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La carte outil heuristiqueLéonard Dauphant

La carte outil heuristique. L'exemple du royaume de France à la fin du Moyen Âge

Léonard Dauphant (Université de Lorraine)

Plan Introduction : Du " scrupule cartographique » à la géohistoire I : La carte descriptive existe-t-elle ? Pour une cartographie historique critique

1 : Le croquis de situation

2 : De la carte-outil à la carte acteur

3 : Limites et possibilités d'une cartographie systématique

II : Les implications intellectuelles de la méthode cartographique

1 : " S'inquiéter de l'espace »

2 : Une " dissymétrie presque catastrophique » ? La question de l'organisation des espaces français

3 : Adapter les concepts à la réalité spatiale

Conclusion : La logique de l'atlas

Introduction : Du " scrupule cartographique » à la géohistoire En France, les rapports entre l'histoire médiévale et la géographie sont depuis longtemps

paradoxaux : l'une s'est longtemps appuyée sur l'autre, mais sans cartographie satisfaisante. On a

parlé d'une " incroyable et scandaleuse indifférence de l'école historique française à l'égard de la

cartographie » (Bernard Guenée) ou du " scrupule cartographique » du médiéviste (Patrick

Boucheron). Cette impuisance vient-elle d'un " monde flou »... ou d'un " médiéviste myope1 » ? Dès

1961 Charles Higounet formulait le programme d'une histoire spatialisée utilisant pleinement la

carte : la géohistoire est d'abord une " attitude » sensible à la dimension géographique du passé à

reconstruire. Il la fondait sur une " méthode cartographique », qui permet d'" éclairer les

phénomènes historiques par le moyen de leur inscription sur la carte », en dégageant des rapports

spatiaux invisibles autrement2. Depuis ma thèse3, j'ai tenté d'appliquer la méthode cartographique

non à l'étude des structures agraires et de l'occupation des sols, comme Higounet, mais à un objet

socio-politique : les 450.000 km² du royaume de France du XVe siècle et leurs habitants. Cela m'a

d'abord conduit à renoncer au scrupule cartographique : j'ai voulu tout cartographier, pour visualiser,

1B. Guenée, " La géographie administrative de la France à la fin du Moyen Âge », Moyen Âge, 1961, p. 295 ;

P. Boucheron, " Représenter l'espace féodal : un défi à relever », Espaces-Temps Les Cahiers, n° 68-70, 1998, p. 61

et 65.2Ch. Higounet, " La Géohistoire », in L'Histoire et ses méthodes, dir. Ch. Samaran, Paris, 1961, p. 68-91.3L. Dauphant, Le Royaume des Quatre Rivières. L'espace politique français (1380-1515), Seyssel, 2012.

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La carte outil heuristiqueLéonard Dauphant

même dans des situations documentaires difficiles, quitte à renoncer à éditer telle ou telle carte. Le

premier intérêt est de construire un fonds de carte : construction criticable car somme

d'approximation, mais qui permet de dégager des rapports de masse et de contiguïté, pour établir un

raisonnement. I : La carte descriptive existe-t-elle ? Pour une cartographie historique critique

1 : Le croquis de situation

Pour fonder la démarche cartographique sur une base critique, essayons de classer les cartes : existe-t-il une carte neutre, sans point de vue de l'auteur ? Le simple croquis de situation, sans couleurs ni icones, se contente de définir un territoire. C'est le cas par exemple des cartes des

diocèes des Fasti Ecclesiae Gallicanae (ex. Reims : http://fasti.univ-paris1.fr/carte_reims.php). La

neutralité implique cependant un choix : ici, le point de vue clérical, qui détaille les archidiaconés,

pas les paroisses ; surtout, il se borne à une expression graphique volontairement appauvrie.

2 : De la carte-outil à la carte acteur

Le langage cartographique, " non-verbal » et " non-séquentiel », ne se suffit pas à lui-même. Il

présente une réalité appauvrie pour des raisons de clarté : on ne peut pas l'utiliser comme discours

théorique suffisant4. La carte a donc besoin d'un protocole de production et de lecture, pour

expliciter le choix de ce qui est montré : faute de quoi sa " qualité d'évidence »5 échappe à tout

contrôle. Le pire exemple de mauvais usage en est les cartes linguistiques. Le linguiste stylise le

continuum dialectal par les traits des lignes " isoglosses ». Ces lignes, liées en faisceaux, dessinent

des limites linéaires sur la carte, qui deviennent de vraies frontières fantasmées : au problème de

production s'ajoute le problème de lecture. La carte linguistique produit du sens indépendamment

de la réflexion du cartographe : outil de représentation, elle devient acteur incontrôlé. On assiste

alors à l'altération d'une représentation par impact visuel de conventions graphiques. Le problème de la carte linguistique tient au modelé (on peut figurer le continuum dialectal par des dégradés), mais aussi au cadrage, qui perpétue le concept de domaine gallo-roman de

