingue : la situation de Madagascar - 2009

ȱNicot-Guillorel, Muriel. L"appropriation de l"écrit en contexte scolaire multilingue : la situation de Madagascar - 2009

13

CHAPITREȱ1ȱ

ORIGINESȱDUȱMALGACHEȱ

E MALGACHE, considéré comme langue première de l'école, est classé parmi la famille des

langues austronésiennes. Elle se trouve être la langue la plus occidentale de la branche malayo-polynésienne des langues austronésiennes. Plus précisément, elle appartient au

groupe dit " barito », dont les langues sont parlées à Kalimantan, la partie indonésienne de l'île de

Bornéo, dans l'actuelle région de Banjarmasin. Dans cette région, la langue dominante est aujourd'hui le malais, qui appartient à un autre groupe malayo-polynésien. On estime que les

protomalgaches auraient émigré de Bornéo vers Madagascar aux alentours de l'an 400 de l'ère

chrétienne. ILLUSTRATION N° 1 : Généalogie des langues austronésiennes (BELLWOOD, 2001 : 135).

" Jusqu'en 1500 avant notre ère, l'austronésien était la famille de langues la plus répandue sur

terre ; cette famille est aujourd'hui parlée par plus de 200 millions de personnes vivant à Taiwan,

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