Gaston Paris (http://www.lexilogos.com/france_carte_dialectes.htm). Ici, la carte associe les

dialectes dans le cadre du territoire français, sauf pour les dialectes d'oïl, figurés aussi dans les pays

4J. Levy, " De l'espace pour la raison », Espaces-Temps Les Cahiers, n°62-63, 1996, p. 21 et 33.5R. Pourtier, " Imagerie, Imaginaire et stratégies territoriales », in L'État et les stratégies du territoire, dir. H. Théry,

Paris, 1991, p. 190.

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La carte outil heuristiqueLéonard Dauphant

voisins. Cette association peu cohérente est héritée d'une représentation médiévale, identitaire et

circulaire : le français (oïl) est la langue parlée par les sujets du royaume de France ; les sujets du

roi sont ceux qui parlent français. C'est évidemment une stylisation d'une réalité très différente.

Mais surtout, l'oc est plus proche du catalan que de l'oïl, et le catalan plus proche de l'oc que du

castillan. Le " domaine gallo-roman » est en fait une présentation scientifique d'une représentation

politique médiévale (et moderne), solidement fixée par sa mise en carte. carte 1 : Un espace dialectal non politique : le domaine occitano-roman

Il y a ici nécessité d'un recadrage critique, pour présenter graphiquement le domaine occitano-

roman, seul domaine dialectal qui n'a pas abouti à une forme politique de type Etat-nation et donc à

sa représentation cartographique légitimante. Dans ce cas, la carte sert d'outil scientifique et non

d'acteur politique.

3 : Limites et possiblités d'une cartographie systématique

La carte permet de poser des hypothèses et de les valider ou non. Prenons l'exemple de l'étude des

itinéraires royaux : cette tradition érudite se fait souvent à l'échelle du jour et du lieu (gîte). On peut

passer à une logique du mois et de la région, pour cartographier le territoire personnel du roi. La

carte devient alors un outil de vérification et de prospection. Louis XI a-t-il réellement arpenté son

royaume après son avènement, comme il s'en est vanté ? La cartographie de son itinéraire donne la

mesure de sa maîtrise personnelle du royaume (carte 2). 3

La carte outil heuristiqueLéonard Dauphant

carte 2 : Voyages de Louis XI (1461-1465) La carte offre ensuite des possiblités de synthèse, comme un outil qui se déploie : -synthèse personnelle de l'espace d'un règne (carte 3 : Louis XII). -synthèse synchronique : mettre en rapport l'espace personnel du roi et l'organisation administrative du territoire (carte 4 : Louis XII).

-synthèse diachronique : la carte établit quelles régions ont été parcourues par les cinq rois du

XVe (1380-1515) Ce cas illustre les possibilités et les limites de la méthode cartographique. Le dessin vectoriel permet de superposer sur une seule feuille numérique, un calque, les contours des cinq espaces personnels (carte 5 : carte de travail non publiée). Mais, pour garder une gamme de couleurs cohérente, il a fallu regrouper ces règnes en trois groupes. On a donc associé les espaces de Charles VIII et de Louis XII, qui se recoupent largement, mais aussi ceux de Charles VII et de Louis XI, qui se recoupent moins : on a gagné en lisibilité ce que l'on a perdu en finesse (carte 6). 4

La carte outil heuristiqueLéonard Dauphant

Carte 3 : l'espace personnel de Louis XII (1498-1514) Carte 4 : L'espace de Louis XII et le gouvernement du royaume Carte 5 : carte de travailCarte 6 : Synthèse des itinéraires royaux 1380-1514 II : Les implications intellectuelles de la méthode cartographique Pour Higounet, la géohistoire est une réflexion sur l'expression cartographique mais permet

aussi de voir sur la carte des rapports entre les faits enregistrés, qui ne se verraient pas autrement.

Ajoutons un troisième élément : en amont, ces faits enregistrés, nous les enregistrons différemment,

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La carte outil heuristiqueLéonard Dauphant

ou nous n'enregistrons pas les mêmes, si nous avons la carte comme horizon et comme outil. Mon

travail serait-il différent si je ne pratiquais pas la méthode cartographique ; mes conclusions

seraient-elles les mêmes ? Dans quelle mesure la géohistoire change-t-elle notre vision de l'histoire

de France et du pays lui-même ?

1 : " S'inquiéter de l'espace »

Comme Braudel nous y invitait, il nous faut nous " inquiéter davantage l'espace et de ce

qu'il supporte, de ce qu'il engendre, de ce qu'il facilite et de ce qu'il contrarie - d'un mot amener [les

historiens] à tenir un compte suffisant de sa formidable permanence »6. La France ancienne,

" accablée d'espace » de Braudel, est d'abord un immense espace-temps : pour le héraut Berry de

Charles VII, elle mesure 16 journées de large sur 22 de long. Mais la géohistoire ne peut pas se

réduire à une mise en carte qui serait " tyrannie de la contiguïté des lieux » : les cartes sans fonds ni

reliefs ni routes ne restituent pas " les espaces d'usage » faits " de lieux attractifs éloignés les uns

des autres », synapses et noeuds reliés par des " tunnels de circulation »7. Au Moyen Âge, des

espaces-temps différenciels apparaissent selon les moyens de communication, la route et le bateau,

plus rapide. L'Aquitaine est plus procje de Londres (par mer) que de Paris (à cheval). D'où une

forme étatique dominante en Europe occidentale, l'archipel, alternative de l'empire mosaïque.

Carte 7 : Des archipels politiques

6F. Braudel, La Méditerranée, t. 2 p. 295 n. 327Guy di Méo, " Un regard de géographe », in Les cartes de la connaissance, dir. Jean-Paul Bord et Pierre Robert

Baduel, Paris-Tours, 2004, p. 658.

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La carte outil heuristiqueLéonard Dauphant

Finalement, la France semble un cas aberrant d'Etat-masse continentale. Ici, l'espace n'est pas

braudélien, " source d'explication », mais au contraire, source d'étonnement. Du point de vue

géohistorique, comment la France peut-elle tenir ?

2 : Une " dissymétrie presque catastrophique » ? La question de l'organisation des espaces français

Dans la tradition historiographique française, le discours s'organise autour de la marche de

l'Etat : " conquête intérieure » et centralisation. Paradoxalement, l'absence de cartes est liée à ce

paradigme territorial : elle appuie l'idée de la centralisation en évitant de penser dans le concret

l'organisation régionale. Pour Braudel, l'immensité française se double d'une vision dramatique : la

prééminence de la France du Nord " a marqué notre pays du sceau d'une distorsion, d'une

dissymétrie presque catastrophique »8. Or cela ne se vérifie pas en France au XVe siècle. Pour le

prouver, il faut penser dans l'espace la forme de l'Etat royal. Commençons par les représentations

spatiales du temps. On peut utiliser la carte pour traduire la pensée spatiale médiévale selon nos

propres conceptions. Certes, cela suppose une vision médiévale transposable sur nos supports et

gomme les erreurs et les représentations implicites de l'auteur. Mais en prenant soin de distinguer

carte -expression et -traduction, ainsi qu'entre les données de l'auteur et notre propre langage graphique, on peut saisir la cohérence d'une pensée spatialisée (carte 8).

Carte 8 : Structure du royaume de France selon le héraut Berry (Livre de la Description de Pays, v. 1453)

8F. Braudel, L'identité de la France. Espace et histoire, t. 1, Paris, 1986, p. 278.

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Ce tableau de la structure du royaume se compose de trois éléments : une forme, les limites des

Quatre Rivières ; un centre, Paris ; un contenu, les pays. A chacun correspond une ou des images

sociales, politiques et spatiales fortes : les Quatre rivières et le losange ; Paris, jardin des fleurs de

lys ; les pays et les peuples du royaume, " troupeau des brebis galliques ». Le tout forme une " unité

royale » (Yves Renouard) en mouvement. Le centre rayonne et diffuse conjointement une culture,

l'usage royal de l'oïl, et une organisation socio-politique, la société d'offices juridiques. La mosaïque

de pays est reconfigurée : les pays d'élection, dominés étroitement, se distinguent des pays d'Etat

qui approfondissent leur identité particulière et leur autonomie par des privilèges fiscaux et des

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